L'ombre et la lumière
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Nota : se situe à la fin du roman mais ne prend pas en compte l'épilogue.
Disclaimer : l'univers appartient à JK Rowling.
Notice : pairing Draco / harry, catégorie slash soft
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1.
Finalement, le balafré avait gagné. Il ne l'aurait pas cru. Oh le sauveur du monde ne manquait pas de courage, il n'en avait jamais douté malgré leurs nombreuses querelles. Non c'était juste que lui, Draco Malfoy, il avait vu le Mage noir de tellement près, il avait senti le froid insidieux qui s'insinuait en quiconque était en sa présence, il avait expérimenté la peur incontrôlable qui vous saisissait aux tripes quand il posait sur vous son regard glacé de serpent. Et il s'était dit que face à cette haine profonde, il n'y avait aucun espoir et sûrement pas ce fou de Potter dont les bons sentiments ne pouvaient suffire à ébranler un être aussi noir. Mais finalement, contre ses propres pronostics, le binoclard avait réussi.
C'était sûrement mieux ainsi. Est-ce que cela changeait sa vie à lui ? En y réfléchissant, un peu. Il dormait mieux, ne se réveillait plus trempé d'une sueur glacée à la moindre porte qui claquait dans le manoir. Mais il y avait perdu son père, enfermé à Azkaban et sa mère ne serait plus jamais la même. Enfin, il lui semblait y avoir aussi perdu son âme. Il n'avait plus d'amis. En avait-il seulement eu ? Il n'avait plus de sentiments. Si ce n'était le souvenir de la peur et la haine dans lesquelles il avait été élevé.
Et puis, il devait vivre avec la suspicion dans les yeux des gens, le doute sur le camp qu'il avait occupé et même le témoignage de ce foutu Potter n'avait rien changé. Il était un Malfoy et un Malfoy était nécessairement mauvais. Il se moquait bien de leurs avis et il bombait le torse encore plus fièrement quand il entendait des murmures sur son passage. On n'enlève pas si facilement sa dignité à un descendant des familles Black et Malfoy. Que ce soit dit.
Quelques années passèrent pendant lesquelles il s'attela à ne rien faire, drapé dans sa superbe, si ce n'est jouer les dandys décadents, se montrant dans les soirées mondaines, toujours toisant de son regard opaque ceux qui osaient porter le moindre jugement sur le froid jeune homme qu'il était.
Pourtant Draco était beau, d'une beauté glaciale et envoutante, le port altier, les traits fins et la peau incroyablement blanche, des cheveux d'une blondeur extrême tombant en boucles disciplinées sur ses épaules aussi bien ciselées que l'ovale de son visage. On aurait dit quelque prince transylvanien venu de contrées lointaines. Et c'est sans doute la raison pour laquelle il était si souvent invité.
Il restait un beau parti. Avait le sens de la répartie et de la verve mais ses colères étaient fréquentes et redoutées. Et finalement il était tout aussi seul dans ces soirées qu'il l'était dans son immense manoir. Alors, à ces moments là, lorsqu'il ne s'enivrait pas de vin pour oublier et qu'il s'autorisait à penser avec une lucidité qu'il n'aimait pas, alors il se rappelait que Harry Potter lui manquait.
Il aurait tué plutôt que de le reconnaître. Mais Harry avait toujours était le seul à lui tenir tête, à lui parler d'égal à égal, poing contre poing.
Bon, Blaise aussi. Un peu. Mais son ancien ami Serpentard s'était lassé de ses faux-semblants et ne donnait plus beaucoup signe de vie. Quant à Harry Potter, il avait juste tâché de ne jamais le croiser, lui et sa poule rouquine. Il aurait été méchant, il le savait. Quelque part, même s'il ne se l'avouait pas, elle avait pris sa place et était devenue son centre d'intérêt.
Et puis ce matin-là, il avait cédé, il ne savait pas bien pourquoi. Pansy était venue carillonner à la porte du Manoir et lui, émergeant d'une épouvantable gueule de bois, il lui avait ouvert par mégarde.
- Il y a une réunion d'anciens élèves ce soir, Draco, tu te souviens ?
- Mmh ?
- La réunion des 10 ans, tout le monde sera là.
- Non Pansy, tout le monde ne sera pas là.
Il pensa un instant à Severus sur qui il avait toujours compté, il pensa à tous ceux qui étaient morts cette nuit-là. Putain mais quel besoin de se revoir pour se rappeler !
- Si tu n'y vas pas, les autres n'auront d'yeux que pour Potter et Weasley, tu ne voudrais pas qu'ils te volent la vedette.
Quelle perfidie. C'est tellement pitoyable. Je n'ai plus rien à foutre de nos vieilles rivalités de gamin, si tu savais…
- Tu es pathétique, Pansy.
Il s'apprêta à lui fermer la porte au nez, son mal de tête devenait intenable, mais sa tenace compagne l'en empêcha d'un mouvement rapide.
- Regarde ce que tu es devenu Draco, mais regarde-toi, tu pues l'alcool à 10 heures du matin.
Il planta son regard acier dans ceux de la jeune fille qui recula d'un pas devant l'intensité qu'on y lisait.
- Dégage Parkinson, tout de suite.
- Pardon Draco, je t'en prie…
Mais c'était trop tard, il avait claqué la porte avec une rage et un mépris à peine contenus. Alors c'était ça ? Même pour elle, il faisait pitié. Eh bien, ils verraient tous ce que lui, Draco Malfoy, était devenu.
A suivre
