Voilà, une nouvelle fanfic. Je sais, ça faisait longtemps. En fait, je voulais attendre d'être plus avancée dans l'histoire avant de commencer à la poster. Parce qu'en ce moment, je n'ai vraiment pas le temps de l'avancer. Les exams terminés, j'aurais tout le loisir d'écrire et de dessiner autant que je voudrais, mais là ce n'est pas encore le cas.

Les précisions sur la fic... Disons qu'elle va être (très très) longue. Je l'ai déjà écrite dans sa quasi totalité sur des cahiers de brouillons. Quasi totalité, car à chaque fois, je n'écris qu'une partie du chapitre. On en arrive à la deuxième précision: chaque chapitre est coupé en deux parties, une partie du point de vue de Hiei, l'autre de celui de Kurama. Sauf le dernier.

L'histoire est surtout centrée sur le "avant Yuyu Hakusho", c'est à dire après la rencontre de Hiei et Kurama jusqu'au vol des objets. 1989, donc.( Si mes souvenirs sont exacts). Certains personnages originaux joueront un rôle important dans l'histoire (deux personnage, notamment).

L'histoire se poursuit durant toute la période yuyu (cependant, je ne vais pas beaucoup m'attarder dessus), et se termine après. La réponse à l'intrigue principale (même si on a des éléments de réponse avant) sera dévoilée dans les derniers chapitres. (L'intrigue principale tourne surtout autours de Kurama et des deux personnages originaux. Ce pauvre Hiei est trop jeune pour avoir été impliqué dedans. Les évènements ont commencés il y a 500 ans)

Histoire longue, évolution longue. Les sentiments de nos deux protagonistes et leur relation ne va pas vraiment avancer vite (c'est le moins que je puisse dire). Donc fans de lemon sans scénar, ouste! Oui, j'ai prévu de faire un lemon tout à la fin, et par ce fait, je ne pouvait pas proposer un simili d'histoire, c'est trop gênant pour moi, autrement.

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Il n'aimait pas la pluie. Il ne l'avait jamais aimé. Quand il pleut comme aujourd'hui, et qu'en plus le vent soufflait avec force, il faisait froid. Il n'aimait pas ressentir le froid. Ce n'était pas le fait de souffrir du froid qui le dérangeait, mais simplement il n'aimait pas le ressentir. Trop de souvenirs, des souvenirs qu'il aurait voulu oublier.

Le froid lui rappelait le pays. Un pays froid, froid comme la glace, froid comme leur cœur à elles.

Les gouttelettes tombaient avec force sur les feuilles de l'arbre dans lequel il s'était réfugié et martelaient le sol, rendant la terre humide. Le parfum de la terre mouillée emplissait l'atmosphère et couvrait toutes les autres odeurs. L'eau ruisselait sur son visage, et s'infiltrait sous ses vêtements, le trempant jusqu'aux os. Il se sentait... Seul...

Pourtant, la solitude ne l'avait jamais dérangé. Au contraire, il était même du genre à la rechercher.

"- Saleté de pluie..."

Il en déprimerait presque. Tout ça, c'est parce qu'il ne faisait que tourner en rond depuis qu'il était dans le ningenkai. Il avait de plus en plus l'impression qu'il n'attendrait jamais son but. Il aurait très bien pu rester dans le makai. Au moins là-bas, il n'aurait pas l'impression d'être perdu. Il ressentait un profond dégoût pour le ningenkai. Les humains lui semblaient si pathétiques. Rien que des larves. Des larves qui passaient leur journée à faire des choses inutiles, et surtout, des larves esclaves de leurs sentiments.

C'est un signe de faiblesse que de se laisser gouverner par ses sentiments. Ça faisait longtemps que lui-même ne se laissait plus commander par sa haine. Les ningen sont tellement ridicules avec tous leurs sentiments. L'amour, l'affection, compter dessus ne sert à rien.

Le ciel est gris, et le parc est vide. On croirait difficilement qu'on n'était même pas en fin d'après-midi. Les ningen non plus, n'aiment pas la pluie.

