Université Avengers

Auteur : Ptite clad

Disclaimer : les personnages ne m'appartiennent pas, évidemment…

Pairing : Steve x Tony

Note : Toujours sous le charme de ce couple, voici un second OS. En espérant que cette histoire trouve grâce à vos yeux, elle est dans un style un peu différent (enfin je crois?)

Hors-sujet : Je remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont reviewé et favorisé mon histoire 'bodyguard'. Ça m'a fait énormément plaisir, j'ai mon petit cœur qui a fait des bons jusqu'au plafond, tellement j'étais heureuse. Alors merci, merci, merci, merci, c'est super agréable de voir son travail apprécié.

Comme d'habitude je m'excuse si j'ai oublié des fautes d'orthographe. L'OS est un peu long, une lectrice m'a dit que je pouvais éventuellement couper. Je préfère livrer l'histoire complète mais si vous le voulez, je peux scinder, n'hésitez pas à me le dire.

Bonne lecture


Université Avengers – rentrée des classes.

Steve Rogers poussa un soupir en observant le portail d'entrée où le nom 'AVENGERS' ressortait en lettres dorées. Une multitude d'élèves s'engouffrait dans l'établissement. La plupart semblaient biens jeunes aux yeux de Steve, ce qui était un comble étant donné qu'il était lui-même âgé d'à peine 24 ans.

Il posa sa besace sur le sol et s'adossa à une barrière, jouxtant l'entrée. C'était sa dernière année scolaire, cursus droit. Parfois il s'étonnait lui-même d'avoir tenu toute la scolarité. À la base, il voulait entrer directement dans l'armée après avoir terminé le lycée. Ses plans avaient été chamboulés lorsqu'il avait obtenu une bourse sportive lui permettant d'étudier dans l'une des universités les plus réputées du pays. Son recruteur de l'armée lui avait dit de saisir cette chance unique et qu'il serait recruté directement officier, sans passer par la case sous-officier.

Après en avoir discuté avec plusieurs personnes, Steve avait convenu qu'il s'agissait pour lui du meilleur avenir possible. Dans tous les cas, avoir le cursus d'une grande école dans la poche était forcément un plus.

- La vache, on a même pas encore repris les cours que t'es déjà en train de déprimer.

Steve se tourna vers Bucky, qui lui semblait heureux d'arriver. Steve avait participé à des voyages humanitaires pendant toutes les vacances et n'avait vu personne depuis la fin des classes. Il jeta un bref coup d'œil à son bras gauche, qui semblait amorphe.

- Oui Steve ça a empiré, comme tu peux le voir, dit Bucky en secouant son bras gauche. Tu peux me dire bonjour avant de verser des larmes sur mon pauvre et triste sort.

La capacité de Bucky à ironiser sur sa condition avait toujours épaté Steve. La maladie de Charcot, qu'il avait développé il y a quelques années, lui faisait progressivement perdre l'usage de son bras.

- J'ai oublié mes mouchoirs, je te plaindrai plus tard si tu le permets. Ça fait plaisir de te voir.

- Moi aussi ! J'ai un milliard de truc à te raconter !

Bucky lui passa un bras sur les épaules, prêt à commencer leur dernière année ensemble.

Xxx

- Silence je vous prie.

Le directeur Fury parvint à ramener le calme avec cette simple phrase. Il semblait relativement de bonne humeur pour une fois, personne n'avait envie de gâcher ça. Enfin, personne n'était assez suicidaire pour se mettre le dirlo sur le dos le jour de la rentrée. Tous les professeurs étaient assis sur des rangées à sa droite, tous impeccablement vêtu.

- Bonjour à toutes et tous. Et surtout, je souhaite la bienvenue aux nouveaux arrivants. J'espère que vous saurez saisir l'immense privilège d'avoir intégrer notre école. Pour commencer…

Steve retint tant bien que mal un bâillement, communiqué par Bucky. La cérémonie d'ouverture était toujours très longue. Beaucoup trop longue pour une personne l'ayant déjà entendue 4 fois. Il se redressa tout de même, évitant ainsi de piquer du nez. Il secoua la tête pour se réveiller et se força à porter son attention sur l'estrade. Bucky avait discrètement sorti son téléphone portable et jouait à un jeu quelconque.

- Fais au moins semblant, marmonna Steve à son intention.

- Crois-moi, mes capacités de concentration sont au maximum.

Le blond pouffa un peu à la remarque. Ils se penchèrent légèrement pour masquer leurs débuts de fou rire.

Ce fut un léger brouhaha soudain qui les fit relever leurs têtes, cherchant ce qu'il avait bien pu se produire.

- SILENCE, claqua Fury.

Un homme, âgé d'une trentaine d'années apparemment, venait de s'asseoir sur la dernière chaise disponible, située au bout de l'estrade. Vêtu d'une blouse blanche, de lunettes jaunes et d'un jean, il dénotait par rapport aux autres personnes assises. Steve était trop loin pour pouvoir le détailler mais il était sur qu'il était nouveau, il ne l'avait jamais vu auparavant.

- Nous allons maintenant passer à la présentation des professeurs, déclara Fury.

Traditionnellement chaque professeur se présentait en début d'année. Ça permettait au nouveau de les identifier immédiatement. Ça permettait aussi aux élèves les plus vieux de savoir si des changements avaient eu lieu pendant les vacances.

Après une vingtaine de minutes, ce fut au tour de l'homme assit en bout d'estrade de se lever et de parler.

- Je suis le professeur Stark, j'enseignerai un programme spécial pour quelques élèves de cet établissement.

Le brouahahah s'éleva encore une fois, bien plus fort que le précédent. Les sommations à faire silence, lancées par Fury, furent à peine respectées. Le professeur Stark était retourné s'asseoir, sans rien dire de plus.

- SILENCE OÙ VOUS COMMENCEREZ L'ANNÉE PAR DES DEVOIRS NOTÉS.

Malgré la menace, il fallut tout de même une trentaine de secondes pour que le calme revienne.

- Bien. Le professeur Stark, dit Fury d'un air presque rageur, nous fait l'immense honneur de sa venue.

Fury donnait l'impression que chaque mot lui coutait personnellement un rein.

- Le professeur donnera cours à une classe de 15 élèves. Ce cours est totalement optionnel, aucun point en plus ne sera accordé si vous le suivez et aura lieu sur votre temps personnel, en plus de vos cours habituels. Les modalités vont seront exposés ultérieurement.

Steve observa la foule d'étudiant, la plupart étaient sur leur téléphone en train d'écrire à toute vitesse. Il reçut un coup de coude de Bucky, qui réclamait son attention.

- Putain Steve, tu te rends compte Tony Stark en personne !

- C'est qui ?

Il aurait juré que Bucky aurait pu se tuer en tournant la tête aussi vite.

- Lui ? Personne voyons, juste un génie à qui on doit les 95% de notre avancée technologique. Mais c'est normal que tu ne le connaisses pas, il passe souvent à la télévision. Tu sais, le rectangle magique avec des images dedans.

Steve se renfrogna. Il n'était pas très porté sur la technologie, effectivement, mais pas débile non plus.

- Okay, okay. Encore une célébrité que je ne connais pas. J'ai compris, marmonna Steve. De toute façon il va enseigner une matière en rapport avec l'ingénierie alors. Pas de raison que je m'y intéresse plus que ça.

Il faisait son cursus dans le droit et Bucky un cursus de psychologie. Ils n'avaient vraiment aucune raison de s'intéresser au bonhomme.

Xxx

- Conformément aux directives du directeur, les personnes souhaitant rejoindre la classe du professeur Stark sont priées de se faire connaître. Levez la main si vous voulez le formulaire.

Steve ne comprit pas pourquoi les trois quarts des élèves de sa classe tendirent le bras. Ce n'était même pas leur cursus, ça ne servait à rien.

DRIIIIIIIIIING

La cloche sonna la fin du dernier cours de la journée, libérant ainsi les élèves.

- Le formulaire est à rendre demain au plus tard.

Steve attrapa son sac à dos et joua des coudes pour sortir de la salle. Il y avait un attroupement devant le bureau de la prof, c'était incompréhensible. Le monde marchait vraiment sur la tête.

- Hey attend moi !

- Tu traines mon vieux Bucky.

- Je t'emmerde Steve. Tu vas sur le terrain ?

- Ouais, ma bourse ne va pas se gagner toute seule.

Steve était capitaine de l'équipe de football américain. Depuis son arrivée à l'université Avengers, leur équipe était indéboulonnable de la première place. Il était pratiquement sur que le coach l'attendait déjà.

- Je sais pas comment tu fais pour supporter Wade, grimaça Bucky.

- Il est spécial mais ce n'est pas une mauvaise personne, défendit Steve.

Wade Wilson était le coach de l'équipe. Ils avaient réussi l'exploit de se mettre la totalité du corps enseignant à dos. Et même quelques élèves.

- Nan tu as raison, c'est le diable incarné.

Steve lui donna un coup d'épaule.

- Arrête c'est un type bien et tu le sais.

- Ouais ouais, tiens au fait, t'as récupéré le formulaire pour le cours ?

- Quel cours ?

- Le cours de Stark.

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse dans son cours, ce n'est pas mon cursus. Tu l'as pris toi ?

Bucky stoppa net.

- Bah ouais ! On sait jamais. Même sur un CV de potier 'a suivi un cours personnalisé de Tony Stark' ça fait la différence.

- Ha. J'y penserai alors, fit mine de réfléchir Steve. Et il demande quoi sur ce fameux formulaire ?

Le brun extirpa une feuille, plié en 4, de sa poche arrière et la tendit à Steve. Après une rapide lecture, il la rendit immédiatement à Bucky.

- Ouais c'est une fiche avec ton nom et ton prénom quoi.

- De ce que j'ai compris, va y avoir un méga examen concocté par Stark. Les 15 premiers participeront au cours.

- Okay, dit Steve absolument pas intéressé. Tu vas dans les gradins ?

- Ouais je vais lire, on ira au dortoir après ?

Steve hocha la tête, en signe d'approbation. Bucky était son camarade de chambre. Le directeur tenait à ce que les élèves soient mixés dans les dortoirs pour ne pas créer de clan entre cursus. Il s'était rencontré lors de leur première année et était rapidement devenu ami. Le brun était un grand fan de sport et appréciait regarder l'entrainement de temps en temps.

- Steve, mon poulain, te voilà enfin ! s'exclama Wade lorsqu'il franchit la porte des vestiaires.

- Bonjour.

- Ramène ton superbe postérieur par ici, j'ai des idées d'entrainement qui vont faire pâlir d'envie les masochistes de notre belle école.

Xxx

L'examen avait eu lieu trois jours après la rentrée. Ça avait été un vrai bordel et l'école avait du ouvrir le gymnase pour que tous les élèves puissent y participer. D'ailleurs, la sérénité durement acquise par certains pendant les vacances avaient volé en éclat.

- Ce mec est un vrai taré.

Steve était attablé avec Bucky, Clint et Natasha à la cantine de l'université. Ils sortaient tous les trois de l'épreuve de sélection pour participer au cours de Tony Stark.

- Au fait, t'as répondu à combien de question ? demanda Bucky.

- Perso j'en ai compris une seule, se lamenta Natasha.

- Pas mieux, répondit Clint.

- Je précise que 'indiquez votre nom, prénom et classe' ne compte pas comme une question, renchérit Steve.

Ça faisait à peine 10 minutes qu'ils étaient sorti et qu'ils se lamentaient sur l'examen. Natasha avait récupéré, Dieu seul sait comment, un exemplaire du questionnaire. Steve, en le lisant, avait compris environ un mot sur vingt. Alors comprendre le sens des questions, cela relevait du miracle.

- Franchement, je suis déprimée à vie, marmonna Natasha.

Elle sortit son téléphone portable de sa poche et grimaça encore plus.

- Bruce a trouvé ça 'assez difficile'.

- Ouch, assez difficile niveau Bruce, ça veut dire niveau inhumain de cruauté pour une personne avec un intellect' comme le notre.

- Comme le tien Clint, merci de ne pas faire de généralité, la rembarra Natasha.

Steve regarda ses amis se prendre le chou sur l'examen, s'insultant mutuellement alors qu'au final, ils avaient tous été aussi mauvais les uns que les autres. Il regarda du côté du des bâtiments et commença à termina de ranger son repas.

