Il ne s'était pas passé grand chose au douzième aujourd'hui. Les gars avaient fait de la paperasse toute la journée. Beckett regarda sa montre et vit qu'il était cinq heures, sa journée de travail était officiellement terminée. À moins qu'un criminel décide de lui casser les pieds en commettant son crime cette nuit, elle avait sa soirée de libre.

« Un autre café Beckett? » Me demanda Castle.

« -Non merci Castle, il est temps de rentrer. Je sais que vous adorez passer du temps avec moi mais c'est l'heure.

- Oh oui détective, j'adore ça! Vous attisez mon inspiration un peu plus chaque jour.

- Veillez à ce que votre imagination ne vous frappe pas en plein visage.

- Aouch! »

Ils avaient l'habitude de se parler comme ça, c'était devenu un jeu au fil des années. Un truc qui n'appartenait qu'à eux et qu'ils ne perdraient probablement jamais.

« - Je m'en vais les gars, bonne soirée!

- Salut Beckett!" répondit Esposito. "A demain! »

- "Bonne soirée" répondit Ryan.

Elle se dirigea vers l'ascenseur avec l'écrivain. Ils entrèrent à l'intérieur lorsque celui-ci prit la parole « Je vous raccompagne détective? » Kate lui fit un léger sourire avant de lui répondre « si mes souvenirs sont exacts, vous êtes venu en taxi ce matin et je suis venue en voiture. Par conséquent, c'est moi qui vous raccompagne Castle. »

Il esquissa un sourire à son tour. Il avait prévu qu'elle lui dirait ça et il avait réussi à retourner la situation pour que ce soit elle qui lui pose cette question. Dans ces moments là, il était très fier de lui. Il lui avait déjà joué ce tour lorsqu'il avait prétendu ne pas avoir vu un film pour qu'ils y aillent ensemble. Ils descendirent au parking puis s'installèrent dans la voiture de la détective.

"- Aurais-je un jour le privilège de conduire ce tas de ferraille ?

- Non, Castle. Et ce n'est pas en appelant ma voiture de cette manière que vous allez réussir à me faire changer d'avis.

- Très bien." Il me fit son regard de chien battu. Je ne lui avais jamais dit mais ce regard me faisait fondre à tous les coups.

"- Peut-être qu'un jour, si vous êtes sage, vous pourrez la conduire.

- Vraiment?" Me répondit-il avec le sourire d'un enfant de neuf ans dans un magasin de jouets.

"- Non!

- Vous êtes vraiment méchante avec moi, qu'ai-je fait pour mériter ça ?

- Vous plaisantez, n'est-ce pas ? "

Il se contentait de faire comme s'il ne comprenait pas de quoi elle parlait ce qui fit esquisser à Beckett un sourire imperceptible. Enfin, imperceptible pour le reste du monde mais pas pour Castle. Il remarquait tout chez elle. Il savait qu'elle ne se sentait pas bien même lorsqu'elle prétendait le contraire, qu'elle riait intérieurement même lorsqu'elle faisait semblant que ça l'agaçait. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert, et c'est pour cela qu'il était tant apprécié de la détective – chose qu'il ne serait bien évidemment jamais.

On était arrivé devant l'appartement de l'écrivain. « On y est Castle! »

"- Vous pensez que je ne reconnais pas mon propre immeuble détective ?

- Il paraît qu'à partir d'un certain âge, notre vue se trouble. Je me demandais d'ailleurs si vous aviez l'intention d'aller voir un médecin à ce sujet."

"Très drôle détective" me dit-il avec sa moue boudeuse. "Vieux ou pas vieux, je ressemble toujours à un appollon grec et vous avez toujours autant envie de moi qu'au début." dit-il avec son air de séducteur qu'il gardait en général pour ses séances de dédicaces.

Il voulait jouer et elle était prête à entrer dans son jeu. C'était leur truc, ils pouvaient s'allumer puis se refroidir en à peine quelques secondes. "Oh oui Castle, j'ai toujours eu envie de vous. Nous devrions peut-être monter dans votre appartement et régler les choses une bonne fois pour toute"

Castle déglutit. "Euh... oui on pourrait faire ça... vous... on... devrait peut-être..." Il se racla la gorge pour se donner de la contenance mais il avait perdu ses mots. Ironique pour un écrivain.

"Dans vos rêves Castle!" Elle l'avait bien eu. C'était en général elle qui gagnait, ça ne veut pas dire qu'il était moins fort qu'elle, seulement qu'elle savait le déstabiliser plus facilement.

