Bonjour à tous, et bienvenue sur ma toute première fanfiction Twilight ! Elle se passe après Révélation, et inclus de nouveaux personnages sortis tout droit de mon imagination !

Je profite de ce premier chapitre pour faire le Disclaiming, que je ne referai pas par la suite.

Tous les personnages, le contexte, les idées originales appartiennent à , c'est bien évidemment pour ça que cela s'appelle Fanfiction. Je ne me revendique d'aucun droit d'auteur, sauf pour mes personnages mouhaha. Voilà, ça c'est fait !

Je suis une auteure horrible. Je publie environ tous les quatre mois, j'ai une mémoire de poisson rouge, et je réponds très peu souvent aux Reviews ... Cependant je fais de mon mieux pour aller au bout de cette histoire, je tiens vraiment à la finir, et en moi-même, j'aime énormément tous ceux qui suivent mon histoire, car sans eux elle n'existerait pas.

Si vous avez toujours envie de lire, faites-vous plaisir !

Bisous, enjoy !


Apparences

[ Susan POV ]

- J't'en prie maman ! Tout le monde y va ! Tout le monde, sauf moi !
- Oh, pauvre petit Martyr, qui n'a jamais le droit de sortir.
- C'est vraiment injuste !
- Écoute Susan, je veux bien être laxiste sur certaines choses, mais là, ça dépasse ma capacité.
- Seattle n'est qu'à une quarantaine de kilomètres d'ici, je te jure que nous serons de retour avant deux heures du matin ! Pitié ...

Ma mère me jaugea d'un air mauvais.

- Je déteste quand tu me fais ton regard de chien battu. Enfant ingrat.
- Ça veut dire que ?
- Une heure du matin, pas plus tard, sinon tu seras privée de sortie, et ce pendant un bon bout de temps !
- Merci, maman, merci, merci, merci ! Promis, je serai là avant une heure du matin !
- J'y compte bien.

Tout en montant l'escalier quatre à quatre pour me rendre dans ma chambre, je dégainai mon portable pour téléphoner à Julia, une très bonne amie. Elle décrocha dès la première sonnerie. Nul doute qu'elle attendait mon appel.

- Alors ? demanda-t-elle avec impatience.
- Je suis chez toi dans dix minutes. Préviens Max' !
- Excellent ! A dans dix minutes !
- Yep'.

Je raccrochai, et mis le turbo pour me préparer. Cinq minutes plus tard, je sortais de ma chambre. Je descendis l'escalier à toute vitesse, pris les clés de l'Audi de mon père, et me précipitai dehors. Trois minutes plus tard, je m'arrêtai devant chez Julia et klaxonnai. Elle sortit en enfilant une veste en cuir.

- Il faudrait passer chercher Max', me prévint-elle en grimpant, et Leonie aussi.
- Ça marche.

Nous passâmes donc chez Maxence, puis chez Leonie.

- On doit revenir vers quelle heure ? s'enquit cette dernière en s'installant sur la banquette arrière, à côté de Max'.
- Ma mère a fixé à une heure, mais je sais bien qu'elle ne dira rien si on a une petite heure de retard, lui répondis-je avec un clin d'œil complice.

Le trajet d'Everett à Seattle nous parût assez court, très certainement parce que nous passâmes notre temps à bavarder, surexcités. Une fois à l'adresse indiquée, dans une banlieue en apparence tranquille et sans soucis, je me garai au bord du trottoir, sur une place tracée. Nous étions dans les premiers, malgré le fait qu'il soit déjà 22 heures, et que le soleil ne soit plus qu'une faible lueur rougeâtre à l'horizon. Nous pénétrâmes dans la maison, dont la porte d'entrée était ouverte. Une musique - du rap - nous parvenait d'une pièce, le salon, apparemment. Nous y entrâmes, mais je me ravisai bien vite. A l'autre bout de la pièce, une blonde platine, mince et élancée, bavardait tranquillement avec Kyle, l'organisateur de la petite soirée.

