Coucou à tous,

Très sincèrement, je ne pensais pas revenir un jour publier une histoire ici. J'avais un peu abandonné NCIS (et je ne suis pas certaine de continuer à suivre avec beaucoup de régularité à la vue des récents événements) mais le courant de la saison 10 m'a donné envie de suivre de nouveau la série et j'ai été bouleversée en apprenant le départ de Cote De Pablo. Parce qu'elle est l'actrice que j'apprécie le plus dans le show et surtout parce que cela signifiait que Ziva allait quitté la série, Ziva qui est et restera mon personnage préféré. Comme beaucoup d'autres, je suppose que ce début d'histoire correspond à une réaction cathartique suite au départ de Ziva, après la lecture de nombreuses fanfictions sur le sujet. J'ai eu besoin d'écrire cette histoire (ou en tout cas ce début, car pour l'instant, il n'y a pas réellement de suite, je ne sais pas s'il y en aura une - peut-être cette histoire sera-t-elle condamnée à se transformer en OS, je l'ignore encore, je n'ai encore rien décidé) et c'est assez étonnant car NCIS était sorti de ma vie, du moins en ce qui concerne l'écriture de fictions... Mais Ziva quittant Tony, c'est quelque chose quand même. Ca m'a en outre permis de reprendre contact avec l'écriture que j'avais un peu laissée tomber ces derniers temps. Qui qu'il en soit, j'ai eu envie de vous poster ce début (ou cette fiction entière, je ne sais pas encore ce qu'il en sera de mon désir de continuer). J'espère que ça vous plaira...

Bien à vous,

Luciaellana


Chapitre 1

Son visage était tellement proche du sien. Il pouvait distinguer le chemin des larmes le long de ses joues, les légers cernes sous ses yeux sombres qu'il aimait tant, parce qu'elle était fatiguée, parce qu'elle était perdue, parce qu'elle était décidée. Parce qu'enfin, elle lui avait dit qu'elle l'aimait. Alors, tout doucement, et c'était une chose qu'il aurait dû faire depuis longtemps déjà, il l'embrassa…

…et se réveilla. Sur le dos, les yeux grands ouverts, les lèvres légèrement entrouvertes, tremblant de tout son corps. Il pouvait encore sentir la chaleur de son souffle, la douceur de ses cheveux, le goût légèrement citronné de ses lèvres sur les siennes. Quatre ans après. Oui, quatre ans après… Et pourtant, ça paraissait encore tellement réel. Comme si c'était hier, même. Mince, elle lui manquait encore.
Il ferma les yeux et inspira profondément puis se leva en essayant de faire le moins de bruit possible. Il jeta un coup d'œil dans la pénombre vers la forme floue allongée de l'autre côté du lit. Une femme, la femme qui partageait sa vie. Une boule dans la gorge, tout d'un coup. Quelle connerie, non mais quelle connerie. Il se força à souffler une nouvelle fois et avança. Un pied, puis l'autre.
Se sentir compressé. Il en avait l'habitude. Quand il rêvait d'elle – et il continuait à rêver d'elle trop souvent à son goût -, ça lui tombait dessus. Et il n'y avait pas d'échappatoire. Effet boomerang. Bam, prends-toi tes rêves et tes fantasmes dans les dents. Ici, c'est le vrai monde, nigaud. Que croyais-tu, bon sang ? Tu pensais vraiment qu'un jour, toi aussi tu aurais droit à ta petite vie rangée ? Ben quoi, on a bien le droit d'être naïf des fois…

