La volière
1 / La porte.
On ne peut vaincre le mal que par un autre mal.
Jean-Paul Sarte.
La pluie tombait sur son corps endoloris. En vain, l'enfant essaya de ramper jusqu'à l'abri le plus proche, c'est-à-dire la niche à chien. Un chien qui était mort depuis déjà un petit moment. Douloureux, chaque mouvement lui demandait un effort surhumain. Un effort qu'il n'était pas sûr de vouloir fournir. Couvert de boue, Dean abandonna tout espoir pour rester au sec. De toute manière, il n'aurait pas été assez petit pour s'abriter convenablement dans la minuscule cabane pour canin. La respiration haletante, le jeune enfant essaya de desserrer, ne serais-ce que d'un pouce, le collier pour animal qu'il portait, trop ajuster. Le jeune garçon pouvait sentir la pulsation cardiaque pousser son sang dans l'artère carotide qui sillonnait son cou. Une tentative désespérée puisqu'il savait très bien que Paul n'était pas du style à faire les choses à moitié. Dans un espoir tout à fait inutile Dean se releva légèrement, du moins autant qu'il pu sans se faire trop mal, pour essayer de distinguer un objet qui pourrait l'aider dans sa quête de liberté. Tout ce qui ce trouvait dans un rayon de 5 mètre, c'est-à-dire son champ de vision, lui était sans intérêt particulier. La nuit, sans lune, était d'une noirceur comme Dean avait rarement pu le constater. À mauvaise blague, l'enfant se dit que c'était justement le bon moment pour qu'un monstrueux loup-garou viennes manger les habitants de la maisonnette qui vivaient sous le même toit que lui. À prendre à la légère cependant, puisqu'il dormait presque tout le temps dehors. Plus il y pensait, plus il le souhaitait ardemment. Une harde de loup-garou, de vampires et de fantômes bien terrifiant, qu'ils les feraient partir tellement vite qu'ils l'oublieraient derrière.
Depuis que Sammy était parti, c'était devenu l'un de ses souhaits le plus cher. Maintenant que son frère était en lieu sûr, Dean planifiait sans relâche son évasion, aussi douloureuse soit-elle lorsqu'il échouait. Sans interruption, son esprit trouvait chaque jour un moyen de plus en plus insensé pour prendre la fuite. Absurde, ces pensées lui faisait aussi mals que lorsque l'enfant regardait les « autres » jouer dans le parc qui était perpendiculaire à l'école.
Bien entendu, il ne faisait que regarder, en passant par là. Paul s'était mit à devenir vraiment paranoïaque et son tuteur c'était mis en tête qu'il « mémérait* » lorsqu'il était en retard, après qu'il ai fini ça journée. L'adulte avait fait un jour le chemin avec lui, comptant le temps que ça lui prenait pour revenir à la demeure campagnarde. Ainsi, lorsque l'enfant était en retard, une salve de coup l'attendait patiemment à la maison.
Parce que Paul détestait quand il « mémérait ». Ce n'était pas l'attitude d'un homme. De plus, si son père de substitution venait à l'apprendre, il pouvait dire adieu au soleil pour le restant de sa vie. En fait, c'était le meilleur qu'il imaginait pour lui. Le plus positif. Dean était sûr que cet homme allait finir par le tuer. Il avait plusieurs preuves qui l'avait amener à être sur ses gardes ; Comme la fois où il avait tué Ajax, le chien que les voisins leur avaient si gentiment donné. L'animal n'avait guère durée très longtemps dans le domaine familial. Le berger allemand jappait trop et même un bon coup de poing sur la mâchoire ne le dissuadait pas d'arrêter. L'ainé des Winchester avait alors accompagné Paul, le méchant Paul dans la forêt. Il allait sûrement s'en rappeler toute ça vie :
« Il tenait une corde jaune. Comme celle qu'on utilise dans la construction. Elles étaient bien solides et ne s'effritaient pas avec le temps. Paul en avait une grande bobine dans le cabanon. C'était toujours utile, comme aujourd'hui. D'un signe de tête l'homme interpella le plus jeune, lui aussi dehors. Un signe communicatif. Dean avait affaire à le suivre consciencieusement s'il ne voulait pas avoir des conséquences plus fâcheuses. Le suivant comme un chien bien dressé, le jeune garçon pris une masse négligé sur le sol comme lui avait demandé sèchement l'homme. Devinant bien à l'avance ce que son « père » avait l'intention de faire; Paul se lassait vite des choses et quand il prit le chien par le collier, tout était très clair. L'avantage quand on habitait à la campagne, pensait Dean, c'est qu'on pouvait faire bien des choses sans être vu. De plus, la maison était entourée d'un bois très dense. Tout pour rassurer le jeune garçon, autrement dit.
