Posté le : 2 Janvier 2016. Cette histoire est pour SamaireLaBiche, ma p'tite Sam, mon maki. J'espère que tu sauras apprécier mon humour par tranche. Il n'y a que toi pour rire à mes blagnounettes tordues.


Résumé : « Cette petite enquête m'a amusé ces deux derniers jours. Mais là, ça ne me fait plus rire. J'ai besoin de savoir qui a fait le coup. Trouve-moi ce fils de pute. » Entre les murs de Crawl Pills, les prisonniers sont sous le choc. Qui ? Oui, qui ferait un truc pareil ?

Nota Bene : UA sans magie. Mais quelques clins d'oeil à prévoir. Aucun personnage OC ne sera présent. Cette fanfiction sera composée de 12 chapitres : 1 chap = 1 point de vue différent.

Liste des personnages principaux : Sirius Black – Tom Jedusor – Blaise Zabini – Gilderoy Lockhart – Draco Malfoy – Arthur Weasley – Théodore Nott – Barty Croupton Jr. – Remus Lupin – Harry Potter – Severus Rogue.


Mot de l'auteur : Ok, j'avais dit que j'attendrais. J'ai menti. Quand l'inspiration entre à grand fracas, il faut savoir l'accepter, non ? Bon, ce projet ne sort pas non plus de nulle part. Je me renseigne sur les prisons américaines depuis environ un an. Et puis je suis fan de ''Orange Is The New Black'', avouons-le. J'avais trop, trop, trop envie d'écrire une histoire de ce genre, sans jamais avoir vraiment eu le déclic. Là, je saute un peu sur l'occasion. Ce sera une histoire assez interactive avec un système de vote (vous en saurez plus après avoir lu ce chapitre). Je ne sais pas quoi dire d'autre à part ''Excellente lecture !''. J'ai juste trop hâte de voir vos réactions. Bonne année (bah oui, j'allais oublier) et à bientôt ! D. Would.

Bêta-lectrice : Obviously Enough – Mot : Je voulais vous prévenir, parce que quand même, c'est moche ce qui va nous arriver. Alors, en fait, on va exploser en un million de bouts d'intestins, d'os et de cervelle à cause d'un surplus d'émotions contradictoires (c'est-à-dire haine, dégoût, affection, angoisse, fluff...) sous la plume d'une auteure géniale. Et donc tout n'ira pas bien, mais on va aimer ça à en crever. Étrange, n'est-ce pas ? Excellente lecture à vous, et puissiez-vous réchapper de Crawl Pills.

SONGS 1. ''Wolf Mother'' – The Mynabirds. 2. ''Grid'' – Perfume Genius. 3. ''Führe Mich'' – Rammstein. 4. ''Wash N Dry'' – Miss Kittin. 5. ''Wolves'' – Kanye West, Sia and Vic Mensa.

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CRAWL PILLS

« La prison n'est qu'un espace muré qui cache les échecs de la société »

Chapitre 1 : MEURTRE.

Sous-titre : Le lac rose et le sable.

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''Do you know what a mandala is ? The Tibetan monks make them out of dark sand laid out into big beautiful designs. And when they're done, after days or weeks of work, they wipe it all away. Try to look at your experience here as a mandala. Work hard to make something as meaningful and beautiful as you can. And when your done, pack it in and know it was all temporary.'' – Yoga Jones, Orange is the New Black.

Sirius Black.

Matricule : 8996. Crime :: Meurtre. Sentence :: Perpétuité.

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Sirius, tu crois qu'on sortira un jour d'ici ?

– J'en suis certain, répondit l'autre avec une inflexibilité tenace dans la voix.

Le monde s'offrait à eux sur un plateau, à perte de vue. Rien d'autre que le souffle brûlant et meurtrier du désert qui s'infiltrait partout, roussissant les quelques parcelles de gazon. Ici, l'herbe n'avait plus été verte depuis longtemps ; des années sans doute. Le sable offrait un spectacle désolant et monotone sur l'ensemble de la vallée. Sirius se doutait bien que l'environnement faisait la force première du pénitencier : risquer une évasion ici n'était que folie. La prison de Crawl Pills était l'illustration même d'un piège à rats. Des dédales de béton s'étiraient sur des mètres et des mètres à n'en plus finir, sans qu'on n'y entrevoie l'issue.

Au-delà des interminables murs d'enceinte, surmontés par des grillages ainsi que des barbelés acérés, se tenait le désert. Et ce désert-là – que les prisonniers surnommaient affectueusement « Le Cognard » – semblait tout aussi infranchissable que ces fortifications. La faim, la soif, la folie et l'imprudence avaient conduit les rares fugitifs à un échec cuisant. Sirius, lui, avait un plan. Cela faisait des années qu'il le mijotait dans son esprit, jetant des regards curieux vers les tours de contrôle, analysant la fréquence des rondes, guettant à chaque instant la moindre lueur de faiblesse dans le regard d'un des gardiens. Jusqu'ici, aucune opportunité ne s'était offerte à lui. Inutile de tout risquer en une manœuvre stupide. Il était nécessaire de prendre son temps, de ne pas se louper.

Il était déjà neuf heures au pénitencier de Crawl Pills et les détenus émergeaient de la cantine d'un pas vif et mécanique, comme s'ils avaient tous rendez-vous. Chacun semblait avoir une idée précise de leur emploi du temps : certains se rassemblaient autour des tables pour une partie de cartes, d'autres prêchaient la bonne parole assis dans le sable, une poignée d'autres s'échangeait la balle autour d'un panier dépourvu de filet... Et Sirius, contaminé par cette routine dévorante, savait exactement qui rejoindrait qui.

Une fois les groupes formés, il était excessivement rare que ces derniers se dissolvent. Les unités sociales étaient à la fois compactes et solubles tout comme le sable tout autour : ensemble, on était fort, mais seul, on n'était plus rien qu'un grain perdu dans le désert. Sirius savait d'expérience – et pour l'avoir constaté autour de lui à de nombreuses reprises – qu'être dans un groupe pouvait rapidement s'avérer néfaste. Si le groupe sombre et s'enfonce, tous les membres tombent ensemble, tel un alignement de dominos. Sirius ne voulait pas être pris dans un tel séisme. Il avait jusque-là évité les coalitions, les mains tendues trop généreuses ou désespérées. Être un loup solitaire comportait bien des difficultés, notamment liées à sa protection. Mais sur du long-terme, Sirius demeurait convaincu qu'il s'agissait là de la meilleure des stratégies.

– On sortira d'ici, reprit Sirius, le regard toujours perdu vers le désert aux écailles d'ocres et d'or. Je t'en fais la promesse, Harry.

Depuis son incarcération, sa façon de vivre avait complètement changé : d'abord, il n'était plus seul. Son filleul – le fils de son meilleur ami – l'avait rejoint derrière les barreaux. Souvent, il arrivait à Sirius de l'insulter de sombre crétin, de lui crier qu'il avait foutu sa vie en l'air et que cette pourriture d'endroit le dévorerait tout entier. Et d'autres jours, comme ceux-ci, Sirius se sentait incroyablement soulagé d'être un peu moins seul, d'avoir quelqu'un sur qui se reposer. Néanmoins, dès que cette idée effleurait un recoin de son esprit, il se fustigeait d'avoir ne serait-ce qu'apprécié la présence de Harry. Ce garçon n'avait strictement rien à faire ici. Il était promis à un brillant avenir. Alors pourquoi – oui, pourquoi ? – se trouvait-il là, parmi les plus dangereux criminels du pays ? Ne devrait-il pas être à l'abri, à sagement étudier ou à mener sa propre vie de jeune adulte ? Vingt ans et déjà derrière les barreaux... Ça, c'était un vrai crime, un meurtre contre la vie.

Harry lui lança un regard paresseux, presque inquiet. Doutait-il encore de sa parole ? Après tout ce que Sirius avait fait pour lui ? D'accord, jusqu'ici, les choses ne s'étaient pas exactement déroulées comme prévu, mais on ne pouvait pas lui avoir reproché d'avoir essayé.

– Qu'est-ce que vous regardez, gros fainéants ? Vous voulez que je vous colle un rapport ?