- Susan ... râla Julia. Je t'en prie, tu vas pas te gâcher la soirée pour elle.
- J'ai pas envie d'une confrontation ce soir, désolée. Je vais faire un tour dans le quartier, et je reviendrai quand il y aura plus de monde.
- D'accord, on vient avec t... commença Maxence.
- Non, m'opposai-je. Commencez à profiter, je serais de retour dans une demie heure au plus.

Sans attendre de réponse, je sortis au trot dans la rue, puis pris par la gauche, sans même y réfléchir. Inconsciemment, je me dirigeai vers le centre ville de Seattle. Je marchai vite, sans vraiment regarder où j'allais. Dix minutes après, je commençai à ralentir. Les rues se faisaient de plus en plus fréquentées, mais je n'aimais pas particulièrement la foule, alors je pris une rue déserte et étroite. Ce fut certainement la pire erreur de toute ma vie. Après avoir parcouru cent mètres, j'entendis comme des bruits de tissus qui bougeaient. Sur le qui-vive, je me retournai. Personne. La ruelle était totalement déserte. Mais à peine me fus-je détournée, que je sentis une pression énorme contre mon corps frêle m'aplatir, ventre à terre. Comme si une masse pesant trois tonnes m'écrasait, à tel point que je ne pouvais plus respirer, mes voies respiratoires étant totalement obstruées. J'entendis juste une voix délicieusement veloutée me chuchoter :

- C'est vraiment dommage, tu es d'une incroyable beauté pour une humaine ... Tsss ... Quel gâchis.

Puis je sentis quelque chose de glacé, et de très dur se poser dans mon cou, suivi d'une intense douleur, comme si une dizaine d'aiguilles m'avaient plantée toutes en même temps à cet endroit. Tout devint trouble, mes yeux s'encombrèrent de larmes, et mon front se couvrit de sueur. J'avais l'impression qu'on me vidait de l'intérieur, qu'on m'aspirait. Je sentais la vie me quitter peu à peu, sans pouvoir néanmoins expliquer comment, et pourquoi. Mais soudain, je perçus un changement. Le contact froid contre mon cou s'était arrêté, mais j'entendais des voix, parfois ponctuées de grognements. Puis plus rien. Plus un bruit. Avec difficulté, et une peur horriblement douloureuse, je relevai la tête. La rue était de nouveau déserte. Faisant un effort dont je ne me serais jamais crue capable, je rampai, toujours à plat ventre, vers le mur le plus proche, à côté d'une benne à ordures. Là, je m'effondrai totalement. Une douleur s'alluma alors en moi. Un feu, plus exactement. Me brûlant de l'intérieur, il se répandit en moi, courant le long de mes veines, me déchirant un peu plus à chaque instant. Ma bouche était ouverte, mais absolument aucun son n'en sortait. De même que mes muscles ne répondaient plus. Je ne pouvais plus bouger. J'aurais voulu crier à l'aide, me saisir de mon téléphone pour appeler une ambulance, mais je ne pouvais pas. J'entendais et voyais parfaitement tout autour de moi. De la ville, au loin, me parvenaient les klaxons, les voix de gens, de la musique, des pneus qui crissaient ... Devant moi, la rue déserte ; sous ma joue, le bitume glacé ; et dans mon nez, une horrible odeur de détritus en décomposition. Dans un ultime effort, je parvins tout de même à fermer les paupières. Si cela ne me soulagea pas, ça ne sembla guère augmenter la douleur. Je restais ainsi pendant ce qui me sembla durer à peu près une demie heure, mais ma notion du temps devait être altérée. Toujours est-il que mon téléphone portable se mit à sonner. Je reconnus la musique que j'avais choisie pour Julia. Puis celle de Max', après que Julia eut tenté trois fois de me joindre – en vain. Je me maudissais de ne savoir décrocher ce fichu téléphone. Ils essayèrent de m'appeler durant une bonne partie de la nuit. Du moins je crois. Dans tous les cas, lorsque le soleil commença à éclairer la ville d'une lueur faiblarde, la douleur était toujours vive, mais je pouvais à présent remuer les orteils et les doigts, et pousser des gémissements. Tout le jour, je souffris le martyr, ne parvenant à souhaiter qu'une chose, mourir. Je savais que la mort arrivait, mais je ne savais pas quand elle serait là. Je la priais de se bouger le cul.