Il aurait pu rester dans le makai. Mais c'était ici qu'elle était. Elle comptait tant pour lui. Alors, pour la retrouver il pouvait bien endurer tout cela. Parce que Yukina avait enduré bien pire, rien qu'à cause de son existence à lui. Sans lui, elle aurait pu connaître sa mère.

Il savait qu'elle était ici. Pour l'instant, son jagan lui avait été inutile, mais il y avait ces rumeurs. Plusieurs rumeurs faisaient état de la présence d'une femme de glace dans le ningenkai. Ça ne pouvait être qu'elle. Parce que de toute façon, elle n'était pas dans le makai.
Et s'il n'avait pas pu la retrouver pour l'instant avec son jagan, c'est qu'elle était soit morte, soit dissimulée par des sorts.

Non. Elle n'était pas morte. Il voulait le croire. Il avait besoin qu'elle soit en vie. C'était son but, de la retrouver.

Depuis qu'il avait tué Yatsude il y a deux semaines, il n'avait pas vraiment avancé. Toutes les pistes qu'il avait suivies l'avaient mené à des impasses. Mais il avait tout son temps. Il n'était pas pressé. Et il ferait payer au centuple celui qui la gardait séquestrée. Celui qui lui avait enlevé la seule personne qu'il avait au monde. Il le torturerait jusqu'à ce qu'il implore son pardon, et il se délecterait de ses cris de souffrance.

Il ferma les yeux. En fin de compte, il n'était pas bien différent de tous ces stupides ningen. Il tenait à Yukina. Mais c'était différent... Même s'il ne l'avait jamais connu, Yukina était sa sœur. Et il avait entendu dire qu'elle recherchait son frère.

La seule personne au monde qui se souciait de son existence. La seule personne au monde dont il se souciait de l'existence. Au fond de lui, il savait pourquoi. Yukina était une femme des glaces, elle était une partie de se mère. Il espérait voir en Yukina sa mère qu'il n'avait jamais connue. Sa mère qui avait été exécutée par les autres femmes de glaces parce qu'elle avait commit un péché impardonnable, parce qu'elle avait porté et mit au monde un garçon.

"- Hiei san?"

Hiei sursauta. Tout d'abord parce qu'il se croyait complètement seul, et parce que personne ne lui avait jamais donné de particule, et surtout pas du 'san'. La voix était douce et un peu hésitante. Et cette voix ne lui était pas inconnue.

Au pied de l'arbre, abrité derrière un parapluie, se tenait le gamin avec lequel il avait combattu Yatsude. Perdu dans ses pensés, il ne l'avait pas sentit approcher. Mais pour sa défense, il fallait reconnaître que le gamin était extrêmement doué pour cacher sa présence, il en avait été surpris la dernière fois. Malgré tout, il était vexé de s'être fait avoir aussi facilement. Et surtout le fait qu'il se tienne là l'irritait sans qu'il ne sache pourquoi. Que lui voulait-il ? On ne pouvait pas le laisser tranquille ?

"- Qu'est-ce que tu fais ici ?", demanda le garçon.

Et lui, qu'est-ce qu'il foutait là ? Il n'avait rien d'autre de mieux à faire ?

"- Ça ne se voit pas ? Je dors. Du moins, j'essaie."

Il lui lança un regard passablement énervé. Il espérait avoir été clair. Il allait repartir maintenant, non ?

"- Je pensais que tu avais déjà quitté les lieux."

Hiei ferma les yeux et resta silencieux. Peut-être que s'il l'ignorait, il finirait par le lâcher.

"- C'est parce que tu cherches encore cette Yukina ?"

Le problème avec ce mec, c'est que non content de ne pas avoir la langue dans sa poche, il avait oublié d'être complètement stupide.

"- Fais pas chier, lâche moi la grappe avant que je ne te tues, tu commences à me saouler..."

