Coucou, je sais ne pas encore avoir posté la suite de Between Sai and Me. Mais j'ai un two-shots en tête depuis un certain temps. J'espère que vous aimerez.
Attraction-Répulsion
Quelques rayons venaient chatouiller la joue d'un jeune homme aux mèches blondes étendu dans le lit dont les draps sans dessus-dessous donnaient la preuve d'une nuit agitée. Hikaru cligna des yeux avant d'étendre un bras en coupe sur son visage pour se protéger du jour qui filtrait entre les rideaux de sa chambre. Il n'avait aucunement envie de se lever, il se sentait las, fatigué de tout et c'est avec un gros soupir qu'il se résigna à se surélever pour faire cesser la sonnerie stridente du réveil et pour s'asseoir quand sa mère pénétra dans ce qu'elle appelait à présent « sa tanière ».
Les premiers jours après qu'il ait compris que Sai avait définitivement disparu, il n'avait plus eu la force de bouger de sa chambre, de sortir, c'était à peine s'il daignait se lever le matin. Sa mère s'en était vivement inquiétée. Son état apathique l'avait même fait pleurer et il avait cherché à faire des efforts pour reprendre les cours. Depuis, une sorte de rituel s'était instauré et elle entrait toujours dans sa chambre le matin pour échanger quelques mots avec lui et en quelque sorte lui apporter son soutien pour l'aider à supporter une situation dont elle n'avait même pas connaissance. Certes, il ne voulait pas lui faire de peine mais il souhaitait pouvoir être seul. Il ressentait un certain plaisir à se faire souffrir, se disant que ce n'était que la juste réparation de ce qu'il avait fait subir au fantôme.
Elle leva un regard préoccupé vers lui et releva tout de suite les yeux bouffis à la fois par trop de larmes et par le manque de sommeil du jeune semi-blond. Hikaru intercepta ce regard et il supposa qu'il devait réellement avoir une tête d'enterrement car elle était en adéquation avec la situation qui perdurait depuis une semaine. Sauf qu'il n'avait toujours pas fait le deuil de l'absence de Sai à ses côtés, ni du comportement égoïste qu'il avait pu avoir envers ce dernier.
Voyant visiblement que son fils était perdu dans ses pensées, Mitsuko le rappela à l'ordre.
« Hikaru, tu devrais te dépêcher, j'ai préparé ton petit-déjeuner sinon tu vas être en retard à l'école
-Je n'ai pas faim ! répliqua d'une voix un peu rauque le semi-blond mais ferme.
-Hikaru, quand vas-tu arrêter avec ce comportement ? » Son ton était clairement réprobateur. Néanmoins cela ne sembla pas émouvoir son fils qui passa devant elle sans lui répondre pour se rendre dans la salle de bain. Il fit semblant de ne pas entendre le profond soupir qu'elle laissa échapper, signe qu'elle pensait ne plus avoir en main les moyens de le faire sortir de sa détresse.
Quand il eut terminé de s'habiller, il descendit les escaliers et vit que sa mère était en train de lui préparer un bentô. Sans un mot, il mit ses chaussures, enfila son sac à dos avant que la porte ne se referme en un claquement sec.
Sa mère se précipita pour l'appeler mais il ne s'arrêta pas. Mitsuko Shindô referma la porte, s'y adossa et éclata en sanglots. Où était donc passé son fils qui rayonnait la joie de vivre ? Que s'était-il donc produit pour qu'il plonge dans cet état quasiment dépressif au point qu'il en vienne à perdre l'appétit ?
Et surtout pourquoi cette subite décision de reprendre le lycée ? Pourquoi avait-il arrêté de se rendre à l'Institut de go ?
Elle avait tenté d'établir un dialogue mais Hikaru restait complètement sourd à ses questions. C'était à peine si elle avait conscience de s'il l'entendait. Il semblait toujours perdu dans des pensées moroses et cela ne s'arrangeait guère avec le temps.
Quelques instants plus tard, le téléphone sonnait. Elle essuya ses larmes et inspira un bon coup avant de décrocher. Il s'agissait du directeur de l'Institut.
« Je crois que mon fils ne se sent pas très bien, il sera encore absent aujourd'hui. Veuillez l'en excuser » leur dit-elle sur un ton désolé.
Quand elle raccrocha, des larmes perlaient de nouveau à ses cils
****
« Ah Hikaru !! » S'écria une voix qu'il pouvait reconnaître entre mille. Il sentit un frisson lui parcourir l'échine et il se demanda pourquoi on ne voulait pas le laisser tranquille. Il pressa le pas espérant pouvoir échapper à son amie d'enfance mais celle-ci se mit à courir pour le rattraper.
