Et si tu n'avais jamais existé.
Sam ! Attrape ça !
Merci !
Sam s'empara du pieu que lui avait jeté Jamie par-dessus la bête hideuse qui lui faisait face, de sorte qu'il puisse lui planter dans le cœur sans que le monstre ne s'en aperçoive. Le pieu en bois béni par un curé s'était niché au creux de son cœur, et la bête explosa en mille morceaux de verre. Sam et Jamie se couvrirent les yeux de leurs avant-bras, grimaçant lorsqu'ils réceptionnèrent des morceaux de verre sur leur peau. Le verre traversa les chaires, jusqu'à parfois toucher l'os, mais ni l'un ni l'autre ne réagit. Il y avait guère plus important que de simples bouts de verre : Dean.
Oh mon dieu, Dean !, hurla la jeune femme en s'agenouillant auprès du second frère Winchester. Dean, non ! Ca ne peut pas se finir comme ça !
Le dénommé Dean gisait sur le sol, les entrailles à l'air, et gémissait comme un fou. Il n'arrivait plus à encaisser l'air qui entrait dans ses poumons, ça lui procurait un mal de chien !
Écartez vous.
Cette voix, Jamie l'aurait reconnue d'entre milles. Comme venue de l'au-delà, d'une profondeur sombre. Un homme en imperméable marron clair s'approcha de Dean, qui suffoquait désormais. Il posa deux doigts sur ses entrailles, et en un éclair blanc, referma les chaires ouvertes. Dean se palpa l'estomac.
Castiel, vieux ! Je te dois une fière chandelle !
Je n'ai pas le temps pour la bienséance. J'ai quelque chose de plus important à vous dire.
Le trio s'avança vers l'ange. Tous à l'écoute.
Je peux vous sauver.
Nous sauver ?
L'ange se tourna vers la jeune femme, le souffle coupé.
Je peux faire en sorte de vous rendre introuvables pour les anges comme pour les démons.
De vous à moi, je pensais vraiment à tout sauf à ça…
Dean, garde tes sarcasmes. Castiel essaie de nous aider.
Le plus jeune des deux frères reporta son attention sur l'ange, comme pour appuyer ses paroles. L'ange s'approcha et d'une pulsion des deux doigts sur les côtes de chacun, leur grava des paroles sacrées. Jamie aurait voulu hurler de douleur, mais se retient. Puis après un fracas, une voix retentis dans l'entrepôt. Quelqu'un applaudit.
Bravo, Castiel. Très bonne idée, vraiment. Mais malheureusement, c'est trop tard. Je suis déjà là.
Puis plus rien. Sam se réveilla dans un garage miteux. Dean, quelques pas plus loin, se réveilla brusquement. Tous deux étaient à présent à la recherche de Jamie. Elle était de loin leur meilleure amie, et était cependant très importante pour eux, sur le plan sentimental. A quelques kilomètres de ce garage, Jamie émergea à son tour. La tête comme dans un étau, elle se releva, tituba. Elle était dans le couloir d'un lycée plutôt sympa. Une sonnerie annonçait la fin des cours, et des centaines d'élèves sortirent tous en même temps des salles de cours. Jamie se fit plaquer contre le mur par une pom pom girl un peu trop pressée à son goût. Le flot continu d'élève s'estompait peu à peu, quand soudain une jeune fille aux cheveux couleur or la bouscula.
Je suis désolée ! Je ne t'avais pas vue ! Tu es nouvelle ici ?
Eh bien….
Peut importe, je suis Mary, enchantée !
Jamie.
Salut Jamie, on se voit plus tard ?
Avait dit Mary en s'éloignant dans un nuage de cheveux blonds. Elle était magnifique. Jamie ne savait pas trop comment appréhender la chose : où était-elle tombée, où étaient les frères Winchester, et surtout, comment allaient-ils pouvoir rentrer chez eux ? Jamie sortit du lycée. Puis comme par magie, elle se retrouva devant l'entrée d'une maison modeste. Sans trop se poser de questions, elle entra.
Mary ! Descend le dîner est prêt !
Quoi, encore cette bimbo blonde ? Jamie eu le temps de se cacher sous l'escalier tandis que la dénommée Marie s'élança à toutes jambes dans le salon.
Oh j'adore les tacos !
