Beaucoup de gens proches de moi ont entendu parler de cette histoire. C'était celle que je voulais poster en temps que centième histoire mais que je n'ai pas finie à temps. Maintenant, je sais comment je vais la terminer, même si je ne promet rien en terme de délais. J'ai déjà trois chapitres d'avance, donc ne vous inquiétez pas pour les semaines à venir. Je traverse une petite passe de déprime, vous avez donc sans doutes remarqué que je ne publie plus grand chose, laissant (à mon grand regret) de nombreuses histoires inachevées. Elles le seront, je l'espère, si je retrouve ce qui me plaisait tant avant dans l'écriture. Mais je voulais remercier ceux qui m'ont suivi pendant tout ce temps avec cette histoire. Je prie pour que ce ne soit pas la dernière que je vous offre.
MERCI D'ALLER LIRE MON PROFIL ET DE RÉPONDRE PAR PM SI VOUS VOULEZ QUE JE CONTINUE MES HISTOIRES.
Je dédicace cette histoire à Momiji-sama qui comprendra pourquoi.
La chanson du titre est Knockin' on Heaven's door, de Bob Dylan (qu'on a tous entendu dans cet excellent épisode de la saison 5)
La première chose que Dean entendit en se réveillant fut le bruit strident du moniteur cardiaque à sa gauche. Suivi du goutte-à-goutte imperceptible de la perfusion à sa droite. Finalement, ce fut le claquement de la porte qui acheva de le réveiller. Il ouvrit un œil, le referma immédiatement à cause de la lumière violente. Grimaçant, il finit par ouvrir les yeux et cligner des paupières pour s'habituer à la luminosité éblouissante des murs de l'hôpital.
Dean entendit quelqu'un lui parler mais il n'arrivait pas à se concentrer suffisamment sur les mots pour en comprendre le sens. Il fronça les sourcils et tourna la tête vers la source du bruit.
Une jeune femme aux longs cheveux bruns se tenait là et lui adressait un sourire doux tout en continuant de parler. Dean ouvrit la bouche pour lui expliquer qu'il ne la comprenait pas mais tout ce qui sortit fut une toux rauque.
L'infirmière sembla comprendre puisqu'elle attrapa quelque chose près d'elle et le lui tendit. C'était un verre d'eau avec une paille. Reconnaissant, le jeune homme aspira quelques gorgées d'eau avant de reporter son regard sur la brune. Lorsqu'elle reprit la parole, il la comprit finalement.
– Capitaine Winchester ?
– Au rapport, m'dame, lâcha-t-il dans un souffle.
– Ravie de vous revoir parmi nous. Je suis le Major Braeden, en charge de votre dossier avec mon équipe. Est-ce que vous vous rappelez de ce qui vous a mené ici ?
Dean fronça les sourcils et essaya désespérément de se souvenir. Il y avait eu des cris, des fusillades et de la poussière. Tellement de poussière qu'il avait cru mourir étouffé. Et puis la douleur abominable dans le bas de son dos et ses jambes. Prit d'une peur subite, il écarquilla les yeux et tenta d'apercevoir ses jambes qui étaient étendues sous le draps. Le Major le recoucha immédiatement.
– Ne faites pas l'imbécile, Capitaine. Si vous avez des questions posez-les, n'allez pas chercher les réponses seul.
– Je crois- je crois qu'on a été pris en embuscade. C'est ça, hein ? Ouais, embuscade. J'avais mal aux jambes et au dos. Qu'est-ce qui m'est arrivé ?
– Ça va attendre deux minutes, si vous le voulez bien. Dites-moi d'abord s'il y a quelqu'un à contacter ? Un frère, un parent ?
Le regard du Major fit frémir Dean, il y avait quelque chose de pressant, d'insistant, comme si la réponse à la question lui était déjà connue et Dean ne voulait tellement pas que ce soit le cas, tellement pas.
– Non, personne, dit-il d'un air contrarié.
– Très bien. Je vais vous faire un bilan. Vous étiez en intervention dans la province de Nangharar avec votre unité et un détachement du 22e régiment. Vous avez décidé d'un plan de déploiement en vagues successives. Lors de cette intervention, vous avez été pris en embuscade par un groupe taliban de la province voisine. Vous étiez en surnombre mais ils avaient des charges explosives qu'ils ont dispersées parmi vous, causant des dégâts importants dans les rangs. Est-ce que vous vous rappelez de ça ?
