Titre: L'élève du professeur de potions-

Chapitre 1: Inferno (1/3)

Auteur: R. J. Anderson

Email: rebeccaj@pobox.com

Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com

Categorie: Drama/Angst

Mots clefs: Rogue, Maugrey, cinquième année, après la coupe de feu

(Accord parental souhaitable)

La lune et feu et la voix d'un homme. Ces trois choses étaient imprimées dans sa mémoire, plus clairement que la peluche sans laquelle elle ne pouvait pas dormir lorsqu'elle avait quatre ans, ou que l'expression sur le visage de son père lorsqu'il l' a embrassée en lui souhaitant bonne nuit pour la dernière fois. Elle avait cherché a reconnaître cette voix, on dirait, pendant les treize années suivantes de sa vie. Et quand elle entendrait, elle la reconnaîtrait immédiatement.

Ce qu' elle ferait quand cela arriverait, elle n'en avait jamais été entièrement sûre.

***

"Transféré d'où ?" Le garçon aux cheveux noirs se figea au milieu de son mouvement, ses lunettes rondes étincelant dans la lumière lorsqu' il se tourna pour regarder fixement la fille à ses côtés. Rapidement, ne voulant pas qu'ils la voient, Maud recula jusque derrière une armure au pied de l'escalier. Indécise, Athéna bougea sur l'épaule de Maud, mais celle-ci murmura "Regarde ," et le petit hibou obéit, suivant les trois autres étudiants avec ses imperturbables yeux jaunes .

"Je viens de vous le dire," dit la jeune fille, changeant de position la pile de livres dans ses bras. Elle feignait de parler sur un ton banal, mais Maud pouvait entendre la note de suffisance de sa voix. "Durmstrang".

"Oh, super," gémit le dernier membre du trio, un garçon dégingandé aux cheveux roux. "Juste ce dont nous avions besoin, un Serpentard qui a passé les six dernières années à étudier les Arts Sombres." La fille sembla insultée. "Ce n'est pas juste! Viktor dit-"

Ah. Je savais que j'avais déjà vu son visage. C'était une fille de cinquième année nommée Hermione Granger, dont la photographie (souriante et faisant des signes de la main) n'était jamais loin de l'ex-camarade de classe de Maud : Viktor Krum. "Attendez." Le premier garçon repoussa sans cérémonie ses cheveux loin de ses yeux, révélant une horrible cicatrice sur son front et subitement Maud sut son nom aussi sûrement que s'il le lui avait crié : Harry Potter. "Comment savez-vous qu'elle est à Serpentard ? Elle était pas la cérémonie de la Répartition avec les autres hier soir."

"Bien sûr que non. Elle est seulement arrivée ici ce matin. Et de toute façon, seules les première années portent le chapeau."

"Bon, ils la mettront bien dans une des Maisons," l'interrompit l'autre garçon, "donc je ne vois pas pourquoi elle ne serait pas répartie comme tout le monde." Hermione semblait en douter. "Nous pourrions demander au Professeur McGonagall-" Harry eut un reniflement de dédain. "Pour qu'elle nous dise de nous mêler de nos affaires ? Non, merci..."

De sa place dans les ombres, Maud écouta les trois étudiants se disputer le long du le couloir et sourit malgré elle. Les nouvelles voyageaient vite ici à Poudlard : pas comme à Durmstrang, où l'air était épais de secrets et où la vérité était toujours mêlée de mensonges. Il lui faudrait du temps pour s'habituer.

Athéna émis un doux hululement interrogateur et Maud leva une main pour la rassurer, faisant couler les douces plumes tachetées de blanc du hibou entre ses doigts. "Oui", dit-elle. "Nous partons à présent."

Après tout, Dumbledore lui avait dit d'aller immédiatement voir le directeur de sa nouvelle Maison et il ne ferait pas bon être en retard.

***

Quand elle s'était préparée à se mettre au lit cette nuit-là, ses parents étaient assis à la table de cuisine, buvant du thé et conversant à voix basse. Un journal était ouvert entre eux deux. "Je ne peux pas y croire," dit sa mère. "Il y a deux semaines ils ont menacé les Maberleys, la semaine dernière ils ont pris Betty Tibbits. Où cela s'arrêtera-t-il ?"

