Titre : Requiem pour une vie.
Auteur : Marilyn Williams.
Genre : Schoolfic, Romance, Comédie, Drame.
Pairing : Akatsuki-Ino (SasoIno & cie)
Rating : T (M pour certains chapitres)
Crédits : Personnages de Masashi Kishimoto !
REQUIEM POUR UNE VIE
- Chapitre 1 : Hostilité -
J'aimais passer au Jackson's State après mes heures de travail. Ce bar avait acquit une si mauvaise réputation que peu de gens y venait, et je pouvais donc m'y reposer sans risquer d'être dérangée. C'était un petit établissement assez glauque, perdu au fin fond d'une ruelle qui empestait les ordures, et seulement éclairé par quelques néons rouillés. La table de billard, devenue inutilisable suite à un déchirement de tapis, prenait la poussière dans un coin de la pièce, et le vieux jukebox, oublié derrière un entassement de chaises cassées, ne pouvait incarner qu'une seule et unique chanson des années soixante-dix. Un lieu sordide où les âmes éplorées venaient se noyer dans les méandres de l'alcool afin d'oublier leurs malheur.
« - Que c'est pathétique… » Murmurai-je, perdue dans mes réflexions.
D'une traite, je vidais mon verre de Whisky, et fis signe au barman de m'en servir un autre. Il s'exécuta sans plus attendre, et j'accueillis avec une certaine reconnaissance le breuvage aux couleurs ambrés qui dansait sous la lumière blafarde de la pièce. D'un geste automatique, j'allumais une nouvelle cigarette, et la portais à mes lèvres afin d'en inspirer une longue bouffée. Nobuto-san, directeur et gérant du bar, me fit une légère remarque en insinuant que si je n'arrêtais pas, j'allais bientôt mourir d'un cancer de la gorge ou des poumons – chose qui aurait été regrettable pour une jeune fille de mon âge. Car je n'avais effectivement que dix-huit ans – dix-neuf demain, pour être exacte. Vous vous demandez peut-être pourquoi je passais la veille de mon anniversaire dans un pub délabré, au fin fond d'une ruelle mal-fréquentée de Tokyo, plutôt qu'en famille. La chose était simple : Je n'avais, pour ainsi dire, aucun proche vers qui aller…
La porte d'entrée grinça, indiquant l'arrivée d'un nouveau client. Certainement un clochard, ou un pauvre homme perdu en territoire hostile. Quoi qu'il en soit, il était inutile que je me retourne pour si peu. Je vidais donc une nouvelle fois mon verre, et en demandais encore un autre. Toutefois, ce ne fut non pas Nobuto-san qui vint me l'amener, mais un homme en costard noir, dont je ne distinguais que les pieds. Me redressant pour mieux l'examiner, j'aperçus un visage aux traits fins auréolé d'une chevelure rouge flamboyante – tête qui m'étais familière, et que je reconnue sans l'ombre d'une hésitation. En temps normal, j'aurais certainement été surprise, mais l'alcool avait réduit de moitié mes capacités de réflexion, ce pourquoi je me contentais de sourire bêtement.
« - Ca faisait longtemps… Ino. » Déclara-t-il, me jaugeant de haut en bas.
« - Qu'est-ce qu'un homme comme toi fais ici, Sasori ? » Demandais-je, alors qu'il prenait place à ma table.
« - Je compte racheter ce bar afin d'y faire construire un atelier. » Expliqua-t-il, le plus naturellement du monde.
« - Je vois… Tu n'as vraiment pas changé depuis la fin du lycée. Toujours aussi arrogant. Toujours aussi bel homme… En te voyant, j'ai l'impression que nous nous sommes quitté hier. »
« - Pourtant ça fait un peu plus d'un ans. C'est fou ce que le temps passe vite. » Admit-il, en sirotant le Gin qu'il avait commandé.
Ma scolarité avait prit fin lorsque j'avais consommé mon année de terminale – sans obtenir bon Bac, bien entendu. Depuis, nous ne nous étions pas revus, et pour dire vrai, je ne m'en étais pas réellement plainte. Car après tout, qu'est-ce que le grand héritier de la compagnie du Scorpion aurait pu faire avec une catin dévergondée telle que moi ?
