Ces derniers temps, tu avais plus souvent les larmes aux yeux que le sourire aux lèvres. Tu combattais à mes côtés ou plutôt je combattais aux tiens. Tout se déroulait sous mes yeux et pas une seconde j'ai vu ce qui se passait. Toujours à obéir aux ordres de mon père, à vouloir le rendre fier, accomplir quelque chose sans penser que les actes les plus héroïques ne sont pas solitaires.

Et tout ce temps, tu étais là. J'étais aveugle. J'essaye de me le faire croire. Où ai-je tout vu mais je n'y ai pas cru ? Au fond de moi, je voulais quand même la gloire. Un futur roi doit se bâtir une réputation. Des actes. Tout à prouver, tout à mériter.

Et puis j'ai vu. Sa mort. Ta réaction. Tu savais qu'il était notre unique espoir. Mais tu t'es retourné. J'ai croisé ton regard et j'y ai vu bien plus. En fait c'est moi qui croyais à cet unique espoir. Pas toi. Derrière ta tristesse, il existait encore cette petite lueur qui me réconforta. J'étais perdu. Pas toi.

Le retour au château fut très silencieux mais j'en avais besoin. Ton visage appelait à la sérénité, l'espérance et me donna la force de poursuivre.

Te voilà encore à mes côtés. Il paraît que je nous ai sauvés. Heureusement que tu étais là.