Bonjour ! Voici donc la suite de Ciel mon ancêtre, qu'il n'est pas indispensable de lire pour comprendre (mais si le cœur vous en dit).

Par contre et comme indiqué, c'est une fic what if : que se serait-il passé si finalement Clara Miles ne parvenait pas à tourner la page avec Ezio. La relation entre elle et Shaun ne s'est donc pas faite.

Bonne lecture ^^.


Italie, renaissance.

Assis à une fenêtre, le maître assassin Ezio Auditore s'amusait, si l'on peut dire, à faire tourner un miroir de toilette entre ses doigts. Dehors le soleil était sur le point de se coucher. Le Florentin immobilisa le miroir, observant son reflet comme si quelque chose d'autre devait s'y trouver. Il poussa un soupir. Bien sûr qu'il n'y aurait rien. Il le savait. Pourtant … une part de lui continuait à espérer. Ezio savait pourtant qu'ils s'étaient dit adieu. Qu'elle ne reviendrait pas. Elle, c'était Clara Miles. Une jeune femme brune assez particulière, en ce sens qu'elle était sa descendante vivant au vingt-et-unième siècle. Autrement dit, ils n'auraient jamais dû se connaître. Seulement Clara avait développé un don spécial qui avait laissé ses collègues pantois.

En effet, en entrant en résonance avec l'ADN de son ancêtre via l'animus, elle avait été capable de s'y immerger profondément et d'établir un contact avec Ezio. La toute première fois, Clara lui avait sauvé la vie en le réveillant alors qu'un tueur était entré dans la chambre qu'il occupait. Auditore l'avait ensuite découverte dans le miroir accroché au mur. Stupéfait par le phénomène, l'Italien s'était approché. Clara dialogua avec lui depuis les miroirs présents à proximité, et sa voix était audible davantage dans la tête que de manière conventionnelle. En outre, seul Ezio possédait la capacité de la voir et l'entendre, Miles étant connectée à lui et à lui uniquement. La jeune femme lui avait apporté un soutien appréciable, avant d'approfondir son expérience.

Shaun Hastings, un de ses collègues avait découvert une pomme d'Eden en cristal de roche qui s'avéra posséder un pouvoir bien particulier : lorsque Clara l'avait touché alors que l'objet s'illuminait, elle s'était retrouvée projetée dans l'Italie du seizième siècle. Droit sur Auditore plus précisément. Connaissant la brunette, il avait accepté de la garder à ses côtés. Ensemble, ils avaient lutté contre la famille Borgia, et recherché la pomme de cristal à cette époque afin de renvoyer la demoiselle chez elle. En théorie, voilà ce qu'ils étaient censés accomplir. En pratique eh bien … tous deux avaient développé une attirance mutuelle. Le charme d'Ezio, son courage, sa noblesse d'âme, puis le sens de l'humour de Miles, son écoute et sa compréhension, son soutien et le fait qu'elle n'était pas dénuée de charme, le temps passé ensemble tout ceci avait contribué à les rapprocher plus que nécessaire.

Sauf que l'un et l'autre savait pertinemment qu'une relation entre eux n'était pas raisonnable. Chacun avait son combat à mener à son époque respective, sans parler de ce lien de sang existant bien qu'infime. Et voilà : une fois la pomme récupérée et modifiée par Minerve en personne, Clara était partie.

« Cela fait cinq mois déjà. Elle me manque. Combien de fois j'ai eu envie de lui parler d'une chose concernant la confrérie, ou mes doutes.» pensa Ezio, les yeux rivés à son reflet.

En tant qu'Assassin, et parce qu'elle avait assisté à la première partie de sa vie qui l'avait vu devenir ce qu'il était, Clara était à ses yeux celle qui le comprenait le mieux en dehors de sa famille. Encore qu'Ezio ne se confiait guère à sa mère et à sa sœur, fierté masculine d'une part, et puis Claudia n'était pas la meilleure oreille de l'autre : pas très patiente pour commencer et son grand-frère avait tendance à croire qu'il devait avoir l'air d'un roc. Bref. Ezio reposa le miroir sur la commode à côté.

