Titre : De l'autre côté du miroir

Auteur : Saishi-san

Base : Harry Potter

Disclaimer : Les personnages sont la propriété exclusive de J.K.Rowling.

Note : J'ai réécris cette fic car je n'arrivais plus à l'écrire telle qu'elle était. Pour plus, de détails, vous pouvez aller voir sur mon profil.


Chapitre 1 : En fuite

La nuit était étonnement noire pour un mois de Juin. Le ciel, habituellement dégagé, était complètement bouché et la lune et les étoiles restaient obstinément cachées. L'orage n'était pas loin et l'air chaud qui emplissait l'atmosphère devenait à chaque minute plus étouffant. Dans les rues désertes de Pré-au-Lard cependant, un petit vent soufflait doucement, essayant vainement de rafraîchir le village, et seul le bruit qu'il causait par le claquement d'un volet mal fermé perçait le silence. Le calme avant la tempête.

Deux silhouettes surgirent soudain d'un coin de rue en courant à toute vitesse. L'un était grand et avançait à un bon rythme, tandis que l'autre était plus petit et plus fin. Il semblait avoir des difficultés à mettre un pied devant l'autre et trébuchait sans cesse, ce qui ralentissait considérablement leur course. Le plus grand, de plus en plus impatient, le tira par la manche et le força à accélérer. Il fallait à tout prix qu'ils s'échappent d'ici. Il n'avait vu personne les suivre mais mieux valait rester sur ses gardes. Cela pouvait très bien être un piège.

Tout en courant, Severus Rogue réfléchissait. Le moyen le plus court pour quitter ces lieux était sans hésiter le transplanage. Il jeta un coup d'œil à la frêle silhouette qui le suivait tant bien que mal et s'arrêta près d'une boutique miteuse.

"Est-ce que vous savez transplaner ?" grogna-t-il.

Il n'eut droit en réponse, qu'à une dénégation vigoureuse de la tête. Il soupira. La situation se compliquait de plus en plus mais la clé était de rester calme. Paniquer ne ferait qu'aggraver les choses et il s'était déjà sorti de bien pires ennuis.

"Vous allez vous accrocher fortement à mon bras droit et ne pas le lâcher quoi qu'il arrive. Est-ce clair ?"

Son compagnon de fuite exécuta ses ordres sans demander son reste. De toute façon, vu l'expression de son visage, il n'était plus en état de réfléchir. Puis les deux ombres transplanèrent pour se retrouver dans une pièce sombre et étroite. Voyant qu'ils étaient seuls, Drago Malefoy osa enfin délaisser le bras de son professeur et alla s'écrouler dans l'unique fauteuil mangé aux mites de la pièce. Il entendit les pas de l'adulte s'éloigner et il en profita pour examiner l'endroit où ils avaient atterri. Une table, deux chaises, un fauteuil et deux ou trois placards faisaient office de mobilier. Une petite porte derrière lui laissait entrevoir une salle d'eau minuscule. De toute évidence, ce devait être l'appartement de Rogue. Il ne devait pas être très fortuné pour habiter dans un taudis pareil.

Severus revint dans la pièce, une tasse de thé à la main. Drago en aurait presque ri devant le comique de la scène. Rogue que l'on connaissait pour être le plus antipathique des professeurs de Poudlard venait de lui apporter du thé pour le réconforter ! Mais le regard qu'il échangea avec lui fit disparaître son envie de rire au fin fond de sa gorge. Et à nouveau, tous les évènements de cette nuit revinrent à sa mémoire. Il avait failli à sa mission et la sentence qui l'attendait ne faisait aucun doute. Il ne passerait sûrement pas la journée du lendemain. Dés que le Seigneur des Ténèbres apprendrait sa défaite, il entrerait dans une colère noire et son ressentiment envers la famille Malefoy grandirait encore plus. Et tout à coup, il pensa à sa mère. Elle n'était plus en sécurité car son Maître donnerait l'ordre de l'éliminer en guise de représailles. Son épouvante dut se lire sur son visage car Rogue, jusque là silencieux, parla enfin.

"Buvez ça, dit-il en lui tendant la tasse. Vous vous sentirez mieux après. Et ne vous inquiétez pas pour votre mission. Personne ne sera au courant de votre faiblesse. Vous direz simplement que vous n'avez pas eu le temps de le tuer avant mon arrivée.