- Bon je vais vous laisser. A plus tout le monde.

Son départ fut à peine remarqué, éclipsé par l'arrivée triomphante de Bruce. Vu son sourire, ça avait du bien se passer.

Xxx

Steve erra dans les couloirs jusqu'à la salle 228. La salle était inoccupée depuis qu'il étudiait ici. En première année, il s'était rendu compte qu'elle n'était jamais utilisée. Il en avait parlé à quelques professeurs, la salle n'était apparemment pas adaptée pour enseigner, trop petite ou quelque chose dans ce gout.

Steve avait atterri à cet endroit complètement par hasard, alors qu'il cherchait un endroit où déjeuner en paix, le midi. A l'université, il n'avait jamais 10 minutes, seul, tranquille, au calme. Entre les cours, les entrainements, le dortoir, il s'était découvert des envies de solitude. Il avait commencé à venir manger dans la salle une fois par semaine, s'attendant toujours à ce qu'elle soit prise au début.

Au fil des semaines, voyant que personne ne venait, il avait décrété que c'était son nouveau lieu et y venait tous les midis.

Ses amis ne lui en tenaient pas rigueur, au contraire, chacun comprenait ce besoin de solitude, ils l'exprimaient juste de façon différente. En passant des heures à courir ou en s'enterrant dans le laboratoire de science.

Steve s'étira et s'installa sur le très large rebord de fenêtre, au fond de la salle. Il y avait laissé deux trois plaids et des oreillers, se faisant un cocon. Un homme de sa corpulence s'y asseyait sans problème. Il se servait du bureau, juste à côté, pour poser ses victuailles.

De là où il était, il avait une vue imprenable sur le parc. C'était vraiment l'endroit parfait pour lui.

Xxx

Natasha fit sauter le bouchon de la bouteille de mousseux bon marché, de la même façon que si ça avait été un champagne hors de prix. Clint, Natasha et Bruce s'étaient réunis dans la chambre de Bucky et Steve, pour fêter les résultats de l'examen, qui étaient tombés rapidement, à peine deux jours après l'épreuve.

- On félicite grandement Monsieur Incroyable Hulk !

- Arrête de m'appeler comme ça, grogna Bruce.

En première année, le professeur de Chimie, Monsieur Strange, avait posé une question sur les éléments périodiques. Un peu stressé quand on l'avait interrogé, Bruce avait jeté un rapide coup d'œil sur son cahier et avait hurlé HULK en se levant, renversant ce qu'il y avait sur son bureau au passage. Il avait ensuite bafouillé en répétant, sans utiliser seulement le diminutif des éléments, à savoir, Hydrogène (H), Uranium (U), Lithium (Li) et le Potassium (K), annoté HULK sur sa feuille, le i se fondant dans le K.

Le surnom lui collait à la peau depuis ce temps, la plupart de ses traitres de camarades s'étant empressé de rapporter la bourde à l'ensemble de l'université... Solidarité quand tu nous tiens.

- En tout cas je te tire mon chapeau, comme quoi, il y a vraiment un cerveau sous cette magnifique chevelure, intervint Clint.

- Oh tais toi et sers moi une coupe.

- Tout ce qu'il vous siéra Monsieur Hulk ! Enfin Incroyable Hulk après cet exploit.

- Tu sais qui sont les autres ? demanda Steve.

- Non, Bruce haussa les épaules. Ce sera la surprise ! En tout cas, j'ai vraiment hâte !

Steve se disait vaguement qu'il devait faire des recherches sur ce type. Tout le monde avait l'air tellement emballé, ça lui ferait un peu de culture personnelle.


Première rencontre

Steve était adossé sur son rebord de fenêtre, observant l'extérieur. Il dessinait les plans de la nouvelle stratégie du coach Wade. Il avait de bonnes idées, mais le coach n'était pas très doué pour expliquer. Steve se chargeait de faire les croquis et de les présenter à ses camarades.

Il mâchouilla le bout de son crayon. Quelques bons joueurs étaient partis cette année, ils n'allaient pas tarder à lancer une vague de recrutement. Il espérait juste que cette année, il y aurait plus de participants. Il n'était pas le seul club à remporter des victoires et restait moins populaire que le tennis ou le baseball. C'était peut-être lié aux nombres de blessés, sensiblement plus élevés…

- Je te dis que je vais m'en sortir enfin !

Steve sursauta et regarda la personne qui venait d'entrer en trombe dans la pièce. Le professeur Stark, vêtu d'un survêtement noir, était pendu à son téléphone.

- Je vais monter un atelier ici, dit-il en tournant sur lui-même. Cette espèce d'enfoiré de Fury m'a gracieusement donné l'autorisation pour le faire.

Le professeur tournait autour de l'immense bureau, face à l'estrade, le téléphone dans une main, une petite caisse à outil dans l'autre.

- Mais bien sur qu'il va m'aider ! Ça paraît évident, c'est tellement mon plus grand pote et il est tellement content de me voir. Il va même me débaucher du personnel pour m'assister, tiens.

Steve regarda le professeur renverser le bureau d'un air rageur, calant le téléphone portable entre son épaule et son oreille.

- Je suis calme Pepper, je suis parfaitement calme.

L'homme avait pourtant l'air très énervé. Steve le voyait démonter le bureau comme il pouvait, râlant toujours au téléphone.

- Non ça sert à rien. Je lui ai déjà demandé, il a répondu un truc du genre 'je ne doute pas que le légendaire Anthony Stark réussira à faire ça tout seul. Vous comprenez qu'en ces temps incertains, nous ne pouvons accueillir des personnes extérieures à l'établissement '.

Le bureau était plus facile à désosser qu'il n'y paraissait. Le professeur l'avait démonté en un tour de main. Il gisait maintenant en plusieurs morceaux sur le sol.

- Non mais je t'assure je m'éclate, vraiment. Je sens que l'année va être longue. Attends une seconde.

Le professeur posa le téléphone et sortit un mètre de sa boite. Il s'approcha d'une des tables d'élèves qu'il mesura vaguement.

- Génial, vraiment génial, marmonna t'il.

Il retourna prendre son téléphone, rangeant le mètre dans sa poche.

- Ouais, donc je te disais… Je te disais quoi déjà ? Quoi ? Non je t'ai pas mis en haut parleur pourquoi ?

L'homme stoppa, ses épaules s'abaissant d'un coup.

- Ouais bah excuse moi d'être débile, ça m'arrive aussi parfois. Maintenant si tu veux bien m'excuser, j'ai des allers retours à faire.

Le professeur s'apprêtait visiblement à raccrocher, saisissant d'une main le plateau du bureau.

- Ouais c'est ça, tu sais ce qu'ils te disent mes muscles ? Dit-il avant de raccrocher.

Le professeur lâcha un long soupir avant de ranger son téléphone dans sa poche, il finit par trainer, aussi dignement qu'il le pouvait, le bout de bureau derrière lui et sortit de la salle. Steve n'avait pas bougé, observant la scène de son coin. Il attendit que la porte soit fermée avant de laisser sortir un petit rire.

Tout le monde lui décrivait l'homme comme étant un génie hors du commun, il se l'était imaginé comme étant quelqu'un de calme et sur de lui. De ce que venait de voir Steve, il semblait plutôt normal.

Xxx

Steve et son groupe profitaient de la fin d'après-midi ensoleillée pour s'avachir sur une des tables du parc.

- On vient à peine de commencer l'année que j'ai déjà hâte de partir, marmonna Natasha.

- Tu m'étonnes, c'est pas tout le monde qui peut se vanter d'avoir été démarché par le FBI, ricana Clint.

- Arrête d'être jaloux, t'avais qu'à faire des arts martiaux au lieu de t'inscrire dans le club de tir à l'arc. Ils seraient peut-être venus te voir aussi, se moqua la rousse.

Natasha Romanoff était le genre de femme qui savait tout faire. Danseuse classique avérée, athlète hors pair, maitrisant plusieurs arts martiaux, intelligente, altruiste et, pour parfaire le tableau, très belle. Les recruteurs se bousculaient à sa porte. Clint quant à lui maitrisait le tir à l'arc avec une telle aisance qu'il atteignait sa cible de n'importe où.

- De toute façon, je vais monter ma propre boite. Je vous rigolerai au nez pendant que vous trimerez.

Clint imaginait des flèches de tout type. Il commençait à avoir un panel assez intéressant et nul ne doutait qu'il arriverait à les développer. Il espérait attirer l'œil sur son travail et peut-être s'imposer d'une façon ou d'une autre dans les métiers de la sécurité, son véritable objectif.

- Parlant de trimer, reprit Bruce. Je vais devoir y aller, j'ai mon premier cours supplémentaire qui va commencer.

- A cette heure-ci, demanda Steve en regardant sa montre.

- Ouais. Forcément avec les emplois du temps de chacun, les seuls créneaux disponibles, c'est de 18 heures à 20 heures.

- Ouch dur, dit Bucky, compatissant. Combien de fois par semaine ?

- On sait pas encore, premier cours j'ai dit, ça va être la surprise.

Bruce attrapa son sac à dos et se réajusta, voulant être présentable lorsqu'il arriverait. Il était conscient que c'était aussi une opportunité de se faire remarquer par l'un des plus brillants esprits de ce siècle. Il ne voulait rien laisser au hasard.

Steve l'observa, se rappelant les habits débraillés et l'attitude blasée du professeur. Il était sur que ça allait bien se passer, il ne devait pas être si horrible que ça.


2 ème rencontre

- C'était horrible, s'exclama Bruce.

Il avait lancé son plateau contenant son petit-déjeuner à coté de Bucky.

- Hey calmos mon pote.

Il se jeta ensuite sur la chaise, attrapant rageusement une serviette en papier.

- Te plains pas, il a été comme ça toute la soirée, dit Clint. Et je peux te dire que c'était très TRÈS long.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Steve était plutôt étonné, Bruce était pourtant du genre solide. Il ne s'énervait que très rarement et pourtant, là, il semblait prêt à renverser la table et à casser une chaise par dessus.

- Après nous avoir fait comprendre qu'on était juste les plus 'passables' de cette école, il nous a posé je ne sais combien de questions. A chaque question, il nous faisait agréablement comprendre qu'on était tous des cons finis, indigne de regarder ses baskets

- Une super soirée donc.

- Natasha ton empathie me touche à un point, tu n'imagines même pas, ironisa Bruce. Bref, pendant deux heures, on a limite subi un interrogatoire. Plus les remarques nous comparant à différentes races de mollusques ou de gastéropodes…

- Des huitres, énuméra Clint, des bulots, des moules…

- Je peux te dire, continua Bruce sans prêter attention à l'interruption, que le cours de ce soir va être zappé par quelques personnes.

Le blond remua ses œufs avec sa cuillère. Il était un peu déçu, le professeur Stark lui avait pourtant fait une bonne première impression.

- Et du coup, tu y retournes ? demanda Steve.

- Tu as entendu ce que j'ai dit ? Bien sur que j'y retourne.

La tablée sembla légèrement étonnée, ne comprenant pas ce revirement de situation.

- La plupart vont lâcher l'affaire. 'À survécu à la classe spéciale de Tony Stark', ça fera encore mieux sur mon CV et j'ai encore plus de chances de me faire repérer. Bien sur que j'y retourne.

Steve leva les yeux au ciel. Bruce savait décidément tirer le meilleur de toutes les situations.

- Et dans le tas, tu as d'autres héros qui vont te suivre ?

- Peut-être Peter Parker. Une tronche de première année. Il avait limite l'air de s'amuser ce fou.

Xxx

Steve resta un instant bloqué dans l'embrasure de la salle 228. La plupart des tables des élèves avaient disparus et du matériel avait été jeté en vrac à l'intérieur. Il s'approcha doucement des différents équipements, ayant peur de casser quelque chose. Il n'y connaissait rien mais ça avait l'air onéreux, il préféra ne pas y toucher. Il se demanda vaguement si c'était bien prudent de laisser tout ça sans surveillance et sans verrouiller la porte.