Je comptais deux levers de soleil supplémentaires, et une journée entière, avant que le feu ne commence à s'estomper au niveau de mes extrémités. Puis toute la nuit, la douleur se réduisit peu à peu, se rapatriant vers ma gorge. Au lever du soleil, elle ne brûlait plus qu'à cet endroit. J'entendais la ville qui commençait à s'animer. Des voitures qui roulaient déjà, des passants qui marchaient vite, des respirations haletantes, des murmures agacés, des froissements de tissus, des fenêtres qu'on ouvrait ... Un détail me perturbait : j'entendais cela comme si ça s'était déroulé à cent mètres à la ronde. Pire encore, il me semblait entendre le cours d'un ruisseau, qui venait et s'en allait au gré des passants, dans la rue perpendiculaire à ma ruelle déserte, celle que j'avais empruntée trois jours et demi auparavant. Je n'osais ouvrir les yeux. Mes membres, à ma grande surprise, n'étaient absolument pas raides. Comme si j'avais été debout, en train de marcher, et non allongée depuis trois jours. Lorsque j'ouvris enfin les yeux, ce fut pour les refermer aussitôt. J'avais aperçu la rue mieux que jamais. Chaque détail, chaque grain de poussière, chaque chewing-gum collé par terre, tout cela avec une précision sans faille. Je les ouvris de nouveau, mais, malgré le fait que je ne sois toujours pas préparée, les gardai ouverts cette fois. Puis, reprenant peu à peu contenance, je me rendis compte que je ne respirais pas. Le plus étonnant, était que je n'en ressentais aucun besoin, juste une gène. J'aspirais une goulée d'air par la bouche ; des tas d'odeurs, toutes plus alléchantes les unes que les autres m'envahirent, et le feu de ma gorge redoubla d'intensité. Comme si j'avais eu soudain très faim, que l'on m'avait présenté un plateau de viandes cuites à la perfection, sans que je puisse cependant y toucher. Non. C'était cent fois pire. Soudain, j'eus une certitude. Je n'étais pas seule dans ma rue. Le bruit du ruisseau le plus proche semblait résider à à peine vingt mètres de moi. Je dus retenir un grognement d'envie, à ma surprise. Je le transformai en toussotement. Puis, prudemment, je m'appuyai sur mes mains pour me relever, et me trouver assise sur mes talons. Je distinguais chaque détail du mur de briques en face de moi. Les couleurs me semblaient également plus vives, plus gaies. Jamais je n'avais aussi bien vu. Le bruit du ruisseau douceâtre m'obsédant, je sautai sur mes pieds avec agilité, et sans aucun effort, en un vingtième de seconde. Je jetai des coups d'œil furtifs autour de moi, et repérai l'endroit d'où émanait le bruit alléchant. Ou plutôt, l'hommequi émanait ce glou-glou. Ce fut une énième surprise. Jamais je n'avais entendu ce bruit provenir d'un homme. Mon imagination, et non ma raison, me poussait à penser qu'il s'agissait de son sang, qui coulait dans ses veines. A cette simple pensée, un grognement ténu et faible s'échappa de ma gorge. Choisissant