La nuit était près de tomber à présent. Si elle le voyait en cet instant, nul doute que Clara lui lancerait une petite taquinerie. Cela le ferait sourire, il lui expliquerait ce qui le tracassait et elle lui donnerait un conseil ou bien tâcherait de le dérider. Notamment par des chatouilles.

Ezio sourit. Dire qu'elle avait découvert ce qu'il s'efforçait de si bien cacher par hasard … et Miles ne s'était pas gênée pour lui en offrir plus souvent qu'à son tour. Il appuya la tête contre la vitre. Tout ceci était terminé à présent. Il se retrouvait à nouveau seul. Auditore tourna les yeux vers le lit. Miles l'avait occupé les quelques fois où tous deux avaient séjourné à la Rose Fleurie. Depuis, Ezio interdisait formellement que qui que ce soit dorme, et même entre dans cette chambre. Le brun en conservait d'ailleurs la clé avec lui. Il quitta la fenêtre, puis se laissa tomber comme une masse sur le lit. Il y avait encore un peu de son odeur … Ezio soupira. Il fallait décidément que ça passe ces sentiments. Seulement quand messere Auditore tombait amoureux, il ne faisait pas semblant. Dire qu'il pensait ne plus connaître une telle chose après Cristina. Bon, c'était encore parti en eau de boudin mais enfin …


Temps présent.

Depuis la porte de la chambre qu'occupait Miles, Shaun observait la jeune femme avec un air triste.

« Voilà bien un mois au moins qu'elle est rentrée. Et elle en est toujours au même point.» pensa-t-il.

Clara était en effet allongée sur le dos, le visage tourné vers la fenêtre. La brune avait réglé le cas de Junon de manière astucieuse, avec l'aide de Minerve, cependant elle restait étrangement silencieuse depuis, limite mutique (ndla : refus de parler suite à un choc psychologique). Et Hastings savait très bien pourquoi. Miles pensait à Ezio. La brune n'avait mentionné que les grandes lignes de son aventure italienne, mais il pressentait qu'elle avait eu des sentiments pour lui. L'informaticien était bien placé pour la comprendre : il en éprouvait pour elle.

S'il n'avait pas été des plus courtois à l'arrivée de Miles, il avait par la suite tenté de faire amende honorable après la disparition de la brunette. Malgré tout, Clara restait distante avec lui. Shaun s'écarta de la porte et revint auprès de Rebecca qui compilait des données sur un ordinateur portable.

« Alors comment va-t-elle ?» interrogea la brune sans lever les yeux de son écran.

« Toujours pareil. Je crois qu'elle ne s'en remets pas.» répondit Shaun en se laissant choir dans un fauteuil.

Rebecca nota l'amertume dans la voix de son collègue. Elle cessa de taper puis tourna la tête vers lui.

« Je suis désolée Shaun.» dit-elle.

« Et moi donc.»

Crane connaissait les sentiments de l'historien vis-à-vis de l'Assassine. Elle avait remarqué les petits regards qu'il lui lançait parfois. Mais c'était surtout quand elle avait disparu que c'était devenue une évidence. Las, cet amour paraissait à sens unique.

Dans sa chambre, Clara poussa un soupir. Elle ressentait un vide depuis son retour, qui semblait comme accentué depuis cette histoire avec Junon. Ezio lui manquait, beaucoup, affreusement. L'ancien sujet 17 avait fait son possible pour l'oublier, en vain. Il était toujours là quelque part, dans un coin de son esprit prêt à ressurgir à la moindre occasion. Surtout que dans la tête de Miles, Auditore était associé aux fragments d'Eden. Autant dire qu'elle se rappelait de lui souvent. Trop souvent. Plus le temps passait, plus cela devait insupportable.

« Bon allez, faut que je me bouge un peu. Je vais aller danser, ça va me changer les idées.» songea Miles.