Cette fille rappelait quelqu'un à Jamie. Elle s'approcha de la salle à manger, quand quelqu'un l'attira en arrière, une main plaquée sur sa bouche pour éviter l'effet de surprise. C'était Sam. Sans réfléchir, Jamie le prit dans ses bras. Elle était tellement heureuse de trouver un visage familier. Sam lui intima le silence, un doigt posé sur ses lèvres. Il lui replaça une mèche de ses cheveux derrière l'oreille, et reposa son attention sur la jeune femme qui mangeait désormais ses tacos. Soudain, ces yeux qui étaient familiers à Jamie se tournèrent dans leur direction. Jamie se plaqua contre le mur. Tout était clair. Mary….
J'ai cru entendre quelque chose.
Continue de manger papa, je vais voir.
Mary s'avança vers la cachette de fortune de Sam et Jamie. L'arme au point, Sam s'avança, formant ainsi un bouclier devant son amie. La jeune femme blonde s'avança lentement près d'eux, et au moment où elle aperçut les deux jeunes gens, elle leur fit signe d'aller à l'extérieur avec elle. Sam et Jamie la suivirent sans même un prétexte. Une fois au dehors, Mary commença.
Qui êtes-vous ? Enfin je veux dire, Jamie, qui es-tu sincèrement ? Je t'ai croisée au lycée tout à l'heure mais… Je ne sais pas. C'est louche. Tu ne peux pas être nouvelle. Et pourtant, vous m'inspirez confiance… Alors expliquez moi maintenant qui vous êtes ou sinon, j'appelle les flics. Je n'ai pas peur, un ami à mon père y travaille, et si je lui demande, il pourrait vous faire arrêter tout les deux. Mais, c'est un pistolet ça ?
Essoufflée et surprise de sa découverte, Mary recula de quelques pas. Sam se rattrapa.
Non Mary ce n'est pas ce que tu crois.
Mais si ! Vous êtes des tueurs en série !
Marie écoute moi !
Non ! J'appelle la police….
Écoute, on sait tout.
La jeune femme s'arrêta dans son geste.
Comment ça « tout » ?
Et si on allait parler autour d'un verre ?
Tout le monde se retourna vers le nouveau venu. Dean, dans toute sa splendeur, glissa ses deux mains dans ses poches, en haussant les épaules, timidement.
Une fois au bar, autour d'un verre d'alcool, c'est Mary qui commença à parler.
Alors euh, si on commençait par se promettre de dire la vérité, rien que la vérité ?
Le trio se jeta un regard qui en disait long avant de hocher la tête.
On sait que ton père est un chasseur.
Quoi ?
Mary, calme-toi. On a promis de dire la vérité, non ? tenta Sam, calmement. Elle acquiesça.
En quelle année sommes-nous ? Contente toi de répondre, ajouta-t-il en voyant l'air ébahi de Mary
1973. Quel est le problème ?
Nous venons de 2009.
Une personne attira toute l'attention de Jamie. Placé derrière Mary, il lui fit signe de le rejoindre. Jamie se leva, intimant d'un regard les deux autres chasseurs à continuer l'interrogatoire.
Castiel ! Bordel, est-ce que tu peux m'expliquer ce qu'il se passe ?
Gabriel vous a fait voyager dans le temps.
Et quel intérêt ?
Changer le cours des choses.
Le cours des choses ? Je ne comprends pas….
Jamie, écoute-moi.
Il prit son visage entre ses mains, et avec ses deux pouces, vint caresser sa peau laiteuse.
Promet moi de ne t'attacher à personne. De n'écouter que ton instinct. De rester avec les Winchester, quoi qu'il arrive. Se sont les trois règles que je voudrais que tu applique à la lettre. J'ai peur qu'il vous arrive quelque chose de….
De ?
D'irréversible.
Castiel regarda autour de lui, l'air inquiet.
Castiel, où es ton « moi » de 1973 ?
Justement, quand on parle du loup.
Un autre Castiel entra dans le bar, l'air décontracté. Instinctivement, il posa son regard sur la table des Winchester, qui ne s'apercevaient même pas de ce qui se tramait pendant qu'ils interrogeaient Mary. Entre deux, le Castiel de 2009 et Jamie s'étaient réfugiés dans une pièce voisine. Ils virent les Winchester mal à l'aise en ayant croisé le regard de Castiel. Ils virent aussi qu'ils cherchaient des yeux Jamie. Elle sortit son téléphone.
Sam ! Ne te retourne pas ! Ne fais pas de geste brusque. Je suis avec Castiel.
Pas possible, il est devant moi….
Mais écoute-moi bordel ! Je suis avec le vrai Castiel de 2009, dans la salle voisine. Le Castiel face à vous est celui de 1973. Surtout, ne lui adressez pas la parole. Ne changez pas le cours des choses….
Jamie lança un regard à l'ange, derrière elle.