de l'ignorer malgré ma surprise, je détaillai l'homme. C'était un SDF, allongé sous un amas de cartons, et habillé de vieilles sapes rongées aux mites. Cette constatation ne suffit pas à me dégoûter, et, sonnée, je me détournai, et me mis à marcher vers la rue plus fréquentée. Je parcourus les cent mètres qui m'en séparaient en une seconde à peine. Alarmée par cette vitesse, je m'arrêtai au bout de la ruelle. Je n'avais même pas couru ! Et quand bien même j'aurais fait ce trajet en courant, j'aurais eu besoin d'au moins 13 ou 14 secondes ... Je ne comprenais plus rien. Je sentais la force et la vitesse se mélanger dans chacun de mes muscles, mes sens étaient si affutés que j'avais l'impression d'être partout à la fois. Et être si prés de la foule qui se bousculait dans la rue bondée avait décuplé le feu dans ma gorge. Mes muscles se tendirent, comme prêts à réagir au moindre signal, et, sans m'en apercevoir, je me courbais vers l'avant, comme si j'allais sauter d'un instant à l'autre. Je ne contrôlais plus mes gestes. Il fallait que je m'éloigne de cette foule. Sans réfléchir, je bondis contre le mur, à cinquante mètres du sol, et m'accrochai à un rebord de fenêtre. Une fois de plus, je fus surprise de ce que je venais d'accomplir. Que m'arrivait-il ? Prenant soin de ne me faire remarquer par personne, je grimpai de fenêtre en fenêtre, jusqu'à atteindre le toit de l'immeuble. M'avançant vers le bord, je contemplai la rue en dessous de moi. La foule de monde continuait d'avancer rapidement, mélangeant hommes en costard-cravate, femmes en tailleur, tous portant un attaché-case, livreurs en tout genre ... Je devais me contrôler. Prendre un taxi, qui m'amènerait vers la campagne la plus proche. Là, je continuerai à pieds. Je m'en savais capable. Respirant fort, je sentis la brûlure dans ma gorge redoubler une nouvelle fois, mais cette fois, je m'empêchai de faire le moindre geste. L'envie de sauter sur la foule se dissipa peu à peu. J'arrivais à me contrôler. Respirant par à-coups modérés, je sautai dans la ruelle déserte, où le SDF dormait toujours. J'atterris sur mes pieds avec grâce, en ayant l'impression de n'avoir fait une chute que d'un mètre, au lieu de cent. Ohmondieu. Je me mis à marcher jusqu'à la grande rue. Là, je traversai la foule, retenant ma respiration, afin d'atteindre le bord du trottoir. Je hélai un taxi. Aucun ne daigna s'arrêter. C'est alors que je me souvins comment j'étais venue à Seattle. Ma voiture devait sûrement encore être devant chez Kyle. Je courus jusqu'à la banlieue à vitesse humaine, sans m'essouffler. Me déplacer lentement était difficile, mais j'y arrivais. En effet, l'Audi était encore là. Je sortis les clés de la poche de mon blouson, et grimpai à l'intérieur. J'arrivai à Everett moins d'une demie heure plus tard. J'avais roulé un peu plus vite que la vitesse autorisée, mais qu'importe. Je me sentais indestructible.