Dean ne l'écoutait plus. Ses yeux grand ouverts lui montraient des images de ce qu'il avait voulu oublier. Le départ en fourgon blindé, les rires avec les copains – il a beau être le plus haut gradé, il avait passé sa vie avec ces hommes – l'arrivée près de ce dénivelé et ces dizaines d'hommes qui les attendaient, des mines antipersonnel au sol, des grenades et des fusils d'assaut à la main. Les cris, les tirs, les explosions, la poussière, hurlements, sifflements, poussière, cris, poussière, poussière, douleur, mal, douleur, souffrance.
Dean ne reprit conscience de son environnement qu'en entendant le bruit strident et saccadé du moniteur cardiaque qui hurlait à ses côtés. Le Major n'avait pas bougé, probablement s'attendait-elle à cette réaction. Il cligna des yeux plusieurs fois et tenta de se redresser sur ses oreillers. Le poids mort de ses jambes l'en empêcha. Avant qu'il n'ait le temps d'y penser, Braeden l'aida à s'asseoir et le fixa, attendant ses questions.
– Qu'est-ce qui s'est passé, m'dame ? souffla-t-il.
– Vous avez été touché par une balle perdue, sensiblement, et en tombant vous avez déclenchée une mine antipersonnel. Un de vos hommes vous a jeté au loin, prenant l'explosion de plein fouet. La balle avait déjà touché le bas de la colonne vertébrale et les éclats ont traversés vos jambes. Vous êtes paralysé pour une durée indéterminée, le temps que les dommages se réparent ou que vos jambes décident de ne plus fonctionner à nouveau.
Dean ne réagit pas vraiment. Il se pencha doucement en avant, sentit la piqûre de la douleur dans son dos, décida de l'ignorer. Il repoussa les couvertures. Ses jambes étaient là, inertes, couvertes de bandages et de gaze grasse et imbibée de désinfectant. Si on en jugeait par les bosses et les creux dans les pansements, il devait manquer de sacrés bouts de viande. Le jeune homme inspira doucement, expira en silence puis se redressa pour reporter son regard vers l'infirmière.
– Major, je suis actuellement aux frais de l'armée. Mais si je ne remarche jamais, les aménagements dans mon appartement seront à ma charge, n'est-ce pas ?
L'infirmière prit un air surpris. Certainement que ce n'était pas le genre de question qu'on lui posait tout de suite après avoir apprit qu'on est paraplégique. Mais c'était tout ce qui importait à Dean pour le moment.
– C'est exact, Capitaine.
– Si je remarche un jour, ce sera dans quels délais avant qu'il n'y ait plus d'espoir ?
– D'un an à un an et demi.
– Très bien. Est-ce que vous avez besoin de me faire des examens immédiatement ou est-ce que vous pouvez me laisser seul ?
– Oui, bien sûr, je vais vous laisser. Je repasse dans une heure.
Dean acquiesça vaguement mais ne la regarda pas alors qu'elle quittait la pièce. Son esprit bouillonnait d'implications et de scénarios. Il jeta un regard circulaire à la chambre. Sur la petite table de chevet, il y avait un téléphone. Le militaire sentit son cœur se serrer. Puis la réponse brève du Major lui revint en tête. Il n'avait aucune certitude de remarcher un jour. Aménager un appartement coûtait un bras et ce n'était pas sa pension qui allait l'aider à payer ça.
Avec un soupir, il attrapa le téléphone et composa un numéro qu'il connaissait par cœur. Quelques tonalités retentirent avant qu'une voix grave ne réponde. D'après les vibrations qu'il entendait en arrière-plan, il devait être dans son salon de tatouage à s'occuper d'un client. Dean retient son souffle. Il lui avait tant manqué.
– Allô ?
– Castiel ? C'est Dean, dit-il d'une voix rauque.
– Dean ! Oh mon dieu, tu es rentré ? Quand ? Où es-tu ? Tu vas bien ?
Le militaire avait envie de vomir. Castiel l'aimait tellement. Lui aussi l'aimait tant. Cette pensée lui rappela la raison pour laquelle il s'apprêtait à parler.