- Ah oui ? Et vous croyez que ça suffira comme excuse ?!"

Rogue ne répondit pas. Il était mieux pour tous deux que le jeune homme évacue toute la tension accumulée au cours de l'année et le choc que lui avait causé la mort de Dumbledore avant de poursuivre cette conversation. Il avait toujours su que Drago ne serait pas capable de réussir sa mission. Ce n'était pas un meurtrier. Lui, si. Il ferma les yeux un instant, tentant de contenir le trop-plein d'émotions qui menaçaient de le submerger. Quoi qu'il fasse, il revoyait sans cesse le regard mourant du directeur, la seule personne qui avait été assez folle pour croire en son innocence et lui accorder toute sa confiance. L'étonnement et la déception qu'il avait lu dans ses yeux lui avaient lacéré le cœur. Il se dégoûtait lui-même. Tout ce qui s'était passé lui laissait une amère impression de déjà-vu lorsqu'il avait trahi le Maître et avait rejoint le camp des gentils. Sa vie n'était en fait qu'une succession de traîtrises, de retournement de veste. De surcroît, il avait réussi à se faire des ennemis dans les deux camps car il n'était pas plus aimé chez les Mangemorts que chez les membres de l'Ordre. Beaucoup ne lui faisait plus confiance, craignant un nouveau changement. Et ils n'avaient pas tout à fait tort. A vrai dire, en cet instant, Rogue ne savait plus à quel camp il appartenait.

Drago, étonné du silence de Rogue, leva les yeux vers lui et toute sa colère retomba d'un coup. Il lui devait quand même une fière chandelle. S'il n'avait pas pu faire ce qu'on attendait de lui, il ne resterait de lui qu'un corps inerte et désarticulé échoué au pied de la tour, à côté du cadavre de Dumbledore. Son professeur l'avait sauvé de la probable fureur des Mangemorts. Il avait respecté le Serment Inviolable qu'il avait fait à Narcissa dix mois plus tôt. Bien que Drago ait affirmé le contraire à Dumbldore avec force, il y avait toujours eu un risque pour que Rogue feigne de travailler pour le compte du Seigneur des Ténèbres et ne soit qu'un espion, comme l'avaient cru aveuglément les opposants du Maître.

Le Serpentard aurait donné n'importe quoi pour revenir en arrière. Jamais il n'aurait imaginé que sa mission se déroulerait ainsi. Il avait pourtant tout planifié avec soin et il n'y aurait pas du avoir d'accrocs. Mais voilà. Drago Malefoy s'était avéré n'être qu'un faible et la mission avait été compromise. Pour couronner le tout, il n'avait pas été assez discret et Potter et ses amis avaient découvert son secret, entraînant la mort d'un Mangemort. Nul doute que le Maître serait furieux, peu importe ce que lui raconterait Rogue.

Le silence s'était installé dans la pièce et il sembla durer une éternité, jusqu'à ce que Severus se lève brusquement. Drago sursauta devant ce mouvement inattendu et faillit renverser sa tasse encore à moitié pleine. Sur un ton sec, l'adulte déclara qu'il était temps d'aller se coucher et qu'ils réfléchiraient à la situation le lendemain matin. Le jeune homme le suivit sans discuter à travers un petit couloir qui débouchait sur une pièce un petit peu plus grande que l'autre. Un grand lit occupait tout l'espace et malgré le manque de beauté du lieu, il avait l'air suffisamment confortable pour passer une bonne nuit.

"Vous allez dormir ici ce soir, Drago, marmonna Severus. La salle d'eau est…

- Je sais où elle est. Je l'ai vue tout à l'heure", répondit-il.

Rogue haussa un sourcil. Il n'aimait pas être interrompu et les circonstances actuelles n'altéraient en aucun cas ce fait. S'il devait s'occuper de ce gamin pendant un moment, il devrait lui apprendre les quelques règles de politesse à respecter. Il avait toujours été trop laxiste avec Drago et cela avait été une grossière erreur. Peut-être que s'il avait été plus strict, son élève n'aurait pas emprunté une telle voie. Enfin, ce n'était pas le moment pour lui faire des remontrances. Il quitta la pièce en refermant la porte derrière lui.