Sasori et moi nous étions rencontrés il y a tout juste 1 an, à une époque où il me restait encore beaucoup à apprendre sur la vie et ses incongruités. Je ne saurais dire quel sentiment j'ai éprouvé à son égard lors de notre première confrontation – le 2 septembre 2008, à l'occasion de la rentrée des classes – mais je dois avouer que s'il me fallait mettre un nom dessus, cela aurait certainement été dégout ou horreur. Il était ce genre d'homme arrogant, fier et vicieux que les gens admirent par hypocrisie. Ce genre d'homme élevé dans la méprise des individus de mon espèce et dans l'idolâtrie des bonnes manières et du respect moral.
Sasori avait déjà, à cette époque, la même beauté froide et vipérine qu'il possède encore aujourd'hui, et qui s'est de surcroit fortifiée lorsque les traits de l'enfance se sont mués en des caractères plus adultes. Il n'avait pas un physique aimable et fastueux, stéréotype du prince charmant. A vrai dire, il était bien trop arrogant pour ça. Non, sa beauté se distinguait au travers de la perfection répugnante de son visage, de la profondeur cruelle de ses yeux, de la régularité infâme de sa peau, de la brillance discourtoise de ses cheveux et du charme satanique de ses sourires orgueilleux.
On ne résistait pas à Sasori Akasuna, parce qu'il était synonyme de perfection dans la luxure et d'idéal dans la profusion, mais aussi car personne en ce bas monde ne pouvais manipuler les gens mieux que lui. L'éclat de sa magnificence forçait l'admiration, obligeait le respect et induisait inévitablement la jalousie. Un désir méprisable et odieux qui, une fois insinué dans votre conscience, vous ôtait le sommeil et rendait vos journées insupportables.
Oui, Sasori Akasuna était effectivement ce que l'on pouvait qualifier de «monstre». Une créature bien dissimulée sous les traits d'un visage angélique, d'une richesse incomparable et d'une attitude exemplaire, en l'occurrence. Mais inéluctablement un monstre. Je le croisais chaque jour dans les couloirs de l'école et le voyais évoluer au sein de son empire, entouré de toutes ses conquêtes qui ne se comptaient même plus tant elles étaient nombreuses. J'observais sa gestuelle, ses habitudes et supportais sa malveillance quotidienne avec un dégoût si grand que j'ignore encore s'il est possible d'appeler ça du dégoût. Cet homme me répugnait, me donnait purement et simplement envie de vomir.
Il était mon ennemi, mon rival, et certainement la personne que je détestais le plus en ce monde. Le lycée était notre champ de bataille : nous y faisions la guerre nuit et jours dans l'espoir de faire plier l'adversaire… Ce n'était ni plus ni moins qu'un jeu entre adolescents. Un jeu qui n'avait cependant aucune limite et dont la fin ne fut d'ailleurs jamais écrite. Un jeu qui, après une succession de malencontreux évènements, avait finit par devenir ma seule et unique raison de vivre…
2 septembre 2008 – Lycée Konoha.
Mes parents m'avaient envoyé dans un établissement privé où je ne connaissais absolument personne. Une école de petit bourgeois hautains au regard méprisant, aux cheveux soigneusement peignés, et à la démarche rectiligne. Un monde où l'argent agrémentait la plupart des discutions et où je n'avais pas ma place. J'observais d'un œil irrité la masse d'élèves, indistinguables à cause de l'uniforme, qui se bousculaient devant moi, afin d'accéder au panneau de répartition des classes. Un enchevêtrement de fourmis aux mandibules crasseuses et à l'organisation mal-entretenue… Pathétique.
Il me fallut attendre une bonne demi-heure avant que la foule ne se soit totalement dispersée – demi-heure durant laquelle je m'étais afférée à établir l'éloge de divers insectes qui s'apparentaient, selon moi, à cette communauté bourgeoise. Un sourire aux lèvres, je m'avançais vers l'écriteau, et y lu : Ino Yamanaka – 1A – salle 220. Après avoir jeté un coup d'œil au plan épinglé à la suite des listes, je me dirigeais vers ma salle de cours, le pas trainant.
Les couloirs étaient immenses, et l'on pouvait y admirer les portraits des précédents directeurs. Continuant mon chemin, j'aperçus bientôt une porte, au-dessus de laquelle un panneau en latex indiquait « Classe 1A ». Au fur et à mesure que je m'en approchais, je sentis mon pouls s'accélérer frénétiquement et ma respiration se raccourcir. Ne croyez pas que j'étais une petite peureuse, effrayée par quelques enfants pourris-gâtés jusqu'à la moelle. Je les trouvais ridicules, prétentieux et infréquentable, certes, mais en aucun cas je n'en avais peur… Peut-être était-ce juste la somptuosité et les proportions déraisonnables de cet endroit qui me mettaient mal à l'aise.