En me garant devant chez moi, je songeai que je n'allais pas m'en tirer si facilement. Connaissant mes parents, ils avaient sûrement déjà alerté la police, et je ne pouvais pas revenir comme si de rien n'était. Il fallait que je trouve une explication. Me creusant les méninges, je sortis mon téléphone. J'avais pas moins de 78 appels manqués. Julia, Max', Leonie, Maman, Papa ... Je gémis. Je n'arrivais pas à trouver de bonne explication. Que pouvais-je inventer ? Que je m'étais évanouie dans une rue complétement déserte ? Oui, bien sûr, pendant trois jours ... Non, il fallait que je trouve autre chose. La seule bonne explication qui me vint, eut été de dire que j'avais été enlevée, qu'on m'avait bandé les yeux, enfermée dans une cave, mais que j'étais parvenue à m'échapper. Et que, bien entendu, je n'arrivais pas à me rappeler des visages de mes agresseurs. C'était totalement saugrenu, mais je ne trouvais rien d'autre. Pour faire bonne mesure, je sortis mon miroir de poche, afin de juger si j'avais l'air d'avoir été séquestrée pendant trois jours. Je manquai de pousser un cri d'effroi lorsque je plaçai le miroir à hauteur de mes yeux. Rouges. Mes prunelles étaient d'un cramoisi profond, teinté d'une lueur de ... vert ? Je fermai les yeux, puis les rouvris. Toujours cette même couleur. Ce n'était pas tout. La peau de mon visage était d'un blanc pur. Aussi blanc que la neige. J'avais toujours eu la peau matte, ça n'allait sûrement pas passer inaperçu. J'étais dans la merde. En cet instant, je souhaitai de toutes mes forces de redevenir normale. Posant le miroir sur le siège passager, je me pris la tête entre les mains. C'était impossible. Je devais rêver. Enfin, cauchemarder. Alors que je m'apitoyais sur mon sort, je sentis un infime changement. Le feu de ma gorge, présent depuis Seattle, s'estompa, jusqu'à n'être plus qu'une minuscule flamme. Le changement fut si doux, et tellement agréable, que j'en hoquetai de surprise et de bonheur. Je repris le miroir. Ma peau reprenait une teinte moins pâle, plus vers le beige que le blanc. Mes iris, eux, n'étaient plus cramoisis teinté de vert, mais ambre, légèrement kaki sur les bords. Avais-je rêvé ? Je ne pensais pas. Ce que je savais, c'est que je me sentais plus ... normale tout à coup. La température alentours sembla également se modifier. Depuis mon "réveil" ce matin, tout m'avait semblé trop chaud, du bitume pourtant glacé, à la température dans l'habitacle, en passant par le mur de pierres que j'avais escaladé. Là, la température sembla s'adapter à ma propre température corporelle. J'avais beaucoup moins chaud. Au contraire, maintenant, je me sentais bien, zen. Je compris que, la température ne pouvant s'adapter à mes besoins, c'était moi qui m'adaptais à la température. Incroyable. Je consultai le tableau de bord de la voiture. Dans l'habitacle, il faisait vingt-trois degrés. Si j'avais raison, ma peau devait être à cette température. C'était peu, mais toujours mieux que glacée comme elle semblait l'avoir été depuis Seattle. Mes yeux passèrent sur le chiffre indiquant celle de l'extérieur. Treize degrés. Mon dieu. Si ma peau s'habituait à celle-là, comme je le craignais, j'allais paraître beaucoup trop froide. Il faudrait que je me dépêche de rentrer dans la maison. Pour faire bonne figure - faute d'un meilleur terme -, je déchirai mes vêtements par endroits, ébouriffai mes cheveux châtain foncé, et pris un air fatigué. La couleur de ma peau, encore un peu moins foncée que d'habitude, pourrait s'expliquer par le manque de lumière que j'étais censée avoir enduré ces trois derniers jours. Confiante, je rangeai mon téléphone et mon miroir de poche, retirai les clés du contact, et sortis de l'Audi. Je fus sur le seuil en un seizième de seconde et à l'intérieur en un vingtième supplémentaire. J'espérais que personne ne m'avait aperçue.