La brune se leva. Avant d'être gentiment invitée chez Abstergo, Miles enseignait la danse tahitienne. Elle ouvrit la porte de son armoire. Elle en sortit un paréo violet ainsi que le haut assorti puis se changea. Ceci fait, Miles se rendit dans une autre salle de l'entrepôt où les Assassins avaient établi leur base. Shaun recracha son thé en la voyant passer. Il connaissait son ancien métier, l'avait déjà vu danser depuis son retour toutefois, cela lui faisait toujours un petit quelque chose de la découvrir ainsi. Il attendit qu'elle soit sortie, puis se leva pour la suivre. Elle n'était pas la seule à qui cela changeait les idées.

« Attends moi !» interpella Rebecca en accourant.

« Tiens tu viens aussi cette fois ?» fit Shaun en se retournant.

« Ouais, je trouve que c'est joli comme tout cette danse.»

Tous deux approchèrent de la salle où se trouvait Miles. Mais si Shaun avait l'habitude de voir en cachette, sa collègue s'annonça franchement.

« Coucou ! On peut te regarder danser ?» lança Rebecca, à l'embarras de Shaun.

Embarras temporaire, car il aurait tout de même une meilleure vue que depuis l'entrebâillement de la porte.

« Si vous voulez oui.» répondit laconiquement Clara.

Elle pianota sur son ordinateur, relié à deux enceintes. Ceci fait, elle alla se positionner à genoux au centre de la salle, dos aux spectateurs. Rebecca s'assit en tailleur, Shaun s'appuya au mur. Les premières notes d'un tambour résonnèrent. Clara remua les hanches au même rythme puis se releva.

La musique s'accéléra. Petit à petit, Clara sentit ses soucis s'envoler. Il n'y avait plus que la danse.

« Mais comment t'arrive à bouger aussi vite ? A genoux, sur une jambe, sur la pointe des pieds ...» lança Rebecca à la fin.

« Avec de l'entraînement tout simplement.»

Shaun de son côté, se prit à rêver qu'elle ne dansait que pour lui. Comme à chaque fois cependant, cela lui parut trop court.

« Me rappelle qu'Ezio aurait aimé voir ça.» songea Clara.

Et … merde. Bon, ben y'avait plus qu'à continuer et puis c'est tout.


Italie de la Renaissance.

« Ezio ! Tu viens on va être en retard !» clama Claudia depuis l'autre bout du couloir.

« Hein ? Où ça ?» demanda Ezio en ouvrant la porte de sa chambre.

« Chez Bartolomeo enfin ! Nous devons aller voir son bébé tu as oublié ?» fit Claudia.

« Oh oui c'est vrai. J'arrive.»

Ezio se changea, puis rejoignit sa sœur hors de la Rose Fleurie. Ils prirent chacun une monture puis firent route vers le château d'Alviano. Claudia jeta un œil à son grand-frère. Il était renfermé depuis le départ de Clara. Et elle avouait qu'elle n'en comprenait pas la raison. S'il l'aimait vraiment pourquoi diable n'allait-il pas la rejoindre ? Tout le monde souhaitait qu'il soit heureux avant tout. Claudia pouvait reprendre la tête des Assassins, ou bien Machiavelli. Chacun reconnaissait que le brun en avait fait suffisamment. On le lui avait fait remarquer, mais Ezio interdisait désormais que l'on mentionne le sujet devant lui.

Claudia soupira. Á croire qu'il se complaisait dans ses états d'âmes. Quelque temps plus tard, ils franchirent la herse du château. Un des mercenaires les mena auprès du maître des lieux.

« Bonjour tous les deux.» fit Pantasilea en les accueillant.

Bartolomeo pour sa part, était assis à une table sur laquelle le couffin portant le nouveau-né était déposé. Le chevalier gagatisait devant l'enfant. Ce qui arracha un sourire à Ezio.

« Tiens salut ! Vous venez dire bonjour à mon fils ?» lança d'Alviano.