Sirius sursauta légèrement. Il était si pris par sa contemplation du désert, qu'il en avait oublié les gardes qui épiaient leur tâche : Harry, lui et d'autres détenus avaient hérité d'un des travail les plus pénibles de la prison. S'occuper de ratisser le sable de la cour intérieure était une absurdité profonde que jamais Sirius ne comprendra. Depuis qu'il était ici, le désert soufflait tous les jours contre les murs des dizaines de kilos de sable. Et tous les jours, les gardiens leur faisaient balayer les dalles bétonnées avec méticulosité. Le soir, ils contemplaient leur travail fini avec un hochement roide de tête signifiant leur satisfaction.

Puis le lendemain matin, le sable revenait s'agglutiner dans le moindre des interstices, sous les tables et glissait sous les portes, s'accumulait aux rebords des fenêtres, comme si hier n'avait été qu'une illusion. Parfois, il arrivait que des prisonniers protestent contre la bêtise de cet ouvrage : ceux-là ne survivaient pas longtemps. Ils devenaient fous et on les envoyait ensuite en psychiatrie. Sirius avait compris que pour survivre il ne fallait rien essayer de comprendre. Il attrapa son balai tandis que Harry faisait de même à ses côtés. D'un même geste – celui enseigné par l'instructeur et conforme au règlement intérieur –, ils se mirent à épousseter les grains égarés, la bouche hermétiquement close.

– Je veux voir ce sol briller ! cria Rusard, de sa voix rocailleuse. Et si ça ne brille pas...

Rusard s'éloigna de son pas claudiquant, laissant sa phrase en suspens. Il était habituel que le gardien profère des menaces à tort et à travers. Tout le monde savait que Rusard comblait son sentiment d'infériorité en écrasant les autres. Ce dernier était particulièrement haï des détenus qui ne rataient jamais une occasion pour l'agresser. Les quelques cicatrices abîmant sa peau sèche témoignaient de la violence des assauts dont il fut à plusieurs occasions victime. Sirius avait plus d'une fois eu envie de lui envoyer son poing en plein milieu de la figure. Mais dès qu'il y pensait longuement, un sentiment de pitié l'assaillait. S'en prendre à Rusard ne lui apporterait aucune satisfaction. Au contraire. Tout ce qu'il en récolterait serait un paquet d'ennuis gros comme la taille du ministère. D'accord, Sirius n'avait théoriquement plus rien à perdre avec sa condamnation à perpétuité. Mais, subir un petit séjour au « Trou » n'était pas une expérience des plus réjouissante.

« Le Trou », comme son nom l'indiquait, se situait plusieurs mètres sous terre. Il n'y avait aucune fenêtre, aucune horloge, aucun son, aucune sortie de possible. Juste soi-même et les murs. Sirius ne l'admettrait jamais à haute voix, mais il détestait cet endroit plus que tout. Il y suffoquait.

Déterminé à ne plus attirer l'attention sur eux, Sirius mit toute son application dans le nettoyage du sable, le rassemblant en de petits tas puis combinant les petits tas en gros pour enfin les mettre dans la benne à ordure. Les premiers jours furent une corvée : balayer du sable qui revenait juste sous ses yeux, se dispersait à la moindre rafale de vent... c'était le summum de la frustration et de la torture. Parfois, Sirius apercevait Harry tiquer ou se marmonner des choses. Mais jusque-là, son filleul avait pas mal réussi le test. Car il ne s'agissait de rien d'autre : un simple et vulgaire test. Le pénitencier souhaitait distinguer les forts des faibles. Qui avait des nerfs solides ? Qui craquait à la première contrariété ou à force d'usure ? Combien de temps cela mettrait avant de les voir se rebeller ? Se rebellerait-il un jour ? Toutes ces interrogations qui planaient au-dessus de leurs têtes provenaient du centre décideur.

La tour principale comportait le bureau de la directrice de la prison, Dolores Ombrage. Pour s'y être rendu à deux reprises, Sirius savait que derrière ces vitres teintées, la directrice pouvait admirer à loisir la cour aux angles bien nets. Peut-être même qu'elle les observait en ce moment, notant de nouveaux moyens de les torturer psychologiquement sur son calepin rose. Dolores Ombrage avait tout d'une sadique, cependant, il fallait admettre que son travail était irréprochable. Jamais la prison de Crawl Pills n'avait connu un redressement pareil en quelques années. Une légende disait que Ombrage savait lire dans les pensées, et que c'était grâce à cela que toutes tentatives d'évasion furent écartées. Rien que d'y rêver mettait Sirius dans une sérieuse position d'illégalité. Mais cet espoir vivace l'empêchait de sombrer dans les sables mouvants.

ooooo

Le déjeuner était toujours un créneau délicat. Toute la population carcérale affluait au même endroit, au même moment, pour la même chose. Manger. Si prendre un repas était d'une banalité affligeante pour quelqu'un à l'extérieur, ici, entre les murs, le défi semblait plus périlleux. Déjà, il fallait surmonter de longues minutes d'attente dans une file interminable, juste pour pouvoir s'approcher des plateaux. En général, la file était l'endroit propice pour échanger des mots, de la marchandise de contrebande ou poignarder quelqu'un avec un bout de bois affuté sans qu'aucun gardien ne s'en rende compte. Si on avait la chance d'attraper un plateau indemne, il fallait encore pouvoir trouver des plats intéressants, sans trop de moisi sur le dessus. Enfin, il fallait espérer que le chef cuisinier – Severus Rogue, un ancien professeur de chimie devenu baron de la drogue – nous serve une portion convenable.

– Qu'est-ce qu'il y a au menu ? demanda Harry d'un ton monocorde. Mmh, laisse-moi deviner : des macaronis et des boulettes de viande.

Sirius hissa le cou afin d'apercevoir les premiers servis.

– Tout juste. Macaronis et boulettes de viande.

Toute sa jeunesse, Sirius avait été biberonné de discours tout faits tel que : « De toute façon, la société paye pour que des bandits restent toute la journée assis à se goinfrer ». Longtemps, il avait pensé que ce fantasme était une réalité. Mais pour dire la stricte vérité, les détenus pouvaient mourir de faim en prison. Les proportions données étaient tout juste suffisantes pour des enfants de primaire (d'ailleurs, c'était le même organisme d'alimentation qui gérait la distribution des plateaux repas dans le comté), et avec leur carrure d'hommes et les travaux à accomplir dans la journée, leurs réserves s'amenuisaient bien vite. Certains détenus devenaient irascibles avec la faim, commettant parfois des gestes irréparables. Sirius avait déjà vu un type crever l'œil d'un autre pour une orange. Puis, quand le blessé fut conduit à l'infirmerie, le détenu s'était soudainement rappelé qu'il avait toujours détesté les oranges.

Sirius vivait une relation étroite avec la faim. Elle l'étreignait avant de dormir et ne le quittait pas jusqu'au réveil. Des années de réflexion dans sa cellule l'avait amené à cette conclusion : les priver faisait pleinement partie du système. Il suffisait de regarder les documentaires chocs sur les parcs aquatiques : les dauphins, otaries et orques n'étaient nourris que de deux-tiers d'une proportion correcte de nourriture. Pour être rassasiés, les animaux devaient constamment revenir vers leur dresseur afin d'exécuter un numéro. Exécuter une tâche pour obtenir une récompense. Il en allait de même entre ces murs. Lorsque les prisonniers travaillaient bien, les rations de certains étaient augmentées, ou de l'argent s'ajoutait à leur cagnotte pour faire les courses.

