Prologue (réécrit décembre 2014)

Cela faisait une semaine que leur accident avait eu lieu, une semaine qu'ils avaient remonté le temps à cause d'une bagarre futile.

Le train bringuebalait dangereusement. Remus s'accrocha difficilement avant d'atteindre le compartiment qu'il partageait avec les adolescents et avec son collègue le redouté professeur Snape.

Il ferma la porte derrière lui et avisa ses occupants.

Au fond du compartiment, le maitre des potions était debout, ses sourcils froncés au-dessus de ses yeux d'un noir de jais. Il regardait pensivement l'extérieur et malgré les secousses qui agitaient le train, il parvenait à rester droit comme un "i".

Ne se faisant pas confiance pour se maitriser de la sorte, il prit plutôt place sur la banquette.

A côté de lui, Harry boudait. Se renfermer sur soi-même de la sorte était une solution qu'il avait trouvé pour face à la situation, mais il prenait de plus en plus l'envie au lycanthrope de le secouer un peu pour qu'il reprenne ses esprits.

En face du héros du monde des sorciers se trouvait Draco. Le garçon avait peu à peu perdu de sa superbe lorsqu'il avait compris qu'il n'allait impressionner personne ici. Il se révélait être un garçon calme, pensif et sa vivacité d'esprit égalait facilement celle d'Hermione quand il n'était pas aveuglé par son arrogance. Néanmoins, il montrait toujours un dédain aristocratique envers ses compagnons d'infortune et particulièrement envers cette dernière. Une attitude qu'il lui faudrait vite abandonner s'ils voulaient résoudre cette situation ensemble, avec le moins de pertes humaines possible.

Et puis il y avait Hermione qui tenait Mégane sur les genoux. La petite fille de sept ans s'était retrouvée embarquée dans cette aventure malgré-elle. Pour ce qu'ils avaient réussi à comprendre, elle semblait orpheline depuis son plus jeune âge. Elle n'avait aucun souvenir de ses parents et, depuis qu'ils l'avaient rencontrée dans cette aventure, elle semblait déjà les accepter comme une seconde famille. Elle s'était accrochée à Remus et à Hermione comme si sa vie en dépendait mais n'était pas sauvage du tout.

Une fois bien installé dans son fauteuil, il jeta un regard vers Severus qui lui donna un signe d'assentiment et prit la parole, rompant le silence pensif qui régnait dans le compartiment.

« Je sais que nous vous avons gardé dans une certaine ignorance ces derniers jours, mais comprenez que le professeur Snape et moi n'en savions pas beaucoup plus que vous sur la situation. Nous avions beaucoup de choses à mettre en place et de problèmes à régler. » Commença-t-il par s'excuser doucement.

Des regards curieux se levèrent vers lui. Evidemment, les adolescents aimeraient bien en savoir plus. Il leur fit un sourire affable et reprit :

« Vous savez déjà que l'incident de l'autre jour nous as fait remonter dans le temps. De cinquante-trois ans exactement. Comment et pourquoi, c'est dur à déterminer pour le moment. Le plus urgent était de nous éloigner des endroits fréquentés pour éviter de nous faire remarquer. Personne ne sait quelles conséquences peuvent avoir un tel voyage dans le passé. Avec l'aide du professeur Dippet, Severus et moi avons donc décidés de s'installer dans une petite propriété un peu excentrée pour s'éloigner de Poudlard et de Londres pour le moment. Le temps que la situation vienne à s'arranger. »

« Et quand est-ce que cette situation va s'arranger ? » répliqua Harry « On va juste rester là-bas sans rien faire, à espérer qu'il se passe quelque chose et que l'on puisse rentrer ? »

« Non monsieur Potter » lui répondit Snape d'une voix froide « nous n'allons pas attendre sans rien faire que la situation s'arrange. Sa majesté Potter va donc se taire et écouter bien gentiment sans formuler la moindre petite réflexion. C'est clair ? »

Un silence nerveux s'installa dans le wagon, comme si chacun attendait l'explosion du jeune homme qui avait les nerfs à vif depuis leur arrivée. Mais l'explosion ne vint pas.

« Comme de l'eau de roche. » Grommela-t-il.

Remus continua, un peu moins sûr de lui : « Nous avons acheté cette petite propriété non pas parce qu'elle nous plaisait mais parce que ce manoir contient une bibliothèque personnelle très complète et nous en aurons besoin pour continuer nos recherches afin de trouver une solution pour revenir dans notre temps. »

« Mais personne n'est jamais parvenu à remonter le temps volontairement ! » S'exclama Hermione.