Il n'avait rien contre lui. Il ne trouvait pas sa présence réellement désagréable. Mais il n'était vraiment pas d'humeur, aujourd'hui. Il commençait vraiment à perdre patience. Si il continuait comme ça, il allait vraiment finir par le tuer. Et il n'en avait pas vraiment envie. Même s'il était un démon, il y quand même des choses qu'il ne se permettrait pas. Comme tuer celui qui vous avait sauvé la vie. Parce qu'en plus de l'avoir soigné, il devait bien admettre que s'il n'avait pas été là, il aurait été tué par Yatsude.

Il rouvrit les yeux. Il était toujours là, au pied de l'arbre, à le regarder. Il le vit tourner la tête, comme pour vérifier qu'il n'y avait personne, avant d'ouvrir à nouveau la bouche.

"- Il pleut, dit-il simplement.

-Si t'es venu pour parler de la pluie et du beau temps, tu peux te casser. J'ai pas besoin de toi pour voir le temps qu'il fait.

- En fait... Je me demandais si ça te dirait... De venir chez moi. Juste pour t'abriter, le temps qu'il arrête de pleuvoir."

Hiei se redressa. C'est pour ça qu'il était venu ? Il s'inquiétait pour lui ? Il se souciait de lui ? Et pourquoi ? Il ne le connaissait même pas. Tout ce qu'il savait de lui, c'était son nom. Et c'était pareil pour lui. Ça pouvait être un piège. Mais pourquoi faire ? Il aurait déjà pu faire de lui ce qu'il voulait, quand il s'était évanoui l'autre jour à cause de sa blessure.

Le jeune homme se contentait de lui sourire, comme pour le rassurer.

Il n'avait pas besoin que quelqu'un se soucie de son existence. Il n'avait pas besoin qu'on soit gentil ou aimable avec lui. Il n'est qu'un enfant maudit. Yukina se souciait de son existence, et ça ne lui avait pas porté chance. Il ne voulait pas qu'on se soucie de lui, car il ne voulait pas que quelqu'un devienne dépendant de lui. Il ne voulait pas devenir dépendant. Il était déjà dans un sens devenu dépendant de Yukina. C'était déjà beaucoup trop. Il voulait être seul. Il avait toujours été seul. Et la solitude est tellement plus facile à aborder lorsqu'on n'est pas dépendant d'une personne.

"- Hiei san ?"

Et c'était quoi cette habitude à lui coller un particule ? Il ne lui en avait donné aucun, la dernière fois... Il était vrai aussi que la dernière fois, il ne l'avait pas appelé par son prénom.

"- J'ai pas besoin de ta sollicitude, et encore moins de ta gentillesse. Maintenant, casse-toi."

Hiei referma les yeux et s'installa pour dormir. Il entendit des pas qui s'éloignaient doucement.

"- Il a rien comprit. Je croyais lui avoir pourtant dit qu'un jour sa naïveté le perdra."

Il lui faisait confiance. A lui, Hiei, l'enfant maudit. Il ne le connaissait pas et pourtant, il lui faisait assez confiance pour l'inviter chez lui.
C'était bien le premier. C'était bien le premier à être aimable avec lui autrement qu'à cause de la peur, ou par intérêt. Et il se surprenait à trouver ça... Agréable...

Pour une fois qu'on ne le traitait pas comme une bête, ou comme un enfant maudit. Pour une fois qu'on ne le voyait pas comme quelqu'un qu'on devait vaincre à tout prix, comme quelqu'un que l'on craignait.

Peur. Dégoût. Ou indifférence. C'est toujours ce qu'il a provoqué chez les autres. Et il avait toujours eu l'impression de ne pas exister pleinement. Après tout, jusqu'à maintenant, il n'avait fait que survivre. Survivre et atteindre son but. Une fois qu'il aurait atteint son but, une fois qu'il aurait retrouvé Yukina et sa pierre, que lui restera-t-il ?