– Je vais bien Cas. Je suis rentré hier.
– Pourquoi n'es-tu pas à la maison ?
– C'est- c'est pour ça que je t'appelle, Cas.
– Je t'écoute, répondit-il d'une voix si douce que Dean sent son cœur se briser.
– Écoute, je suis parti longtemps et tu n'étais pas là et il y avait cette fille de l'unité médicale et...
– Dean, souffla Castiel d'une voix cassée.
– Je suis désolé, Cas. Les relations à distance, c'est pas pour moi et elle est dans le même régiment que moi alors...
– Tu es chez elle ? demanda le brun d'une voix blanche.
– J'appelle d'une cabine en bas de la rue.
– Pourquoi, tu as peur que je te retrouve et que je vous fasse la peau, c'est ça ?
– N-Non, je...
– Oh, mais tu aurais raison d'avoir peur, Winchester ! s'écria Castiel. Tu sais tout ce que j'ai abandonné, sacrifié pour toi ? Accepter de cacher notre relation, parce qu'on est pas une pédale si on est dans l'armée ? Quitter ma famille pour m'installer avec toi ? Attendre sans fin tes permissions ? Et tu me lâches POUR UNE PUTE DE TON RÉGIMENT ? Tu as tellement raison d'avoir peur, Winchester, lâcha-t-il d'une voix glaciale.
Et Castiel raccrocha sur ces mots, laissant Dean les yeux écarquillés, assis sur son lit, fixant droit devant le mur blanc de sa chambre. Doucement, il commença à pleurer. Il n'y eut pas de sanglots, pas de hoquets, pas de grimace crispée sur son visage. Juste des larmes brûlantes et amères qui creusaient des sillons salés sur sa peau burinée par le soleil d'Afghanistan.
Il préférait que Castiel le déteste. Ce serait plus facile pour le tatoueur de refaire sa vie avec quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui n'était pas paraplégique et qui ne l'endetterait pas sur trente ans en restant vivre avec lui. Alors même si à cet instant, il avait le cœur brisé, même si la seule chose dont il avait envie était de s'enfouir sous sa couverture et d'oublier tout ça, il fit face. Parce qu'il était celui qui faisait souffrir Castiel, même si c'était pour lui éviter une vie de misère ensuite.
Il n'avait pas bougé lorsque le Major Braeden rouvrit la porte, accompagnée de deux infirmières.
Dans une autre aile de l'hôpital, un chirurgien se battait pour la vie de son patient. Depuis l'arrivée la veille de cet avion rempli de soldats blessés en provenance d'Afghanistan, il n'avait pas arrêté une seconde. Cela fait douze heures qu'il était sur ce patient et il avait l'impression que ça n'en finissait pas.
Lorsque le militaire était arrivé, le docteur Crowley avait d'abord cru qu'il ne s'en sortirait pas. Il avait perdu trop de sang, sa blessure laissait présager une septicémie et il était faible. Mais le chirurgien avait finalement réussi à stopper l'hémorragie, même si ça avait demandé une amputation – éliminant également les risques que les plaies ne gangrènent. Le problème restait dans le fait que le cœur du patient ne semble pas vouloir battre sans aide.
Au deuxième arrêt cardiaque, Crowley réussit enfin à faire repartir définitivement le cœur. Il termina les dernières sutures, jeta ses gants et envoya les infirmières mettre le militaire dans une chambre de réveil. Avec un soupir soulagé, il accepta le café que lui tendait un interne. Il eut à peine le temps de le boire qu'il était déjà appelé sur une autre intervention. Vive la guerre, vraiment.
Les infirmières avaient finalement laissé le patient seul dans la chambre le temps qu'il se réveille. Il fallut deux heures au militaire pour qu'il ouvre enfin les yeux. La première chose qu'il vit à son réveil, ce fut ce plafond blanc avec une unique tâche, un peu sur la droite, qui capta toute son attention. Il se demandait ce qu'elle faisait là, qui l'y avait mise, depuis combien de temps elle était là. Et puis la porte s'ouvrit et le patient reporta son attention vers l'infirmière qui entrait dans sa chambre.
– Ah, vous êtes enfin réveillé, Major Winchester ! Comment vous sentez-vous ? demanda-t-elle d'une voix joyeuse.
