N.B. : L'histoire suivante se déroule 5 ans après le premier film. Les événements du deuxième film n'ont pas eu lieu.


Chapitre 1

arrangert ekteskap

Elle continuait de regarder la jeune fille devant elle. Le miroir renvoyait l'image d'une viking au teint pâle, les cheveux blonds tombants en cascade sur ses épaules à moitié dénudées. Avec des yeux d'un bleu perçant, elle portait une longue robe blanche cintrée à la taille par une fine tresse en cuir. La robe en elle-même était naturellement belle, à manches longues, ornée de simples broderies dorées tout le long du col. Celui-ci se trouvait par ailleurs être fendu au milieu, laissant apparaître de façon convenable le haut de sa poitrine. Elle avait néanmoins gardé des bottes similaires à celles qu'elle portait quotidiennement, excepté qu'aujourd'hui les bottes étaient entièrement blanches, de la semelle à la fourrure. Elle fixa encore longuement son image jusqu'à ce qu'une voix la fasse sursauter.

« Astrid ? »

Elle se retourna brusquement, abandonnant sa contemplation pour revenir à la réalité.

« Oui Erika ? répondit l'intéressée.

- Tu semblais ailleurs. Viens par là que je te parfume. »

La blonde ne se fit pas prier et vint s'installer sur la chaise près d'une toute petite commode.

Pendant qu'elle se faisait parfumer, Astrid observa attentivement Erika de haut en bas. Il s'agissait d'une grande femme brune élancée, avec des courbes juste où il faut. Sa jupe piquée lui allait parfaitement. Elle devait avoir une cinquantaine d'années, expliquant les quelques rides sur sa peau, mais malgré cela, elle restait d'une beauté incroyable. Une gigantesque cicatrice barrait sa gorge et semblait continuer jusqu'à son aisselle. Astrid savait pertinemment à quoi elle était due et ferma les yeux. Elle repensa alors à l'époque où vikings et dragons se livraient une guerre sans merci. La vaillante Erika Bergsson avait suivit son mari et Stoïck la Brute pour trouver le nid des reptiles volants, mais leur mission fut malheureusement un échec. Elle n'avait écopé que d'une balafre alors que son époux avait perdu la vie.

« Astrid ? demanda Erika une nouvelle fois en posant la petite fiole qu'elle tenait dans la main.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- C'est plutôt à toi de demander ça. Je vois bien que quelque chose te tracasse. Tu es totalement absente depuis qu'on est venu te réveiller ce matin.

- Ne t'inquiète pas, il n'y a rien. Enfin si, il y a bien quelque chose mais... En fait je ne sais pas trop. Aujourd'hui est censé être l'un des plus beaux jours de ma vie et pourtant je me sens juste bizarre. »

Erika se mordit légèrement la lèvre puis vint s'asseoir en soupirant sur le lit en face de la jeune fille.

« Écoute ma chérie, commença l'imposante brune, je comprends parfaitement que tu sois inquiète car c'est une nouvelle partie de ta vie qui va commencer. C'est totalement normal ! Mais crois-moi, tu te souviendras de cette journée à jamais alors ne laisse pas le stress te la gâcher. Après tout, le mariage n'arrive qu'une fois dans une vie.

- Mais je parle de ma situation... Toi tu as eu un mariage d'amour c'est différent. »

La quinquagénaire baissa les yeux vers le sol. Elle n'avait aucun argument à répondre à cela mais tenta quand même d'apaiser la future mariée.

« Je sais que les choses ne se déroulent peut-être pas comme tu l'avais imaginé mais...

- Je ne m'imaginais rien, ce mariage est prévu depuis ma naissance, tout était déjà prévu à l'avance, la coupa Astrid.

- Je sais, je sais ma belle. Mais j'essaie juste de relativiser en voyant le bon côté des choses. Je veux dire, tu aurais pu tomber sur un imbécile comme le fils Jorgenson ou encore ce gros balourd d'Ingvald. Mais au lieu de ça, tu vas te marier avec un beau jeune homme, intelligent et courageux. Et puis, ce n'est pas comme s'il s'agissait d'un inconnu, vous étiez si proches avant.

