Crédits : les personnages appartiennent à Maki Murakami, je me contente simplement de les emprunter.


Prologue

« Alors ? C'est pas magnifique d'ici ? Je t'avais dit qu'on aurait une vue imprenable ! »

Suguru hocha la tête, un peu essoufflé. Hiroshi et lui étaient retournés à Hakone, admirer en ce début du mois d'avril le spectacle des cerisiers en pleine floraison. Et c'était vrai que, de là où ils se trouvaient, un peu en hauteur après une marche de près d'une demie heure, le paysage qui s'offrait à eux était absolument somptueux, une harmonie de blanc et de rose s'étendant à perte de vue.

« Oui, c'est vrai… Ça vaut bien le coup de marcher un peu. »

Hiroshi sourit et l'attira contre lui avant de l'embrasser. Plutôt que se rendre au Parc Ueno, à Tôkyô, réputé pour la beauté de ses sakuras et très fréquenté en cette période, il avait proposé à Suguru de retourner à Hakone, un écho de la conversation qu'ils avaient eue près d'un mois auparavant, et comme elle semblait loin, déjà !

À dire vrai, depuis que les deux musiciens avaient commencé à sortir ensemble, ils n'avaient pas eu l'occasion de faire grand-chose en raison du programme extrêmement chargé imposé par K. Aussitôt que la cheville de Suguru avait été suffisamment remise, le tournage du vidéo clip s'était achevé, cette fois en studio. Immédiatement après avait débuté la promo de « Glass flower » lors de laquelle Bad Luck avait enchaîné plateaux télé et émissions radio ce qui, au bout du compte, n'avait pas laissé beaucoup de temps libre à qui que ce soit. En ce début d'avril, cependant, la pression était sensiblement retombée et Hiroshi en avait profité pour proposer à Suguru d'aller à Hakone voir les cerisiers en fleur.

Le choix de l'endroit n'était bien entendu pas anodin, attendu que c'était là que le guitariste avait pris conscience des sentiments qu'il avait pour son jeune camarade. Suguru avait accepté de bonne grâce, avançant que, puisque Shûichi ne serait pas là, il ne pouvait rien lui arriver de fâcheux.

« Et puis, je serai là pour veiller sur toi, avait dit Hiroshi en lui passant un bras protecteur autour des épaules.

- Monsieur Nakano, je ne suis plus un enfant et je n'ai donc pas besoin qu'on veille sur moi.

- Oh, tu n'es pas marrant mon p'tit ange… Et d'abord, je t'ai dit mille fois d'arrêter de me vouvoyer et de m'appeler par mon prénom.

- Et moi, je préfère vous appeler comme ça, c'est plus facile devant du monde et si vous… »

À ce point, Hiroshi l'avait fait taire d'un baiser très passionné, et quand ils s'étaient séparés, Suguru avait complètement oublié ce qu'il avait à dire.

« À samedi prochain, donc, avait conclu Hiroshi avec un petit sourire, je passerai te prendre devant N-G à 13 heures, ça te va ? »

Et ils étaient là, en ce bel après-midi d'avril, assis côte à côte sous un arbre, à discuter de tout et de rien, admirant le splendide paysage. Il y avait peu de monde là où ils avaient choisi d'aller et l'endroit dégageait une atmosphère paisible, reposante.

« On est bien, ici, déclara soudain Suguru en appuyant la tête contre l'épaule d'Hiroshi. On a eu tellement de choses à faire ces dernières semaines… Je suis vraiment heureux que vous m'ayez proposé de venir ici, monsieur Nakano.

- J'en avais très envie moi aussi, ça faisait longtemps que je n'étais pas venu voir les cerisiers. Je me souviens d'une sortie en famille, je devais avoir neuf ou dix ans, et Shûichi et sa sœur, Maiko, étaient venus avec nous. On s'était bien amusé, sauf qu'en fin de journée cet idiot de Shû s'est débrouillé pour tomber dans un bassin. Il n'avait rien pour se changer, bien entendu, mes parents étaient très embêtés et c'est sa sœur, pourtant un peu plus jeune que lui, qui a fini par lui passer un de ces savons ! Je t'assure que c'était quelque chose à voir ! »

Suguru eut un petit rire et fourra sa tête dans le creux du cou d'Hiroshi.

« Ça ne date pas d'hier, alors.

- Quoi donc ?

- La bêtise de monsieur Shindô…

- Ah, ça, j'ai bien peur que ce soit de naissance… Tu es condamné à subir ça jusqu'à la fin de tes jours, mon pauvre », répondit Hiroshi en déposant un baiser sur la chevelure noire de son petit copain.

Une brise légère soufflait par intermittence, provoquant à chaque fois une pluie de pétales délicats.

« On dirait qu'il neige… dit Suguru d'une voix rêveuse. Monsieur Nakano… Il y a un mois de ça, jamais je n'aurais imaginé me retrouver un jour entre vos bras. J'ai encore du mal à y croire… Je suis si heureux que j'ai peur que cela ne dure pas. »

Hiroshi se dégagea et s'assit face à Suguru.

« Pourquoi as-tu peur ? Tu n'es pas juste une passade pour moi, Suguru. Je t'aime vraiment… même s'il m'a fallu du temps pour m'en rendre compte. Je n'ai pas l'intention de te jeter sitôt que je serai arrivé à mes fins, si c'est cela que tu crains, dit-il d'un ton grave, et Suguru rougit à ces derniers mots.

- Je… je suis désolé, monsieur Nakano… » bredouilla-t-il, piteux. Il savait qu'il faisait traîner les choses… mais il ne se sentait tout simplement pas prêt à franchir le pas.

« Non, tu n'as pas à t'excuser. Je sais pourquoi tu hésites, et c'est tout à fait normal. J'attendrai que tu sois prêt. Et, tu sais, j'ai l'habitude, il a fallu des semaines à Ayaka avant qu'elle accepte que je l'embrasse, donc j'estime que là, il y a déjà un progrès ! déclara le guitariste en plantant un baiser sur les lèvres de Suguru.

- Toi et moi, je sais que ça va durer, reprit Hiroshi. Ne me demande pas d'expliquer pourquoi… C'est pour ça que je te le dis, non, je te le promets : l'année prochaine, jour pour jour, nous serons ici tous les deux, à regarder les cerisiers. »

Suguru le dévisagea avec un peu d'étonnement.

« Comment pouvez-vous en être aussi certain ?

- Fais-moi confiance, mon p'tit ange… Dans un an, même jour, même endroit.

- Promis ? s'enquit Suguru en passant les bras autour du cou d'Hiroshi.

- Promis », répondit solennellement le jeune homme.

À suivre…