Le froid, la faim, la douleur ... C'était ce qu'elle avait ressenti lorsqu'elle avait quitté cet état comateux dont elle était ressortie comme assommée, groggy.

Elle ne savait pas où elle était, mais ses instincts de ninja lui permettaient d'analyser la situation dans un ensemble très global, et ainsi, elle put constater qu'elle était dans une pièce obscure, froide et très humide. Les bruits sourds qui résonnaient avec lourdeur autour d'elle bourdonnaient dans ses oreilles, et elle comprit qu'elle était dans un endroit isolé, enfermée. La puanteur qui s'élevait du cachot lui soulevait le cœur, mélange de sang, de sueur, et d'une fétide exhalaison de corps sales. Peu à peu, elle se rendit compte qu'elle-même dégageait cette propre odeur, aussi tenace qu'elle puisse être. Ses cheveux étaient accolés par le sang et la transpiration, toute son échine frissonnait sous l'effet de la température glacée de la pièce se mélangeant à ses sueurs froides, recouverte de relents de corps inconnus, de manque d'hygiène. Il était évident qu'elle n'avait pas pu se laver depuis plusieurs jours, semaines ? Qui savait ?

Ses yeux étaient bandés, ses poignets ainsi que ses chevilles étaient attachés par une corde qui avait laissé ça et là quelques marques de strangulations qui provoquaient une douleur lancinante de chaire brûlée, faisant croire qu'elle avait déjà essayé maintes fois de s'en défaire. En vain.

Ses capacités médicinales lui permirent d'analyser son état qu'elle pensait déjà, et le mot était bien faible, piteux. Bilan : son bras gauche cassé, une côte fêlée, l'œil droit et la bouche enflés, une réserve de chacra avoisinant le niveau zéro, et, bien-sûr, plusieurs bleus, coupures, coups recouvrant tout son corps.

Il n'y avait plus aucun doute possible, on l'avait attaquée, elle s'était défendue, mais pas assez, apparemment, et on l'avait séquestrée. " On" ... qui cela pouvait-il être ? Et Naruto? Et Sai? Maître Kakashi, où étaient-ils? Allaient-ils mieux qu'elle? A cette idée, elle commença à se débattre vainement, à secouer la tête, tenter une nouvelle fois de se libérer; mais à peine avait-elle provoqué le moindre mouvement qu'une douleur aiguë, isolée dans son bas ventre, se répandit dans tout son corps à tel point qu'elle se mit à gémir sous la douleur et à tomber de tout son long sur le sol humide et froid.

Un sentiment désagréable la submergea, ses yeux commencèrent à lui brûler, sa gorge à se resserrer, et la peur étant trop forte, un violent haut le cœur atteignit sa bouche, mais le ventre vide, ce n'est qu'une affligeante grimace qu'emprunta son visage, lui tordant le bas ventre si fort qu'elle finit par se recroqueviller, poussant un long râle de douleur pourtant incroyablement silencieux.

La peur ... La peur! C'était un sentiment si ridicule qui avait pourtant pendant si longtemps pris possession de son âme. Et aujourd'hui, cela faisait bien plus d'un an qu'elle ne l'avait pas ressentie. Avoir peur n'avance à rien, se disait-elle, ni pleurer, jamais. C'est pourquoi elle avait décidé que les sentiments, pitié, tristesse, angoisse, ne devaient plus jamais l'obliger à rester en retrait, et, reprenant ses esprits, elle se calma, régula sa respiration encore saccadée et essaya de se remémorer quelques événements passés. Elle était partie seule ce jour là, pour améliorer ses capacités. Afin de ne commettre aucun dégâts autour d'elle, elle eut décidé de s'enfoncer dans la forêt, pour pouvoir libérer sa force herculéenne sans gêner qui que ce soit. C'est à ce moment qu'"on" a du l'attaquer. Ils avaient du profiter de sa fatigue due à l'entraînement pour la surprendre. Combien avaient-ils été déjà? Trois ... non cinq. Elle s'était dégagée du premier avec facilité, empêchant le sang de circuler jusqu'à son cœur. Elle avait formé une hémorragie interne dans le corps du second, mais à sa grande stupéfaction, leur équipe avait comporté également un membre médecin, qui avait stoppé l'effusion de sang. Il avait été de taille moyenne, les cheveux gris, attachés, des lunettes ...

Dans sa cellule, elle grinça des dents de colère, ce visage, elle le reconnaîtrait entre mille! Cet enfoiré de Kabuto! Ce qui voulait dire que les autres ninjas étaient ses sbires.

