Voici donc la suite d'Azkaban Break, ma version de Prison Break « façon sorcier ». J'espère qu'elle vous plaira autant !
Petit rappel : Avec l'aide de Rogue, Regulus, Sirius et Pattenrond sont enfin parvenus à fuir d'Azkaban, via la salle de l'arcade du département des mystères. Quant à Remus, soupçonné du meurtre de la famille Dursley, il est en cavale avec le petit Harry, et tente de rallier ses amis.
Et évidemment, absolument rien, dans cette fic, ne m'appartient, j'essaye juste de faire entrer les vis rondes de JKR dans les trous carrés de Prison Break ! (même si ce sera moins vrai cette fois-ci)
Les évadés d'Azkaban
Chapitre 1 :
La prison d'Azkaban n'avait vraisemblablement jamais connu une telle effervescence. Malgré l'heure plus que tardive, l'île grouillait d'Aurors. Rufus Scrimgeour en personne avait fait le déplacement, pour se rendre compte par lui-même de la situation. Car l'impossible s'était produit : des prisonniers étaient parvenus à s'enfuir d'Azkaban. Et le fait que l'un des deux hommes n'était autre que l'impitoyable Sirius Black ne faisait qu'aggraver les faits.
Lorsque McPherson vit son supérieur hiérarchique se diriger vers lui, se frayant un passage au milieu des tombes rudimentaires du cimetière d'Azkaban, il se sentit un peu plus dépité. Il aurait pu empêcher les choses. Il aurait dû les empêcher. Si seulement il avait compris un tout petit peu plus vite ce qui se tramait…
« Inspecteur McPherson… dit Scrimgeour, s'arrêtant devant lui. McPherson le salua d'un hochement de tête, ainsi que les deux hommes qui l'accompagnaient. Pas des Aurors, mais des membres du Département des Mystères. Derrière eux venait le Directeur Jorkins, bien trop pâle.
« Madame la Ministre compte donner une conférence de presse dès que possible, reprit Scrimgeour.
- Déjà… ? murmura McPherson.
- Black est un individu extrêmement dangereux. Plus vite notre communauté saura à quel danger elle doit faire face, mieux cela sera. Et nous devons mettre toutes les chances de notre côté pour le retrouver au plus vite. Maintenant, expliquez-moi précisément quels sont les faits… »
McPherson prit une profonde inspiration avant de se lancer. Il récapitula comment il en était venu à soupçonner un lien entre Sirius Black et l'homme responsable de l'enlèvement du petit Harry Potter, comment il avait découvert que celui-ci, Remus Lupin, s'était introduit à Azkaban sous l'apparence de Bertha Jorkins, la fille du directeur de la prison, et de quelle façon il avait démasqué la véritable identité d'un détenu prétendant se dénommer Finnigan Fox – en fait, le propre frère de Sirius, Regulus Black. « Cela faisait trop de coïncidences, poursuivit-il. J'étais sûr que quelque chose se préparait ici. Mais le temps que j'alerte le directeur, c'était déjà trop tard… »
Il y eut un silence. McPherson revoyait les dernières heures avec une amertume teintée de colère. Il était à deux doigts de rejoindre les frères Black, lorsque ceux-ci avaient disparu… Comment ils avaient fait, il ne parvenait toujours pas à se l'expliquer. Ce n'était pas un transplanage. D'ailleurs, il était impossible de transplaner sur l'île. Mais le procédé puait la magie noire…
« Vous avez assisté à leur évasion, dit Scrimgeour, les sourcils froncés avec concentration. Qu'avez-vous vu exactement ?
- Ils étaient ici, expliqua McPherson, tendant le doigt vers l'espace dégagé au milieu des tombes, mais cerné par les Aurors. Dans ce cercle. Et il y avait des inferi autour d'eux. Cinq.
- Des inferi ? coupa l'un des deux Langues-de-plomb.
- Exact. Ils se sont effondrés sur le sol, inertes, quand les frères Black ont disparu. Ils sont toujours là…
- Poursuivez…
- Je n'ai pas vu exactement ce qui s'est passé. L'endroit grouillait de Détraqueurs. Mais il y a eu une grande lueur verte. Et l'instant d'après, ils n'étaient plus là. »
Scrimgeour hocha la tête et dirigea ses pas vers le cercle magique et les cadavres qui gisaient sur le sol.