"Shhh, Margo," dit son père, avec un avertissement inexprimé dans sa voix : Pas devant l'enfant. Debout sur la pointe des pieds elle embrassa sa mère et tira sur la main de son père, le priant de lui lire son histoire du soir. C'était une histoire spéciale, faite juste pour elle, et, bien qu'elle ait du l' avoir entendu déjà cent fois, elle n'en était jamais lassée.

Quand il eut fini l'histoire, il la coucha, embrassa son front et quitta la pièce, fermant la porte doucement derrière lui. Sans peur, elle était couchée et regardait la lune, ses petits yeux en scrutaient la face, s'efforçant de la lire et l'interpréter comme son père le faisait pour les artefacts magiques confiés à son soin. Elle ne lui révélait rien, mais sa présence la consolait. Elle l' imaginait comme un grand bouclier d'argent, protégeant sa maison et la famille qui y était, les gardant du Seigneur des Ténèbres : de Vous-Savez-Qui, dont elle pouvait à peine prononcer le nom.

Ses yeux se fermaient tout juste lorsque soudainement, terriblement elle se rendit compte d'une présence peu familière dans la pièce, une grande forme maigre se dessinant dans l'obscurité au pied de son lit. Elle se redressa en un éclair, pour pousser un cri, mais une voix dit un unique mot : "Silentio!" Et elle ne put sortir aucun son. Il fit rapidement le tour du lit et l'attrapa dans ses bras, la soulevant facilement malgré ses mouvements de luttes. La tenant proche de lui, il lui parla de nouveau, sa voix presque hypnotique dans sa douceur : "Écoute-moi. Ta vie est en danger." Elle se figea, choquée, incrédule.

1 "Il y a deux Mangemorts dans la maison. Ils sont venus pour ton père-"

Au loin, elle entendit le son d'un bris de bois et le cri perçant et rauque de sa mère. "Avada Kedavra!" aboya une voix peu familière et le cri fut interrompu, finissant dans un grand coup assourdi. L'homme la tenant s'immobilisa, ses traits anguleux blancs dans le clair de lune. Subitement il eut l'air très jeune. Alors il se tourna vers elle, ses yeux noirs dans les siens, et poursuivit de façon encore plus pressante :

"Nous n'avons pas le temps. Je te sauverai si je peux, mais tu dois avoir confiance en moi et faire ce que je dis. Quoi qu'il arrive. Tu comprends ?"

Silencieusement, ses lèvres formèrent le mot « Papa », elle avait des larmes dans les yeux. Maman.

L'étranger hésita, la regardant. Alors, prenant une rapide décision, il tira une baguette de ses robes et dit les mots qui changeraient sa vie pour toujours : « Abrumpo visum. »

***

"À l'heure, je vois. Vous pouvez vous asseoir." Maud obéit, prenant la chaise devant le bureau. Elle pouvait sentir les serres d'Athéna s'enfoncer dans son épaule à travers son nouvel uniforme de Poudlard, beaucoup plus léger que les fourrures et les cuirs qu'elle avait portés dans son école précédente. Cependant, elle ne réagit pas. "Je viens juste d'être informé-" dit-il avec un léger pincement des lèvres - "que vous avez été transférée ici de Durmstrang pour achever votre éducation. Puis-je demander pourquoi ?"

"Le précédent directeur de Durmstrang entretenait un enseignement de qualité pour ses étudiants. Je n'ai pas la même confiance dans le nouveau Directeur. De plus, mon oncle voulait m'avoir plus près de lui et puisqu'il est mon tuteur, j'ai pensé mieux faire d'obéir." Elle parlait calmement, le visage inexpressif, mais son cœur battait la chamade.

"Et vous avez choisi cette Maison." Une note plate d'incrédulité.

"Cela m'a semblé le plus approprié."

"Approprié. Pour quel but ?" Malgré le trouble en elle, elle sourit. "Pour mes futurs... projets professionnels."

Et faites en ce que vous voulez, ajouta-elle mentalement.

Le directeur sembla septique, mais pas mécontent. "Bien, alors." Il lui tendit une main maigre et noueuse. "Bienvenue à Serpentard, Mlle Maugrey."

Elle prit sa main dans la sienne, en sentant la forme, les callosités et les os. "Merci, professeur Rogue."

