L'homme se promenait dans les plus sombres rues de Tokyo, à cet heure ou plus personne n'ose sortir. Il faut avoué, toutefois, que ce quartier était des moins recommandable. On y descendait pour se cueillir un peu de plaisir, que ce soit les plaisirs de la chair ou encore les plaisirs artificiels par des substances illicites. Mais en ce moment, les rues étaient vides. On s'enfermait chez soi, on barrait les portes, barricadait les fenêtres...

C'était l'heure des règlements de compte. L'heure où les hommes de main des gangs de rue allaient gentil fermer les yeux pour de bon de ceux qui avait trahis le gang, ou de ceux qui nuisaient au gang. Ce n'était pas l'heure des grandes batailles bruyantes et sanglantes, mais l'heure de la subtilité, du calme et de la noirceur. Ces hommes, on les appelait les assassins, les démons ou encore les... shinigamis. Personne ne voulait se retrouver sur la liste noir d'un de ces démons meurtriers et sanguinaires.

Notre homme donc marchait en silence, ce faufilant d'ombre en ombre pour ne pas se faire remarquer. Il était très connu dans le quartier. Comme personne pouvait se vanter de connaître son véritable nom, on le surnommait Bandera, nom qu'il donnait lui-même au bandeau qu'il portait en permanence sur son nez lorsqu'il était envoyé en mission, comme ça.

L'homme (enfin, homme... il n'avait que 22 ans, après tout...), arriva enfin à destination. Il y avait encore une lumière à l'étage, et les occupants semblaient très... afféré. Reita (après tout, c'était là son véritable nom... euh, pseudo... Bah ouais, les assassins, ils ont quarante mille pseudo pour protéger leur vrai nom...), Reita donc, poussa un soupir. Ça allait être trop facile. Il avait même pas droit à un petit challenge ce soir, que c'était triste... Le gang aurait pu envoyer quelqu'un d'autre, quand même... Pourquoi fallait-il dérangé le shinigami du gang pour une tâche aussi facile? Non, mais c'est vrai! N'importe quel homme de main aurait pu régler cette tâche très facilement... Toutefois, l'homme au bandeau ne pouvait pas se plaindre. Ça faisait quelques temps déjà qu'il n'avait pas eu une mission pour se dégourdir un peu les jambes...

Il s'approcha de la fenêtre du rez-de-chaussé la plus proche, et à l'aide de petit crochet et d'épingle, la débarra facilement et silencieusement. Il ne comprenait pas pourquoi les habitants du coin perdaient leur temps à barrer leur fenêtre comme ça. D'abord, s'ils n'étaient pas sur une liste noir, ils n'avaient rien à craindre. Les shinigamis allaient pas tuer comme ça, uniquement pour le plaisir... Et puis, s'ils étaient sur une de ces fameuses listes, ce n'étaient pas une fenêtre barrée qui allaient leur sauver la vie. Enfin.

Il entra silencieusement dans la demeure, même s'il n'avait pas besoin de toutes ses précautions. Au deuxième, c'était une bonne partie de jambe en l'air qui semblait se déroulé. Les entendre comme ça, si bruyant... Ça lui donnait presque mal au cœur. Notre homme n'avait jamais vraiment trouvé le sexe très amusant, peut-être parce qu'il n'avait pas encore eu la chance de tomber amoureux... Et ce manque d'amour lui venait sans doute de sa job, qu'il pratiquait déjà depuis ses 17 ans. Tuer, comme ça, sans d'autres raisons que l'ordre qu'on nous avait donné... ça élimine en nous tout ce qu'il y a d'humain, ne laissant que des monstres, que des... shinigamis. Du moins, c'est ce que Reita pensait.

Il poussa doucement la porte de la chambre pour faire place à un spectacle... dégoutant. L'homme qui chevauchait ainsi une rousse était bien l'homme sur la photo qu'on lui avait donné. Il était d'ailleurs au bord de l'extase, mais il n'eut pas le temps de venir une dernière fois avant d'expirer dans un râle grave et douloureux. Il retomba, sans vie, s'écraser sur le corps de la belle jeune fille qui n'y comprenait rien.

«Anata? Anata? Ça va?»

Elle serra l'homme dans ses bras, jusqu'à ce qu'elle sentit la lame qui avait pénétré l'homme d'un bon dix centimètres. Elle resta figée, incapable de crier ou de faire quoique se soit. Elle regarda sans un mot l'homme en noir avec un bandeau blanc retirer doucement la lame du dos de l'homme, l'essuyer dans les couvertures du lit et... fixer la jeune femme avec une expression vide, sans vie.

Elle repoussa le cadavre qui reposait encore sur elle avant de se mettre à genoux devant l'assassin, les yeux pleins d'eau et complètement effrayée.

«Bandera»

«Ah, pitié! Quand est-ce que vous aller arrêter de me donner ce surnom horrible! C'est mon bandeau, qui s'appelle comme ça! Mon bandeau! Pas moi! Compris?»

La jeune femme poussa une exclamation de surprise. Une étincelle venait d'apparaître dans les yeux du jeune homme. Son attitude en elle-même avait complètement changé. Il n'était plus le terrible assassin en mission, juste... l'homme derrière le bandeau. Elle ne pouvait pas croire que cet homme trop bien reconnu pour sa cruauté puisse encore avoir des réactions humaines. Mais... c'était bien. Elle avait peut-être une chance de s'en sortir vivante ce soir...

Elle s'approcha de lui de façon tout à fait sensuel, mettant en valeur ses seins nus, ses hanches désirables et ses cuisses biens rondes. Elle était déjà prête; son homme n'avait pas eu le temps de la combler. N'importe quel homme aurait été complètement sous le charme et l'aurait sauté sans en demander plus.

«Alors... dites-moi comment je pourrais vous appeler. Moi, c'est Minako.»

Elle lui fit un clin d'oeil tout à fait charmeur. Reita recula d'un pas pour la détaillée de son regard noir ébène. Il hésita un instant avant de répondre.

«Désolé, mais les filles nues... Je trouve ça répugnant.»

La jeune femme poussa une exclamation de surprise, mais elle n'eut pas le temps d'essayer autre chose que déjà, Reita s'était approché, et avait planté sa dague en plein milieu de ses deux seins. La femme le regarda, surprise, lassa couler une unique larme, et s'effondra dans le lit, juste à côté du premier cadavre.

«Aller, tu peux pas te plaindre. Je suis même sûr que tu n'as même pas souffert. Je suis pas si cruel qu'on le dit hein... J'aime pas faire souffrir les gens...»

Il regarda un instant les deux cadavres, avant de relever sa manche droite. Une longue série d'entaille et de cicatrice à moitié guérit étaient visibles. Certaines semblaient être déjà là depuis des années, d'autres encore étaient tout récente. Après un léger soupir, Reita ajouta deux entailles à sa ''collection''.Il s'assura bien sûr de recouvrir ses plaies avant qu'une seule goutte de sang ne touche le sol, avant de fermer les yeux et de faire une courte prière pour les deux âmes qu'il venait de rendre aux ancêtres.