– Comme si j'avais marché sur une bombe, répondit-il d'une voix pâteuse.
– Et il a encore le sens de l'humour, tout n'est pas perdu, sourit-elle. Je suis le Lieutenant Moore, c'est moi que vous verrez tous les matins pour votre piqûre.
– Dommage, j'aimais bien votre tête. Maintenant je vais vous détester.
– Ensuite ça ose encore se prétendre militaire. On aura tout vu, rit-elle.
– Est-ce que vous pourriez m'accompagner jusqu'aux toilettes ? Je ne pense pas avoir la force de marcher seul, demanda Sam après une minute de silence.
Le visage de l'infirmière se rembrunit. Sam fronça les sourcils, sans comprendre ce qui lui valait ce soudain changement d'expression.
– Vous n'avez rien remarqué, Major ? dit Moore d'une voix sombre.
– Que voulez-vous dire ?
– Votre jambe gauche, Major.
Le ton stricte et respectueux qu'elle employait soudain ne fit rien pour arranger les questionnements de Sam. Suivant la demande implicite, il repoussa les couvertures pour découvrir que sa jambe gauche s'arrêtait à son genoux. Son mollet, sa cheville et son pied avaient disparus, ne laissant qu'un moignon enroulé dans les bandages.
– Q-Quoi ? Mais.. Comment, je-
Le moniteur cardiaque s'emballa, le Lieutenant essaya vainement de calmer Sam qui n'entendait rien de ses supplications. La seule chose à laquelle il pouvait penser, c'était sa jambe, putain, où était-elle ? Pourquoi lui ? Qu'est-ce qu'il allait faire maintenant ? Hein ? Impossible. Tout ça ne pouvait pas être vrai.
Non. Non, il avait toujours sa jambe. Là, il était dans le coma et ce qu'il vivait n'était pas réel. N'est-ce pas ? C'était la seule explication. Il se réveillerait plus tard et sa jambe serait là. Bien sûr. Pourquoi n'y avait-t-il pas pensé plus tôt ? Qu'il était bête.
Immédiatement, les signes vitaux se calmèrent, le moniteur se tut et l'infirmière fronça les sourcils. Serein, Sam s'adossa à ses oreillers. Il finirait bien par se réveiller et tout serait rentré dans l'ordre.
– Major Winchester ? Tout va bien ?
– Parfaitement, merci. Est-ce que vous pouvez trouver un moyen pour que j'aille aux toilettes, s'il-vous-plaît ?
– Je-je vais voir ce que je peux faire.
– Merci, c'est très aimable à vous.
Sam s'enfonça un peu plus dans ses oreillers et somnola jusqu'au retour de l'infirmière avec un fauteuil roulant. Il se décala sur le lit, posa son pied valide à terre et s'assit dans le fauteuil. Moore le poussa jusqu'à la salle de bain et le militaire alla à cloche-pied aux toilettes. Il se disait que s'il jouait le jeu, peut-être sortirait-t-il plus vite du coma ? L'infirmière l'aida à revenir dans son lit et ajusta les oreillers sous sa tête avant de redresser le lit pour qu'il soit assis.
– Lorsque votre blessure aura cicatrisé, il faudra porter une prothèse pour votre confort de vie. Il y en a qui se remarquent à peine et comme vous avez encore votre genou, vous ne boiterez pas. Voudriez-vous en choisir une dans les jours qui viennent ?
– Pourquoi pas. Pour le moment j'aimerais me reposer.
Le Lieutenant Moore acquiesça et lui fit un sourire avant de sortir de la chambre. Sam leva les yeux au plafond et contempla la tâche mystérieuse.
Cette histoire ne sera pas drôle. Loin de là. Alors ne vous attendez pas à de la joie, du fluff et de l'amour. Elle fait écho à tout ce qui a pu nous faire pleurer dans cette saleté de série et dans la vie en général. Ceux parmi vous qui lisaient mes histoires Avengers savent que je hais les sad-ends et en écrit très rarement. Mais cette histoire aura deux fins possibles, déjà écrites. Une heureuse et une pas. Je ne sais pas encore laquelle choisir, donc attendez-vous à tout et ne soyez pas déçu.
Je vous embrasse,
Amako.