Rien. Il le sait. Il a perdu l'envie de se venger des femmes des glaces. Elles étaient toutes aussi glacées que leur pays. En fin de compte, elles étaient pareilles à lui. Elles survivaient. Elles n'avaient aucun but dans la vie, elles ne cherchaient même pas à vivre. Sa mère voulait mourir, il le sait. Tout comme Rui le veut aussi. Tout comme toutes le veulent au fond d'elles. Une existence insignifiante, une existence qui les fatigue. Et elles se contentent de se laisser porter par les courant, tout comme leur pays dérive dans le ciel.

Un pays à leur image. Froid, isolé, errant. Abandonné.

Lui, il avait encore un but. Et une fois qu'il l'aura rempli, il se retrouvera désormais sans rien, et il recommencera à se laisser dériver, comme elles. Il ne sera plus rien.

C'est peut-être pour ça qu'au fond de lui, peu lui importe le temps qu'il lui faudra pour retrouver Yukina. Il pouvait mettre un an, cinq ans ou même vingt. Au moins, pendant ce temps, il aurait un but. Il aurait une raison de vivre.

Ce maudit Kurama devait être chez lui, maintenant, à l'abri de la pluie. Hiei lui en voulait. Il lui en voulait d'avoir fait attention à lui, de lui avoir donné la chance d'être considéré autrement qu'on l'avait toujours considéré. Il lui en voulait aussi de ne pas avoir insisté davantage pour qu'il le suive chez lui.

Il détestait vraiment la pluie. Et elle n'était pas prête de s'arrêter. Pire, même, elle redoublait de violence. Il la détestait vraiment.

"- Je suis un imbécile."

Le lendemain, il se réveilla à l'aube, dès que le soleil avait commencé à poindre et à donner aux feuilles de l'arbre un aspect luisant et une couleur vert tendre. La pluie s'était finalement éteinte au beau milieu de la nuit, le laissant complètement trempé. Sauf qu'une fois la pluie arrêtée, il avait pu utiliser ses flammes pour se sécher.

Il avait décidé d'attendre. Il n'avait pas grand-chose à faire pour l'instant. Il n'avait pas passé une bonne nuit, et il était fatigué. Le problème, c'est qu'il savait qu'il n'arriverait pas à s'endormir facilement. Il avait bien trop faim pour ça.

Il sauta d'un mouvement leste de l'arbre, et atterrit au sol avec souplesse. Pas d'argent de ningen sur lui, et rien à échanger avec les autres démons pour s'en procurer. Il pouvait toujours voler de la bouffe. Après tout, il était un voleur. Mais voler la nourriture ne lui avait jamais plut. Les trésors, oui. Les trésors sont autrement plus difficiles à obtenir. C'était faire preuve de plus d'ambition, c'était prouver qu'on avait un but différent que simplement survire. Ce sont les faibles qui volent la nourriture. Ils volent la nourriture parce qu'ils ne sont pas capables de s'en procurer autrement.

Il restait aussi cette solution. Le petit matin, le parc était envahi par les corbeaux. Après tout, un oiseau reste de la viande, non ?

Hiei n'eu aucun mal à en attraper avec sa vitesse. Tellement simple. Les bêtes du makai offraient tellement plus de résistance.

Passablement énervé, Hiei lâcha le corbeau qu'il venait d'attraper. Il retomba au sol avec un bruit mat. L'oiseau était mort, le cou rompu par la poigne du démon. Toutes les créatures du ningenkai étaient pathétiques avec leur faiblesse, à commencer d'abord avec ces humains nauséabonds.

Il tourna le dos à l'oiseau et commença à errer dans le parc. Le vent qui soufflait avec force la veille, et qui ne faisait que rendre la pluie plus glacée et insupportable avait fait place à petite brise légère, apportant avec elle des fragrances au délicates touches fleuries. Le mauvais temps de la veille lui avait fait oublié qu'on était déjà à la fin du printemps.

Avec un soupir las, le démon s'étira. Même s'il avait toujours dormi dans les arbres, il n'avait jamais trouvé la place confortable. Il s'y était accoutumé, c'est tout. Il s'était toujours accoutumé à tout. Il y a des choses qu'on ne peut pas changer, alors le mieux à faire, c'est de s'y habituer.