La salle de cours était évidemment à la hauteur de mes espérances. Elle aurait pu être modeste et banale si les pupitres individuels n'avaient pas été de véritables bureaux de mafieux, large de trois mètres et certainement d'une valeur inestimable. N'oublions pas non-plus les rideaux de soie bleu, les bibliothèques aux livres vieux de plusieurs décennies, et, summum du ridicule, le petit salon de thé aménagé au fond de la pièce.
« - J'ai envie de vomir… »
Les élèves qui me précédaient s'arrêtèrent un bref instant pour suspendre leurs vestes à une longue série de crochets – je fis de même pour ne pas avoir l'air complètement dépaysée. Il s'agissait de trois filles. La première était une petite brune coiffée en macaron. La seconde avait des yeux de nacre et des cheveux noirs ébène. La dernière, quand à elle, arborait une tignasse rose amarante des plus particulières, qui jurait outrageusement avec ses yeux verts. J'esquissais un sourire moqueur face à cet étrange tableau : Décidément, il y en a qui suive la mode à n'importe quel prix, même s'il est question de se teindre les cheveux en une couleur si grotesque !
Elles passèrent le seuil de l'entrée, sans m'accorder un seul regard, le pas fier et la démarche tellement raide que je m'amusais à penser qu'on leur avait enfoncé un balai dans le postérieur. La plus ridicule restait bien entendu Melle Rose-bonbon. La brune ne valait pas vraiment mieux. Cependant, la jeune fille aux yeux de nacre me semblait plus réservée, et de ce fait, moins arrogante. Elle m'offrit d'ailleurs un sourire timide en passant à ma hauteur, mais fut bien vite rappelée à l'ordre par ses amies.
« - Bonjour. » Déclarais-je, avant qu'elle n'ait détourné la tête.
La rose et la brune stoppèrent le pas et me lancèrent un regard assassin. J'haussais donc un sourcil, l'air de dire « Quoi ? Vous voulez ma photo ? ». Elles furent d'ailleurs outrées par ma réaction, et pincèrent les lèvres en relevant la tête. Je me détournais donc de ces deux idiotes – elles ne méritaient pas que je leur prête attention – et répétais ma salutation envers la jeune fille qui m'avait furtivement sourit.
« - B… Bonjour. » Répondit-elle, finalement.
« - Je m'appelle Ino Yamanaka. Et toi ? » Continuais-je, en lui accordant un sourire amical.
« - Hi… » Commença-t-elle, timide.
« - Hinata ! Tu viens ? » Commanda cette petite peste à tignasse rose.
Elle baissa instinctivement la tête, comme si elle craignait d'être frappée ou sévèrement réprimandée. J'entendis un vague « Désolée », sans savoir si elle s'excusait auprès de moi ou de sa prétendue amie. Décidément, les élèves de cet école étaient tous plus barge les uns que les autres ! Comment cette « Hinata » pouvait-elle acceptée d'être ainsi menée à la baguette ?
« - Sakura ! Tenten ! Hinata ! » S'écria alors une voix suraigüe.
Je fus bousculée sans aucune gêne par une rouquine à lunettes noires, qui se précipita vers Rosette et ses sbires, sans même prendre la peine de s'excuser. Moi qui croyais que les gens de cette école étaient des personnes bien élevées… Ils n'avaient apparemment pris que les mauvais côtés de la bourgeoisie – c'est-à-dire l'arrogance, la prétention et le ridicule.
« - Devinez qui serra avec nous en cours d'anglais, de mathématiques et d'histoire cette année ? » Tonitrua-t-elle, éveillant la curiosité de tous les élèves de la classe.
« - Non… Tu veux dire qu'il serra là ? » S'exclama à son tour la dénommée Sakura, Les yeux scintillants.
« - Oui ! » Confirma la rouquine en sautillant sur place.
La science et l'équilibre naturel font que certains sons, trop graves ou trop aigus, sont impossibles à produire… Mais ces élèves n'étant pas normaux, je dirais que l'inaccessible devient envisageable – au grand déboire de mes pauvres oreilles... Autant vous dire que le cri strident et passablement animal qui retentit à cet instant autour de moi ne pouvait être décrit… Il est effectivement surprenant de voir au combien la gente féminine peut devenir hystérique en à peine une demi seconde, à l'entente d'un simple et unique mot.
