La flamme du briquet vient caresser par saccade l'enveloppe blanche de la Malboro, la laissant intacte un instant puis la dévorant juste après, faisant apparaitre le tabac brun qui se mit à noircir sous la combustion. Clarisse savoura le goût fort qui emplissait sa bouche et descendait dans ses poumons.

L'odeur emplit la pièce, masquant les efflux précédents et changeant totalement l'ambiance de la chambre. La chaleur des corps s'envolait pour laisser place à cette mesquine froideur emplit de tabac industriel. Percy, assis au bord du lit, se rhabillait lentement, sans se presser. Ses mouvements ne devaient plus être aussi précis après une telle dépense d'énergie, ses doigts tremblaient légèrement.

En le regardant, la fille d'Arès sentit l'habituel spleen lui serrer la gorge : c'était toujours comme ça, ils baisaient comme des fous ivres de passion et de brutalité, se déchirant l'un l'autre, mordant la chaire, se prenant à la gorge, bloquant les mouvements de son partenaire et le contraignant à subir ses envies. Une baise et un combat à la fois. Puis il repartait, sans se retourner et sans parler.

Clarisse perdait toujours.

Et en redemandait toujours.

Elle attaquait la première et abandonnait la première. Malgré ses ruses, ses coups en traitres, ses assauts brutaux et ses attaques vindicatives, elle perdait encore et encore. Percy la prenait toute entière, comme un lion dévorant une gazelle à pleines dents. De chasseuse, elle devenait une proie qui se délectait de servir ainsi de festin. Quand le lion enfin, s'éloignait, repu tout comme elle de luxure, elle ne pouvait que vouloir sentir les crocs du fauve sur sa peau.

Percy était le seul homme à la combler ainsi. Cela la détruisait petit à petit. Comme une droguée elle voulait une nouvelle dose, et plus encore. Clarisse volait au ciel et voulait rester là-haut mais elle chutait toujours, trop vite et trop tôt. A la fin, elle restait là, nue sur les draps blancs pendant que lui se rhabillait, le dos tourné. Naïvement, elle rêvait à chaque fois d'un instant où, se retournant, il se perdrait dans la contemplation de ses courbes.

Mais ses illusions s'estompaient rapidement, on n'était pas au théâtre et le héros ne revenait pas vers la pauvre fille éperdue d'amour. Le rideau tombait et elle restait seule, avec son désir et ses cigarettes comme seuls compagnons.

Elle, la fille d'Arès, perdait les batailles et la guerre. C'était là le pire châtiment : Percy avait tout conquis d'elle : son corps jusqu'au moindre parcelles, son esprit jusqu'au moindre recoin et son cœur jusqu'au moindre battement.

Il pouvait la prendre, la faire supplier, l'humilier, la briser, la laisser en morceaux…

Clarisse était à sa merci, lui régnait en tyran malgré tout ce qu'elle pouvait clamer avec mauvaise foi. Il n'était pas idiot, surement savait-il que sous ses insultes, ses airs bravaches et son dédain, la fille d'Arès était plus vulnérable que jamais. Tout ce qui lui restait c'était un masque qui se fissurait déjà.

-Tu ne veux pas rester pour une fois ? lâcha-t-elle après une nouvelle bouffée de cigarette.

C'était un acte de faiblesse manifeste, mais d'une façon elle se sentait libérée d'avoir énoncer à haute voix ce qui lui posait problème. Percy se retourna avec l'air mi- surpris, mi- blasé. Zeus qu'il était beau ainsi, les cheveux encore décoiffés, le torse nu et le pantalon pour seul vêtement.

-C'est toi qui as décidé, pardon, décrété, que je ne devais venir ici que pour la baise et pour rien d'autre. Ce n'est pas ce que tu veux ? Que je dégage une fois que je t'ai fait jouir ?

Il avait parlé sans sourire, avec une pointe d'agacement qui se sentait nettement. Clarisse savait que leur relation, aussi étrange soit-elle arrivait à un tournant qu'elle ne voulait pas prendre.

« J'aurais dû me taire ». pensa-t-elle.

Tant qu'il n'y avait pas d'échanges verbaux, leurs corps parlaient pour eux. Mais maintenant qu'elle avait brisé le mur du silence, les ressentiments et la colère montait. Le fils de Poséidon était loin d'être un idiot, il était agacé de servir de jouet à une fille qui le traitait comme un moins que rien.

-C'est malpoli de partir comme ça, comme un voleur. Et puis d'habitude tu ne m'obéis jamais quand je te donne un ordre, ça m'étonne que pour une fois tu cesses d'être un imbécile.

« Clarisse bon sang ferme-là ! se réprimanda-t-elle mentalement. Il essaye de te dire qu'il tient à toi, c'est le moment de te déclarer et d'arrêter de te conduire comme une conne ! »

Mais rien à faire, les bons mots ne sortaient pas. Sa bouche n'articulait que des insultes.

-D'habitude, Clarisse, je ne te fais pas l'amour. Souffla-t-il. Pas au milieu du camp, pas en cours et pas non plus pendant une quête.

-Alors il faut que nous soyons seuls dans ma chambre pour tu cesses d'être un abruti ?

-Alors il faut que nous soyons seuls dans ta chambre pour que tu laisses tomber ton masque ?

Touché, coulé, au fond de l'océan. Voilà, tout est découvert, tout est dit. C'est le moment de bouger de faire un truc, de parler, de s'exprimer. Mais Clarisse ne fait rien, elle ne supporte pas le regard vert de Percy, elle ne lui répond pas qu'elle l'aime, elle ne fait que se tourner pour jeter son mégot et s'allumer une autre clope. Silence froid.

Percy finit de s'habiller sans un mot de plus puis il prend la porte. Elle entend ses pas dans la cage d'escalier qui résonne. C'est lourd comme son, et c'est triste, on a l'impression qu'ils disparaissent à jamais. Clarisse sent les larmes lui brûles les joues. Maintenant qu'il n'est plus là elle peut se le permettre. Elle a tout foiré, cette fois il ne reviendra pas.

Elle se blottit sous les couvertures en jetant sa cigarette presque entière dans le cendrier. L'odeur est devenue infecte, il fait froid, beaucoup trop froid…

Première partie de ce two-shot, j'espère que ça vous a plu et que le couple Clarisse/Percy trouve charme à vos yeux. N'hésitez pas à laisser une review pour donner vos avis ou vos critiques.