Disclamer : ces personnages appartiennent à Kazuya Minekura et ne sont pas ma propriété.

Genre : romance, historique, UA.

Note : me revoilà ! Avec la suite promise, sur un ton beaucoup plus sombre (après relecture de La Putain du Roi, j'ai trouvé que tout cela était bien trop naïf et que décidément, Hakkai n'était pas trop à la hauteur, lol. J'espère me rattraper avec ce nouveau chapitre). Bonne lecture !

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La Putain du Roi II

Il était une fois un roi. Il avait tout pour être heureux : un royaume prospère, des conseillers avisés, un peuple qui l'aimait et l'amour de sa vie à ses côtés. La vie était belle dans son royaume, peut-être parce que ce roi était justement heureux. Du moins, il en était persuadé.

Alors ce roi se crut capable de grandes choses. Il pensa que cette chance incroyable continuerait éternellement et que dés lors, tout était possible.

Mais ce roi se trompait.

Et il finit par être détesté par son peuple, craint par son entourage dont les conseils de prudence n'avaient pas été écoutés… et seul.

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Le soleil brillait, insolent au milieu d'un ciel bleu incomparable. Après les derniers orages, la saison semblait enfin s'améliorer et offrirait peut-être un peu de clémence aux champs dévastés par la pluie.

Sanzo s'avança, salué rapidement par un jeune serviteur qui s'empressa de lui ouvrir la porte menant aux jardins du palais. Et s'il s'était contenté d'observer le beau temps depuis ses fenêtres durant la matinée, il fut bientôt assailli par l'air chaud et les rayons lumineux du soleil qui semblaient l'exhorter à davantage de joie.

Mais tout comme il était resté indifférent à cette énergie printanière en l'observant depuis ses fenêtres, il resta de marbre en avançant parmi les allées fleuries, insensible à tout ce qui l'entourait. Il avançait le visage fermé et les sourcils froncés, avec cet air solennel qui ne semblait plus le quitter.

Même les rires de Goku et d'un de ses amis, qui s'amusaient un peu plus loin dans le parc, ne réveillèrent pas sa bonne humeur. Néanmoins, il prit le temps de s'arrêter pour les observer… Par simple curiosité. Peut-être par jalousie.

Car l'enfant qu'était autrefois Goku était devenu un jeune homme magnifique. Un jeune homme dont le seul sourire illuminait une pièce et qui attirait tous les regards sur sa personne bien faite et son visage presque trop parfait. Et cette beauté insolente de la jeunesse avait réveillé chez Sanzo des sentiments dont il ne se serait jamais cru capable. Des sentiments qui n'avaient rien à voir avec la douceur et la tendresse dont il enveloppait autrefois Goku du regard. Et dans ces quarts d'heure-là, quand il sentait son esprit se tordre de douleur sous l'assaut de ces piques passionnées, il se haïssait. Il se méprisait. Car c'était indigne de lui d'oser regarder le jeune homme… avec possessivité. Goku n'appartenait à personne, mais chaque jour qui passait rendait cette idée plus difficile à combattre.

Comme si sa vie n'était déjà pas compliquée, il avait fallu qu'il tombe fou amoureux de son pupille. Mais pour son plus grand bonheur, ou son plus grand malheur, Goku semblait ignorer la fureur des sentiments qui sommeillaient en Sanzo, et continuait de mener la vie insouciante qu'il avait toujours eu entre ces murs, servant Sanzo et jouant à ses côtés le rôle de page quand il ne s'amusait pas avec ses amis.

Les doigts du conseillers serrèrent un peu plus fortement la liasse de papiers qu'ils tenaient lorsqu'il vit l'ami de Goku passer un bras autour de sa taille pour pouvoir le plaquer sur le sol. Et l'éclat de rire du jeune homme le fit détourner son regard pour reprendre sa route, encore plus honteux de lui-même si c'était possible.

Il s'éloigna rapidement pour rejoindre l'allée qui menait vers un petit étang artificiel, aménagé il y avait quelques années de cela pour répondre aux désirs d'un homme qui n'était désormais plus là.

C'était là, comme chaque jour, que Gojyo était assis.