Il se détourna finalement et alla s'installer sur son rebord de fenêtre. Il avait son premier entrainement ce soir, il fallait qu'il s'active pour finir les croquis des formations. Une fois que l'année commencerait vraiment, dans une semaine environ, il allait se retrouver noyé sous les devoirs. Autant prendre de l'avance dès maintenant.

Une dizaine de minutes après qu'il soit arrivé, la porte s'ouvrit sur le professeur Stark, toujours en survêtement. Il portait un énorme carton, qui lui arrivait au dessus des yeux. Steve se demandait comment il avait même réussi à ouvrir la porte. Il déposa son fardeau doucement sur le sol et se massa le dos.

- Bientôt fini, c'est bientôt fini Tony.

Le professeur semblait essayer de se convaincre lui même. Pourtant, vu le chantier dans la pièce, rien que pour tout déballer et installer, ça allait surement prendre un temps fou. Pendant environ une heure, il continua son manège, amenant toujours plus de cartons et ne semblant toujours pas remarquer la présence de Steve.

Steve, lui, ne savait pas s'il devait se manifester, aux risques de se faire dégager manu militari ou l'aider, aux risques de se faire aussi dégager. Il avait décidé de continuer son travail et d'attendre d'être confronté au problème. Il savait que bientôt, il ne pourrait plus venir ici. Ça l'attristait un peu, il aimait vraiment bien cet endroit.

Xxx

Le coach Wade, regarda l'ensemble des dessins posés devant lui. Il discutait avec Steve et rectifiait deux trois petites choses. Certaines idées ne semblaient plus si bien maintenant que c'était couché sur papier. Ca semblait moins réalisable que prévu.

- Bon, je pense qu'en modifiant la formation ici, là et là, dit Wade en pointant plusieurs croquis, ça devrait être plus réalisable.

- Je pense aussi, approuva Steve. Par contre nous allons être juste en terme de joueurs. Vous comptez ouvrir les sélections quand ?

- D'ici deux à trois semaines. Je l'aurais bien fait avant mais le Furieux considère que les premières semaines sont les plus importantes. Il ne veut pas 'troubler' les pauvres petites biches égarées de première année. Comme s'ils étaient trop cons pour faire du sport ET étudier.

Steve roula ses papiers et les fourra dans son sac. Il les rectifierait pour le prochain entrainement, histoire que les anciens soient rodés pour l'arrivée des nouveaux.

- D'ailleurs t'as pas un de tes supers potes qui veulent rejoindre l'équipe ? Si tu rameutes Natasha, je suis sure que sa plastique…

- Coach !

- Je suis sur que ses capacités motiveront les inscriptions.

Le blond observa son coach et grimaça face à son air lubrique.

- Et aussi Clint tiens, faut faire plaisir à une gamme plus large de sexua...

- COACH ! s'agaça Steve.

- Okay, okay, j'arrête Monsieur prude. T'es vraiment impressionnable quand tu t'y mets. Ho d'ailleurs, en parlant de ça…

Steva s'arrêta devant la porte des vestiaires. Il voulait juste se changer et se défouler sur le terrain.

- Il paraît que Hulk bosse avec Stark ?

- Ne l'appelez pas comme ça, marmonna Steve.

- Hey dans ma bouche c'est un compliment, je suis sur qu'il plaquerait à merveille en plus !

- Oui, Bruce travaille avec le professeur Stark.

- Ho punaise, ce mec est mon idole, tu sais qu'il est sorti avec un paquet de... Wade semblait chercher ses mots, un paquet de femme du showbiz ! Je l'ai lu dans people magazine.

Pour prouver ses dires, il attrapa un sac rose orné d'une licorne – vraiment ce mec était taré – et en sortit un exemplaire qu'il feuilleta.

- Bon, il est trop récent celui-là, mais si tu pouvais m'obtenir une dédicace je t'en serai éternellement reconnaissant. Un playboy de cette envergure, que dis-je un Monsieur aussi distingué ! Ce sera le trophée de ma collection !

Traduction, je ne ferais pas de ta vie un enfer si tu m'obtiens ce que je veux.

- Je ne vous promets rien…

De toute façon le coach était du genre tête en l'air, d'ici une semaine, c'était sur qu'il aurait déjà oublié. Heureusement d'ailleurs.

- Bien sur, bien sur. Maintenant va te changer, je vais vous faire pleurer du sang sur le terrain.


3 ème rencontre

La plupart du temps, l'école était relativement vide les premiers week-ends. Les externes revenaient rarement, sauf pour aller à la bibliothèque et les internes rentraient chez eux. S'ils habitaient trop loin, ils avaient généralement un petit pied à terre, gracieusement payé par les parents. Un genre de chantage du style, tu bosses la semaine et le week end, tu es autorisé à décompresser. Ça marchait les premiers mois. Après, ça dépendait des résultats…

Steve n'avait pas ce problème, rester à l'école lui convenait. De toute façon, ce n'est pas comme s'il avait encore de la famille qui l'attendait. Il était orphelin depuis l'âge de 9 ans. Quant aux autres, Bucky avait de nombreux rendez-vous à l'hôpital pour sa maladie, Natasha était toujours prise pour une compétition quelconque et Bruce s'enfermait dans le laboratoire de chimie. Clint et lui trainaient un peu ensemble mais s'occupaient aussi chacun de leur coté.

Alors qu'il traversait les couloirs pour récupérer un cahier, oublié dans son casier, il fut dépassé par… par il ne savait pas trop quoi en fait. Ça ressemblait à une grosse boite métallique surmontée d'une pince. A la manière du petit poucet, elle perdait des petites gouttes d'huile sur son chemin.

La boite fila à toute vitesse avant de s'engager dans le premier croisement. Environ 15 secondes après, ce fut le professeur Stark, couvert de crasses, le survêtement plein de trous, qui passa en courant et en hurlant suivant le même chemin.

Il repensa à son coach qui le décrivait comme un playboy et se demanda vaguement s'il n'y avait pas erreur sur la personne.


4 ème rencontre

Lorsque Steve entra dans la salle 228, il crut d'abord avoir fait une erreur. Il y avait maintenant des écrans partout et du matériel électronique trainait à droite à gauche. Il sortit et observa la porte. Le numéro avait été enlevé mais la trace des chiffres était encore visible.

Il posa son sac à dos au sol, près de l'entrée et fit un tour des lieux, se disant que l'installation avait été rapide, à peine quelques jours. Il reconnut, dans un coin de la pièce, la boite en métal qui avait filé dans les couloirs. Il tourna un peu autour et tendit la main vers la machine, qui semblait en veille.

- Si je puis me permettre, Monsieur, je vous déconseille de toucher à cela.

Steve sursauta et regarda autour de lui. Il n'avait pourtant vu personne et il était sur qu'il n'avait pas entendu la porte s'ouvrir. Un écran s'alluma, une fréquence apparaissant à l'écran, bougeant au rythme des .

- Pardonnez-moi Monsieur je ne voulais pas vous effrayer. Monsieur Stark m'a chargé de veiller sur ses affaires en son absence. De plus, DUM-E est légèrement défectueux.

- Euh d'accord.

- Monsieur Stark devrait arriver rapidement, il m'avait demandé de le prévenir quand vous arriveriez.

Il n'eut pas le temps de demander comment diable son arrivée aurait pu être prévue dans une salle de classe vide depuis plusieurs années, que le professeur arriva dans la salle.

Steve se déplaça devant lui, ne sachant pas très bien quelle attitude adopter. Le professeur, malgré qu'il ait été prévenu, semblait lui aussi un peu surpris.

- Euh bonjour ? se décida le blond.

- Vous êtes ? répliqua le professeur.

Okay. Pas bonjour donc.

- Steve Rogers, professeur Stark. Je suis en dernière année de droit.

- C'est vous qui squattez le rebord de fenêtre ? demanda le professeur après un instant de silence.

Steve blanchit légèrement à la remarque.

- Oui, c'est moi, je viens ici pour déjeuner le midi.

Le professeur hocha la tête et lui passa devant s'installant devant le nouveau bureau, ressemblant à une tablette géante montée sur pieds.

- C'est mon nouveau bureau maintenant, reprit-il en pointant du pouce le reste de la salle.

- Oui, oui bien sur, dit Steve en ramassant son sac. Bonne journée professeur.

- Hein ? Hey ! Non, non, attendez Rogers !

Steve avait déjà une main sur la poignée, prêt à partir.

- Ce que je veux dire, c'est que je vais bosser ici maintenant. Ça ne sera pas aussi calme qu'avant.

- Je ne comprends pas professeur ?

- J'ai bien vu que vous aviez l'air d'avoir vos petites habitudes ici, marmonna le brun. Je ne vais pas vous virer comme ça, juste je préfère vous prévenir que je risque de faire du bruit en travaillant.

Il n'était pas sur de bien comprendre, est-ce que celui qu'on décrivait comme un tortionnaire lui proposait de partager son bureau ?

- Comment avez-vous su ?

- Su quoi ?

- Que quelqu'un venait.

- En vidant la pièce, j'ai trouvé votre nid au fond, ricana le professeur. Et il y avait un morceau de poulet qui avait l'air aussi infâme que celui servi vendredi à la cantine.

Le professeur haussa les épaules.

- Je me suis dit que quelqu'un devait venir par là. Je voulais juste trouver qui c'était avant de poser une serrure.

- Et ça ne vous dérange pas ? demanda Steve méfiant.

- Moi ça ne change rien, je suis particulièrement doué pour ignorer les autres, surtout quand je travaille. J'ai besoin de votre réponse maintenant, par contre.

- Euh Okay ?

- Parfait, Jarvis, enregistre Monsieur Rogers dans la liste verte, je vais aller bricoler la porte.

- Bien, monsieur Stark. Monsieur Rogers, soyez le bienvenu.

Il venait de se faire souhaiter la bienvenue dans une salle de classe par un écran. Le professeur, lui, était en train de dégonder la porte en sifflotant.

Il avait la désagréable impression d'avoir raté un épisode.

Xxx

- Ho Steve, tu rêves ?

Bucky venait de lui agiter une canette de soda devant la tête. Steve reporta son attention sur son ami, qui était assis à côté de lui.

- Quoi ?

- Je te demandais, recommença Bruce, si tu savais quand les sélections allaient commencer pour ton club ?

Steve le regarda en haussant un sourcil. Bruce s'entretenait physiquement mais il détestait les sports se jouant à plusieurs. Il préférait ne s'en prendre qu'à lui-même s'il échouait.

- Tu t'intéresses au foot toi ?

- Mais en fait, t'écoutes rien depuis tout à l'heure, rigola Bucky. C'est pas pour lui c'est pour un gars de sa classe. Il a envie de rejoindre l'équipe, je crois qu'il est un peu fan de toi d'ailleurs.

- Je me disais aussi. Le coach a dit vers la fin du mois de septembre. Il ressemble à quoi ?

- À une crevette qui va se faire rouler dessus, répondit Bruce.

- Le physique n'est pas si important, il peut aussi courir vite, c'est utile. Il peut aussi faire le tour des clubs avant de se décider.

- Non, je te dis, il a vu tes exploits pendant les matchs, il veut absolument rejoindre l'équipe. Laisse le au moins passer les sélections.

- C'est qui ? Vous êtes loin d'être des fanas de sport dans ta classe de geek, demanda Natasha.

- Ha non mais de la classe spéciale, reprit Bruce.

Le blond se redressa un peu. Un élève du professeur Stark qui l'admirait lui ? Il trouvait ça peu probable.

- Et ça ira les cours et les entrainements en plus ?

Bruce lâcha un rire sans joie.

- Mais bien sur Steve, le prof a dit que c'était faisable et que sur 7 jours comptant 24 heures, il trouverait bien un créneau… Je sens que les semaines vont être longue.

Oit moins d'un mois après la rentrée, chaque élève avait son opinion concernant le professeur Stark. Bruce disait 'connard', Clint disait 'génial', Natasha disait 'intelligent' et Bucky disait 'milliardaire sexy'.

Steve lui, ne savait pas trop, il attendait pour se faire une opinion.

Tttt

5 ème rencontre

Steve était devant la porte 228, qui n'avait pas beaucoup changée depuis la veille. Il pouvait voir ici et là des petites modifications, qu'il remarquait surtout parce qu'il venait depuis longtemps. Maintenant il se demandait si c'était une bonne idée de rentrer. Il souleva son sac contenant son déjeuner, il commençait à avoir faim et avait un peu la flemme de chercher un autre endroit.

