Disclaimer : les persos ne m'appartiennent pas etc...

Genre : Yaoi, UA


Kiss me sweet

Il existe un nombre infini d'adages qui parlent de l'amour. Certains le qualifie d'éphémère, d'autres de transcendant. Pour beaucoup, il demeure insondable voir totalement mystérieux. Il serait donc vain de tenter de définir ce sentiment car nous nous retrouverions devant autant de théories que de personnes interrogées.

Mais malgré toutes ces facettes, un point semble revenir constamment.

Pour la plupart d'entre nous, l'amour reste indispensable à toute vie.

Nous le recherchons derrière chaque nouvelle rencontre, chaque sourire ou caresses d'un soir. Nous le désirons, nous l'espérons. Et lorsque enfin, il semble à portée de main, que nous arrivons à le ressentir jusqu'au plus profond de notre être, nous n'avons plus qu'une idée en tête, nous raccrocher à lui de toutes nos forces.

De ce fait, nous pourrions alors penser qu'une fois « capturé », l'amour nous est acquis, qu'il demeurera à jamais avec nous, nous accompagnant dans les bons comme dans les mauvais moments. Qu'il vaincra tous les obstacles sans jamais faiblir ou nous trahir. Que jamais il ne nous blessera.

Oui, nous pourrions le croire.

Mais cela ne ferait que nous aveugler jusqu'au jour où la dure réalité viendra émousser ce sentiment. Et notre certitude en la pérennité de l'amour commencera alors à vaciller.

D'innombrables doutes envahiront peu à peu notre esprit et finiront doucement par prendre le dessus.

L'amour commencera lentement à disparaître dans l'ombre de nos peurs.

A partir de cet instant, nous nous persuaderons que jamais plus nous tomberons dans le « piège » de l'amour, que notre cœur demeurera à jamais dur et froid.

Mais bien que nous soyons prêts à le jurer haut et fort, une toute partie de notre être continuera à espérer qu'un jour une nouvelle étincelle viendra à nouveau embraser cette partie de notre être.


Il pleut.

Les gouttes frappent avec force contre la vitre du salon.

Un jeune homme d'une vingtaine d'année est assis dans un fauteuil. Il regarde d'un air absent la ville grisâtre qui s'étend à ses pieds.

Il ne semble pas avoir conscience de l'obscurité dans laquelle il est plongé depuis maintenant plus de trois heures, ni de l'engourdissement de son corps dû à une position gardée bien plus que nécessaire.

Rien ne semble le toucher.

Il regarde le paysage sans le voir.

Il entend les bruits de la ville sans les écouter.

Il est là sans réellement le vouloir.

Son seul souhait, à ce moment précis, c'est de rester le plus immobile possible.

Ne plus bouger.

Ne plus penser à rien.

Et peut-être que comme ça, la douleur s'en ira.

La sonnette de l'appartement se met à retentir.

Il ne réagit pas.

Pas un seul frémissement, pas un seul regard.

Juste une parfaite indifférence.

Mais le carillon retentit une seconde fois…

Puis une troisième fois…

Jusqu'à ce que, lassé, le visiteur indésirable n'utilise les grands moyens.

Un cliquetis se fait entendre avant que la porte d'entrée ne s'ouvre, laissant la lumière agressive du hall chasser l'obscurité de l'appartement.

Une voix se fait entendre mais le jeune homme n'y prête aucune attention.

Il continue de fixer les lumières de la ville rendues diffuses par le brouillard et la pluie.

Loin de se laisser décourager par ce mutisme, le nouvel arrivant réitère son appel tout en se rapprochant du fauteuil.

Pendant quelques instants, le jeune homme paraît percevoir vaguement le bruit des pas sur le parquet en bois de son appartement. Mais très vite, il en fait abstraction.

Il ne veut pas les entendre.

Il ne veut pas retourner dans cette froide réalité.

Il veut juste qu'on le laisse tranquille, qu'on l'oublie pour que lui puisse oublier.

Mais la personne s'obstine. Elle est à présent agenouillée près de son fauteuil et continue de l'appeler d'une voix calme, presque douce, un peu comme si elle s'adressait à un enfant qu'elle aurait peur d'effrayer.

« Duo ? »

Aucune réaction.

« S'il te plaît, regarde-moi. »

Mais cette demande, chuchotée du bout des lèvres, ne semble pas trouver grâce aux yeux du jeune homme.

Alors, comme pour compenser le manque de réaction par un contact physique bien réel, une main vient se poser sur son avant-bras.

« Tu ne peux pas continuer comme ça Duo. Ca fait plus de trois mois. Tu vas finir par tomber malade. »

Etrangement, le contact sur sa peau le dérange car malgré la barrière des vêtements, il peut parfaitement sentir une douce chaleur l'atteindre.

Et il ne veut pas de cette chaleur.