« De la magie noire, fit remarquer le Langue-de-Plomb.
- C'est ce que je me suis dit, acquiesça McPherson.
- Nous avons eu un souci avec un inferius, durant la dernière révolte des prisonniers… intervint Jorkins d'une voix blanche.
- Pardon ? fit Scrimgeour.
- Nous avons eu des ennuis avec les prisonniers… Trois d'entre eux ont essayé de s'échapper, en prenant notre infirmière en otage. Ils ont été massacrés par un inferius. Qui était redevenu inerte quand nous-mêmes avons pu pénétrer dans l'infirmerie… »
McPherson fronça les sourcils. Dans son esprit, de nouvelles perspectives s'ouvraient à la lumière de ce que Jorkins venait de dire, complétant l'image mentale qu'il s'était faite des derniers événements.
« L'un des deux Black, au moins, est un mage noir, murmura-t-il.
- Sirius Black est une pourriture, appuya Scrimgeour. Il aurait amplement mérité le Baiser du Détraqueur pour ce qu'il a fait.
- Mais Sirius Black était enfermé en Haute Sécurité, pendant la révolte… reprit Jorkins. Je ne vois pas comment il aurait pu créer un inferius à partir de sa cellule…
- Il aurait très bien pu en sortir ! remarqua le chef des Aurors. N'est-ce pas ce qu'il a fait cette nuit ? »
Jorkins ne trouva rien à répondre à cela.
« J'ai examiné la cellule de Black dans le quartier de Haute Sécurité avant votre arrivée, reprit McPherson. Elle est toujours fermée, et on n'a pas touché aux barreaux. J'ignore totalement comment il a pu en sortir !
- Salmon et Keyes vont se pencher sur la question, dit Scrimgeour, désignant les deux Langues-de-plomb. Le Département des Mystères nous les envoie pour faire toute la lumière sur les procédés employés par les frères Black.
- Nous devons nous assurer qu'aucun autre prisonnier ne sera en mesure de s'évader à l'image des Black, renchérit Salmon.
- Nous allons emporter les corps des inferi dans nos locaux pour un examen plus approfondi », ajouta Keyes.
Tandis que les deux hommes s'éloignaient de quelques pas pour examiner le dessin sur le sol, Rufus Scrimgeour se tourna vers McPherson pour reprendre la discussion. « Et que sait-on de l'autre Black ?
- Regulus Black ? Un Mangemort.
- Oui, c'est bien ce qui me semblait… Tous pourris, dans cette famille…
- Mais il a été déclaré mort. Il aurait retourné sa veste et aurait été exécuté par les siens…
- Apparemment non, il faut croire.
- Exact. L'homme qui s'est fait arrêté sous le nom de Finnigan Fox est indubitablement Regulus Black. Dire que son visage m'était familier, la première fois que je l'ai vu…
- Pourquoi nous avoir fait croire que les Mangemorts l'avaient assassiné… ? demanda Scrimgeour, songeur.
- Je n'en sais rien. Peut-être était-ce une manœuvre pour infiltrer l'Ordre du Phénix ? Passer pour une victime afin d'être admis dans le cercle ? Mais la chute de Vous-Savez-Qui a sabordé son plan, et il a préféré rester caché par crainte d'un procès…
- Sauf qu'il s'est fait enfermé ici, à Azkaban, avec les risques que cela comporte.
- Pour libérer son frère. Au moment même où le petit Potter est enlevé… Cela n'annonce certainement rien de bon.
- Vous avez raison, c'est très inquiétant. »
Les deux Langues-de-plomb revinrent vers eux. Ils avaient recopié soigneusement le dessin tracé au sol sur un calepin. « Où les frères Black auraient-ils pu se procurer du sel ? demanda Keyes.
- Du sel ?! s'exclama Scrimgeour.
- Aux cuisines, je suppose… répondit Jorkins. Mais aucun des deux n'y avaient accès.
- Ils ont forcément dû trouver un moyen ! insista Salmon. A votre place, Jorkins, je bouclerai complètement l'intégralité de la prison. Interdiction à tous les prisonniers de quitter leur cellule, et plus de visites.