- Oui mais ça a changé. Depuis trois ans tout a changé et Harold est redevenu le garçon solitaire qu'on connaît. »

Astrid essuya une larme qui perlait au coin de son œil avant de se jeter dans les bras d'Erika. À cet instant, elle avait besoin d'un câlin, de n'importe quel réconfort qu'on serait prêt à lui offrir, et lorsqu'elle sentit la main de son amie caresser ses cheveux, elle resserra d'autant plus son étreinte. Repenser aux événements qui l'avait détruite intérieurement, il y a trois ans maintenant, la rendait complètement fragile et déboussolée. D'autres larmes roulèrent sur ses joues, mais elle ne s'en préoccupa guère. L'unique image qui s'affichait dans son esprit représentait une femme blonde, lui ressemblant étrangement mais en beaucoup plus âgée.

« Elle me manque, parvint-elle à articuler entre deux sanglots.

- Moi aussi trésor. Elle nous manque à tous.

- Et elle ne sera même pas là pour m'accompagner aujourd'hui.

- Astrid regarde moi, s'imposa Erika en prenant le visage de la blonde entre ses mains. Je suis sûre que même à la table d'Odin elle te regarde toujours. Elle n'est peut-être pas présente physiquement, mais ta mère sera toujours avec toi, ici, poursuivit-elle en pointant son cœur. Et sache que même si personne ne la remplacera jamais, à juste titre, je serai toujours toujours toujours là pour toi. Alors maintenant fais moi plaisir, sèche tes larmes et va vivre le plus beau jour de ta vie. »

Astrid esquissa un sourire sincère envers son amie. En réalité, Erika était même bien plus qu'une simple amie pour elle. C'était celle qui l'avait prise sous son aile à la mort de sa mère, alors que son père sombrait dans la dépression. Celle qui l'avait aidée à traverser tous les drames depuis. Celle à qui elle pouvait confier tous ses secrets les plus profonds. Elle jouait à la fois le rôle de son amie, sa tutrice et sa confidente. Mais Astrid était persuadée d'avoir également aidé Erika, à sa manière. Après tout, cette femme s'était retrouvée seule à la mort de son mari, puisqu'ils n'avaient jamais eu d'enfants, et s'être occupée d'Astrid lui permettait probablement d'échapper à sa propre solitude et de noyer son chagrin.

« Tu leur en veux ? demanda soudainement Erika en rompant l'étreinte.

- Comment ça ?

- Est-ce que tu en veux à tes parents pour t'avoir promise dès la naissance à l'héritier de Beurk ?

- Oui et non. Je leur en veux d'avoir décidé à ma place, de ne pas m'avoir laissé le choix de l'amour. Mais d'un autre côté, je les comprends. Selon eux, c'était un privilège d'épouser le fils du chef mais surtout cela assurait ma protection. Ils savaient que de cette façon je ne manquerais jamais de rien et que mon avis serait toujours entendu au sein du village. Même si je n'en parlais pas autour de moi, je l'ai toujours su, mes parents ont été très honnêtes.

- Et tu en avais déjà discuté avec Harold ?

- Non, jamais. Je crois bien que lui aussi était au courant depuis toujours, mais déjà il faut dire qu'on ne se parlait pas vraiment avant l'entraînement dragons. Il était considéré comme le boulet du village et moi je ne voulais pas lui parler, sachant que j'aurais eu tout le temps de le faire une fois mariée avec lui. Et même quand on a commencé à devenir amis, on ne l'a jamais évoqué, c'était une sorte de tabou. On savait que ça arriverait alors on ne voulait pas y penser pour l'instant. Et depuis la... la tragédie, on ne se parle plus du tout donc la question ne se pose pas.

- Tu n'as jamais tenté de lui reparler en trois ans ?

- Si bien-sûr, j'ai essayé au début. Mais il semblait tellement énervé contre tout le monde qu'il m'évitait, et moi je venais de perdre ma mère, je n'avais pas la force morale de le confronter. J'ai vraiment essayé tu sais, mais lui pendant trois ans, il s'est isolé de tous ses amis sans regarder en arrière.

- Et il n'a jamais voulu t...

- Arrêtons d'en parler s'il-te-plaît, la coupa Astrid. Aujourd'hui je vais me marier avec lui, et j'appréhende déjà suffisamment le comportement qu'il va avoir. Moi même je ne sais pas trop comment agir en sa présence. »

Erika sembla vouloir dire autre chose, mais n'en fit rien, et se contenta de sourire à sa petite protégée.

