Résumé :
Amelia Abott n'avait qu'un souhait : que le lendemain n'arrive jamais. Coincée dans une salle de Poudlard, tournant un sablier enchanté, elle se retrouve projetée 20 ans en arrière. Des rencontres inattendues s'effectuent alors, des paroles et des regards s'échangent, changeant le cours de son existence à jamais...
Pairings :
Sirius Black/OC ; Remus Lupin/OC ; James Potter/Lily Evans ; OC/OC.
CHAPITRE 1 : Le sablier.
Amelia Abott montait les nombreuses marches des escaliers de Poudlard sans but précis. A la différence de ses camarades, elle ne fêtait pas la fin de sa sixième année passée à Poudlard Elle marchait, la tête vide, traînant ses deux pieds comme de vulgaires boulets. Les personnages présents dans les tableaux autour d'elle la scrutaient et s'interrogeaient du regard.
Amelia savait que bientôt, elle rentrerait chez elle. Qu'elle quitterait cet endroit paisible et chaleureux, pour retrouver une nouvelle fois sa famille.
Sa mère, la sorcière Abigail Abott, anciennement Montgomery, était une femme sévère, aux traits tirés. Elle paraissait déjà âgée, malgré le fait qu'elle n'était que trentenaire. Ses paroles faisaient mal, elle s'en servaient comme armes, et ne manquait jamais son coup. Madame Abott travaillait au ministère de la magie, où elle détenait un poste considérablement important. C'était une sang pur, et elle ne manquait jamais une occasion de le rappeler. Elle était longue et incroyablement fine, on la décrivait le plus souvent comme squelettique. Elle faisait taire ces mauvaises langues en affirmant que son état de santé ne concernait qu'elle.
Son père, Maverick Abott, de la longue lignée de sangs purs Abott, avait lui atteint la quarantaine. Il n'était pas plus doux que sa femme, néanmoins les relations qu'il entretenait avec sa fille étaient bien meilleures. Entre inexistantes et médiocres, Amelia avait appris à décelait une grande différence. Maverick Abott travaillait lui aussi au ministère, département de la justice magique. Il n'était pas grand, mais sa carrure large et impressionnante imposait le respect. Il était taciturne, et ne prenait aucune décision sans l'avis de son épouse. Quelque fois, quand Madame n'était pas présente à la maison, il parlait, discutait même avec sa fille unique. Personne n'osait avouer que Monsieur Abott n'avait aucune autorité dans son couple, de peur de représailles. Mais Amelia ne le savait que trop bien, et la lâcheté de son père l'énervait.
La jeune fille replaça correctement son col de chemise avant de tourner dans un couloir au hasard, quittant enfin les escaliers sous les yeux inquiets des portraits. Elle ne savait ni à quel étage elle se trouvait, ni où elle se dirigeait. Elle voulait rester dans cette enceinte un peu plus longtemps. Sentir l'odeur enivrant les lieux, toucher du bout des doigts les murs rugueux, goûter aux si délicieux plats préparés par les elfes de maison. Braves créatures pensa-t-elle en souriant.
Si ses parents l'entendaient penser, ils auraient honte pour elle. Prendre le parti de ces esclaves, aucun Abott digne de ce nom n'avait jamais songé à cela, heureusement. Amelia s'était néanmoins forgé son propre avis et son propre caractère.
C'est sûrement pour cette raison que le Choixpeau avait désiré l'envoyer à Gryffondor. Mais très vite, l'objet enchanté a changé d'avis. « Serdaigle ! » avait-il hurlé si fort que les tympans de Amelia s'en souvenaient encore. La déception, remplacée aussitôt par le soulagement. Faire partie des Gryffondors aurait été une nouvelle preuve qu'elle n'avait rien en commun avec sa famille. Tous étaient passés par Serpentard, quelques rares par Serdaigle, aucun par les deux maisons restantes. Puis elle avait souri en posant le regard sur la table regroupant les vert et argent. Elle avait au moins évité cela, au plus grand désarroi de ses parents, qui polémiquèrent durant de nombreuses heures sur "comment avaient-ils pu raté son éducation". Amelia aurait pu leur trouver des centaines de raisons.
