INDOMPTABLE
PROLOGUE
POINT DE VUE EDWARD
La maison qui se voudrait en temps normal, pleine de vie, est affreusement calme.
Une réunion de famille a été demandée par notre père à tous, Carlisle.
Je n'y suis pas convié.
Depuis longtemps les décisions aussi diverses que variées se prenant autour de cette table ne m'intéressent plus, tout comme mon avis ne les intéresse pas non plus.
Cependant, l'heure doit être suffisamment grave à leurs yeux pour que le patriarche du clan se dirige dans la direction que personne ne désire prendre, la mienne.
Carlisle n'est pas encore entré dans ma chambre que je sais déjà comment notre discussion va tourner, c'est à dire mal.
Je n'ai pas besoin des visions de ma sœur Alice pour le savoir, c'est juste une situation qui se répète inlassablement, et ce, depuis cinq ans.
Depuis le jour où j'ai vu dans les yeux d'Esmé, ma mère, une telle déception qu'à l'heure d'aujourd'hui, malgré le temps qui passe, la même colère gronde en elle.
Sentiment qu'ils partagent tous.
Mon comportement les ayant écœurés provoqua une aversion générale pour moi, qui fut pendant près d'un siècle le fils irréprochable.
Peu importe, puisqu'ils ne me détesteront jamais autant que je me méprise moi même.
Seul Carlisle me parle, du moins, il essaye.
Non pas à cause de la compassion qui le caractérise, c'est par devoir, il m'a créé et comme un père il m'assume.
Je suis par terre adossé à ce piano devenu qu'un étranger pour moi, je ne me lève pas lorsque mon père entre, d'ailleurs il ne rentre pas réellement, se contentant de rester au seuil de la porte.
– Edward, Alice a eu une vision.
– Je le sais, je l'ai vu.
Doué de télépathie, je suis contraint d'entendre la moindre pensé des gens qui m'entourent, cela inclus les prémonitions d'Alice. Elle avait vu une attaque non loin de notre demeure, encore une.
La forêt entourant notre lieu de vie attire campeur et chasseur, proies faciles pour des monstres tel que nous, les vampires.
Il se trouve qu'apparemment certains campeurs seront les victimes de l'un d'entre nous dans la nuit, et toujours selon la vision de ma sœur, celui qui s'apprête à se nourrir d'eux a une certaine tendance à la boucherie.
Je ne peux m'empêcher d'envier ce vampire, non pas pour le sang humain ou les carnages que j'imagine à répétition, loin de là, c'est sa liberté que je lui jalouse. Seul, sans personne pour vous rappeler constamment ce que vous avez été, ou fait, et pour finir vous souligner ce que vous êtes devenu, un art que ma « famille » ne maîtrise que trop.
– Je te demande de nous accompagner pour éviter le pire à ces innocents !
– Vous êtes six contre un, cela me paraît suffisant.
– Alice n'a rien vu en ce qui concerne ce vampire, nous pourrions avoir affaire à quelqu'un possédant des capacités qui pourraient se trouver dangereuses. Ta présence nous offrirait la longueur d'avance qu'il nous faut dans ce genre de situation.
– Je doute qu'il possède suffisamment de « capacités » pour mettre en échec six vampires d'un seul coup, si c'est le cas ma présence ne changera rien.
Qui aurait cru que la patiente de Carlisle avait des limites ? Et pourtant elle en a ! Son seuil de tolérance concernant ma personne est dépassé, depuis ... cinq ans je dirais.
– Je vais donc te dire les choses autrement, cela fait le quatrième massacre en moins de trois mois. Même mode opératoire, ne nous laissant aucune trace de son passage.
– Dans ce cas, je ne saurais que trop vous conseiller de vous mettre en route, sinon cela arrivera à cinq carnages.
– Oui très probablement, sais-tu ce qui va en découler ? La loi concernant la chasse des humains est très explicite, nous ne pouvons chasser qu'un nombre limité de proies dans la même région, afin d'éviter d'éveiller quelques soupçons. À première vue, ce vampire l'ignore ou passe outre cette règle volontairement.
– Je ne saisit toujours pas à quel moment de l'histoire ma présence changera quoi que ce soit, autrement dit abrège Carlisle.
Cela aura été le mot de trop, Carlisle laisse éclater sa colère se perdant même dans une vulgarité qui ne le lui est en rien naturel, mais depuis notre départ de Forks chacun d'entre nous est rongé par l'amertume provoquant des comportements agressif les uns contre les autres, chacun s'en veut mais il est plus simple de cibler quelqu'un d'autre, mon père ne fait pas exception.
– Putain ce n'est pas possible d'être aussi con ! ! Si nous laissons un vampire se torcher le cul aussi ouvertement avec la loi, et ce, sur notre propre territoire c'est à nous que l'on demandera de rendre des comptes ! Sais-tu seulement ce qui se passera à la seconde où Aro posera la main sur l'un d'entre nous ? Il saura pour …
C'est instinctif, mon corps tout comme mon cœur sont en position de défense et quelle est la plus efficace si ce n'est l'attaque ! Il a été trop loin et il le sait si j'en crois le calme qu'il tente de reprendre, ce qui ne m'empêche pas de laisser passer un avertissement verbal qui ressemble plus à une menace.
– Ne prononce pas son nom !
– Edward, ça ne change rien, il saura ! Que crois-tu qui se passera lorsqu'il découvrira que nous avons laissé derrière nous une humaine qui connaît notre secret !? Il la fera exécuter ! Nous sommes tous d'accord sur le fait que c'est la dernière des choses que nous souhaitons.
Le sombre connard que je suis conserve très peu de conscience, et celle-ci ne se manifeste uniquement pour ce qui la concerne elle, de près comme de loin. Carlisle vient de frapper exactement là où il peut encore avoir une prise sur moi. Si la sécurité de Bella est dans l'équation, j'en serais aussi.
– Nous partons d'ici une dizaine de minutes, je compte sur toi Edward !
Il quitte ma chambre sans plus de cérémonie, et je commence par repenser à la vision d'Alice traquant un indice nous permettant d'en finir rapidement, car il est certain que si ce vampire, à quelque niveau que ce soit, peut devenir un danger pour ma Bella, il va sans dire qu'il s'agit d'un vampire mort.
Alors, on continue ? ?