« Où sont parties les autres ? questionna la jeune fille.

- Elles... »

Mais au même instant, la porte de la chambre s'ouvrit à la volée.

« ... sont là, termina Erika. »

Kognedur, Ingrid et Frida venaient d'entrer en trombe dans la chambre, les bras chargés.

Les deux jeunes filles portaient des robes bleues identiques avec une énorme boucle de ceinturon en argent, tandis que Frida ayant également une cinquantaine d'années, était vêtue de façon similaire à Erika.

« Alors ma poule ! T'es plus aussi amorphe que tout à l'heure ? S'écria Kognedur.

- Laisse-la un peu Kogne ! Rigola Ingrid. Je ne savais pas que tu connaissais le mot amorphe ! Tu n'as pas quelqu'un d'autre à embêter, comme ton abruti de mari par exemple ?

- Rustik ? Il ne peut pas venir ici je te rappelle qu'on est entre filles ! Même si je sais que tu aurais aimé amener ton Varek !

- N'importe quoi ! Et puis je te signale que mon Varek comme tu le dis est avec Harold, il l'aide à se préparer.

- Varek est avec Harold ? Demanda Astrid en s'interposant dans leur petite querelle. Je croyais justement qu'il ne voulait pas qu'on l'aide à se préparer ?

- C'est vrai qu'au début il n'avait souhaité que la présence de son père et Gueulfort, mais Varek et lui ont parlé et du coup il l'a invité à venir. »

Frida traversa alors la pièce puis attrapa Astrid par les épaules pour la faire asseoir devant le miroir. Elle commença à entortiller les cheveux de la blonde autour de ses doigts en grimaçant.

« Je croyais que tu devais la coiffer en attendant notre retour ? Regardez ses cheveux il est hors de question qu'elle sorte comme ça ! »

Erika souffla en souriant. Elle ne connaissait que trop bien son amie. Frida était le genre de femme qui donnait énormément d'importance à l'apparence, si bien qu'elle s'était mariée au seul tailleur de l'île.

« Ingrid, apporte-moi la couronne de noces s'il-te-plaît. »

L'interpellée s'avança vers Frida et lui tendit ce qu'elle tenait dans les mains depuis leur arrivée. Il s'agissait d'une magnifique couronne en argent représentant des feuilles champêtres emmêlées suivant une parfaite harmonie. Celles-ci étaient surmontées par du cristal de roche ainsi que des galons de fils de soie rouge et verte. L'aînée du groupe posa le bel ornement sur la tête d'Astrid et sourit en regardant la Hofferson dans le miroir.

« Tu es si belle. Apprêtée comme cela, tu me fais penser à...

- Ta mère, coupa Erika tandis que Frida continuait de sourire béatement, tu nous fais penser à ta mère le jour de son mariage. Et vous êtes ravissantes l'une comme l'autre. »

Astrid sourit à son tour en espérant profondément que sa mère soit fière du petit bout de femme qu'elle était.

« Bien ! s'exclama Ingrid. L'heure approche. Tu es prête ?

- Je crois oui. Vous avez bien donné l'épée à mon père ?

- Évidemment, dit fièrement Kognedur, c'est même moi qui l'ai attachée à sa ceinture. Il n'avait pas l'air très rassuré au début, mais je n'ai failli le blesser que quatre fois donc il m'a remercié.

- Tant mieux c'est très important, il doit la donner à Harold tout à l'heure. »

Tout le monde scrutait la fiancée de haut en bas, à la recherche d'une maladresse quelconque ou d'une mèche mal placée. Frida pinça légèrement ses joues pour les faire rosir avant de parler de son second sujet favori.

« Avant d'y aller, est-ce qu'il y a des dernières questions que tu voudrais nous poser ? Par exemple sur les hommes en général, la vie de couple ou le foyer. Nous sommes toutes mariées donc chacune peut t'apporter sa propre expérience. Ou même des questions sur la nuit de noces ! Ce soir, tu sais, c'est un moment très important et il ne faudrait pas q...

- Oui oui j'ai compris ! Intervint Astrid, les joues rouges. Vous m'en avez toutes suffisamment parlé depuis des semaines et des semaines, sans compter les conseils et consignes supplémentaires auxquels j'ai eu droit pendant le bain tout à l'heure.