Une fois seul, Drago se dépêcha de se changer et de s'emmitoufler dans les couvertures. Il se rendait seulement compte à quel point il tombait de fatigue et la douce sensation de confort l'emmenait peu à peu vers le domaine des rêves. Il trouvait l'attitude de Rogue assez étrange. Jamais il ne se serait attendu à le voir agir de cette façon envers lui. Il ne lui avait pas posé de questions, pas fait de reproches et laissé son lit pour aller dormir sur on ne sait quoi, vraisemblablement par terre vu le peu de mobilier.

Après tout, tuer Dumbledore avait peut-être été plus difficile pour lui qu'il ne le laissait paraître. Rogue avait sans cesse oscillé entre les deux camps et peu de gens devaient l'apprécier pour cela. Et voilà qu'il avait du supprimer la seule personne qui avait cru en lui, à cause du manque de dureté d'un de ses élèves. Drago n'avait été qu'un poids pour Rogue, rien d'autre. Et encore maintenant, alors que la situation était critique, ce dernier pensait encore à lui. La moindre des choses serait de le remercier. Oui, c'est ce qu'il ferait avant toute chose demain.

La nuit fut très courte et entrecoupée de cauchemars où se regroupaient pêle-mêle des images de Dumbledore chutant de la tour, le visage du Maître qui le regardait tranquillement agoniser avec un sourire glacial ou encore le cadavre de sa mère étendu sur le luxueux carrelage du manoir Malefoy, ses magnifiques cheveux recouvrant son visage cadavérique. Drago fut réveillé par le mince filet de lumière qui filtrait à travers la fenêtre et venait éclairer son visage. Il n'avait pas envie de se lever, surtout au vu de tout ce qui l'attendait. Mais il avait échoué et il devait assumer les conséquences de ses actes en homme, comme son père le lui avait appris.

L'appartement était désert. Apparemment, Rogue était parti faire un tour. Le Serpentard espérait simplement qu'il reviendrait vite. Il n'était pas très à l'aise ici et craignait à tout moment de voir un Mangemort débarquer en fracassant la porte et lui jeter le sortilège de mort pour le punir de son échec. Mais rien de tout ceci ne se passa et Drago déploya tout son bon sens pour se persuader qu'il était en sécurité pour le moment. Peu à peu, les battements de son cœur se calmèrent et il put enfin se sentir tranquille. Sur la table, un journal de l'édition du matin était ouvert à la page nécrologie. Un des titres attira son regard.

20 Juin 1997

Coup dur pour le monde des sorciers

L'affreuse nouvelle nous est parvenue au cours de la nuit. Hier au soir, un groupe de Mangemorts a réussi à s'introduire dans le château de Poudlard et Albus Dumbledore s'est fait tuer au cours de la bataille. Les circonstances qui ont conduit aux faits demeurent obscures et Minerva McGonagall en personne nous a avoué qu'elle ne comprenait ce qui avait bien pu se passer.

Nul doute que cette perte plonge le monde magique dans un profond désarroi, Dumbledore représentant la meilleure sécurité possible face à la menace du retour de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

Ainsi, le Ministère était déjà au courant. En un sens, ceci était logique. McGonagall avait du prévenir les autorités sitôt la bataille terminée et la mort de Dumbledore ne pouvait pas rester longtemps ignorée. Cependant, Drago aurait cru que l'article consacré à son décès aurait fait la une et non pas un mince entrefilet dans la rubrique nécrologie. Le Ministère voulait sans doute garder secret tout ce qui concernait les véritables faits. Ou alors McGonagall n'avait fourni qu'une version incomplète de ce qu'il s'était passé la veille. Après tout, on ne parlait ni de lui ni de Rogue, et pourtant la Gazette se serait léché les doigts de ce ragot si croustillant.

Au retour de Rogue, il bafouilla un vague merci pratiquement inaudible, ne mentionnant pas l'article de la Gazette. Il savait qu'ils allaient très bientôt partir pour se rendre au repère du Seigneur des Ténèbres. Mais avant, il souhaitait faire quelque chose. Le seul problème, c'est qu'il se doutait que Rogue ne serait pas d'accord pour faire un détour. Une perte de temps inutile pour un simple caprice, voilà ce qu'il dirait. De plus, Drago n'était pas en position de demander une faveur. Cependant, son projet lui tenait trop à cœur pour ne rien tenter. Et puis il devait savoir…

"Professeur, questionna-t-il. J'aurai quelque chose à vous demander.