Le pénitencier de Crawl Pills générait de fabuleux revenus uniquement grâce à sa supérette située au premier étage, face au bureau de la comptabilité. Sirius avait toujours été particulièrement doué en math et il savait de source sûre que les détenus s'y rendaient tous au moins une fois par semaine. À Crawl Pills, ils étaient près de deux mille cinq cents détenus. Si on multipliait ça par trois dollars – somme moyenne dépensée là-bas, puis qu'on re-multipliait ça par quatre... Sans oublier certains vecteurs : des détenus étaient plus gourmands que d'autres, ou plus riches, ou ne se nourrissaient que via les produits de la supérette, que les gels douche de bonne qualité étaient revendus là-bas, tout comme les dentifrices et autres saloperies comme les chocolats ou les bonbons, que pour obtenir du papier pour écrire une lettre on passait forcément par là-bas, que si on cherchait de nouvelles semelles, c'était également aux frais du détenu, et que même pour manger une simple pomme, il fallait forcément raquer. Donc ouais, la supérette était une plaque tournante du commerce dans cette prison. Sirius aurait aimé s'assurer des ventes. Il avait toujours eu un certain talent pour convaincre les gens sans réaliser le moindre effort. Mais l'administration de la prison ne lui avait jamais fait confiance. Ils le soupçonnaient toujours de tout. En fait, peu de gens ici lui faisaient confiance. Il n'y avait qu'à voir Rogue lui jeter un regard soupçonneux au-dessus de son nez crochu pour le comprendre...

– Bonne dégustation messieurs, articula le cuisinier du pénitencier avec un sourire mauvais.

Rogue versa le contenu de sa louche directement sur le plateau, un imbroglio d'aliments en bouillie et méconnaissables. Sirius lui rendit son sourire amer et fit volte-face après avoir attrapé un fruit à moitié pourri. Rogue était tout ce qu'on pouvait appeler ici un privilégié : d'abord, il ne mangeait pas à la cantine mais grâce aux produits de la supérette. Ensuite, sa cellule était à son usage personnel et il n'avait jamais eu affaire à un codétenu envahissant ou accumulant toutes les tares possibles et inimaginables.

Travailler en cuisine offrait toutes sortes d'avantages que Sirius connaissait par cœur. Il aurait aimé pouvoir passer derrière les fourneaux et gagner soixante-douze cents de l'heure. Le rêve ! Mais les gardiens préféraient sans doute sauter à pieds joints dans une bassine reliée à des câbles d'alimentation électrique plutôt que de le mettre dans une pièce pleine à craquer de couteaux. Le risque n'était pas négligeable, loin de là.

– Ce salopard finira par avoir notre mort, grommela Sirius en s'installant à sa droite. Ça m'étonnerait pas qu'un jour Rogue essaie de nous empoisonner.

– Empoisonné avec quoi ? Une pincée de basilique ?

– Tu ne devrais pas sous-estimer cet homme, répondit Sirius. C'est un chimiste. Un jour, un type en voulait après Rogue. Un certain Karkaroff. (Sirius trempa son morceau de pain dans une sauce à l'aspect douteux) Il l'harcelait pour un truc et... quelques semaines après, Karkaroff se plaignait d'aigreur à l'estomac. Il est mort le lendemain foudroyé dans son lit d'infirmerie. On dit que son estomac a explosé (Sirius se tourna légèrement vers la cuisine du self). Je ne crois pas que ce soit les barres chocolatées qu'il achetait à la supérette qui lui aient à ce point abîmé le ventre. (Il tournoya sa cuillère dans son plat qui ressemblait à une grosse flaque de vomi canin) Et Karkaroff n'est pas le seul à ne pas avoir su goûter à ses petites farces. Donc méfie-toi. Rogue a un poste clef. Il peut t'empoisonner... tout comme choisir de t'affamer.

– Il l'a déjà fait ?

– Oh, oui. Quand je suis arrivé ici, il avait décidé de ne pas me donner de plateau-repas pendant huit jours. Je me suis nourri de croûtons de pain trouvés dans les poubelles. Le pire dans tout ça, c'est qu'il a les gardiens dans la poche. Donc inutile de se plaindre.

Harry glissa une boulette de viande dans sa cuillère. Ici, il n'y avait ni fourchette ni couteau, même en plastique. L'administration trouvait cela bien trop dangereux et n'avait aucun moyen de comptabiliser de manière sûre les couverts après chaque service. Alors, voilà, tout le monde mangeait avec de grandes cuillères, comme des bébés. Cela ne dérangeait pas outre mesure Sirius qui aimait utiliser ses doigts. Il attrapa au creux de sa paume une boulette de viande qu'il dévora sans même la mâcher. Il avait une technique bien rodée pour ingurgiter la nourriture sans la vomir par la suite. Il ne fallait surtout pas que cela atteigne son palais ou le moins possible. Du coup, Sirius plaçait les aliments au fond de sa gorge, les enfonçant avec son doigt, puis les avalait tout rond, frôlant l'étouffement à chaque bouchée.

– Ce Rogue..., hésita Harry, il est là pour trafic de drogue, c'est ça ? Rien d'autre ? (Sirius glissa un regard curieux dans sa direction) Parce que... aux toilettes j'ai entendu des gars dire qu'il avait assassiné son propre père.

Sirius haussa des épaules. Après tout, Rogue en serait parfaitement capable. Le détenu chuchota :

– Beaucoup de bruits courent au sujet de Rogue. Certains affirment même qu'il ne dort jamais. Pour ma part, je sais que c'est du pipeau. Mais les légendes ont toujours une infime partie de vérité, non ?

Sur ce, il préféra se taire. À l'autre bout du réfectoire, les très chers amis de Rogue venaient chacun de s'emparer d'un plateau-repas. En premier, il y avait leur chef, Tom Jedusor. L'administration du pénitencier le tenait constamment à l'œil. Au moindre bruit, au moindre geste, cet homme pouvait bondir et se transformer en monstre avide de sang. Constamment sur le fil du rasoir. Sirius savait – pour avoir écumé pas mal d'années entre ces murs – qu'il fut très difficile d'attraper Jedusor. Et maintenant qu'il était derrière les barreaux, il semait la zizanie partout où il passait. Jedusor avait le visage mutilé, à l'image de son gang à la réputation morbide : les Mangemorts. Tous convaincus de la suprématie de la race blanche, du terrorisme et de la barbarie, les membres du gang n'étaient jamais incommodés par les autres prisonniers. Sirius n'en avait pas peur. Il aimerait leur dire ce qu'il pensait d'eux. Mais maintenant, c'était impossible. Il devait avant tout protéger Harry. Bizarrement, Jedusor regardait de manière fréquente dans leur direction. Il avait comme pris en grippe son filleul et faisait tout pour lui attirer des ennuis. Son ricanement glacial – semblable à un affreux sifflement – se répercuta en échos dans le réfectoire silencieux.

Barty Croupton, lui aussi condamné à la perpétuité, jetait un regard fou sur la foule des détenus avant de se précipiter vers une table pour la réserver. Sirius continua de touiller sa soupe, détournant les yeux.

– Pourquoi est-ce qu'il m'observe, Sirius ? prononça à mi-voix Harry.

Les pupilles rouges, injectées de sang, de Jedusor étaient braquées sur eux.

– Ne fais pas attention à lui, répondit-il. Il cherche juste une nouvelle âme à briser.

ooooo

Sirius n'avait strictement aucune idée de l'heure ou du temps qu'il faisait dehors quand on le convoqua dans la salle 9. Cette pièce, sans fenêtre ni ventilation, était toujours annonciatrice de mauvaises nouvelles. C'était là qu'on annonçait aux prisonniers qu'un membre de leur famille venait de mourir, à l'abri des regards indiscrets ; là encore que les avocats surmenés les informaient d'attendre « juste un tout petit peu » ; là qu'on leur arrachait les derniers fils qui les retenaient à leur humanité...

Sirius n'avait plus de famille, hormis Harry, qu'il avait laissé sous bonne garde avant de venir. Sirius n'avait pas non plus grand espoir de sortir d'ici, et son humanité... eh bah, il se la collait sous le bras. Les poings et les pieds enchaînés, il avançait d'un pas titubant comme un pingouin en plein exode. Une fois devant la porte au numéro 9 écaillé, on lui imposa une nouvelle fouille au corps, comme si entre sa sortie de sa cellule et ici il avait pu trouver une arme et la cacher à l'insu des deux gardes, comme par magie. Pourtant, le détenu chassa cette pensée de son esprit, ne cherchant plus à comprendre la logique de cet endroit à rendre schizophrène un chien à trois têtes.

– Levez les bras, ordonna le garde. Écartez les jambes.

On le palpa de partout. Vraiment partout. Puis, enfin, assurés qu'il ne portait rien de dangereux sur lui, on le laissa entrer.