Elle toucha son blason représentant un aigle aux ailes déployées. Elle avait appris à en être fière aux côtés de Lisa Turpin et Padma Patil. Celle-ci avait d'ailleurs bien failli rentrer chez elle accompagnée de sa sœur jumelle à la demande de leur père et leur mère, inquiets des nouveaux agissements des Mangemorts.
Les parents d'Amelia, surtout sa mère, s'en réjouissaient au contraire. Les sangs impurs n'avaient pas leur place dans la société magique avait-elle déclaré au cours d'un dîner. Maverick Abott n'avait pas d'avis concret. Mais il suivait le plus généralement celui de sa femme et avait donc finalement approuvé, la bouche pleine de rôti. Amelia avait préféré se taire. Le reste du repas n'avait servi qu'à déblatérer encore et encore plus sur l'inutilité des nés moldus dans ce monde, ainsi que sur celle des « Sang de Bourbe ».
Amelia passa à côté d'une tapisserie qui la fit rire aux éclats, représentant Barnabas le Follet, dans sa tentative désespéré d'apprendre la danse aux Trolls.
« Quel idiot. » S'exclama-t-elle.
Elle continua son chemin, sans s'en préoccuper d'avantage. Elle pouvait apercevoir à travers les vitraux au bout du corridor le soleil s'évanouir doucement. Amelia ne voulait absolument pas que le lendemain arrive. Elle voulait restait plus longtemps ici. Aucun sort ne le permettrait malheureusement, elle avait fait des recherches à la bibliothèque, mais n'avait pas osé poser la question au Professeur Flitwick. Qu'en aurait-il pensé ? Rien de bon dans tous les cas.
Amelia revint sur ses pas, juste pour étudier une nouvelle fois la tapisserie qui l'avait faite si rire. Qu'il avait l'air bête. Elle avança la main droite vers le personnage ridicule en train de danser, bougeant ses petits bras de gauche à droite, un sourire immense affiché sur son visage si bien reproduit, mais la recula rapidement. Poudlard était plein de mystères. Certains d'entre eux restaient encore à découvrir, d'autres comme la chambre des secrets, que le célèbre Harry Potter et ses meilleurs amis avaient visité, devaient être tout aussi effrayants et Amelia ne voulait pas provoquer un quelconque incident. Elle n'avait causé presqu'aucun problème à sa maison, lui rapportant de nombreux points tout au long des années, grâce à ses compétences en métamorphose, et son talent lors des combats en cours de défense contre les forces du mal. Son seul point faible : Les potions. Elle haïssait le professeur Rogue, et cette empathie lui semblait réciproque depuis que son chaudron avait malencontreusement et littéralement explosé au nez crochu de l'enseignant aux cheveux gras.
Comment était-il, ce Severus Rogue, lorsqu'il n'était encore qu'un élève de Serpentard ? Amelia l'imaginait tout aussi cassant, doté du même visage inexpressif, reflétant seulement le mépris envers son prochain. La chevelure grasse de la même noirceur que son âme, qui faisait ressortir sa peau blanche cadavérique. Les pensées d'Amelia vagabondèrent jusqu'à l'époque où le professeur n'avait aucune autorité. Sa mère devait étudier à Poudlard en même temps que Rogue. Peut-être l'avait-elle connu, peut être lui avait-elle déjà parlé dans la salle commune des Serpentards de l'ignorance des Non-Sorciers sur notre monde, de la façon dont on devrait les éliminer un par un. Madame Abott racontait souvent avec une fierté non dissimulé le succès qu'elle avait eu auprès des élèves de sa maison.
Amelia voulait tellement faire un saut, même de courte durée, à cette époque maintenant lointaine. Sans mauvaises attentions, juste pour satisfaire la curiosité qui la rongeait intérieurement depuis trop longtemps. Elle désirait vérifier les innombrables histoires abracadabrantes que sa chère mère contait à table lors des réunions réunissant la famille Abott à son complet, deux fois par an. Deux fois de trop.
Quelque chose attira alors son attention.
Une porte. Une large et immense porte se tenait là, en face d'elle. Amelia était sûre qu'elle n'y était pas auparavant. Elle murmura un « Par Merlin » avant d'approcher incertaine de l'entrée en bois. Elle l'effleura des doigts, prit son temps pour étudier cette apparition inexpliquée. Elle ne rêvait pas. Elle n'avait pas prononcé de formule spéciale, sa baguette n'était même pas sortie de la poche de sa jupe. Personne n'était présent, elle était seule, toute seule. Une écharde lui piqua soudain le doigt, la sortant alors de sa réflexion profonde.
