C'était une dispute de plus entre Grace et Frankie qui éclata dans le salon.
«Tu t'acharnes à me tirer vers le bas, s'énerva Frankie
- Mais c'est faux Frankie, je ne veux juste pas être responsable de ce choix là !
- Et moi je te demande ton avis pour une fois, rétorqua l'autre femme
- Tu veux mon avis ? Vraiment ? Je ne veux pas que tu partes, et si ça tenait qu'à moi, tu ne partirai pas, mais ça n'est pas mon choix, alors pars si c'est ce que tu veux, finit Grace en claquant la porte.»
Frankie allait partir. Grace était incapable de le supporter et elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Elle était sa meilleure amie, il était normal après tout qu'elle ne veuille pas son départ, non ? Et maintenant qu'elle avait quitté la maison, elle ne savait pas où aller, s'asseoir au bord de l'eau semble être une bonne idée.
Elle marcha de longues minutes sur le sable, difficilement, mais surement, les grains de sables craquant et glissant sous chacun de ses pas, l'air caressant son visage et soufflant des mèches de cheveux, les bras croisés sous la poitrine, elle réfléchissait. Elle se posa à leur endroit habituel, les yeux rivés sur l'horizon, tout avait changé en si peu de temps. En deux ans, elle avait retrouvé un semblant de vie normale, et voilà qu'elle allait subir un nouveau chamboulement. Elle ne s'était jamais sentit si abandonnée par quelqu'un que par Frankie. Même vivre avec son mari gay n'était pas aussi douloureux. Pourquoi souffrait-elle tant que ça ? Après tout, dès le début de leur cohabitation elle souhaitait son départ, cela semblait insensé.
Après de longues minutes, elle se releva, difficilement une fois de plus et rentra à leur maison de plage. Frankie était encore dans la cuisine, prête à riposter si il le fallait.
«J'ai besoin de comprendre ce qui se passe, souffla Frankie
- Il ne se passe rien, tu pars, l'entreprise se développe, c'est comme ça, répondit dédaigneusement Grace en attrapant sa bouteille d'alcool préférée
- Pourquoi tu veux que je reste ? Après tout, tu es toujours en train de te plaindre de moi, de me rabaisser, de me faire taire quand tes amies viennent»
Grace ouvrit la bouche, prête à se défendre, mais les derniers mots de son amie la touchèrent. Frankie pensait-elle vraiment ça ? Grace était-elle vraiment aussi horrible que ça ? Des larmes finirent par couler sur les joues de la blonde, ne comptant plus que sur la sincérité.
«Je ne veux pas que tu partes, avoua Grace
- Grace.. Dit Frankie en attrapant les mains de son amie, rien est encore décidé tu sais, sourit-elle
- Tu l'aimes Frankie, bien sûr que tu vas partir, et ça serait normal, mais je ne m'imagine plus ici sans toi, sans tes cheveux sur ma brosse, tes lunettes dans le frigo ou tes vêtements dans le lave vaisselle, rit légèrement Grace en se remémorant ce jour, je n'imagine pas cette maison sans toi, finit-elle
- Je ne vais pas partir, affirma Frankie, tu ne t'en sortirais évidemment pas sans moi, dit-elle provoquant un rire de Grace, tu as besoin de moi ici, tout le monde a besoin d'une Frankie, plaisanta-t-elle
- Promis ? S'amusa Grace
- Promis, dit Frankie»
Elle s'approcha alors de Grace et posa ses mains sur les joues de la femme en lui faisant la promesse de ne pas partir. Yeux dans les yeux, le rituel qui s'appliquait normalement à Frankie dure de longues secondes. Aucune des deux femmes ne semblaient vouloir briser le moment, perdues dans le regard de l'autre.
«Tu finis ? Chuchota Grace»
Frankie lui sourit, embrassa son front, mais au lieu d'enlever ses mains de son visage, elle embrassa les lèvres de Grace. Cette dernière sembla se raidir au contact mais se reprit et répondit au baiser. L'avenir leur promettait beaucoup de choses.