"- Si on fait comme dans mes rêves, vous devriez peut-être prendre vos menottes avec vous, ainsi que de la crème chantilly.

- Souvenez-vous que j'ai mon arme à portée de main.

- C'est la chose la plus excitante que l'on m'ait dit aujourd'hui."

Elle adorait ce genre de conversation, autant que lui, mais qu'il ne fallait pas que ça dure trop longtemps. C'était très facile de déraper avec ce genre de sujet. "Vous avez l'intention de camper dans ma voiture Castle? Dehors!"

Castle lui fit un sourire puis s'approcha de ses lèvres le plus lentement possible. Beckett se demandait ce qu'il allait faire et comment réagir si celui-ci venait à l'embrasser. Allait-elle le repousser? Certainement pas! Ils s'étaient déjà embrassés une fois, pendant une enquête, et ça avait été fabuleux, Castle l'avait avoué à la seconde où leurs lèvres s'étaient séparées. Elle avait fait comme si de rien était mais au fond, elle avait été sur un petit nuage pendant une bonne semaine après cela.

Au dernier moment, Castle esquiva la bouche de sa muse et se contenta de lui déposer un baiser sur la joue avant de lui sussurer à l'oreille "je suis prêt à camper ici si vous êtes prête à me réchauffer durant la nuit".

Lorsqu'elle sentit son souffle chaud contre sa peau, elle eut des frissons. Son coeur battait à tout rompre et, elle avait très chaud. Elle voulait l'embrasser, lui faire l'amour dans sa voiture et elle luttait pour conserver un minimum de self control. Elle se sentit rougir lorsque celui-ci sortit de la voiture. "A demain detective".

Ils étaient désormais à égalité. En rentrant chez elle, Beckett repensait au jour où Rick avait boulversé sa vie. Quelqu'un imitait les crimes de Castle et elle avait donc eu besoin de l'interroger pour en savoir plus. Ce qu'il ne savait pas, c'est que ce n'était pas leur première rencontre...

FLASHBACK

"Comment tu me trouves?" demanda Maddison, l'amie de Kate.

"- Tu es parfaite, mais je ne comprend pas pourquoi tu veux à ce point l'être, tu ne voulais même pas m'accompagner au départ!

- Oui, mais c'était avant que tu me montre sa photo, il est vraiment très séduisant. Au fait où est-ce qu'ils sont?"

Kate consulta son portable et vit qu'elle avait trois appels manqués, tous de Will. Elle se disait que ce n'était pas vraiment une bonne chose. Elle avait également un message vocal "hey mon coeur, je suis désolé mais Carl et moi venons d'être appelé pour une affaire, maudits soient les criminels! Je voulais vraiment qu'ils se rencontrent, Carl était super excité. On se voit ce soir? Je me ferais pardonner, c'est promis! Dis à Maddie que nous sommes sincèrement désolés. Je t'aime, à ce soir!"

Et merde! Sa première journée de congée depuis très longtemps et tout ça pour rien! Elle pourrait passer la journée avec Maddie bien sûr, mais ce n'est pas ce qui était prévu.

" - Ils viennent d'être appelé pour une affaire, ils sont désolés et je le suis aussi Maddie.

- C'est trop dommage, et moi qui avait hâte de le recontrer! Une prochaine fois. Bon on fait quoi alors?

- J'aimerais bien passer à la librairie, je n'ai plus de bon livre à lire en ce moment. Après ça on pourrait aller au restaurant et finir chez moi.

- C'est une proposition?

- Très drôle! On fait comme ça?

- Ca marche!"

Elle prirent un taxi et se dirigèrent vers la librairie.

"- L'odeur des livres, je n'en ai jamais été fan. Il y a des boutiques en face, on se rejoint dans 20 minutes ici même?" Kate acquiesca et entra dans la boutique. Contrairement à son amie, elle adorait l'odeur du livre fraîchement imprimé.

Elle monta au premier étage et alla au rayon des polars. Elle cherchait un auteur particulier. Elle sentit une présence derrière elle.

"Vous cherchez un livre particulier?" elle se retourna. Elle n'arrivait pas à en croire ses yeux, c'était Richard Castle, l'écrivain. Elle fangirlait comme jamais. Cependant, elle n'était pas du genre à demander des autographes et à dire "je suis votre plus grande fan, pourrais-je avoir un autographe sur la poitrine", ce genre de filles étaient pitoyables à ses yeux.