Il se fit violence pour lui adresser la parole.
« Ah salut Akari, que veux-tu ? » demanda-t-il d'un air ennuyé.
La jeune fille sentit son cœur se serrer devant la froideur de celui avec qui elle partageait tout depuis tant d'années. Elle l'avait vu s'éloigner d'elle un peu plus chaque jour mais habituellement il était insolent, taquin, un peu méchant peut être avec elle mais elle avait toujours su qu'il ne le faisait pas volontairement alors que là il souhaitait lui faire comprendre véritablement qu'elle le dérangeait.
Elle brandit un exemplaire du Weekly Go et lui montra une page.
« Pourquoi est-ce qu'il est écrit que tu es forfait pour tes trois dernières parties ? Qu'est ce que ça veut dire» lui demanda-t-elle anxieuse.
Il ne jeta qu'un coup d'œil furtif sur la ligne que lui présentait son amie. Il avait néanmoins eu le temps de lire que Tôya allait bientôt affronter l'Oza Zama. Il commençait déjà à évoluer dans les hautes sphères du monde du go et il ressentit de la culpabilité à l'idée de l'avoir privé de pouvoir jouer contre Sai à jamais.
Il se demanda même comment l'idée saugrenue qu'il puisse être un jour de leur niveau avait pu le traverser.
Il détourna le regard et fit volte-face en répondant d'une voix sèche.
« Si tu ne comprends pas un mot, tu n'as qu'à chercher dans le dictionnaire ».
Il leva les yeux pour graver son expression choquée dans sa mémoire. Puis il reprit son chemin jusqu'à la salle de cours, certain qu'à présent, elle ne l'approcherait plus.
Il s'assit en attendant que le professeur arrive. Au bout de quelques minutes, le cours d'histoire l'ennuyait parfaitement en plus de lui faire avoir mal au cœur. Il se sentait fébrile, quelque peu nauséeux et décida de dormir. En quelques minutes, il s'assoupit.
Une voix grésilla dans un haut-parleur, perturbant son sommeil d'autant plus que le semi-blond sent une pression s'exercer sur son bras. Il ouvrit avec difficulté les yeux pour se retrouver nez-à-nez avec le regard mécontent de son professeur. Tout le monde semblait alors le regarder mais il n'eut pas la décence de rougir.
« Monsieur le principal vous demande dans son bureau » siffla le professeur, se demandant vraiment jusqu'où la décadence des jeunes allait aller.
Hikaru se leva donc, bailla bruyamment quand il sortit de la salle tout en se demandant ce qui va encore lui tomber sur le dos.
Quand il poussa la porte du bureau du principal, il détesta derechef le sourire accueillant, prévenant, empli de pitié de celui-ci. Il n'était pas malade, merde, il n'était pas suicidaire non plus alors qu'on cesse de vouloir se montrer gentil avec lui et qu'on le laisse enfin tranquille bon dieu de merde !
« Bonjour Shindô-kun, je voulais avoir une discussion avec toi. Je t'en prie, assieds-toi »
Hikaru s'assit dans le fauteuil désigné par le principal et ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil circonspect dans la pièce. Des meubles de qualité tous quasiment en cuir.
« Alors comment se passe ton parcours dans le monde professionnel du go. J'avouerai au départ avoir été étonné que tu deviennes si rapidement insei et même professionnel. A ce qu'il m'a été donné d'entendre, tu as vraiment un don »
Il haussa les épaules, après tout, il pouvait bien penser ce qu'il voulait, il n'était pas obligé de lui répondre.
« Mais j'ai cru comprendre que dernièrement, tu n'y étais plus retourné. Ta mère m'a aussi confié que tu semblais très déprimé. S'est-il passé quelque chose ?
-Sauf votre respect, il me semble que cela ne vous regarde en rien. »
Le sourire qu'arborait le principal était nettement moins accueillant à présent. Il s'appuya contre son bureau, posant son menton sur ses mains croisées pour river son regard à celui d'Hikaru,
« Je pense que tu es en train de gâcher un bel avenir pour je ne sais quelle raison Shindô-kun. Que tu inquiètes beaucoup tes parents et que si cela continue, tu devras faire l'objet d'un suivi psychologique pour ton propre bien.
-Je n'ai pas besoin d'un foutu psy ! Je vais très bien » se mit en colère Hikaru.
Il commença à trembler, sentant qu'il était à bout de nerfs. Si cela continuait, il allait se mettre à pleurer.
« Je veux juste qu'on me laisse tranquille et faire mes choix, vous pouvez comprendre cela ? s'écria-t-il en fermant les yeux pour endiguer le torrent de larmes qui menaçait de s'écouler.
