Une histoire écrite pour le fun mélangeant Faberry et Brittana dans l'univers de Brittany. 4 Voix, 4 personnages pour une même histoire. Et si l'explication ne venait qu'à la fin ?

Il pleuvait. Un peu de cette petite pluie si particulière à Lima tentait de mouiller le sol asséché. Je restais figée devant ce spectacle. Brittany me tenait appuyée contre le matelas, m'autorisant à peine une position assise pour observer le paysage par la fenêtre. Elle dormait encore. Même si ce n'était pas pour longtemps, le crépitement de la pluie devenait de plus en plus fort à chaque seconde. Bientôt le velux au-dessus de nous serait brouillé par les larmes des nuages.

Je souris. C'était Brittany qui le prétendait. J'aimais sa vision des éléments si particulière. Voir le monde à travers ses yeux était un don. Parfois, elle me faisait profiter de ses éclairs de génie qui lui traversaient l'esprit. C'était magique. Une vraie bouffée d'oxygène. Mais là, je pouvais simplement prétendre que rien ne m'attendait pour la journée et que je pourrais rester allongée sous elle, son corps nu pressé contre le mien.

C'était ma deuxième manière préférée de me réveiller, juste derrière être dans ses bras. Rien ne pouvait égaler les sentiments de protection que ces positions m'offraient. Un de mes doigts commença à courir le long de sa peau douce, caressant le sentiment de notre proximité. Mon sourire s'élargit et mes yeux quittèrent le spectacle de Lima prenant l'eau pour venir se poser sur elle.

Son corps brillait doucement dans la lumière grise de ce matin pluvieux. Je brûlai de déplacer les couvertures et de la révéler mais la fraicheur de l'air la réveillerait aussitôt. Après la nuit que nous venions de passer, elle méritait bien tout le repos possible. J'embrassais le haut de sa tête, reniflant des bouffées de son shampoing. Paradisiaque.

Le temps sembla ralentir, se calant sur sa respiration paisible. Je me surpris à adopter ce rythme nouveau à mon tour, progressivement, cherchant à me fondre dans son corps, à ne faire qu'une. Je fermai les yeux. Rien ne viendrait troubler la quiétude de ce matin, rien.

— SAAAAANNNNN, IL PLEUT.

Son hurlement aussitôt suivi d'une perte de chaleur due au rejet des couvertures et au fait qu'elle s'était levée pour filer à la fenêtre me tira du sommeil dans lequel je glissais à nouveau. Je grommelai puis grognai et enfin gémis mais pas de ce genre de gémissements que nous avions émis toute la nuit, non, le genre de gémissement où vous regrettez quelque chose que vous n'avez plus.

J'ouvris les yeux. Elle se tenait appuyée contre la vitre, nue. La lumière rendait sa peau encore plus blanche qu'à l'accoutumée et faisait ressortir la couleur de ses cheveux blonds. Quelques reflets s'amusaient à jouer les perturbateurs me faisant cligner des paupières à plusieurs reprises. Vision paradisiaque dans ce matin devenu enfer. Pourquoi n'était-elle plus pressée contre mon corps ?

Elle se retourna et je sus que j'étais fichue. Fini, ce matin à paresser, elle dans mes bras. Fini, la chaleur de son corps réchauffant le mien. Fini, la sensation d'être complète grâce à sa proximité. Nous avions plusieurs mètres entre nous. Une immensité, un gouffre, un espace qui ne devrait pas être autorisé à exister. Son expression peinée me tira de mes pensées. Elle semblait attendre quelque chose de moi.

— Peut-on aller dehors ? Faire une promenade ?

La suggestion innocente, murmurée avec juste ce qu'il fallait de sentiment pour m'empêcher de dire non, me prit à la gorge. Je dus me forcer à sourire. Oui, j'allais abandonner ce qu'il restait des couvertures chaudes de mon lit, des cendres de ce petit matin parfait pour une marche sous la pluie. J'acquiesçai et dus la retenir lorsqu'elle voulut se précipiter dehors … toujours nue. Se promener à la limite, donner un spectacle gratuit aux voisins en manque et attraper une pneumonie, très peu pour moi.

Dix minutes plus tard, nous étions derrière nos parapluies, capuche rabattue pour moi, cheveux au vent pour elle. Oui, derrière nos parapluies. Elle avait insisté et décrété que c'était la meilleure manière de s'en servir. J'étais restée perplexe mais plus vite, nous en aurions terminées avec cette balade et plus vite, nous serions à la maison … avec une douche chaude … et une chambre déserte … et sans doute beaucoup moins de vêtements.

Nos parapluies se remplissaient petit à petit d'eau et cela devenait de plus en plus difficile de les tenir devant nous. A plusieurs reprises, je jurai après en avoir renversé sur moi. Elle se contentait de sourire et de m'embrasser la joue. Heureuse. Peu importe ce que nous faisions, la voir ainsi suffisait à mon bonheur.

Nous arrivâmes enfin au bord du petit ruisseau. Lâchant ma main, elle sautilla du mieux qu'elle put jusqu'à la berge sans agiter trop son parapluie. Elle le fit avec une grâce étonnante presque rafraichissante si je n'avais pas eu peur du mot et de son implication sur nos corps déjà détrempés. L'eau tumultueuse sembla la ravir et elle me retourna un sourire gigantesque en me faisant signe de faire comme elle. Renversant son parapluie, elle tenta de le vider au milieu de la rivière. Puis elle fit un petit au revoir de la main, une tâche manifestement importante à ses yeux avait été accomplie.

Le regard ne trompait pas. Nous refîmes encore plusieurs fois cette même routine : se balader dans la ville, parapluie à l'envers avant de venir les vider dans le ruisseau. Chaque gouttelette que nous rendions ainsi au cours d'eau semblait la remplir d'une joie et d'une fierté immense. Elle en rayonnait de beauté.

Nous fûmes rejointes par Quinn et Rachel quelques minutes plus tard. Rachel parlant avec animation à Brittany, comme si elle savait ce qui se déroulait ici. Quinn, morose, sans doute tirée du lit aussi, tentait de sourire à sa copine. Le cœur de Quinn n'était plus au fond de son lit, drapé dans des draps chauds. C'était une petite brunette montée sur piles et profondément agaçante qui le tenait dans ses mains. Ce que Hobbit veut, Hobbit a. A plusieurs reprises, ce matin-là, mon souffle fut coupé par la simplicité et la perfection des gestes de Brittany. C'était un ange descendu pour moi. Mon paradis se promenant sur Terre.

La pluie s'arrêta enfin et avec elle, cette étrange routine qui nous avait occupées pendant trois heures. Elle m'attrapa la main et, ensemble, nous vidèrent une dernière fois l'eau recueillie. Nous étions trempées, frigorifiées et sans doute en voie d'attraper une pneumonie pour moi mais elle ne semblait pas s'en inquiéter. Elle m'attrapa la main après avoir replié son parapluie et me tira contre elle. La proximité de son corps me fit tout oublier : le froid, la pluie, l'humidité qui s'infiltrait dans mes vêtements. Elle se tenait là devant moi, m'embrassa et murmura la plus étrange phrase du monde contre mes lèvres :

— Nous ne sommes pas imperméables, mon amour.

Deuxième et troisième voix déjà écrites, elles viendront bientôt s'ajouter.