« Évidemment !» sourit Claudia.

Elle approcha ensuite du couffin pour saluer le petit, qui referma les yeux.

« Il est beau hein ? Et déjà costaud. Ce sera un grand chevalier.» clama Bartolomeo.

Pantasilea vint entourer les épaules de son mari. Elle et Claudia entamèrent bientôt une conversation. Ezio de son côté, approcha un peu mais resta à distance de la table.

« Tu peux venir voir plus près tu sais, il ne va pas te manger.» lança le chevalier.

« Je sais merci.» répondit Ezio.

Ezio approcha un peu plus, se retrouvant à croiser les prunelles du bébé. Il adressa ses félicitations aux parents.

« Alors et toi ? Tu t'y mets quand ? Pourquoi pas avec la jolie brunette de la dernière fois ? Vous aviez l'air de bien vous entendre non ?» reprit le châtelain en tapant sur l'épaule d'Auditore.

Ces paroles jetèrent comme un froid dans la salle. Ezio détourna le regard, non sans pouvoir dissimuler la tristesse qui y passa. Pantasilea fusilla son mari du regard, qui en lui rendit un surprit. Ben quoi ?

« Clara est partie depuis cinq mois maintenant.» répondit Ezio tout en se dégageant.

« Oh.» comprit Bartolomeo.

Ah la gaffe, se dit-il. Il se rappela que sa femme lui avait mentionné ce détail, et surtout qu'Ezio n'aimait pas qu'on en parle. Claudia jeta un regard désolé à son frère, qui pour le coup s'éloigna de la tablée.

« Euh … et que dirais-tu d'aller passer nos troupes en revue hein ?» proposa Bartolomeo pour changer de sujet.

« Va bene.»

Ezio suivit son ami à l'extérieur. Il écouta ensuite distraitement son camarade parler de fortifications. Il n'avait plus pensé à Clara depuis le début de la journée, et voilà que ce grand gaffeur venait de lui rouvrir le cœur. Pourquoi ses sentiments mettaient-ils autant de temps à s'en aller ? C'était vraiment pénible par moments. Ezio tâcha de se recentrer sur le bavardage de son ami.


« La voilà.» dit Clara.

La jeune femme se trouvait pour le moment dans un autre Q.G des Assassins. Elle tenait dans sa main la pomme d'Eden en cristal qui l'avait envoyée à la rencontre de son ancêtre. Miles observa l'objet.

« Que comptes-tu en faire au juste ?» lança une voix.

Clara tourna la tête pour découvrir son père, William. Il avait rejoint sa fille suite à la disparition de Lucy Stillman, avait découvert l'extraordinaire don de Clara. Il en avait même été témoin lorsqu'elle avait noué le contact avec Connor, un amérindien vivant au XVIIIème siècle. Cet épisode avait contribué à rapprocher le père et la fille.

« Je ne sais pas trop encore. Juste … que je commence à saturer.» répondit la brune en regardant la pomme.

William fronça les sourcils, puis arrondit les yeux.

« Es-tu en train de me dire … que tu songes à renouveler l'expérience ?»

Sa fille garda le silence. Mais en effet, cette idée lui revenait de plus en souvent. Toutefois, c'était une décision qui demandait mûre réflexion. Clara prit une inspiration puis reposa la pomme. Elle réactiva le système de sécurité.

« Nous commençons tout juste à nous entendre à nouveau. Alors je t'en prie, ne fais pas la bêtise de changer les protections.» dit-elle.

« Mais Clara, tu n'y penses pas sérieusement ? Enfin, ce n'est pas comme si Ezio vivait dans un autre pays. Il est dans le passé. Cinq siècles plus tôt.» reprit Miles père en la suivant.

« Non sans rire ? Moi qui pensais qu'on pourrait se voir d'un simple coup de DeLorean. Je vais devoir annuler mon rendez-vous avec Marty et Doc Brown. Heureusement que t'es là.» rétorqua Clara.