Amelia hésita alors, pour la première fois de sa vie, elle ne savait absolument quoi faire.
Prévenir un professeur serait la meilleure, la plus sage des solutions. Cependant, la jeune fille intriguée ne bougea pas. Une petite voix installée confortablement dans sa tête lui glissait de pousser cette porte. Après tout, qu'avait-elle à perdre ? Le lendemain n'arriverait jamais, elle partirait avec les souvenirs de cette merveilleuse année en tête. Il faut bien mourir un jour ou l'autre se dit elle sarcastiquement, en poussant le bois massif de ses deux mains. Un monstre pouvait bien l'attendre de l'autre côté, une armée de Trolls ou de géants pouvait très bien y vivre depuis des années, affamés, c'était trop tard. Amelia s'en fichait.
Elle passa le seuil en titubant légèrement.
« Wow. » Fut le seul mot qu'elle fut capable de prononcer devant le spectacle qui s'offrait à elle.
Un bordel inimaginable. Des tables, des chaises, des armoires, des verres, des tableaux, des chaussures, des sculptures et même des animaux empaillés remplissaient la salle entière dans un bazar parfait. Tout était empilé, mais étrangement rien ne tombait.
La porte se referma d'elle-même derrière Amelia qui s'inquiéta alors de son sort. Cet endroit n'était pas rassurant. On pouvait très bien s'y perdre, entre deux rangées de bidules et de machins. L'adolescente se retourna, plus de porte. Son cœur s'emballa. Elle allait mourir ici, de faim ! Elle ébouriffa ses cheveux comme pour se calmer. Elle les avait laissé pousser à leur gré dans ce but. Les remettre derrière son oreille, les décoiffer, les hérisser, les entortiller autour de son index, ceci lui permettait de faire une pause lorsqu'elle s'embrouillait dans ses paroles, ou comme dans ce cas, d'analyser la situation quand qu'elle paniquait.
« Amelia, calme-toi » Souffla-t-elle d'une voix enrouée.
La respiration de la Serdaigle se modéra doucement. Si Poudlard l'avait menée jusqu'ici, c'était pour une raison. Elle se devait de la découvrir. Après tout, le château était plein de secrets et de mystères ne demandant qu'à être percés. Elle n'était pas le Survivant, ni une héroïne au cœur vaillant, elle n'était que Amelia Abott, une Serdaigle de Sang Pur, qui souhaitait que le lendemain n'arrive jamais, alors pourquoi elle ?
Un oiseau passa brusquement devant son nez en piaillant, Amelia sursauta en lâchant une insulte destinée à l'animal maintenant perché sur une coupe en argent à quelques mètres d'elle. Il commença à siffler joyeusement un air méconnu. Amelia ne put s'empêcher d'admirer son plumage bleu ciel. De longues plumes prolongeaient ses ailes déjà longues, comparées à son corps si petit. Ses yeux noirs microscopiques la fixaient sans raison. Même en ayant étudié de nombreux livres sur les créatures magiques, elle n'avait jamais vu cette espèce.
Soudain l'oiseau s'envola, virevoltant gracieusement entre piles de livres et porte-manteaux. Remarquant qu'Amelia ne le suivait pas, il se posa une nouvelle fois un peu plus loin pour l'attendre. La jeune fille qui l'avait suivi du regard tout ce temps, eut le souffle coupé lorsqu'elle comprit ce qu'il désirait. Elle avança d'un pas, puis deux. L'oiseau reprit son envol, mais il battit des ailes plus rapidement cette fois, obligeant Amelia à le suivre au pas de course.
Elle était Alice, et cet oiseau allait la menait au pays des merveilles. Elle adorait ce conte moldu pour enfant. Elle l'avait découvert un jour dans le grenier de sa tante Elizabeth Abott, enfermé à double tour dans un coffre dont elle avait fait exploser le cadenas d'un coup de baguette. Parmi tous les livres qui s'y trouvaient, elle avait emprunté sans permission celui-là, au hasard. Le soir, elle l'avait dévoré d'une traite cachée sous sa couette épaisse. Ses parents aurait brûlé le recueil si elle les avait mis au courant de sa si belle découverte.
