Bonjour bonjour! Voici une petite histoire qui me trotte dans la tête depuis un moment! Tout les personnages, hormis Lisbeth, appartiennent à la grande J.K. Rowling, mais l'histoire sort tout droit de ma petite tête! En espérant que ça vous plaise!

Naokii


Chapitre I

Toujours ensemble...

Le jeune homme la dévisageait, appréhendant sa réaction. Ses yeux, des pupilles d'onyx, ne trahissaient qu'une froideur extrême, ne laissant paraître aucune émotion malgré les circonstances. Ses longues boucles rendues blanches par des évènements qui lui étaient inconnus venaient encadrer un visage poupin parsemé des discrètes mais nombreuses tâches de rousseur. Ses lèvres trop pâles, légèrement pulpeuses, ses nez aquilin, tout dans son visage aspirait à la douceur, et pourtant elle ne reflétait qu'une austérité évidente. Mis à part son nom de famille, le jeune homme ne voyait pas ce qu'elle pouvait avoir en commun avec son défunt parrain. Même son teint était trop pâle. La directrice McGonagall les avait convoqués tous les deux dans son bureau, dans le seul but de les briefer sur la rentrée qui serait dans deux jours. En tant que nouveaux professeurs, lui, en Défenses Contre les Forces du Mal, et elle, en Potions, ils n'avaient pas le droit à l'erreur. Surtout pas lui, ancien Mangemort. Seulement, la mort de Severus Rogue était revenue sur le tapis alors que le professeur McGonagall s'inquiétait de l'état de ses nouvelles recrues. Le jeune Malefoy, puisqu'il s'agissait de lui, avait retenu un ricanement de mépris. Evidemment que son parrain lui manquait. Il lui devait tout. Mais sa nouvelle collègue, elle n'avait pas réagit. Pas un mot, ni un son. Elle s'était contentée de pâlir un peu plus. Pourtant, au vu de son nom de famille, elle était liée d'une manière ou d'une autre à l'ancien professeur de Potions. Lisbeth Rogue. Drago n'avait jamais entendu parlé d'elle avant de la rencontrer, une semaine auparavant, à une réunion des professeurs de Poudlard. Depuis ce jour-là, elle n'avait pas lâché un seul mot et ne s'était que très peu montrée, restant cloîtrée de ce qui était autrefois les appartements de Severus Rogue. Un bruit de déchirure le sorti de ses pensées. Les regards convergèrent de nouveau vers la jeune femme. Celle-ci tirait tellement fort sur la manche de son pull trois fois trop grand pour elle qu'elle venait d'en déchirer l'extrémité. Les yeux perdus dans le vague, elle se mordait frénétiquement la lèvre inférieure.

- Professeur Rogue? s'enquit le professeur McGonagall, tout va bien?

Drago avait retenu un frémissement. Professeur Rogue. Cela sonnait étrangement. Comme si son parrain s'était réincarné dans le corps de cette femme. La directrice eut un mouvement vers la jeune femme. Celle-ci, le regard impénétrable, recula, jusqu'à sortir en courant du bureau, sous les yeux étonnés des deux autres.

Elle était là, dans ce qui était autrefois ses appartements, recroquevillée par terre. "Toujours ensemble." Lisbeth sentit son cœur se serrer douloureusement. La promesse qu'il lui avait faite, d'être toujours ensemble, tournait en boucle dans son esprit, telle une désagréable litanie. Toujours ensemble. La jeune femme ricana, un sanglot lui bloquant la respiration, lui serrant la gorge. Toujours ensemble. Elle en rêvait, qu'ils soient toujours ensemble. Elle en rêvait tellement. Mais il n'était plus là. On le lui avait cruellement arraché, en même temps que son cœur et sa dernière lueur d'espoir. Certes, la guerre était finalement terminée. L'élu avait vaincu le Seigneur des ténèbres. Mais elle, elle était désespérément seule. En le perdant lui, Severus Rogue, elle avait tout perdu. En apprenant sa mort, suite à une lettre de Minerva McGonagall, elle était retournée en Angleterre pour terminer ses études en Potions avancées. En devenant professeure à Poudlard, elle avait l'infime impression de marcher sur les traces de son cher Severus. De le retrouver un tout petit peu. Toujours ensemble. Lisbeth sentit ses joues s'humidifier progressivement. Elle pleurait. Elle pleurait toutes les larmes de son corps cet être tant aimé et perdu pour toujours. Bientôt, de douloureux sanglots secouaient ses épaules et elle s'écroula sur le sol froid. Elle maudissait le professeur McGonagall d'avoir ravivé sa blessure. De lui avoir rappelé que c'était bel et bien fini. Qu'il n'était plus là. Qu'il était parti et ne serait plus jamais là pour l'aider. Pour la soutenir. Pour la gronder. Pour la faire rire. Pour la chérir. À présent, elle était seule, puisqu'il l'avait quittée à tout jamais. Respirant une grande goulée d'air, la jeune femme essuya rageusement ses larmes et se leva. D'une main tremblante, elle se saisit d'un verre et d'une bouteille de whisky pur feu. La boisson lui brûla l'œsophage, la faisant grimacer. Elle n'avait jamais été une grande amatrice d'alcool. Mais là, elle en avait terriblement besoin. Des coups portés à sa porte la firent sursauter. Qui cela pouvait-il bien être? Elle n'attendait jamais personne. Elle n'était pas du genre à se faire des amis. Priant pour que ce ne soit pas le professeur McGonagall, Lisbeth alla ouvrir. Drago Malefoy. Elle ne put réprimer une grimace en le laissant rentrer dans ses appartements. La jalousie qu'elle éprouvait depuis toujours à l'égard du blond lui tordit les entrailles. Elle n'acceptait pas qu'il est pu côtoyer Severus, là où elle avait été forcée d'étudier en France par sécurité. C'était ridicule, elle le savait, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher.