- Qui est là ? fit la voix de ma mère depuis la cuisine, d'où provenait une odeur d'œufs frits qui, à ma surprise, ne me mit pas en appétit.

En guise de réponse, je pénétrai dans la cuisine, et dis d'une voix que je voulus fatiguée :

- C'est moi maman ...

Ma mère, de dos, en train de verser du café dans un mug, se retourna subitement, et laissa tomber la cafetière, qui aurait dû exploser en mille morceaux sur le carrelage. Aurait dû, car ces satanés réflexes me firent plonger sur le sol afin de la rattraper. En moins d'une seconde. Je me maudis intérieurement, et posai la cafetière sur la table à manger.

- Susan ! s'écria ma mère d'une voix suraigüe, n'ayant apparemment cure du sauvetage que je venais d'effectuer. Dieu merci, tu n'as rien ! Mais bon sang, où étais-tu passée ? Je ne me suis jamais autant inquiétée de toute ma vie !

Elle se jeta dans mes bras, et je la réceptionnai. Elle ne sembla guère peser plus que la cafetière. Je me retins de la soulever et de la faire tourner, tant j'étais heureuse de la voir. Elle sentait délicieusement bon, et cette odeur réveilla légèrement la flamme, mais pas autant qu'à Seattle.

- Erick ! Erick ! hurla-t-elle, appelant mon père. Susan est rentrée !

On entendit des pas précipités qui descendaient l'escalier, puis mon père déboula dans la cuisine. Il m'arracha des bras de ma mère pour me serrer comme jamais il ne l'avait fait. Si j'avais été "normale", j'aurais sûrement suffoqué. Ma mère sanglotait de bonheur. Ma gorge se serrait, mais je n'arrivais pas à pleurer, comme si mon canal lacrymal était aussi sec que le désert d'Arizona. Était-ce mon nouveau statut qui m'empêchait de pleurer ?

- Mais que s'est-il passé ? s'enquit mon père.

Je me détachai de lui.

- C'est une longue histoire. J'aimerais boire un café d'abord, si ça ne vous ...
- Absolument ma chérie ! s'exclama ma mère.

Elle saisit la cafetière que j'avais sauvée et sortit un autre mug. Elle me versa du café et me tendit la tasse. Je bus une gorgée, m'apercevant que je ne trouvais plus cela aussi bon qu'avant, puis me lançai dans mon faux récit. Mes parents ne cessèrent d'ouvrir des yeux horrifiés tout le long, et quand j'eus fini, ma mère cria :

- Il faut prévenir la police !
- Oui, mais je n'ai aucun souvenir des visages de mes agresseurs ... soupirai-je.
- Je me charge de passer au commissariat avant d'aller travailler, proposa mon père. Je file, à ce soir mes chéries.

Il m'embrassa sur le front, déposa un baiser sur les lèvres de ma mère, et fila dans l'entrée. On entendit la porte s'ouvrir et se fermer, puis sa voiture démarrer. Ce que ma mère n'entendit pas, mais que moi je perçus, ce fut le soupir de soulagement que mon père poussa une fois dans sa voiture, et le sanglot qu'il laissa échapper. J'eus comme un pincement au cœur. Et c'est à cet instant que je me rendis compte d'une chose que j'aurais dû remarquer bien avant. Je ne sentais plus mon cœur battre. Automatiquement, je portais deux doigts à ma gorge, cherchant un pouls, que je ne trouvais pas. C'était impossible. Improbable. Je ne devrais pas être là, debout, en vie, si mon cœur ne battait plus. Prise de vertiges, je me tournai vers ma mère.

- J'ai besoin de me reposer dans un vrai lit, maman ... Je peux sécher les cours aujourd'hui ?

Elle sursauta et releva la tête, comme si elle sortait de ses pensées.

- Hein ? Euh, oh, oui oui oui, bien sûr chérie, je vais téléphoner à ton lycée ... Mais tout de même avant, tu devrais appeler tes amis ... Ils se sont fait énormément de soucis pour toi ...

Je hochai la tête puis filai en haut. Je fus dans ma chambre en deux secondes. Cette vitesse extraordinaire était plutôt pratique en fin de compte. Je sortis mon téléphone et appuyai sur la touche de rappel. Dans la liste je choisis le numéro de Julia.

- Susan ! C'est bien toi ? Oh mon dieu, comment tu vas ? Et où étais-tu passée tout ce temps ?
- Je vais bien. Enfin ça dépend du point de vue.
- Pardon ?
- Je t'expliquerai. Dis-moi tu t'y connais en fantastique, non ?
- Oui, pas mal, pourquoi ?
- Il faut qu'on se voie. Ma mère va bientôt partir bosser, ça me gène de te demander ça, mais j'aimerais que tu sèches les cours pour venir me voir. C'est très important.
- Tu es sûre que ça va ?
- Presque. Alors, tu peux le faire ?
- Bien sûr. Je suis chez toi dans vingt minutes.
- Parfait.

Je raccrochai, sans prendre la peine de la saluer. J'entendais des bruits de pas feutrés dans l'escalier, et reconnus l'odeur de ma mère. A travers la porte. Décidément j'allais de surprise en surprise. On toqua doucement à ma porte. Sans bruit, je retirai mes chaussures et me glissai dans mon lit.