Amelia courrait maintenant depuis quelques minutes, s'enfonçant dans les méandres de cette salle, qui d'après elle servait de dépôt à Dumbledore, directeur de son école. Il devait y entreposer les meubles ou les objets lui semblant inutiles.
Et puis, après une course poursuite interminable, l'oiseau se posa sur une table en bois sur laquelle se situait un magnifique sablier en verre, flottant au milieu d'un anneau en or, décoré de roses et de tiges épineuses. Il n'était pas plus grand qu'une main, mais devait valoir extrêmement cher.
« C'est donc ça que tu voulais me montrer ? » Demanda Amelia à l'oiseau sachant très bien qu'il ne lui répondrait pas.
Une envie folle de tourner le sablier la démangeait depuis qu'elle avait posé ses yeux verts dessus. Il dégageait une force magique qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant. La sorcière s'attarda un instant sur les contours de l'anneau, il y était inscrit une phrase en latin, une langue que sa nourrice lui avait suggéré d'apprendre, et qui l'avait aidée dans l'étude des sortilèges. Elle essuya l'écriture gravée de son pouce gauche, et réussit juste à déchiffrer quelques mots, certaines lettres s'étant effacées avec le temps. «Tournez... Verr... » Murmura-t-elle pour elle-même. « Le présent... Se... Autre... Pa...» Elle plissa les yeux d'avantage en réfléchissant, mais les mots ne lui apparurent guère plus précisément. Il lui fallait juste tourner ce sablier inoffensif pour savoir ce qui l'attendait, ce n'était pas difficile que ça. Un simple sablier, rien de dangereux. Elle tourna la tête vers l'oiseau qui battait des ailes frénétiquement, impatient. Amelia soupira puis, en se convaincant que rien de pire qu'être coincée dans cette salle ne pouvait lui arriver, elle posa la main sur le sablier. Le sable à l'intérieur de celui-ci se mit à tournoyer avec vitesse, sous son regard émerveillé.
« Magique. »
Elle rit alors à sa remarque. A quoi s'attendait-elle d'autre ? Puis elle abaissa la main vivement, avant même de songer à changer d'avis, faisant tournoyer le sablier sur lui-même. Qu'avait-elle à perdre déjà ?
Alors, tout autour d'elle, les meubles se soulevèrent, disparurent tour à tour, et Amelia assistait malgré elle à ce spectacle improbable. Elle semblait être protégée des projections d'objets qui arrivaient vers elle à grande vitesse, et qui rebondissaient ensuite sur un bouclier invisible. Le sablier tournait toujours, sans s'arrêter. Elle n'osait bouger, de peur que tout ceci se brise de sa faute. Une cage contenant un lutin de Cornouailles passa au-dessus d'elle, et elle jura alors que le petit être lui avait fait une grimace.
Amelia se sentit soudainement happée vers l'arrière. Elle se retint de justesse à la table en face d'elle. Ses pieds ne touchaient plus le sol, et ce n'était plus qu'une question de temps avant que ses mains moites ne glissent le long le bois vernis. Elle lâchait prise lentement, trop effrayée pour crier. Soudain, tout s'arrêta. Dans un bruit sourd, Amelia tomba à terre, étalée sur toute la longueur de son corps. Le sol était dur et froid, et elle regretta avoir touché à ce fichu sablier.
Tout en se relevant difficilement, elle épousseta son uniforme de ses mains meurtries par le choc. Elle jeta un coup d'œil en face d'elle, le sablier avait stoppé son tournoiement fou. Après un long soupir, elle prit l'objet dans ses mains sans hésitation. Il semblait en meilleur état. Les roses étaient peintes en rouge sang, et chaque goutte de rosée en bleu. Amelia le trouvait encore plus beau ainsi. Les écritures étaient maintenant parfaitement lisibles. La sorcière resta pensive un instant puis reposa l'objet sur son précédent support en soupirant. Elle tourna la tête à droite, puis à gauche, tous les meubles avaient changé de place. Il en manquait énormément, mais de nouveaux semblaient être apparus, tous parfaitement rangés. Amelia chercha également l'oiseau du regard, lui aussi s'était évaporé dans la nature.
