Disclaimers : Les personnages ne sont pas à moi, je n'en retire que le plaisir de les mettre en scène.
Titre : Liens de sang II
Auteur : Ephemeris
Résumé : Heero, Duo et Hélène vivent une vie tranquille où ils travaillent dans l'anonymat, mais les choses se compliquent, des événements inattendus arrivent et une lettre étrange leur parvient, peut-être signe de mauvais augure.
Couples : 1x2x1
Genre : Un peu plus comme l'histoire originale de Gundam Wing, moins comme la première partie de cette fic, mais un peu quand même…
Rating : T
Warnings : Yaoi. Ceci est la suite de Liens de sang. Il va sans dire qu'il est préférable pour votre compréhension de lire cette première partie avant de commencer celle qui suit dans sa totalité.
Résumé de la première partie : Après la guerre, Heero et Duo se sont installés sur L2 et vivent une vie paisible, Duo travaillant dans une ferraillerie et Heero faisant des réparations de matériel informatique à domicile. Un soir de pluie, une jeune fille frappe à leur porte et se trouve être la fille de Duo et de Hilde qui vient de mourir dans un accident. La jeune fille, Hélène, en veut à son père qui a abandonné sa mère, mais découvre qu'il ne savait rien de son existence et apprend à le connaître, se défaisant de cette image négative qu'elle s'était faite de lui. Après une adaptation difficile et beaucoup d'affrontement, Hélène accepte la situation et se lie avec les deux hommes pour en arriver à former une vraie famille.
Liens de sang II
Chapitre 1
Alors que le soleil artificiel commençait à peine à s'éclairer et que le ciel gardait encore des traces sombres de l'espace, le facteur de la colonie avait commencé sa ronde et enfilait dans les fentes des boîtes aux lettres le courrier des habitants de L2. L'homme, depuis qu'il était à ce poste, en était venu, au fil du temps et selon ce qu'il déposait, à cerner d'une certaine manière la personnalité des gens et il lui arrivait même de s'imaginer des scénarios concernant ces derniers.
Ainsi, il savait que cette jeune femme qui habitait à cette adresse, même s'il ne l'avait jamais vue, devait être plutôt jolie au vu de toutes les lettres de prétendants enflammés, ce que l'on constatait d'un simple regard sur l'enveloppe. Il savait également que l'homme qui vivait un peu plus loin dans la même rue, pour s'abonner à autant de compagnie de distribution de chaînes télévisées, ne devait pas sortir de chez lui souvent et s'ennuyer plus que la plupart des gens, l'un étant peut-être la cause de l'autre.
Mais parmi toutes les maisons qu'il visitait, il y en avait une qui le laissait perplexe. Pendant des années, cet appartement n'avait été occupé que par deux hommes à qui l'on écrivait peu ; ils recevaient quelques factures dans le mois et rarement des lettres manuscrites. Puis, depuis quelques années maintenant, une femme qui portait le nom de l'un vivait avec eux, mais on ne lui écrivait pas beaucoup non plus.
Etait-ce une famille ? Un concubinage étrange ? Le facteur ne savait trop quoi en penser et il était toujours curieux de voir ce que le sac accroché à son vélo réservait à cet appartement. Lorsqu'il arriva au niveau de la porte, il prit le paquet qui correspondait et y trouva une facture et une lettre dont l'adresse et le nom étaient tracés avec un grand soin.
« Sans doute une femme, » se dit-il en faisant glisser les deux enveloppes dans la fente avant de poursuivre son chemin.
-§-§-
Il faisait bien clair sur la colonie et les maisonnées se réveillaient doucement. Dans cet appartement qui avait retenu l'attention du facteur quelques heures plus tôt, la vie revenait également. En effet, il était presque huit heures et un des habitants s'affairait, déjà habillé, s'apprêtant à sortir.
« On se réveille ! Vous allez être en retard ! Duo, Hélène ! » lança-t-il en mettant le carton contenant l'ordinateur qu'il avait réparé dans l'entrée.
Mais le manque de réponse le fit revenir sur ses pas alors qu'il allait ouvrir la porte. Il marcha dans le couloir et entra dans la chambre de gauche. Là, il trouva un jeune homme, toujours endormi et qui ne semblait pas avoir envie de se lever. Il se pencha sur lui et avança sa main vers le visage paisible. De ses doigts agiles, il exerça une pression sur les narines, empêchant ainsi l'air d'entrer dans les poumons du jeune homme, ce qui provoqua chez ce dernier une réaction presque immédiate.