Elle fit comme si elle ne l'avait pas reconnu "vous ne ressemblez pas à un vendeur". Elle s'en était bien sorti, sa voix n'était pas montée dans les aigues et elle avait l'air de ne vraiment pas le reconnaître. Kate était fière d'elle à cet instant.

Il lui fit un très beau sourire. Elle n'avait jamais vu ce genre de sourire auparavant. Elle avait beau connaître son nom, c'était un étranger et pourtant, à cet instant, elle eut l'impression de le connaître depuis toujours. C'était comme si une connexion s'était créée entre-eux.

"Je suis démasqué. Je n'en suis pas un mais, sans vouloir me vanter, je m'y connais bien en polars. Je peux donc vous conseiller un livre qui soit à la hauteur d'une femme dans votre genre." Non mais, qu'est-ce qu'il était arrogant! Et que voulait-il dire par là? Il ne me connaissait pas après tout.

"Pardon? Une femme dans mon genre? Qu'insinuez-vous?"

"Et bien, vous êtes une très belle femme et vu le ton sur lequel vous venez de me dire ça, vous avez l'air d'avoir un sacré caractèr. Vous êtes forte, vous êtes intelligente et vous ne vous laissez pas marcher dessus. Est-ce que j'ai tout bon pour le moment?" Cet homme était vraiment un idiot! Il venait de lui sortir le baratin qu'il utilisait probablement avec toutes les femmes qu'il voulait séduire. Elle était trop maligne pour tomber dans le panneau.

"Whaouh, vous m'avez vraiment percée à jour, vous êtes un génie, je vous admire je vous adore." Jouer cette carte était probablement la meilleure chose à faire.

"Très amusant! Et en ce qui concerne le livre, je vous conseille cet auteur: Richard Castle. Cet homme a vraiment du talent!" Et voilà qu'en plus il me refilait un de ses livres. Je dois avouer que je suis venue chercher "Hell has no fury" mais il était hors de question qu'il le sache, cet homme avait apparemment un égo surdimentionné, je ne voulais pas en rajouter une couche.

"Ouais bof. J'ai déjà lu un de ses livres. Ca se lit. C'est pas mal pour un auteur de seconde zone mais ce n'est pas du Baudelaire." Il arborait une moue déconfite. Elle l'avait eu à son propre jeu et elle en était ravie.

"Papa, on y va!" cette voix provenait du rayon pour enfant qui se situait juste à côté.

"Le devoir m'appelle. Ce fut un plaisir de vous rencontrer mademoiselle. Et en ce qui concerne cet auteur, vous devriez lui laisser une chance. Il finira par vous séduire, j'en suis persuadé."

Et voilà, elle venait de rencontrer son écrivain préféré et il était encore plus crétin qu'elle le pensait. Après tout, on ne peut pas tout avoir dans la vie. Elle ressortit avec "Hell has no fury" sous le bras et repensa à lui le reste de la journée.

"C'est vert imbecile! Tu as l'intention d'avancer ou non?" Ce chauffard qui n'arrêtait pas de klaxonner la fit sortir de ses songes. Elle se souvenait de cette rencontre comme si c'était hier. C'était un véritable abruti à l'époque. Heureusement pour elle, il n'en était plus un, il ne l'avait peut-être jamais été. Il était comme ça le jour où elle l'avait interrogé. Mais c'était juste une façade. Elle lui avait dit un jour qu'elle avait des murs qui lui permettaient de se protéger depuis le meutre de sa mère. Elle savait qu'il en avait lui aussi. Peut-être que se comporter comme un con l'aidait à se protéger d'une façon où d'une autre.

Elle se remémorait souvent la dernière phrase qu'il lui avait dit ce fameux jour à la librairie: "et en ce qui concerne cet auteur, vous devriez lui laisser une chance. Il finira par vous séduire, j'en suis persuadé." Il l'avait séduit, de toutes les façon possibles et imaginables. Il avait toujours été là pour elle et même si elle en avait moins eu l'occasion que lui, elle avait toujours été là pour lui également.

Ca faisait quelques mois qu'elle savait que ses sentiments étaient réels mais elle avait peur d'être blessée. Depuis son histoire avec Will, elle n'était sortie qu'avec des mecs qu'elle aimait mais dont elle n'était jamais vraiment amoureuse. Cependant, c'est ce qui lui fallait pour éviter de trop souffrir.

Avec Castle, tout était différent. Dès son arrivée, il avait tout remis en cause, il avait chamboulé son monde et elle savait que ce ne serait plus son monde s'il n'était plus là. Elle ne pouvait pas se permettre de tout gâcher, elle ne s'en remettrait pas.