Il préfère demeurer dans la froide indifférence qui l'habite. Elle le protège, l'empêche de réfléchir… de se rappeler… de souffrir.

Il tente de retirer son bras mais une pression plus importante lui ôte tout possibilité de fuite.

« Regarde-moi Duo. », continue la voix.

Mais l'interpellé ne semble pas enclin à obéir.

Le nouveau venu laisse un discret soupir de résignation franchir ses lèvres avant de se lever pour faire le tour du fauteuil. Il vient se placer juste en face de son ami.

« C'est la dernière fois que je viens te voir. »

Cette annonce ne semble pas avoir d'effet.

« J'ai essayé Duo, j'ai vraiment essayé. Mais malgré toutes mes tentatives, rien n'a changé. »

La voix se fait murmure.

« Je crois que tu ne veux pas être aidé. »

Le principal concerné se décide enfin à poser les yeux sur celui qu'il a toujours considéré comme son ami. Mais ce regard est vide de toute expression. Toute la force et la vie qui, autrefois, faisaient briller les iris améthystes d'un feu passionné, semblent aujourd'hui totalement absents.

Les deux hommes s'observent en silence durant quelques instants, cherchant peut-être, par ce simple échange, à se dire au revoir.

Mais l'invité « indésirable » finit par rompre le contact.

Sans plus une parole, il se dirige vers la porte d'entrée et pose sa main sur la poignée. Durant quelques secondes, il semble hésiter espérant sans doute une réaction de la part de Duo.

Mais rien ne vient.

Alors il quitte l'appartement, ne laissant derrière lui qu'un étrange silence.

Peu à peu, l'écho des pas s'estompent dans la cage d'escaliers et ce n'est que lorsque ce son s'est totalement éteint que Duo se décide enfin à quitter son fauteuil.

Avec lenteur, il traverse le salon. Il évite soigneusement les meubles. Ses yeux se sont habitués à l'obscurité.

Lorsqu'il atteint le hall d'entrée, il s'arrête quelques instants. Il semble attendre quelque chose.

Peut-être que son ami revienne ?

Mais il n'y a personne derrière sa porte.

Il le sait.

Comme il n'y a plus personne dans sa vie.

Sa main se lève et vient frôler le métal froid de la serrure. D'un geste, ses doigts tournent le loquet de sécurité. Bizarrement, ce simple acte lui apporte une certaine sérénité.

Maintenant, il sait ce qu'il lui reste à faire. Il l'a toujours su d'ailleurs… depuis ce jour. Il fallait juste attendre le moment opportun, celui où sa solitude ne représenterait plus une peur mais plutôt une fidèle compagne.

Duo se détourne de la porte et se dirige vers la cuisine.

Là aussi, il ne prend pas la peine d'allumer les lumières. A quoi bon d'ailleurs ? Il n'en a plus besoin. Ses pieds nus se posent sur le carrelage blanc, ne faisant aucun cas de la sensation de froid qui s'en dégage. Ce n'est qu'une fois devant le plan de travail, qu'il stoppe son avancée. D'un geste, qui ne laisse transparaître aucune hésitation, il ouvre l'un des tiroirs et y plonge la main. Il la ressort quelques secondes plus tard, laissant entrevoir la lame d'un couteau. Il referme ensuite consciencieusement le tiroir en prenant même garde de ne pas faire de bruit.

Il se laisse glisser doucement sur le sol, le dos appuyé contre le meuble de cuisine.

Et là, il attend.

Il prend le temps d'observer la pièce dans laquelle il a trouvé refuge. Il se souvient des bons moments. Des matins plein de douceur comme des soirées emplies d'éclats de rire.

Un sourire d'une mélancolie extrême se dessine sur son visage.

Il aurait aimé que cette période de sa vie ne prenne jamais fin.

Mais les évènements en avaient décidé autrement.

Le sourire disparaît sous l'afflux de pensées plus sombres, plus douloureuses.

C'est aussi dans cette pièce que tout a basculé.

La douleur est fugace.

Une sorte de violente brûlure qui lui déchire l'avant-bras.

Mais très vite, cette sensation est chassée par le battement frénétique de son sang qui s'écoule le long de son poignet.

Ses forces le quittent.

C'est rapide… très rapide. Beaucoup plus qu'il ne l'avait imaginé.

Une seconde brûlure s'en suit.

Cette fois, il n'y aura plus de retour en arrière possible.

Ses pensées s'envolent loin, très loin.

Il pense à ses amis, à ceux qui ont partagé sa vie.

Ils ne comprendront probablement pas son geste. Ils lui en voudront, le maudiront d'avoir été aussi lâche.

Mais la douleur qui l'habitait depuis plusieurs mois avait fini par prendre le dessus.

Il ne voulait plus avoir mal.

Il ne voulait plus être seul.

Pardonnez-moi… pardonnez-moi.


A suivre…