William roula des yeux. N'empêche que cette nouvelle était préoccupante. Si jamais sa fille la mettait en œuvre … et elle en était bien capable. D'un autre côté, il était au courant que la brune n'était pas au mieux de sa forme. L'expérience temporelle de Clara était classée secret absolu, et seuls ceux qui avaient été témoins de l'affaire étaient au courant. Mais … qu'allait-il dire si elle repartait dans le passé ? Désolé elle s'offre un week-end dans la renaissance, veuillez ne plus repasser ? Clara sortit du Q.G après avoir salué son père. Miles l'arrêta.

« Si jamais tu … enfin tu sais, j'ose espérer que tu préviendras ton vieux père ?» demanda-t-il.

La question la fit sourire.

« Bien sûr papa, le contraire ne me viendrait pas à l'idée.»

William s'autorisa un petit sourire. Mais il était inquiet. Clara pour sa part, rentra. Elle avait du pain sur la planche désormais. La jeune femme fit un crochet à la bibliothèque. Elle y emprunta des livres relatifs à la renaissance italienne, historiques ou des romans. Une fois entrée, Clara lut ces livres avec attention. Elle affina ses recherches avec la base de données de l'Animus, et celle compilée par Shaun sur la période. Miles s'informa sur les mœurs, les coutumes, la place de la religion, la nourriture, les avancées de la médecine etc. Si elle devait prendre une décision, il fallait toutes les informations possibles. Pas question que cela soit sur un coup de tête.

Cela lui prit des semaines de tout assimiler. Pendant qu'elle y était, Clara prit également des cours de couture. Une chose toujours utile. Ceci, ainsi qu'un livre de plantes médicinales. Miles apprit le nom des plantes d'Europe, où les trouver puis comment les préparer. Le temps passa encore. Si Clara donnait l'impression d'aller mieux, son activité ne passa pas inaperçue. Shaun qui notamment gardait toujours un œil sur elle avait fini par comprendre. Elle se renseignait sur une période bien précise. Voici qui confirmait ses soupçons.

« Tu crois vraiment qu'elle … qu'elle irait le rejoindre ?» demanda Rebecca un soir.

« Pourquoi potasser sur la renaissance italienne sinon. Sans doute va-t-elle réutiliser la pomme de cristal.» répondit Hastings.

« Mais comment ? Est-ce que c'est possible au moins ?»

« Je l'ignore. Cependant je suis sûr qu'elle va essayer.»

Clara referma le livre qu'elle venait de terminer. S'adapter à une période aussi éloignée que le seizième siècle n'allait pas être évident. Par chance, les Assassins vivant dans l'ombre ils avaient une plus grande liberté. Elle allait renoncer à beaucoup de choses. Et puis … il fallait aussi qu'Ezio veuille encore d'elle. Si oui, que cela fonctionne entre eux. Ceci toutefois, Miles ne le saurait qu'une fois face à lui.

« La pomme a été modifiée par Minerve pour que je puisse rentrer à mon époque. Mais a-t-elle effacé ce qui permettait d'aller dans le passé ? Je ne le saurais sûrement qu'à la date anniversaire de sa programmation première.» pensa la brune.

Autrement dit, pas avant un an. L'Assassine décida de profiter de ce temps d'attente pour se familiariser un maximum avec la manière de vivre d'Ezio et donc de la mettre en pratique. Cela ne se ferait que dans le cadre de son foyer pour plus de tranquillité. Ainsi, elle saurait si elle était réellement capable de s'adapter.


Le jour J, William Miles se rendit dans le département contenant les artefacts d'Eden. Comme il l'avait pressenti, sa fille s'y trouvait déjà devant la pomme en cristal. L'objet s'était justement mis à scintiller. Clara enveloppa la sphère dans un linge.

« Tu as pris ta décision ?» dit-il.

C'était plus un constat qu'une réelle question.

« Oui papa. Je vais y aller. J'ai passé les derniers mois à y réfléchir, à apprendre, à essayer. Je suis prête.»

