Salut à tous!

Voici une histoire qui s'étale sur 5 chapitres. Théoriquement, je vais enlever les parties les plus crues, mais si cela vous choque toujours, s'il vous plaît, signalez-le moi ou passez votre chemin. Cette fiction parle notamment d'une relation entre deux hommes alors si ça vous gêne aussi, vous savez ce qu'il vous reste à faire. :)

Merci à JKR de nous laisser jouer avec ses personnages.

Bonne lecture!


J'ai l'estomac noué lorsque j'entre dans son appartement. Après neuf ans à pratiquer ce métier, il semble que je ne sois toujours pas complètement habitué à être une catin de luxe. Les plus grands réclament mes services. Je devrais en être fier. J'ai toujours fait partie des hautes sphères.

Certaines choses ne changent jamais.

D'autres si.

J'offre toutes les gâteries possibles, des choses bien dégoûtantes, d'autres plus tordues.

Hommes, femmes, même vieillards et adolescents en manque de sexe viennent me voir.

Vous devez sans doute vous demander ce qui a pu m'arriver pour tomber aussi bas ?

La réponse va sans doute vous déplaire parce qu'il ne s'est rien passé de spécial.

Un jour, j'ai voulu faire ça. C'est tout.

En bon gentleman, Potter me débarrasse de mon manteau et m'invite à m'asseoir près de la cheminée où crépite un bon feu. Je choisis le fauteuil, lui le sofa. Potter a du mal à me regarder dans les yeux. Visiblement, c'est la première fois qu'il fait appel aux services de gens comme moi. Je ne peux réprimer un sourire moqueur.

Un vieux réflexe.

Ses joues sont roses, son regard fuyant. Cela me rend nerveux malgré les apparences. Que veut-il ? Comment prend-il son pied ?

- Bon, le temps c'est de l'argent. Quelqu'un comme toi doit savoir ça, Potter. Alors crache le morceau. Que veux-tu ?

- Je voudrais que tu restes toute la nuit.

- Très bien. Mais je te demandais plutôt ce que tu veux que je fasse ? Tout est possible. Juste une chose, je me protège toujours.

- Entendu.

Le temps passe et Potter ne dit toujours rien. Il se lève et se passe une main tremblante dans ses cheveux noirs. Rien que pour le plaisir, j'ai envie de l'enfoncer dans sa gêne.

- Accouche, Potter. C'est quoi ton problème ? Ne me dis pas que tu es encore puceau ?

Il me fait face. C'est donc que j'ai tord parce que ses yeux sont devenus flamboyants de fureur.

- Dis pas de conneries. J'ai largement eu le temps de m'exercer...

- Tant mieux, ça m'évitera de devoir jouer au prof avant. Alors, qu'est-ce que tu veux ? J'imagine que tu veux mener la danse.

- Hein ?

- Par Merlin, que tu es lent. Pour dire les choses plus clairement, tu veux être au-dessus j'imagine ?

- Non ! Je ne veux aucune de ces cochonneries !

Mes sourcils se soulèvent. Potter est décidément bizarre.

- Mais je n'offre que ce genre de choses...

- Je sais bien. Ecoute, je suis désolé, mais je t'ai appelé sans vraiment réfléchir...

- Rien de surprenant...

- Arrête. Je me sens déjà assez con comme ça. Bon, voilà, je voulais te payer pour, pour...eh bien, pour que tu dormes avec moi.

C'est du délire. C'est bien la pire demande qu'on ne m'ait jamais faite.

- Et...c'est tout ?

- Pas exactement. Je voudrais qu'on fasse comme pendant les préliminaires, les préliminaires en moins. Tu vois ce que je veux dire ?

- Là, ça va être à toi d'être plus précis, Potter. Les devinettes c'est plus de mon âge.

Ma patience a des limites et je commence à croire que Potter m'a appelé juste pour se foutre de moi. J'en arrive presque à chercher où se cache Colin Crivey et son appareil photo.

- D'accord. Mais te moque pas ok ?

Je perds un peu de ma contenance en réalisant à quel point sa voix tremble. Ce jeu ne m'amuse plus.

- Tu as ma parole.

Potter soupire et se rassoit sur le sofa. Ses yeux ne quittent pas le tapis sous ses pieds.

- Je voudrais qu'on se touche mais toujours au-dessus de la ceinture. Et j'aimerais pouvoir dormir dans tes bras après. Voilà, c'est tout.

- Tu es vraiment tordu, Potter. Je préfèrerais te faire mille pipes plutôt que ça.

Potter est devenu livide. Je souris.

- Mais après tout. Tes désirs sont des ordres.

- Bon. Combien je te dois ?

- Disons le double de ce que je demande pour la totale. 400.