Le troisième attaquant avait profité de son inattention pour l'affronter par derrière. Elle n'avait pas eu le temps d'esquiver le coup et avait senti une lame froide pénétrer son corps. Il avait cependant fallu qu'elle restât vaillante, si Kabuto avait été là, Sasuke ne devait pas être loin! Néanmoins, sa réserve de chacra avait diminué et elle avait eu beaucoup de difficulté à se soigner. Elle avait tué son assaillant, et s'était trouvée face à un homme qu'elle détestat du plus profond de son âme. Soudain, un rire terrifiant avait retenti dans l'orée du bois, résonnant au creux de chaque arbre, de chaque souche. Elle l'avait reconnu aux premières intonations. C'était le rire d'Orochimaru. Sachant pertinemment qu'elle n'avait aucune chance contre Kabuto, et encore moins contre le sannin légendaire, elle s'était tout de même mise en position de combat, prête à donner tout ce qu'elle avait. Et ce qu'il lui été resté à cet instant présent n'avait été autre que sa propre vie, sans peur, sans pleurs.

Bon gré mal gré, ses forces l'eurent abandonnée avant même que le combat n'eut lieu et elle s'était écroulée sur le sol.

... Impossible de savoir ce qui s'était passé ensuite. Mais pour l'instant c'était suffisant, elle savait où elle était et savait également que ni Naruto, ni Sai, ne subissaient le même sort qu'elle. Et malgré la situation, elle se mit à soupirer d'aise. C'était assez cocasse en vérité, mais penser à Naruto dans ces moments l'aidait à surmonter le trouble, l'angoisse, la douleur. Une vague de chaleur envahi ses veines lorsqu'elle l'imaginait inquiet, déplaçant monts et vallées pour la retrouver. Quant à Sai, s'il n'avait pu ne serait-ce qu'exprimer le moindre sentiment, ça aurait tenu du miracle. C'était eux qui l'aidaient à s'en sortir, elle le savait. Elle avait puisé sa force de ses deux camarades, dont un avait pris la place d'un ancien membre, et formaient ainsi une famille de substitution.

Ses pensées furent abrégées par des bruits de pas sourds, et de chaîne se frottant contre le sol. Elle s'efforça à se relever, mais le manque de force n'aidant pas, elle abandonna toutes tentatives et se rallongea sur le sol.

Puis les bruits se rapprochèrent et s'arrêtèrent non loin d'elle. S'en suivit le grincement rauque d'une porte en métal, et à nouveau les bruits de pas et de chaîne se rapprochant, encore, encore, encore, jusqu'à arriver à sa hauteur.

" Réveillée à ce que je vois ... " furent les premières paroles qu'elle entendit depuis bien longtemps. La voix lui était inconnue, grave, caverneuse, presque menaçante. Elle resta immobile et l'entendit s'accroupir. Puis, avec une violence non dissimulée, l'homme lui empoigna les cheveux et tira sur son crâne pour qu'elle se relève. Elle ne cria pas, ne hurla pas de douleur, et semblait vouloir rester muette, ne laissant que sa mâchoire crispée comme seule preuve de sa douleur. Et, alors qu'elle était à genoux, il relâcha sa chevelure et la rejeta brutalement contre le mur qu'elle percuta tête la première.

Au moins, elle n'était plus allongée contre le sol, et il lui serait donc plus facile d'esquiver les coups. Résultat étant qu'en se concentrant sur les bruits avoisinants, elle comprit qu'il faisait tournoyer la chaîne autour de lui, prêt à la lâcher. Mais elle se baissa in extremis et la chaîne ne rencontra que le mur qui s'effrita. Exacerbé, l'homme jeta son arme et posa une main dure et rêche sur le front de Sakura, l'obligeant à se redresser et à la plaquer contre le mur, l'empêchant de bouger.

" Désolé ..." il avait emprunté un ton ironique et malveillant faisant comprendre qu'il n'accompagnait pas sa parole d'absolue vérité.

Alors, la retenant toujours par le front, appuyant négligemment sur ses contusions, il brandit le poing de son autre main vaquante et le fourra dans le ventre de la jeune fille qui cracha sang et salive, et s'écroula sur le sol, graillonnant à pleins poumons. La jaugeant d'un air satisfait, il ne put cependant s'empêcher de la ruer de coups de pieds, l'injuriant de tous les noms. Elle allait mourir ... ici ... sans avoir pu atteindre son but ... elle sentait la vie s'échapper de son corps à chaque coup de pied, quand soudain ...

- Arrêtes! Ca suffit comme ça!

Un autre homme avait fait irruption, d'une voix plus posée mais néanmoins vindicative, ce qui obligea l'agresseur à lâcher sa proie, sans avoir pourtant omit de cracher une dernière fois au visage de Sakura qui se recroquevillait sur le sol. Ils quittèrent les lieux d'un pas expéditif, la laissant agoniser dans sa cellule. Ses dernières pensées s'orientèrent vers Naruto, puis ... Sasuke, qui était non loin d'elle en ce moment, elle en était certaine.