Au bout d'un moment, les premiers ningen commencèrent à se montrer dans le parc. Avant que l'un d'entre eux puisse le voir, il sauta dans un arbre et se cacha dans le feuillage. Il n'avait pas envie d'être vu.

Des enfants passèrent en poussant des cris joyeux, accompagnés par leur parent, un sac sur le dos. Il n'aimait pas voir ces expressions de joie. C'était quelque chose qu'il n'avait jamais ressentit, à part quelquefois la joie féroce qu'il éprouvait après avoir battu un adversaire particulièrement redoutable, du temps où il était encore pire qu'un monstre... Une bête.

"-Trouvé !"

Hiei sursauta brusquement et se retourna rapidement. Assis sur une branche, un sac sur le dos, se tenait le garçon roux. Bon sang, mais comment faisait-il pour cacher sa présence comme ça ?

"-Tu veux vraiment que je te tues ou quoi ? Si c'est le cas, demande-le, je me ferais un plaisir de te rendre ce service !"

Le jeune homme prit une expression innocente, et ouvrit des grands yeux étonnés.

"- J'ai fait quelque chose de mal ?

- Bordel, mais t'es débile ou quoi ?! Surgir comme ça dans le dos de quelqu'un, son premier réflexe c'est de te descendre ! Si tu veux mourir, dis-le, mais je te préviens, la prochaine fois, je te tues !"

Le garçon se contenta de sourire doucement, ses yeux verts prenant une couleur brillante.

"- Je suis toujours en vie... Faut croire que question réflexes, t'es pas vraiment bien doté.

- Ferme-la."

Hiei tourna le dos au gamin qui ne sembla pas bouger.

"- Kurama ?

- Lui-même. Finalement, tu t'es souvenu de mon prénom.

- Hn. Parce que je me demandais si ça avait un rapport avec le célèbre...

- Yohko Kurama. C'est bien moi, en chair et en os."

Hiei tourna la tête vers lui, un peu surpris.

"- Je te croyais plus fort que ça... Et je te voyais... Autrement...

- Tu n'es pas le seul à avoir perdu de la puissance. Toi avec le jagan, et moi en choisissant de me réincarner dans un fœtus de ningen."

D'où l'odeur de ningen qu'il avait sentit sur lui, se mêlant avec une odeur de monstre qu'on devinait assez difficilement.

"- Tu as bien dormi Hiei san ?

- A ton avis ?

- Difficile de juger. A ton humeur je serais tenté de dire non, mais à dire vrai j'ai bien l'impression que c'est dans ta nature d'être ronchon.

- Comment faire autrement avec un mec aussi chiant et collant que toi ?

- Tu marques un point."

Hiei ne savait pas pourquoi ce Kurama recherchait sa compagnie. Ce n'est pas comme si lui-même était aimable ou bavard. Mais en même temps, il se rendait compte que l'attitude de Kurama ne le dérangeait pas tant que ça. Jamais quelqu'un n'était resté avec lui pour parler. Et depuis qu'il était dans le ningenkai, il se sentait plus seul que jamais, peut-être parce qu'il était perdu dans ce monde qui lui était étranger. De plus, il s'ennuyait ces derniers temps, et il passait ses journées à dormir et à errer. Ça lui donnait l'impression de devenir de plus en plus vide à mesure que le temps passait. Discuter avec quelqu'un lui prouvait qu'il était toujours là, en vie, et qu'il existait toujours.
Kurama rompit le silence qui s'était installé entre eux.

"- Ton odeur. C'était une odeur qui me manquait", murmura-t-il doucement.

Une minute... Il était sensé prendre ça comment ?

Kurama releva les yeux sur lui. Hiei fut surpris de voir à quel point ces grands yeux qu'il avait vu si doux et tranquilles étaient à présent froids et vides.

"- L'odeur du makai. L'odeur du danger. Tu m'as rappelé des choses que j'avais oubliées."

Malgré le léger sentiment de malaise que provoquait en lui ce regard inexpressif, Hiei garda ses yeux fixés sur ceux de Kurama.