- Evidemment ! répondit Jorkins, l'air vaguement choqué qu'on lui dicte de quelle manière il devait gérer la crise.
- Nous allons fouiller tous les locaux, interroger chacune des personnes ayant été en contact avec les deux évadés.
- Je vais m'en charger, Monsieur, intervint McPherson. Avec votre permission.
- Je ne vois personne de plus qualifié que vous, McPherson. »
L'inspecteur hocha légèrement la tête en signe de gratitude. Pourtant, il avait toujours ce poids désagréable sur le cœur.
« Je vais faire un rapport détaillé à Madame le Ministre, conclut Scrimgeour. Tenez-moi au courant, McPherson.
- Très bien… » Il hésita un instant, cherchant comment exprimer son malaise. « Je suis désolé… dit-il finalement. J'aurais aimé empêcher cela.
- Ne le soyez pas ! Vous avez été incroyablement clairvoyant, McPherson. Vous avez seulement joué de malchance…
- Je ferai mon possible pour retrouver Black.
- Je n'en doute pas. Vous avez carte blanche. »
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Ils apparurent devant une maisonnette, nichée au sein d'un jardin broussailleux, en pleine campagne.
Regulus glissa sur le sol, se retenant à grand-peine au cou du chien. Tout tanguait, autour de lui, et le paysage lui apparut comme vide de substance, comme si le transplanage avait un peu plus érodé son rapport à la réalité. Il ne voyait pas le mur de pierre pourtant brillamment éclairé par la lune presque pleine, ni l'enchevêtrement des ronces sur sa droite, ni même la silhouette de Rogue deux pas devant lui, mais des nœuds de matière plus ou moins denses qui comblaient le vide autour de lui.
Il devait se ressaisir. Ne pas laisser les ténèbres l'envahir. Il se concentra sur ses sensations physiques, sur la matérialité du sol sous ses genoux, sur la chaleur du corps du chien contre lui, sur tout ce qui pouvait lui rappeler qu'il était réel – et vivant.
Il réalisa brusquement qu'il ne tenait plus le chat contre sa poitrine et sentit une bouffée d'angoisse monter en lui. Le chat… Il ne devait pas perdre le chat… Il était absolument essentiel qu'il le garde près de lui, Zacharius lui avait dit. « Pattenrond… murmura-t-il. Où est le chat… ?
- Il est là, répondit Rogue. Devant la porte. Il n'y a personne, nous pouvons entrer. »
Regulus s'efforça de se mettre debout, mais ses jambes semblaient ne plus pouvoir soutenir son corps. Ce n'était pas simplement par faiblesse. Regulus se sentait curieusement immatériel, comme s'il habitait temporairement une enveloppe charnelle qui n'était pas la sienne et sur laquelle, de fait, il ne pouvait avoir aucun contrôle.
« Regulus ? »
C'était la voix de Sirius, inquiète. Quelque part au fond de lui, Regulus sourit. Il était doux de retrouver le frère de son enfance, celui qui se souciait de lui. Il tourna la tête vers lui, mais fut pris d'un nouveau vertige et bascula vers l'arrière. Des mains le saisirent, le soulevèrent, et il sentit qu'on le transportait.
Le bruit que fit la porte en tournant sur ses gonds apparut curieusement distordu à ses oreilles, comme si les ondes sonores elles-mêmes avaient du mal à traverser le vide autour de lui. « Non, pas le vide, pensa-t-il. Il y a de l'air autour de moi, je peux le respirer, je suis vivant… » Il avait le plus grand mal à s'en convaincre. C'était comme si une part de lui était restée en arrière, entre le cimetière d'Azkaban et la salle du département des mystères, coincée dans cet espace hors du monde. Comme s'il n'était plus lui-même qu'un fantôme.
Une nouvelle fois, il chercha à ressentir les sensations du réel. Il était assis sur une chaise, il se concentra sur elle, sur le bois dont elle était faite et qu'il effleura du bout des doigts.