« - Sasori va être dans notre classe ! » S'écria Tenten, au bord de l'évanouissement.
Les conversations prirent alors une tournure assez étonnante : Les filles se mirent à parler de coiffures, de filtre d'amour, de maquillage, et de fête. Les garçons, quand à eux, discutèrent principalement de business, d'opportunité professionnelle et de compte en banque… Rien qui ne puisse me faire sentir concernée. Et puis, c'était qui ce « Sasori » que tout le monde semblait idolâtré comme s'il était le messie ? Ne connaissant pas la réponse, je restais plantée sur le seuil de la porte – endroit que je commençais à particulièrement apprécier – et admirais ces petites fourmis couinées, en pensant que l'année allait vraiment être longue…
Les cours de la matinée passèrent avec une lenteur épouvantable. Certains élève m'avaient abordés – parfois sympathiques, parfois horripilants – mais tous se ravisaient bien vite en apprenant que j'avais passé l'essentiel de ma scolarité dans une école publique, et que ma famille n'avait fait que très récemment son entrée dans le monde du marché. Il est vrai que l'entreprise Yamanaka avait été crée il y a à peine trois ans, et que son niveau de vente, bien que prometteur, n'atteignait pas encore les sommets…
La rumeur disant que j'étais née en temps que «prolétaire» eut vite fait le tour du lycée, et bientôt, plus personne ne m'adressa la parole. Certains garçons, qui n'étaient pas restés indifférent à mon charme, virent leurs idéaux réduits à néant, pour le plus grand bonheur de ses dames – la rivalité est une chose qui n'est guère appréciée dans le monde de la préciosité.
C'est donc seule que je me dirigeais vers les jardins, trop énervée pour tentée de me joindre aux autres lors du repas de midi. Les couloirs se succédaient, interminablement, les portes défilaient à mes côtés, et je maudissais mes parents pour m'avoir envoyé dans cette école. Mon père m'y avait contrainte parce que, étant l'héritière de la famille Yamanaka, je me devais de faire «bonne figure»… Mais jamais, au grand Dieu, jamais je n'avais appartenu à ce monde !
J'avais grandit parmi les gens normaux, dans un petit cottage à l'est de Tokyo. Le luxe, la convenance et la gloire ne faisaient parti de mon vocabulaire que depuis quelques années… Et autant l'avouer tout de suite : Je détestais cette nouvelle vie !
« - Saloperie d'école, saloperie de fourmis ! » Grognais-je, en donnant un coup de pied dans le vent.
C'est ce moment là qu'il choisit pour apparaitre au tournant du couloir voisin... Et c'était comme si tout autour de moi se figeait brutalement. J'eus la désagréable et étonnante impression d'être aspirer dans une dimension parallèle où l'élongation entre le temps et l'espace n'existait pas. Il s'arrêta à quelques mètres, et nos yeux se croisèrent. Je pu lire au creux de ses iris sablonneuses de la stupéfaction, du ravissement, mais aussi une immense incompréhension. Il était beau. Incroyablement beau. Avec des cheveux pareils au soleil couchant, un visage poupin et un charisme étonnant.
Nous étions le 2 septembre 2008, et c'était la première fois que je rencontrais Sasori Akasuna. Une fois la surprise passée, nous eûmes tous deux le même sourire ironique, provocant et complice : Deux reflets que rien ne pouvais associés. Des opposés qui, pourtant, avaient immédiatement compris que cette rencontre n'était pas due au hasard. Instinctivement, je me mis à le haïr. La chose fut bien entendu réciproque. Et d'un commun accord, nous déclarâmes, alors que midi sonnait :
« - Bonjour. Soyons ennemis ? »
Mot de fin :
Dans le prochain chapitre de Requiem pour une vie...
- Des normes hiérarchiques !… « Sasori m'était théoriquement supérieur – j'ai bien dis théoriquement ! »
- Mais aussi des phrases cultes !… « Galère, galère… »
- Des vulgarités bien placées !... « Je me fou de la gueule de princesse Sissi ! »
- Avec en prime le retour des surnoms idiots !... « Fourmis ? »
- Et enfin, mais surtout, de la guimauve à l'état pur (ou pas…) !... « Mon cœur se mit à battre frénétiquement. »
