AN : Bien le bonjour (ou bonsoir) ! Je vous présente ma première fic sur OUAT faite quasi sur un coup de tête… et je sais que je ne fais pas dans l'original avec un tel sujet… mais j'espère tout de même que cela vous plaira ! :) Je ne sais pas encore jusqu'où j'écrirai l'histoire, mais si c'est jusqu'au bout, il risque d'il y avoir de la romance (KillianxEmma) donc si ça ne vous plaît pas, je préviens déjà, mais en attendant cela restera assez « canon » (avec Milah, entre autres)… mais d'ici-là, bonne lecture et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! :)

Disclaimer : rien ne m'appartient, c'est évident ! Que ce soit tout ce qui concerne OUAT ou les allusions possibles à l'univers de J.M. Barrie et ses adaptations.


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Jusqu'au matin

Chapitre 1 : La deuxième étoile à droite

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Avant même qu'il ne soit né, avant même encore qu'il ne se niche dans son ventre, Maman dessinait déjà son esquisse. Durant ses rêves, les baisers qu'elle échangeait avec son amant, les sourires qui apparaissaient d'eux-mêmes. Elle lui donnait des boucles blondes comme sa mère à elle, puis se ravisait pour la tignasse rousse et épaisse d'un frère disparu; hésitait à creuser ses joues de fossettes, ou les rendre hautes et fières; elle ne doutait bien sûr pas de lui léguer un dos fort et des jambes robustes, mais elle voulait lui offrir quelque chose de plus.

Maman elle-même était née avec tout ce qu'un enfant peut attendre de ses parents : santé, amour et sagesse… mais elle avait reçu un cadeau tombé du ciel, cadeau tellement jalousé par son entourage qu'elle le gardait secret, comme une histoire que seule elle connaissait : la magie. Ce cadeau coûtait cher en ces temps présents, où l'on préférait vous brûler par peur que vous admirer comme autrefois, mais elle ne le vit jamais autrement que comme un cadeau, jamais comme une malédiction, car la magie rendait tout ce que le monde avait de beau encore plus magnifique. Alors quand il vint enfin se loger en elle, elle lui donna plus : des pieds légers, légers comme une plume indécise, et un cœur qui battait aussi bien de sang que de magie, enfouie, secrète, mais bien là. Papa, qui avait été un peu mis de côté, lui donna ses cheveux noirs sans le faire exprès, et parce que personne n'avait pensé à ses yeux et que les enfants aiment garder des souvenirs de ceux qu'ils aiment le plus, le petit qui ne s'appelait pas encore Killian partagea les yeux de Maman, puis en grandissant, il y ajouta des étoiles.

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Il aimait les étoiles presqu'autant qu'il aimait Maman, et il l'aimait beaucoup, beaucoup. Plus que Papa, qui avec le temps devint juste un père, parti souvent et revenu quelques fois. Les seuls moments où il reprenait son titre était quand il l'emmenait au bord de l'eau. Que ce soit sur la plage, en haut d'une falaise, ou simplement au bord d'un lac. La plupart de ses plus vieux souvenirs ne concernaient que Maman et ses caresses pleines d'amour, mais il y en avait un concernant son père que Killian gardait dans un coin de sa tête bien remplie : son expression ahurie, lui d'habitude si sérieux et adulte, quand en repêchant Killian tombé à l'eau, il l'avait retrouvé non pas terrifié et suffoqué mais hilare et les yeux encore plus étoilés.

Ce jour-là, Papa trouva le seul point qui le reliait à son étrange fils, en plus de ses cheveux : son amour pour les eaux. Alors il l'emmena sur un bateau, et Killian se serait envolé de bonheur si sa mère ne l'avait pas retenu avec ses baisers et ses mains douces.