- C'est notre devoir de te préparer au mieux pour ta vie future.

- Je sais, mais c'est bon je suis prête. »

Sur ces mots, Astrid se leva pour se regarder une dernière fois dans la miroir. C'est vrai qu'elle était jolie. Ses amies avaient fait du bon travail. Elle se retourna avant d'avancer vers la porte d'entrée.

« Je crois qu'on peut y aller.

- Super ! Je vais dire à Krane d'envoyer la musique ! Se réjouit la jumelle »

Elle se précipita dans les escaliers, suivie par Frida et Erika. Ingrid resta dans la chambre et s'approcha doucement pour prendre les mains de la blonde dans les siennes.

« Tu te sens vraiment prête ?

- Je n'ai pas le choix. Et puis il faut bien se jeter à l'eau un jour ou l'autre, sourit tendrement la Hofferson.

- Je veux dire par rapport à Harold. On ne sait plus vraiment comment il est maintenant. Il reste tout le temps seul, et encore quand on sait où il va. Je suis ta meilleure amie As' et si quelque chose n'allait pas par rapport à lui ou son comportement envers toi et...

- Ne t'en fais pas Ingrid. Tout ira bien, on parle d'Harold tout de même. Harold la crevette qui parle, tenta-t-elle de dire pour détendre son amie, et si jamais dans le pire des cas ça n'allait pas je sais me défendre n'oublie pas. »

Ingrid lui sourit à son tour et la prit dans ses bras en murmurant un Je t'aime fort. Suite à quoi, une voix s'éleva des escaliers, probablement celle d'Erika, pour leur dire de descendre. Les deux jeunes filles s'avancèrent alors vers les premières marches, main dans la main.


Toute la petite troupe marchait en direction de la falaise, où devait avoir lieu la cérémonie. Astrid, au bras de son père, savait bien qu'il luttait contre les larmes.

« Papa, tu vas bien ?

- Oui ma petite Astrid, ça me fait juste bizarre de savoir que je vais me retrouver seul dans notre grande maison. Mais je suis tellement heureux pour toi, que tu t'envoles du nid.

- Je serai toujours là pour toi Papa. »

Il renifla une dernière fois avant d'arborer fièrement un sourire face aux visages des premiers invités. En remarquant leur présence, Astrid baissa immédiatement la tête. Elle sentait le poids de la cape rouge mise sur ses épaules juste avant de sortir. L'étoffe traînait par terre en la suivant dans son pèlerinage bien inhabituel. D'innombrables chaises se regroupaient de part et d'autre d'un sentier bordé de fleurs mauves. Tout le village était présent, sans compter les quelques invités de marque tels que Johann le négociant. Des dragons étaient également sur place derrière les chaises, et formaient un gigantesque cercle autour de la cérémonie. Le père d'Astrid resserra sa poigne autour du bras de sa fille, et elle su qu'il était temps pour elle d'affronter les événements. Elle releva ses yeux le long du sentier jusqu'à ce qu'elle le vit. Il était là, clinquant dans sa tenue formelle, et lui aussi la fixait. Son visage impassible ne reflétait aucune émotion comme bien trop souvent ces dernières années. Ses vêtements le mettaient en valeur, une longue cape dont le col en fourrure était attaché à ses épaulettes tombait sur le sol. Au dessous, un tricot blanc cachait son torse, tout en étant sécurisé par une bande de cuir qui s'étendait en diagonale. Puis, un simple pantalon renforcé par d'épaisses bottes fourrées d'un noir de jais, avec une épée pendant le long de sa jambe. Du Harold tout craché, simple mais efficace, pensa la fiancée en s'approchant toujours un peu plus. A gauche de son futur époux trônait le chef, Stoïck, celui qui deviendrait son beau-père, ainsi que Krokmou qui remuait tout content ; tandis qu'à sa droite attendait une Gothi souriante lui tendant les bras. A un moment, Astrid sembla déceler un imperceptible sourire déformer la bouche de son promis mais elle préféra se convaincre que cela était totalement impossible. Une fois arrivée à leur hauteur, tout le monde s'assit et les musiciens dépêchés sur une île voisine pour l'occasion arrêtèrent de jouer.

