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Iruka soupira lourdement. Sa première et unique journée au bureau des missions avait été un véritable enfer, peuplé de Jônin et de Chûnin incapables de lui rendre ne serait-ce qu'un seul rapport décent. Il avait été particulièrement indulgent au début. Tout frais arrivé, il ne se sentait pas à sa place pour leur faire le moindre reproche. Mais après un énième rapport souillon, rendu avec négligence, Iruka en eut assez, et son habituelle exigence prit le dessus sur sa timidité. À partir de ce moment, le bureau des missions devint la scène principale des exaspérations de colère du jeune oméga. Jamais autant de ninja ne s'étaient fait (gentiment) réprimander en un jour et jamais personne n'avait quitté le bureau aussi rapidement, leur papier toujours en main, la tête baissée. Son résumé de la journée fut la constatation de l'administration désastreuse et lamentable du rendu de missions. Il comprenait enfin pourquoi les archivistes étaient toujours remontés contre les ninjas quand il les croisait dans les couloirs du bâtiment central. De fait, parce qu'il était convaincu que le bien-être collectif commençait par de petites actions, Iruka s'était mis en tête d'informer l'Hokage de ses observations. Iruka savait faire marcher ses contacts quand il sentait que c'était nécessaire, et quel autre contact que l'Hokage lui-même, l'homme le plus influent et Alpha le plus puissant, pouvait lui permettre d'atteindre son objectif ?

C'était donc d'un pas pressé qu'Iruka se dirigeait vers le bureau du Sandaime. Après tant d'années à y être allé pour se faire passer un savon, ses pieds connaissaient le chemin. Certes, Iruka était un oméga, mais il avait toujours été d'une nature rebelle, ce qui l'avait poussé à toujours faire preuve … d'originalité … dans la connerie monumentale dont il avait été capable dans son adolescence. Il toqua fermement. La voix du vieil Hokage lui donna la permission d'entrer, ce qu'il fit d'un pas assuré. Son assurance s'envola bien vite en constatant que l'Hokage n'était pas seul et qu'il semblait arriver en plein milieu d'un rapport oral d'une mission Anbu. Les deux membres de la célèbre branche secrète, qui étaient devant le bureau de l'Hokage, se tenaient droit comme des i et semblaient sur le qui-vive à son approche. Il est vrai que pour des Alpha comme ces deux-là, son odeur phéromonale devait leur titiller les narines. En réponse, une légère odeur de musc sauvage s'éleva jusqu'à son nez délicat. Il dut se faire violence pour ne pas montrer son malaise interne.

— Umino Iruka, le Chûnin dont je n'ai pas arrêté d'entendre parler depuis ce matin. Il semblerait que tu aies traumatisé et agacé un certain nombre de mes ninjas aujourd'hui au bureau, pouffa-t-il, que puis-je faire pour toi ?

— J-Je peux repasser si vous préférez ...

Il se fustigea intérieurement. Il n'aimait pas se trahir et montrer qu'il était intimidé.

— Mais non tu ne me déranges en rien voyons ! ricana-t-il doucement, comme s'il n'avait pas interrompu deux de ses meilleurs éléments pour lui.

Il ne les congédia pas, malgré le malaise visible d'Iruka. Le vieil homme semblait grandement s'amuser de toute la situation. Piqué à vif, prêt à relever le challenge silencieux du Sandaime, Iruka s'approcha. Bien trop fier pour penser à sa sécurité, Iruka vint se tenir entre les deux dominants, les ignorant sciemment, concentrant son regard et son énergie sur l'Hokage. Ce dernier lui renvoyait un sourire franchement amusé derrière sa pipe qu'il fumait comme un boute-en-train. Un brin de malice pouvait se lire dans son regard usé.

— Eh bien, Hokage-sama, je suis venue vous voir à cause du bureau des missions, lui répondit-il avec déférence.

— Ah ?

— J'aimerais vous toucher deux mots sur la manière dont vos ninja se fichent éperdument du travail administratif … dit-il en jetant un oeil aux deux Anbu figés comme des statues à côté de lui.

— Je t'en prie Iruka, tu peux continuer à parler en leur présence, ton observation restera un secret confidentiel entre nous, ironisa le vieil homme.

— Eh bien, les rapports rendus au bureau sont dans un état déplorable pour commencer. Je ne m'étonne plus du pourquoi les archivages des rapports prennent autant de temps, même mes élèves les plus souillons écrivent mieux que certains ninjas ! Et quand je dis « rapport », je devrai davantage dire « torchon » ! Si vous aviez eu entre les mains ce que j'ai vu, vous n'en reviendriez pas Hokage-sama…

L'Hokage tira une bouffée de sa pipe qu'il exhala tranquillement en regardant calmement Iruka qui s'évertuait à défendre sa cause. Il pouvait sentir qu'un certain amusement traversait les deux compères silencieux, au même titre que lui-même.