Chaque pas lui demandait un effort qui lui paraissait surhumain. Mais il savait qu'il devait le faire. Depuis plus d'un mois, il se réveillait toutes les nuits, le corps trempé de sueur. Il dormait mal ou ne dormait pas. Elle était là, tout le temps. Elle le hantait. Elle le hantait parce que ça faisait pile quatre ans qu'elle était partie. Pile quatre ans qu'il ne l'avait pas vue. Pile quatre ans qu'il n'avait eu aucune nouvelle de sa part. Il regarda sa montre. Le 24 septembre, quelques heures perdues dans la nuit. Il expira une nouvelle fois. Manque d'air.
Il se dirigea vers la bibliothèque du salon, il ouvrit un tiroir et en sortit une petite boîte. De nouveau, ses mains tremblaient incontrolablement. Il se sentait pitoyable. Dépendant d'un souvenir, d'un fantôme, d'une partie de sa vie qu'il chérissait plus que toute autre chose et qu'il aurait dans le même temps voulu oublier à jamais. Ne le laisserait-elle jamais en paix ?
Bam. La boîte, par terre. Des photos en vrac, un passé en bordel, son cœur au bord des lèvres. Il savait que la chute avait occasionné un bruit sourd mais il s'en fichait. Il s'assit par terre, ramena les photos à lui. Une par une parce qu'il fallait y aller piano, pianissimo avec ce qui vous a brisé. Parce qu'on ne répare jamais vraiment, on recolle juste. Et qu'un rien suffit à tout ébranler de nouveau.

Il revoyait son visage, un visage qu'il n'avait pas vu pendant des mois, pendant des années mêmes. Il s'était refusé à ouvrir cette foutue boîte depuis plus de deux ans... Bien trop risqué. Un rien suffit à tout ébranler, que je vous dis. Une petite vie rangée, à peu près réaménagée et reconstruite au mieux, un nid douillet.
Et un jour, quelques épines dans le nid, et une de trop.
C'était aujourd'hui, il fallait croire. Ca l'avait piqué. Il ne savait pas pourquoi mais il devait rouvrir cette boîte qui était là, rangée entre quelques bandes-dessinées et des verres à pied, l'air de rien. En fait, il ne l'avait pas ouverte de nouveau, elle lui était tombée dessus et elle allait foutre en l'air sa petite vie rangée, ça il en était certain. Là encore, il ne savait pas pourquoi, ni comment. Mais il avait ce pressentiment. Ses tripes lui disaient qu'il ne se trompait pas et c'était pour ça que son cœur battait la chamade contre sa poitrine. Douloureusement.
Douloureusement, parce qu'il revoyait son visage, ce visage qu'il avait cru oublié mais dont il se souvenait de chaque trait comme s'il l'avait lui-même dessiné. La courbe de son imperceptible sourire moqueur, la lourdeur de ses cheveux qui tombaient sur ses épaules, ses yeux sombres maquillés discrètement qui regardaient dans le vague. C'était sa photo préférée de Paris, la seule avec une figure humaine. Il lui avait dit cela, il s'en souvenait. Lorsqu'ils étaient rentrés. Il sourit. Il y avait eu Rick et Ilsa. Il y avait eu Tony et Ziva… We'll always have Paris, hein.
Il reposa la photo sur le parquet. Il faisait froid. Il attrapa un écrin, petit écrin en velours bleu qui était resté au fond de la boîte. L'ouvrit. Son étoile de David, celle-là même qu'il lui avait offerte à Paris. Il l'effleura du bout de ses doigts. Comme une promesse qu'elle lui avait faite plusieurs années auparavant, avant de partir chercher un sens à sa vie mutilée, de revenir. Il serra le collier dans la paume de sa main.

Elle ne l'avait pas tenue. Qu'importe... Lui avait fini par se résigner, inévitablement. Ça avait mis du temps… Parce qu'il devait avancer, parce que la vie n'autorisait pas le surplace. Du mouvement, toujours du mouvement. Ça faisait croire qu'il y avait quelque chose plutôt que rien. Ca entretenait l'illusion, ça camouflait le vide. La foule, la masse, ça brassait. Ca construisait des nids, des femmes et des enfants, des métro-boulot-dodo. Marche ou crève, qu'on disait. Quelle connerie, non mais quelle connerie.
Parce qu'il y avait eu des rêves et des étoiles, des avions sur des tarmacs qui repartaient seuls vers quelque aventure nouvelle, des listes enterrées dans des champs d'oliviers et des promesses du passé déguisées en bijoux dorés. Il avait oublié. Jusqu'à ce jour-là. Il souriait à travers ces larmes. Un sourire aigre-doux.

We'll always have Paris, ma chérie…