« Est-ce que ça va ? »
Une nouvelle fois, la voix de Sirius. Il leva la tête pour le regarder, mais ne vit qu'un nimbe de lumière chaude là où son frère devait se tenir, comme si sa réalité physique lui échappait, ne lui laissant que la perception de ce qu'il était dans son essence. Il plissa les yeux. « Sirius ? appela-t-il.
- Je suis là. A côté de toi… »
Il y avait de la frayeur dans sa voix. C'était curieux, de l'entendre. Curieux et désagréable. La peur creusait des trous sombres dans la présence lumineuse penchée sur lui, des trous froids et morts.
« Il y a une chambre à côté, intervint Severus. Il vaut mieux qu'il se couche. »
Il ne voulait pas se coucher ! Il ne voulait pas s'étendre seul dans le noir, il avait besoin de la présence lumineuse de son frère près de lui ! Il tendit la main pour attraper Sirius. « Non… murmura-t-il.
- Il faut que tu te reposes, Regulus… »
La tête qui se pencha sur lui était enfin reconnaissable, malgré ses cheveux beaucoup plus courts et ses traits émaciés. Pourtant, il avait l'impression de voir réellement Sirius pour la première fois, maintenant qu'il percevait l'énergie qui l'habitait. Regulus savait que son frère était un sorcier puissant, mais ce qu'il découvrait maintenant était particulier. Sa force vitale était stupéfiante, surtout en considérant les épreuves qu'il avait subies ces derniers mois, et incroyablement chaleureuse. Positive. Il cligna des yeux pour distinguer son visage au-travers de toute cette lumière.
« Il a raison, Regulus, intervint Rogue. Tu vas aller t'allonger et dormir. »
Rogue était à ses côtés également, maintenant. Mais autant la présence de Sirius était chaleureuse, autant celle de Rogue était froide. Et pourtant, il brillait lui-aussi, à sa manière. D'un éclat métallique plutôt singulier. Lorsqu'il se pencha sur lui, il se sentit capté par deux orbites d'un noir profond et il frissonna. Il y avait bien trop de ténèbres, chez Severus.
« Qu'est-ce que tu as fait, Regulus… ! murmura Rogue, d'un ton étrangement concerné. Tu pensais vraiment t'en sortir sans dommages ?!
- De quoi tu parles ?! coupa Sirius. Qu'est-ce qu'il a, au juste ?! Regulus ?!
- Ne vous battez pas… » soupira Regulus.
Il n'avait certainement pas besoin que Sirius et Severus règlent leurs comptes maintenant, alors qu'il se sentait si mal. Et pourtant, il aurait dû s'y attendre ! Ces deux-là se détestaient profondément. Rogue n'avait-il pas essayé de laisser Sirius derrière eux par deux fois ? Qu'est-ce qui les empêcherait de s'entretuer, s'il n'était pas là pour s'interposer ?
« S'il vous plait, insista-t-il. Mettez vos rancœurs de côté !
- Ne t'inquiète pas pour ça, Regulus, répondit Sirius, apaisant. Je ne lui écraserai pas son vilain nez pendant que tu te reposeras. Viens t'allonger, maintenant. »
Sirius passa son bras autour de lui pour l'aider à se relever. Et bientôt, il se retrouva allongé dans un lit, à fixer la bougie que son frère avait posée sur le chevet près de lui. Sa mince lumière laissait la plus grande partie de la chambre dans les ténèbres, mais il s'en contenterait. Du moment que Sirius restait près de lui. Il n'eut même pas besoin de le demander. Sirius s'assit au pied du lit, contre ses jambes.
Tout irait bien. Sirius y veillerait.
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Sirius ne quitta la chambre que lorsqu'il fut parfaitement sûr que Regulus dormait bel et bien. Encore ne le fit-il pas de gaîté de cœur. Il n'avait pas spécialement envie de se retrouver en tête à tête avec Rogue.
Rogue.
Il était penché sur un petit chaudron, sa silhouette maigre se découpant contre le mur du fond telle un insecte gigantesque à la lueur du feu. Si semblable à l'image détestable que Sirius avait gardée de lui.
De quelle façon Rogue s'était-il trouvé embringué dans son sauvetage ? Pourquoi avait-il prêté main forte à Regulus ? Et, s'il était vrai que les Mangemorts en avaient après son frère, pourquoi ne l'avait-il pas dénoncé aux siens ? Il n'y avait que lui, pour répondre à ces questions. A celles-ci, et aux autres qu'il se posait, autrement plus dérangeantes.