« Heero, enflure ! »
Mais l'enflure était déjà hors de la chambre et entrait dans celle de l'autre côté du couloir. Dans le même état que l'autre homme, il y trouva une jeune fille qui n'avait pas été dérangée, semblait-il, par les cris de la chambre voisine. En se penchant sur elle également, il s'adonna à la même pratique sur son nez et eut la même réaction.
« Heero, saleté ! »
Mais il n'était déjà plus dans la chambre et s'écria :
« Levez-vous ! Je dois partir et je veux être sûr que vous arriviez à l'heure au boulot. »
Tant bien que mal, les deux endormis s'extirpèrent de leurs lits en s'efforçant de garder l'équilibre et s'arrêtèrent dans le couloir, face à face, les yeux à moitié ouverts et le visage contrarié. D'un même mouvement, ils se retournèrent vers leur tortionnaire et le fusillèrent du regard. Accompagné d'un doigt accusateur, l'homme lança :
« Sadique, t'es qu'un sadique ! »
« Ouais, un sadique ! » renchérit la jeune fille.
Heero passa derrière eux et les poussa vers la cuisine où les attendait deux tasses de café.
« Mais quand je vous réveille en douceur, vous continuez à dormir. Je suis obligé d'employer la manière forte. Allez, maintenant que vous êtes debout, j'y vais. »
« Bonne journée, amour sadique de ma vie, » dit Duo, un petit sourire sur les lèvres.
« Bonne journée, Papa sadique numéro deux, » renchérit Hélène, elle aussi en train de sourire.
« Hey, comment ça 'Papa sadique numéro 2' ? » s'écria Duo. « Ca veut dire que je suis un papa sadique aussi ? Je suis victime dans cette affaire ! »
Voyant que son amant et sa fille allaient se réveiller complètement avec cette fausse dispute, Heero prit son carton et ouvrit la porte pour s'en aller. Dans l'agitation, il ne vit pas le courrier qui était au sol.
Après un petit déjeuner quelque peu expédié au vu de l'heure, Duo et Hélène s'habillèrent rapidement pour partir travailler.
-§-§-
La ferraillerie n'avait jamais eu autant de travail à fournir depuis son ouverture. Tous les employés étaient débordés depuis une bonne semaine. Les voitures en panne se faisaient rares, mais les engins de transport spatial et les armures mobiles affluaient. Dans le cas de ces dernières, il s'agissait beaucoup de révision ou de petits dérèglements plutôt que de grosses réparations.
Dans cette ambiance, Duo et Hélène faisaient au mieux pour écouler le travail, mais toujours de manière consciencieuse. Après avoir reçu son diplôme, la jeune fille, plutôt que de s'engager dans des études supérieures, avait voulu travailler avec son père et ce dernier avait pu négocier son entrée à la ferraillerie. Il l'avait formée, lui avait appris tout ce qu'il savait en mécanique et, son âme de terroriste toujours émoustillée devant des armures mobiles, lui avait montré quelques astuces de piratage électronique en parallèle et à l'insu de son patron.
« Maxwell ! » s'écria alors ce dernier à travers le hangar.
Duo et Hélène, chacun le nez dans le ventre d'une armure mobile différente, relevèrent la tête d'un air surpris.
« Tu t'adresses à qui Fred ? » demanda Duo, étonné de s'entendre appeler par son nom de famille.
« J'ai dit Maxwell parce que je veux les deux. Dans mon bureau ! »
Le père et la fille échangèrent un regard perplexe et sautèrent au sol pour suivre leur patron. Une fois la porte du bureau fermée et les deux employés en face de leur employeur, ce dernier prit la parole.
« Je commence vraiment à m'inquiéter. Cet afflux d'armures mobiles à réparer est vraiment étrange et on risque de manquer de main d'œuvre. »
« Ouf, ça me rassure, » dit alors Duo.
« Pourquoi tu dis ça ? Je viens de te dire que je suis inquiet. »
« Sur le coup, j'ai cru que tu voulais nous virer, » répondit-il en riant.
Hélène donna un coup de coude à son père, voyant le véritable état d'inquiétude de son patron. Duo se tut et laissa Fred continuer.
« Au contraire, il faudrait que j'embauche, mais je ne peux pas prendre n'importe qui. Si ça continue et qu'on reçoit des commandes de gens plus importants, on ne pourra pas tout gérer et on pourrait perdre gros. »
« Qu'est-ce que tu attends de nous ? » demanda alors Hélène.
Fred eut un sourire en regardant ses deux employés l'un après l'autre.