— Et que proposes-tu pour remédier à cela ? lui demanda-t-il.

Loin de se décontenancer, Iruka répondit :

— pour commencer, il faudrait leur rappeler gentiment qu'une mission s'accomplit avec sérieux jusqu'au bout, ce qui implique également la rédaction du rapport, car ce qu'ils bâclent rend la classification des archives beaucoup plus difficile et donc, dans une certaine mesure, handicape le village. Ensuite, s'ils n'écoutent que d'une oreille discrète, il faudrait rendre cette dernière plus attentive sous la forme de malus et de retard de paie selon si leur rapport est plus ou moins conforme à ce qu'on attendrait niveau propreté pour un rapport de mission. De plus, ça obligerait toute cette bande d'incapable à traiter avec moins de condescendance les collègues qui restent au village pour les tâches administratives !

Au fur et à mesure qu'il exposait son propos, Iruka ne s'aperçut pas que l'Hokage affichait un sourire de plus en plus franc et résolu. C'est une fois son discours achevé sur les directives qu'il avait envisagées qu'il commença à avoir des suées, parce qu'il sentait que son dévouement et son attachement à la rigueur l'avaient conduit droit dans un piège dont il ne pouvait plus se dépêtrer.

— Tu as totalement raison Iruka, la situation peut tout à fait être arrangé, et puisque tu sembles y avoir beaucoup réfléchi, je te charge de faire appliquer cela, en mon nom, au bureau !

Un silence s'abattit à la suite de cette annonce. Iruka, tout penaud, cligna des yeux comme pour se réveiller.

— Moi ? Mais, Hokage-sama, je suis déjà instructeur à l'académie, comment voulez-vous que je trouve le temps pour-

— Tu t'occuperas du bureau après que la fermeture de l'école, et tu superviseras les autres intendants pour qu'ils puissent s'occuper de la gestion en ton absence.

— M-mais je suis sûr qu'il y a des personnes beaucoup plus habilitées à-

— Tut tut tut, mon cher Iruka, tu avais l'air si enthousiaste à l'idée de changer les choses. De plus, tu as fait forte impression cet après-midi, par conséquent je sais que tu réussiras à te faire obéir même des plus récalcitrants de mes ninjas. Et puis, je sais que tu te serres la ceinture en ce moment pour satisfaire les besoins de Naruto, une compensation financière pour tes heures supplémentaires ne serait-elle pas la bienvenue ? Elle sera, bien entendu, ajoutée à ton salaire d'enseignant instructeur et à celui que tu auras à mi-temps pour administrer le bureau …

"Quel coup bas" pensa le brun. Hiruzen savait pertinemment quel était son point faible et n'avait pas hésité à l'exploiter pour s'assurer de son consentement. Il ne pouvait plus dire non à qui que ce soit lorsque le nom de "Naruto" était évoqué. Il ne pouvait pas nier que son salaire tout à fait satisfaisant en vivant seul, fondait comme neige au soleil avec Naruto à sa charge depuis deux ans.

— Je n'ai plus vraiment le choix je suppose, soupira-t-il, j'accepte cette promotion chronophage, mais vous me laissez carte blanche dans la gestion du problème, exigea-t-il.

— Bien entendu, tant que tu ne les tues pas, pouffa le vieillard derrière sa pipe.

Iruka rougit et nia évidemment le prédicat. Il savait que ses colères pouvaient parfois le rendre un peu effrayant et très impulsif, mais pas de quoi traumatiser des ninjas diplômés. Il fut congédié par l'Hokage et partit, à demi satisfait par la réunion avec Sarutobi-san. Il laissait derrière lui deux Anbu qui ne cillèrent pas. C'est au moment de se retirer que l'un des deux pensa à haute voix :

— Umino Iruka-san … ne ?

Hiruzen haussa le sourcil gauche, intrigué par la réaction suscitée chez lui.

— En effet, c'est bien lui … y a-t-il un problème ?

— Non Hokage-sama, je le trouve juste … intéressant.

— Hm, intervint son compagnon

L'Hokage fronça les sourcils puis se détendit. Iruka semblait avoir vraiment attiré l'attention aujourd'hui. Il attendait avec impatience la suite des événements des prochaines semaines, où le reste de la population ninja de Konoha allait découvrir qui était son fameux protégé, Iruka Umino.