***

Elle ne se souvient pas de grand chose après cela. Enveloppée dans une obscurité étrangère, toujours incapable de parler, elle avait seulement été vaguement consciente que l'étranger l'avait portée jusqu'à la cuisine, dans une tempête de menaces et d'arguments et son père désespéré, étranglé de larmes, suppliant. Mais à travers la trame dure de ces sons, la voix de l'étranger courrait comme un fil de soie et elle s'y accrocha désespérément tandis qu'il négociait sa vie : "La fille n'a que quatre ans, c'est une imbécile et une aveugle en plus de cela. Que voulez-vous qu'elle sache ?" Ses mots étaient remplis de dédain. "Même la tuer serait une perte de temps."

"Mais si elle raconte-"

"Raconte quoi ? Que trois hommes dont elle n'a jamais vu le visage et dont elle ne peut pas identifier les voix sont venus chez elle et ont fait quelque chose que chacun saura demain matin de toute façon ?"

"Maudie," haleta son père. "Ne lui faites pas de mal, s'il vous plaît-"

Sa mère était morte, mais elle ne le savait pas. Son père était impuissant, ses lunettes cassées et sa baguette en miettes à ses pieds, mais elle ne le savait pas non plus. Elle essaya de tendre ses bras vers lui, mais l'étranger les lui tint dans une poigne d'acier et elle comprit soudainement qu'il ne voulait pas qu'elle réagisse à ce qu'elle entendait, qu'elle devait feindre d'être sourde aussi bien qu'aveugle et muette.

"Nous avons ce que nous voulons," gronda une voix profonde. "Sortez ici, alors, et prenez cette morveuse avec vous. Laissez-la quelque part où elle ne sera pas trouvée pour un bon moment."

"Efface sa mémoire," dit un autre homme. "Nous ne pouvons pas prendre de risques."

"Ne me dites pas ce que je dois faire." La voix de l'étranger était presque un grognement. "Je vous l'ai déjà dit, je m'en occuperai." Ses bras se serrèrent autour d'elle, elle sentit ses muscles bouger et lorsque la brise fraîche de la nuit frappa son visage elle se rendit compte qu'il la portait hors de la maison, loin de ses parents et de la seule sécurité qu'elle ait jamais connue.

Papa, cria-t-elle, papa !

Mais personne ne pouvait l'entendre.

***

"Comment t'appelles-tu ?" La question lui était lancée, comme un défi à un duel. Maud resta debout immobile devant son coffre à demi déballé, se tenant de façon détendue et sans crainte : elle était en terrain familier.

"Maud Maugrey. Et avant que tu ne le demandes, oui, je suis de la famille de Fol Oeil. En fait, c'est mon oncle." L'autre fille fit une légère pause, évidemment secouée, puis se remit à marcher à pas mesurés. Maud ne bougea pas et ne se donna même pas la peine de donner l'illusion de se tourner : le regard fixe d'Athéna pouvait suivre la Serpentard peu importe où elle allait.

"Alors pourquoi tu n'as pas 'de fol oeil', toi aussi?" railla la fille. Elle était grande, quoique pas tout à fait aussi grande que Maud, et aussi sombre que Maud était claire. Ses yeux étaient petits et porcins, sa bouche tordue dans une forme ironique. "Tu as l'air d'en avoir plus besoin que lui."

Maud ne cacha pas son amusement. "As-tu une idée de combien cette chose coûte ? S'il n'avait pas été un Auror ils ne le lui auraient jamais donné. Et de toute façon, mon oncle a perdu un oeil complètement. J'ai toujours les deux miens et je ne savoure pas la pensée qu'on me les arrache. Tu le ferais toi ?"

Elle avait mis un accent froid, délibéré sur le mot « arrache » et l'autre fille tressaillit. "Non", elle lança dans une nouvelle tentative de bravade, "mais au moins mes yeux fonctionnent. Ils n'ont pas l'air effrayant comme les tiens."

"Tu sais," répondit Maud, "je ne peux pas me rappeler avoir vu une annonce dans la Gazette du Sorcier genre

' Cherche voyou mesquin, se présenter soi-même '. On recommence ? Je suis ta nouvelle camarade, tout juste transférée de Durmstrang. Et tu es... ?"

"Tu quoi ?" La fille était bouche bée. "Ils m'ont dit que tu étais une Gryffondor."

"Et tu les as crus ? Comment un Gryffondor entrerait-il ici ?"