« Vous avez un don tous les deux. Je sais pas si c'est dans les gênes, mais c'est là et même toi, Hélène, ça fait pas si longtemps que tu es là et vous êtes tous les deux mes meilleurs hommes, même si tu es une femme, » termina-t-il en regardant la jeune fille.
« Donc, tu veux quoi ? » relança Duo.
Fred s'approcha alors du jeune homme et le regarda droit dans les yeux.
« Duo, je veux pas croire que tout ce talent que tu as, il n'y ait que toi qui l'ait. Tu dois connaître des gens qui savent réparer des armures mobiles, même des gens qui ne pratiquent plus depuis la fin de la dernière guerre. Si tu pouvais me trouver ne serait-ce qu'une personne pour renforcer l'équipe… »
Face à l'expression proche de la détresse que Duo voyait dans les yeux de Fred, une idée qu'il avait refusée pendant des années revint dans son esprit, mais elle ne lui faisait pas plaisir. Détournant le regard, il dit tout bas :
« Je vais voir ce que je peux faire. »
Il eut pour réponse un grand sourire de la part de son patron, puis il tourna les talons et retourna à son travail, suivi de près par Hélène qui fit un sourire à Fred avant de sortir du bureau. Elle rattrapa son père qui avait pris un peu d'avance et l'arrêta en lui mettant la main sur l'épaule.
« Papa, à quoi tu penses ? »
Duo releva la tête, une expression étrange sur le visage.
« Je vais voir si Heero est d'accord pour venir nous aider. »
Hélène ouvrit de grands yeux et laissa son père continuer sa route. Elle était abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre. Elle savait que son père faisait tout pour éviter à Heero de sortir de son travail tranquille à domicile. L'angoisse de Fred avait dû le toucher particulièrement pour qu'il en arrive à penser demander cela à Heero. Hélène chassa ces pensées de son esprit et retourna à son travail. Elle verrait tout cela plus tard.
Lorsque la journée fut terminée et que la majorité des employés était déjà partie, Hélène alla trouver son père qui refermait le ventre d'une armure mobile. En voyant sa fille, il descendit et la suivit vers la sortie. Le chemin du retour vers leur appartement se fit en silence. Depuis la discussion qu'ils avaient eu avec leur patron quelques heures plus tôt, Duo n'avait pas décroché un mot.
Lorsqu'ils arrivèrent, ils furent surpris de ne pas trouver Heero dans le salon à les attendre comme tous les soirs. Hélène passa la première à la salle de bain tandis que Duo vérifiait si son amant n'avait pas laissé un mot quelque part, mais il ne trouva rien. Il mit la table en attendant que sa fille libère la salle de bain.
L'échange se fit dans le silence ; Hélène passa dans la cuisine dans l'idée de préparer le repas et Duo alla se laver de sa journée de travail. Une fois cela fait, ils se retrouvèrent tous les deux dans la cuisine à attendre. Il n'était pas dans les habitudes de Heero de sortir ainsi sans prévenir, surtout à l'heure où ils rentraient du travail. Duo était inquiet et allait regarder de temps en temps à la fenêtre pour guetter l'arrivée du jeune homme.
En revenant à la cuisine après un énième voyage vers le salon, il remarqua au sol dans l'entrée deux enveloppes qu'il ramassa en passant et qu'il laissa tomber sur la table, entre deux assiettes.
« C'est pas bon, » dit-il en s'asseyant. « C'est pas le genre de Heero ça. Et je me rends compte de l'inquiétude qu'il devait se faire lorsque je rentrais plus tard avant. Mais où est-il ? »
« Arrête de te faire du mauvais sang comme ça. Il a dû avoir un imprévu, mais je suis sûre qu'il va pas tarder maintenant, » tenta de le rassurer Hélène.
Et comme s'il attendait ces paroles pour entrer, Heero parut soudainement sur le pas de la porte. Duo, en entendant les pas de son amant, se précipita dans l'entrée.
« Ca va Heero ? »
Le jeune homme leva des yeux absents et fixa Duo pendant un moment avant de parler.
« Oh, vous êtes déjà rentrés. Désolé de ne pas avoir été là. »
« Il s'est passé quelque chose ? Tu me parais étrange, comme si quelque chose te perturbait, » renchérit Duo, au bord de la panique.
Heero vit cette expression et sourit à son vis à vis pour calmer son inquiétude. Il l'entraîna au salon où Hélène les suivit.
