I

La mort : châtiment donné par la vie à ceux qui ne méritent de recevoir un cadeau. Une épreuve dur, très dur, à passer mais que tout le monde subit au moins une fois devant sa vie. Tout être qui naît doit irrémédiablement mourir, tel est le cycle de la vie. Personne n'est immortel, personne n'échappe à cette règle. Personne, sauf lui.

Durant des années, il a cottoyé la mort, l'ffleurant à chaque fois du bout des doigts sans jamais pouvoir y goûter. S'en est grisant. A mille cent soixante-huit ans, il en a vu défiler des vies, il en a vécus des choses, il en a fait des guerres même si, celle dont il sera le plus marqué, sera celle de la survie de l'humanité ; celle qui opposée l'humanité tout entière – qui, afin de survivre s'était retranché derrière d'immenses murs – aux Titans, ces êtres humanoïdes qui ne tuaient l'humain que pour le simple plaisir de semer le chaos autour d'eux. Malgré cela, et malgré les nombreux obxtacles et difficultées, ils y sont parvenu à gagner cette guerre, lui permettant ainsi d'assister à l'évolution de l'homme jusqu'à nos jours.

Il s'ennuyait de la vie désormais et voulait la mort. De pouvoir y goûter au moins une fois, juste une fois. C'est son plus grand rêve, son voeux le plus cher.

-Arrêt : Shiganshina, annonça la voix féminine enregistré du train.

Soupirant tout en attrapant son gros sac ainsi que sa valise, Levi se leva de son siège, libérant ainsi la place pour d'autre et descendit du wagon. Sur le quai, une foule abondante s'activait telles des fourmis dans leur fourmilière. Levi détestait la foule. Surtout lorsqu'elle se presse, gueule, vous bouscule sans s'excuser – vous jetant même des regards noirs – sans qu'il ne puisse rien y faire. Et là, sur ce quai de métro, c'était le cas. L'adulte jeta un regard des plus noir à un jeune qui était passé non loin de lui, le bousculant au passage dans le but de ne pas louper son train. Se retrournant, près à lui rejeter la faute dessus, le garçon se tut et déglutit en découvrant le regard de Levi qui, après avoir fait claquer sa langue dans sa bouche, se détourna et partit en direction de la sortie. Il fallait qu'il sorte sinon il allait faire des meurtres. " Boucherie à la gare de Shiganshina ! Hier, en fin de matinée, un homme a massacré toutes les personnes présentes sur son quai suite à une simple bousculade dont il n'était pas le fautif. " Non, décidément, il vallait mieux qu'il sorte s'il ne voulait pas faire la une des journeaux de la ville voir du pays entier.

Du monde. Partout du monde. Trop de monde. Comment la gare pouvait-elle être si bondée alors que la petite ville qu'était Shiganshina n'était en rien la plus grande ville après la capitale ? S'était plutôt un petit patelin que l'on pourrait presque califier de paumé. Même Trost était bien plus grosse ! Pourtant, elle était appréciée des touristes qui venait la visiter elle et ses nombreux commerces, son paysage campagnard et son jolie port improvisé à la rivière qui relié Shiganshina, Trost et la capitale, Maria.

Posant un premier pas dehors, Levi respira un bon coup, essayant par la même occasion de faire redescendre la tension. Comme il le pensait, peu de gens ne marchaient dans les rues, même à cet heure-ci. Dans le contraire, à Maria, il aurait été impossible de marcher sans bousculer un ou deux – voir plus – passant. En face de la gare, surprenant l'adulte, il y avait la seule école de toute la ville. " L'académie des Titans ". D'après ce qu'il savait, l'école regroupait les élèves du primaire au lycée. Autant dire que le bâtiment était immense. D'ailleurs, passant le portail, les élèves de tout âge sortaient de cours. Principalement des collègiens ou des lycéens, même si quelques élémentaires retrouvaient leurs parents pour manger à midi.

-Trop bruyant..., grogna-t-il avant de se détourner de la scène, trainant sa valise derrière lui.

Marchant lentement dans les rues, il ne remarqua pas lorsqu'un jeune homme vint vers lui. Ce n'est que lorsque sa voix lui parvint aux oreilles qu'il se stoppa pour se tourner vers lui.

-Excusez moi monsieur, mais vous avez fait tomber ça.

Jeune, ça c'était sur. Levi lui donnait quinze, seize ans. Voir plus. Sûrement lycéen. Ils étaient tout deux opposés physiquement. Lui était grand et mince, même si l'on pouvait deviner un début de muscle sous ses habits. Levi, lui, était petit et semblait frêle – qu'en apparence évidément. Le jeune homme avait la peau halé et des cheveux bruns en batailles sur sa tête. L'adulte avait une peau très pâle qui n'avait pas changé avec le temps, et des cheveux noirs en une coupé militaire de style " undercut " qui était rasé à la base et dont la frange lui retombait sur le visage sans lui cacher la vue, séparait par une raie de côté. Et puis il y avait ses yeux. De beau yeux mélangeant les vastes prairies d'herbes vertes brillants sous le soleil et la mer agitées par le vent, malmenant la vie des marins qui naviguent sur son dos. Levi lui, à l'inverse, avait des yeux gris à mi-clos, en intimidant plus d'un avec ses sourcils constamant froncés et son air blasé voir froid et dur, autoritaire. Digne du caporal-chef qu'il a été il y a longtemps, très longtemps.

Après s'être perdus dans l'âme de ses yeux, Levi baissa son regard sur la main que lui tendait le garçon avec, en son sein, un bout de tissu représentant deux ailes entrecroisées : une blanche et une bleue. On voyait par les coutures que l'emblème avait été arraché il y a longtemps sur un haut ou une veste marron plutôt clair. Fronçant les sourcils, il s'empressa de le reprendre, se demandant comment il avait bien pu sortir de son sac. Le fixant tout en le caressant du pouce, Levi se perdit dans ses souvenirs durant des secondes qui parurent des heures.

Il était assit derrière son bureau avec, pour seule lumière, la lune l'éclairant dans son dos, formant une ombre sur le sol devant lui. Les poings serrés sur son bureau, il fixait sans les voirs les emblèmes du bataillons d'exploration qu'il avait arraché des vestes des membres de son escouade spéciale. Tout ça à cause de...

-Foutu Titan de merde ! Siffla-t-il en faisant s'abattre son poing sur la table avec violence.

Doucement. Lentement. Silencieusement. Les larmes coulèrent sur ses joues pâles.

-Monsieur ?

Clignant des yeux, il soupira en rangeant l'emblème dans la poche de son pantalon avant de reprendre sa marche, sans un regard ni même un merci à l'adolescent qui le regarda partir en fronçant les sourcils, les poings sur ses hanches.

-Un " merci " ne lui aurait pas écorché la bouche à ce que je sache..., soupira malgré lui le jeune homme en retournant auprès de son groupe d'amis lorsqu'ils l'appelèrent depuis l'autre trottoire.

Marchant un moment, Levi serra les dents.

-Tsk. Foutu gamin !