- Entrez, dis-je d'une voix faible.

Ma mère passa la tête par l'entrebâillement.

- Ca va ma puce ?
- Oui maman ...
- Je pars travailler. Quand je reviendrai, ce soir, on ira à l'hôpital, pour te faire examiner.
- Quoi ? sursautai-je. Mais c'est inutile ! Je vais bien, je t'assure qu'il ne m'ont ni frappée, ni violée, ni quoi que ce soit d'autre. Je n'ai pas de fièvre, ni mal à la gorge, je suis juste un peu fatiguée.

En réalité, je n'avais jamais été aussi en forme de toute ma vie.

- Je veux juste m'assurer que tout ...
- Va bien ? la coupai-je. Inutile, je me sens très bien.
- Tu en es sûre ?
- Certaine. Quelques heures de sommeil, et je serais de nouveau prête à retourner au lycée.
- Bon ... J'y vais alors ... A ce soir ma puce.
- A ce soir maman.

Elle ferma la porte, et j'attendis qu'elle soit dans sa voiture pour me lever et aller prendre une douche. Mais, dans la salle de bains, en me déshabillant, je constatai que je ne sentais pas mauvais. Ni la transpiration, ni la crasse. Bizarre. Il n'y avait que mes cheveux qui semblaient un peu sales, ayant trainé par terre pendant trois jours. Je les lavai dans la baignoire, estimant inutile de prendre une douche juste pour mes cheveux. Une fois que j'eus fini, je les enroulai dans une serviette, mis mes vêtements sales dans le panier au linge, et retournai dans ma chambre. J'enfilai un jean et un tee-shirt, puis descendis dans la cuisine. Je me servis un autre café. Il était froid, mais ca ne me dérangea pas, il me sembla tout juste à la bonne température. Au loin, j'entendis des bruits de pas. Quarante trois secondes plus tard, on sonna à la porte. Je fus devant en une seconde, et ouvris.

- Bah, t'étais derrière la porte ou quoi ? demanda Julia, étonnée.
- Pas vraiment. Entre, je vais tout t'expliquer.

Nous allâmes nous installer dans le salon. Elle enleva sa veste et la posa sur le dossier d'un gros fauteuil.

- Tu veux prendre un petit déjeuner ? demandai-je.
- C'est pas de refus, je suis partie sans manger.

Je filai à la cuisine, attenante au salon, à vitesse humaine. Il n'était pas encore temps de lui révéler ma nouvelle nature. Je fis réchauffer le café, et sortis quelques biscuits de petit déjeuner.

- Vas-tu enfin me dire où tu étais tout ce temps ? me questionna Julia. On s'est fait un sang d'encre ...
- Patience. Ne remarques-tu rien de nouveau chez moi ?

Elle me détailla de haut en bas.

- Tu es plus pâle. Tes yeux sont ... différents ... Je ne vois plus aucune trace de bleu, on dirait qu'il a été remplacé par du jaune. Tu es plus gracieuse, plus belle, également ... Tu ...

Elle s'arrêta au milieu de sa phrase.

- Je ...? l'encourageai-je à continuer.
- Oh, mon dieu ! Tu es enceinte ? s'offusqua-t-elle en ouvrant des yeux ronds comme des balles de ping-pong.
- Mais non, idiote ! Quoi d'autre ?
- Tu réagis plus rapidement. Ta voix est moins rauque.

Elle réfléchit, mais ne semble rien trouver d'autre. Le café était chaud, alors je sortis un mug, en versait dedans, puis attrapai les biscuits et emportai le tout au salon. A mavitesse. Et merde.

- Nom de dieu ! sursauta Julia. C'était quoi ça ?

Je posai la nourriture sur la table basse et tendis son café à Julia.

