Chapitre 1 – Le dieu soleil
Levi, ainsi que les membres de son équipe, pénétra dans le bâtiment, le quartier général comme l'aimait appeler la Légion. « Non mais qu'elle idée de baptiser une ferme ? » avait-il pensé il y a… longtemps. Lorsqu'il était encore nouveau, jeune et… un vrai p'tit imbécile. Il venait d'intégrer la Légion et ne comprenait pas – surtout ne voulait pas comprendre- ce que diable il se passait réellement ici. Le corporal se dirigea directement vers sa chambre, délaissant ses coéquipiers sur le pas de la porte, puis s'assit sur son lit afin de se débarrasser de son équipement tridimensionnel. Contrairement à son habitude, sitôt la tâche faite, il ne se rua pas sur la couche de 0.2 millimètres de poussières parsemant son armoire. Quoique, elle était trop voyante et ne pas la nettoyer de suite aurait un impact certain sur son moral. Levi prit rapidement ses gants en latex, une loque humide sortant d'on ne sait où ainsi qu'un chiffon sec puis s'attaqua à la couche minuscule de poussière. Pour le maniaque de corporal il ne fallut que peu de temps pour en venir à bout, bien évidemment.
Après coup, il rangea son matériel de nettoyage rapide puis se remit sur son lit. Combien de temps encore pourra-t-il profiter d'un bon lit propre ? Ce n'est pas comme si il ne croyait pas en ses capacités mais le risque de mourir à chaque confrontation avec un titan est toujours là. Pourtant il ne regrette rien, sa vie avant son arrivée dans la Légion n'était pas la meilleure qui soit après tout. Levi s'allongea et ferma les yeux, pensif.
Flash back
Alors on fait moins le malin hein !
L'homme à qui appartenait la voix donna un coup de pied dans l'estomac d'un autre, flanqué au sol.
Arr… Arrêtez…. S'il vous plaît…
De ça, l'homme cracha du sang une partie du liquide rouge et poisseux atterrit sur les chaussures de son agresseur.
Tch. Non mais pour qui tu t'prends à cracher tes tripes sur mes pompes, sale merdeux ?!
L'agresseur jura avant de lui asséner une dernière fois un coup dans l'estomac
T'as de la chance que mon pain est intact sinon c'est pas qu'un peu de sang que t'aurait craché.
L'homme s'essuya rapidement les chaussures avec les vêtements de celui par terre puis tourna les talons et s'en alla.
Levi… Tu me le paieras… connard.
Le concerné ne se retourna pas et continua sa route. Pas la peine, c'était toujours la même rengaine. A force, on s'y habituait.
Levi quitta les rues sales constituées essentiellement de bouteilles d'alcool vides et de clopes à peine entamées pour s'engouffrer dans les rues bondées à l'ambiance joyeuse et presque insouciante. Naturellement, on était à l'intérieur des murs et « tout allait bien », en apparence seulement. « Monde de merde » pensa Levi.
Le jeune homme tapa dans un caillou alors qu'il sortait de sa poche son précieux pain. Ce sale merdeux s'était mis à le lui prendre des mains et à s'enfuir avec dans les ruelles sombres. L'imbécile. Le pire, c'est qu'il semblait le connaître alors que Levi, lui, ne l'avait jamais vu de sa vie. Bah, c'est vrai qu'il avait une sale réputation même les grand-mères séniles du coin l'avaient remarqué. Il faut dire qu'il fait quand même partie de la bande des souterrains qui, en plus de contrôler une bonne partie du côté « noir » de la ville, souhaitait s'approprier également l'entièreté des « vivres » données aux orphelins. Chaque jour c'était la guerre pour obtenir un petit morceau de pain qui constituait alors le seul repas de la journée. Le quotidien des jeunes dits orphelins et autres délinquants du coin.
Car oui, il est orphelin. Pas depuis très longtemps non mais il l'est. Ses parents avaient participés à une expédition en dehors des murs et bien entendu… Comme toujours l'expédition avait complètement foiré. Des titans avaient débarqués sans crier gare et dévorés la majorité des gens faisant partie du voyage. Après cet incident, Levi se retrouva tout seul. Heureusement, la bande, dirigée par Celso, l'avait déjà recueillit en son sein lorsque ses parents étaient encore en vie. Leur famille était pauvre et il fallait bien une rentrée d'argent… Ses parents étaient partis pour chercher une vie meilleure ailleurs. Bien sûr, rester dans le groupe demandait quelques… menus services. Comment pouvait-il encore habiter avec ces criminels ? La faim, la soif et la pauvreté sont des raisons suffisantes. Cependant, à présent, Levi est également devenu un criminel alors, pourquoi partir du milieu où se trouve sa nouvelle famille ?