Stoïck et le père de la belle se regardèrent amicalement avant d'aller s'asseoir avec les autres. La jeune fille sentait la présence d'Harold à ses côtés mais ne parvenait pas à tourner la tête vers lui, et préféra donc fixer intensément l'Ancienne du village. Gothi s'approcha d'eux une coupe à la main.

« Buvez l'hydromel d'éternité. »

Astrid et Harold se mirent face à face, et le jeune homme but la première gorgée en fixant sa future femme droit dans les yeux. Celle-ci fit de même et ne baissa aucunement le regard lorsque le liquide passa ses lèvres. Après quoi, la vieille femme reprit la coupe dorée et vint la poser sur un monticule de pierres entassées par les vikings, le horgr. Elle prit des épines de pin soigneusement disposées sur les roches pour les tremper dans le reste d'alcool. Puis, une fois gorgées de substances, elle commença à les lancer vers les mariés et la foule afin d'attirer la bénédiction des Dieux sur eux.

« Nous te saluons Freya, gardienne des clefs, protectrice des maisons, mais aussi toi, Nanna, la blanche déesse qui veille sur les amants fidèles. »

Le père d'Astrid se leva alors et rejoignit le trio. Sa fille le regarda sortir lentement l'épée de son fourreau pour la présenter à Harold, qui la prit en baissant légèrement la tête. La signification de ce geste symbolisait les anciennes passations de tutelle entre le père de la mariée et son futur époux, ou encore le devoir de protection qui l'incubait désormais. A son tour, Harold détacha l'épée de sa taille pour la tendre au Hofferson en gage de remerciements. Celui-ci retourna à sa place tandis que Gothi mis les mains du marié dans celles de sa promise.

« Maintenant, prononcez les vœux sacrés.

- Devant nos familles, nos frères, sœurs de cœur, mais surtout devant Odin, Freya et les autres Dieux, commença Harold, je promets de me tenir auprès de toi, comme je me tiens aujourd'hui à tes côtés dans la bataille et dans la joie. Qu'importe le prix à payer je serai toujours là.

- Et de t'accompagner jusqu'au Valhalla, continua Astrid, même au risque de ma vie, porter les bienheureux sur cette terre qui s'appelleront nos enfants, bien qu'ils ne soient que le véritable fruit de notre amour éternel. »

L'Ancienne leva les bras au ciel avant de déclamer l'ultime tirade.

« J'appelle Frigg à témoin, elle qui garde tous les contrats passés et à venir. Je sanctifie cette coupe au nom de tous les Dieux. Jetez un regard bienveillant sur l'union d'Harold Haddock et d'Astrid Hofferson : accordez leur un mariage fructueux, rempli de joie, de chance et de sagesse ! Vous pouvez maintenant vous donnez le baiser qui scellera votre union à jamais. »

La mariée se sentit frémir, mais vit que son nouvel époux ne bougeait pas d'un pouce. Elle prit alors son courage à deux mains comme une vraie viking, et l'embrassa quelques secondes en fermant les yeux. Ce baiser était à la fois étrangement similaire mais aussi différent de celui qu'elle lui avait donné il y a cinq ans. Dans la forme, il était identique, un petit bisou timide lèvres contre lèvres sans rien de plus. Mais le contexte était méconnaissable. La première fois, elle avait embrassé un ami proche l'ayant séduite et subjuguée par son courage, alors que dorénavant, il s'agissait de son soit-disant mari, un quasi-inconnu. En se détachant de lui, elle ne prêta aucune attention aux acclamations des invités et se contenta de le fixer tel qu'il était lui-même en train de le faire. Mais brusquement, elle sentit un bras la tirer en arrière.

« Félicitations ma chérie ! s'exclama Erika. Laisse moi t'accompagner jusqu'au Hall des Jarlars pour le banquet. »

Et sans attendre de réponse, elle tira la femme du futur chef un peu plus en retrait.

« Alors ? Comment tu l'as senti ?

- Ça va.

- Tant mieux, mais je vais te dire moi au milieu de tous ces hommes je me sentais oppressée, un surplus de débilité n'est-ce pas ? rigola Erika pour détendre l'atmosphère. Tu vois que ça a été, ce n'était pas la peine d'autant s'inquiéter non ?