« Ce n'est rien de bien grave, juste quelque chose d'inattendu. J'ai passé la journée au boulot aujourd'hui et ça m'a fait bizarre de travailler avec des gens autour de moi de nouveau. »
« Mais comment ça se fait que tu as travaillé là-bas ? Tu travailles à la maison d'habitude, » interrogea Hélène.
« La société va fermer et quand je suis allé rapporter l'ordinateur ce matin, ils m'ont demandé de rester la journée pour effectuer les dernières réparations sur place parce que c'était la fin et qu'ils n'avaient plus rien à réparer. »
Heero avait l'air atterré. Lui qui aimait tant l'ordre et la symétrie de sa vie, il se retrouvait d'un coup, après presque vingt ans de travail au même endroit, sans emploi. Hélène se souvint alors de ce que son père lui avait dit suite à l'entretien avec Fred et jeta un regard à Duo qui avait pensé à la même chose que sa fille à cet instant. Mais Hélène le voyait hésitant et n'osa pas aborder le sujet d'elle-même.
Au contraire, ils se dirigèrent tous dans la cuisine pour manger en famille avant d'aller se coucher. Hélène n'était pas très en forme et gagna sa chambre en premier. Les deux hommes restèrent un moment assis dans le salon, blottis l'un contre l'autre. Duo ruminait la demande de son patron et, malgré les inconvénients qui s'étaient précipités dans son esprit à l'idée de faire reprendre du service à Heero, maintenant que ce dernier n'avait plus de travail et qu'il n'en était pas heureux, il lui semblait que l'idée n'était pas si mauvaise. Mais il se disait qu'une telle proposition était inopportune à cet instant et qu'il valait mieux attendre un peu.
Alors qu'ils étaient tous les deux en silence, chacun à ses réflexions personnelles, Heero se leva en prenant la main de Duo dans la sienne et l'entraîna tranquillement vers leur chambre. Duo se laissa faire et une fois la porte de la pièce fermée derrière eux, il fut surpris de sentir le corps de Heero se coller au sien et son visage plonger dans son cou. Il passa ses bras autour de Heero naturellement, mais lorsqu'il sentit son amant renforcer leur étreinte, il perçut une détresse incroyable qui lui fit monter les larmes aux yeux.
« Mais enfin, Heero. Il ne faut pas s'en faire comme ça, » lui murmura-t-il en le serrant plus fort encore.
Le jeune homme resta un moment dans les bras de son amant avant de relever ses yeux bleus et de les plonger dans ceux de Duo. Cet échange de regard fut suffisant pour se faire comprendre et, sans un mot, leurs lèvres se rencontrèrent. Duo passa une main derrière la nuque de Heero, caressant les cheveux courts qui y poussaient. Ce contact rendit Heero fébrile et il se laissa complètement aller aux caresses que son amant lui prodiguait à cet endroit, puis dans le creux de la clavicule, sur l'avant-bras ou encore à la frontière du pantalon et du tee-shirt où une bande de peau jouait à cache-cache.
Ce processus enclenché, tout alla très vite. Les vêtements tombèrent un par un dans un silence qui ne fut pas brisé lorsque les deux corps atteignirent le lit. Ils se glissèrent sous les draps et ce ne fut qu'échange de caresses, de regards et d'émotions. Alors qu'il savourait cet instant, Duo réalisa que ces moments d'intimité extrême avaient été plutôt rares dernièrement et il le regretta amèrement.
Ils étaient maintenant face à face dans leur lit, le regard de l'un dans celui de l'autre, et n'avaient de contact physique que par leurs mains l'une dans l'autre. Leurs yeux se parlaient dans le silence de la pièce et de temps en temps, ils souriaient. Ce fut alors que Heero brisa ce silence dans lequel ils s'étaient installés.
« Ca faisait vraiment trop longtemps. Il faudra pas attendre autant avant la prochaine fois, » dit-il avec un sourire en coin.
« On a été très occupé dernièrement, mais c'est vrai que c'est pas bon d'attendre autant. »
Duo marqua une pause, réfléchissant bien à ce qu'il voulait dire.
« Dis Heero, qu'est-ce que tu comptes faire pour le boulot ? »
Le jeune homme baissa les yeux, quelque peu abattu.
« J'en sais rien. Qu'est-ce que je pourrais faire ? Cette boîte était la plus prospère de la colonie et de travailler pour eux avec mes compétences me garantissait presque un travail à vie. Et s'il n'y a plus de travail chez eux, je vois pas comment je pourrais trouver la même chose ailleurs. »
« Et tu aurais pas envie de faire autre chose ? »
Heero releva les yeux et regarda Duo bien en face. Il percevait dans la voix de son amant quelque chose d'inhabituel, quelque chose d'incertain qu'il lui avait déjà sembler déceler lorsqu'il était rentré un peu plus tôt.
