Un premier chapitre test pour une histoire qui me trottait dans la tête après avoir vu des extraits du dernier épisode de la saison 5... Dites moi ce que vous en pensez...


Chapitre 1.

Ça faisait bientôt deux mois qu'ils le cherchaient dans toute la ville. Des avis de recherche avaient été lancés et son portrait avait été transmis à tous les commissariats. Mais Neal Caffrey restait introuvable. En ce lundi matin, l'agent Jones était assis au bureau qui avait été, il y a quelques semaines encore, celui de Peter Burke. Il occupait la place depuis son départ pour Washington peu de temps avant la disparition de Neal. Il avait encore passé son weekend à arpenter les musées et galeries en espérant tomber nez à nez avec celui qui avait été un consultant efficace pendant des années.

Tout s'était précipité après l'arrestation puis l'évasion de Rébécca. Jones se souvenait encore avec un pincement au cœur en pensant aux événements qui avaient bouleversés la vie du jeune homme. Rébécca s'était évadée de prison pour partir à la recherche d'un diamant. Dans sa quête, elle avait entraîné Neal mais, sachant que son ex amant ne céderait pas à son chantage aussi facilement, elle s'était de Mozzie comme moyen de pression. Le petit homme avait été empoisonné par ses soins. Aucun médecin n'avait pu trouver d'antidote et Jones se souvenait encore de la détresse sur le visage de Neal lorsque son ami avait rendu son dernier souffle dans ses bras.

La jeune femme s'était enfuie et, encore aujourd'hui, les équipes du FBI lancées à sa poursuite n'avaient pas la moindre piste. Dans les premières heures de sa disparition, certains agents avaient émis l'hypothèse que Neal aurait pu la rejoindre et que c'était leur plan depuis le début. Mais ceux qui avaient osé dire une telle chose n'avait pas vu dans quel état se trouvait Neal le jour des funérailles de ami. Tous savaient que Mozzie et lui étaient très proches mais, ce jour-là, ils avaient compris que les liens qui les unissaient allaient au-delà de l'amitié. Neal pleurait la mort de son ami comme on pleure celle d'un frère.

Les jours suivants avaient été très difficiles mais petit à petit la vie semblait reprendre le dessus. Puis le jour du déménagement de Peter et Élisabeth pour Washington était arrivé. Neal les avait beaucoup aidé et il avait essayé de faire bonne figure, blaguant sur le fait que Peter avait le bras suffisamment long pour demander exceptionnellement un élargissement de son périmètre afin qu'il puisse les suivre ce jour-là jusqu'à la Capitale.

Après le départ de Peter, Neal avait continué comme si rien ne s'était passé mais au fur et à mesure que le temps passait, il montrait de plus en plus de signes de fatigue, de lassitude. Jones avait essayé de lui parler mais le jeune homme lui avait répondu que tout allait bien, qu'il avait juste quelques problèmes de sommeil. Jones l'avait cru, enfin il avait voulu le croire. Il avait contacté Peter mais celui-ci était débordé par ses nouvelles fonctions et il lui confia qu'il avait eu peu de contacts avec Neal.

Un lundi matin, Neal n'était pas venu au bureau. Jones l'avait appelé à plusieurs reprises et, en fin de matinée, il s'était décidé à se rendre à l'appartement que le jeune homme occupait. Il n'avait rien trouvé d'anormal si ce n'est l'absence de son locataire. Le portable du jeune homme était resté sur la table et la plupart de ses vêtements étaient encore dans le dressing. En contactant les Marshalls, Jones avait appris que son bracelet avait été désactivé la veille.

Après avoir remonté les bretelles du responsable de la surveillance pour son manque de sérieux, il avait lancé les recherches. Deux jours plus tard, son bracelet électronique avait été retrouvé dans une poubelle au nord de la ville dans un quartier peu recommandable. Depuis, aucune piste, aucun signalement... Ce qui pouvait sembler inquiétant mais, en un sens, Jones y trouvait un mince espoir. Il avait, un instant, pensé que Neal avait mis fin à ses jours mais depuis deux mois aucun corps correspondant à son signalement n'avait été retrouvé. Il espérait donc encore le retrouver installé dans un hôtel chic, profitant de sa liberté.