"- Dans ce cas, au lieu de me saouler comme tu le fait, pourquoi tu n'y retourne pas ? Y'a rien qui t'en empêche..."

Le regard de Kurama se radoucit, et une ombre de sourire naquit sur ses lèvres, donnant à son visage une fraîcheur et une candeur qui contrastait de façon étrange avec l'expression qu'il arborait jusqu'à maintenant.

"- Il y a des tas de choses qui m'en empêche, Hiei san... Je ne peux pas toujours agir comme j'en ai envie."

Brusquement, Kurama ouvrit grand la bouche et claqua ses mains.

"- J'allais oublier..."

Il prit son sac et fouilla à l'intérieur, et tendit quelque chose à Hiei.

"- Qu'est-ce que je suis sensé faire de ça ?", cracha ce dernier.

Kurama ne se démonta pas.

"- Le manger, pardi.

- Les manger ?

- Oui, tu sais, cette activité à laquelle on se livre quand on a faim, et qui consiste à ouvrir la bouche, prendre un bout de nourriture avec tes dents, mastiquer ensuite pour pouvoir après avaler...

- Mais je sais ce que c'est que manger ! s'énerva Hiei. Mais si tu crois que je vais manger ces... Ces trucs de ningen !

- Ce sont des melon pans. Je ne sais pas si ça te plaira, mais moi je trouve ça plutôt bon. Tu n'oublieras pas de retirer l'emballage, hein ? Ça ne se mange pas."

Voyant que Hiei ne semblait pas vouloir bouger, Kurama posa les petits sachets sur la branche, à côté du démon.

"- Je ne veux pas de ta compassion !", éructa-t-il.

D'un mouvement de bras rageur, il fit tomber l'un des sachets qui atterrit avec un petit bruit dans la haie située en dessous d'eux.

"- Pourquoi tu es comme ça avec moi ? J'ai pas besoin d'aide !"

Kurama poussa un long soupir, et il se releva un peu, s'accroupissant sur la branche.

"- Je ne sais pas. Mais si ça peut te rassurer, je ne le fais pas par pitié."

Il se leva complètement et scruta les alentours, s'assurant que personne ne regardait dans ce coin du parc.

"- Bien, ce fut un plaisir de parler avec toi, mais là, je vais vraiment finir par être en retard. A bientôt.

- Dans tes rêves."

Kurama ne releva pas et il sauta lestement de l'arbre avant de se mettre à courir.

Hiei le trouvait vraiment étrange. Etrange et surtout... Incompréhensible. Malgré tout ce que le démon pouvait lui dire, le gamin était venu le voir à nouveau. Hiei n'avait pourtant rien fait qui pourrait justifier que Kurama ait une raison de se montrer aimable envers lui. Oui, il était vraiment étrange... A moins qu'il n'attende quelque chose de lui.

Maintenant qu'il y réfléchissait, on pouvait expliquer bien des choses, vu sous cet angle. Pour commencer, ça expliquait pourquoi il l'avait soigné... Parce qu'il avait besoin de lui.

Hiei savait que dans le makai, Kurama avait la réputation d'être un démon intelligent, fourbe, rusé et manipulateur. Il n'était pas un renard pour rien... Ces marques d'attention à son égard étaient peut-être destinées à endormir ses soupçons. Grossière erreur de stratégie, alors. Ca ne l'avait rendu que plus méfiant.

La meilleure chose à faire restait de l'envoyer paître la prochaine fois qu'il se ramènerait. Hiei grimaça. Il serait plus efficace de partir le plus loin possible dès qu'il le sentirait arriver. S'il le sent arriver. Parce que le yohko n'était vraiment pas du genre obéissant.