" Eh bien, je veux dire, ton oncle..."

"Est le frère de mon père. Et alors ?" Maud s'assit négligemment au bord de son lit, croisant ses jambes et se penchant en arrière sur ses coudes. "Demande au Professeur Rogue si tu ne me crois pas. Il te dira que je suis une Serpentard."

La fille resta en arrière un moment, la mesurant du regard. Puis elle marmonna, "Muriel Groggins," et tendit sa main.

Elle n'avait pas fait d'excuses, mais Maud n'en attendait pas de sa part. "Heureuse de te rencontrer. C'est Athéna," et elle montra le petit hibou assis sur son épaule.

"C'est comme cela que tu te débrouilles ? Un sort te fait voir par ses yeux ?"

"La plupart du temps, oui. Mais elle ne peut pas être avec moi tout le temps, donc j'ai... quelques autres trucs." Maud parlait négligemment, mais son accent était indubitable : Donc ne me sous-estime pas et ne pense pas que tu peux me rendre impuissante. En toute honnêteté, sans Athéna elle trouverait cela très difficile - quoique aigus ses autres sens puissent être, même eux ne pouvaient pas compenser une perte totale de vision. Mais au milieu d'un nid de serpents comme celui-là, ce serait folie que de l'admettre. "Oh," dit Muriel, sonnant impressionnée à contre cœur. "Bon... tu as déjà ton emploi du temps ?"

Et avec cela, il semblait qu'une trêve ait été déclarée. En quelques minutes deux autres filles de septième année de Serpentard comme elles, entrèrent dans la pièce et rejoignirent la conversation. L'une était une fille jolie, au visage rond avec des frisettes brunes ébouriffées, l'autre blonde aux yeux verts, comme Maud, quoique ses traits soient légèrement chevalins et qu'il y ait un vide considérable entre ses dents. Elles se présentèrent respectivement comme Annie Barfoot et Lucinda Swann et en quelques minutes la pièce était remplie de commérages.

"Avez-vous entendu ce que les jumeaux Weasley ont fait au Bain des Enseignants ?"

"Si j'ai entendu ça ? J'étais juste derrière la porte! Vous auriez dû entendre le hurlement de Madame Bibine quand elle a ouvert le robinet!"

"Ils ont de la chance de ne pas avoir été renvoyés. Mais les Gryffondors sont comme ca, on leur laisse tout passer..." "Pas tout. Rogue a attrapé les Weasleys en train de distribuer des Gouttes Vertigineuses aux premières années après la Répartition et a enlevé dix points à Gryffondor –chacun."

"Vingt points avant même que les cours commencent ? Ooh, cela ne va pas les rendre populaires..."

"En parlant de cours ,de Rogue et de Gryffondors," dit Muriel, "nous avons cours de Potions dans dix minutes. Allons y."

***

L'étranger la déposa sur la colline au-dessus de sa maison, s' accroupit à côté d'elle, en tenant fermement ses épaules. "Écoute," dit-il. "Les hommes qui sont venus chez toi ce soir - leurs noms étaient Rosier et Wilkes. Dis ça à ton oncle, quand il te demandera ce qui est arrivé. Mais ne lui parle pas de moi. Ne lui dis rien de moi." Un éclatement étrange résonna dans la nuit et une vague de chaleur frappa son visage. Subitement l'air était plein du gémissement des poutres en bois et de l'odeur de cendre chaude. Feu. Sa maison brûlait et avec cela son innocence. Maman, chuchota-t-elle. "Comprends tu ?" L'homme la secoua, légèrement. "Rien de moi. Mais dit lui tout le reste que tu peux. J'essaye de les arrêter, tu sais. J'essaye de sauver ton père. Mais je ne peux pas le faire sans ton aide." Malgré ses larmes et la terreur du feu, elle inclina la tête. Sa voix était belle et elle lui faisait confiance, comme elle avait eu confiance en la Lune - et peut-être non moins sottement.

"Abrogo silentium," murmura l'étranger et elle put parler de nouveau, bien qu'elle n'ait rien à dire. Elle attendit simplement, attendant qu'il lui redonne sa vue et elle ne fut pas déçue :

"Reddo visum!"

Elle cligna des yeux.

Mais rien ne se passa

***.

"Mlle Maugrey."