Elle s'était réveillée, nauséeuse, affublée d'un terrible mal de crâne et parcourue par une douleur lancinante qui se propageait dans son abdomen. Elle tenait avec beaucoup de difficulté en équilibre, et profita du mur pour prendre appui et s'asseoir correctement.

Respirer convenablement était devenu une torture, ainsi que toutes tentatives de tenir debout. Elle passa ses journées assise, sans avoir plus aucune conscience de l'heure, du jour, de la date. La nuit ou le jour, elle n'en savait pas moins, ni du temps qu'elle avait passé dans cet endroit. Trop, sans doute, était sa réponse.

Des sentinelles, qu'elle nommait simplement gardien, venaient apporter de la nourriture qui n'était plus de prime fraîcheur, mais cela lui suffisait à reprendre des forces et à gagner un peu plus de chacra. Grâce à cela, elle put guérir ses blessures les plus graves, à savoir: sa jambe cassée, sa côte fêlée et les douleurs de son abdomen.

L'homme qui l'avait attaquée n'était plus revenu depuis ce jour là. Aujourd'hui, les seules présences qu'elle côtoyait étaient des gardes plus calmes qui ne lui adressaient jamais un seul mot, se contentant de jeter à ses pieds un plateau de bonne fortune qui faisait office de maigre repas.

Un jour, elle avait entendu la conversation de deux hommes.

- Tu sais ce qui est arrivé à Raku ? interrogea le premier.

- Raku? Il est mort en mission, non? prétendit le second sur le ton de l'indifférence.

- Ouais, ouais. Mais tu sais ce qu'on dit? Il n'y avait pas d'ennemis ce jour-là, personne ne rôdait dans les environs. En fait, beaucoup disent qu'il a été tué par l'un d'entre nous. Sa voix faiblissait, devenait un vague murmure pour que leur discussion reste secrète. Certains parlent du gosse qui aurait rejoint le Maître il y a deux ans ...

Le cœur de Sakura fit un bond. Elle était persuadée qu'Orochimaru recrutait une pléthore de ninjas plus ou moins jeunes dans ses rangs, mais il y a deux ans, une personne en particuliers le rejoignait dans ses tranchées.

- L'Uchiwa?

Plus aucun doute possible. La jeune fille bloqua sa respiration pour mieux entendre ce que les deux hommes avaient à dire, mais plus elle tendait l'oreille, plus leurs voix se faisaient chuchotantes.

- Ouais, et d'après ce qu'on dit, ce serait parce qu'il l'a regardé de travers. C'est un taré!

- J'ai entendu dire que Raku s'était défoulé sur la prisonnière et que ça avait pas plu au gosse Uchiwa. C'est pour ça qu'il l'aurait tué.

Dans sa cellule, Sakura s'étirait le cou pour mieux comprendre la discussion. Ce Raku était sûrement l'homme qui l'avait battue la dernière fois, et ce geste l'aurait mené à sa perte.

- Tu parles, rétorqua le premier garde, ce gars n'en à rien à faire! C'est certainement Orochimaru qui le lui a demandé.

A la simple évocation du nom du sannin légendaire, le sang de la kunoichi ne fit qu'un tour. Elle voulait en savoir plus, en apprendre d'avantages, Sasuke, Orochimaru ... Elle tenta d'approcher son corps, mais ses poignets étaient toujours attachés au mur, et ses mouvements brusques firent entrechoquer les chaînes qui la retenaient.

- Holà, holà, t'excites pas comme ça, tu vas l'avoir ton repas! Les deux gardes étaient à présent devant sa cellule, la toisant du regard. Il balança sans ménagement le plateau sur le sol et apprécia la jeune fille du regard.

- Il a bien raison ce Raku, je me la ferai bien celle-là, affirma le premier garde qui venait lui apporter de quoi se repaître.

- Elle empeste, t'as vu sa gueule? Pleine de bleus et de coups, objecta le second d'un ton aigre et dégoûté. C'est à cet instant que Sakura comprit à quel point son état était misérable.

- Bah, bien nettoyée, soignée et mieux coiffée, elle doit être bien bonne! Il émit un rire gras et vicelard, et si aucun bandeau ne recouvrait les yeux de la jeune fille, son regard en aurait dit long sur la haine qu'elle vouait à chaque homme qui circulait en ces lieux.

- Attends, attends! J'ai une idée! Vas chercher un sceau d'eau! poursuivit-il, poussant d'un bras le dos de son compagnon, et tenant fermement les barreaux du cachot de l'autre.