Assise sur une chaise en mauvais état, une jeune femme leva les yeux vers lui. Ces pupilles marron s'arrêtèrent une fraction de seconde vers ses menottes puis revinrent vers son visage anguleux. La fille était toute jeune, pas plus de vingt-cinq ans. Elle cachait son anxiété derrière un semblant d'assurance.

– Hermione Granger, dit-elle en tendant une main vers lui dès que les gardes eurent refermé la porte.

Sirius secoua ses menottes, d'un air piteux.

– Malheureusement, je ne peux pas vous serrer la main. Et même si je le pouvais, cela serait interdit par le règlement. Nous n'avons pas le droit d'avoir des contacts physiques avec nos visiteurs.

– Ah, oui... C'est vrai. Je suis venue ici pour vous entendre dans le cadre de votre condamnation. Je travaille pour le cabinet d'avocats Phénix, et je suis chargée de revoir tous les cas troubles un à un. Vous avez été condamné à perpétuité pour meurtre, et sans avoir pu bénéficier d'un procès équitable, c'est bien ça ? (Sirius opina) Alors, nous ferons appel.

Le détenu aboya de rire, rejetant sa crinière brune en arrière.

– Ça ne sera pas aussi facile, j'en ai bien peur.

– Je m'en doute. C'est pour cette raison que nous nous rencontrons. Nous allons bâtir un dossier solide. (La jeune avocate appuya sur la gâchette de son stylo) Tout ce qu'il nous faut, c'est votre témoignage. Il doit être aussi précis que possible, même si cet événement remonte à près de vingt ans.

Décelant son hésitation, elle ajouta :

– Vous n'avez rien à perdre, Mr Black. Le jour de l'audience, vous n'aurez qu'à faire acte de présence. C'est tout.

Sirius réfléchit. Dans un sens, elle avait raison, mais... et son plan pour s'évader avec Harry ? Qu'est-ce qu'il allait devenir ?

– Mr Black, insista la jeune femme, je sais qu'au fond de vous vous caressez l'espoir d'être libéré. Je ne suis peut-être pas l'avocate la plus expérimentée sur le sujet, mais je mets de l'énergie à revendre dans chacun des cas que je défends. Je n'ai pas besoin d'avoir trente ans de carrière pour savoir que vous êtes la victime d'une injustice. Si je n'y croyais pas, je ne serai pas là, devant vous après avoir passé plus d'une heure dans les bouchons. (Sirius croisa son regard) Le système carcéral de notre pays laisse vraiment à désirer. Nous le savons tous les deux. Certains coupables s'en sortent avec des peines légères, tandis que des innocents sont enfermés ici jusqu'à ce que toute vie leur soit retirée... Nous n'avons plus de temps à perdre.

– Donc... Vous êtes ici pourquoi ? Avoir une bonne note à un examen ? Voir de plus près de ce qu'il se passe derrière les barreaux ou, mmh, avoir bonne conscience ? Je déteste cette prison, c'est vrai. Mais je ne connais plus rien d'autre que cet endroit. Admettons que mon cas est défendable – ce qui serait miraculeux –, et admettons encore que le juge veuille bien que je pose le moindre orteil dehors, que croyez-vous qu'il va m'arriver ? Je n'ai pas de maison. Pas d'amis ou de famille. Pas la moindre économie. Est-ce que pour ça aussi vous allez m'assister ? ou suis-je juste une statistique en plus pour votre cabinet d'avocats ?

Sirius arbora un large sourire.

– Tous les mêmes, conclut-il. Si vous vous imaginez être la première ou la dernière à vouloir faire du bénévolat masqué, vous vous mettez le doigt dans l'œil. Une fois, j'ai osé demander à revoir mon dossier. On m'a commis un gentil avocat commis d'office, fraîchement sorti des bancs de l'école, comme vous. Et le jour de l'audience, la témoin numéro un n'était autre qu'une bonne femme s'appelant Doris Purkiss. Et vous savez ce qu'elle a dit ?

Hermione fit lentement non de la tête.

– Que j'étais en réalité Stubby Boardman, un chanteur de variété s'étant retiré de la vie publique après avoir reçu un navet en pleine tête pendant un concert ! Et que, selon toute vraisemblance, je ne pouvais pas être coupable de mon crime puisque le soir du meurtre je dînais avec elle aux chandelles ! Si vous riez, je vous étrangle avec ces menottes, menaça-t-il tout à coup sérieux.

La jeune avocate eut la présence d'esprit de se mordre les lèvres.

– Stubby Boardman, hein ? répéta-t-elle, retenant son hilarité. À qui dois-je cette perle ?

– Un avocat stupide qui s'appelait Smith. Je me suis longtemps demandé s'il avait trouvé son diplôme dans une pochette surprise... Sérieusement.

Hermione Granger manqua de rire, mais se retint d'extrême justesse.

– Smith est un amateur, dit-elle d'un ton légèrement condescendant. Et je ne suis pas aussi inoffensive qu'il n'y paraît. Si vous pouviez m'accorder une chance, rien qu'une minuscule, ça serait formidable.

Sirius réfléchit. Il n'avait jamais porté dans son cœur les avocats. Tous des rapporteurs qui retournaient leur veste dès qu'une opportunité bondissait sous leur nez. Mais cette petite avait du cran ; il en fallait forcément pour traverser un pénitencier haute sécurité en mini-jupe. Depuis combien de temps n'avait-il pas vu une femme ? Sérieusement, depuis quand ? Un poids énorme tomba sur son estomac. Depuis combien de temps ? Sirius ferma les yeux, essayant de se maîtriser. Quand le calme revint dans son esprit, et que ses paupières se rouvrirent, la jeune avocate le fixait étrangement.

– Alors... c'est parti ? demanda-t-elle, hésitante.

Tout ce qu'il avait à faire, c'était de se confier. De dire les choses telles qu'elles s'étaient présentées. Qu'elle le croit ou non, là n'était pas son problème. Et puis, dire son histoire – la vraie version – lui faisait toujours un bien fou. Comment passer à côté d'une occasion pareille ?

– Ok, dit-il, la bouche sèche. Ok, c'est d'accord. Je vous aide à monter votre cas, mais à une seule condition. (Granger arqua un sourcil, dans l'expectative) Si vous réussissez à me faire sortir, je veux que vous vous occupiez d'accorder le même privilège à mon filleul, Harry.

– Vous avez de la famille ici ? s'étonna-t-elle.

– Ce n'est pas rare que des amis, des collègues ou des membres d'une même famille se retrouvent enfermés au même endroit. Certains appelleront ça le karma, pour ma part, j'appelle ça de la fatalité psycho-sociale. Inconsciemment, on reproduit le schéma dans lequel on a toujours baigné, hein ?

– Pourquoi... Harry est ici ?

Sirius se braqua.

– Il vous répondra de lui-même. Concentrons-nous sur ce qu'on doit faire.

L'avocate acquiesça et ouvrit un large cahier aux pages vierges, qui avait dû être vérifié avec minutie par les gardiens à l'entrée. La jeune femme posa sur la table boulonnée un dictaphone qu'elle alluma d'un index manucuré.

– Très bien, allons-y. Présentez-vous.

– Je m'appelle Sirius Black, détenu à la prison de Crawls Pills, matricule 8996. Je suis ici pour meurtre et ma sentence est la perpétuité.

On n'entendait que le râle métallisé du dictaphone, la pointe du stylo glissant sur le papier et le cliquètement des chaînes.

– À votre première audience, vous avez plaidé non-coupable, n'est-ce pas ?

– Je l'ai hurlé, rectifia Sirius d'un ton glacial. Je l'ai crié à plusieurs reprises, mais personne n'a voulu me croire. Personne. Pourtant, ma version n'a pas changé.

– Racontez-la-moi. Mais d'abord, faites-moi le serment que ce que vous direz n'est que la vérité.

Sirius regarda droit dans les yeux la jeune femme :

– Je le jure.

– Très bien. Allez-y.