La tête de Maud se souleva en sursaut au son de la voix du Professeur, mais elle ne pouvait rien voir : Athéna s'était endormie sur son épaule. Ce n'était pas une énorme surprise, sachant que la matinée avait été longue et occupée, et que l'une comme l'autre avaient très peu dormi la nuit précédente. Dans la chaleur de la classe de Potions, avec le bouillonnement des chaudrons autour d'elle , Maud s'était presque endormie elle-même.

"Oui, Professeur Rogue ?" dit-elle.

"Si vous avez fini votre petit somme-" sa voix traînant sardoniquement sur le dernier mot - "cela vous ennuierait-il d'informer la classe des propriétés de l'ellébore combinée à de l'œil de triton ?"

Fatiguée comme elle l'était, la réponse vint automatiquement. "Ces ingrédients ne devraient jamais être combinés dans quelque potion que ce soit, puisque leurs effets s'annulent mutuellement."

Elle ne pouvait pas voir ou évaluer même son expression, mais quand il parla de nouveau, le sarcasme avait disparu. "Excellent. Ecrivez donc tous cela. Comme une équation, si vous préférez : ellébore plus œil de triton égal une perte de votre temps si précieux. Mlle Maugrey-" les mots devinrent bas, doux comme une caresse - "je suis heureux de voir que l'Académie de Durmstrang est à la hauteur de sa réputation."

Sa gorge était sèche. D'une voix rauque elle dit, "Merci."

Si Rogue l'avait entendue, il ne le montra pas. Il se tourna et s'éloigna, disant d'un ton cassant : "Maintenant. Nommez deux autres ingrédients qui ne doivent pas être combinés et expliquez pourquoi : Fred Weasley."

"Le Gruau d'avoine et des fientes de hibou," vint la réponse rapidement, "parce que si cela arrive de nouveau ma mère me tuera"

Il y eut un éclat de rire général, brusquement interrompu par la claque que Rogue fit sonner sur le bureau. "Silence!" Maud ne put réprimer un frisson : même après treize années, le parallèle était trop proche pour être confortable. Rogue continua d'une voix douce, mortelle, "Si au cours de vos expériences infâmes de fabrication de sucre candi vous deviez un jour vous faire sauter accidentellement, M. Weasley, je n'en serai pas même légèrement étonné." "Oh, ne vous inquiétez pas," dit une autre voix, presque identique à celle de Fred, "lui non plus ."

À ce moment, comme sur un signe, il y eut un bruit perçant de métal déchiré et un des chaudrons éclata. Instinctivement Maud souleva ses pieds du plancher et s'abrita sous son bureau pendant que le liquide chaud éclaboussait la salle de classe et que des cris perçants retentissaient. Cette potion était juste supposée être un Élixir Éreintant, mais pour obtenir une réaction comme celle la, quelqu'un devait avoir sérieusement mal respecté les proportions.

Il fallut cinq bonnes minutes avant que le chaos ne soit sous contrôle et plusieurs étudiants avec des blessures légères durent être envoyés voir Madame Pomfresh. Rogue tança vertement le Gryffondor responsable de l'explosion – non pas, étonnamment, un des jumeaux Weasley, mais une fille en pleurs qui avait accidentellement renversé sa bouteille de queues de scorpion séchées dans son chaudron - et congédia la classe. Athéna avait été éveillée par la commotion, donc Maud pouvait voir à nouveau. Elle commença à rassembler ses livres, prête à partir, mais la voix de Rogue l'arrêta.

"Mlle Maugrey. Restez un moment je vous prie."

"Mieux vaudrait que tu fasses attention," chuchota George Weasley en passant devant elle pour sortir. "Je pense qu'il t'aime bien."

"S'il essaye d'en profiter," ajouta Fred gravement, juste derrière lui, "Fie toi à nous. Nous te promettons que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir-"

"-pour ne pas vomir-"

"-ou mourir de rire."

"Dehors !" tonna Rogue, et les jumeaux disparurent avec un dernier sourire mauvais .