Comment Regulus s'y était-il pris, pour leur faire quitter l'île ? Etait-ce vraiment lui, qui avait tiré ces cadavres de leur sommeil éternel ?
« Comment va-t-il ? demanda Rogue, sans lever les yeux de son chaudron.
- Il dort, répondit Sirius. Qu'est-ce qu'il a, au juste ? »
Il fut certain de voir un sourire méprisant étirer ses lèvres, malgré le peu de lumière dont il disposait. Mais il avait promis à Regulus de se tenir tranquille, et il préféra l'ignorer.
« Tu ne sais absolument pas ce qui s'est passé tout à l'heure, n'est-ce pas, Black ? » demanda Rogue d'un ton suffisant. Sirius jugea préférable de ne pas répondre. Il croisa les bras et attendit que Rogue poursuive, certain qu'il ne laisserait pas passer une occasion de lui faire la leçon.
« Qu'est-ce que ça te fait, de savoir que ton frère est un Mage Noir ? Qu'il pratique allègrement les arts ténébreux de la Nécromancie ? Et que c'est à la magie la plus sombre que tu dois ta liberté ? »
Sirius pouvait certainement compter sur Rogue pour savoir appuyer là où ça faisait mal. Il serra les poings, cherchant à endiguer la colère qu'il sentait maintenant bouillir en lui. Rogue lâcha sa cuillère et lui fit face, un sourire mauvais sur les lèvres. « Alors ? insista-t-il.
- Je pensais avoir perdu mon frère à jamais, répondit Sirius froidement. Pour le moment, je me contenterai de me réjouir que ce ne soit pas le cas.
- Bien sûr… »
Un instant, Sirius pensa qu'il allait enchaîner par quelque réplique cinglante, mais tel ne fut pas le cas. Rogue se contenta de jeter un coup d'œil sur sa préparation. Et paradoxalement, cela l'exaspéra davantage.
« Regulus va mal, dit Rogue, brisant finalement le silence. J'ai peur que tu n'aies pas l'occasion de jouir bien longtemps de vos retrouvailles.
- Quoi ?!
- Je l'avais prévenu que ce qu'il faisait était terriblement dangereux. Cet imbécile n'a pas compris l'enjeu…
- De quoi parles-tu ?!
- Du prix à payer, Black ! Le monde des morts ne laisse pas échapper si facilement les vivants qui se risquent à le côtoyer !
- Pourrais-tu t'exprimer de façon plus claire, où est-ce trop te demander ?! »
Il bouillait littéralement. Pourquoi fallait-il que la seule personne qui puisse lui expliquer de quoi son frère souffrait fût justement cet horrible individu, toujours prompt à se délecter de son inquiétude et prêt à le tourmenter ?!
« La magie à laquelle ton frère a fait appel est extrêmement gourmande en énergie vitale, répondit Rogue d'un ton sec. Je lui ai bien dit que tu ne valais pas le prix qu'il faudrait payer, mais cet idiot n'a rien voulu écouter !
- Il est en danger à cause de moi… ?
- Evidemment ! Est-ce que tu sais à quels dangers il s'est exposé, en se faisant incarcérer à Azkaban pour toi ?! »
Sirius ne répondit pas. Bien sûr qu'il le savait ! Il s'en était déjà fait maintes fois le reproche. Les Mangemorts voulaient le voir mort, et ils étaient nombreux, sur l'île… Et d'ailleurs, Regulus n'avait-il pas failli se faire tuer ?
Rogue lui lança un regard méprisant, avant d'ajouter une pincée de poudre jaune à sa préparation. Ce qui énerva un peu plus Sirius. Quel besoin avait-il de s'amuser avec son chaudron, là, maintenant ? Faisait-il cela pour l'exaspérer davantage ?! Ne suffisait-il pas qu'il lui lance des piques régulières ?
« Qu'est-ce que ça peut te faire, à toi, les risques qu'il prend pour moi ?! gronda Sirius, se contrôlant de plus en plus difficilement. Tu devrais être ravi qu'il meure, non ? Ce n'est pas ce que voulait ton maître ?! »
Rogue se crispa très nettement.