- Bonjour Monsieur Rogers.

Le blond fit un bond en arrière. Il n'était décidément pas habitué à voir des objets inanimés se mettre à parler.

- Bonjour, euh Jarvis ?

- C'est exact Monsieur Rogers. La porte n'est pas verrouillée pour vous, nul besoin de rester devant pour qu'on vous ouvre.

- Oui, d'accord, merci.

Bon sang, il se sentait ridicule de discuter ainsi, avec une porte. Il se décida finalement à entrer.

- Bonjour, professeur Stark

Le professeur était assis au milieu de ce qui semblait être une poubelle éparpillée au sol. Steve avait vu ça une fois, à la déchetterie, quand, suite à une mauvaise manipulation, un container s'était vidé par terre.

- Bonjour Monsieur Rogers.

Steve ne savait pas quoi faire. Devait-il ignorer complétement le professeur ? Ce n'était quand même pas très poli et ça le gênait un peu. Il pouvait peut-être lui proposer de l'aide ? Enfin, il n'y connaissait rien dans tous les cas, il serait une gêne plus qu'autre chose.

- Monsieur Rogers, je vous ai dit que vous n'aviez pas besoin de faire attention à moi. Déclara le professeur sans lever les yeux de l'ordinateur portable sur lequel il tapait frénétiquement. Faites comme d'habitude.

Steve hocha la tête et se dirigea vers le rebord de fenêtre. Il constata que rien n'avait été déplacé, pas même la petite table, seule survivante du déménagement. Il posa son sac en papier dessus et observa le morceau de poulet qui l'avait trahi, présent sur l'un des plaids.

Il s'installa, observant le professeur, qui avait mis des écouteurs dans ses oreilles. Steve sortit son cahier de croquis se disant que c'était vraiment un personnage étrange.


17 ème rencontre.

Steve s'endormait littéralement sur la table de la bibliothèque. Bruce lui mettait des petits coups pour le réveiller.

- Tu veux pas aller dans ta chambre ? ça t'évitera de baver sur les tables de la bibliothèque.

- Je bave pas, grogna Steve. Je dois finir cet exercice pour demain, j'ai cours avec Loki.

Un professeur qui portait bien son nom tant il pouvait se montrer vicieux dans les punitions. Sans parler des devoirs truffés de pièges. En bref, un vrai cadeau pour les étudiants.

- Va dans ta chambre, insista Bruce en regardant sa montre. Je dois me rendre à mon cours avec Stark.

- Non, je dois finir je te dis.

- Je veux dire, va dans ta chambre histoire que Bucky te maintienne éveillé, parce qu'à ce rythme, à la seconde où je pars, tu t'endors directement.

Steve réfléchit un instant. C'est vrai qu'il avait du mal à garder les yeux ouverts en ce moment.

- Ok t'as raison, s'inclina le blond. Je t'accompagne à ta salle avant ?

- Pas de refus.

Ils marchèrent en silence dans les couloirs pratiquement vide de l'université. Quatre ou cinq élèves attendaient tranquillement devant l'atelier des ingénieurs, au 1er étage.

- Le professeur est en retard, dit un jeune homme brun que Steve ne connaissait pas.

- Ok, répondit Bruce en s'adossant sur le mur.

Steve lâcha un long bâillement, prenant place à ses côtés.

- Mais tu dors pas la nuit ou quoi ? Je t'ai rarement vu aussi fatigué.

- Non c'est rien, dit Steve en se frottant les yeux. En ce moment je dors mal la nuit et le midi j'arrive pas à me reposer.

Il n'était pas un gros dormeur, mais entre le sport, les cours et les révisions, il avait besoin de repos. Il compensait généralement ses mauvaises nuits par des siestes le midi, qui l'aidait à tenir jusqu'au soir. Mais le professeur faisait un tel boucan en bricolant que même avec des boules quiès, il n'arrivait pas à dormir.

- Ha bon ? C'est bizarre ça, tu n'avais pas de problèmes avant.

Steve haussa les épaules. Il n'avait pas parlé du fait qu'il partageait le bureau du professeur. Vu sa notoriété et la porte, sans plaque à son nom, il se disait que ça devait rester secret.

- Bref, je te laisse. A plus tard.

Bucky passa la soirée à lui donner des coups de coude pour le maintenir éveiller. Il fallait vraiment qu'il fasse quelque chose.

Xxx

- Monsieur Rogers !

Steve s'arrêta d'un coup. D'habitude, lorsqu'il entrait dans la salle, le professeur, qui avait ses écouteurs, et lui se saluaient d'un signe de tête. Ils faisaient ensuite leur vie chacun de leur côté.

- Professeur Stark ?

Le professeur, à son entrée, s'était levé d'un bond, essuyant ses mains sales sur son bas de survêtement.

- Vous tombez bien, Monsieur Rogers. J'ai besoin d'un service.

- Je vous écoute, demanda Steve en fronçant les sourcils.

Il le vit fouiller un peu partout et sortir une boite noir, qu'il lui tendit.

- Tenez.

Steve regarda successivement la boite et l'homme, qui gardait un air impassible sur le visage. Il finit par la saisir attendant la suite des instructions.

- Ouvrez-là, s'impatienta le professeur.

Il s'exécuta, découvrant à l'intérieur un casque audio.

- C'est un prototype que j'ai créé, expliqua le professeur. J'ai besoin de quelqu'un pour le tester. Il a une carte mémoire intégrée qui lui permet de stocker de la musique, fonctionne en bluetooth, réduction du bruit, rechargeable…

Steve le sortit de la boite, l'appareil était plus léger qu'il ne le pensait. Il le tourna dans tous les sens, observant les différents boutons, continuant à écouter les explications.

- Et vous voulez que je m'en serve ? c'est tout ?

- Oui voilà, le produit s'adresse à des personnes dans votre tranche d'âge. Gardez-le et dites moi ce que vous en pensez. Tout avis est bon à prendre.

- Vous avez une notice ?

Le professeur parut choqué de la question.

- Enfin Monsieur Rogers, si vous ne parvenez pas à l'utiliser un minimum sans la notice, ça ne sert à rien que je le vende. Les gens ne la lisent que quand la fonction wifi ou bluetooth déconne.

Sur ces paroles il retourna à ses travaux, clôturant ainsi la conversation. Steve soupira, sentant le mal de tête poindre. Il allait vraiment devoir trouver un autre endroit, il n'allait pas tenir l'année comme ça.

Il s'installa et observa le casque de plus près. Au final, ça ne semblait pas vraiment compliqué. Les symboles étaient clairs et bien répartis. Le seul hic c'est qu'il n'y avait pas d'écran pour savoir ce qui défilait comme sur un lecteur classique.

Il le plaça sur ses oreilles activant le son. Il fut plutôt surpris d'entendre que c'était de la musique jazz des années 60 qui était intégrée. Il éteignit le son et leva son regard vers le professeur. Il fronça un peu les sourcils. Il le voyait travailler mais n'entendait pas les bruits habituels. Il souleva un écouteur, qu'il replaça immédiatement.

Réduction de bruit hein ? Ça fonctionnait rudement bien son truc.

xxx

20 ème rencontre

Steve sortit son ordinateur portable de son sac à dos. C'était une véritable antiquité, qu'il avait récupérée de Bucky. Ça suffisait largement à Steve pour faire du traitement de texte mais il galérait pour les recherches internet.

Il se contentait de chercher les informations dans les livres, il avait tout de même de bons résultats, c'est juste qu'il mettait plus de temps que les autres.

- Monsieur Rogers ?

- Oui professeur Stark ?

Steve leva les yeux de son livre, se demandant ce que le professeur lui voulait. Il était debout, face à lui, un air désolé sur le visage.

- Votre…ordinateur – le professeur grimaça à ce mot – j'ai l'impression qu'il est en train de rendre l'âme.

Steve fronça les sourcils à la remarque et regarda son ordinateur. Tout lui paraissait normal pourtant.

- Non professeur, il est juste lent à s'allumer.

- Non, mais…

Le professeur fit le tour et prit place devant la machine. Il le souleva et l'inspecta sous toutes les coutures.

- Vous voulez dire que ça là, c'est son état habituel.

- Oui, confirma Steve.

La main du professeur s'abattit sur son épaule, lui serrant doucement.

- Monsieur Rogers, je pense que cet ordinateur à besoin de quelques réparations. Si vous voulez je peux y jeter un œil.

- Je ne voudrais pas vous déranger.

La poigne sur son épaule s'intensifia. Steve regarda la main puis le professeur, qui avait un air déterminé sur le visage.

- Laissez-moi faire, ça ne sera pas long.

Steve avait finalement accepté. S'il pouvait gagner du temps rien qu'à l'allumage c'était déjà ça de gagné.

Le professeur lui rendit à la fin de la pause déjeuner. L'ordinateur ne ressemblait en rien à celui qu'il lui avait laissé.

- Ce n'est pas le même ordinateur, s'étonna Steve. Ce n'est même pas la même couleur.

- Bien sur que si. J'ai juste changé le boitier, l'écran, le processeur, la carte mère, la carte son, la…

Steve était déjà perdu. Il le posa sur un coin de bureau et alluma la bête. L'écran d'accueil s'afficha presque instantanément.

- Whaou. Et bien merci professeur.

- Vu l'antiquité, c'était presque un devoir de ma part Monsieur Rogers. Passez une bonne journée.

Le blond saisit son appareil et le rangea dans sa housse. Il sentit le regard du professeur sur lui. Pourtant, lorsque Steve releva les yeux, celui-ci se détourna, faisant mine de travailler.

Cet homme était décidément étrange.

Xxx

25ème rencontre.

Lorsque Steve trouva une boite contenant une montre connectée sur son rebord de fenêtre, il se tourna instinctivement vers le professeur. Ça ne pouvait provenir que de lui de toute façon, personne d'autre n'entrait ici.

- Professeur ?

Le professeur Stark était de dos, en train de bricoler, ses écouteurs sur les oreilles. Il lui tapota doucement le dos.

- Oui ?

- Merci pour la montre. Mais je ne comprends pas très bien, pourquoi me la donnez-vous ?

- C'est pour aller avec le casque. Vous m'avez dit que ce serait mieux avec un écran pour voir défiler les titres. J'ai pensé que ce serait une bonne solution.

Steve fronça les sourcils, c'était quand même étrange que le professeur soit aussi généreux. Bruce ne l'avait pas du tout décrit comme ça et il le voyait souvent. Il observa autour de lui, s'attardant sur le désordre environnant.

Après tout, c'est vrai que le professeur bricolait tout et n'importe quoi. Il ne voulait probablement que son avis sur ses inventions.

- Vous avez l'air de beaucoup aimer bricoler professeur.

Steve recula d'un pas devant le regard que lui lança son ainé. Pas un regard mauvais non, loin de là même. Mais Steve était incapable de dire ce que ça pouvait signifier.

- Oui, j'aime beaucoup ça.

xxx

- Steve, j'ai une heure de battement, tu viens avec moi à la bibliothèque ?

Bruce était arrivé derrière lui et avait tapé son épaule. Steve devait récupérer des livres, ça tombait plutôt bien.

- Ouais, je dois justement prendre des bouquins. Je te suis. Par contre je ne reste pas, je reprends les cours dans 10 minutes.

- Okay.

Ils discutèrent tranquillement sur le trajet. Bruce expliquant à Steve qu'il s'était enfin décidé à inviter Natasha à sortir. Le capitaine était réellement content pour eux deux, il avait eu peur qu'ils se ratent, c'était un soulagement.

- Ho merde, dit Bruce arrivé à la bibliothèque.

Bruce se tapa le front et balança son sac au sol. Il le fouilla avec frénésie, éparpillant le contenu dans le couloir.

- Merde, merde, merde.

- Quoi ?

- J'ai zappé mes écouteurs. Haaa j'ai la flemme de me refaire tout le trajet.

- Je te prête mon casque si tu veux ?

- Ouais ce sera toujours mieux que rien, marmonna Bruce.

Steve comprenait la réaction de Bruce, c'est vrai qu'il n'avait pas forcément toujours eu ce qu'il y avait de mieux en matière de technologie. Mais pour une fois, il était sur que son ami ne trouverait rien à redire. Il sortit le casque offert par Tony et le tendit à Bruce.