– Tout ce que je vous raconte a un rapport avec Harry, commença-t-il. Lorsque j'étais jeune, son père et moi nous étions inséparables. Il était mon meilleur ami, mon frère. Je l'accompagnais dans chacune de ses décisions, même si j'estimais certaines pas forcément judicieuses. James – le père de Harry, donc – était un écologiste chevronné. Il croyait en toutes ces choses pour protéger la planète, et sa femme aussi. Ils parcourraient aussi beaucoup d'associations contre le racisme et l'égalité des chances. Ils organisaient des meetings pour rapprocher les communautés entre elles, et ils se sont mis à dos pas mal de monde. De tous les côtés. Et Harry, au milieu, s'est retrouvé entre tirs croisés...

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Un cri strident retentit dans la cuisine. Sirius bondit de sa chaise, James sur les talons. Lily était recroquevillée sur le sol, ses mains agitées de tremblements. James se précipita pour la toucher, mais elle cria : « Ne me touche pas ! Ne touche à rien ! » Des cloques rouges vives déformaient sa peau. Celle-ci tombait par lambeaux sur le carrelage impeccable. Du sang s'égouttait le long de ses doigts, mêlé à un liquide transparent comme de l'eau, mais âcre. « Ne touche pas », pleura Lily tandis que son alliance s'enfonçait lentement, insidieusement, dans la chair de son l'annulaire. Sur la table, une pile de lettres n'attendaient que d'être lues. Et apparemment, l'une d'elle était piégée, contenant une substance corrosive comme de l'acide. Sur le papier les mots ''La race blanche domine le monde'' s'effaçaient, happés par le poison. « On t'emmène tout de suite à l'hôpital », dit James, apeuré. « Tiens bon, Lily. On... On va réparer ça. »...

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– Les parents de Lily n'avaient pas... le sang aussi pur que ce que certains auraient pu souhaiter. Les mariages interraciaux n'étaient pas bien vus à l'époque. Des gens les ont poursuivis, martyrisés. Tout ce qu'ils souhaitaient, c'était de les voir disparaître. Harry avec. Alors, on a appelé le FBI. Nous avons trouvé un endroit secret, à l'abri, en attendant que les choses s'apaisent.

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« On sera en sécurité », déclara James d'un ton qui se voulait rassurant, tenant Harry dans ses bras. Sirius portait quelques bagages, resté en retrait. Lily semblait sceptique, mais n'osa rien dire. Cette maison était mieux que rien. Ils pourraient prendre un nouveau départ, et conserver un peu de quiétude pour Harry. Depuis quelques semaines, les lettres de menace devenaient si nombreuses, les actes de haine si courants, que les deux jeunes parents avaient préféré fuir dans une ville peu fréquentée. Un malade promettait d'exterminer leur bébé en guise de représailles. « Regarde, il y a même un système de vidéosurveillance ! », remarqua James. « Et Sirius restera avec nous, n'est-ce pas ? »...

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– Je leur ai dit qu'ils pouvaient compter sur moi. Et c'était vrai : je ne les ai pas trahis, contrairement à ce que le rapport indique. Jamais je n'aurais causé le moindre tort à Lily et James. J'aurais préféré mourir plutôt que ça. Ce qu'il s'est produit n'était pas... prévu dans le plan. Il était devenu évident que je faisais partie de leurs proches. Je m'étais dit qu'en m'éloignant, j'attirerais dans mon sillage les névrosés. Le plan était bon. Peter devait prendre le relais et seulement surveiller que les choses se passent bien.

– Qui est Peter ?

Sirius plongea son regard dur comme l'onyx dans le sien.

– Le pire rat qui n'ait jamais existé sur cette maudite planète, cracha-t-il, empli de dédain.

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« Peter vous protégera », assura Sirius. « Dans deux jours à peine, ils seront tous à ma poursuite, ce qui vous laissera le temps de trouver une autre planque. » James lui offrit un sourire triste et inquiet. « Tu comptes passer par où ? » « Le Minnesota. Ça m'a toujours plus sur les cartes. J'ai toujours aimé le plein air. Ça me changera de mon appartement qui sent le moisi. » Sirius se mit à rire, histoire de détendre l'atmosphère. Il voyait bien, dans leurs yeux, que ces simples au revoir sonnaient différemment de tous les autres. Une ombre planait au-dessus de leur tête. « Je serai de retour à la fin du mois », assura-t-il. « On sera ensemble pour Noël. Je ne manquerai ça pour rien au monde ».

Le petit Harry, âgé d'un an à peine, le fixait de ses yeux trop verts. Il devait ressentir la pression et les sentiments partagés de chacun. « Bientôt, nous serons réunis. » Sirius leva le nez. La neige commençait à tomber par gros flocons. Pas le temps idéal pour prendre la route, mais même si c'était dangereux, il n'avait pas vraiment le choix. « Rentrez », dit-il. « Il ne faudrait surtout pas que le bonhomme attrape froid. » Lily plongea dans ses bras, déposant deux baisers humides sur ses joues refroidies. « Prends soin de toi, Sirius. Fais attention. Et merci pour tout ce que tu as fait pour nous. » James, plongé dans un mutisme profond, se contenta de le serrer contre lui. Et même s'il sentit sa détresse, même si son instinct lui disait de rester, même si la météo le priait de ne pas bouger, Sirius enfourcha sa moto noire rutilante, alluma le moteur et s'évapora dans les dernières brumes de la nuit...

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– Peter nous a trahis. Il a révélé l'endroit où se cachaient Lily et James. Le lendemain soir de mon départ, ils ont été assassinés. Seul Harry a survécu.

– Comment cela se fait ?

Sirius haussa des épaules, apparemment mal à l'aise.

– Personne ne sait vraiment. Il en garde tout de même une cicatrice sur le front, ce qui veut dire que ce malade a quand même essayé de lui faire quelque chose... (Une rage sourde commença à l'envahir mais il décida de la garder contenue, solidement verrouillée au fond de son cœur) Quand j'ai appris ça, j'ai su que Peter était l'unique responsable. Je suis donc parti à sa poursuite.

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« Peter ! PETER ! » La rue commerçante était bondée. « ENFOIRÉ ! » éructa-t-il, « NE ME TOURNE PAS LE DOS, FILS DE PUTE ! » Mais Peter continuait de courir, se faufilant dans la foule amassée en ce premier jour de soldes d'hiver. Sirius se mit à courir, quitte à bousculer des passants. Il courut comme si sa vie en dépendait et, miraculeusement, il rattrapa Pettigrow. Fou de rage et désespéré, Sirius braqua une arme sur son torse. « Maintenant, tu vas m'écouter », articula-t-il d'une voix hachée. « Tu n'as pas intérêt à tenter quoi que ce soit pour... » « Lily et James ne m'auraient... » « TA GUEULE ! FERME TA PUTAIN DE GUEULE ! » Ses cris alarmèrent des acheteurs qui poussèrent des glapissements terrorisés en découvrant l'arme à feu...

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– Vous avez menacé Peter Pettigrow avec l'arme retrouvée sur la scène du crime. Plusieurs témoins affirment vous avoir vu charger votre pistolet avant de le déposer juste sur son buste.

– C'est exact.

– Cette arme vous appartenait selon le rapport que j'ai sous les yeux, insista Hermione Granger.

– Oui, ça aussi c'est vrai. Mais je n'ai pas tiré.

– Vous ne vouliez pas tirer ?

– Je voulais tirer, concéda Sirius. Mais je n'en ai pas eu le temps. J'ai sous-estimé ce connard. Il avait lui aussi tout préparé. Il savait que j'irais à sa poursuite, que je le trouverais, que je... (Sirius se mordit le poing) C'était une embuscade, une mise en scène pour me faire accuser.

– Une brigade d'experts scientifiques dit avoir retrouvé de la poudre et des explosifs chez vous. Ceux-là mêmes qui ont servi à faire exploser les canalisations de la rue où Pettigrow et vous aviez eu votre altercation.

– C'est l'œuvre de Peter. Il voulait mourir en martyr. Mais il est encore en vie, à se cacher comme le putain de rat qu'il est. Quand je l'ai compris, il était déjà trop tard.