« Toi, tu veux me dire quelque chose, mais tu n'oses pas, » se contenta-t-il de répondre, attendant un éclaircissement.
Duo prit donc son courage à deux main.
« Oui, j'ai un truc à te demander, mais c'est difficile pour moi de t'en parler, encore plus avec ces circonstances. Donc, si tu ne veux pas, ne te force pas à dire oui pour me faire plaisir, je me sentirais trop coupable. Je préfèrerais travailler jour et nuit s'il le fallait… »
« Duo, viens en au fait, s'il te plaît. »
Le garçon prit une profonde inspiration et se lança.
« Mon patron m'a pris à part aujourd'hui et m'a demandé de trouver de nouveaux réparateurs pour la ferraillerie. On a de plus en plus de commandes ces temps-ci et il a peur de rater de gros poissons si on est surchargés. Ca me fait pas plaisir de devoir te demander ça parce que je sais que tu voudrais tout oublier de ce que la guerre a fait, mais dans l'immédiat, je ne vois pas d'autre solution. »
Duo ne put aller plus loin et attendit la réponse de Heero qui le fixait avec des yeux surpris.
« Réparer des armures mobiles ? »
Duo acquiesça.
Une foule de souvenirs surgit dans l'esprit de Heero à cet instant et l'image de son Gundam lui apparut clairement. Duo vit un petit sourire se dessiner sur le visage de son amant, mais n'en déduit rien. Heero se rapprocha alors un peu plus de lui.
« En fait, je crois que dans cette situation, ça pourrait me convenir. Je n'ai pas vu d'armure mobile en vrai depuis plus de vingt ans alors que c'était toute ma vie avant, tu te rends comptes… »
Sur ces mots, et tenant toujours la main de Duo dans la sienne, il s'endormit. Ce dernier fut soulagé de sa réaction et trouva le sommeil à son tour.
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Ce fut un doux rayon de soleil artificiel qui réveilla le couple endormi. Sans un mot, après un simple regard, les deux hommes se levèrent. Après un tour à la salle de bain, Heero se rendit à la cuisine alors que Duo ouvrit la porte de la chambre de sa fille.
« Debout la terreur, » dit-il d'une voix reposée.
Etrangement, il n'en fallut pas plus à Hélène pour ouvrir les yeux. Bien qu'elle aurait cru avoir très mal dormi suite aux événements concernant Heero qui s'étaient produits la veille, elle se leva apaisée et la voix de son père la conforta dans cette impression. Elle le suivit dans la cuisine et, en voyant son deuxième père, ne put s'empêcher de l'enlacer. Ce geste fit sourire Heero qui lui caressa les cheveux.
« Décidément, si je ne vous avais pas, tous les deux, je me demande ce que je ferais. »
Se défaisant d'Hélène, il s'approcha de la table et vit avec surprise deux enveloppes posées dessus. Il les prit alors que Duo s'approchait.
« Oh, c'est le courrier d'hier ! » s'exclama-t-il. « Avec toute cette histoire, je l'avais oublié. »
Il regarda par dessus l'épaule de Heero de quoi il s'agissait. La première était une facture à son nom que Heero s'empressa de lui donner malgré la grimace du jeune homme. La seconde les rendit perplexes.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? » demanda Duo. « C'est l'écriture d'une femme ça. Comment ça se fait qu'une femme t'écrit une lettre d'amour ? »
« Duo, rien ne dit que c'est une lettre d'amour, arrête de dire n'importe quoi. »
Ce dernier prit l'enveloppe des mains de Heero et la regarda sous tous ses plis. Il n'y avait que le nom de Heero et l'adresse de l'appartement d'indiqué, aucune trace de l'expéditeur. Sa curiosité lui disait de l'ouvrir, mais il la tendit au destinataire en le pressant de le faire. Heero décacheta l'enveloppe et en sortit une feuille de papier pliée en trois. L'écriture était soignée, comme elle l'était sur l'enveloppe.
« C'est de qui ? » ne put s'empêcher de dire Duo.
