Le plus grand des pouvoirs

Chapitre un : Dans la nuit

"Mon garçon !" grogna Vernon Dursley à travers la porte fermée de la chambre d'Harry au numéro 4, Privet Drive. "Debout, mon garçon !"

Harry n'avait pas besoin d'un réveil, il était debout depuis des heures. Il était assis, immobile dans son pyjama trop grand, observant le début du lever du soleil au-delà de l'horizon de Little Whinging, essayant de garder son esprit complètement vide. Le sommeil n'était pas venu facilement depuis son retour chez son oncle et sa tante trois jours auparavant ; en fait, il n'avait quasiment pas dormi.

"Mon garçon !" cria encore Vernon Dursley. Harry soupira avec lassitude et traversa la chambre pour ouvrir sa porte.

"Oui, oncle Vernon ?"

"As-tu écris ta lettre ?"

Harry n'enregistra pas exactement de quoi parlait son oncle à une heure aussi matinale. Il fixa son oncle d'un air perplexe. "Ma…lettre ?"

"N'essaie pas de jouer au plus malin avec moi, mon garçon. Il est temps pour toi d'écrire à ces monstres avant qu'ils ne viennent envahir ma maison !"

A ces paroles, Harry se souvint de l'avertissement donné à Vernon par les membres de l'Ordre à la station King's Cross. Ils avaient dit que s'ils n'avaient aucune nouvelles d'Harry pendant trois jours d'affilés, ils viendraient vérifier la situation. L'oncle Vernon avait été répugné par chacun d'eux, et (bien qu'il ne l'admettrait jamais), intimidé par les menaces de Maugrey Fol Œil. Harry savait que la dernière chose que voulait l'oncle Vernon était que l'un d'entre eux soit vu par leurs voisins "normaux" de Privet Drive ; et avait été sermonné durant tout le retour sur ce qu'il lui arriverait exactement si jamais un de ces monstres venait à appeler.

"Non, oncle Vernon. je ne leur ai pas encore écrit."

Vernon fouilla dans la poche de sa robe de chambre écossaise et enfonça un stylo encreur noir et un bloc note marqué Grunnings (la société dans laquelle travaillait Vernon) dans la main d'Harry.

"Alors fais-le. Je veux lire cette lettre avant que tu ne l'envoies, et je te préviens, ne pense même pas à leur faire sous entendre que notre attitude a été moins que satisfaisante à ton égard. N'oublies pas que nous sommes ceux qui t'avons accueilli toute ta vie, et tu devrais être reconnaissant."

Harry fixa le bloc note dans ses mains, réprimant un rire sans joie à la pensée de la surprise de Mr Weasley devant le laser imprimé en haut de chaque feuillet.

"Oui, oncle Vernon."

"Je dois me préparer pour le travail. Je veux cette lettre finie lorsque tu descendras pour le petit déjeuner, et tu ferais mieux d'espérer que ce que tu as écris est satisfaisant." Avec un dernier regard énervé envers son neveu, Vernon fit volte face et partit d'un air furieux en direction de sa chambre.

Harry s'installa sur son petit bureau en face de la fenêtre, mit le bloc note de côté et prit un rouleau de parchemin et une plume du tiroir du haut. Il réfléchit pendant un moment avant de commencer à écrire, pour ses propres raisons il ne voulait aucun visiteur du monde magique non plus.

"Chers Professeurs Maugrey, Lupin, Tonks, et Mr Weasley,

Tout va bien jusqu'à présent, et la maison demeure calme, ce qui est bien. Comme Hermione et Ron le savent, nous avons une certaine quantité de devoirs pour les vacances et j'ai commencé à travailler dessus.

Merci de passer le bonjour à Hermione et à tous les Weasleys, et j'espère que leurs vacances ont bien commencé.

Sincèrement,

Harry."

Harry relut précautionneusement la brève lettre à plusieurs reprises. Finalement convaincu qu'il n'y avait rien dedans qui puisse alarmer quelqu'un, il la posa sur son bureau, prit ses vêtements et une serviette, et se dirigea vers la douche.

Un autre jour avait débuté.