Potter se lève sans rien dire et va dans sa chambre. Je le suis. Autant ne pas perdre de temps. Mes vêtements tombent les uns après les autres dans mon sillage. Quand j'arrive à destination, il ne me reste plus que mon boxer noir. J'entre sans frapper. Potter sort des billets de son portefeuille. Il se retourne et se fige un bref instant devant ma tenue.

- Tiens, dit-il en tendant le bras sans s'approcher de moi.

J'avance tranquillement et récupère les billets. Je sors de la chambre le temps de ranger l'argent dans la poche de mon pantalon. Je retourne sur mes pas et referme la porte sur nous.

- On commence ?

- Euh, oui.

Je m'allonge dans son grand lit et attend qu'il me rejoigne. Il éteint la lumière et je dois avouer que la nervosité s'infiltre à nouveau en moi. J'ai peur du noir. Mais jamais je ne lui dirai ça.

Le silence devient très gênant. Je ne sais pas pourquoi mais plus personne n'ose parler, comme si un pacte venait d'être scellé entre nous. Au bout d'un moment, je me rappelle que j'ai été payé pour une chose précise. Je me reprends.

D'après la silhouette qui se profile dans la pénombre, je devine que Potter est allongé sur son dos. J'entends sa respiration qui s'accélère. J'essaye de ne pas analyser pourquoi il m'a fait cette demande étrange. Ce n'est pas le moment. Il faut aussi que j'oublie que c'est Potter. Cela ne pourra que m'aider à remplir mon contrat. Je voudrais m'imaginer avec quelqu'un que j'ai aimé. L'ennui, c'est que je n'ai jamais aimé personne. Tant pis. Potter restera Potter.

Je m'approche doucement de lui. Mes yeux se ferment tandis que je pose mes lèvres sur son épaule droite. Sa peau frissonne, sa respiration se bloque.

- Détends-toi...

Mes mots ont été chuchotés dans son oreille, mais Potter les a bien entendus. Il expire difficilement. Ma main droite effleure sa joue et descend lentement le long de son cou pour se poser sur son torse. Son cœur bat si vite que j'en viens presque à m'inquiéter de son état émotionnel.

Je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il a maigri pendant toutes ces années. Après avoir tué Voldemort, il n'avait pas bonne mine, mais je suis certain qu'il n'était pas si famélique que ça. Je réalise maintenant que je n'ai aucune idée de ce qu'il fait dans la vie. Une chose est sûre, c'est qu'on entend plus parler de lui dans la Gazette. J'ignore comment il a réalisé cet exploit et j'en suis plutôt épaté.

J'embrasse maintenant son cou. Une main timide vient se poser sur mon dos. Elle reste là, sans bouger. Je peux sentir la peur irradier de sa peau. Mon torse touche le sien et son état s'empire. Potter est parcouru de tremblements de la tête au pied. Je ne sais pas pourquoi il réagit si violemment et je me demande si je fais quelque chose de travers. Potter a envie de moi ou il a réellement peur ? Je décide de lui poser la question.

- Dis-moi Potter, tu veux qu'on arrête ou qu'on passe à des choses plus sérieuses ?

Cet imbécile ne me répond pas et cela m'agace prodigieusement.

- Potter, ne fais pas celui qui s'est endormi.

Bon, j'ai compté jusqu'à dix et il ne m'a toujours pas répondu. J'en ai marre de son jeu tordu et je décide de rallumer la lampe de chevet qui se trouve de son côté. Mon bras passe au-dessus de son visage et je tâtonne un moment avant de trouver l'interrupteur. La pièce s'éclaire dans un clic et je recule pour voir dans quel état pathétique s'est foutu Potter.

Je cligne des paupières plusieurs fois avant d'en conclure que je ne rêve pas. Cet imbécile est en train de faire une crise de panique ou un truc du genre. Je dois dire que c'est une première dans ma carrière. En général, mes clients sont des gens désespérés qui veulent s'envoyer en l'air dès que possible.

Potter est décidément à part, chose qui m'a toujours énervé. Bon, c'est vrai qu'il fait un peu pitié comme ça, les paupières plissées devant ses yeux comme s'il voulait oublier un cauchemar, les mains agrippant les draps et la poitrine qui s'élève et s'abaisse de manière anarchique. En fait, je crois que tous ses muscles sont crispés. Le résultat est d'ailleurs plutôt moche.

- Hey Potter, du calme. T'inquiète pas, je vais plus te toucher si c'est ça qui te fait flipper.

Je me demande s'il faut le secouer pour qu'il m'entende parce que j'ai pas l'impression que son état s'améliore. Alors que je m'apprête à lui mettre une claque dans la figure, Potter ouvre enfin les yeux.

- C'est pas trop tôt...