Alors que Heero cherchait la fin de la lettre pour voir de qui il s'agissait, Hélène apporta trois tasses de café sur la table et s'assit en ne prêtant qu'une attention moyenne à ce qui se passait. Ce fut alors que les yeux de Heero s'ouvrirent en grand sous le regard pressant de Duo. Il leva un visage marqué par l'étonnement vers son amant et dit :
« C'est une lettre de Relena. »
A ce simple nom, l'attention d'Hélène fut soudainement captivée alors que Duo fronça les sourcils, visiblement énervé.
« Quoi ! Tu te fous de moi ! Et qu'est-ce qu'elle dit cette poufiasse ? »
Heero entreprit alors la lecture de cette lettre à voix haute.
Mon très cher Heero,
Je conviens que cette lettre de ma part doit te surprendre après tant d'années de silence, mais il me semble que c'était hier, le temps où nous travaillions pour instaurer la paix dans le monde côte à côte. Te portes-tu bien ? Lorsque tu m'as quitté, je n'étais que vice-ministre des affaires étrangères, je suis maintenant ministre et ce poste me permet de continuer ce que nous avions commencé tous les deux il y a vingt ans.
Si je t'écris aujourd'hui, c'est que de drôles de choses se préparent et que je voudrais que tu te joignes à moi dans la sauvegarde de la paix. Je suis consciente de tes capacités et t'avoir à mes côtés me serait d'un grand réconfort. L'aide de pilotes de Gundams me seraient d'un grand secours. Je ne peux t'en dire plus dans une simple lettre, je voudrais t'en parler de vive voix. S'il t'était possible de me contacter ou plus simplement de venir me retrouver sur terre, nous pourrions de nouveau collaborer.
Avec tendresse
Relena.
« Et plus bas, il y a un numéro de téléphone et une adresse sur terre, mais ce ne sont pas celles du ministère, » termina Heero.
Duo était rouge de colère et en le regardant, Hélène tentait désespérément de ne pas éclater de rire.
« Dis-moi Heero, tu aurais pas couché avec elle ? Parce qu'on dirait la lettre d'une femme à un ancien amant. »
Le regard noir que le destinataire lui lança lui fit comprendre qu'il n'en était rien, mais cela ne fit qu'amplifier la colère de Duo qui se saisit de la lettre et la parcourut en soulignant certains passages au fil de sa lecture.
« Mon très cher Heero, » singea-t-il avec une voix de fausset. « Ouais, fais-toi bien mousser maintenant que tu es ministre. Ministre des emmerdeuses, oui ! »
« Duo, » tenta de le calmer Heero.
« Oh, l'aide des pilotes lui serait d'une grande aide. Tu entends, les pilotes au pluriel. En fait, ça veut dire 'La terre aurait bien besoin de vous cinq, mais tant que toi tu viens, mon amour, je serais comblée'. »
L'expression de son père dans cette imitation, mi princier, mi dédaigneux, fit éclater Hélène de rire. Duo n'en fut pas le moins du monde déstabilisé et termina en laissant la feuille de papier tomber sur la table en battant des cils :
« Avec tendresse. »
Retrouvant son attitude habituelle, il se saisit de sa tasse de café et en but une gorgée avec délectation sous le regard amusé de Heero.
« Tu as fini ton cinéma ? On peut aller travailler ? Je pourrais très bien te laisser en plan et partir tout seul comme je le faisais pendant la guerre, mais comme c'est mon premier jour et que c'est toi qui me recommandes, tu dois partir avec moi. »
Ces mots firent revenir Hélène à la réalité.
« Tu viens travailler avec nous Heero ? Papa, tu lui en as parlé ? »
« Oui, il m'a exposé la situation et comme je n'ai plus de travail, en fait, ça tombe assez bien, » répondit Heero avant de se lever. « Bon, vous vous dépêchez maintenant ? Si votre patron cherche à embaucher, c'est qu'il y a beaucoup de travail et c'est pas en traînant ici qu'on sera productif. »
Cet enthousiasme de la part du jeune homme eut un effet de propulsion sur le père et la fille qui terminèrent leur tasse en vitesse et suivirent Heero. Ils quittèrent tous les trois l'appartement en laissant sur la table de la cuisine cette lettre qui avait tant intrigué le facteur le matin précédent. Mais cette lettre qui semblait si anodine, que cachait-elle vraiment ?
A suivre…
Note de l'auteur : Me revoilà avec la suite de Liens de sang qui va partir sur tout autre chose. Ce premier chapitre n'est qu'une sorte d'introduction pour mettre les éléments en place par rapport à l'histoire précédente. J'éprouve un grand plaisir à revenir avec cette nouvelle histoire et j'espère que ce sera réciproque. Au plaisir !
-Ephemeris-