Le démon s'installa plus confortablement et sa main se posa sur un petit sachet plastique. Ah ! Les 'melon pans'. Il les avait oubliés.
Hiei s'apprêtait à les jeter quand son estomac se mit à gargouiller. Il hésita. Il ne les avait pas volés, puisqu'on les lui avait donnés. Mais est-ce que ça n'était pas pire, en fin de compte ? Recourir à la charité était vraiment la chose la plus dégradante qui soit. D'un autre côté, il avait vraiment faim. Ça faisait bien deux jour qu'il n'avait rien mangé d'autre qu'un ridicule petit onigiri qu'il avait acheté dans un magasin ningen.
Et Kurama n'avait peut-être pas donné la charité. Il était plus probable qu'il avait agit de la sorte que dans le but de se servir de lui.

De pire en pire. Il n'aimait pas être utilisé... Mais si jamais en fin de compte, Kurama ne parvenait pas à l'utiliser... Il pouvait se débrouiller pour disparaître avant, et au final, ce maudit yohko aura été bien attrapé. Donc, il pouvait bien profiter de tout ça pour l'instant.

Hiei ouvrit maladroitement le premier sachet et renifla le melon pan. Dans le makai, on ne trouvait rien de tel. Aussi bien au niveau de l'emballage qu'au niveau du contenu. Il renifla le melon pan et ne trouva aucune odeur suspecte qui pourrait faire état de la présence d'une drogue. En même temps, il en existait des indécelables à l'odeur. Hiei y goûta du bout des lèvres, et finit par croquer dedans à pleines dents.

C'était plutôt bon... En fait, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé quelque chose d'aussi bon. Et c'était sucré. Hiei aimait bien les choses sucrées, sans doutes parce qu'il pouvait rarement en manger. Dans le makai, il se contentait de chasser, et ne mangeait que de la viande. Bien qu'il avait déjà goûté au sucre auparavant, c'était dans le ningenkai qu'il avait réellement découvert cette saveur. Les ningen semblaient vraiment raffoler de ça, ils vendaient des tas de choses sucrées, et ça avait un peu surprit Hiei au départ.

Finalement, Hiei mangea aussi le deuxième puis le troisième melon pan. Mais Kurama ne lui en avait-il pas ramené un quatrième ? Il se souvint. Le quatrième était quelques mètres plus bas, dans les buissons. Tant pis. Qu'il reste où il était.

Avec un soupir las, il retira son bandeau. Il savait que c'était inutile, mais tous les jours, inlassablement, il cherchait Yukina avec son jagan.
Il chercha pendant deux bonnes heures. En vain. Yukina restait introuvable. Comme d'habitude.

Il se surprit à se demander ce que faisait Kurama en ce moment. Hiei savait de moins en moins quoi penser à propos de lui. Tout ce qu'il savait, c'est qu'un jour, il allait vraiment finir par le haïr. Parce qu'il l'avait soigné quand il était blessé. Parce qu'il lui avait proposé de venir chez lui alors qu'il avait froid. Parce qu'il lui avait offert à manger quand il avait faim. Et parce qu'il lui tenait compagnie alors qu'il se sentait seul. Et parce qu'au fond de lui, Hiei trouvait tout ça agréable.

Rester seul ne lui demandais aucun effort, il y était habitué. Mais si il abordait aussi facilement cette situation, c'est en partie parce qu'il n'avait connut que ça. Et qu'une fois qu'il serait obligé d'être à nouveau toujours tout seul, les souvenirs de ces marques d'attention ne rendront sa solitude que plus amère. Et parce que quelque chose lui faisait croire qu'en réalité, Kurama ne cherchait pas à se servir de lui. Et il savait qu'il avait raison. Il le savait, parce qu'il sentait que Kurama était comme lui. Seul.

Hiei ferma son jagan et remit son bandeau. Il ne retrouverait pas Yukina comme ça. Maintenant, le mieux à faire, c'était d'attendre le soir et reprendre son enquête. Le problème, c'est qu'il n'avait jamais été bon, pour les investigations. Son truc à lui, c'était plutôt de surgir et de tout mettre sens dessus dessous. La finesse n'était pas vraiment sa tasse de thé. Peu importe. Il pouvait au moins faire ça pour Yukina.

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Voilà, fin de la première partie du premier chapitre.