- Tiens, je pense que ça fera l'affaire.

Bruce l'attrapa, un peu surpris et observa l'appareil sous toutes les coutures.

- Steve, où est-ce que tu as eu ça ?

- C'est un cadeau.

Intelligence était le mot qui décrivait au mieux Bruce. Steve n'avait jamais sorti un des cadeaux de Tony devant lui. L'occasion ne s'était jamais vraiment présentée.

- Il y a le logo de la Stark industrie sur le coté ?

- Et alors ?

- Steve. Stark industrie conçoit mais ne commercialise pas ce type d'appareil. C'est exploité par d'autres marques. Ce que tu as là, dit-il en agitant le caque, c'est tout simplement impossible.

Steve cacha son poignet gauche, où la montre était accrochée. Il allait peut-être devoir camoufler le logo sur son ordinateur portable, au cas où.


Les sélections allaient bientôt commencer, le coach Wade était visiblement excité à l'idée que des petits nouveaux intègrent son équipe. Il se frottait les mains et essayait d'avoir l'air le plus présentable possible. Enfin, aussi présentable qu'on pouvait l'être dans son costume hello kitty

- Qu'est-ce que t'en penses Steve ? Je fais moins peur comme ça ?

Le coach Wade était couvert de cicatrices de brûlure. Lors d'un incendie ayant eu lieu des années auparavant à l'université, il avait sauvé plusieurs élèves des flammes. Il en était ressorti marqué à vie. Sa femme l'avait ensuite quitté à cause de son apparence et des crises nocturnes. Enfin c'était les bruits de couloir, personne ne savait exactement ce qu'il s'était passé entre eux.

Pour effrayer le moins possible les nouvelles recrues – il y avait des antécédents d'évanouissement – il faisait toujours une première apparition en mode 'mascotte'.

- J'espère qu'il y aura de la jeune chaire fraiche cette année huhuhu.

C'était surement à cause de son exploit que la direction passait l'éponge sur son comportement un peu limite…

Steve soupira et approcha du terrain. Ils étaient une vingtaine de postulants tous en rang d'oignons, attendant qu'on leur dise quoi faire.

- Bonsoir à tous. Je suis Steve Rogers, le capitaine de l'équipe.

- Je suis Wade Wilson, le coach de l'équipe !

Des gloussements s'élevèrent à la présentation d'Hello Kitty.

- Avant tout, je vous remercie d'être venu. Nous allons commencer par un test écrit, qui nous permettra un peu de cerner un peu votre personnalité.

Le coach agita des feuilles qu'il distribua en sautillant. Steve le suivait de près et le bousculait un peu quand il commençait à vouloir lancer des remarques. Ça aurait été dommage que les nouveaux prennent leurs jambes à leur cou à peine arrivé.

- Une fois le questionnaire terminé nous commencerons la partie physique des sélections.

- Oui et par physique on veut dire …

- Des questions ? coupa Steve. Bien commencez.

Xxx

A la fin des sélections, Steve était plutôt satisfait. Cinq joueurs s'étaient particulièrement démarqués et iraient certainement facilement dans l'équipe titulaire. Les autres n'étaient pas mauvais, loin de là, mais il allait falloir faire des choix.

- Parfait ! Les résultats seront affichés rapidement. A l'issue, n'hésitez pas à venir me voir dans mon bureau pour me poser des questions. Vous serez accueillis avec le pluuuuus grand soin.

- Merci à tous et bonne soirée.

Les joueurs rangèrent leur matériel lentement, épuisés. Steve discuta quelques instants avec le coach. Il fallait qu'ils se calent un rendez-vous avec l'équipe pour discuter des tests.

- Yes, ça me va. On va bouffer ?

- Non merci.

Le coach pouffa, faisant trembler la tête de mascotte.

- Tu suis toujours ton régime ?

- Bien sur, dit Steve en haussant les épaules. Je vous rappelle que ma bourse dépend autant de mes résultats scolaires que de mes performances sportives.

- Ouais bah avec le cuistot que vous vous tapez c'est peine perdu. Alors un peu plus un peu moins…

- Je préfère éviter, merci quand même coach. On se voit bientôt. Je prends les questionnaires, je regarderai ça dans la semaine.

- Ok bonne soirée. Alors mes mignons, pas trop fatigués d'avoir transpirer comme…

Steve n'écouta pas la suite. Il ne voulait pas être obligé de témoigner contre son coach si encore une fois il allait trop loin. Il valait mieux que les nouveaux commencent à s'habituer à son humour merdique.

Xxx

29 ème rencontre

Steve fronça les sourcils, essayant sans succès d'ouvrir la porte du bureau. D'habitude ce n'était pas fermé, même quand le professeur n'était pas là. Il força un peu sur la poignée et tenta de pousser la porte avec son épaule…

Qui s'ouvrit d'un coup.

- HAAAAAAAAAAAAAAAAAAA.

Steve bascula en avant, se raccrochant au professeur sur lequel il tomba, s'étalant de tout son long sur lui.

Steve se releva à l'aide de ses bras et baissa les yeux sur le corps étendu sous le sien. Le professeur se frottait l'arrière du crane qui avait probablement heurté le sol dans la chute.

- Je suis désolé professeur ! je ne sais pas ce qu'il s'est passé ! Montrez-moi votre tête !

Steve avait l'habitude des blessures à la tête. Les joueurs en avaient souvent au football. Il se mit en position assise et aida le professeur à prendre une position similaire. Il se décala légèrement sur le côté et attrapa la main du brun, qui l'empêchait de voir les dégâts. De son autre main, il écarta les cheveux cherchant l'éventuelle plaie. Après quelques instants, il soupira soulagé.

- Je pense que ça va aller, à part une bosse, il ne devrait pas y avoir grand chose.

- Ho, euh merci Monsieur Rogers… Pourriez-vous ?

Steve ne comprit pas immédiatement ce que voulait dire le professeur. Il se rendit ensuite compte qu'il chevauchait littéralement l'homme et qu'il lui tenait encore la main. Sans compter qu'il avait pratiquement le nez dans ses cheveux. Si la situation était étrange, les rougeurs du professeur l'étaient encore plus, il n'y avait vraiment pas de quoi être gêné.

- Oui bien sur, dit Steve en se redressant et en le lâchant. On a l'habitude de ce genre de chose au football. J'ai un peu réagi par instinct.

- Il n'y a pas de mal Monsieur Rogers.

Le professeur attrapa la main que lui tendait son élève pour se relever.

- Vous voulez que je vous emmène à l'infirmerie ?

- Non, ça va aller. Je n'ai pas votre expérience mais je pense que je devrais survivre.

Le clin d'œil lancé par le professeur surprit Steve. Il n'était pas aussi…bavard d'habitude. Ni aussi amical. En fait d'habitude il était juste froid et distant.

- Par contre, je suis désolé, continua le professeur en ramassant un sac au sol. Je crois que votre repas est fichu.

Steve ferma les yeux se rappelant l'avoir lâcher sous le coup de la surprise. Il repensa à son sac à dos, qu'il portait à la main et pria un instant pour que son ordinateur et le casque fournis par le professeur soient indemnes.

Il l'ouvrit précipitamment, il n'avait définitivement pas les moyens de racheter un ordinateur neuf et encore moins de rembourser un prototype qui n'était même pas censé exister.

- C'est cassé ?

- J'ai l'impression que non, dit Steve, soulagé. Je me demande comment ma boite a pu se casser, c'est censé être solide pourtant.

- Vous savez ces trucs-là…

Steve grimaça et regarda sa montre. La cantine était encore ouverte, il pouvait peut-être négocier un second passage. Le serveur l'aimait plutôt bien.

- Il se trouve, reprit le professeur, coupant Steve dans ses réflexions, que je ramène toujours trop pour le déjeuner. Si vous voulez, on peut partager.

Le professeur avait lâché sa bombe, comme ça l'air de rien, en tapotant sur l'écran tactile de son bureau. La rougeur s'étalant sur ses joues, contrastant avec son air sérieux, convainquit Steve qu'il avait bien entendu.

Il regarda de nouveau l'heure. Ça lui évitait un aller-retour et il voulait plancher sur les questionnaires des nouvelles recrues.

- Je veux bien merci, je vous rembourserai.

- Non, vraiment pas besoin.

Le brun chercha frénétiquement dans son sac et en sortit plusieurs boites en verre, contenant divers denrées. Il transvasa ici et là plusieurs aliments et finit par lui tendre ce qui serait son repas.

- Bon appétit.

Steve se sentait un peu mal face à cette réaction. Il ne s'y attendait pas vraiment.

- Vous voulez qu'on mange ensemble ?

- Non merci Monsieur Rogers, je dois encore travailler.

Et il retourna à ses calculs, sans plus s'occuper de Steve, qui repartit dans son espace. Encore une fois, le professeur le surprenait. Le repas était parfaitement équilibré, beaucoup plus adapté que les repas de la cantine.

Alors qu'il commençait à réchauffer la boite, tout en relisant les questionnaires, il se fit la réflexion qu'il n'avait jamais vu le professeur manger pendant qu'il était là.


30 ème rencontre.

Lorsque Steve pénétra dans la salle, il trouva le professeur Stark en train de se taper la tête contre son bureau.

- Professeur vous allez bien ?

Toujours avachi sur son bureau, le professeur tourna sa tête en direction de Steve. Il se contenta de grogner et se redressa.

Ting

- Oui tout va bien. Merci Monsieur Rogers.

Ting – Ting – Ting

- Très bien… Steve n'insista pas.

Ting – Ting – Ting – Ting – Ting – Ting

- Monsieur Rogers.

Le professeur avait pianoté sur son téléphone, qui n'avait pas arrêté de sonner, avant de l'interpeller.

- Aujourd'hui encore, j'ai trop cuisiné. Que diriez-vous d'en prendre un peu pour vous ?

Steve s'arrêta net et regarda en direction du brun. Ça lui avait déjà paru étrange qu'il partage la veille mais ça s'expliquait par la casse. Cet élan soudain de générosité était pour le moins surprenant, voire suspicieux.

- C'est vous qui cuisinez ?

- Bien sur, s'étonna le brun, qui d'autre ?

- Je pensais que vous aviez un cuisinier ou quelque chose dans le genre, fit Steve en agitant la main.

Le professeur ouvrit la bouche et la referma plusieurs fois avant de se taper sur la tête.

- Oui bien sur, pourquoi je n'y ai pas pensé, marmonna t'il.

- Pardon ?

- Je veux dire, vous avez mal pensé. Je préfère savoir ce que je mange.

Steve repensa au délicieux repas de la veille et regarda son sac plastique qui donnait l'impression de sortir d'une émission de cuisine raté.

- Avec plaisir, dans ce cas.

Xxx

37 ème rencontre.

- Professeur ?

- Oui ?

- Vous allez encore me dire que vous avez trop cuisiné ?

Depuis une semaine, chaque fois qu'il venait le midi, le professeur lui tendait de la nourriture d'un air gêné en lui disant qu'il en avait trop préparé. Si les deux premières fois il y avait déjà moyennement cru, il commençait maintenant clairement à douter.

- C'est exact.

Steve tira une chaise et s'installa au bureau du professeur. L'attitude de Stark l'intriguait beaucoup, il semblait bizarrement plus clément en sa présence. Enfin, plus clément par rapport à ce que les autres racontaient.

- Ouah, tu fous quoi là ?

- Si vous me regardez dans les yeux en le disant, je veux bien gober cette histoire.

Le blond posa son menton dans sa main et attendit que le professeur le regarde.

- Ne pousse pas ta chance gamin, marmonna Stark.

- Je suis d'accord avec vous pour dire que j'ai de la chance, j'aimerais juste savoir pourquoi.

Il était déjà chanceux de ne pas s'être fait mettre à la porte après cette remarque. Si ça avait était Loki, il aurait surement rejoint la cour en passant par la fenêtre. Enfin en même temps, Loki n'était pas le genre à cuisiner pour qui que ce soit.

- Il se trouve que…

- Que ? poussa Steve.

Le professeur ouvrait et fermait la bouche, lui donnant l'air d'un poisson. Il enchaina avec de petites grimaces avant de se décider à parler.