Un sceau d'eau? Qu'avaient-ils envie de faire? L'esprit trop fourbu de Sakura l'obligea à ne pas trop réfléchir, et c'est sans surprise qu'elle reçut une eau glacée sur son corps agenouillé sur le sol. Les plaies qui s'étaient rouvertes entre temps et qu'elle avait mis tant de mal à soigner, s'étaient remises à suinter, tandis que son corps était parcouru de spasmes et de frissons.

- Ca devrait faire l'affaire! conclut le second garde, reposant le sceau à terre.

- Qu'est-ce que vous faîtes là, tous les deux!

Une troisième personne était intervenue à temps, avant que le premier garde ne s'apprête à entrer dans la cellule. Sa voix, bien que lointaine, était pleine d'autorité et de colère, et c'est sans attendre que les deux hommes repartirent vaquer à leurs occupations.

Sakura laissa échapper un soupire maladif. C'était fréquent ces derniers temps, son corps se mettait à trembler sans raisons, la fatigue s'accumulait, son esprit divaguait de plus en plus, l'empêchant de se concentrer ou même de réfléchir, la faim et la soif la tenaillaient. Elle se sentait mourir. Lorsque soudain, au loin, des bruits de pas s'accélérèrent. Un bruit de ferraille. La porte s'ouvrit. L'homme s'accroupit devant elle, d'un geste empressé.

- Lève-toi ! ordonna-t-il sèchement. Elle reconnut la voix de l'homme qui avait arrêté les deux gardes, et releva le visage vers l'inconnu, la tête légèrement vacillante.

- Je ne peux pas … répondit-elle, sur un ton de défi. Sa voix était enrouée, cela faisait plusieurs semaines qu'elle n'avait pas prononcé un seul mot, mais n'avait plus la force de s'éclaircir la gorge. Elle laissa sa tête retomber de tout son poids en avant.

Il ne répondait rien, se releva avec véhémence, scrutant derrière lui, l'œil aux aguets. Puis d'un geste brusque, il empoigna l'avant bras de Sakura, menaçant presque de le broyer, et la souleva avec vigueur, alors qu'elle tenait à peine debout.

- C'est pour aujourd'hui … avait-il annoncé, la tirant derrière elle. Il l'amena jusqu'à la grille de la prison, marqua un temps d'arrêt, puis repartit.

Son timbre de voix était particulièrement neutre, ne laissant déceler aucune note de peur ou d'intimidation. Il retenait avec difficulté le corps de Sakura qui était devenu étrangement lourd, risquant de tomber à chaque instant.

- Dépêches-toi! souffla-t-il d'un ton menaçant, la tirant une fois de plus par l'avant bras, l'obligeant à courir.

Leurs pas se précipitèrent, jusqu'à atteindre une allure un peu trop rapide pour Sakura qui, en plus d'être abandonnée de toutes ses forces, avançait à tâtons, les yeux toujours bandés. Néanmoins, elle le suivait, sans savoir qui il était, inconsciente du danger qui l'attendait et qui pourrait la tuer. Morte, elle l'était déjà, en quelque sorte.

Malgré le tissus qui recouvrait ses yeux, elle put vite comprendre que leur évasion les ramenait à la surface, laissant de plus en plus de clarté se dessiner derrière l'ombre du bandeau. Inconsciemment, elle se mit à sourire, soulagée de savoir qu'elle mourrait à la lumière du jour, et non dans le coin isolé d'un cachot sordide. Son manque d'équilibre la fit se percuter contre les murs, manquant de tomber à chaque pas, sentant la main de son kidnappeur l'agripper avec encore plus de fermeté et de vigueur, tant et si bien que ses anciennes blessures se réveillèrent et la firent grincer des dents.

Après près d'une demi-heure de course poursuite, ils atteignirent violemment la lumière qui aveugla la jeune fille. Voulant se protéger le visage de ce douloureux soleil qui brûlait ses iris pourtant fermées et bandées, elle baissa vivement la tête, mais son geste entraîna sa chute et elle tomba de tout son long sur le sol terreux.

- Qu'est-ce que tu fais? Relèves-toi! Le jeune homme qui lui avait lacéré le bras l'avait lâché lorsqu'il l'avait sentie tomber et était revenu sur ses pas. Cependant, Sakura ne répondit pas, restant allongée, épuisée, essoufflée et morte de faim. C'était donc ainsi qu'elle allait mourir.

- Inutile d'aller plus loin!

Une nouvelle personne les avait retrouvés et semblait déterminée à ce qu'ils ne partent pas.

Très long, pas vrai? Je crois que je me suis emportée ... les détails viendront plus tard!