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Papa devint juste un père et les sorties en bateau se firent rares, presque un rêve, mais Maman restait, et c'était tout ce qui comptait. Killian restait lui aussi, pour elle, et s'amusait à tester ses pieds légers sur l'eau, sous les étoiles, faisant des bonds qui le suspendaient dans les airs plus longtemps que les autres enfants, le temps d'un battement de cil. Et quand les autres enfants ne jouaient plus avec lui car leurs parents le leur interdisaient, regardant Maman avec des yeux sombres, ce battement se transformait en deux. Puis en trois lorsqu'il rentrait à la maison et l'y trouvait pâle. Car elle lui donnait sa magie tellement naturellement qu'il avait fini par en vouloir autant que ses caresses, ses histoires et ses fredonnements. Elle en perdait peu à peu ses couleurs alors que lui rayonnait et devenait léger, léger. Mais elle lui donnait tout, absolument tout, pour l'empêcher de s'envoler les jours de grand vent.

Elle lui donna tant et si bien que quand les adultes aux regards sombres à peine éclairés par les torches vinrent la chercher au cœur de la nuit, elle resta clouée au sol. Le père qui avait réapparu quelques jours avant pris Killian dans ses bras, sans faire un bruit et sans le regarder, lui dit qu'ils devaient prendre la mer et que Maman les rejoindrait très vite. Il s'était rendormi en serrant le médaillon autour de son cou qu'elle lui avait offert à sa naissance, la voyant lui sourire comme toujours, heureux de bientôt voguer à nouveau sur les flots, sous les étoiles, avec eux.

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Mais elle ne revint pas dans les heures qui suivirent, ni les jours, et quelque chose d'horrible se dessina sur le visage du père, quelque chose que Killian ne comprenait pas et qui tenta de le contaminer, mais qu'il repoussa en criant : la peur. Le père ne ressembla bientôt plus à un père, mais à l'un de ces adultes au regard sombre quand il le déposa à bout de bras sur le pont d'un grand navire que Killian effleurait à peine de ses pieds. Il n'y avait plus que des adultes tout autour de lui, lourds et le regard braqué vers le bas, même en hissant la grand-voile.

On ne voyait plus le rivage depuis longtemps, et Maman n'était toujours pas là. Killian l'attendait sur le pont, comme toujours. Il était assis sur le bastingage, les pieds se balançant au-dessus des flots irisés par la lumière de la pleine lune, les yeux rivés vers les cieux, patient. Les étoiles l'apaisaient, particulièrement fascinantes cette nuit-là, hypnotisantes mêmes.

« Maman, maman, maman… » chantonnait-il en rythme avec les balancements de ses jambes.

Puis son regard se fixa sur une autre sublime étoile, un repère dans l'océan, et c'est là qu'il la découvrit : cachée sur la droite à première vue des regards sombres, de plus en plus brillante à chaque seconde qui passait sans en détourner les yeux. La plus belle de toutes.

Elle était si lumineuse qu'en comparaison les ombres qui baignaient le pont en devenaient d'autant plus oppressantes, menaçantes, et Killian frissonna quand elles lui rappelèrent le regard des adultes. Il les voyait partout, de plus en plus proches, et une peur panique saisit son petit cœur. Il allait disparaitre, lui aussi, s'il ne faisait pas quelque chose.

« Maman-maman-… » continuait-t-il à psalmodier, plus pressement, en grimpant dans les haubans, puis le long du mat, jusqu'à en atteindre le sommet, pour se rapprocher de l'étoile. Il se hissa sur la pointe des pieds et se tendit, doigts vers les cieux, pour essayer de l'atteindre, mais quelque chose le retenait. « Maman-maman-ma- »

Il se tut. Maman n'était plus ici.

Ses baisers, ses caresses, ses histoires,… elles ne pouvaient plus le retenir. Il n'y avait plus que la deuxième étoile à droite.

Killian inspira à pleins poumons l'air marin, plus violemment que le premier souffle d'un nouveau-né, et s'envola.


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AN : A suivre… si vous le voulez ;)