Cette farce avait assez duré, elle voulait sortir de cet endroit tout de suite.
Un bruit se fit entendre derrière elle, Amelia se retourna lentement, son vœu avait été exaucé. L'immense porte était de nouveau face à elle. Il n'y avait pas du mur à cet endroit, et la porte était beaucoup plus loin lorsqu'elle était entrée dans cet entrepôt, elle en aurait mis sa main à couper. Mais à cet instant, ce détail n'avait pas plus d'importance pour elle que les cours du professeur Binns. Amelia sortit aussi vite que possible, bousculant une mappemonde d'un mètre de haut à côté de la porte. Celle-ci tomba puis roula jusqu'à foncer dans la table qui semblait être le pilier de tout ce qui pouvait tenir en équilibre au-dessus d'elle. Dans un fracas épouvantable, tout s'effondra, les livres, les bureaux anciens, les cadres vides. Amelia, grimaçante, se pressa de fermer la porte derrière elle, le goût de la culpabilité en bouche.
Elle resta un moment adossée contre la porte qui disparaissait avec lenteur, laissant place à un mur de pierre. En face d'elle, la tapisserie de Barnabas le Follet en train de danser la gigue. Rien n'avait changé, elle pouvait voir les mêmes vitraux au bout du couloir, les mêmes escaliers qu'elle avait montés quelques temps auparavant. Elle était saine et sauve. Et le lendemain allait arriver au final. A cette pensée, Amelia se cogna le crâne contre le mur sur lequel elle s'était adossée.
Elle avança résignée jusqu'aux escaliers. Comme chaque jour, elle allait se couchait tôt, pour ne pas que sa mère lui fasse remarquer les cernes aberrantes présentes sous ses yeux, ce qui était inacceptable chez une Abot : les femmes de la famille Abott n'ont pas de cernes sous les yeux.
« Les premières années, suivez-moi jusqu'à vos dortoirs s'il vous plaît. » S'exclama une voix féminine.
Amelia regarda l'escalier voisin au sien. Une Gryffondore à la chevelure de feu, et arborant fièrement son blason de préfet était suivie d'une troupe de jeunes enfants bruyants. Amelia les suivit du regard jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans la tour menant aux dortoirs de leur maison.
« Ce n'est définitivement pas normal !» S'écria Amelia qui tenait fermement la rambarde entre ses doigts fins. Hésitante, elle osa se pencher par-dessus.
Elle se sentit comme lors de son arrivée en première année. Les préfets des différentes maisons étaient présents et menaient à bien leur tâche contraignante, celle d'amener les élèves récemment répartis là où ils passeront toutes leurs nuits durant sept ans. Le brouhaha résonnait, jusqu'à atteindre les oreilles d'Amelia qui fut prise d'un vertige inexpliqué. Elle était revenue en début d'année, c'était la seule explication plausible. Oui, c'était aussi simple que ça. Elle était remontée dans le temps à cause de ce sablier et de cet oiseau mystérieux. Ou le contraire. Peut-être que les vacances étaient déjà passées ! Il fallait impérativement qu'elle retourne dans la salle, pour que tout revienne comme avant. Les portraits la jaugeaient comme une étrangère au château, elle sentit qu'elle n'avait rien à faire ici. Amelia revint donc dans le couloir où la tapisserie de Barnabas était accrochée.
La porte avait disparue, bien entendu.
« Satanée porte, satané château ! Bon. Comment avais-je fait tout à l'heure ? »
En effectuant de nombreux va-et-vient, elle pensa de toutes ses forces au sablier, à l'endroit qu'elle avait vu, sans résultat probant. Rien ne se passait, pas de porte, même pas une fenêtre. Elle recommença une nouvelle fois, en murmurant quelques incantations qui n'existaient que dans son imagination. Elle pria même Merlin. En vain. Amelia était bloquée là. Elle était condamnée ici.