- Ce n'est pas tant la cérémonie en elle-même qui me faisait peur, bien que revoir Harold d'aussi près était vraiment bizarre. J'appréhende plus ce soir, quand les festivités seront terminées et qu'on se retrouvera seuls tous les deux.

- Oui je comprends, mais dis toi que ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Et puis, personne ne dit que ce sera forcément un supplice, dit la quinquagénaire avec un clin d'œil.

- On verra bien. »

Mais avant qu'Erika ne puisse rajouter quoi que ce soit, de nombreux vikings se pressèrent autour de la reine du jour pour lui offrir de somptueux cadeaux.


La porte de la bâtisse se referma derrière elle, la laissant seule à la lumière des bougies allumées. Sans bouger, Astrid prit connaissance de la maison qui allait désormais être la sienne, construite pour son mariage avec Harold. Harold... C'est ici qu'ils allaient vivre dorénavant, ensemble. La salle principale était plutôt grande permettant facilement d'accueillir de nombreuses personnes. Un feu vif crépitait dans la cheminée face à plusieurs fauteuils probablement confortables. Une grande table trônait au centre de la pièce sur laquelle jonchaient tous les cadeaux de mariage reçus. La cuisine se trouvait plus à gauche, dans un renfoncement. L'espace était meublé, mais en même temps si vide. La nouvelle mariée se dirigea alors à sa droite vers l'escalier qui menait à l'étage. La douzaine de marches menait à un couloir droit sans fenêtre, mais qui possédait néanmoins une grande arche. Astrid s'approcha curieusement de la pièce qu'elle reliait et fut d'autant plus surprise en découvrant que celle-ci était quasiment vide. Une stèle de bois lisse reposait sur le sol, jointive à ce qui semblait être un abreuvoir, alors que tout le mur du fond se composait d'immenses vitres en verre. La jeune femme resta figée, tremblante d'émotions. Elle savait pertinemment à qui cette pièce était destinée - Krokmou, mais savait également à qui elle ne l'était pas. Voir s'étendre devant elle une chambre pour dragons fit resurgir dans son esprit des souvenirs qu'elle avait désespérément tenté d'oublier. Mais le manque fut trop fort à cet instant pour qu'elle puisse retenir quelques larmes. Elle sortit en se précipitant vers le couloir pour reprendre sa visite, loin des mauvaises ondes. En plus de l'arche, trois autres portes se présentaient à elle. Les deux premières se révélèrent être de petites chambres dont l'une contenait un berceau et des jouets pour bambin. Comme si j'avais oublié que je dois être une poule pondeuse, pensa-t-elle en soupirant. En revanche, la troisième porte révéla une très grande chambre, et à en croire le lit à baldaquins, il s'agissait sûrement de la leur. Le plafond s'élevait assez haut, parsemé de poutres interconnectées. De grandes fenêtres protégées par des rideaux surplombaient une commode, et un établi qui servirait certainement à Harold.

Astrid s'assit sur le matelas, la tête dans les mains. Elle repensa à ce que lui avait demandé Erika avant le mariage et elle réalisait à présent qu'elle en voulait bien plus à ses parents que prétendu. Pourquoi est-ce que le sort s'acharnait autant ? Pourquoi elle avait été choisie elle, et pas une autre ? Il y avait eu tellement de prétendantes ! Du moins, à l'époque. Et pourtant elle se retrouvait ici, seule, dans cette chambre qu'elle devrait partager avec un homme qu'elle ne connaissait plus. La blonde resta plusieurs minutes ainsi avant de relever la tête et de se diriger vers la petite porte de la pièce qu'elle n'avait jusque là pas remarquer. Elle y découvrit une ravissante salle d'eau qui lui redonna quelque peu le sourire. Une large baignoire centrale faite de pierre blanche scintillait grâce à la clarté de la lune qui filtrait par une lucarne. Elle repensa alors à tous les conseils que lui avaient prodigué ses amies, sur la préparation de cette soirée. Astrid remplit donc la baignoire avec des bonbonnes d'eau environnantes puis mit le feu aux charbons qui étaient regroupés dessous. Lorsque l'eau commença à chauffer, elle enleva méticuleusement ses vêtements un à un, les laissant tomber sur le sol froid. En entrant dans le bain, elle fut surprise par la tiédeur du liquide qui parvenait déjà à la réchauffer. Mais elle ne pouvait pas se permettre d'y rester trop longtemps. Elle avait suffisamment prit son temps et devait maintenant se dépêcher de se préparer.

