Prologue

Elle était fatiguée. Ses paupières étaient lourdes et elle avait l'impression d'avoir des boulets de prisonniers aux chevilles. C'était comme si son corps s'était soudainement retrouvé chargé, sans raison. Elle entendait quelqu'un qui murmurait son prénom, mais ça semblait tellement loin.

« Juliet, Juliet réveilles toi… »

Elle n'avait pas envie de se réveiller. Quelque soit l'endroit où elle se trouvait, elle s'y sentait bien. C'était calme, et il faisait chaud, alors qu'à Beacon Hills, il faisait trop froid, comme si le chagrin avait enveloppé la ville d'un manteau glacé.

Juliet sentit des mains appuyer contre sa poitrine, lui compressant les côtes. La jeune fille avait envie de protester, de dire à celui qui la tripoté presque de la laisser dormir en paix. Elle en avait tellement envie.

« Juliet, reste avec moi ! » criait presque la voix.

Non, elle n'avait pas envie de rester. Alors qu'elle avait l'impression d'entrer dans une baignoire d'eau chaude, le froid revint d'un seul coup, la percutant de plein fouet, la faisant tousser. Juliet se redressa rapidement, cherchant sa respiration, ses cheveux et ses vêtements mouillés lui collant à la peau. La jeune fille chercha des yeux un repère, un moyen de se rappeler ce qu'elle faisait là, mais rien à faire. Ses yeux tombèrent néanmoins sur son sauveur. Isaac Lahey. Il avait passé un bras autour de ses épaules pour la soutenir et il l'a regardé avec des yeux paniqués.

« Qu'est ce que je fais ici ? Pourquoi je suis toute mouillée ? questionna la jeune femme en regardant autour d'elle, complètement déboussolée.

- Tu ne te souviens pas ?

- Je ne me souviens de rien. Je ne comprends pas ce que je fais là !

- Ok, d'abord calmes toi. On t'a retrouvé dans l'eau, entrain de flotter. Inconsciente, lui expliqua Isaac.

- On ?

- Scott McCall et moi. »

Juliet regarda Scott et eut comme un flash back. Elle le voyait, son visage déformé pas une grimace étrange, des poils lui poussant sur les joues et ses yeux si rouges. La jeune fille sursauta et la peau du haut de main rencontra la peau humide du bras d'Isaac, et une nouvelle image l'a saisit. Isaac, son meilleur ami depuis toujours, la grimace et les poils déformant son visage, et ses yeux couleur miel. Juliet se dégagea de l'étreinte d'Isaac en se relevant, mettant le plus de distance entre elle et les deux garçons, en s'enveloppant dans ses bras.

« Jules, ça va ? s'inquiéta Isaac.

- Oui, oui, balbutia-t-elle. C'est juste que je ne comprends pas comment j'ai fais pour arriver ici. Je n'ai aucun souvenir.

- Une ambulance arrive, intervint Scott en s'approchant. Tout va bien ?

- Qu'est ce que vous faisiez là ? demanda Juliet, suspicieuse, tout en grelottant.

- On se baladait, répondit Isaac, trop rapidement, prouvant qu'il mentait.

- Uniquement tout les deux ?

- J'avais besoin de discuter, rétorqua Isaac, flairant l'embrouille.

- Avec lui ?

- Oui, c'est mon ami.

- Et moi ? Je suis ta meilleure amie, se vexa-t-elle en claquant des dents.

- Tu es une fille.

- Merci de le remarquer.

- J'avais besoin de discuter avec un mec. Et tu étais introuvable. Je comprends mieux pourquoi maintenant. »

Ils n'eurent pas la possibilité de discuter plus longtemps car l'ambulance débarqua.

Un ambulancier sauta presque sur la jeune fille et l'emmitoufla dans une couverture et une serviette. Un autre posa délicatement le tout sur les épaules d'Isaac et se dirigea vers Juliet dans le but de l'ausculter.

Prenant en compte sa perte de mémoire et l'absence de coup à la tête, l'ambulancier qui avait examiné la jeune fille préféra l'emmener à l'hôpital, malgré les protestations de Juliet, pour lui faire passer des examens complémentaires.

Une fois arrivée à l'hôpital, Juliet avait une furieuse envie de fuir en courant, sa phobie des hôpitaux reprenant le dessus. Mais une femme avec des cheveux noirs et bouclés et un visage rassurant, qu'elle avait déjà aperçu au lycée, et qu'elle identifia comme la mère de Scott, vint vers elle.

« Bonjour Juliet, je suis Melissa McCall (Juliet hocha la tête). Scott m'a expliqué ce qu'il s'était passé. Je vais te conduire dans une chambre individuelle pour que tu sois tranquille et je vais te faire passer les examens. Tout va bien se passer. »

Melissa McCall avait quelque chose de rassurant dans la voix quand elle parlait, rendant la jeune fille beaucoup moins nerveuse.

Une heure après avoir été installée dans la chambre et après avoir passée tous les tests, Juliet écoutait madame McCall lui expliquer les résultats.

« D'après les radios et les scanners, tu n'as reçu aucun coup à la tête qui expliquerait ton amnésie. A part quelques petites blessures qui guériront vite et le passage d'eau dans tes poumons, tu n'as rien. Mais étant donné ta perte de mémoire, le médecin préfèrerait que tu restes en observation cette nuit.

Mais ma grand-mère ?!

- Isaac s'est chargé d'aller la prévenir et la rassurer. Tu n'as pas à t'inquiéter pour ça.

- Et à votre avis, à quoi est dû l'amnésie ?

- De mon point de vue, et je tiens à rappeler que je ne suis pas médecin mais comme ça s'est déjà vu, expliqua-t-elle en s'asseyant sur le bord du lit, je pense que ce que tu as subi a été un tel choc que ton cerveau a effacé ce qui s'est passé, pour te protéger.

- Alors, quelqu'un aurait essayé de me noyer ?

- J'en sais rien. Mais les blessures superficielles que tu as montrent que tu t'es battue, ou tout du moins, défendue. Tu as un œil au beurre noir, la lèvre inférieur fendue et des bleus et des coupures un peu partout. Ça laisse penser que tu as été agressé, tu t'es défendue, on t'a fais un point de pression sur la gorge, au vue de la marque dessus, et tu t'es évanouie. Puis on a essayé vraisemblablement de te noyer.

- Mais pourquoi on aurait voulu me faire ça. Je n'ai jamais rien fait de mal à personne !

- Je sais, malheureusement, il y a des gens qui se croient tout permis et qui se font juge, jury et bourreau. C'est pour ça qu'on a la police. Pour arrêter ce genre de personne. J'ai prévenu le Sheriff Stilinski. Il viendra surement te poser quelques questions demain et il faudra que tu essayes de lui répondre le plus clairement possible.

- Ok. Merci beaucoup madame McCall.

- Aucun problème. »

Melissa McCall sortit de sa chambre et Juliet se laissa aller contre les oreillers, pour finir par s'endormir.