A Poudlard, une aide sera toujours apportée à ceux qui la demandent disait-on. Mais à qui demander de l'aide ? Il ne lui fallut seulement que quelques secondes pour trouver la réponse et se diriger discrètement vers le bureau de cette personne, situé au deuxième étage. Si quelqu'un la reconnaissait, elle créerait involontairement une faille dans le déroulement des événements à venir ou passés. Amelia avait lu plusieurs livres à propos des voyages magiques temporels, dangereux pour les utilisateurs mal renseignés ou mal expérimentés. Une des règles de base était de ne pas être vu, de ne pas parler. La jeune fille était consciente des effets néfastes que cela pourrait produire si jamais elle ne se tenait pas à ces simples indications. Les gens la prendraient d'abord pour une folle. Puis ils pourraient essayer de changer leur destin.
Amelia sentit alors quelqu'un lui donner un coup d'épaule assez brusque, elle se rattrapa au dernier moment en jurant. Elle releva les yeux vers la personne l'ayant bousculée certainement intentionnellement, prête à lui lancer un Stupefix sans que le malpoli n'ait eu le temps de dire Quidditch. C'est à ce moment précis que le monde s'effondra autour d'elle.
« Pro... Professeur ? » Souffla-t-elle incrédule.
Le garçon lui jeta un regard méprisant bien que légèrement déconcerté par les mots de la Serdaigle avant de continuer sa marche lugubre. Amelia se retint d'éclater de rire, un rire nerveux. Elle avait confondu un élève de son âge avec son professeur de potions, le pauvre. Même si il lui ressemblait étrangement fort. Avec ses cheveux gras lui retombant sur le front, son nez déformé, et ses lèvres pincées. Seulement, le véritable Severus Rogue était beaucoup plus âgé.
Amelia descendit les étages en se pressant. Si Dumbledore était bien le sorcier le plus puissant au monde, alors il n'aurait aucun problème à la ramener un an dans le futur ou quelques mois dans le passé. Après tout, un sablier avait bien réussi !
Elle ne croisa que des premières années perdus dans les couloirs, mais ne prit pas la peine de les aider à retrouver leur chemin, il ne fallait parler à personne. Quand elle aperçut la gargouille menant au bureau du Directeur, Amelia se sentit aussitôt soulagée d'un lourd poids qui lui pesait sur l'estomac depuis qu'elle était sortie de l'étrange salle. Elle courut jusqu'à la l'imposante statue dans un dernier effort.
Essoufflée, elle tenta plusieurs mots de passe en rapport avec quelques sucreries qu'elle avait déjà goûtées chez Honeydukes. Elle avait un jour surpris Rubeus Hagrid trimait de longues minutes devant l'accès fermé ; il avait sûrement dû oublier le mot de passe.
« Dragées surprises… Allez ! Suçacides, éclairs au caramel, Fizwizbiz, sorbet citron... »
La gargouille pivota, laissant Amelia accéder aux escaliers. Elle ne savait lequel des noms de bonbons avait fonctionné, néanmoins, elle était plus concentrée sur ce qu'elle allait pouvoir dire à Albus Dumbledore pour lui résumer son problème. Si elle ne rentrait pas à temps, ses parents allaient la déshériter pour de bon. Sa mère n'attendait que cela depuis sa naissance. Amelia s'en était doutée lorsqu'elle avait surpris Madame Abott la retirer de son testament d'un simple coup de plume à l'âge de ses 8 ans.
Enfin, la vue des murs gris de l'escalier en colimaçon pivotant laissa place au bureau du Directeur de Poudlard, la porte en chêne étant déjà ouverte. Des centaines de tableaux ornaient les murs, et donnaient à Amelia la désagréable sensation d'être épiée. Le bureau placé au milieu de la pièce possédait des pieds en forme de serres, ce qui suivait parfaitement bien avec le reste de l'ameublement. Sur ce bureau, d'étranges instruments étaient déposés dans le désordre le plus total. Personne à part son propriétaire ne connaissait vraiment leur utilité. D'ailleurs, avaient-ils réellement une utilité précise ? Se questionna Amelia en piochant quelques friandises dans le pot en argent à côté d'elle.
« Que me vaut l'honneur de votre visite, Miss ? »
Amelia sursauta, surprise par la voix grave du Directeur qui descendait les marches de l'escalier présent dans la salle. Elle cacha discrètement les bonbons dans sa poche.
« Amelia Abott, Professeur. » Répondit-elle, impressionnée. Elle n'avait jamais parlé en privé avec le vieil homme.
