Bonsoir ou plutôt bonjour !
Je suis assez fière de ce petit one-shot. J'y parle de ma région et de ma province ! Ça a l'air assez patriotique et indépendantiste, mais ce n'est pas mon cas. Cependant, il est vrai que la plupart des Québécois se considèrent surtout Québécois avant d'être Canadiens !
J'espère que cette lecture vous plaira ^^
Bisous,
Jess-Lili
À l'heure qu'il est, Gabrielle est déjà loin. Elle fuit sa vie. Elle fuit cette vie que sa mère a voulu lui bâtir, sans lui demander son accord. L'envie de contrôle d'Apolline Delacour était trop pesante pour la jeune blonde. Elle a préféré prendre ses jambes à son cou et fuir ce manoir oppressant. Elle a préféré fuir son village natal, celui qu'elle n'a jamais quitté, si ce n'est que pour aller à l'école.
À l'heure qu'il est, Gabrielle regarde autour d'elle avec curiosité. L'eau s'étend à perte de vue, la terre, qu'elle voit au loin, s'éloigne de plus en plus. Elle s'assied finalement sur une barre de métal près de la porte du capitaine, qui l'a si gentiment acceptée à bord de son bateau. Il ne lui a posé aucune question. Il n'a pas cherché à comprendre et cela est tant mieux. Elle aide les matelots comme elle le peut. Elle ne souhaite pas être un fardeau pour l'équipage.
À l'heure qu'il est, Gabrielle s'éloigne de plus en plus d'Aigues-Mortes. Appuyée contre le bastingage, elle regarde l'horizon qui s'étend à perte de vue. Elle a déjà perdu le compte des minutes et des heures. Tout ce qui lui importe, c'est le sentiment grisant qu'elle ressent : la liberté. Elle est libre. Elle n'a plus à vivre les remarques de sa mère, les regards réprobateurs de sa mère, la perfection que lui impose Apolline.
À l'heure qu'il est, Gabrielle est loin de sa sœur. Elle est loin de Fleur et de sa perfection. Le mariage, les enfants, la carrière. Sa grande sœur a tout pour elle, tandis qu'elle, elle n'a rien. Elle n'a ni le mariage ni la carrière. Elle a à peine les études. Elle n'a pas excellé comme sa sœur. Sa mère lui a tant exprimé sa déception. À dix-huit ans, elle devrait au moins savoir ce qu'elle veut faire de sa vie ! Cependant, ce n'est pas le cas. Elle n'en a aucune idée.
À l'heure qu'il est, Gabrielle est loin. Elle ne sait pas où ce bateau la mène, mais elle va aller au bout de son périple. Elle ne sait pas où elle va et ce qu'elle va y faire, mais elle est bien convaincue de ne plus retourner en France, sauf en cas d'urgence. Elle veut commencer une nouvelle vie. Une vie où elle se sentirait libre de tous ses gestes.
À l'heure qu'il est, Gabrielle regarde la parcelle de terre apparaître dans son champ de vision. Elle a enfin demandé au capitaine où il allait. Elle va commencer une nouvelle vie en Amérique. Au Québec, plus précisément. Cet endroit lui semble bien mystérieux. Au moins, d'après les dires des membres de l'équipage, les gens là-bas parlent français.
À l'heure qu'il est, Gabrielle a enfin retrouvé la terre ferme. Cela lui semble bien étrange de ne plus être sur le pont du bateau. Elle est envahie par un accent troublant. Les personnes parlent français, mais elle a aussi l'impression qu'elles parlent une autre langue. Bien plus tard, elle apprendra que le langage québécois est un dialecte français sans tout à fait l'être. Les personnes parlent québécois et non français.
À l'heure qu'il est, Gabrielle n'a toujours pas utilisé sa magie. Elle a rangé sa baguette dans un tiroir et elle n'y touche plus. Elle a remplacé sa baguette par un stylo. Elle écrit, la petite Gabrielle. Elle mène une vie marginale, en retrait des autres. Elle se sent parfois encore seule, dans cette grande province. Elle se fait peu à peu à l'accent et aux expressions des Québécois. Elle se sent presque comme l'une d'entre eux, malgré son accent prononcé de Française du Sud. Elle commence presque à se sentir Québécoise, même si elle ne reniera jamais sa véritable identité.
À l'heure qu'il est, Gabrielle a rencontré une personne fabuleuse. Un Québécois pur souche qui rit parfois de ses expressions françaises et de son indignation face aux manques de vins, de baguettes et de fromages aux repas. Elle est consciente de nourrir les stéréotypes que ce peuple nourrit face aux Français, mais elle n'y peut rien. Un repas n'est rien sans baguette et fromage ! Elle a encore de la difficulté à comprendre qu'un dîner, ici, se prend à midi. Que plusieurs mangent le repas du soir à dix-sept heures trente ou à dix-huit heures ! Elle se demande encore comment ils font ! Elle confond encore le terme dîner et souper. Cependant, elle s'adapte du mieux qu'elle peut. Elle visite les sites et les monuments historiques, en compagnie de son amoureux. Elle découvre l'histoire du Québec et partage l'histoire de la France avec Olivier. Elle découvre que même s'il n'est pas indépendant, le Québec se considère presque comme un pays à lui seul. Elle découvre qu'ils sont fiers de dire qu'ils sont Québécois et non Canadiens.