Mais il faut parfois prendre des risques dans la vie, elle se souvenait du mot de Royce "prendre des risques en amour est la raison pour laquelle nous vivons". Elle savait que c'était la vérité, mais dans ce cas, il y avait trop de facteurs en prendre en compte.

Elle rentra chez elle, pris un bain et lu un bon livre de son écrivain préféré "Heat Wave". Lorsqu'elle lisait ses livres, elle avait l'impression d'être plus que ce qu'elle était réellement. Elle avait l'impression qu'il la voyait réellement, comme si il avait pris le bon et le mauvais, le joyeux et le triste, qu'il voyait à travers elle, comme personne ne l'avait jamais vu. Il savait qui elle était réellement, probablement mieux qu'elle ne se connaissait elle-même et elle avait toujours trouvé ça intriguant.

Il l'avait percé à jour depuis leur première enquête ensemble, il avait franchi toutes ses barrières en un rien de temps ce qui avait été destabilisant au départ. Elle aimait cette homme, de tout son coeur. Elle savait que peu importe ce qu'il se passerait entre-eux, elle l'aimerait toujours. Il lui avait dit qu'il l'aimait. Elle avait fait comme si elle ne s'en souvenait pas car elle n'était pas prête à l'entendre, mais elle savait qu'il attendait qu'elle fasse le premier pas, elle savait qu'il l'attendrait.

Elle prit son télephone et composa le numéro 2. Elle entendit une sonnerie puis une voix qui lui était familière décrocha le combiné.

"- Bonjour detective. Qu'est-ce qui me vaut le plaisir d'un appel aussi tardif. Il y a un crime ou vous vouliez juste entendre ma douce voix?

- Hey Castle!" Elle ne savait pas pourquoi elle l'avait appelé. Elle pensait juste à lui et avait pris son portable sans réfléchir. Enfin jusqu'à maintenant. Elle devait trouver une excuse rapidement pour pouvoir se sortir de cette situation indemne. "Je voulais savoir si vous voulez que je vienne vous chercher demain. Je pense beaucoup à l'environnement et le covoiturage est peut-être une bonne solution pour détruire la nature le moins possible" Elle se donna une gifle mentale. Je pense beaucoup à l'environnement, sérieusement Kate? C'était une des choses les plus stupides qu'elle avait jamais dit. Cette excuse était non seulement complètement bidon, elle était en plus très mauvaise, il ne la croirait jamais. Elle espérait seulement qu'il fasse comme si de rien était.

"- Euh... Ok! Si cela peut vous ravir Kate, je suis prêt à faire du covoiturage. Je ne savais pas que l'écologie vous tenait tant à coeur.

- Les choses que vous ne savez pas sur moi pourraient remplir un livre.

- Que faîtes-vous en ce moment?

- Je suis dans mon bain.

- Vous voulez dire... vous êtes...?" Il déglutit. Il n'était pas prêt à avoir toutes ces images en tête à cet instant. "Nue?"

"- Non non, je suis entrée dans mon bain avec tous mes vêtements. Bien sûr que je suis nue Castle!

- Si vous me disiez des cochonneries, je serais probablement en train d'être dans un de mes rêves.

- Dans ce cas, je vous conseille d'attendre le prochain rêve car ce genre de choses ne se produira que dans votre imagination.

- Ca c'est déjà produit Beckett, et plus d'une fois.

-Castle!

-Pardon. Mère est en train de faire à manger et je devrais vérifier que l'on ne risque pas l'indigestion. Je vous dit à demain matin, 7 heures?

- 7 heures? Vous devenez matinal Castle? 8 heures est peut-être plus approprié vous ne croyez pas?

- Je pensais vous inviter à prendre le petit-dejeuner à la casa Castle à vrai dire.

- D'accord, on fait comme ça! Bonne nuit Castle.

- Bonne nuit Beckett, ne rêvez pas trop de moi!" et il raccrocha le combiné.

Elle n'avait pas vraiment assuré sur ce coup là. Non seulement elle avait sorti la pire excuse imaginable, et en plus elle allait être en retard au travail parce qu'elle se sentait coupable de l'obliger à se lever tôt à cause de ce premier mensonge. Elle lui était cependant reconnaissante qu'il n'ai pas posé de questions même si il en avait probablement des tas en tête.

Elle sortit de son bain, enfila un pyjama, s'installa dans son lit et pensa à son partenaire. Elle lui dirait ce qu'elle ressent tôt ou tard. Et c'est sur cette idée qu'elle s'envola au pays des rêves.