Note : Ceci se veut comme étant une séquelle de mon One-Shot Être ton ombre. La lecture de cet OS n'est pas essentielle à la compréhension de ce qui suit, toutefois. Comme Être ton ombre, My Master sera une fic contenant du BDSM (Bondage/Discipline/Domination/Soumission/sado-masochisme). Si vous n'aimez pas ce type de récit et qu'en plus vous n'avez pas aimé Être ton Ombre, alors il se peut que vous n'aimiez pas celle-ci. Ceci étant dit, pour ceux/celles qui auront décidé de continuer, bonne lecture.

Disclaimer Tout ce que vous reconnaissez comme appartenant à JKR, lui appartient en effet !

My Master

Chapitre 1

Hier je lui ai mentit. Mentir est mal. Je le sais pourtant, tout le monde le sait en fait, même les enfants sont au courant. Pourtant je lui ai mentit. Certains diront que ce n'était pas un énorme mensonge, ceux-là ne comprennent pas. Je ne peux pas lui mentir. Notre relation est bâtie sur la confiance. Sans confiance nous ne pouvons pas espérer demeurer ainsi.

Il a rapidement su que je mentais, Il sait toujours tout. Et depuis ce temps il ne m'a pas adressé la parole. J'aurais préféré qu'il crie, qu'il hurle, qu'il jure, qu'il me frappe, pourtant il a seulement fermé les yeux, a secoué la tête avant de faire demi-tour et de partir. À ce moment je me suis agenouillé devant le divan, exactement à l'endroit où je me trouvais alors et j'ai attendu. Je n'ai pas la prétention de dire que je suis resté ainsi toute la nuit. Éventuellement le sommeil m'a rattrapé et je me suis laissé glisser sur le sol, m'endormant pathétiquement. Dès mon réveil je me suis réinstallé devant le divan et j'ai attendu…et j'attends toujours. Je ne sais pas quoi faire. Je ne reste pas ainsi pour attirer sa compassion : je ne crois même pas qu'il en possède. Je ne reste pas dans cette position pour attirer son pardon, je reste seulement ainsi car je ne sais pas quoi faire d'autre. Je sais que bientôt je devrai aller préparer son déjeuner, je sais que bientôt j'irai faire mes quelques tâches quotidiennes et je sais également qu'après elles je serai davantage perdu.

Il passe à côté de moi sans me parler, sans même me regarder et j'ai mal, je souffre horriblement. J'ai besoin de sa présence, j'ai besoin de son approbation.

Personne ne peut réellement comprendre. J'ai besoin de l'appeler « Maître », j'ai besoin de manger à même sa main, j'ai besoin de m'asseoir à ses pieds tout autant que parfois j'ai besoin de me faire châtier.

Certains diront que c'est malsain. Ils ont peut-être raison, ils ont peut-être tort, je l'ignore. Tout ce que je sais c'est que j'en ai besoin. Je ne suis pas faible parce que je me soumets à lui. Au contraire. Il faut une force incroyable pour accepter de donner ses libertés à quelqu'un d'autre, il faut une force incroyable pour accepter que quelqu'un d'autre nous dirige. Et c'est parce que je l'ai décidé que notre relation est ainsi. Il m'est supérieur car je l'ai permis, tout simplement.

Je le sers rapidement, il ne semble pas posséder une énorme patience ce matin. J'attends près de lui qu'il m'indique de m'asseoir à ses pieds pour enfin me nourrir. Mais il ne fait rien de cela, il me pointe la place à l'extrémité de la table, la place qui lui fait face, la place qui est si loin de lui. Je m'y rends, alors qu'il fait apparaître une assiette similaire à la sienne. Je devrai me nourrir seul ce matin.

Ce n'est pas que je suis incapable de le faire, au contraire ! Je ne suis quand même pas un gamin ! Seulement, si vous saviez à quel point se faire nourrir peut cacher une sensualité ! Combien manger à même la main de mon Maître me fait sentir bien, me fait sentir protégé, aimé. Et ce matin je ne ressens rien de cela. Je veux m'excuser, sincèrement le faire, mais il n'a pas entamé de conversation alors je me dois de demeurer silencieux. Je pourrais bien braver les règles, au point où j'en suis rendu : une offense de plus ou de moins ! Mais je ne le fais pas. J'ai pris la décision d'être soumis à lui et avec cette décision venait tout le reste ; le fait que je dois lui obéir, je dois l'honorer, lui être loyal, et surtout…je dois lui faire confiance. Il prend les décisions qu'il croit être le mieux pour moi. Je n'ai pas à le questionner. Ce pourquoi je ne parlerai pas ce matin, ce pourquoi je vais attendre qu'il me parle. Je fondrai en excuse dès qu'il m'en donnera la permission.

