Il y a des combats que l'on sait perdus d'avance, de ceux dont on ne peut triompher. Comme attaquer le quartier général de la marine à neuf. Il y en a d'autre qu'on sait que l'on peut gagner, ceux qui vous font puiser dans vos dernières forces, ceux qui par votre seule volonté, face à votre corps épuisé, vous remportez.
Et il y a les autres, ceux auxquels on ne sait pas à quoi s'attendre, c'était au cours de l'un de ceux là que c'était retrouvé séparé l'équipage au chapeau de paille. L'ennemi, provenant d'une étrange île du Nouveau Monde, les avait abordés dès qu'ils avaient jeté l'ancre dans le magnifique lagon qui entourait la grande terre, formé d'un pic en son centre recouvert d'épaisses forêts dont parfois s'échappait la fumée blanchâtre de cheminée.
Mais le roi de ce pays n'aimait pas les intrus, aussi son armée, composé en grande partie d'utilisateur de fruit du démon s'était précipité sur eux, sans leur laisser le temps de s'organiser.
Comme à son habitude, Luffy avait foncé dans le tas, très vite suivi de Zoro et Sanji, alors Franky descendait en soute faire le plein de cola pour déclencher en urgence un coup de burst alors que le reste de l'équipage couvrait de toutes parts le navire déjà encerclé.
Du haut du mât, Brook s'occupait des attaques aériennes, endormant ses ennemis qui tombaient à la mer. Nami et Usopp se chargeaient de l'arrière du bateau, à coup de bille verte fatale et de thunder bolt tempo, alors que Chopper et Robin veillaient respectivement sur les côtés bâbord et tribord.
C'est alors que l'erreur se produit, Luffy tomba à l'eau, ou plutôt il y fut projeté par une attaque suicide d'un étrange renard semi-humain, qui tomba avec lui.
Pas un instant le sabreur n'hésita, il sauta de son perchoir (le reste du navire ennemi qui avait succombé sous les coups de poing, de pied et de sabre) et alla sauver son capitaine de la noyade. Ce qui distrayait un instant le cuisinier, un instant de distraction fatale, face à la jeune femme tigre qu'il tentait tant bien que mal d'empêcher d'approcher sans la blesser. Il sentit un violent coup à la nuque, sa vision se flouta, il s'écroula sur le bois fendu du bâtiment, à la merci de ses adversaires.
Dans l'eau, Zoro se rendit compte de son erreur, un homme poisson l'attendait, et il ne pouvait le combattre à pleine puissance en devant soutenir son capitaine devenu une enclume. Il n'eut pas le temps, de toutes ses forces, il jeta Luffy sur le pont du Sunny et se reconcentra sur son ennemi.
Il avait disparu, le sabreur pivota dans tous les sens, pas moyen de savoir où était passé cette saleté de poiscaille. Il refit surface, sortant de l'eau sur un morceau de coque, en équilibre précaire. Cela lui permit d'évaluer la situation, les Mugiwaras parvenaient aisément à repousser les assaillants, aucun ne posait le pied sur le pont de leur navire.
La banane bleue de Franky lui indiqua qu'ils étaient prêts à décoller, mais quelque chose manquait. Une créature blonde avec des sourcils spiralés. Le vert jeta un coup d'œil en arrière, il le vit à terre, une lame sous la gorge comme une menace à son égard.
Il soupira, même inconscient, il trouvait un moyen de l'emmerder !
Mais il ne devait pas entrainer ses nakamas avec lui, aussi faisait-il la seule chose qui lui sembla logique à ce moyen-là. Il empoigna le shuusui et l'envoya se planter dans le mât. Nami comprendra le message, elle aurait suffisamment de jugeote contrairement au capitaine pour partir sans eux.
Le bretteur vint par la suite sur le pont détruit du bâtiment ennemi, comprenant sans un mot qu'il devait se rendre. Une chose qu'il détestait faire, mais pour la vie de son nakama, il ferait n'importe quoi. Après tout il s'était juré de les protéger, avec leur capitaine au moment où chacun les avait rejoints. C'était le rôle du second, c'était son rôle et il l'assumera jusqu'au bout.
Ses fourreaux heurtèrent durement le bois, dans un fracas métallique, accompagné du rire satisfait des attaquants alors que derrière résonnait le bruit caractéristique du coup de burst.