Tout à coup, quelqu'un le bouscula et l'obligea à sortir de ses pensées. De ce fait, il perdit son bout de pain entamé qui tomba sur le sol trempé et boueux.
Hé co…
Levi n'eût pas réellement le temps de terminer sa phrase ou plutôt il fut arrêter en plein milieu. Ce qui s'offrait sous se yeux suffit pour lui couper la parole : l'arrivée de la Légion. Comme d'habitude, leur arrivée provoqua l'hilarité générale et l'acclamation des foules alors que ses membres revenaient ensanglantés, fatigués et affichaient un air hagard. Dans leur charrette, sûrement des restes de cadavres de soldats à moitiés ou pratiquement entièrement dévorés par les titans. Qu'elle idée de s'engager en tant que soldat dans la Légion !
Le jeune homme s'approcha un peu, bravant la foule maladivement enjouée, pour atterrir devant le commandant de la Légion Irvin. La vision du commandement fit un effet subit à Levi qui ne pu que rester bouche bée. Il resta ainsi 5 secondes puis se reprit, se demandant comment il pouvait être en admiration face à un irresponsable envoyant des hommes au front sans aucun regret. Levi ne le connaissait pas spécialement mais c'est tout ce que l'homme face à lui, lui inspira. Pourtant, le jeune homme ne put résister longtemps à la prestance que dégageait le commandant Irvin tant elle était grande. Cette image, Levi sut qu'il la garderait toute sa vie en son esprit. Il parcourait la ville à dos d'un fier étalon alors que lui-même était déjà fort grand, ses cheveux blonds brillaient au soleil et son visage arborait un air sérieux. La beauté ainsi que l'intelligence débordait de son corps comme une lumière étincelante impossible à éteindre.
Pendant que Levi était entrain de scruter attentivement chaque parcelle du corps du commandant, celui-ci se sentit regardé sans doute plus qu'habituellement et se retourna vers celui-ci. Il stoppa son cheval à hauteur du jeune homme et dit avec un grand sourire enjoliveur :
Si l'envie te prend de nous aider à protéger la cité contre les titans, gamin, tu pourrais venir t'enrôler plus tard à la Légion !
Levi reprit dès lors ses esprits et asséna un regard menaçant au grand blond.
Plutôt mourir dans ce taudis que dehors, dévoré par des titans ! Ca ne sert à rien de toute façon et vous, vous envoyez tout plein de personnes à la mort juste pour satisfaire votre ego à la con !
Il venait de déverser – une partie seulement, malheureusement – de sa colère sur le commandant d'un seul coup. Ses sourcils se froncèrent un peu plus, histoire de montrer sa haine envers le commandant. Ce dernier parut d'ailleurs étonné. Certainement parce qu'il ne devait pas s'attendre à cette réaction lui qui était l'idole de la ville entière. Étrangement, le grand blond se mit à rire
En voilà un jeune homme intéressant ! Je dois dire que personne jusqu'ici ne m'avait dit ce genre de choses. Il faut bien que ça arrive un jour.
Il donne un léger coup de pied au flanc de son cheval et se remit en marche. Néanmoins, il se retourna une dernière fois et ajouta, toujours grand sourire :
Si tu t'enrôlais, tu comprendrais peut-être réellement ce que veux dire protéger la cité au prix de sa vie, gamin.
Je ne suis pas un gamin. Répondit Levi.
Alors, quel est ton nom, gamin ? Continua le grand blond, visiblement content.
… Levi. Grogna-t-il.
Enchanté gamin. Au plaisir de te voir bientôt parmi nous !
Sur cela, le commandant Irvin s'en alla. Leur discussion n'avait fait qu'attiser la colère qu'éprouvait le jeune homme à l'égard des soldats de la Légion. Qu'est ce qu'il y avait à comprendre d'abord ? Rien si ce n'est que ce qu'ils faisaient ne servait à rien. Ils fonçaient tous vers la mort sans se soucier de leur famille qui les attend, inquiets.
« Ce fut ma première rencontre avec Irvin ».
Fin du Flash back
Le corporal rouvrit les yeux. Dire qu'aujourd'hui il travaille avec le commandant Irvin, l'homme qu'il haïssait au tout début.
Corporal Levi ! Corporal Levi !
« Rah. Encore quelqu'un qui geint trop fort. »
Qu'est ce qui se passe encore Hanji ? Répondit-il, agacé.
…
Hanji ?