- Je suis venu voir comment tu allais, déclara son nouveau collègue. Tu es partie comme une furie, tout à l'heure. Et tu as massacré ta manche de pull, ajouta-t-il, moqueur, en désignant ledit pull.

Lisbeth ne répondit pas. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours tiré sur les manches de son pull lorsqu'une émotion trop vive la prenait. Le jeune Malefoy s'approcha d'elle, elle recula.

- Tu as pleuré, lâcha-t-il.

Elle haussa les épaules. Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire? Sa froideur était revenue, elle ne laissait plus rien paraître. Son nouveau collègue l'agaçait déjà. Il n'avait pas à se mêler de ses affaires. Drago s'appuya négligemment sur l'accoudoir du petit canapé. Le même qu'à l'époque où il était élève. Dévisageant la nouvelle professeure de Potions, il fronça les sourcils. Qu'avait-elle à voir avec son défunt parrain? Lisbeth devait avoir son âge, voire était même un peu plus jeune que lui, par conséquent, Severus Rogue était beaucoup plus vieux qu'elle. Vingt ans, au moins, ça faisait beaucoup. Elle n'était donc pas sa femme, ou une quelconque petite amie ou fiancée. Elle aurait pu être sa fille. Mais jamais Severus Rogue n'avait évoqué une femme partageant sa vie, quelqu'en soit la manière. Cela troublait le jeune Malefoy. Il n'avait jamais apprécié être ignorant de quoi que ce fut.

- Qui es-tu? demanda-t-il de but en blanc.

La jeune femme sursauta, avant de ricaner. Etait-il donc idiot?

- Lisbeth Rogue, se moqua-t-elle. On a été présentés l'un à l'autre il y a quatre jours. Tu ne t'en souviens pas?

Drago se renfrogna. Certes, elle lui parlait pour la première fois, ce qui était en soit une grande avancée au vu du caractère de la jeune femme, mais elle l'envoyait bouler. C'était assez vexant.

- Tu sais très bien ce que j'ai voulu dire, maugréa-t-il. Qui es-tu pour lui? Severus ne m'a jamais parlé de toi.

Ces derniers mots furent comme un coup de poignard enfoncé en plein cœur pour Lisbeth. Severus n'avait jamais évoqué son existence? Elle se sentit blessée. Pourquoi? Pourquoi n'avait-il pas parlé d'elle? Pas pour la protéger, les mangemorts connaissaient très bien sont existence, leur dernière rencontre avait laissé en elle une marque au fer rouge, aussi bien littéralement que métaphoriquement parlant. Alors quoi? Une colère sourde glaça son sang dans ses veines. Arborant de nouveau se masque froid et menaçant qui faisait sa force, elle toisa le blond d'un regard meurtrier.

- Dehors, éructa-t-elle.

Drago fronça les sourcils. Cette fille avait vraiment un don pour se rendre antipathique. Un peu comme Severus, songea-t-il. Vexé et énervé, il quitta les appartement de la jeune femme sans un regard pour elle mais avec l'intime conviction qu'ils ne s'entendraient pas.