Dans un tourbillon de robes noires, le professeur s'avança d'un ton hautain jusqu'à la porte et la ferma fermement. Puis il se tourna et la regarda, ses yeux sombres scrutant son visage. Ce qu'il voyait, ou s'attendait à voir, elle ne le savait pas : mais finalement il parut satisfait et s' assit à son bureau, poussant de côté une pile de devoirs et prenant un parchemin du fond de la pile. "Il est évident, Mlle Maugrey," dit-il, "que vos excellentes notes en Potions à Durmstrang n'étaient pas injustifiées. Votre connaissance du sujet est considérablement supérieure à celle de vos camarades de classe et je peux voir que vous allez probablement trouver le programme de cette année ennuyeux ,à moins d'y ajouter quelque défi complémentaire."

Elle ne répondit rien, se bornant à l'observer à travers les yeux d'Athéna. Sa tête était penchée sur le parchemin qu'il tenait, des cheveux grêles et noirs tombant de son visage. Il semblait épuisé, pensait-elle, et non simplement par le fait d'enseigner avec les jumeaux Weasley.

"Comme vous voyez ici," dit-il, tournant le papier et le poussant vers elle, "j'ai fait une liste de plusieurs projets d'étude indépendants qui pourraient vous intéresser. Si vous avez besoin d'aide, je serai bien sûr disponible aussi souvent que mon emploi du temps me le permettra. Mais vous pouvez préférer travailler entièrement seule. Je suppose que vous en êtes ... tout à fait capable."

Elle le regarda encore quelque instant avant de se pencher sur la liste, Athéna suivit immédiatement son geste et afin qu'elle puisse le lire. Veritaserum, lit-elle. Potion Wolfsbane. Potion de Régénération des nerfs-- Son souffle se gela dans sa gorge.

"Et pendant que vous vous décidez, Mlle Maugrey," dit tranquillement Rogue, "cela vous ennuierait-il de me dire pourquoi vous avez voulu être à Serpentard ?"

Elle ferma sa main sur le parchemin, le chiffonnant entre ses doigts. Il demandait sa confiance. Savait-il que ses secrets n'étaient pas moins transparents pour elle que les siens ne semblaient pour lui ? Se rendait-il compte qu'elle pourrait le détruire si elle le choisissait, avec la connaissance qu'elle avait de son passé et de son présent, connaissance qu'il pourrait à peine imaginer qu'elle possède ?

Enfin elle le regarda, son visage soigneusement calme. "Parce que je veux être Auror," dit-elle. "Et la première règle de survie est : connaissez votre ennemi."

Pendant un long moment il lui rendit son regard fixe, ou celui d' Athéna, sans bouger. Quand il parla enfin sa belle voix était rude, comme s'il retenait quelque émotion puissante : "Tous les Serpentards ne sont pas des ennemis, Mlle Maugrey."

"Je sais," dit-elle. "L'un d'entre eux a sauvé ma vie autrefois."

"Et coupé vos nerfs optiques en même temps," s'irrita-il, avec une colère soudaine qu'elle savait être adressée à lui, non à elle. "Un instant de grande hâte, un mauvais verbe latin - et penser j'avais l'habitude de me vanter des bénéfices d'une éducation classique."

***

Il essaya de nouveau, employant la même expression et d'autres, mais sa vue ne revenait toujours pas. Elle était abasourdie par son échec et quoiqu'elle ne puisse pas voir son visage elle savait que lui aussi était déconcerté. À maintes reprises il répéta cet ordre, sa voix pleine de frustration et finalement de colère, mais enfin il dut renoncer. "Je trouverai un moyen d'arranger cela," dit-il catégoriquement. "Mais je ne peux rien faire pour toi en ce moment."

Elle avait essayé, jusque-là ,d' être courageuse. Mais cette déception, s'ajoutant à son épuisement et à sa crainte, était trop. Elle éclata en énormes sanglots et enfouit son visage dans les robes de l'étranger. Il sentait les racines et les herbes séchées, comme le placard de sa mère et pendant qu'elle pleurait, elle sentait sa main fine toucher ses cheveux.

"Ne t'inquiète pas," lui dit-t-il doucement. "Je te promets, un jour j'arrangerai cela..."

***

"Pensez-vous vraiment qu'une potion puisse marcher ?" lui demanda-t-elle.

Ses yeux noirs se rétrécirent, sondant les siens. "Êtes-vous prête à essayer ?"

"Si vous m'aidez."

Pour la deuxième fois de la matinée, il lui tendit la main et pour la deuxième fois, elle la prit, la tint comme si c'était un objet précieux.

"Maud," dit-il. "Vous savez que je le ferai."

***

Fin du premier chapitre