La jeune femme ne disait plus rien tout à coup. Inquiet, Le corporal sortit précipitamment de sa chambre – cette femme est tellement imprévisible qu'il faut s'attendre à tout – et se retrouva face à elle, souriante.
Qu'est ce qu'il y a quatre yeux ?
Oh rien, je voulais savoir si tu viendrais me sauver si jamais j'étais en danger et t'appelais à l'aide. Répondit-elle le sourire aux lèvres.
Le regard de Levi se fit plus sombre que d'habitude ce qui n'effraya pas du tout la femme. Depuis le temps qu'elle s'amusait à ennuyer son corporal, ses yeux menaçants la faisaient juste rire gentiment.
Sur ce, je vous laisse. Passez une bonne journée !
Elle s'enfuit. « Qu'elle bonne femme » pensa Levi. Enfin, il avait l'habitude maintenant. Il fit demi-tour et pénétra dans sa chambre n'ayant que pour seule envie immédiate : dormir. Alors qu'il allait fermer la porte, une main la bloqua. Puis d'une main, un bras, un corps et enfin un visage se découvrit.
Irvin.
Le grand blond pénétra à son tour dans la chambre du corporal en prenant soin au passage de fermer la porte. Son visage n'avait pas vraiment changé depuis leur première rencontre et s'était même embelli avec le temps. Il avait l'air dur et sévère toutefois, dès que le commandant se mettait à sourire, cet air disparaissait pour faire place à un homme charismatique et incroyablement séduisant.
Hm. Tu m'as l'air agacé mon petit Levi. Commença Irvin, taquin. Celui-ci se mit à caresser du dos de la main, la joue du corporal.
Tch, ne m'appelle pas comme ça abruti. Répliqua Levi en éloignant la main rugueuse du commandant d'une frappe rapide et précise.
Soudain, le blond faucha les jambes du corporal qui tomba irrémédiablement à terre. Doté de deux avantages accordés à la naissance que ne possédaient pas Levi – c'est-à-dire sa grandeur et sa musculature imposante, ce dernier ne fut qu'à peine étonné d'être là, couché sur le sol avec son commandant juste au-dessus de son corps.
Tu sais que j'ai toujours eu un faible pour ton côté rebelle mais…
Mais ?
Parfois c'est vraiment tue l'amour.
De ça, le commandant l'embrassa tendrement sur les lèvres. Levi agrippa les cheveux fins du blond et répondit au baiser d'une façon plus sauvage. Son genou toucha l'entrejambe de son chef qui émit un léger gémissement. Comme toujours, son petit corporal lui produisait autant d'effet qu'une bonne vingtaine de bouteilles.
À partir de là, aucun des deux soldats ne purent s'arrêter. Irvin prit possession de Levi qui ne put que se résoudre à s'abandonner à son commandant. Cependant, rien dans leurs ébats ne montrait une affection possible entre les deux hommes. Chacun mordit l'autre, s'empoigna violemment jusqu'à que l'un ou l'autre abandonne totalement la danse mortelle qui s'établissait entre les deux êtres. Car oui, tout n'était que connexion violente et physique entre eux.
Après un moment passé sur le sol, Levi grogna de mécontentement en se plaignant d'un mal de dos ce qui obligea Irvin à le porter jusqu'à son lit froid. De là où il se trouvait à présent, le corporal pouvait admirer à son aise toute la beauté que dégageait le corps brûlant du commandant. La lumière orangée du soleil couchant s'abattit sur le dos de ce dernier. Entouré de l'halo de lumière, Irvin sembla davantage éblouissant. « Cet homme est un dieu » se disait souvent Levi, « … Et je ne suis que son serviteur…. ».
En effet, depuis le début, Levi avait été charmé par le charisme que dégageait Irvin lorsqu'il était à ses côtés. Comment un tel être pouvait exister parmi le commun des mortels ? Il n'en avait aucune idée mais cet homme était tout simplement là. Irvin quant à lui, paraissait intrigué par le gamin qu'il était c'est sans doute pour ça que Levi fut enrôlé plutôt rapidement dans la Légion. Ca et ses… compétences.
Pourtant, un seul souci demeure. Depuis quand cette passion curieuse qui les animait tout deux avait disparue ? Ou plutôt, depuis quand n'est-il plus qu'un partenaire sexuel aux yeux de son grand blond ? Au début de leur relation, maintenue de bout en bout secrète, il percevait pourtant une once d'amour. À moins que ça aussi ne soit qu'une illusion ? Le côté calculateur d'Irvin l'impressionnait chaque jour mais lui faisait peur également.
« Et si tout ça n'était, n'est que tissus d'illusions apportées par ce dieu soleil ? »