Levez vous lentement. Demandez à Mary d'en faire de même. Allez ! Voilà, sortez tranquillement du bar. Oui, bien sur que vous payez ! Allez, sortez bon sang ! T'inquiète pas pour moi, je suis avec Castiel tout va bien.
Jamie se retourna une dernière fois. L'ange avait disparut.
Jamie ? ça va ? Tu réponds plus… Mais réponds bordel !
Je te dis que ça va.
Et elle raccrocha. La jeune chasseuse sortit lentement de la pièce, scrutant autour d'elle. Elle avait comme l'impression que tout le monde l'épiait. La vue de l'Impala au dehors lui réchauffa le cœur. Elle se mit à marcher plus vite, enserrant un peu plus fort la crosse de son flingue dans sa poche arrière, comme pour se donner du courage. Elle allait passer la porte quand elle bouscula quelqu'un.
Pardonnez-moi mademoiselle.
C'est moi je suis désolée. J'ai la tête complètement ailleurs.
Un coup d'œil au bar, et l'autre Castiel avait disparut aussi. Décidément…
Moi aussi, je suis un peu perdu en ce moment… Comment me faire pardonner ?
Ca va aller, je vous promets. Ce n'est rien, n'en parlons plus.
Oui, j'y tiens. Un verre ? un dîner ?
Jamie avait l'esprit complètement ailleurs.
Oui, comme bon vous semble. Excusez-moi mais je dois vraiment y aller.
Et elle croisa enfin le regard de l'inconnu. Bien sur, elle avait déjà vu ces yeux quelque part.
Oh mon dieu…. Oui. Disons demain soir ? Ici ? Même heure ?
L'inconnu ria.
Bien entendu. A demain soir alors.
Jamie sortit du bar, se blottit dans l'impala. Personne n'avait fait attention à ce qu'il venait de se passer. Dean démarra en trombe, Sam fixait Jamie dans le rétroviseur, Mary tripotait nerveusement ses cheveux blonds. Quand à Jamie…. Elle n'était plus rien.
C'est plutôt bizarre qu'elle ai tout compris. Tout accepté.
En même temps, avec toutes ces merdes qui ont du lui tomber dessus, notre arrivée du futur doit être du petit lait pour elle, ironisa Dean. Je suis quand même étonné que Castiel ne fasse rien… Au fait, il t'a dis quoi ? Jamie !
Mais Jamie était déjà loin. Enserrant ses jambes contre sa poitrine, elle laissait son esprit vagabonder. Ce garçon dans le pub était vraiment envoutant…
Jamie ! Bordel tu te moques de nous ?
Oh, désolée Dean. Je pense que je vais aller prendre l'air cinq minutes.
Non.
Castiel était apparu dans la chambre du motel qu'ils avaient loué pour l'occasion.
Non ? Comment ça ?
L'ange s'approcha de sa protégée.
Au dehors c'est dangereux. Je t'ai vu parler à cet homme tout à l'heure…
Oh, Cas. Tu ne vas quand même pas me sortir les violons ?
Si tu savais comme la situation se complique.
Je n'ai rien fais de mal. Laisse-moi respirer.
Elle lui jeta un regard noir, et le bousculant au passage avec son épaule, sortit dans le couloir du motel.
Où est-ce que tu vas ?
Je t'en pose moi des questions ?
Jamie ne joue pas à ça avec moi….
Castiel. De toute façon, à cause de ce machin que tu nous as gravé sur les côtes, tu ne me retrouveras pas ce soir.
L'ange ne su pas quoi répliquer. C'était vrai, il ne pouvait pas la retrouver. Même perdus dans l'espace temps. Les frères Winchester avaient assisté à la scène, en retrait. Castiel leur jeta un regard dénué d'expression, et se volatilisa dans un bruissement d'ailes.
Il se demandait vraiment si elle allait venir. Elle était merveilleuse, et dégageait quelque chose de mystérieux qui avait attiré toute son attention. Se tordant nerveusement les doigts, il posa son regard sur la porte du pub qui venait de s'ouvrir. Elle était là, comme prévu. Plus splendide que dans ses souvenirs. Elle jeta un regard alentours, et posa enfin ses prunelles sur lui. C'était mieux que tout. Plus beau que tous ses souvenirs. Il lui sourit, et elle lui rendit timidement. Son monde s'écroula. Elle s'avança, s'assit en face de lui, et attendit qu'il parle le premier.
J'ai cru que tu ne viendrais pas.
Je ne manque aucune promesse.
Ce n'en était pas vraiment une, au fond….
Je peux toujours repartir, si tu le souhaites.
Non, je plaisantais !
