Assis dans un coin, Aoi observait distraitement les autres occupants de la salle d'attente. Entre les quatre murs blancs typiquement hôpitalien, il ne semblait y avoir rien d'autre que de l'espoir. Une femme venait de se lever à l'appel de son nom, et pleurait maintenant avec un sourire. On venait probablement lui annoncer que son mari allait survivre à l'opération, ou un truc dans le genre. Dans l'espace vide au centre des chaises, une fillette dessinait distraitement sur le sol. De ce que le guitariste pouvait en voir, c'était sans doute un dessin de prompt rétablissement pour un de ses parents. Bref, l'espoir. L'espoir que l'être cher aille vite mieux, l'espoir qu'il ne meurs pas, rien...
Mais qu'est-ce qu'il foutait dans cette salle d'attente?
Debout dans l'allée, Kai faisait les 100 pas, incapables de s'arrêter plus de deux minutes. À la longue, le mouvement de va et vient finir par taper sur les nerfs d'Aoi qui lui attrapa le poignet pour le forcer à s'asseoir à côté. Le drummer resta assis deux minutes, avant de se relever pour recommencer à marcher, au grand damn du plus vieux. Il soupira.
«Merde, tu peux pas rester tranquille 2 minutes?»
«Mais comment t'arrive à rester tranquille, toi! Ça t'inquiète pas?»
«Pourquoi j'aurais besoin de m'inquiéter?»
«Parce que...»
Uruha arriva à ce moment là, le visage sombre. Devant son air triste, Kai, et même Aoi se précipitèrent vers lui. Il les repoussa d'un geste de la main avant de s'asseoir, ou plutôt, de s'affaler, prenant son cellulaire d'une main pour commencer à texte. Aoi vint s'asseoir à côter, pendant que Kai recommençait à marcher de long en large. Il s'arrêta, avant de fixer Uruha.
«Alors, tu sais ce qu'on fait là?»
«Non.»
«Pourquoi t'as l'air triste alors?»
«J'étais en très agréable compagnie avant de recevoir l'appel de Rei.»
Aoi étouffa un rire sarcastique.
«En bonne compagnie? Elle t'a donné combien?»
«Elle avait promis de me payer 2 bières. Et j'ai dû partir avant même qu'elle me paye la première!»
Aoi rit légèrement en tapant dans le dos de son ami pour le réconforter. Mais il s'arrêta bien vite. Kai esquissa un léger sourire avant de recommencer son manège. Uruha envoya un dernier texto avant de fermer son cellulaire. Ils s'inquiétaient. Si tous les trois allaient bien, et que c'était Reita qui avait appeler... Ruki?
Il ne pouvait pas lui être arrivé quelque chose de fâcheux, non? Si? C'est vrai que, dernièrement, il agissait de façon plutôt bizarre... Depuis que lui et Reita était revenu après s'être éclipser ensemble pendant 3 mois. Ils avaient dit avoir été en vacance... Les deux seuls, pendant trois mois? Bon, on avait accepter leur raison. Après tout, ils n'avaient pas de raison de leurs camoufler quoi que se soit, non? Les 5 ensembles, ils étaient presque des frères. Ils se disaient tout.
Mais depuis qu'ils étaient revenus, Ruki était étrange...différent. Il lui arrivait souvent de sourire bêtement sans raison, ou alors il partait à rire aux éclats. Et la seconde d'après, il se mettait à trembler comme une feuille. Son caractère était toujours inconstant, et parfois il fixait le vide et se mettait à parler seul... Mais les autres n'avaient aucune raison de s'inquiéter, non. Il écrivait des chansons encore meilleur que jamais, et semblait toujours donner son 120% lors des pratiques.
Mais bon, malgré tout ça... Il ne pouvait rien lui être arrivé de grave, non?
«Y a-t-il des amis ici de Matsumoto-san?»
Uruha et Aoi se levèrent en même temps que Kai se retournait vers le jeune interne qui venait de parler. Moitié courant, moitié marchant, ils se ramassèrent tous les trois devant le jeune à la blouse blanche qui recula d'un pas, légèrement intimidé. Leurs visages lui disaient quelques choses, mais il n'arrivait pas à se rappeler pourquoi...
«Vous pouvez me suivre, je vais vous amener à la chambre de votre ami.»
«C'est grave?»
«Il va bien?»
«Il va pas mourir?»
«Pas tous en même temps, s'il vous plait. Je ne peux rien vous dire sur son état en ce moment, mais il ne va pas mourir. Vous n'avez pas à vous inquiéter.»
«Mais qu'est-ce qu'il a? »
«Il est malade?»
«Un accident?»
Le jeune interne se tut, mais leur pointa néanmoins une salle d'hôpital. Reita en sortit, un air à la fois désolé et souriant. Sans voir les nouveaux arrivants, il s'accota à la porte après l'avoir refermé derrière lui et laissa pousser un soupir. Kai fut le premier à se précipiter sur lui.
«Qu'est-ce qu'il a?»
«Ah, vous êtes arrivés...»
«C'est pas grave, au moins?»
«Non, seulement un léger incident.»
Dit Reita en forçant visiblement un sourire. Légèrement soulagé, Kai voulut ouvrir la porte pour entrer, mais Rei l'en empêcha. À quelque pas derrière, Uruha devina bien que son meilleur ami cachait quelque chose. Il y avait quelque chose de louche sous ce ''léger incident''.
«Qu'est-ce qui s'est passé, Rei?»
«Rien de grave, vous n'avez pas à vous en inquiéter...»
«Akira Suzuki!»
Quand Ruwa en venait à l'appeler comme ça, s'était qu'il s'impatientait royalement et qu'il était près de pogner les nerfs. Reita se figea, une larme coula sur sa joue, puis il s'effondra au sol, la tête dans les mains.
«C'est pas ma faute... c'est pas ma faute...»
«Qu'est-ce qui s'est passé?»
Répéta Uruha, plus doucement, en venant s'asseoir à côté de lui et en passant un bras autour de ses épaules. Reita releva la tête avec un regard vide.
«Il est venu chez moi... Il voulait pas retourner chez lui, parce qu'il avait peur. Il disait qu'il y avait là-bas des personnes qui lui voulaient du mal, qui voulaient l'emmener. Je le croyais pas vraiment, mais je l'ai fait entré pareil... Il semblait avoir besoin de moi, j'allais pas le laisser sur le pas de ma porte, comme ça... Mais quand il est entré, il s'est mis à avoir plus peur, à regarder autour de lui comme un malade. Il est ressortit en courant et est tombé dans les escaliers. Mais ça va, les médecins disent qu'il s'est foulé un poignet, c'est tout... »
«Donc on a pas vraiment à s'inquiéter, non? Ils vont lui signer sa sortie de l'hôpital et on rentrera chez nous sans problème...»
Reita leva vers lui des yeux pleins d'eau, avant de fondre complètement en larme dans ses bras. Aoi et Kai regardaient, abasourdis, le bassiste dans un état de quasi détresse. Il pouvait pas pleurer à ce point parce que son ami avait un poignet foulé, non? C'était ridicule, il devait y avoir quelque chose!
À ce moment, la porte s'ouvrit, doucement. Ruki apparut dans l'encadrement, dévisageant ses amis d'un air interrogateur.
«Hey, ça va? Qu'est-ce que vous faites à l'hôpital? Quelqu'un est malade? … Rei, pourquoi tu pleures?»
«C'est pas ma faute... pas ma faute...»