- J'aime cuisiner.

- Vraiment ?

- Oui, c'est ma passion, dit-il plein de conviction. Sauf que depuis que je suis ici, je n'ai pas l'occasion de faire partager ce que je fais. Je me suis dit que… comme on se voyait déjà le midi, je pouvais partager. Et donc, voilà.

Steve recula sur sa chaise et observa le professeur. Il était rouge et regardait fixement son écran. Un large sourire naquit sur les lèvres du blond.

- Dans ce cas, mangeons ensemble professeur Stark.

- Euh non, je n'ai pas le temps là je dois…

- Dans ce cas je vais refuser votre offre. Merci quand même.

Il se leva et reprit son déjeuner de cantine.

- Non attendez, d'accord, d'accord. Mangeons ensemble, dit le professeur.

Steve se rassit, regardant l'homme plus âgé sortir ce qu'il avait rapporté en maugréant. Pour une raison complétement inconnue, le professeur lui mentait. Il le voyait à sa tête que ça l'embêtait de manger lui aussi et pourtant se servait de cette excuse pour le nourrir.

Il ne savait pas pourquoi le professeur se comportait de cette façon, mais ça l'amusait grandement de le voir trouver des prétextes.

Steve toucha volontairement les doigts du brun lorsqu'il saisit l'assiette tendue par le professeur, provoquant une rougeur à ce dernier.

Un large sourire se peignit sur les lèvres de Steve. Il commençait à comprendre.


49 ème rencontre.

- Steve tu ne manges plus le midi ? s'étonna Bucky.

Il lui lança un sourire radieux. Steve ne prenait plus la peine de se déplacer à la cantine le midi. Le professeur rapportait son repas à chaque fois, même les week-ends.

- Non, j'ai trouvé un autre endroit où manger.

- Ha ouais, demanda Bucky. J'aimerais bien savoir où tiens.

- Il n'y a de la place que pour moi pour l'instant, je te vois plus tard, je file.

- Hein mais attends, ho Steve !

Steve avait filé en pouffant. Son professeur l'amusait tellement qu'il en oubliait son besoin de solitude.

Xxx

- Bonjour prof. Bonjour Jarvis.

- Salut Rogers.

- Bonjour Monsieur Rogers.

Depuis qu'il déjeunait avec le prof, Steve avait pris l'habitude de saluer Jarvis. À force d'avoir son casque anti bruit et d'être dans sa bulle, il avait complètement oublié qu'une intelligence artificielle était aussi présente. Il trouvait ça assez incroyable, il lui semblait parler à une vraie personne à chaque fois.

- Vos projets avancent ?

- Ouais, vous pouvez me passer le tournevis à coté de DUM-E ?

Depuis le temps qu'il venait, Steve s'était un peu détendu sur la politesse. Il attrapa le tournevis, à côté du gros robot, et lui tendit.

- Vous en avez encore pour longtemps ? J'ai un cours qui a été avancé, je n'ai pas beaucoup de temps.

- J'ai presque fini.

Il entendit divers cliquetis avant de voir le professeur enlever ses lunettes de protections et sa blouse, se retrouvant encore en survêtement.

- Votre armure avance ?

- Pas mal, ouais, répondit Stark en sortant le repas.

Steve pouffa en voyant la préparation. Il 'testait' en quelque sorte le professeur en demandant chaque jour des plats bien particulier pour le lendemain. Au début, le brun l'envoyait sur les roses et finissait quand même par lui apporter ce qu'il avait demandé. Il ne faisait même plus semblant de s'énerver maintenant.

- Quel cours est avancé ?

- Le cours de droit avec Loki.

- Ha oui, j'ai entendu dire que son frère était dans le secteur en ce moment.

C'était aussi le grand changement qu'il y avait eu. Si au début ils se regardaient manger sans rien dire, ils prenaient maintenant la peine d'avoir des conversations.

- Ouais, ça m'arrange un peu, j'ai un devoir à rendre la semaine prochaine et j'ai pas vraiment eu le temps de faire des recherches.

- Pourquoi vous ne demandez pas à Jarvis ?

Steve arrêta de manger et regarda le professeur.

- Pour mes recherches ?

- Non pour faire votre lessive, ironisa Stark.

- Je peux envoyer DUM-E récupérer votre linge si vous le souhaitez Monsieur Rogers.

- Non, merci Jarvis, répondit Steve.

L'IA bien qu'incroyable avait toujours un souci avec le sarcasme.

- C'est vrai que ça m'arrangerait en fait, réfléchit Steve. Vous êtes ici le soir aussi ?

- Ce soir j'ai cours de 18 heures à 20 heures, mais vous n'avez pas besoin de moi. Jarvis répondra à toutes vos questions.

- Assurément Monsieur Rogers.

- Ha oui ? Faisons comme ça alors.

Xxx

Lorsque Steve revint dans la soirée, il trouva la salle triste et sans vie. L'absence du professeur se ressentait. Ce qui semblait être des projets fantastiques en sa présence, ressemblait maintenant à de vulgaires tas de ferraille. Il chassa ses pensées et étudia du regard la pièce pour savoir où il pouvait se mettre.

- Bonsoir Monsieur Rogers, votre après-midi s'est-elle bien passé ?

- Très bien merci Jarvis.

- J'ai pris la liberté d'étudier votre devoir, je vous ai sélectionné les données les plus pertinentes que j'ai trouvées sur le sujet. Si cela vous convient, je vais les afficher sur le bureau de Monsieur Stark.

Steve haussa un sourcil et s'approcha du bureau. Il sortit son ordinateur portable de son sac, commençant à rédiger son devoir dessus. Les recherches présentées par Jarvis étaient absolument parfaites, Steve n'avait plus qu'à faire le tri des informations. C'était vraiment un gain de temps phénoménal. Ça lui aurait pris des heures s'il l'avait fait tout seul. L'informatique et lui, ça faisait définitivement 50.

Au bout d'une heure et demi de travail, Steve s'étira et décida de faire une pause.

Il regarda autour de lui. C'était bizarre d'être seul dans cette salle. Il se fit la remarque que ce sentiment lui-même était étrange. Après tout, à la base, il recherchait la tranquillité lorsqu'il venait ici.

- Dis moi Jarvis ?

- Oui Monsieur Rogers ?

- Pourquoi le professeur prépare t'il mes repas ?

- Je ne suis pas autorisé à délivrer cette information.

Steve rigola, après tout le professeur n'était pas aussi naïf.

- Tu ne peux vraiment rien me dire, insista Steve. Cherche bien, il doit bien y avoir une information que tu as le droit de me dire ?

L'IA chercha dans sa mémoire, passant surement en revue toutes les interdictions émises par son créateur.

- Parce qu'il veut prendre soin de vous.

Le rire de Steve redoubla de plus belle. Si ça, ce n'était pas secret, alors ce qu'il devait cacher devait être pire.

Comme par enchantement, le professeur entra à ce moment-là dans la salle. Il portait encore sa blouse blanche et avait ses lunettes jaunes de protection sur le haut de la tête. Il portait une énorme besace en cuir.

- Ha Rogers, j'avais peur que vous soyez parti ! On mange ensemble ce soir ?

Steve hurla de rire à la phrase, il se tenait le ventre et tapait du poing sur la tablette hors de prix qui servait de bureau.

- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ? demanda Stark confus.

Au bout de quelques minutes Steve parvint à se calmer, le regard encore embué par des larmes. Le professeur le regardait un sourire au coin des lèvres.

- Je suis content de voir que ma présence vous met de bonne humeur, Rogers.

Steve se leva de sa chaise et attrapa le sac du professeur. Il ne se recula pas pour autant et observa le brun. Maintenant qu'il l'avait face à lui, il prit la peine de le détailler. Plus petit que lui, de jolis yeux noisette, de petites rides aux coins des paupières indiquant qu'il était plus âgé et une barbe dont il ne devait pas prendre soin. Définitivement, le professeur était bel homme, intelligent de surcroit. Et le rougissement qui commençait à lui monter aux joues le rendait encore plus attrayant.

- Mangeons professeur, vous me donnez faim.

Le blond avait la vague impression que quelqu'un avait le béguin pour lui.


77ème rencontre.

Bucky admirait le devoir surplombé d'un magnifique A+. Loki était réputé pour noter très sévèrement, les meilleurs élèves peinaient à décrocher un B. Loki lui avait d'ailleurs rendu sa copie avec un air dégouté sur le visage. À croire que plus les élèves se prenaient des bâches, plus sa paye était élevée.

- Tu as triché ? Couché avec le prof ? Soudoyé le prof ?

C'est d'ailleurs pour ça que Natasha tentait de trouver une explication rationnelle à cette réussite.

- J'ai un scoop Natasha, j'ai juste travaillé.

- Non, non. Parce que tu crois que les autres se tournent les pouces ? J'ai vu Carol bosser jour et nuit sur ce devoir. Elle a à peine décroché un B+.

- Ecoute je ne sais pas moi. J'ai juste mieux documenté qu'elle alors, c'est tout.

Enfin Jarvis lui avait sorti les meilleurs documents. Steve n'avait pas chaumé non plus, mais ça lui avait clairement permis de se démarquer des autres. Il fallait qu'il pense à remercier…Comment ça se remerciait une IA d'ailleurs ?

- Mouais. Elle n'ose pas te le demander mais je peux te l'emprunter ? Elle voudrait bien le lire ?

- Sans problème. Tiens, dit Steve en tendant le devoir.

Steve réfléchit un instant. Il ne savait pas comment remercier une IA mais il pouvait remercier le créateur.

- Dis, rien à voir mais tu saurais où acheter une bonne boite de chocolat ?

Xxx

Steve et le professeur venaient de terminer leur repas. Le brun, comme à son habitude, allait se servir un café. Steve n'en prenait jamais, il n'aimait pas le gout. Il hésitait maintenant à sortir son petit cadeau. Il ne savait pas comment lui donner.

- Au fait, merci beaucoup de m'avoir laisser venir ici la dernière fois. J'ai décroché un A+ à mon devoir.

- Jarvis est le champion des recherches, je vous l'avais dit. Big up Jarvis.

- Je suis ravi de savoir que mes recherches vous ont aidé Monsieur Rogers.

- N'hésitez pas à revenir quand vous avez besoin. ça l'occupe un peu, dit le professeur en faisant couler son café.

Le blond inspira et sortit la boite, qu'il posa sur le bureau, un peu gêné.

- Ha des chocolats, bonne idée Rogers. Merci.

- Non, c'est pour vous remercier de m'avoir laissé venir ici pour travailler. Alors voilà…

Le professeur prit place face à Steve et regarda la boite en question. Il semblait légèrement préoccupé.

- En fait, si vous voulez vraiment me remercier, j'aurais… quelques questions ?

- Oui, bien sur, dites moi ?

- Le coach Wade, vous le connaissez bien ?

Steve hocha la tête en signe d'approbation, ne voyant pas très bien pourquoi il s'intéressait au coach Wade.

- J'ai entendu pas mal de rumeurs à son sujet. Est-il aussi…Comment dire, aussi fou qu'on le dit ?

- Pas vraiment, il est très gentil. Juste un peu cru dans ses paroles peut-être.

Le professeur grimaça à sa réponse. Il s'attendait visiblement à une autre réponse.

- J'ai entendu dire qu'il était aussi du genre… Tactile ?

- Quoi ? Qui vous a raconté ça ?

- Personne en particulier, nia le professeur. Juste des rumeurs, je vous l'ai dit.

Steve fronça les sourcils. Le coach Wade était quelqu'un qui parlait et ne se comportait pas forcément bien, mais il n'avait jamais eu de geste déplacé envers ses élèves.

- Et bien de mon point de vue, c'est un bon coach. Il est spécial certes mais il ferait tout pour ses élèves. Je n'ai jamais eu de problèmes avec et on ne m'a jamais rien rapporté.

Il aimait bien le coach, c'est d'ailleurs pour ça qu'il lui disait quand ça allait trop loin ou si ça gênait vraiment un élève. Mais ça restait des paroles, il n'aurait jamais cautionné des gestes déplacés.

- Bon… Bon. Si vous le dites Rogers, je vous crois sur parole.

- Pourquoi cette question ?