William poussa un soupir. Ainsi donc, son enfant partait. Clara mit la sphère dans un sac en bandoulière, puis approcha de son père.

« Ne t'inquiètes pas papa, tout ira bien. Et … si ma théorie est exacte, je pourrais venir passer mes vacances dans le futur.» dit-elle.

« Ce serait une bonne chose. Bien soit heureuse ma fille.»

Père et fille s'étreignirent. Clara quitta ensuite le QG. Elle retrouva Shaun et Rebecca. La brune avait rassemblé ce dont elle aurait besoin une fois dans le passé dans son sac. Ce n'était pas grand chose, juste l'indispensable. Elle posa la pomme sur une table.

« Oh. Tu … tu y vas ?» demanda Rebecca.

« Oui. Je voulais simplement vous dire au revoir, et que j'ai été contente d'être des vôtres.»

« Pareil pour moi Clara. J'espère que tout ira bien pour toi.» fit Rebecca.

« Oui bonne chance.» ajouta Shaun.

Clara les remercia, puis posa la main sur la pomme de cristal. Comme la dernière fois, cette dernière s'illumina, envoyant une intense lumière. Lorsque cela cessa, la brune n'était plus là. Shaun poussa un profond soupir. Voilà … elle avait prit sa décision.

De son côté, Ezio était retourné à Florence. Il ne se sentait chez lui qu'ici. Lorenzo de Medici lui avait indiqué une petite maison à vendre dans un quartier non loin. Le Florentin s'en était porté acquéreur et venait de finir son emménagement. Il acheva la cuisson de son dîner, puis se servit une assiette. L'Italien s'installa puis entama son dîner. Ce retour aux sources serait sans nul doute bénéfique. Il prenait un peu de temps pour lui, sa sœur gérant la confrérie assistée de Machiavelli. En théorie, tout irait bien.

BOUM !

Ezio arrondit les yeux, fourchette en bouche. En théorie. Forcément.

« Ça vient de l'étage on dirait.» pensa-t-il en reposant ses couverts.

Il saisit son épée qu'il ceignit rapidement. L'Assassin bondit ensuite en direction de l'étage, heureusement non fermé par un mur. Il grimpa et se hissa sur la rambarde de l'escalier. Doucement, il passa de l'autre côté.

« Ow ! Ah j'aurais dû demander l'option atterrissage en douceur !» entendit-il.

Ezio se figea. Cette voix et façon de parler … ce n'était quand même pas … Il entrouvrit la porte en face de lui. Il distingua une silhouette qui lui tournait le dos.

« Bon, vu le style de la maison je dois être à la bonne époque. Mais où peut bien se trouver ...»

« Clara ?»

La jeune femme se retourna pour découvrir son ancêtre.

« Ezio !»

Son cœur se remit à battre en le revoyant. Il était tel qu'elle l'avait quitté. Ezio la dévisagea un instant.

« Bambina … mais … pourquoi es-tu revenue ?» s'étonna-t-il.

Pas que cela le dérange de la revoir, seulement il pensait que ce ne serait plus le cas. Clara lui sourit avec douceur.

« Alors voyons : qu'est-ce qui pourrait bien m'attirer dans l'Italie de la Renaissance hmm ? L'architecture ? La beauté des paysages ? Ou plutôt … celle d'un Italien ?»

Ezio sourit et se sentit rougir. Tiens, voilà longtemps …

« Tu es donc revenue pour moi ?»

« Oui. Je sais bien que … normalement je n'aurais pas dû. Seulement, j'en ai eu assez de … eh bien de ton absence.» avoua Clara en croisant les bras.

Auditore sentit la couleur de son visage s'accentuer, ainsi que l'accélération de son cœur.

« Alors voilà, j'ai décidé de revenir. J'y ai bien réfléchi crois-moi, j'ai étudié tout ce que je pouvais de ton époque afin de choisir en toute connaissance de cause. En espérant … que tu veuilles toujours de moi.»