Il se lève de table, laissant une certaine quantité de son repas intouché. J'en demeure quelque peu blessé, troublé. Avais-je mal préparé les aliments ? Aura-t-il l'énergie nécessaire pour passer au travers de son avant midi ?

Ce n'est pas dégradant comme existence, loin de là, mais habituellement les gens ne comprennent pas. Mes amis ne comprennent pas, mais comment pourrais-je leur en vouloir ? Aurais-je compris, moi, si Ron avait entamé ce genre de relation-là ? Aurais-je vu autre chose qu'une relation abusive, de violence ? Je ne crois pas. J'aurais vu ce que mes yeux auraient captés. Je n'aurais pas été capable d'aller au-delà du visible et je n'aurais fait que remarquer tout ce qui entoure le côté punitif. Je n'aurais pas vu la passion, je n'aurais pas vu la liberté, je n'aurais pas vu le bonheur, je n'aurais pas vu l'amour. J'aurais été aveugle, aveugle car notre société juge trop rapidement ce qui est différent.

Pourtant maintenant que j'y suis, je sais que ce n'est pas parce qu'une relation est différente qu'elle est anormale. Je sais aussi que ce n'est pas parce que quelque chose est invisible qu'il n'existe pas, je sais que ce n'est pas parce que je ne comprends pas une situation que cette situation est automatiquement mauvaise.

Severus sort de l'appartement sans m'adresser la parole et je sens la panique monter en moi. Et s'il se lassait de mes étourderies, s'il me quittait pour quelqu'un de mieux ? Je fais des efforts, vraiment, je tente de bien suivre les instructions, mais je suis humain et parfois je trébuche.

Peut-être pensez-vous que mes erreurs ne devraient pas nécessiter des corrections. Peut-être n'en avez-vous pas besoin. Savez-vous combien présentement j'aimerais avoir mal en souvenir d'un châtiment ? Savez-vous combien j'aurais aimé qu'il sévisse hier ? Au lieu de cela je porte encore le poids de mon erreur, je ne parviens pas à me pardonner.

Il est vrai qu'à quelque part j'aime avoir mal. Souvent Severus m'admoneste à ce sujet. Il dit souvent qu'une punition ne devrait pas être un élément de plaisir. Mais que puis-je y faire ? C'est plus fort que moi, dès qu'il entame une correction j'ai l'entre-jambe en feu, le souffle court et les joues rouges. Oui, bien sûr, j'ai mal, ce n'est pas une partie de plaisir, mais après la douleur je sais que viendras autre chose.

Je fais mes quelques tâches, je n'ai pas besoin de plus de deux heures, je n'ai pas grand-chose à faire vraiment à ce niveau. Severus ne désire pas faire de moi un domestique, après tout les elfes existent pour cela. Il veut seulement que je prépare les repas, range la cuisine et m'occupe des vêtements. Parfois il me demande de l'aider à corriger des essais de ses élèves.

Je retourne finalement au salon, l'impuissance collé au cœur, les larmes déferlant sur mes joues. Je ne mentirai plus jamais. Ce n'était pas un gros mensonge. Je veux dire…il m'avait demandé de faire quelque chose, j'ai oublié de le faire. J'ai dit que je l'avais fait parce que c'était difficilement prouvable. J'avais l'intention de le faire dès qu'il me laisserait seul, un petit mensonge blanc. Mais il a tout de suite deviné. Ne me demandez pas comment…

Quand il revient à l'appartement pour dîner je sais que je ne pourrai pas supporter le silence bien longtemps. J'ai l'âme à vif, je souffre, j'ai peur.

Je le sers en silence, espérant m'asseoir près de lui, mais encore une fois il m'indique sans un mot que je dois m'installer loin de lui.

J'ai envie de dire « Maître, je m'excuse », mais je sais qu'il me renverrait un regard réprobateur, que je lui donnerais simplement une autre raison de m'en vouloir. Je tente de le supplier avec mes yeux, mais il ne me regarde pas. Pour lui, on dirait que je n'existe plus. Les larmes viennent à nouveau inonder ma vision et je baisse la tête. Je ne veux pas qu'il me voit pleurer, je ne veux pas paraître faible.