Lorsque Harold entra dans la chambre nuptiale son regard se porta immédiatement sur sa nouvelle femme ; il s'arrêta et la fixa intensément. Astrid était sur le matelas, adossée contre la tête de lit. Ses cheveux blonds détachés semblaient avoir été soigneusement brossés. Elle se trouvait simplement vêtue d'une fine tunique blanche, très transparente, sous laquelle il n'eut pas besoin de deviner qu'elle était nue. Elle aussi le regardait, et espérait qu'il voudrait bien lui donner un quelconque signe. Mais comme l'on pouvait s'y attendre, le jeune homme détourna le regard comme si de rien n'était et se dirigea vers la commode. Astrid le regardait se déshabiller normalement, jusqu'à ce qu'il se retrouve en caleçon dos à elle. Son corps frissonna. Il enfila ensuite un bas noir de matière souple et assez ample, puis vint s'asseoir sur le bord du lit, toujours sans réaction notoire. Le dragonnier s'était renforcé depuis trois ans, et la légère musculature de son dos nu en attestait. Astrid prit une grande inspiration avant de se lancer. Après tout Erika a raison, mieux vaut vite en finir. Elle se déplaça toujours agenouillée sur le lit et vint se placer derrière lui en l'encerclant de ses bras, puis commença à embrasser délicatement son cou. Les mains de la blonde se baladaient sur le torse de son mari et caressèrent chaque parcelle de peau nue du bout des doigts, tandis que la puissance de ses baisers s'intensifiaient. Sa main gauche continuait de descendre toujours plus, survolant le plexus et les abdominaux, elle s'arrêta quelques instants sur ceux-ci, puis finit par franchir la limite pour frotter l'entre-jambes du viking.

« Astrid. »

A ces simples mots l'intéressée se figea mais sans pour autant retirer ses mains, beaucoup trop paralysée pour agir. Il s'agissait de la première fois qu'Harold lui adressait la parole seul à seul depuis des années ; mais rapidement, l'angoisse de la situation reprit le dessus. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Était-elle si nulle que ça ? Pourquoi faut-il toujours que tout soit compliqué avec lui ! jura-t-elle pour elle-même. Il ne peut pas se laisser faire comme tout le monde par Odin et Thor réunis !

« Astrid, répéta-t-il plus fermement.

- Oui ?

- Enlève ta main et couche toi. »

Bien trop sous le choc pour réagir, la Hofferson obtempérera sans protester. Elle se faufila sous les draps dans l'attente de son partenaire. Peut-être qu'il préférait seulement être allongé sur elle pour le faire. Mais au lieu de lui sauter dessus, elle le sentit se coucher à côté d'elle en lui tournant le dos. Et il ne bougea plus de la nuit. Le cerveau d'Astrid quand à lui était totalement en ébullition. Ne pas consommer le mariage lors de la nuit de noces était formellement interdit et signe de mauvais présage.

Qui es-tu et que veux-tu Harold Haddock...

PROCHAIN CHAPITRE : Dans 2 semaines, soit Vendredi 30 Mars à 18h

Bonjour à tous ! Me revoilà avec une nouvelle fanfic sur l'univers de Dragons après Le renouveau. Celle-ci est d'une toute autre ampleur, étant donné qu'elle ne représente pas une fin alternative mais une histoire à part entière qui se déroule donc 5 ans après le premier film.

Ne vous inquiétez pas si vous ne comprenez pas tout ! C'est normal ! La réponse à certaines de vos questions se fera dans les chapitres à venir.

Concernant les traditions du mariage, je me dois de citer 2 sites qui m'ont particulièrement aidé dans la description de cette cérémonie.

Idavoll et archive de midgard (Je ne peux pas insérer les adresses exactes)

Ces 2 sites sont extrêmement bien faits, même si je n'ai pas forcément respecté les traditions à la lettre pour diverses raisons.

J'espère que cette nouvelle aventure vous plaira, n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire pour savoir ce que vous en pensez.

À la revoyure,
Unefeerique :)