Le principal posa une main sur son épaule et la serra doucement.
« Je vais demander à ce que l'on t'amène tes affaires et tu retourneras chez toi »
***
Alors qu'il marchait le long de la route, perdu dans ses pensées, Akira se retourna en entendant un coup de klaxon familier.
Ogata-sensei était dans sa voiture coupée sport et s'arrêta prêt de lui.
« Allez monte ! Je vais te ramener chez toi » lui-dit-il en lui ouvrant la portière.
Akira se glissa avec souplesse sur le siège passager avant de refermer la porte et que le conducteur du véhicule démarre en trombe.
« J'ai entendu dire que Shindô ne venait plus à l'Institut. Il semblerait qu'il ait renoncé à te rattraper. » Commença-t-il.
Il fut satisfait en voyant l'expression d'Akira auparavant si sereine et imperturbable se rembrunir un peu.
« C'est sa vie, il en fait ce qu'il veut. » répondit le jeune prodige sur un ton qu'il espérait neutre.
Il se souvenait encore du regard triste presque sans vie du semi-blond lorsqu'il l'avait trouvé à la bibliothèque de son école ainsi que la manière dont celui-ci s'était enfui quand il avait voulu lui demander des explications.
Il s'en voulait d'avoir accordé tant de crédit à Shindô alors que maintenant, ce dernier avait décidé de tout laisser tomber. La seule personne qu'il ait pu considérer comme un rival n'était plus, il n'avait plus à s'en soucier et devait continuer son chemin.
Du coin de l'œil Ogata-sensei observait le profil du fils de son maître. Sans nul doute qu'Akira était déçu, lui-même avait fondé beaucoup d'espoir sur le jeune semi-blond tant à la fois pour stimuler le brun mais aussi parce qu'il lui avait semblé qu'une amitié particulière s'était développée entre eux deux.
« Tu devrais peut être allé le voir. D'après ce que sa mère a dit à l'Institut, il n'est pas dans son assiette ». Conseilla Ogata-sensei.
Akira regardait toujours par la vitre mais il put tout de même l'entendre murmurer.
« Ce n'est plus mon problème ».
Ogata-sensei déposa Akira devant chez lui. Alors que le brun le remerciait, il remonta ses lunettes sur son nez et regarda droit dans les yeux celui qu'il considérait presque comme un petit frère.
« Je suis vraiment désolé Akira. »
L'expression d'Akira devint plus troublée et il hocha silencieusement la tête.
Il salua son père en entrant qui se trouvait dans le salon avant de prendre un goban. Il devait étudier quelques parties et s'entraîner pour être à la hauteur de Zama l'Oza. Le duel qui les avait opposé alors qu'il venait d'entrer professionnel était encore frais dans sa mémoire, il savait qu'il l'avait déstabilisé à quelques reprises mais cela n'avait pas été suffisant pour lui arracher la victoire.
Alors qu'il positionnait les pierres sur le goban, il ne put empêcher ses pensées de se tourner vers Shindô. Il devait avouer que le regret de ne plus pouvoir lui être confronté était immense. Les parties avec ce dernier l'avaient toujours enthousiasmé, bien plus que n'importe quelle autre partie. Hikaru avait après tout un jeu original, éclectique.
Même quand il était seul dans sa chambre, en train de jouer une partie contre un adversaire invisible, toujours la même question l'assaillait : Comment aurait joué Shindô ? Néanmoins, il ne comprenait pas pourquoi il continuait à avoir un tel intérêt pour lui alors qu'il avait abandonné le monde du go. Normalement, il aurait dû s'en désintéresser complètement, après tout pouvait-on dire que Shindô et lui étaient amis ?
Akira secoua la tête. Non ils étaient rivaux. Ils passaient leur temps à se chamailler, à se disputer. Il y avait certes une complicité entre eux mais rien de comparable à l'amitié développée entre le semi-blond et Waya ou Isumi.
Il sembla donc à Akira qu'il avait vraiment tout perdu et que l'espace vide comblé par l'arrivée de Shindô dans sa vie était de nouveau vacant. Peut-être qu'Ogata-sensei avait raison et qu'il devrait encore chercher à le ramener vers lui.
Wow j'ai jamais écrit un chapitre aussi long. Hmm dites moi ce que vous en pensez. Je me suis demandé quelle serait la relation entre Akira et Hikaru si ce dernier décidait de laisser tomber pour de bon le go. Je me suis demandé si leur « amitié-rivalité » pouvait perdurer au-delà du fait qu'ils soient dans deux mondes différents.