- Je vous écoute, Drago.

- Avant que nous ne retournions auprès du Maître, j'aimerais passer voir ma mère."

Si la requête le surprit, Severus n'en laissa rien paraître. Ils partirent rapidement. L'appartement de Rogue était situé dans une petite banlieue de Londres alors que le manoir des Malefoy se trouvait à l'ouest, près de Bristol. Le trajet était assez long et ni Rogue ni Malefoy n'étant des expert des transports en communs, le voyage leur prendrait sûrement du temps. Ils devaient s'y rendre par la voie normale car le manoir Malefoy était protégé par de nombreuses défenses magiques que Rogue avait lui-même mises en place à la demande de Narcissa pour assurer sa sécurité, et on ne pouvait y transplaner.

Rogue et lui prirent le bus. Heureusement, il était facile, grâce à la magie, de fabriquer des billets factices. L'argent moldu ne posait donc aucun problème. Pendant le trajet, Drago eut le loisir d'observer les Moldus de très près, chose qu'il s'était toujours gardé de faire dans le passé. Et il se rendait compte qu'ils n'étaient pas si inférieurs que ça. Les voir se débrouiller avec tant de facilité sans la magie relevait quand même de l'exploit, même si les moyens employés manquaient singulièrement d'efficacité et de rapidité.

Ils arrivèrent aux environs de Bristol vers 11 heures, et quinze minutes plus tard, ils sonnaient à l'immense portail du manoir. La première chose que remarqua Drago fut l'absence de la Marque des Ténèbres, ce qui signifiait que sa mère était toujours en vie. Toute son inquiétude s'évapora en un instant. Bien sûr, tout était loin d'être terminé mais le soulagement de savoir sa mère vivante était un tel bonheur qu'il en oublia tout le reste.

D'habitude, la pierre noire finement sculptée du bâtiment lui apportait un certain côté majestueux mais aujourd'hui, elle rendait le tout assez austère. Leur majordome vint leur ouvrir, après avoir bien vérifié que le jeune Drago Malefoy était bien parmi les visiteurs puis il les conduisit jusqu'au salon plongé dans la pénombre. Le bruit habituel des serviteurs qui s'affairaient aux cuisines ou ailleurs, brillait par son absence et l'on entendait uniquement le tic-tac incessant égrené par la vieille horloge de famille.

Peu après leur arrivée, Narcissa Malefoy arriva et se précipita sur son fils en le serrant de toutes ses forces, comme si elle craignait qu'il ne disparaisse dans la minute. Puis, avec un court instant d'hésitation, elle enlaça également Rogue. Celui-ci lui rendit son étreinte, bien qu'un peu gêné. Il comprenait qu'elle lui fut reconnaissante pour avoir veillé sur Drago mais il n'avait jamais été très à l'aise dans les démonstrations d'amitié. Il la regarda à la dérobée pendant qu'elle serrait à nouveau son fils dans ses bras. Malgré les heures sombres qu'elle avait du affronté au cours de ces dix mois, rien dans son apparence ne le laissait croire. Habillée comme à l'ordinaire d'une élégante robe noire et faisant preuve de sa distinction habituelle, elle gardait cette attitude noble due à son rang qui la caractérisait si bien. Seuls ses yeux légèrement rouges témoignaient de pleurs récents.

"Drago tu es sain et sauf ! s'exclama-t-elle. Que s'est-il passé hier soir ? J'ai lu la Gazette et ils disent que…

- Calme-toi, Narcissa, l'enjoignit Rogue. C'est moi qui ai tué Dumbledore donc la mission n'est pas un échec. Ne t'en fais pas pour Drago. Il est en sécurité pour le moment.

- Pour le moment ?!" s'étrangla Narcissa.