« Certes mais... »

« C'est impossible ! » cria à son tour Draco.

« Ça suffit ! » les interrompit Severus « le prochain qui hurle, je le bâillonne jusqu'à la fin de voyage ! »

Tout le monde se calma sur le champ mais Mégane commença à pleurer. Elle avait beau ne pas redouter Snape, il restait toujours Snape, avec des éclats d'humeur redoutables.

« Meg... Severus ne parlait pas pour toi. » Tenta Remus

Mais c'était trop tard car ses yeux noisettes s'embuèrent et les larmes se déversèrent comme un torrent d'eau salé. En soupirant et en grommelant Remus la prit dans ses bras et se rassit sur la banquette.

Le lycanthrope jeta un regard noir à son collègue qui ne sembla pas regretter une seconde d'avoir effrayé la petite fille.

« Donc, tout ça pour dire » reprit Remus « que nous trouverons à nous occuper durant ce temps. Nous vous demanderons de nous aider dans nos recherches, dans la mesure du possible. Evidemment. Et puis, vous aurez à votre disposition deux professeurs. Nous allons essayer de ne pas vous faire prendre trop de retard dans vos études et vous pourrez en profiter pour vous entrainer à vous défendre. »

« Il faut saisir cette opportunité » Rajouta le maitre des potions. « Après tout, notre monde semble de plus en plus propice au conflit. Une guerre se prépare. Mais je suis sûr que des adolescents aussi perspicaces que vous trois ont compris ça depuis bien longtemps. »

Les adolescents acquiescèrent gravement. Les pensées d'Harry se dirigèrent furtivement vers cette nuit au cimetière où Cédric avait perdu la vie.

« Et pour Mégane professeur ? » demanda Hermione

« Déjà, essayez d'oublier les professeurs pour chacun de nous deux, nous allons vivre ensemble un certain temps je pense. Même si je sais que ça n'a rien d'évident essayez de nous appeler Remus et Severus.»

« Professeur Snape ira très bien pour moi, merci. » Grinça l'intéressé

Remus lui lança un regard agacé.

« Ce n'est pas ce que nous avions convenu. »

« Très bien. » Capitula-t-il « Mais je ne veux pas une once d'irrespect. C'est compris ? » Glapit-il, son regard appuyé sur Harry.

Harry acquiesça et regarda ailleurs, il savait qu'il n'avait pas été des plus agréables cette semaine mais n'allait pas le reconnaitre devant Snape qui n'avait rien d'un ange.

Remus observa l'échange en soupirant, ça n'allait pas être évident !

« Le village d'à côté possède une école primaire pour jeunes sorciers, il doit y avoir des enfants de son âge à fréquenter. Je compte sur vous tous pour qu'elle se sente bien, ça doit être plutôt difficile pour elle. »

De nouveau les adolescents acquiescèrent en chœur.

« Bien, à présent il doit nous rester une heure de voyage. Vous avez des questions ? »

« Le manoir possède un laboratoire ? » demanda Hermione en fixant le professeur Snape avec une certaine envie dans le son de sa voix.

Apparemment, la perspective d'avoir accès à temps plein à un laboratoire faisait naitre une certaine excitation chez Hermione. Si c'était le cas il devrait s'employer à calmer ses ardeurs, la jeune fille était peut-être un petit génie, elle avait toujours le niveau nécessaire pour tout faire exploser.

« Comment croyez-vous que je puisse vous enseigner les potions sans laboratoire ? Et nous allons en avoir besoin, je pense franchement que la solution peut être trouvé à l'aide des potions. »

« Comment crois-tu qu'il puisse vivre sans laboratoire, Hermione ? » Railla Harry.

« Potter... »

« Harry, Severus... » Ajouta Remus « notre séjour va être un véritable enfer si vous n'arrêtez pas de vous chamailler comme des écoliers toutes les dix minutes... »

« Rectification Remus, ce séjour sera un enfer pour lui si monsieur Potter ne cesse avec cette attitude provocatrice.» Accusa Snape.

Le regard que darda l'homme en direction du garçon n'était pas ouvertement agressif mais franchement agacé.