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Une énorme détonation rafla la rue toute entière, disloquant les corps de dizaines de passants. Du sang, des membres éparpillés, des boyaux et de la cervelle sur les pavés. Sirius, miraculeusement indemne, était au milieu, les mains plaquées instinctivement sur les oreilles. Quand il ouvrit les yeux, ce spectacle morbide lui donna le vertige. Des blessés geignaient de douleur, d'autres criaient à l'aide. Et à moins d'un mètre, un doigt – un vulgaire doigt – restait à l'endroit où Peter se tenait une minute auparavant. Et là, Sirius comprit. Le puzzle était complet. Hystériquement, il se mit à rire, l'arme à feu glissant de ses doigts. Un tel fou rire le prit qu'il faillit en avaler sa langue, du sang plein la bouche. La police s'approchait, lui ordonnant de ne faire aucun geste brusque, tandis qu'à moitié fou, Sirius se tordait de rire contre le sol...

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– Vous pensez Peter toujours vivant, répéta Hermione Granger, incrédule. Après une explosion de cette ampleur, aucune cour n'acceptera de croire une chose pareille.

– Mais vous... (Sirius la pointa du doigt, faisant s'entrechoquer ses chaînes) Vous serez obligée de me croire. Il est vivant. Je vous fournirai les preuves petit à petit, si je vous trouve digne de confiance. Après tout, qui me garantit que ce n'est pas Peter lui-même qui vous envoie ?

Hermione Granger ouvrit la bouche puis la referma.

– Peter Pettigrow pourrait m'envoyer, en effet.

– Il pourrait, répéta Sirius en se penchant dangereusement en avant. Êtes-vous une espionne ?

– Ai-je une tête d'espionne ?

– Ça, c'est une excellente question, dit-il en la pointant du doigt, agitant encore une fois ses chaînes étroitement serrées. Mais pour être un bon espion, il faut avant tout avoir l'air inoffensif et tout à fait normal. On n'envoie pas un mec louche, au nez crochu et aux cheveux gras. Ça serait un peu marqué sur son front, tout de même, conclut-il en pensant très fort à Rogue. Un criminel – un bon, j'entends par-là – enverrait une jolie fille, capable d'adoucir les mœurs d'un tueur chevronné.

La jeune avocate éteignit le dictaphone tout en lui envoyant un sourire factice.

– Ça sera tout pour aujourd'hui, Mr Black. Je vous laisse cogiter là-dessus et nous nous reverrons à un moment plus opportun.

– Un moment plus opportun ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui cloche avec maintenant ?

Granger jeta un regard à sa montre.

– Là, maintenant, vous avez juste l'air en pleine descente de MDMA. Ce n'est pas très sympathique à voir et je me sens profondément outrée que vous me considériez comme une espionne.

– Outrée, rien que ça..., releva Sirius, particulièrement amusée.

– Outrée, oui.

Hermione Granger rangea ses affaires dans un large sac à main puis se dirigea vers la porte blindée où elle tapa deux coups secs. On lui ouvrit et, sans le moindre regard en arrière, elle s'éloigna. Sirius se sentit tout à coup idiot. Maintenant, il retournerait dans sa cellule. Pourquoi n'avait-il pas su faire durer le plaisir ?

– Black, grogna le gardien, on retourne dans ta cellule.

– On ne passe pas par Honolulu ? s'enquit Sirius.

Personne ne prit la peine de lui répondre, bien trop habitué à ce genre de plaisanterie vaseuse. Ils traversèrent un dédale de couloirs tous semblables les uns aux autres, à la manière d'un labyrinthe. Mais, instinctivement, leurs pas les conduisirent au bon endroit.

La cellule de Sirius se situait au troisième étage, aile gauche. Elle était semblable en tout point aux centaines d'autres de la prison, à un détail près. Au lieu des barreaux conventionnels, il était cloîtré derrière une porte en métal lourd, comportant seulement un hublot. C'était le ''privilège'' accordé aux électrons libres, aux détenus peu cernables et aux fugitifs. Sirius partageait sa cellule avec l'un d'eux. Après l'avoir fouillé une nouvelle fois contre le mur, on lui enleva ses menottes et il replia ses doigts afin que le sang puisse y affluer normalement. Enfin, on ouvrit la porte et Sirius se retrouva catapulté à l'intérieur.

Sur le lit du dessous, son codétenu, lisait d'un air satisfait son courrier. Il faisait partie de ceux en recevant le plus par semaine et ne se lassait jamais d'en lire à voix haute quelques extraits :

– Écoute-moi donc ça, dit-il sans lever les yeux du papier. ''Depuis votre incarcération, mon cher Gilderoy, mon cœur palpite à l'idée que plus jamais, je ne pourrai étreindre contre ma poitrine l'un de vos nouveaux best-sellers. Je me nomme Agatha, et je vis près du comté de Denver. Les muffins que je vous ai envoyés ne sont que le préambule d'une ribambelle d'autres qui suivront. Vous êtes pour moi une véritable source d'inspiration, une bulle de bonheur et d'enchantement, un corail de...''

– Stop, grogna Sirius en enlevant ses bottes abîmées. Je ne veux pas en entendre plus.

Gilderoy Lockhart se redressa sur sa couchette, agitant la feuille juste sous ses yeux.

– Ceci est un trésor, mon cher. Un trésor inestimable. Tu ne peux pas imaginer à quel point ces femmes sont d'une écoute particulièrement attentive à mes besoins. C'est un cadeau.

– Que des ménagères surexcitées campent juste devant la prison, je ne trouve pas que cela soit une bénédiction. En tout cas, pas le genre dont je voudrais.

Gilderoy renifla outrageusement fort son courrier.

– Lilas, soupira-t-il d'un air rêveur. Ça sent le lilas. Tiens.

– Non, merci, maugréa Sirius, dégoûté. Dieu seul sait quel octogénaire a mis ses mains fripées dessus.

– Tu regretteras bien vite de ne pas t'être intéressé à ma renommée, mon cher, prophétisa-t-il tout en repliant soigneusement le courrier enfiévré d'Agatha.

– C'est ça, dit Sirius en baissant son pantalon pour uriner dans l'unique toilette de la cellule. À d'autres.

Lockhart s'emmitoufla dans sa maigre couverture, poussant des soupirs rêveurs, le regard braqué vers les lettres qu'il aimait le plus. Ce petit florilège, scotché sur le mur, faisait office d'autel à sa propre gloire. Gilderoy en connaissait des passages par cœur et ne manquait pas la moindre occasion pour les citer, à la virgule près. Sirius grimpa sur sa couchette, bien moins personnalisée. Lors de son arrestation, il n'avait rien pu emporter avec lui. Et puis, à l'extérieur, personne n'était là pour lui envoyer quoique ce soit lui rappelant son ancienne vie. Sirius aurait tout donné pour retrouver une photo de lui et de James, ou même de son frère...

Il se retourna sur son lit, attendant l'extinction des feux. Généralement, les matons faisaient un grand compte juste avant, puis au milieu de la nuit et un dernier, une heure ou deux avant l'ouverture des cellules. Tout le monde devait rester sous sa couverture, le plus innocemment possible pendant le compte. ''Click. Click.'' Le gardien venait de passer derrière leur porte, comptant bien deux détenus dans la cellule. Puis, une poignée de minutes plus tard, les lumières s'éteignirent les unes après les autres dans le long corridor interminable.

Sirius savait de source sûre que Gilderoy s'était évadé en pleine nuit. Ce qui, mine de rien, lui paraissait impossible vu le nombre de rondes parfaitement aléatoires faites pendant leur sommeil. Comment pouvait-on prévoir un plan sans connaître l'emploi du temps de ses geôliers ? Lockhart paraissait stupide, mais c'était loin d'être le cas. Alors, sans réfléchir, sans penser aux conséquences, Sirius chuchota :

– Comment tu as réussi à t'évader ?

Un petit rire lui répondit.

– Non, sérieusement, comment tu as fait ton évasion ? Tu étais seul ? Qui t'a ouvert la porte ?

– Mon cher Sirius, murmura Gilderoy d'un ton apparemment amusé. Crois-tu en la magie ?

– Que... Quoi ? Te fous pas de ma gueule, Lockhart !

Son interlocuteur pouffa de rire, plaquant sa bouche contre son oreiller pour ne pas trop se faire entendre.

– Tu comptes tenter une évasion, Sirius ?

– Là n'est pas la question.