Il se mordit la lèvre inférieure avec un sourire.

« Ma naturalmente que je veux toujours de toi, bambina mia.»

Clara s'en ressentie soulagée. Ils se rapprochèrent l'un de l'autre.

« T'es sûr ? Parce que tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques.» taquina-t-elle en posant une main sur son torse.

« Pas plus que toi, bambina.» rétorqua Ezio.

Il passa ses mains autour de sa taille puis l'attira à lui. Le Florentin respira son parfum avec bonheur. Clara retrouva cette senteur enivrante et rassurante à la fois.

« Tu m'as tellement manqué.» murmura-t-elle.

« Toi aussi bambina. Je ne saurais te dire combien ça me touche que tu sois revenue.»

Ezio lui pencha la tête en arrière, la contempla un instant avant d'apposer ses lèvres sur les siennes. Enfin ! Enfin ce fichu vide disparaissait pour laisser place à une joie certaine.

« Ti amo, bambina mia.» chuchota-t-il.

« Ti amo aussi, papy.»

« Et allez ça recommence !»

Hey, what did you expect ?

« Un peu mon neveu ! Et j'ai autre chose à rattraper !» lança Clara avec un sourire sadique.

« Clara non !» s'exclama Ezio en sentant ses doigts le chatouiller.

Il lui saisit les poignets et les écarta de lui.

« Roh allez ! En souvenir du bon vieux temps !»

« Niente !»

« Mmmh pas grave, je trouverais bien un moyen.»

Ezio soupira doucement. Il la relâcha avec précaution.

« Sur une note plus sérieuse, je suppose qu'il va falloir te fournir quelques bricoles.» remarqua Ezio.

« Des vêtements surtout.» acquiesça Clara.

« Va bene nous irons demain. As-tu mangé bambina ?»

« Non, je suis partie en milieu d'après-midi. Au fait, quand sommes-nous au juste ?»

« Le 3 janvier 1504.»

« Tiens ? Ce qui veut dire que tu n'as pas éliminé Cesare encore.» réalisa Miles.

« Non … mais je sais quand et où le retrouver. Mais dis-moi, ton retour ne va-t-il pas faire tomber ton plan à l'eau pour Junon ?» questionna Ezio.

Car son retour dans le passé modifiait certainement les choses.

« Je ne crois pas. Je suis partie après de toute manière, en créant probablement une boucle temporelle. On peut supposer que je vais naître dans le futur comme prévu, et que l'histoire va se répéter jusqu'à un certain point. Dans tous les cas, j'étais la pièce manquante. Si je ne suis pas là, Junon l'aura dans l'os.» exposa Clara.

« Infatti. Quelle histoire quand j'y repense : nous avons tous été impliqués pour transmettre un code afin que cette bonne femme soit libre. Elle a joué avec des centaines de vies.»

« C'est un peu plus compliqué que ça. Les Précurseurs ont calculé et choisi le scénario le plus probable. Mais Junon … a choisi son propre dénouement. Tu sais, les humains étaient des esclaves pour eux. C'est pour ça qu'ils nous ont créés. Donc je suppose que niveau remord ça n'a pas dû peser grand-chose dans la balance.»

« Des esclaves ? Mais comment en est-on sortis ?» continua Ezio.

« Hmmm … je n'ai pas tout saisi encore. J'ai juste entrevu Adam et Ève s'enfuir. Ève tenait une pomme d'Eden, qu'elle venait de dérober. Tous deux avaient une petite particularité … leur peau … elle était parcourue de bandes irisées. Ce détail a sûrement son importance, mais j'ignore de quoi il s'agit exactement.»

« Et les Templiers voudraient qu'on retourne à cet état d'esclave. Ils sont complètement fous.» reprit Ezio, avec dégoût.

Clara approuva. Auditore proposa ensuite à la jeune femme de partager son repas. Elle le suivit jusqu'à la cuisine.


Niente = rien du tout

Ti amo = je t'aime

Infatti = en effet

Naturalmente = bien sûr