« C'est vrai ça ! » déclara Hermione d'un de ces airs hautains que son meilleur ami détestait par-dessus-tout. « Tu pourrais faire des efforts. »

Il détestait lorsqu'elle employait ce ton avec lui. Le ton du tu-sais-que-j'ai-raison. Et le pire, c'est qu'elle avait surement raison, mais il avait du mal à l'admettre. Il soupira de nouveau.

« Excusez-moi professeur » rajouta t-il avec un peu moins de verve

Remus qui tenait à présent une petite fille profondément endormie dans les bras jeta un regard insistant à son collègue et celui-ci se tourna vers le garçon.

« J'accepte vos excuses. Mais ne vous avisez pas de recommencer, je ne travaille pas dans un jardin d'enfant et je ne suis certainement pas ici pour m'occuper de problèmes comportementaux. »

La discussion était close.

Une heure plus tard, ils étaient arrivés à destination.

Il commençait à se faire tard, la nuit était tombée depuis longtemps et un vent frais soufflait sur le paysage. Tout aux alentours de la petite gare se dressaient de hauts arbres, des pins essentiellement. Une forêt dominait les alentours.

Ils avaient pour tout bagage, un seul sac avec les affaires qu'on leur avait prêtées à Poudlard mais le maitre des potions tenait sous son bras un énorme sac en cuir noir, plein à craquer et apparemment plutôt lourd. Personne n'osa demander ce qu'il contenait.

Ils s'engagèrent sur un petit chemin de terre qui faisait le tour du bois. Ils marchèrent une dizaine de minutes et se retrouvèrent face à une imposante grille en fer forgé.

Apres avoir enchainé quelques sortilèges sur la grille et sa serrure, le maitre des potions l'ouvrit d'une dernière chiquenaude de sa baguette. Le jardin était magiquement éclairé, la lumière semblait venir de nulle part et de partout à la fois. La nuit était si sombre qu'on ne voyait pas plus loin cependant qu'une allée de gravier blanc et des deux côtés de celle-ci, une pelouse qui se perdait dans l'ombre. Le domaine était d'une taille respectable et ils atteignirent au bout de quelques minutes de marche une porte massive en bois incrusté de vitraux. Severus se tourna vers la petite troupe.

« Bienvenus au petit manoir de Pendragon, je vais vous faire une rapide visite, puis on ira se coucher, on réglera le reste demain. »

Tout le monde acquiesça vivement, tous trop fatigués pour protester.

« Ah, j'oubliais » menaça-t-il « Cette porte est très ancienne et très fragile. Un seul claquement et le verre pourrait se détruire. Elle est charmée pour résister aux courants d'air, mais pas à des sautes d'humeur. Le premier qui la fait claquer aura sérieusement affaire à moi. »

Il avisa les jeunes gens d'un regard lourd de sens.

« Autre chose, la porte n'ouvre qu'avec cette clé » Il tendit une lourde clé de bronze « Mais nous en avons plusieurs exemplaires. Aucun charme ne peut la forcer, seule cette clé le fera. Parfois les plus vieux trucs sont les meilleurs. »

Il l'inséra dans la serrure. La porte s'ouvrit sur un hall spacieux. Par magie les lumières s'allumèrent. Ils entrèrent et se retrouvèrent devant des portes de tous côtés.

Mégane, à présent à terre, était surexcitée. Elle n'avait encore jamais vécu dans une vraie maison... Alors dans un manoir ! Elle se serait presque crue dans un vrai conte de fée !

A leur droite, la porte s'ouvrait sur une cuisine spacieuse. Sur la gauche, une salle à manger et un salon confortable dans lequel des fauteuils tendaient leurs bras aux habitants. Ils montèrent à l'étage pour se rendre dans leurs chambres.

Draco et Harry grimacèrent a l'idée de devoir partager une chambre mais reconnaissant que celle-ci soit assez grande pour qu'ils ne se dérangent pas.

Mégane elle, était excitée comme une puce devant sa chambre, quoique dénué de jouet pour une petite fille de son âge.

« C'est ma chambre ? Ma chambre à moi toute seule ? »

« Oui Meg » répondit Remus en allumant la lumière. « Ça c'est ton lit, et voici ton armoire et tu as même un petit bureau pour colorier et un coffre pour mettre tes jouets.»

« Elle est trop belle ! Je l'adore ! Merci beaucoup Remus ! »

« Tu oublies de dire merci à quelqu'un Meg. » Souffla Remus pendant qu'elle entourait ses jambes à l'aide de ses bras.

« Merci sevy ! » cria-t-elle vers Severus.