– Oh que si, dit-il, plus bas encore qu'un bruissement. Si tu comptes essayer quoique ce soit, c'est ici que les gardiens iront fouiner en premier. Et s'ils saccagent mon précieux courrier, je te jure que je serais capable de t'écraser le crâne contre le rebord des toilettes... Alors, tu veux t'évader ?

Sirius se tut un long moment. Gilderoy était bien des choses, mais pas une balance.

– Ouais. Ouais, je veux me tirer loin de là.

– Beau projet. Et tu as quoi comme ressources ? Je veux dire, hormis ton admirable cerveau de génie ?

– Rien, admit-il.

– Rien, répéta Gilderoy, une pointe moqueuse dans la voix. Sais-tu que la réputation de Bonnie and Clyde ne s'est pas bâtie sur un tas de courants d'air ? ''Rien'' ne t'amènera nulle part. On ne choisit pas un plan d'évasion puis ensuite on collectionne les ressources nécessaires en fonction. Non, non, non... On récupère tout ce que l'on peut. Puis, avec les pièces qu'on a à disposition, on peut songer à construire un plan d'évasion. C'est quoi tes atouts ? gloussa-t-il, comme s'il s'agissait d'une douce plaisanterie.

– Les chiens m'adorent, répondit-il sans réfléchir. Même ceux d'ici. Une fois, on les a lâchés à ma poursuite parce que je refusais de quitter la cour. Et pas un seul ne m'a mordu.

À sa plus grande surprise, Gilderoy ne rigola pas cette fois-ci.

– Les chiens, donc.

– Et toi, c'était quoi ton atout ?

– Si je te le disais, je perdrais tous mes avantages un à un. Sur ce, bonne nuit Black. Cette conversation n'a jamais existé.

Sirius inspira, expira. Ok, c'était un point de départ assez mince. Mais c'était le seul à sa disposition. Les chiens de garde.

ooooo

On ouvrit brusquement la porte. Sirius se releva en sursaut quand un raie aveuglant de lumière se retrouva braqué sur son visage.

– Black, tu viens avec nous, ordonna la voix reconnaissable de Rusard.

– Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

Le gardien abaissa sa lampe-torche, éclairant son visage blafard.

– Une conscience pas tranquille, hein ? Dépêche-toi d'enfiler tes godasses. On est attendu au sous-sol.

Sirius sauta de son lit superposé, jetant un regard interdit vers la couchette de Lockhart. Soit ce dernier avait un sommeil aussi dur que le plomb, soit il méritait un oscar pour cette superbe mise en scène. Sirius enfila ses bottes et suivit Rusard en dehors de la cellule. Le gardien, apparemment pressé, ne prit même pas la peine de le menotter durant le trajet. Il le poussa en avant et lui indiqua le chemin à voix basse, comme s'il craignait que les autres détenus ne se réveillent... Une fois arrivés au premier étage, ils croisèrent Marcus Flint – un autre gardien crapuleux –, accompagné du détenu Weasley.

– C'est bon ? On n'attend personne d'autre ? coassa Rusard à son collègue.

– Ombrage a dit que deux suffiraient, confirma Flint. Avancez. On va à la laverie.

Sirius et Arthur Weasley obtempérèrent sans un mot. Pourquoi diable les avait-on fait lever au beau milieu de la nuit pour se rendre à la laverie ? Une machine était tombée en panne ? Le générateur peut-être ? Mais ni lui, ni Arthur ne suivait de formation d'électricien. Un autre détenu aurait été plus apte à gérer cette situation de crise. Alors non, pensa-t-il en descendant de nouvelles marches, ce n'était pas un problème leur demandant des aptitudes techniques. Ils avaient été choisis sur d'autres critères... des critères qui lui échappaient complètement.

En bas, le sous-sol était parfaitement illuminé. Rusard les dépassa, tandis que Flint fermait la marche, matraque en main. Quelques machines à laver étaient en route pendant la nuit, pour que le linge soit propre au petit matin pour les équipes de la blanchisserie. Rusard s'arrêta net devant la large machine comportant le numéro 6.

– J'ai trouvé ça pendant ma ronde, dit-il en tapant le hublot de la machine de sa matraque. J'en ai immédiatement averti la directrice.

Sirius se pencha sur le côté et poussa un juron.

Dans la machine à laver toujours en marche se trouvait le corps disloqué de Goyle. Apparemment, il était mort depuis un petit moment, car ses yeux étaient exorbités, et son teint complètement bleu. Mais ce qui choqua davantage Sirius fut l'eau. L'eau était complètement rose.

– Je n'ai pas réussi à l'arrêter, dit Rusard d'un ton affreusement banal. Ça a été bloqué sur cycle long. Et la manette d'urgence derrière a été complètement sabotée. Vous devez le faire sortir de là.

– Quoi ? s'étrangla Arthur Weasley, encore sous le choc. Mais il... il...

– Les cadavres ne mordent pas, balança Flint en s'adossant contre la machine à laver numéro 4. En tout cas, c'est ce que les scientifiques avancent.

Sirius s'accroupit, voulant voir le spectacle de plus près. La machine à laver était d'une taille phénoménale, pouvant engranger plusieurs dizaines de kilos de linges à elle seule. C'était absolument nécessaire pour nettoyer les uniformes des deux milliers de détenus ici présents. Et maintenant qu'il l'avait juste les yeux, ouais, un homme tout entier pouvait tenir dans l'un de ces mastodontes.

– Alors, les génies, lança Flint, on fait comment pour sortir le gros lard de là ? Parce que dans moins de deux heures, les premiers détenus seront debout. Donc autant évacuer le macchabé avant que ça tourne en spectacle gratuit.

– Vous avez une idée de qui l'a assassiné ? demanda Sirius, sans même réfléchir, regardant Goyle tournoyer dans la machine.

– Assassiné est un bien grand mot, banalisa Flint. Il a peut-être atterri là tout seul.

– Et comment aurait-il fermé la porte ? Et comment aurait-il enclenché le programme de mise en route ? Et ses blessures ?

Flint haussa des épaules.

– Ce n'est pas notre travail. Notre travail c'est de nettoyer tout ça avant que les autres ne se réveillent. Est-ce si compliqué que ça à comprendre, Black ?

Lentement, il fit non de la tête, percevant le léger agacement chez les gardiens.

– On devrait... carrément couper le courant, suggéra Arthur.

– Ça foutrait en l'air les deux autres machines qui sont en train de tourner, fit remarquer Flint en se hissant carrément sur la machine numéro 4, comme s'il s'agissait d'un perchoir tout à fait approprié pour son poste. Mais fais, dit-il. Moi je m'en fous du moins qu'on se débarrasse de cette satanée situation.

Arthur replaça ses lunettes contre son nez et se dirigea vers le panneau électrique. Après un regard circulaire derrière lui, il appuya sur le bouton. Toutes les lumières s'éteignirent.

– Mauvaise pioche, Weasley ! s'écria Flint.

– Désolé.

La lumière se ralluma, et cette fois, à la deuxième tentative, les machine cessèrent de fonctionner. Sirius essaya alors d'ouvrir la porte de toutes ces forces. Mais la machine 6 ne céda pas. Le matériel étant extrêmement robuste – deutsch kalitat oblige.

– Vous avez des outils à nous donner ? demanda Sirius.

– Je vais voir ça, marmonna Rusard en partant d'un pas claudiquant vers la remise la plus proche.

Une fois partie, Flint jaugea les deux prisonniers d'un air sceptique.

– Tu crois que c'est qui, toi, qui l'a tué ?

– Moi ? s'étonna Sirius, un doigt sur le buste. Moi, je pense que c'est quelqu'un de putain de balèze. Vous avez vu comment le garçon est taillé ? Il doit peser plus de cent kilos. Imaginez un peu la force qu'il faut pour pousser quelqu'un là-dedans. Vous avez vu ses blessures en plus ? La bagarre a dû être épique.

– Mais on n'a pas entendu le moindre bruit, fit remarquer Flint. Je suis pourtant passé deux fois devant cette laverie pendant la soirée. Pas un chat en vue. Et regarde... (Il éclaira le sol impeccable de sa lampe torche) Pas une seule trace de sang. Donc soit le mec qui l'a tué est un putain de maniaque, soit il a un sens du détail irréprochable... soit...