Elle commença à se lamenter tout en reprenant son fils contre elle. Elle n'aurait jamais cru que les choses tourneraient aussi mal à l'époque. Et dire qu'elle se croyait tout permis avec sa bande d'amis et sa sœur, tous ces amis qui avait fini Mangemorts, alors qu'en fait elle n'avait fait que suivre les autres et s'embarquer dans des choses dont elle ne soupçonnait pas l'importance. Pour elle, adhérer aux idées du Seigneur des Ténèbres ne lui avait semblé être qu'un jeu, rien de plus. Mais la situation avait gagné en sérieux et en danger. Et maintenant, son mari et son fils se retrouvaient au service du pire mage noir du siècle et risquaient la mort. Tout n'avait été qu'erreurs depuis le début. A cet instant précis, elle maudit sa sœur pour l'avoir entraînée là-dedans, elle se maudit elle et son mari pour avoir été aussi stupides, et elle maudit le Seigneur des Ténèbres pour lui avoir volé tout ce qui était cher à son cœur.

Elle contempla son fils et remarqua qu'il avait l'air passablement fatigué. D'énormes cernes s'étalaient sous ses yeux et sa maigreur était affolante. Elle n'eut pas été étonnée de le voir s'écrouler dans l'instant. Quelle mère était-elle pour avoir laissé son fils se pourrir ainsi la santé pour satisfaire la cause d'un mage noir aux idées de folie des grandeurs ? Elle aurait du protester et refuser que Drago accomplisse une telle mission. Mais elle avait laissé faire, comme à son habitude. Et cela, le Seigneur des Ténèbres l'avait bien compris, utilisant cette faiblesse et ce manque de réaction à son avantage. Il détenait à présent son mari et son fils et Narcissa était complètement à sa merci.

Drago se dégagea soudainement de l'étreinte de sa mère et l'interrompit dans ses gémissements. Il y avait autre chose qu'il devait savoir.

"Où est Père ? murmura-t-il.

- Il veut le garder auprès de lui car il ne juge plus Lucius digne de confiance, émit sa mère entre deux sanglots étouffés. Il est en pleine disgrâce et ce sera un miracle si je le revois vivant.

- Voyons, Narcissa, dit Severus. Ne dit pas de telles choses. Drago et moi allons nous rendre au repaire du Maître pour lui présenter le rapport de la mission qu'il avait confié à votre fils. Nous te tiendrons au courant de sa situation.

- Tu veux dire que tu vas repartir en emmenant mon fils ? C'est hors de question ! S'il retourne là-bas, il se fera tuer ! Il restera ici, tu m'entends Severus ? S'il te plaît…", ajouta-t-elle d'un ton devenu suppliant.

Pour la première fois de sa vie, Severus ressentit une once de pitié pour cette femme qui l'implorait de lui laisser son fils. Mais il n'avait pas le choix. S'il ne ramenait pas Drago, c'est alors qu'il se ferait tuer car le Maître prendrait son absence comme une désertion. Le meilleur moyen de s'en tirer avec le moins de dommages possibles pour lui, c'était de revenir au Quartier Général des Mangemorts et de présenter ses plus plates excuses pour son échec. D'ailleurs, le jeune homme semblait l'avoir compris car il fit asseoir sa mère avec lenteur sur le canapé et lui expliqua ce qu'il convenait de faire tout en la rassurant. Rogue serait avec lui et veillerait à ce qu'il ne lui arrive rien de fâcheux. Et puis, il avait de quoi se faire pardonner aux yeux du Seigneur des Ténèbres. Cette remarque intrigua fortement Severus. Drago avait donc prévu quelque chose pour se racheter ? Il se demandait ce que ça pouvait bien être mais il reporta la question à plus tard. Ce n'était pas le moment et il faisait peut-être ça uniquement pour rassurer Narcissa. En tout cas, son comportement l'étonnait au plus haut point. Depuis la veille, Drago était totalement déstabilisé mais devant sa mère, il adoptait une attitude sûre et calme, comme s'il était tout à fait maître de lui et que la mort de Dumbldeodre ne le touchait pas plus que sa première baguette. Il faisait preuve d'une certaine maturité en essayant de dominer sa peur pour ne pas inquiéter sa mère plus qu'elle ne l'était déjà.