À l'heure qu'il est, Gabrielle est maman. À vingt-deux ans, la petite Gabrielle Delacour tient contre son cœur un minuscule bébé. Fleur se tient à ses côtés. Elle a finalement repris contact avec sa grande sœur, quand elle a appris qu'elle attendait un enfant. Maintenant, Gabrielle parle avec un drôle d'accent. Un mélange de québécois et de français. Elle mélange les expressions des deux langues. Entourée de sa sœur et de son conjoint, Gabrielle se dit qu'elle a fait un bon choix, il y a quatre ans. Bientôt, elle sera citoyenne canadienne. Son enfant sera franco-canadien ou franco-québécois comme se plaît à dire Olivier. Il portera fièrement le chandail des Canadiens de Montréal, l'équipe de hockey de la province, il mangera de la poutine, sans jamais s'en lasser. Il ira à l'école, même lors des tempêtes de neige. Il apprendra à tomber dans la garnottes et à se relever. Puis un jour, Gabrielle lui fera visiter son village natal. Un jour, Olivier, le petit Félix et elle iront en France. Elle se le promet.
À l'heure qu'il est, Gabrielle a annoncé à son conjoint qu'elle est une Sorcière parce que Félix a démontré des aptitudes magiques. Même si Olivier n'a pas compris pourquoi elle lui a caché cette information, il a accepté. La jeune femme a dû sortir sa baguette de la poussière. Félix est un Sorcier. Il ira à Ilvermorny ou à Beauxbâtons. Olivier et Gabrielle doivent encore parler de leur avenir. La blonde s'ennuie de son village, de son pays. Cet été, ils iront en visite en France.
À l'heure qu'il est, Gabrielle fait visiter avec un énorme plaisir son village natal à son copain et à son fils. Même si elle a l'impression de se sentir étrangère, maintenant. Elle arbore avec une joie évidente son ventre qui commence à se montrer. Bientôt, elle aura un autre enfant. Après plusieurs hésitations, la jeune femme est allée rendre visite à Apolline et à Alexis Delacour, ses parents. Elle leur a présenté son compagnon de vie et leur fils. L'air outré qu'a fait Apolline en sachant qu'ils n'étaient pas mariés valait tout l'or du monde, à ses yeux. Elle a vu avec émotion, son fils découvrir la magie et le monde Sorcier.
À l'heure qu'il est, Gabrielle a renoué avec la partie sorcière en elle. Elle a accepté qui elle était et a recommencé à faire un peu de magie. Elle a compris qu'être une Sorcière ne l'empêchait pas d'être libre. Cependant, elle préfère encore tenir entre ses mains un crayon plutôt qu'une baguette. Elle aide du mieux qu'elle peut son fils dans ses études et elle regarde avec fierté sa petite fille grandir. Félix a onze ans. Il a été réparti à Serpent Cornu, à Ilvermorny. Sa petite sœur n'a pas encore démontré de pouvoirs magiques, mais elle n'a que quatre ans. Cependant, si elle n'en a pas, Gabrielle sait qu'elle l'aimera autant qu'elle aime son frère. Fleur vient souvent la visiter, avec son mari et ses enfants. Les deux sœurs se retrouvent lentement.
À l'heure qu'il est, Gabrielle est heureuse et plus libre que jamais. Elle ne voudrait pas d'une autre vie. Aujourd'hui, à l'âge de trente-cinq ans, elle publie son premier roman. Entourée d'une grande partie de sa famille et de celle d'Olivier, elle est fière de son accomplissement. Un roman qui parle de liberté et de voyage. Qui parle de famille et d'amour. Elle est fière de ce qu'elle a pu faire. Elle est fière de pouvoir manier les mots comme elle maniait la baguette avant, mais avec beaucoup plus d'aisance.
Garnottes = petites roches... Un chemin de garnottes :p
Dîner = déjeuner en France
Souper = dîner en France
Canadiens de Montréal = Équipe de hockey au Québec.
Poutine = plat québécois, même s'il devient de plus en plus un plat Canadien.
Le Québec est une province et non un pays, même si plusieurs personnes aimeraient l'indépendance de notre province. On a d'ailleurs vécu deux référendums pour la séparation du Québec, du Canada. Heureusement (ou malheureusement, cela dépend à quui vous demandez) cela n'a pas eu lieu.