Tous les adolescents réprimèrent un fou rire. Le regard glacial de leur professeur les fit taire mais l'épisode resta dans leurs mémoires pendant longtemps.

Il fut décidé que Meg partagerai avec Hermione la petite salle de bain et que les garçons partageraient la seconde.

Au troisième étage, sur toute la surface du manoir, se tenait la bibliothèque.

« Ferme la bouche Hermione tu vas gober des mouches. » Ricana Harry

Hermione lui lança un regard noir mais ses yeux dévièrent rapidement sur l'immense bibliothèque.

« C'est...c'est…Mais c'est quasiment aussi grand qu'à Poudlard ! »

« Oui Hermione » acquiesça Remus avec un fin sourire « Maintenant je dois ajouter qu'il y a quelques règles. Certains livre peuvent contenir des choses terribles et d'autres peuvent aussi être ensorcelés. Je pense que vous avez déjà eu vent de ces sorciers emprisonnés dans des livres, ensorcelés dans des écrits… Si un livre n'est pas à votre hauteur il n'est pas pour vous, le tri a été fait par les elfes de Poudlard. La règle est simple. Ok ? »

« Oui Remus » acquiescèrent-ils.

« Bon, et bien je pense que nous pouvons passer à la dernière pièce. »

« Il reste encore un étage dans cette baraque ? » S'étonna Draco

« Le sous-sol Draco. » Répondit le professeur.

« Ah oui évidemment... le sous-sol... » Grimaça-t-il.

Ils redescendirent les deux escaliers.

Dans l'arrière-cuisine se tenait une porte qu'ils n'avaient pas vues. Elle était de couleur gris métallique, et ne contenait pas de poignée. Devant l'air ébahi de ses étudiants, Severus se lança dans une explication.

« Cette porte est une porte de laboratoire. C'est-à-dire qu'elle est charmée pour contenir tout gaz qui pourrait être nocif. »

« De plus, elle est ensorcelée pour s'ouvrir à votre approche si vous désirez la passer et elle ne permet pas l'entrée aux enfants de douze ans non accompagnés. Il n'y a donc aucun danger pour Mégane mais n'importe lequel d'entre vous peut y entrer à n'importe quel moment. Il est évident, et pesez bien mes mots, que vous n'y avez accès sous aucun prétexte sans Remus ou moi. Le premier qui met un orteil dans le laboratoire sans permission aura affaire à moi... »

Les adolescents déglutirent.

« Descendons. Remus, peux-tu prendre Meg dans tes bras s'il te plait ? »

Ce fut une expérience étrange. La porte était comme un simple écran de fumée opaque et étrangement douce. Harry en la traversant s'attendait à être aveuglé pour un court instant mais il n'en fut rien. Ils descendirent un escalier de quelques marches et rentrèrent dans un laboratoire parfaitement équipé avec plusieurs tables d'expériences.

« Au fond à droite c'est la réserve. Au fond à gauche il y a une salle désaffectée qui pourra nous servir de salle d'entrainement lorsque nous l'aurons un peu aménagé. »

Harry sentit un chatouillement comme un rayon electrique le parcourir. Il venait de se rendre compte de l'opportunité qui se profilait de pouvoir s'entrainer plus dur et pouvoir botter les fesses de Voldemort. S'il le recroisait un jour...

Remus observa le petit groupe qu'il avait mené dans la maison. Dans leur maison. C'était bizarre mais il faudrait s'y habituer.

« Nous pouvons aller nous coucher. Dormons tout notre saoul et demain nous mettrons les choses un peu au clair. Vous trouverez des draps sur vos lits et surtout des pyjamas dans vos armoires.»

Au creux de leurs lits, ils étaient tous enfouis dans leurs pensées.

Harry pensait à la vengeance qu'il devait à ses parents tandis que Draco s'était déjà endormi paisiblement, dans un monde ou les siens ne pouvaient plus exercer aucune pression sur lui.

Meg aussi dormait profondément, toutes ses émotions l'avaient épuisées et elle se sentait en parfaite sécurité et n'avait aucun regret pour l'orphelinat qu'elle avait quitté il y a une semaine.

Hermione mis du temps à s'endormir. Elle doutait franchement qu'ils puissent revenir dans leur temps, ou tout du moins ne voyait pas par quel moyen miracle. Elle pensa à ses parents qui n'imaginaient certainement pas que le monde magique puisse être la cause de telles catastrophes.