Enfin, quand celle-ci se fut calmée, elle ordonna à la cuisinière de préparer un repas rapide pour tous trois. Severus refusa mais Narcissa le convainquit d'accepter son invitation pour qu'elle puisse profiter encore un peu de son fils. Et puis il aurait été stupide qu'ils reprennent la route le ventre vide. La nourriture préparée au repaire des Mangemorts était de qualité assez médiocre et autant bénéficier d'un bon repas. Ce qui les attendait risquait d'être long et dur à supporter. Mieux valait reprendre des forces. Drago ne put que l'approuver car son estomac criait famine. Il fallait dire qu'il n'avait rien mangé depuis le dîner de la veille. Quand il y repensait, cela faisait à peine 24 heures que tout s'était enchaîné et que Dumbledore était mort. Le temps lui avait semblé duré bien plus longtemps.

Ils firent également un brin de toilette pour se débarrasser de la crasse accumulée au cours du voyage et Narcissa leur fournit des robes propres. Une heure plus tard, Severus donna le signal du départ et après de longues étreintes avec sa mère, Drago le suivit jusqu'à l'extérieur du manoir. Cette fois-ci, ils allaient transplaner. Drago se dit en lui-même qu'il serait utile qu'il apprenne ce mode de déplacement au plus vite. Il n'avait pu passer le permis à Poudlard, n'ayant eu dix-sept ans que le cinq Juin. Et on ne pouvait pas dire que les cours dispensé par le Ministère lui avaient été d'une grande utilité. Il ne s'imaginait pas effectuer tous ses déplacements à pieds ou avec les Moldus, surtout quand il serait en mission. Le problème, c'est qu'il devrait apprendre seul.

Le repaire étant connu des Mangemorts uniquement, il ne bénéficiait d'aucune sécurité particulière. Le Seigneur des Ténèbres avait juste lancé un sort comme ceux appliqués au Chaudron Baveur ou à l'Hôpital Ste-Mangouste de manière à ce que seuls ses partisans puissent le voir. Le Seigneur des Ténèbres avait abandonné le premier refuge qui lui avait permis de garder ses forces pour une confrontation avec le Survivant, à Little Hangleton. En effet, le lieu était devenu trop peu sûr, son emplacement étant connu de Potter lui-même. Il avait donc trouvé un nouvel endroit pour se cacher et manipuler dans l'ombre et y avait amené ses partisans.

L'endroit où Rogue et Drago atterrirent était désert et aucune habitation ni aucun signe de la moindre civilisation n'était visible à perte de vue. Il n'y avait là qu'un bâtiment désaffecté en ruines. Le paysage était plutôt désolé, à l'image du bâtiment, et les quelques rares végétaux qui avaient subsisté s'éteignaient lentement, rongés à petit feu par le manque d'eau et la chaleur accablante. Ne prêtant aucune attention à son environnement, Severus prononça rapidement quelques mots : "Morsmordre". Et soudain, la ruine se transforma en une imposante bâtisse assez haute, sans fenêtres et comportant une unique porte, située face aux deux arrivants. Rogue fit signe à son ancien élève de le suivre et ils pénétrèrent dans le bâtiment. Drago était déjà venu ici une fois pour se faire attribuer sa mission, mais cette fois, tout était différent. La peur qui l'avait délaissé pendant la visite chez sa mère revint au grand galop. Ses mains devinrent moites et il eut plusieurs fois du mal à déglutir. L'air, déjà lourd, semblait l'envelopper d'une chape épaisse qui bloquait tout ces mouvements. Il ne dut qu'à une poussée de Rogue de reprendre le contrôle de ses muscles et de se mettre en marche tant bien que mal vers l'impressionnant édifice.

Le chemin lui sembla interminable mais ils arrivèrent enfin à la lourde porte en bois noir lui aussi. Puis, à sa grande surprise, Severus tira une petite clé de sa poche et fit jouer la serrure sans un bruit. Drago aurait pensé que l'ouverture de la porte serait longue et compliquée, avec une multitude de pièges et de maléfices à déjouer. Mais non. Il suffisait d'employer une technique moldue tout à fait banale. Tous deux entrèrent et se retrouvèrent dans un couloir dont ils ne distinguaient pas le bout. Ils continuèrent leur progression, leurs semelles résonnant contre le sol de pierre. La lumière des torches placées à intervalles réguliers projetait leurs ombres vacillantes sur les murs et donnait une dimension inquiétante au lieu. Pendant que la porte se refermait sur eux avec un claquement sec, Drago eut l'impression qu'il ne ressortirait pas d'ici vivant.