– Il n'y a pas eu de bagarre, conclut Arthur.

Sirius manqua d'éclater de rire.

– Attendez. Vous êtes sérieux, là ? Quel genre de crétin rentrerait de son plein gré dans une machine à laver ?

Flint lui envoya une œillade transperçante.

– Goyle n'était pas connu pour être une lumière. Dommage que tu ne l'aies pas connu. Une grande perte pour l'académie des sciences.

Sirius se prit la tête entre les mains.

– Ok, admettons qu'il soit entré de son plein gré, dit-il. Il faut bien que quelqu'un soit venu fermer la porte et actionner le programme en cours, non ? ou vous allez me dire que ça aussi, il l'a fait lui-même ?

– Oui, il peut y avoir un meurtrier de plus dans cette prison, comme on peut l'avoir oublié là. En tout cas, c'est l'administration du pénitencier qui tranchera si c'est un assassinat ou non.

– Vous n'allez pas prendre des photos en guise de preuves ? s'étonna Arthur.

– Les parents de Goyle sont morts. Il n'a pas de frère ou de sœur et la société se contrecarre de lui comme de sa dernière paire de chaussures. Alors, sur ces belles paroles, vous allez prendre vos gentils petits outils, me démonter cette machine et m'extirper ce gros balourd de sa cachette.

Rusard revenait, poussant avec lui un chariot à outils.

– Deux heures, rappela-t-il. Pas une minute de plus.

Sirius soupesa un pied de biche, puis le cala dans l'interstice caoutchouteux de la portière. Arthur fit de même, tirant de toutes leurs forces. Au bout d'une dizaine de minutes, il y eut un 'crack' et la portière s'ouvrit tout à coup, déversant des trombes d'eau à leurs pieds. C'était comme si un lac rose les entourait. Rose, à cause du sang délavé de Goyle. Arthur et Sirius se lancèrent un regard avant d'attraper le colosse par le cou. Sa peau glissante rendait l'extirpation ardue. Sirius entendit un autre craquement, lui provoquant un horrible frisson. Il venait par mégarde de disloquer la colonne vertébrale du mort. Arthur saisit l'un de ses bras épais comme un tronc d'arbre et, au bout de pénibles efforts, l'énorme corps roula au sol, parmi l'eau rosâtre. C'était comme avoir participé à la naissance d'un éléphanteau.

– Beau boulot, les gars. Je ne manquerai pas de demander à Rogue de vous filer deux desserts ce midi, chantonna Flint. Maintenant, il faut mettre le corps sur ce brancard et l'emmener à la chambre froide.

Le soulever fut une charge atroce. Mais finalement, Arthur et lui y parvinrent. Les gardes n'eurent même pas la pudeur de couvrir le cadavre d'un drap. Pendant que Weasley poussait le corps pour l'emmener dans la salle de réfrigération avec Rusard, Sirius restait avec Flint dans la laverie. Il attrapa un jet d'eau et nettoya la cuve en profondeur, avec une moue dégoûtée. Une fois fait, il s'attaqua au sol. Il attrapa une serpillère et commença à essorer l'eau grenadine.

– Y'a des nuits comme ça..., soupira Flint avec fatalisme.

Sirius continua de nettoyer avec acharnement.

– Tu crois que Goyle s'était attiré des ennuis ? demanda Flint avec une lueur d'espoir.

– Je ne me mêle pas trop aux groupes, rappela-t-il. Pas envie que ce genre de saloperies m'arrive aussi. Je tiens à ma vie, aussi misérable soit-elle.

– Um, ouais, je comprends. Mais Goyle, il traînait pas avec ce pointeur de Malfoy ? J'ai entendu dire que la mère de Malfoy était une Black. Vous avez un lien de parenté ?

– Vaguement.

– Ce matin, Malfoy sera le premier interrogé, formula Flint, comme s'il n'avait pas entendu sa réponse. Il aura du souci à se faire... En attendant, on fait comme si rien ne s'était passé.

Sirius acquiesça. Alors la voilà la raison pour laquelle on l'avait appelé lui, plutôt qu'un autre. L'administration savait qu'il n'avait que peu d'amis dans cette prison, donc peu de chance pour que l'histoire se propage. Une fois le sol propre et la machine 6 enrubannée de rubans jaunes indiquant sa mise en hors service, Flint l'autorisa enfin à se laver les mains. Elles puaient le détergent, l'eau trouble, la rouille et le sang.

– Il te reste vingt minutes avant l'ouverture des cellules, dit le gardien tandis qu'ils remontaient dans les étages. Profites-en pour faire le vide.

Comment ? Il venait de voir un truc complètement fou ! Quand il retourna dans sa cellule, Lockhart était parfaitement éveillé. Il semblait même l'avoir attendu.

– Alors ? demanda son codétenu. Ils te voulaient quoi ?

– Une machine à laver a lâché pendant la nuit. Il y avait de la flotte partout à essuyer.

– Ah, dit Lockhart, déçu. J'imaginais un truc plus palpitant... Un truc que j'aurais pu raconter à mes lectrices.

– Pas de bol, répondit-il automatiquement. Une autre fois, peut-être.

– Ouais, peut-être, dit-il, accablé. Bon, je vais prendre ma douche. À plus tard.

Les portes des cellules de toute la prison s'ouvrirent en même temps pour lâcher les fauves. Lockhart partit en sifflotant, sa serviette de bain sur le bras et un peigne à bouts ronds coincé derrière l'oreille. Depuis qu'un type avait été poignardé avec une brosse à dents, celles-ci étaient distribuées par les gardes à chaque douche. Elles étaient à usage unique pour éviter que les criminels ne les transforment en objets mortels, juste histoire de tuer le temps. Sirius se demanda ce que James penserait d'une telle aberration écologique. Dans le fond, même si les agressions étaient inévitables, l'administration faisait tout pour les éviter... Comment Dolores Ombrage gérerait le meurtre de Goyle ? D'ailleurs, qui ici avait le pouvoir de l'assassiner sans que personne n'ait rien vu ou entendu ? Alors ouais, il ne croyait pas trop à la sorcellerie, mais il fallait avouer que le commanditaire de ce crime était un putain de magicien.

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Mot de l'auteur : Mmh, alooors, verdict ? Vous aimez ? C'est du caca boudin en bouteille ? Je suis vraiment surexcitée à propos de ce projet donc toute réaction est la bienvenue. Ce premier POV sur Sirius pose les bases de l'histoire. Même si le POV suivant sera sur quelqu'un d'autre, on continuera d'avoir des ''nouvelles'' de lui, donc pas de soucis à avoir de ce côté-là. D'une certaine façon, tous les points de vue sont liés. Des informations complémentaires seront délivrées sur mon groupe facebook « The Baba O'Riley » (images, schémas, musiques etc.). Alors n'hésitez pas à le rejoindre !

Aussi, j'en profite pour inaugurer le système de votes. À la fin de cette histoire, l'un des personnages principal sera libéré de la prison de Crawl Pills (pour X motifs, je trouverai bien une excuse). Mais c'est VOUS qui choisirez LE détenu que vous préférez voir libre. À chaque chapitre, vous pouvez voter pour l'un d'entre eux (même s'il n'a pas encore été mentionné à ce stade de l'histoire). Vous pouvez voter pour un détenu différent par chapitre, ou continuer à supporter le même tout au long de l'aventure ! Une fois votre vote envoyé, pas de machine arrière possible.

edit : UN SEUL DETENU sera libéré A LA FIN de cette fanfiction (je précise, pour ceux ne l'ayant pas compris comme ça). Mais vous pouvez par exemple voter au chap 1 pour bidule, au chap 2 pour machin et au chap 3 pour gudule. Bref, vous choisissez ! Je comptabiliserai les votes au fur et à mesure.

Voici la liste des détenus éligibles : (Sirius Black – Tom Jedusor – Blaise Zabini – Gilderoy Lockhart – Draco Malfoy – Arthur Weasley – Théodore Nott – Barty Croupton Jr. – Remus Lupin – Harry Potter – Severus Rogue). Une review = un vote.

Merci de m'avoir lu et à la prochaine,

D. Would.