Toujours ensemble, lui avait-il promis. Lisbeth se mordit violemment la lèvre inférieure. Drago venait de partir, la laissant seule avec sa peine et son deuil. Toujours ensemble. Severus lui avait toujours affirmé qu'il l'aimait et n'avait absolument pas honte d'elle, qu'elles que soient ses origines. Même après son dernier séjour involontaire chez les mangemorts qui avait tourné au drame et les avait tous les deux profondément marqués. Alors pourquoi n'avait-il jamais parlé d'elle à son filleul? Elle, connaissait tout, ou presque, de l'insupportable gamin qu'avait pu être Drago Malefoy. Lisbeth n'était-elle pas assez bien pour lui? Elle soupira, étouffant un sanglot. Venir enseigner à Poudlard n'était, finalement, peut-être pas une si bonne idée. Tout le ramenait à lui, qui avait sacrifié sa vie pour un adolescent qu'il ne supportait pas. Depuis le départ de Malefoy, elle ne décolérait pas. Mais en songeant à Harry Potter et à toutes les personnes qu'il avait sacrifiées, une colère sourde l'envahit. Il ne valait pas mieux que Voldemort. Ces deux-là lui avaient tout pris. L'un avait littéralement violé son honneur, l'avait bafouée, souillée et détruite. L'autre avait provoqué le décès de la personne qu'elle aimait le plus au monde. Car, même si finalement, c'était Voldemort qui avait sauvagement assassiné Severus, Lisbeth restait persuadée que sans Potter, le défunt professeur serait encore là. Et pour cela, elle haïssait le Survivant presque autant que le Seigneur des Ténèbres. Doucement, elle alla rejoindre sa chambre. Elle n'irait pas manger ce soir, elle n'avait pas faim. Sur sa table de chevet, se trouvait une photo, encadrée. La seule photo qu'elle ait où ils figuraient tous les deux, elle et Severus. Elle avait été prise à Paris, lors du Noël de ses quinze ans. Elle riait aux éclats, emmitouflée dans la vieille écharpe Serpentard de Severus. Lui était juste un peu moins renfrognée que d'habitude. Elle se souvenait qu'ils avaient demandé à un passant moldu de prendre la photo. L'écharpe de Severus ne l'avait plus quittée depuis ce jour-là. Lisbeth sourit doucement, des larmes silencieuses inondant ses joues. Elle se saisit de l'écharpe en question et s'enroula dedans, avant de se recroqueviller sur son lit. Severus lui manquait. Terriblement. Et il lui manquerait probablement jusqu'à ce que sa propre mort survienne. Toujours ensemble. Elle aurait tant aimé que ce soit vrai. La jeune femme avait passé la plus grande partie de sa vie aux côtés de Severus. Il avait été sa raison de vivre. Il l'était toujours. Mais il était parti. Elle se souvenait que, lorsqu'elle était enfant, il venait lui passer la main dans les cheveux quand elle pleurait. Il ne le ferait plus. Elle tenta de retrouver cette sensation de bien-être et de sécurité qui l'envahissait lorsqu'il la prenait dans ses bras en enfouissant son visage dans l'écharpe. En vain. Elle ne ressentirait plus jamais une telle sensation. Il ne la prendrait plus jamais dans ses bras. Parce qu'il était parti. De nouvelles larmes affluèrent derrière ses paupières closes. Elle voulait le revoir. Elle n'avait même pas pu lui dire au revoir. Et, comble du malheur, ils s'étaient séparés sur une dispute. Dispute au sujet de Harry Potter. Un sanglot lui coupa la respiration. Elle voulait le revoir, lui dire qu'elle avait tord et qu'il avait raison, lui dire qu'elle aimait, lui demander de rentrer à la maison, en sécurité. A la maison. Lisbeth ne se sentait plus en sécurité, dans la petite maison qu'ils habitaient autrefois. Elle n'y voyait plus que sa mort, son absence. Quand elle était rentrée en Angleterre pour son… enterrement. Elle n'avait pas pu rester plus de deux jours chez eux. Elle avait dû louer une chambre dans un hôtel miteux tenu par une vieille dame acariâtre digne de Baba Yaga jusqu'à son arrivée à Poudlard. Mais ici encore, tout lui rappelait qu'il n'était plus là. Quand le professeur McGonagall lui avait proposé de voir son portrait, elle avait refusé. Elle ne pouvait pas. Elle n'y arrivait pas, malgré ses nombreux efforts. Comment survivre lorsque la personne qui vous maintenait en vie depuis aussi longtemps que vous puissiez vous en rappeler quitter définitivement votre vie? Lisbeth ne savait pas. C'est pour cela que, depuis qu'elle avait reçu son avis de décès, elle dépérissait. Vivre sans lui était trop dur. La jeune femme soupira, se glissa sous ses draps et s'endormit sur ces sombres pensées, espérant aller mieux le lendemain.

A suivre...


Voilà! C'est dommage, ça paraissait beaucoup plus long sur World...