Je ne sais pas pourquoi mais son regard a tout du chien abandonné par son maître. C'était peut-être pas le truc à lui dire. Allez savoir, c'est Potter.

- Je pensais pas que ça ferait si mal...

Je m'inquiète maintenant pour son état mental.

- Je comprends pas. De quoi tu parles ?

Potter ne me regarde pas dans les yeux et ça me perturbe. Soudain, il se met à rire bizarrement. Ses yeux sont à présent noyés de larmes. Je crois vraiment qu'il perd la tête.

- Tu imagines que tu es la première personne à me toucher depuis six ans ?

- Je te demande pardon ?

Si j'étais vraiment quelqu'un de grossier, j'aurais dit que j'étais sur le cul. Certes, ces années passées à vendre mon corps m'ont apporté un certain jargon des rues, même si je travaille dans les beaux quartiers. Mais une éducation à coups de canne laisse toujours des traces.

- Je ne vois plus personne depuis six putain d'années. J'en suis arrivé au point de devoir payer quelqu'un pour pouvoir me souvenir du bien que ça fait. Seulement, je pensais pas que ça me ferait encore plus de mal.

- J'suis sur le cul...

Oups. Mon père doit se retourner dans son cercueil. Je me rends compte que je suis maintenant assis en tailleur sur le lit, loin de Potter.

- Je suis désolé de tout compliquer.

- Je sais que tu m'as déjà payé et que tu peux exiger de moi que je reste ici, mais vu que ma présence te met mal à l'aise, je pourrais peut-être rentrer chez moi ?

Sur le coup, c'est vrai, j'ai été égoïste. Je vois bien qu'il est au plus mal et j'aurais dû m'imposer, rien que pour m'assurer qu'il ne se fiche pas en l'air. Mais bon, il s'en est sorti toutes ces années sans personne. Il n'y a pas de raison que cela ne continue pas. En plus, je suis loin d'avoir les compétences d'un psy.

Potter doit arrêter de se prendre pour le centre du monde. Le temps de la guerre est révolu et plus personne n'a besoin de lui. C'est un fait qu'il doit accepter. Chacun gère ses malheurs. Il n'est pas question que je joue la carte de l'empathie. Je me lève, ce que fait Potter de son côté.

- Bien sûr, rentre chez toi. Je t'ai assez embêté.

- Et tu t'es assez ridiculisé. Rappelle-moi si tu te décides enfin à te décoincer.

Je crois que j'y suis allé un peu fort. J'y peux rien, il m'énerve avec son air de chien battu. Je l'observe marcher doucement vers une porte blanche qui se trouve en face du lit. Sans doute la salle de bain. Il s'arrête devant, son dos me faisant face. Je ne sais pas combien de temps on est resté là, immobile, moi le regardant, lui fixant la porte. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça fait bizarre.

- Tu n'as pas des fois l'impression que le temps s'est arrêté à l'époque de Poudlard, mais seulement pour toi ? Que le monde continue d'avancer sans toi ?

Merde. Il faut croire que j'ai touché juste. Potter n'arrive pas à tourner la page. Au moins une chose où je peux être fier de moi. J'ai surmonté toute cette merde, seul. Enfin un domaine où je suis plus fort que lui. Génial...toujours aussi mature. Dans le fond, je sais que ça ne me réjouis pas du tout. J'ai même un peu honte de le lâcher alors qu'il paraît clair que Potter n'en a parlé à personne d'autre, sinon il ne serait pas dans cet état déplorable. Je me demande où sont la belette et sa copine intello. Bon, par politesse, je vais quand même lui répondre.

- A une époque de ma vie, oui. Mais ça fait neuf ans que j'ai réussi à tourner la page.

Je me sens fier et je crois que Potter n'apprécie pas ça. Il se retourne et là, je revois le Potter que je connais bien. Une remarque acerbe va sortir de sa bouche. Je serre les dents.

- C'est ça, en te prostituant ?

Aïe. Je pensais mieux encaisser le coup. J'ai grimacé.

- Tu penses vraiment t'en être mieux sorti que moi ?

Stop. Cette comédie doit s'arrêter sur le champ. Je ne le laisserai pas détruire en quelques secondes ce que j'ai mis des années à reconstruire.

- Bonne nuit, Potter.

Je quitte cette maudite chambre et ramasse mes affaires. Je me sens mal. Pourtant, je ne laisse rien transparaître. Ce n'est ni le moment, ni l'endroit pour réaliser que ma vie est devenue une tragédie. Je savais que je n'aurais pas dû y aller.

Potter ne cessera jamais de me pourrir l'existence.


Voilà pour le premier chapitre! J'espère que vous avez aimé. Le prochain, c'est pour demain. ;)

Bonsoir à tous.