L'oncle Vernon lut la lettre d'Harry en sirotant son café, puis la tendit à la tante Pétunia, qui pinça immédiatement ses lèvres et la tint avec précaution, comme si le parchemin écrit par Harry pouvait être contagieux. Harry ne regarda aucun des deux. A la place, il essaya de réarranger la faible portion d'œufs brouillés dans son assiette, de telle façon que cela donnait l'air d'avoir été mangé en partie, non pas que l'un des Dursley eut remarqué ou y ait fait attention de toute façon

"Bien. Monte immédiatement et donne cette lettre à ta chouette pour qu'elle l'envoie, et elle a intérêt à se dépêcher aussi." Déclara l'oncle Vernon, redonnant le parchemin à Harry et disparaissant derrière son journal.

Reconnaissant de l'opportunité qui s'offrait à lui pour quitter la cuisine d'un blanc immaculé, Harry remonta dans sa chambre avec la lettre. Réveillant Hedwige gentiment, il attacha le parchemin à sa patte et lui demanda de l'apporter au quartier général, où il savait qu'au moins un membre de l'Ordre du Phénix serait là pour la recevoir.

Son devoir accompli pour la journée, Harry s'étendit sur son lit, fixant la légère fissure présente sur le plafond de sa chambre , essayant désespérément de ne pas penser au Département des Mystères et au trou dévastateur creusé dans son cœur par la perte de Sirius. Il se concentra sur le début de la fissure et commença à compter à reculons à partir de mille, sa concentration diminuant légèrement au fur et à mesure que les chiffres défilaient. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour empêcher ses pensées d'échapper à son contrôle et le consumer, le seul moyen qu'il avait trouvé pour se garder en sécurité. Si Ron ou Hermione avaient pu voir Harry, ils auraient été plutôt inquiets. La vérité à propos du séjour d'Harry avec les Dursley était quelque peu différente de ce qu'il disait dans sa lettre. Oui, tout était calme, mais était tout sauf "bien". Se référant à l'épisode avec les détraqueurs de l'été précédent, l'oncle Vernon avait confiné Harry dans sa chambre, libéré seulement pour les repas et ses besoins hygiéniques, de façon à ce que rien ou personne ne puisse le trouver. Pétunia lui avait dit qu'Harry était en sécurité, et par conséquent eux aussi aussi longtemps qu'il serait dans la maison, donc Harry n'avait plus la permission de sortir désormais. La routine.

Harry avait quitté sa chambre à quelques reprises seulement depuis son arrivée, le poids de sa dépression si complet que cela le rendait souvent incapable de bouger. Il n'avait pas d'appétit, et en seulement trois jours il avait perdu suffisamment de poids pour permettre à ses jeans larges de devenir encore plus larges. Il dormait rarement, et des cercles noirs entouraient ses yeux. Personne regardant Harry Potter n'aurait pu croire qu'il avait seulement quinze ans. Le désespoir présent dans ses yeux verts montrait clairement qu'il était passé par plus d'épreuves dans sa courte vie que beaucoup d'adultes n'avaient eu à traverser. Il était près de sa limite, et il le savait, mais il n'avait même plus la force de s'en soucier.

Remus Lupin était assis à la longue table dans la cuisine du N°12 Grimmauld Place, détaillant minutieusement la Gazette du Sorcier à la recherche de n'importe quel signe des agissements de Voldemort. Pas, il songea, parce que les idiots qui éditaient le papier sauraient réellement où Voldemort construisait sa forteresse, mais parce que l'un des plus grands pouvoirs de Voldemort résidait dans son moyen subtil et insidieux d'injecter sa présence poisonneuse dans le monde. Beaucoup de ses machinations seraient imperceptibles pour quelqu'un qui n'avait aucune idée de ce dont il cherchait. Entendant de légers coups à la fenêtre, il traversa la pièce et l'ouvrit pour trouver une chouette blanche avec un petit parchemin attaché à sa patte. La chouette s'envola gracieusement pour se poser sur le haut d'une des chaises de la cuisine.

"Bonjour Hedwige", dit Remus d'une voix douce, prenant la lettre et lui offrant un bout de saucisse qu'il avait fait au petit déjeuner. "Prends tu soin de Harry ?" Hedwige hulula à travers son bec plein de saucisses, d'une bien triste manière selon Remus, puis s'envola à travers la fenêtre de la cuisine par laquelle elle était rentrée.