Le chien continuait d'avancer, inquiet. Plus ils avançaient, plus Dean aurait jurée que l'animal savait ce qu'il l'attendait ; il marcha de plus en plus lentement pour finalement donner des petites coups de riposte. Paul s'arrêta finalement dans un endroit sombre et sûrement à une bonne distance de la maison. Passant la corde autour du cou d'Ajax, Paul fit deux noueux coulants. Le chien se tenait maintenant par terre, reculant le plus possible; la corde était déjà serrée autour de sa mâchoire. Paul passa le fil au dessus d'une branche passablement haute et tira. L'effet fut instantané et le chien lança un gémissement de douleur. Dean se crispa lui aussi immédiatement. Il l'aimait bien, lui, le chien! C'était un peu devenu comme un compagnon de cellule. Un ami qui était en train de mourir. Pourtant, le jeune garçon n'esquissa pas un geste ni une parole. Il préférait regarder ses pieds. Même s'il devenait de plus en plus " chasseur ", au cour des années, Dean n'avait pas encore développé une insensibilité à toute épreuve. De plus, le jeune homme n'avait jamais entendu un animal, sauvage ou non, émettre de tel cris. On aurait dit un enfant qui supplie à mort. Comme si ce n'était pas tout, Paul, tenant toujours la corde, demanda de l'achever; l'animal bougeait beaucoup trop et l'homme commençait à ce fatiguer.
« Donne-lui un coup de masse sur la tête. Qu'il finisse de bouger comme un vers! »
Malgré le ton autoritaire et sec qu'il avait employé, Dean ne se ressoudait pas à abattre l'animal. Lui faire du mal lui était tout bonnement impossible.
Devant l'inaction de son plus jeune, l'homme attache la corde à un autre arbre d'une manière précipitée et soupira lourdement avant de reprendre la masse des mains du jeune garçon. L'animal qui se débattait avec énergie redoubla d'ardeur lorsqu'il vit Paul s'approcher, arme à la main. L'homme leva les bras dans un même mouvement et laissa la gravité faire le reste du travail.
Lorsque la masse rentra en contact avec le crane de l'animal, un bruit sourd résonna dans les environs. On aurait un marteau qui frappe en vain un morceau de bois. Le garçon trembla de tous ses membres. Paul détacha la corde et prit le chemin du retour. Dean pressa le pas derrière lui, tremblant encore. »
Dans ces moments là, il se demandait ce qu'il avait fait au bon Dieu pour avoir ce genre de pénitences. Avant de ce rappeler qu'il ne croyait plus aux anges.
Au moins, cette fois-là, ce n'était pas sur lui que son tuteur passait sa rage.
Sentant son corps révulser, Dean contracta son estomac et arrêta un instant de respirer; l'effet de douleur s'atténuait plus rapidement ainsi. Il regarda par la fenêtre illuminée, la seule qui l'était encore, laissant passer un carré de lumière dans la cour si noir. Paul regardait une émission de télé, bien installé dans son divan, grignotant des chips. La maison avait l'air confortable; même si parfois elle était mal chauffée, le jeune garçon savait pertinemment qu'il y faisait plus chaud qu'à l'extérieur.
L'homme qu'il détestait tant riait, gorge déployé, devant la mésaventure d'un quelqu'on que héro imaginaire. Dean serra les dents, réprimant un envie de meurtre et ferma les yeux. La nuit sera longue.
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* Action de commérer ; Synonyme.