Stark attrapa le petit guide présent dans la boite de chocolat et commença à le lire.

- J'étais juste un peu inquiet. S'il s'en prenait vraiment à des élèves, je n'aurais pas laissé passer. Et Monsieur Fury encore moins.

- Vous connaissez des personnes de l'équipe du coach ?

Le brun s'arrêta, la bouche pleine de chocolat, cherchant ses mots. Quand les avait-il pris ?

- Euh et bien, oui - Il réfléchit un instant - Vous Rogers.

Steve pouffa, le professeur semblait gêné d'avouer qu'il s'inquiétait pour lui. Et là, comme ça, du chocolat au coin des lèvres, il le trouva adorable. Il tendit la main vers le visage du professeur, essuyant avec son pouce les traces visibles. Si avant le professeur était gêné, il était maintenant rouge écarlate.

L'attitude du professeur le rendait confiant. Steve remarqua que le rougissement du professeur – et il ne pensait pas ça possible – redoubla. Il ne se l'expliqua pas immédiatement. En sentant le gout sur sa langue, il se dit que ça venait probablement du fait qu'il était en train de lécher son pouce, plein de chocolat.


93 ème rencontre.

Les notes de Steve, qui en soit n'étaient pas mauvaises avant, avaient considérablement augmentées, faisant de lui l'homme à abattre dans sa classe. Il savait bien que les boursiers sportifs étaient considérés comme des muscles sans cervelle, la plupart du temps. Steve changeait considérablement la donne, au grand dam de ses camarades.

Il le devait à son travail, évidemment, mais il admettait que les recherches assistées par Jarvis y étaient pour beaucoup.

Le professeur Stark lui laissait utiliser Jarvis à son bon vouloir. Lui qui était un assisté face à un ordinateur, Jarvis réglait ce problème. Il lui suffisait d'énoncer un sujet pour que les documents se mettent à pleuvoir.

Il en avait parlé au professeur Stark, lui disant qu'il avait l'impression de tricher. Le brun avait rigolé, rappelant que ce n'était jamais que des recherches internet à la portée de n'importe quel étudiant. Jarvis ne rédigeait pas son devoir et ne triait pas les informations.

- Salut Steve !

- Bonjour Carol.

Ses nouvelles capacités attiraient également d'autres personnes qui, auparavant, ne lui adressaient pas la parole.

- Tu vas à la cantine ? On y va ensemble ?

- Non, je mange ailleurs. Je profite de la pause pour travailler un peu.

- Je peux t'accompagner ? Tes recherches sont hyper précises, j'aimerais bien que tu me montres les sites sur lesquels tu vas.

- Je travaille sur une nouvelle stratégie pour l'équipe, pas sur les cours.

- C'est dingue Steve, tu es incroyable. Enchainer les cours et le sport, je suis impressionnée.

Bon sang, elle n'allait pas le lâcher. Il ne pouvait pas arriver dans le bureau du professeur avec cette… ce pot de colle accroché à lui.

- Carol, qu'est-ce que tu veux à la fin ?

- Je pensais qu'on pourrait travailler ensemble simplement, dit-elle en se rapprochant un peu plus de lui. Tu n'as pas envie ?

- Non, répondit Steve en se décalant.

- Tu es sur ? Ça fait un petit moment que je me dis qu'on pourrait faire une bonne équipe tous les deux. Je t'ai toujours beaucoup apprécié Steve… Je... Ce serait l'occasion d'apprendre à nous connaitre ?

- Je n'ai besoin de rien merci.

Carol sembla choquée du refus catégorique. Steve n'avait même pas cillé, ne l'avait même pas regardée. Visiblement vexée, elle partit sans demander son reste.

Steve lui ne comprenait pas la réaction de la jeune femme. Pas besoin de s'énerver autant pour une histoire de révision.

Xxx

Steve avait eu un air tellement éberlué sur son visage quand il était entré que le professeur s'était empressé de lui demander ce qu'il lui arrivait. Depuis, cela faisait environ 5 minutes que le professeur était en train de rigoler. Visiblement, l'histoire avec Carol était risible. Steve le regardait donc s'esclaffer en picorant son assiette.

- La pauvre Carol, pauvre pauvre Carol, rigolait Stark.

Steve ne savait pas quoi dire, ne comprenant toujours pas pourquoi elle était à plaindre. Il attendait donc patiemment que le professeur se calme tout seul. Il se leva et fit couler un café, qu'il posa devant le professeur. Il sortit des chocolats de son sac à dos et les posa à côté. Il avait remarqué que Stark les appréciait grandement, depuis il en ramenait dès qu'il le pouvait.

- Vous m'expliquez maintenant ?

- Mais enfin ! Rogers ! Elle vous faisait des avances, cela va de soit !

- Bien sur que non.

- Bien sur que si !

Le blond fronça les sourcils. Il était persuadé que le professeur interprétait mal la situation. Les gens avaient cette mauvaise habitude de voir des allusions partout.

- Je l'aurai remarqué quand même si elle m'avait fait des avances, répliqua Steve, têtu.

Stark pouffa un peu et attrapa un chocolat avant de lever les yeux vers le capitaine, plantant son regard dans le sien.

- Je pense que vous ratez beaucoup d'avances Captain America.

Steve refusa de détourner le regard.

- Comment savez-vous ?

Son surnom lui venait de son poste de capitaine dans l'équipe de football et de son amour pour son pays. Il mettait un point d'honneur à ce que tout le monde chante haut et fort l'hymne national avant les matchs. Le surnom était venu comme une blague entre les membres de son équipe et était finalement resté grâce au coach Wade, qui le présentait partout sous ce nom.

- J'ai mes sources Captain, j'ai mes sources.

Stark allait manger le chocolat fourré à l'amande qu'il avait dans sa main quand Steve lui attrapa le poignet. En fait il ne savait absolument pas ce qu'il était en train de faire. Il voulait juste agir. Il n'aimait pas qu'on se moque de lui.

- Je pense que vous vous renseignez beaucoup sur moi, professeur.

Il approcha la main et mangea directement le chocolat tenu par Stark, qui était trop ébahi pour réagir.

- Je pense, continua Steve en lâchant la main, que je vais être plus attentif à partir de maintenant. Je ne voudrais pas rater d'autres occasions.

Xxx

Le téléphone du professeur avait sonné et Steve en avait profité pour filer en douce. Lui qui pensait travailler, c'était raté. Il s'était contenté d'asticoter le professeur. Il avait voulu lui montrer qu'il n'était pas si aveugle que ça et qu'il avait bien remarqué son béguin, alors bon. Il n'avait peut-être pas utilisé la bonne méthode pour lui faire comprendre, mais il n'avait pas pu s'en empêcher.

Il regagna son casier, récupérant ses livres pour l'après-midi avant de se diriger vers les toilettes, essayant d'oublier cette histoire.

Alors qu'il se lavait les mains, il observa son reflet dans la glace. Il devait être fiévreux, son visage entier était rouge.


99 ème rencontre.

Steve regarda la pendule accrochée au mur du bureau. Il était 22 heures passées et il était loin d'avoir terminer ses croquis. Le coach Wade l'avait chopé dans le couloir en lui disant qu'il fallait revoir la stratégie initiale. L'un des nouveaux, qui était normalement prévu au poste de remplaçant était bien plus doué que prévu. Il n'avait pas brillé lors des sélections à cause d'une blessure assez grave au genou.

Le coach était visiblement très enthousiasme et ce petit prodige lui avait donné tout un tas d'idée. Il allait devoir les présenter lors de l'entrainement du samedi matin. C'est à dire le lendemain.

Il entendit la porte s'ouvrir et leva la tête vers - ça ne pouvait être que lui – le professeur.

- Bonsoir Rogers.

- Bonsoir professeur.

- Vous faites des heures supplémentaires ?

- Je dois finir la présentation de demain.

Stark s'approcha et regarda par dessus son épaule. Il saisit un de ses croquis.

- Je n'avais jamais fait attention, mais vous dessinez très bien Rogers.

- Merci professeur.

- Si vous voulez, pour vous avancer, on les scanne et on modélise ça à l'écran. Ça vous fera gagner un peu de temps.

- Vous pensez que c'est faisable ?

Pour toute réponse, Stark donna des consignes à Jarvis, récupérant l'ensemble des croquis dessinés par Steve.

- Pizza ? demanda Stark, le nez dans son téléphone.

- Mon Dieu, oui.

Xxx

Steve ne cessait d'être surpris par les capacités de Jarvis. Il avait fini le travail en une vingtaine de minutes, c'était incroyable. S'il l'avait fait sur papier comme prévu, ça lui aurait pris encore des heures. C'était un réel soulagement, même s'il préférait largement dessiner.

- Jarvis est vraiment incroyable.

- Merci Monsieur Rogers.

- On dit merci au concepteur aussi, taquina Stark.

- Merci, professeur, vous m'enlevez une sacrée épine du pied. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, dites le moi, dit Steve, réellement soulagé.

Le regard du professeur s'assombrit légèrement, faisant frissonner Steve.

- Vraiment, je peux demander ce que je veux ?

- Oui, enfin, tant que c'est dans mes cordes bien sur.

- Croyez-moi ce sera parfaitement dans vos corde, Captain.

Steve déglutit alors que le professeur se rapprochait de lui, s'installant à ses cotés. Il avait soudainement peur de ce qu'il pourrait lui demander.

- En fait j'ai des questions.

- Ha ?

Vu son regard il s'attendait à… enfin il ne s'attendait pas à ça, ce n'était pas bien méchant.

- Des questions un peu… Personnelles dirons-nous.

- Dites toujours…

Stark sembla chercher la meilleure manière d'annoncer ce qu'il voulait dire. Cela lui prit une bonne minute de réflexion avant de se lancer.

- En fait, je ne vais pas passer par quatre chemins, ce sera plus simple.

Le cœur de Steve rata un battement. Le professeur avait l'air extrêmement sérieux tout d'un coup. Il s'était encore un peu approché de lui.

- Comment sont perçus les homosexuels dans cette école ?

- Ce n'est pas très personnel comme question.

Il devait se l'avouer, Steve ne s'attendait pas du tout à ça. Quelque part, il était presque déçu, sans savoir pour quelle raison. La question était assez générale, pas vraiment personnelle.

- Et bien, je ne sais pas trop, je ne suis pas dans la tête des autres élèves.

- Je veux dire il n'y a pas d'histoires sordides de persécution ? De bizutage dans les toilettes ? Ce genre de chose ?

- Bien sur que non !

Le professeur souffla, un peu soulagé.

- Et de la part des professeur non plus ? Pas de rejet, de brimades ?

- Mais enfin professeur, bien sur que non. Enfin… Steve réfléchit un instant. Ha si, je crois qu'il y a eu une histoire avec un type, il y 8 ou 10 ans. Le directeur Fury s'est chargé de l'affaire de façon mémorable... Il n'aime pas ce genre de comportement.

Clairement, Fury avait détruit la réputation du professeur et des élèves impliqués, ils n'avaient jamais pu trouver un poste à la hauteur de leurs études. Enfin ça, ce n'était que la partie visible de l'iceberg, il était pratiquement sur que Fury avait fait pire que simplement s'attaquer à leur 'image'. Stark approuva d'un signe de tête.

- Je fais confiance à Fury lorsqu'il s'agit de s'occuper de choses qu'il n'aime pas.

Steve attendit un peu, le professeur semblait encore vouloir dire quelque chose. Il se leva et commença à faire les cent pas derrière le blond. Il se stoppa au bout de quelques instants et se tourna vers Steve.

- Et concernant les clubs de sport ?

- C'est à dire ?

- J'ai bien compris que à l'école, pendant les cours, ça allait. Mais pendant les cours de sport ? Pas de remarques, de mise au placard, de trucs glauques dans le style ?

- Professeur, vous prenez les sportifs pour des idiots ou quoi ? s'indigna Steve.

- Non, non bien sur que non mais par exemple. Un… Disons un membre de l'équipe de football américain, au hasard.

De nouveau, le cœur de Steve rata un battement. C'était donc là où il voulait en venir.

- Oui, au hasard hein.

- Oui alors par exemple, un membre de l'équipe de football américain, il n'aurait pas d'ennuis ?