Le bretteur fermait les yeux, juste après avoir reçu un coup de pommeau dans la nuque, se jurant de faire payer ce coup-là au cuistot.
Ce ne fut ni son mal de crâne, ni le peu de blessure qu'il avait reçue lors de son combat qui le tirèrent des brumes du sommeil dans lequel on l'avait plongé, mais le bruit des cliquetis de chaine ainsi que le râle d'un certain blond.
« Oï l'algue, tu m'entends ?
- Ouais cuistot de pacotille »
Il ouvrit les yeux péniblement sur une cellule en pierre noire, dans laquelle résonnaient les jurons de son nakama sur une algue marine qui n'avait pas à s'en prendre à sa cuisine s'il n'était pas foutu de trouver son chemin dans un couloir en ligne droite.
Il n'y prêta pas attention, fixant la torche qui vacillait derrière de lourds barreaux de fer. Tirant un peu sur les chaines qui retenaient ses poignets aux murs, pour apercevoir l'escalier dont provenait ce vent de liberté. À moins il n'était pas enfermé profondément sous terre, s'échapper devrait être facile une fois débarrassé de ces chaines.
Le vert fixa un instant le blond, il n'avait pas l'air blessé à l'exception d'un filet de sang séché sur son crâne.
« Oï Marimo, tu comptes rester là ?
- Je vois pas pourquoi on s'inquiéterait Luffy et les autres vont venir te chercher, repose-toi
- J'ai pas besoin de dix-huit heures de sommeil contrairement à toi, bretteur de mes deux ! Et je ne laisserai pas Nami-chérie et Robin d'amour se mettre en danger pour moi !
- Bin, tu m'appelles dès que tu t'es débarrassé de tes chaines »
Là il avait marqué un point, d'autant que si ses jambes étaient libres, ce n'était pas le cas du blond. Leur hôte n'était pas stupide.
Le cuistot fit quelques mouvements, mais avec si peu d'allonge disponible, impossible de mettre un coup de pied suffisamment puissant pour briser le métal. À côté de lui, le sabreur dormait déjà, pas inquiet pour un sou.
Sanji savait qu'il ne s'était pas fait prendre d'une façon aussi stupide que lui, même si jamais il ne pourrait blesser une femme, il savait que c'était son point faible, alors que faisait l'algue là ?
« Zoro ?
- …
- Zoro !
- …
- Bordel tu vas me répondre bretteur à la noix !
- Quoi ?
- Pourquoi t'es ici ?
- Parce que je ne suis pas dehors
- Putain ça j'ai vu ! … mais tu t'es quand même pas fait capturer ?
- Tu rêves ouais, je suis là pour veiller à ce que tu ne fasses pas n'importe quoi ! »
Le cuisinier n'en rajouta pas, il ne le dirait jamais, mais il était content de ne pas être seul ici, même si c'était avec l'algue terrestre. Et il se doutait que celui-ci avait fait comme à Thriller Bark, veiller sur l'équipage.
Il soupira un instant, il avait envie d'une clope, mais n'en trouva pas en fouillant ses poches. Ces enflures avaient pris le soin de les dépouiller.
Des pas résonnèrent dans l'escalier, des talons frappaient la pierre dans un rythme régulier. Une jeune femme magnifique aux longs cheveux blonds en cascade et aux sombres yeux violets, accompagnée de deux armoires à glace venait voir les prisonniers.
« Salut mes chatons, j'espère que vous apprécier l'hospitalité du compte de Vidüir
- Oh charmante demoiselle, comment ne pourrais-je apprécier la si belle vue qui s'offre à moi, quel est votre nom beauté ?
- La ferme, Baka Cook
- Qu'est ce que t'a dit l'algue terrestre ?
- Je t'ai dit de la fermer ! Love Cook ! C'est pas le moment de te comporter en parfait imbécile que tu es !
- Je vois que c'est le grand amour entre vous deux, commenta la jeune femme, tant mieux ça n'en sera que plus jouissif
- Hein ?
- Hein ? »
Sans un mot, les deux gardes du corps ouvrirent la porte, s'emparèrent de Sanji et repartirent, sans que les deux Mugiwaras ne puissent faire quoique ce soit.
« Ne t'inquiète pas, souffla la femme avec un sourire sadique, je te le rendrais intact, mais tu regretteras vite sa présence quand il te fera endurer mille supplices »