« Est-ce que tu penses vraiment que j'aurais prêté la main à ton évasion, si je me fichais de ce qui pouvait arriver à Regulus ?! répliqua-t-il sèchement. Tu es bien plus stupide que je ne le pensais !
- Tu comptais ramener Regulus pieds et poings liés à Malefoy pour te faire mousser ? C'est ça ?
- Si tel était le cas, nous ne serions pas là, et je ne serais pas en train d'essayer de préparer une potion pour l'aider à s'en sortir ! » coupa Rogue.
Il y eut un silence. Rogue voulait donc vraiment venir en aide à Regulus ? Sirius avait vraiment du mal à le croire. C'était si peu conforme à l'image qu'il se faisait de son vieil ennemi…
Un peu calmé, il s'assit dans la chaise qu'avait occupée Regulus. Se disputer avec Rogue comme deux gamins n'était certainement pas la chose la plus intelligente à faire, étant données les circonstances. Et Sirius se sentait prêt à quelques concessions. Après tout, il s'agissait du bien-être de son frère, en fin de compte…
« Peut-être que si tu m'expliquais un peu mieux la situation, je pourrais t'aider à soigner Regulus, suggéra-t-il en s'efforçant d'adopter un ton sans animosité. Puisque nous avons apparemment le même désir qu'il aille mieux… »
Rogue hésita un instant, comme s'il choisissait vraiment entre sa haine pour Sirius et son désir de soigner Regulus. Mais sa sollicitude envers Regulus était apparemment bien réelle, puisqu'il choisit de laisser leur querelle de côté.
« Tu ne sais vraiment pas ce qui s'est passé, hein ? demanda-t-il, sans raillerie, cette fois-ci.
- Non. Regulus a tracé un cercle sur le sol, ensuite, les cadavres ont commencé à sortir des tombes et à nous encercler, alors que les Détraqueurs survolaient le cimetière. Et ensuite… C'était tellement bizarre… Nous étions juste ailleurs… Pas tous seuls, il y avait des voix autour de nous. Même si je n'ai vu personne. Ensuite, je me suis retrouvé dans cette salle du ministère. »
Rogue sembla considérer ses paroles un long moment, avant de désigner d'un geste du mention un livre posé sur la table prêt du chaudron.
« Je ne connaissais pas ce rituel. Il figure dans ce livre, que je suis allé cherché chez vous, Place Grimmaurd.
- Tu es allé là-bas ?!
- Regulus me l'avait demandé. Il avait besoin de moi pour le guider jusqu'à la salle de l'arcade. Comment il en a eu connaissance, je n'en sais rien. Mais il a pensé qu'il pourrait vous faire sortir par là. Seulement, pour cela, il a fallu qu'il vous transporte sur un autre plan. Je ne suis pas très au clair avec tout ça, Black. C'est une branche de la magie particulièrement obscure.
- Tu as parlé d'un prix à payer…
- Pour ouvrir ce passage, il a créé des inferi. En redonnant vie à ces cadavres, il a permis à une porte de s'ouvrir. Il ne s'agit pas que de magie, il a dû insuffler une part de sa propre énergie vitale, dans le processus. Et les… créatures… qui peuplent cet autre plan sont particulièrement friandes de cette énergie.
- Mais nous sommes passés, non ? Elles peuvent encore lui faire du mal ?
- Vous êtes passés physiquement. Mais je pense que la porte est restée ouverte sur Regulus, sur sa conscience, sur son essence vitale, quelque part, sur un autre plan. Pour le moment, il est trop faible pour la refermer. Il est en danger. »
Sirius frissonna longuement. Il avait côtoyé suffisamment la magie noire pour en connaître les dangers. Et si même Rogue était inquiet…
« Que peut-on faire ? demanda-t-il.
- Il faut qu'il se repose et qu'il reprenne des forces. Cette potion l'aidera à retrouver un peu de vitalité, tu lui feras boire dès qu'elle sera prête.
- Et c'est tout ?
- Reste près de lui. Surveille-le. Moi, je vais essayer de me renseigner sur le sujet de mon côté. »