Nul besoin pour Sanzo de se rapprocher davantage, car il savait déjà comment il allait retrouver Gojyo. Comme toujours, ce dernier aurait les yeux dans le vague, perdus dans le passé, et un visage livide, hanté par ses erreurs. Comme toujours, il ne serait plus que l'ombre de lui-même, avant de se reprendre pour devenir cet homme froid et cruel qu'il était devenu. Voilà déjà quelques mois qu'il avait endossé ce masque, comme pour se protéger des autres… Se protéger de ce qui lui était arrivé.

Et chaque jour, l'ancien Gojyo, ce roi souriant et heureux qu'il avait été disparaissait derrière ce monstre qu'il devenait un peu plus. Sanzo se surprenait parfois à en oublier son sourire d'autrefois. Et plus que tout, cela le brisait.

Il s'approcha, encore piqué par les éclats de rire des deux gamins qu'il entendait depuis là, et s'arrêta à hauteur du roi. Ce dernier, assis sur un banc, observait les quelques canards sauvages qui hantaient encore le point d'eau. Un simple soupir accueillit l'arrivée de son conseiller.

- Les iris sont en train de faner…, énonça-t-il placidement.

Il connaissait chaque détail du point d'eau, chaque centimètre de cet endroit rempli de souvenir. Il le faisait régulièrement entretenir mais l'étang avait inexorablement perdu de son charme : le couple de cygnes blancs s'était sauvé et l'endroit manquait désormais de naturel et de simplicité, tel que l'avait imaginé son créateur. Il ne ressemblait plus qu'à un décor qui attendait depuis des années ses acteurs.

- Les soldats que tu avais envoyé au nord sont revenus. Leur lieutenant t'attend pour te donner son compte-rendu, répondit simplement Sanzo, peu désireux de se perdre dans la nostalgie de son souverain.

Ce fut comme un déclic : ce dernier s'extirpa de ses rêves et se redressa subtilement, affichant de nouveau un air sévère et impénétrable… La magie s'était envolée pour laisser place à cette nouvelle image du roi : une image effrayante d'autorité et de contrôle de soi.

- Très bien, je vais venir. As-tu envoyé la nouvelle loi sur les méthodes de recrutement aux autres conseillers ?

- Oui, mais je crains qu'ils ne s'opposent à toi Gojyo.

Le roi plissa les yeux et tourna enfin son visage vers son conseillers comme pour mieux appuyer ses dires :

- Je ne leur en laisserait pas l'occasion.

- Et comment comptes-tu t'y prendre, hein ? En les menaçant de représailles s'ils ne signent pas cette loi ?

- Pourquoi pas ? Répondit Goyo en se tournant de nouveau vers l'étang.

- Arrête tes bêtises. Ce serait le dernier pas qu'il te resterait à faire pour devenir un tyran et tu le sais.

- Peu m'importe : le peuple me déteste déjà. Pour quelques hommes de plus ou de moins à mettre au rang de mes ennemis, crois-tu vraiment que je m'embarrasserais de scrupules ?

Sur le coup, Sanzo fut tenté de secouer celui qui avait été autrefois son ami mais qui perdait chaque jour un peu plus son âme. Tenté de le raisonner comme il savait le faire avant. Tenté d'agir en homme, et non plus de se rabaisser comme il le faisait de plus en plus souvent désormais.

Mais il n'y arriva pas, pour la simple et bonne raison que le cocon dont s'était si bien entouré Gojyo le mettait hors d'atteinte, même pour lui. Il ne réussirait qu'à l'énerver un peu plus, c'est tout.

Le roi se leva enfin, passa sa main sur ses vêtements pour en enlever la poussière et fit mine de suivre Sanzo. Mais il s'arrêta et ne pu empêcher son regard de revenir vers l'étang, comme si ce dernier agissait en aimant.

- Où est-il en ce moment ? Demanda-t-il d'une voix rauque.

Nul besoin de préciser qui était ce 'il'.

- D'Après mes renseignements, il se trouve toujours sur ses terres. Celles qu'il a hérité de son oncle.

- Bien.

Il détacha enfin son regard de l'étang et s'engagea dans l'allée, sans même s'inquiéter de savoir si Sanzo le suivait ou pas. Il se contenta simplement de rajouter :

- Dorénavant, je ne veux plus que Goku vienne jouer dans le parc, c'est bien compris ? Ses braillements me dérangent.

- A vos ordres… Votre Majesté.

A suivre…