POV Severus

Je suis parfaitement conscient de tous ses gestes, toutes ses vaines tentatives pour attirer mon regard, mon attention. Je ne ferai rien, je ne réagirai pas. Il m'a menti, volontairement menti. Je n'accepterai jamais cela. Je ne veux pas le rendre misérable. Je ne ferai pas trainer la situation longtemps, je veux seulement qu'il réalise ses erreurs, je veux qu'il comprenne qu'il existe des limites et que ces limites je suis celui qui les met, je suis celui qui les fait respecter. Harry comprendra rapidement, je le sais.

Je suis également conscient que ce n'était pas un gros mensonge. Il a voulu se protéger, il ne voulait pas avoir d'ennuis, c'est pratiquement normal. Pourtant j'ai sévi. Je l'ai fait car je veux avoir confiance en lui, je ne veux pas avoir à douter de lui. Je veux qu'il apprenne qu'il n'aura pas à redouter ma colère autant s'il me dit la vérité.

Je le vois maintenant, à l'autre bout de la table. Et pour moi aussi c'est difficile. Ne pas le toucher, le regarder à peine, ne pas le sentir près de moi, ne pas le nourrir, ne pas le laver, faire comme s'il n'existait pas. C'est cruel pour moi aussi, mais je ne plierai pas.

Et je vois aussi cette larme quitter ses yeux, je le vois baiser la tête pour éviter que je m'en rende compte, je le vois parcouru de soubresaut et j'en ai le cœur brisé. Je voudrais me rendre à lui et lui dire : je t'aime. Je voudrais lui dire que c'est fini, que je ne lui en veux plus, mais je ne le fais pas. Je m'étais dit que j'attendrais vingt-quatre heures. Et vingt-quatre heures ce n'est pas maintenant. J'attendrai jusqu'à ce soir. Vivement que ce soir arrive…

- Ne pleure pas Harry, fis-je froidement.

Je sais que je suis sévère, je sais que c'est beaucoup demandé, je sais même que c'est presque injuste, mais je veux que mon garçon comprenne à quel point il m'a déçu

POV Harry.

- Ne pleure pas Harry…

Je me sermonne alors. Je savais que je n'aurais pas dû me laisser aller. Mais c'était tellement plus fort que moi. J'ai tellement mal. Je secoue lentement la tête, lui faisant signe que j'ai compris.

Je le vois encore quitter la table et je sais que l'après-midi sera interminable. Il ne m'a jamais fait cela auparavant. Ne m'a jamais ignoré. Il termine son repas cette fois et il quitte la table, toujours en silence. Je range la cuisine rapidement je vais au salon. Je ne sais pas quoi faire. Habituellement j'ai des millions de trucs à faire, mais aujourd'hui je n'ai envie de rien. Je m'installe près du feu, avec un livre en main, sachant pertinemment que je ne retiendrai pas grand chose de cette lecture.

Et il revient enfin à l'appartement. Je me relève rapidement, pour m'agenouiller ensuite. Il ne viendra peut-être pas voir si je l'ai fait, il ne viendra peut-être pas au salon, me rejoindre, comme à chaque fin d'après-midi, mais j'adopte tout de même ma position. Je l'entends approcher, je l'attends s'arrêter à quelques pas de moi. Je pourrais relever la tête, mais je ne le fais pas. Je ne veux pas à nouveau voir la déception dans son regard.

Il dépose sa main dans mes cheveux, caressant doucement ma tête et je soupire. J'ai une boule dans la gorge qui menace de m'étouffer, mais à ce moment plus rien n'a de l'importance, Il me touche à nouveau.

Il me relève le menton, je refuse de plonger dans ses ébènes, je refuse de voir le mal que j'ai fait, mais il me force quelque peu. Et je vois alors qu'il m'a pardonné, mais qu'il n'a pas oublié.

- Si tu choisissais de me mentir encore, Harry, tu affronteras un châtiment similaire, sinon pire. Si tu avais choisi de m'avouer ton oubli, j'aurais été contrarié, mais jamais déçu à ce point. Tu peux parler maintenant si tu le désires.

- Je m'excuse, maître, fis-je rapidement. Je m'excuse, je ne vais plus mentir.

Il sait que je ne le ferai plus, ou que du moins que je n'ai pas l'intention de recommencer.