Il décrocha son téléphone. Tous les lundis, il appelait Peter pour le tenir au courant des derniers développement de l'enquête mais depuis quelques semaines il redoutait ce moment. Ils n'avaient absolument pas progressé et, en haut lieu, on commençait à murmurer que la mobilisation de quelques agents pour retrouver le jeune homme était peut-être une dépense injustifiée. Jones argumentait que Neal n'avait pas fini de purger sa peine et que, de ce fait, il était toujours un criminel en fuite. Mais il sentait bien que cet argument avait de moins en moins de poids auprès de ses supérieurs.

-Jones, comment va la vie à New York?
-Plutôt bien...
Jones essayait de ne pas montrer son inquiétude. Il savait que Peter se sentait responsable de la disparition de Neal. Il lui avait confié qu'il pensait souvent que, sans son départ pour Washington, Neal ne se serait pas enfui. Mais Jones avait senti derrière ces mots, une autre raison au sentiment de culpabilité de son ami. Peter n'avait pas su comment gérer la mort de Mozzie. Il n'avait pas su quoi dire pour réconforter Neal alors il avait essayé de continuer comme si de rien n'était. Cette attitude avait sans doute blessé le jeune homme même s'il n'en avait rien montré.

-Du nouveau...?
Peter n'y croyait plus vraiment et Jones pouvait entendre la peur, à peine voilée dans sa voix. Il s'attendait à recevoir l'appel qui lui annoncerait qu'on avait retrouvé le corps de son ami.
-Non... Rien que les coups de fil classiques. Deux personnes disent l'avoir vu dans un quartier près de l'endroit où a découvert son bracelet mais les agents envoyés sur place n'ont rien vu. L'adresse qu'on leur avait donnée était celle d'un squat de toxicomanes... Tu imagines bien que quand ils ont vu débarquer la police, personne n'est resté pour donner son témoignage.

Un lourd silence s'installa au bout du fil. Jones avait l'habitude de ces moments de pause nécessaires à Peter pour éclaircir sa pensée.
-Tu penses que Neal pourrait à voir élu domicile dans cet endroit?
-C'est peut-être une piste à creuser...
Tous les deux savaient bien ce que sous entendaient cette hypothèse mais, au point où ils en étaient, ils étaient prêt à envisager toutes les possibilités.

-Est-ce qu'avant sa disparition, son comportement aurait pu faire penser qu'il se droguait?
-C'est difficile à dire, Peter. Il a passé les dernières semaines à classer des dossiers. Je dois avouer que personne ici ne savait vraiment comment réagir. Je sais qu'il prenait des cachets pour l'aider à dormir mais de là à penser qu'il ait pu prendre autre chose... Je ne sais pas...
-Je comprends, Neal est parfois compliqué à comprendre. Tiens moi au courant si vous trouvez quelque chose. Est-ce que la fouille de l'appartement a donné quelque chose?
-Rien pour le moment mais on a trouvé une boîte de médicaments vide. Les résidus trouvés à l'intérieur sont en cours d'analyse. On devrait avoir les résultats dans la journée.

La discussion continua quelques minutes autour de banalités puis Peter raccrocha. Jones se concentra sur le reste de ses dossiers et la journée défila à toute vitesse comme d'habitude. Il s'apprêtait à rentrer chez lui quand il reçut un appel du laboratoire chargé des analyses. Après avoir raccroché, il resta un long moment assis sur son fauteuil à réfléchir aux implications de ce qu'il venait d'apprendre. Au fond de cette boîte, ils avaient trouvé des traces de méthamphétamine.

Il repensa à la question de Peter sur une éventuelle addiction de Neal qui aurait pu expliquer sa disparition ou, du moins, orienter les recherches. Il décida de rappeler Peter.
-Encore au bureau...?
-Le labo a appelé... Methamphetamine...
-Merde... Tu disais que l'adresse où les témoins prétendaient avoir vu Neal était un squat fréquenté par les toxicomanes du coin?
-Oui c'est ce que les collègues ont précisé dans leur rapport. Je pensais m'y rendre demain à la première heure.