- Je n'en sais rien ... Je suis comme ça depuis ce matin. Le soir de la fête, quand je suis partie m'aérer, je suis allée faire un tour en ville. J'ai traversé une ruelle sombre, mais j'ai été attaquée, et mordue par je ne sais quoi ... Je me suis effondrée. J'ai réussi à me trainer jusqu'à un mur derrière une benne à ordures, et la torture a commencé. C'était horrible, un véritable martyr, comme si un feu s'était soudainement allumé en moi, et me consumait de l'intérieur. Ça a duré trois jours et demi. Le soir du troisième jour, la douleur a commencé à s'estomper, se retirant de mes extrémités. Puis durant la nuit, elle s'est réduite de plus en plus, se concentrant sur ma gorge. Quand le soleil s'est levé, je n'avais plus mal qu'à cet endroit. Je me suis rendue compte que mes sens avaient décuplé, si ce n'est plus. Je voyais le moindre grain de poussière, j'entendais à au moins un kilomètre à la ronde. Et, pire que tout, je crois que j'entends le sang couler dans les veines ... Dans vos veines, précisai-je devant l'air ahuri de Julia. Votre odeur ... me donne envie ... de ...

Je frissonnai.

- De vous vider de votre sang ... poursuivis-je d'une voix presque inaudible. Je suis un monstre !

Si j'avais pu éclater en sanglots, je l'aurais fait. Je plongeai ma tête dans mes mains, m'attendant à entendre un bruit de verre brisé, à ce que Julia parte en courant, bref, à une réaction, mais il n'en fut rien. Relevant la tête, je vis que Julia m'observait. Non pas avec horreur et peur, mais avec curiosité et perplexité.

- Continue ... me pria-t-elle.
- J'ai pris peur ... J'ai grimpé de fenêtre en fenêtre sur le toit d'un immeuble de cent mètres de haut. Sans aucun effort, et sans ressentir de fatigue. Il m'a fallu exercer un contrôle sur moi pour arriver à traverser la foule, afin de retourner chercher ma voiture. Je suis revenue ici directement. Je me sens tellement forte, tellement indestructible ... Ça me fait peur. Très peur. En arrivant devant la maison, j'ai enfin osé me regarder dans un miroir. J'avais les yeux cramoisis ! m'écriai-je d'une voix suraigüe. Et la peau aussi blanche que la neige ! J'ai posé le miroir à coté de moi ... et ... j'ai souhaité ... de toutes mes forces ... de redevenir normale ... Et j'ai senti un changement. Le feu dans ma gorge, qui était lancinant depuis Seattle, a diminué. Quand je me suis de nouveau regardée dans le miroir, mes iris étaient Ambre-verts, et ma peau semblait moins pâle ... Alors je suis rentrée, j'ai inventé une histoire bidon de séquestration pour expliquer mon absence aux parents ... Et c'est là que je me suis aperçu que je n'étais plus vivante. Mon cœur ne bat plus, expliquai-je devant l'incrédulité de ma meilleure amie. Et je ne sens plus mauvais non plus quand je fais un effort. Voilà, c'est à peu près tout ...
- Wahou ... dit Julia, si bas qu'un humain normal n'aurait pu l'entendre.
- Comme tu dis ...
- Est-ce que tu es très forte ? me demanda-t-elle.
- Je suppose. Je sens la force circuler dans mes muscles, ce n'est pas quelque chose d'humain.
- Essaie de soulever le sofa sur lequel je suis, me dit-elle.
- Tu es sûre ?
- Fais ce que je dis.

Je m'avançai et entourai une partie du sofa de mes bras. Je le soulevai sans peine.

- J'en étais sûre ... siffla Julia. Repose-moi.

Je posai le sofa par terre.

- Alors, ton diagnostic ? m'enquis-je avec inquiétude.
- La raison pour laquelle tu as tant envie de boire du sang, je crois la connaître ...
- Oui ..?
- Je pense que tu as été transformée en vampire.


Ah mon premier chapitre bouclé :') Et revisité au moins 36000 fois !

N'hésitez pas à vous exprimer, et surtout prévenez si vous voyez des fautes ! On n'est jamais à l'abri, même si je suis très vigilante :)

Bisous !

Date de publication originale : 25 août 2009

Date de la dernière réédition : 1er août 2012