Le temps était en suspend, et tous deux se mirent à rire. Ils étaient détendus. Tout allait bien. Ou presque.
Je m'appelle Joana.
Et moi c'est ….
L'inconnu sembla hésiter un instant, puis continua.
Jared.
Joli prénom…
Jamie bu une gorgée du cocktail que lui avait apporté le serveur quelques minutes plus tôt. Elle scruta la pièce, en attente d'une quelconque conversation. Elle se sentait à présent mal à l'aise. Le jeune homme séduisant face à elle semblait lui avoir mentit quand à son identité, et cela la perturbait. Certes, elle aussi avait menti. Mais elle l'avait fait de manière beaucoup plus naturelle, et lui ne c'était rendu compte de rien.
Monsieur ? Désirez-vous offrir une fleur à l'élue de votre cœur ?
Elle ne l'est pas encore, mais pourquoi pas…
Jamie fixa l'étranger. Nom de dieu, elle le connaissait… !
Gabriel ? Espèce d'enfoiré….
L'ange donna la rose à Jared tandis que Jamie commençait à se lever vers l'ange. Il se retourna et s'échappa au plus vite.
Tu le connais ?
Oui, en effet.
Puis, sous le regard interrogateur de Jared, elle continua, tout en sirotant son verre.
C'est un ex un peu trop collant, tu vois le genre…
Tout à fait.
Il pouffa de rire, et bu lui aussi à son tour. Gabriel était venu la narguer.
Embrouilleur de mes deux..., lâcha-t-elle entre deux gorgées.
En tout cas, je suis ravi de te connaître.
Jared s'approcha un peu plus, tendis le bras, et attrapa la main de Jamie. Il exerça une petite pression sur le dessus de ses doigts, tout en lui souriant. Plus le temps passait, et plus elle succombait. Et alors qu'elle allait lui répondre, les paroles de Castiel vinrent la frapper de plein fouet. « Ne t'attache à personne. N'écoute que ton instinct. Reste auprès des Winchester… » Elle relâcha donc la pression de ses doigts, se passant la main dans les cheveux, gênée.
On sort ? , proposa-t-elle comme dernier recours.
Bien sûr.
Bien élevé, il laissa de l'argent sur la table, et prit son manteau. Jamie était déjà dehors. Un petit nuage de vapeur sortit de sa bouche, et elle se mit à grelotter.
Tu as froid ?
Jared s'approcha et l'enserra de ses bras. Une chose était sure : elle se sentait vraiment bien avec lui. Elle se recula quelques peu, alors qu'il enserra son visage de ses mains. Il l'admirait comme on pouvait admirer une des sept merveilles du monde. Leurs visages se rapprochaient, jusqu'à ce que leurs lèvres se touchent enfin. Le cœur de Jamie fit un bond dans sa poitrine. Elle agrippa ses mains dans ses cheveux sombres, tout en prolongeant le baiser. Au coin d'une rue voisine, un homme en imperméable marron avait assisté à toute la scène.
Si Gabriel nous fait subir ce retour dans le temps, c'est qu'il y a une raison !
Possible.
Jamie entra silencieusement dans la chambre du motel. La porte grinça sourdement. Dean le premier se leva.
Mais où étais-tu bon sang ? Tu ne réponds jamais au téléphone ? Jamie, à quoi tu joue ?
Dean, t'es pas….
… ton père ? Non heureusement ! Tu ne serais plus de ce monde !
En attendant, c'est le tiens qui dort six pieds sous terre.
Dean se figea. Sam baissa la tête. Parler de leur père était un sujet sensible. Et Jamie savait s'en servir comme d'une arme. Voyant Dean ainsi, Jamie s'avança d'un pas, voulant le serrer dans ses bras et s'excuser. Mais elle jugea que c'était inutile : Dean l'aurait surement giflée, mais pire : elle ne regrettait pas ses mots. Elle fit demi-tour, et avant d'entrer dans la salle de bain, elle lâcha :
Gabriel nous a envoyé ici pour changer le cours des choses. Mais apparemment, Castiel n'est pas de son avis. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais si ça peut aider… Bonne nuit.
Puis elle claqua la porte. Dean serra les poings. Sam s'approcha, et lui posa une main sur l'épaule.
Elle ne pensait pas ce qu'elle a dit.
Qu'elle le pense ou non, elle a raison. Papa est mort. Et je ne suis pas son père. Elle veut que je la laisse un peu tranquille ? Elle a tout gagné. Bravo Jamie, tu m'as rendu fou.
Et il quitta la chambre à son tour. Sam, ainsi seul dans la pièce, pu, contre son grès, se concentrer sur ses recherches.