Peter réfléchit quelques instants et Jones entendit des pages se tourner. Peter devait consulter son agenda.
-Je peux être là en début de matinée. Il vaut mieux être discret, pas besoin de débarquer là-bas avec la cavalerie.
-On se retrouvé au bureau demain matin.
Jones rentra chez lui, soulagé que Peter lui ait proposé de l'accompagner. À dire vrai, il avait un peu peur de ce qu'ils pourraient découvrir dans ce squat. Et si Neal avait vraiment sombré, pourraient-ils encore le sauver? L'aide de Peter serait précieuse.

Le lendemain matin, Peter pénétra dans ce qui avait été pendant des années sa deuxième maison. Il fut heureux de retrouver des bruits et des odeurs qu'il connaissait bien. Son cœur se serra quand il tourna les yeux vers le bureau de Neal. Leur collaboration avait connu des hauts et des bas mais la plupart du temps, le jeune homme leur avait été d'une grande aide. D'autres souvenirs lui revenaient en mémoire... Leur dernière enquête pour mettre la main sur Rébécca après son évasion de prison... La mort de Mozzie et le chagrin de son ami, un chagrin qu'il avait été incapable d'atténuer.

Aujourd'hui, il s'apprêtait à aller inspecter un immeuble désaffecté servant de repaire à des drogués avec le secret espoir de retrouver son ami. Il s'en voulait tellement d'être parti alors que Neal avait besoin de lui. Pour être honnête, il avait été soulagé de se retrouver loin de cette ville, loin du chagrin qu'il avait lui-même éprouvé après le décès de Mozzie, loin du regard désespéré de Neal.

Jones le rejoignit dans la salle commune et les deux hommes se dirigèrent vers le parking. Le trajet se passa en silence, l'angoisse montant au fur et à mesure qu'ils approchaient.
Jones stoppa la voiture à une centaine de mètres et ils finirent le trajet à pieds. Le soleil se levait à peine et quand ils pénétrèrent dans l'immeuble, ils durent allumer les lampes torche qu'ils avaient amenées. Peter monta à l'étage, inspectant chaque recoin. Ça et là, de jeunes gens dormaient, à même le sol, sur de vieux matelas. Certains fixaient sur lui des yeux hagards, ne réalisant probablement pas qu'il y avait un homme derrière la lumière artificielle qui les aveuglait.

Au bout de la pièce, une fenêtre cassée laissait pénétrer une faible lumière et Peter pouvait voir une silhouette assise, le dos calé contre le mur. Il sut qu'il s'agissait de Neal bien avant de pouvoir distinguer les traits du visage ou d'apercevoir la couleur de ses vêtements.
-Neal...?
Peter continuait à avancer lentement, regardant autour de lui. Il devait tester vigilant car, dans un tel environnement les dangers ne manquaient pas.

Soudain, l'homme face à lui bondit et se mît à courir vers lui ne lui laissant pas le temps de réagir. Le jeune homme ne chercha pas à l'éviter et le percuta de plein fouet. Sous le choc, Peter perdit l'équilibre et bascula en arrière. Son agresseur se releva et continua son chemin aussi vite que ses jambes le lui permettaient.
Peter avait eu le temps de reconnaître Neal mais quand il essaya de se relever, une violente douleur dans la cheville droite l'empêcha de se lancer à la poursuite du fuyard. Il entendit Jones hurler au rez de chaussées mais celui-ci ne sembla pas avoir plus de chance que lui.

Peter redescendit à cloche pied et retrouva Jones qui se précipita vers lui pour le soutenir.
-C'était lui?
-Oui... J'ai été stupide. Il était assoupi contrée le mur. Je l'ai appelé, il a dû reconnaître ma voix...
-Il t'a agressé?
-Pas vraiment. Il m'a foncé dessus et je suis tombé. Sa réaction m'a surpris.
Peter resta silencieux jusqu'à que Jones l'aide à s'asseoir dans la voiture.

-Au moins on sait qu'il est toujours en vie et qu'il n'a pas quitté la ville.
Peter aurait aimé être aussi optimiste.
-Oui, il est encore en vie mais je ne suis pas certain qu'il le reste bien longtemps. Quand il m'a heurté, j'ai croisé son regard... Ses yeux... Il n'est plus le même homme... J'ai peur qu'on soit arrivés trop tard...