Qui lui parut beaucoup moins âgé lorsqu'il s'approcha d'elle, prenant à son tour quelques dragées. Sa barbe était plus courtes, ses cheveux moins blancs et il avait moins de rides apparentes. Amelia fut déstabilisée un instant. Albus Dumbledore semblait quant à lui soucieux.
« J'ai connu un Maverick Abott, auriez-vous un quelconque lien de parenté avec lui, Miss ? » La questionna-t-il posément.
« Bien sûr Professeur, c'est mon père. »
Le visage de Dumbledore se durcit alors. Amelia avala difficilement sa salive.
« Et votre mère ? »
Amelia ne comprenait pas, mais répondit tout de même.
« Abigail Abott. »
Le Directeur rit doucement avant de demander son nom de jeune fille.
« Montgomery. » Avoua-t-elle mal à l'aise.
Dumbledore fit demi-tour et alla s'asseoir à son bureau. Ses traits étaient tirés, et ses yeux reflétaient une certaine incompréhension. Un silence pesant s'installa, durant lequel l'homme marmonna quelques paroles incompréhensibles, à part peut-être pour lui-même. Amelia ne l'avait jamais vu aussi concentré. Le temps défila, et n'y tenant plus, ayant hérité de l'impatience de son père, Amelia décida de couper court aux réflexions intenses du sorcier.
« Pardonnez-moi Professeur, mais je crois que j'ai, sans le vouloir, provoqué un voyage temporel. »
L'homme releva les yeux, prêt à écouter la jeune fille. Elle lui conta donc sa courte histoire plus elle avançait dans son récit, plus le visage de Albus Dumbledore perdait de son éclat bienveillant. Amelia se sentait coupable de le mettre dans de tels états, mais elle devait absolument rentrer. Lorsqu'elle eut terminé, il se releva brusquement en tapant des mains sur son bureau, faisant tomber un pot rempli de suçacides au sol.
« Miss, qu'y avait-il d'écrit sur ce sablier ? »
Rassemblant ses souvenirs, Amelia, perdue, récita avec quelques hésitations ce qu'elle avait lu précédemment sur l'anneau en or.
Tournez-moi et vous verrez,
Le présent dans un sens,
Dans l'autre le passé.
Ce qu'elle avait pris pour une simple décoration prenait tout son sens à cet instant précis. Quelle idiote ! Dans l'autre sens, rien ne se serait passé. Elle serait ressortie de la salle, et personne n'aurait été dans les escaliers. Elle n'aurait pas bousculé le jeune garçon, elle n'aurait pas ignoré les premières années. Tout le monde aurait été dans la grande salle à fêter la fin de l'année scolaire.
« Mais, la salle n'a pas voulu s'ouvrir lorsque j'ai essayé d'y retourner ! » S'exclama t elle inquiète.
« La salle que vous avez visité porte le nom de Salle sur Demande Miss Abott. » Déclara le Directeur maintenant amusé de la situation. « Cette salle est très capricieuse vous savez. Même si tout est fait pour qu'elle ouvre ses portes, elle peut décider de n'en faire qu'à sa tête. »
Il sourit à Amelia avec sincérité.
« Professeur, vous parlez de cette salle comme si elle était vivante. » Constata la Serdaigle.
Comme réponse, elle n'eut le droit qu'à un regard pétillant de la part de l'homme. Trouvait-il cela divertissant ? Amelia ne pouvait pas croire qu'un homme de son envergure puisse appréhender un tel problème de cette manière.
« Miss Abott » Commença-t-il. « Savez-vous en quelle année nous sommes ? »
Amelia le fixa dans ses yeux bleus malicieux. Il semblait attendre sa réponse avec excitation, comme un enfant devant le sapin de Noël, et au pied de celui-ci, une cinquantaine de cadeaux ne demandant qu'à être déballés.
« En 1996 ? » Tenta-t-elle en grimaçant.
« Malheureusement non Miss. Nous sommes en 1976. Je crains donc que vous n'ayez fait un bond de 20 ans dans le passé. »
Le lendemain n'arriverait peut être donc jamais songea Amelia, qui s'effondra sur la chaise derrière elle, trop bouleversée pour tenir ne serait-ce encore qu'une minute debout.
Chapitre 1 : Le sablier - FIN.
-Dans le chapitre suivant... Des explications, et des rencontres inattendues.-
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