Après avoir lu rapidement la lettre d'Harry, Remus soupira profondément, son visage pâle marquant encore plus de tristesse. Il savait qu'Harry n'allait pas bien. Comment le pourrait-il ? Remus était certainement la seule personne au monde à pouvoir comprendre combien Harry ressentait la perte de Sirius profondément, et loin de le rassurer, la courte impersonnelle lettre d'Harry le fit s'inquiéter encore plus à propos du garçon. Si seulement ils pouvaient le ramener ici, parmi les gens qui faisaient attention à lui. Mais Dumbledore insistait sur le fait que la sécurité d'Harry était son souci premier, et qu'Harry ne pourrait quitter Privet Drive avant son seizième anniversaire.

La porte de la cuisine s'ouvrit et Molly Weasley entra dans la cuisine vêtue de sa robe fleurie.

"Bonjour, Molly", dit Remus en la saluant. "Bien dormi ?"

"Oh bien, bien, bien que je pouvais entendre Fred et Georges complotant quelque chose jusqu'à tard dans la nuit. Je ne suis pas sûre si j'oserai leur demander de quoi il est question cette fois." Elle se retourna pour lui sourire et remarqua le petit morceau de parchemin dans ses mains. "Remus, est-ce une lettre de Harry ? Est-ce qu'il va bien ?"

Remus lui tendit la lettre sans un mot et son souvenir s'évanouit en la lisant. "Le pauvre garçon", murmura t-elle. "Il ne devrait pas être seul à un moment pareil ! Peut être que si je parlais à Dumbledore encore une fois…"

Elle se tu, sachant que parler à Dumbledore ne changerait rien à la situation.

"Jusqu'ici Molly, Harry n'a rien dit nous indiquant qu'il a été maltraité."

Molly fronça les sourcils : "Penses-tu réellement qu'il nous le dirait ? Je m'en vais de ce pas envoyer Arthur pour aller vérifier." Elle se dirigea vers la porte de la cuisine, ses pensées de tasse de thé oubliées.

"Je ne pense pas que cela arrangera les choses pour Harry…" Remarquant les lignes d'inquiétude sur le front de Molly, il ajouta : "Je suis sûr qu'il veut être ici avec nous autant que nous."

"Lui as-tu écris, Remus ?"

"Oui", dit Remus en soupirant. "Je lui ai écris le lendemain de son retour chez son oncle et sa tante? A part ça, je n'ai pas eu de nouvelles de lui."

"Ron et Ginny lui ont envoyé un hibou tous les deux, également. Et je suis sûre qu'Hermione aussi. Personne n'a eu de nouvelles. Honnêtement, Remus, a-t-il besoin d'être là bas ? Ne pouvons nous pas le garder en sécurité, ici avec nous, où il y a des gens pour lui parler, pour faire attention à lui ?"

"Dumbledore a insisté sur le fait que Privet Drive est le seul endroit où il est en sécurité en ce moment, Molly. S'il n'y a rien d'autre, nous devons lui faire confiance à propos de ça."

L'expression sur le visage de Molly Weasley indiquait qu'elle n'avait pas tant de foi en Dumbledore lorsqu'il s'agissait du bien être d'Harry ; même si elle rageait vis-à-vis de l'injustice de la situation d'Harry, ses yeux démontraient son immense regret et son inquiétude envers le garçon qu'elle considérait comme son propre fils.

A une heure du matin à Privet Drive, le garçon aux cheveux bruns dans la plus petite chambre se retourna dans son lit, ses draps élimés enroulés autour de son corps et collants de sueur froide.

"Non, non !" il gémit. "Non, ce n'est pas moi, ce n'est…"

La silhouette fantomatique de Sybille Trelawney , seize ans plus jeune, apparut à la surface de la Pensine dans le bureau de Dumbledore…"et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun ne peut vivre tant que l'autre survit…celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres naîtra lorsque mourra le septième mois…"

Je dois le tuer. Je dois le faire.

"Oui, Harry. C'est toi. Ça a toujours été toi." Sirius Black apparut derrière la chaise où Harry était assis. "C'est pourquoi je suis mort. C'est pourquoi tes parents sont morts. Ça a toujours été toi."

"Non, ce n'est pas moi !" il regarda le visage de son parain.

"C'est toi Harry, et plus de monde va mourir à cause de ça. Je suis mort à cause de toi."

Harry regarda, horrifié, une arche en pierre avec un voile apparaître derrière Sirius. Sirius se plaça devant comme il l'avait fait dans le Département des Mystères et doucement, gracieusement, tomba à travers le voile. "C'est toi, Harry…C'est toi…"

"Noooooon !" Harry cria en se redressant dans son lit. "Sirius !"