- Je peux vous assurer que non. Le coach Wade ne le tolérerait pas non plus.

- Qu'il est gentil ce coach Wade, maugréa le brun en se rasseyant.

Steve observa le profil du professeur, qui grignotait maintenant une part de pizza. Il se demandait si d'autres questions allaient venir. Le professeur coupa court à ses réflexions en changeant radicalement de sujet, laissant Steve complétement dans le brouillard.

- Pourquoi vous me demandez ça ?

- Euh, pour avoir votre avis sur ce film, répondit le professeur. J'hésite à aller le voir.

- Non, je veux dire, sur la perception des homosexuels dans l'école ?

Le professeur avala de travers son morceau de pizza, le faisant toussoter légèrement. Il évitait clairement le regard de Steve, regardant fixement ses genoux, triturant ses doigts.

- Je me demandais juste ce qu'il se passerait si jamais la situation se présentait.

L'attitude de Stark fit sourire Steve. Le professeur était de moins en moins discret.

Xxx

101ème rencontre

- Et concernant la différence d'âge ?

Steve releva la tête de son assiette et observa le professeur. Il discutait technique de sport, il ne voyait pas le rapport avec la différence d'âge des joueurs.

- Et bien ça me paraît évident que les nouveaux soient formés par les plus anciens ?

Le professeur se leva, visiblement gêné. Steve, avec le temps, avait appris à reconnaître les mimiques de Stark. Et la clairement le sujet n'était plus le sport.

- Nous je veux dire… Vous vous souvenez qu'on a discuté par rapport aux homosexuels dans l'école.

Steve lui lança un sourire éclatant. Il se souvenait très bien de cette conversation.

- Oui, bien sur.

- Imaginons qu'il y ait une grosse différence d'âge se serait gênant ?

- Au hasard, entre un élève du club de football et un professeur ?

- Oui voilà, par exemple, au hasard, approuva vigoureusement le professeur.

Bon sang, cet homme était vraiment quelque chose. Il était pourtant réputé pour son intelligence… Ou alors il pensait Steve trop stupide pour capter ce qu'il lui demandait. Il réfléchit tout de même à la question et observa le brun. Il ne semblait pas beaucoup plus âgé que lui pourtant, une dizaine d'années tout au plus. Il observa la ligne de ses bras, parfaitement dessinée, les hanches étroites et la taille fine du professeur. Physiquement, il était plutôt agréable à regarder, bien plus que l'ensemble des élèves de l'école.

- Je ne pense pas que ce soit gênant.

Steve lui lança un regard appuyé, le détaillant sans retenu, lui faisant comprendre qu'il comprenait.

- Ce n'est pas gênant du tout même.

Parce que vraiment, pour Steve, ça ne l'était pas.


109ème rencontre

Steve grimaça en mâchouillant son morceau de steak. Le prof l'avait rendu difficile sur la nourriture, ça lui semblait immangeable.

- Sont-ce mes yeux qui me jouent des tours ou est-ce que Steve Rogers nous fait l'immense honneur de partager notre table ? s'étonna faussement Natasha.

- Très drôle.

- Sérieusement mec, on t'a pas vu depuis des lustres à la cantine, je croyais que tu mangeais ailleurs, continua Clint en s'installant à son tour.

Le blond soupira. Il avait réussi, sans trop de mal, à s'incruster le soir au bureau du professeur. Mais là, Stark avait un cours intensif de 4 heures, de 18 heures à 22 heures. Ça lui faisait trop tard quand même, du coup il s'était rabattu sur la cantine.

- Laisse, il s'est trouvé une copine.

Clint recracha l'eau qu'il venait de boire sur Natasha, assise à côté de lui. Il regarda Bucky, la bave pendant au bout se ses lèvres.

Natasha ne s'était pas énervé, preuve qu'elle était à un stade d'étonnement assez élevé elle aussi.

- Tu t'es trouvé une copine ? Il s'est trouvé une copine ? demanda Clint à Bucky.

- J'en ai bien l'impression.

- Arrête de dire n'importe quoi, grogna Steve.

- Mais quand ? s'exclama Natasha. Il passe sa vie à travailler ou s'entrainer, il drague comme un manche un balai, comment il a fait ?

Steve se demanda bien où son imagination était allée chercher ça.

- Hey bien, déjà, il ne prend plus son repas à la cantine, commença Bucky.

- Mais ça n'a rien à voir, interrompit Steve.

- C'est vrai qu'on ne le voit plus ! renchérit Natasha.

Bien, apparemment ses 'amis' avaient décidé de l'ignorer.

- Maintenant, il rentre tard le soir, continua Bucky. Ses devoirs sont impeccables, il est toujours pressé de partir en pause et surtout, il a un sourire niais indécrochable de son visage.

- Nooooon, s'exclama Clint, j'y crois pas !

Le blond ramassa son plateau, la conversation était trop saugrenue pour lui, il n'avait franchement pas envie d'expliquer pendant des heures qu'il était célibataire.

- Mais si je te jure ! Là regarde, il part la rejoindre encore !

- Incroyable, s'extasia Natasha. Tu sais à quoi elle ressemble ?

- Mais même pas.

- Quand je vais raconter ça à Bruce ! dit-elle en sortant son téléphone.

De toute façon, ils étaient déjà à fond dans leur délire. La cantine, ça ne lui réussissait vraiment pas.

Xxx

Plutôt que de rentrer dans sa chambre, Steve avait décidé d'aller au bureau du professeur. Il n'avait pas envie de se retrouver nez à nez avec Bucky, Natasha et Clint l'interrogeant sur sa vie amoureuse. Il les voyait bien arriver en groupe pour lui soutirer des infos.

- Jarvis ?

- Oui Monsieur Rogers ?

- Tu as des films à me conseiller ? Je n'ai pas envie d'aller dans ma chambre tout de suite.

Jarvis sembla ravi de sa question et s'empressa de lui montrer la sélection du moment. Steve, qui n'en connaissant aucun, en pris un au hasard. Jarvis s'occupa immédiatement de réduire la lumière et de passer en mode cinéma. Au début il pensait le lancer sur son ordinateur portable, mais si Jarvis insistait, il n'allait pas dire non.

Vraiment ses amis avaient de ses idées…Evidement qu'il était célibataire. Même si ces derniers temps, il envisageait la possibilité de ne plus l'être.

Xxx

Steve rouvrit les yeux difficilement. Il étira ses muscles encore endormis et se frotta les paupières. Il poussa la couverture et se leva, cherchant la salle de bain dans la pénombre.

C'était étrange, sa chambre étudiante n'était pas si grande d'habitude… Bucky avait rangé peut-être…

- Pardon, je vous ai réveillé ?

Steve retourna son poing dans la figure de la personne qui venait de parler, juste à côté de lui.

- Putain ! Mais ça va pas la tête ?

Le blond semblait perdu, commençant à peine à émerger de son sommeil. Ses yeux commençaient doucement à s'habituer à l'obscurité de la pièce.

- Jarvis allume la lumière.

- Professeur ?

La lumière vint d'un coup, aveuglant Steve, qui eu besoin d'encore un peu de temps pour voir ce qu'il se passait. Quand sa vision revint, il commença par détailler l'endroit où il se trouvait. C'était un grand salon, décoré de façon moderne, assez chaleureux. Il ne connaissait pas cette pièce, où était-il ?

Il tourna un peu sur lui-même jusqu'à remarquer le professeur, par terre, qui tenait son nez, des traces rouges s'en échappant. Décidemment il passait son temps à le cogner.

- Je suis désolé, je ne savais pas que c'était vous.

- Aucun problème, tout baigne.

Steve se mordit l'intérieur des joues pour ne pas rigoler. La nervosité aidait mais c'était surtout la voix nasillarde qu'avait le professeur, qui lui donnait envie de rire.

- Je suis ravi de voir que la situation vous fait rire Rogers.

- Je ne rigole pas promis. Il y a des mouchoirs ici ?

- Dans le tiroir de la salle de bain, là-bas, répondit Stark en pointant une porte de la main.

Steve se précipita dans la pièce et revint avec la boite dans la main. Il tira trois mouchoirs et s'accroupit au côté de son professeur.

- Ne penchez pas la tête en arrière. Enlevez votre main.

Steve appliqua les mouchoirs et pinça le nez de Stark, qui avait fermé les yeux. Le blond en profita pour l'observer un peu. Le brun était en caleçon et débardeur, il était plutôt musclé pour un scientifique. Il lui semblait que Bruce était beaucoup moins athlétique.

- Je pense que ça doit être bon maintenant, dit Steve en retirant le mouchoir.

- Qu'est-ce qu'il t'a pris ?

- J'ai un peu de mal au réveil, je … Mais on est où en fait ?

Le professeur se releva la main toujours sur le nez, une lueur de culpabilité brillant dans ses yeux.

- C'est chez moi.

Steve ouvrit grand la bouche, ne sachant pas quoi dire.

- Mais pourquoi ? Parvint-il à dire.

Il se souvenait vaguement avoir regardé un film au bureau mais pas de la suite. Il se serait quand même souvenu s'il avait accepté de suivre le professeur chez lui. Il rougit à cette pensée. Définitivement, il s'en souviendrait.

- Jarvis m'a envoyé un message pour me dire que tu étais endormi. J'ai essayé de te réveiller mais c'était peine perdue.

- Et vous m'avez trainer jusque chez vous ?

- Mon appart' était plus près et je ne connaissais pas ton numéro de chambre. Et puis… je me suis dit que si on croisait quelqu'un ou si je réveillais ton coloc', ça ferait un peu jaser.

Steve s'imagina la scène. Le professeur débarquant dans la chambre de Bucky avec lui endormi sous le bras. Mais de là à l'emmener dans son appartement il y avait un monde, il n'avait pourtant pas le sommeil si lourd.

- Enfin bref, je vous ai installé dans le canapé. Je me suis levé pour boire un verre d'eau et j'ai cru vous avoir réveillé.

- Vous m'avez porté jusqu'à chez vous ?

- J'habite sur le campus durant l'année scolaire, c'est à proximité du bureau, et beaucoup plus proche que vos chambres étudiantes. Et comme je suis le seul à rester, j'étais sur de ne croiser personne.

- Mais vous m'avez porté ? Vous ?

L'air dubitatif du blond finit par énerver le professeur qui s'approcha de lui. Il lui attrapa les bras qu'il mit autour de son cou et s'accroupit pour attraper ses jambes, le montant sur son dos, sans peine. Steve le laissa faire, serrant doucement l'homme pour ne pas tomber, son nez tapant doucement sur l'oreille du brun. Une délicieuse odeur émanait du professeur, un peu boisé, grisante.

- Voilà, comme ça, répliqua Stark. Ce n'est pas parce que je suis plus petit et plus vieux que vous que je suis faible.

Il s'accroupit ensuite pour le laisser redescendre. Steve descendit lentement, laissant trainer ses mains sur les épaules puis les glissant doucement sur les bras fermes. Il se recula ensuite de quelques pas.

- Je vous crois professeur, je vous crois, dit Steve en levant les mains devant lui.

Steve pencha la tête sur le côté et regarda le professeur ouvrir les placards pour en sortir des draps.

- Qu'est-ce que vous faites ?

- Je prépare votre lit.

- Je pensais que vous alliez me dire de partir.

Stark s'arrêta un instant semblant réfléchir et le regarda bizarrement.

- Il est deux heures du matin ? Vous voulez vraiment traverser l'école ?

- Je ne veux pas vous déranger.

- Si ça me dérangeait, je ne le proposerais pas.

Il était décidément trop fatigué pour avoir ce genre de conversation. Il hocha la tête en signe d'approbation et laissa Stark préparer son lit. Il regarda le professeur se pencher admirant le fessier et les jambes de l'homme. Il tendit la main dans cette direction avant de se raviser. Il secoua la tête, les attentions du professeur le faisaient vraiment dérailler.

- Voilà. Il y a des couvertures en plus dans ce placard si jamais vous avez froid.

Il regarda le professeur s'éloigner et rentrer dans ce qui devait être sa chambre à coucher. Steve pouffa en se disant que Stark n'avait pas poussé le vice jusqu'à le mettre dans son propre lit. Il huma le parfum de lessive s'élevant des draps propres se disant qu'il préférait quand même l'odeur du professeur.

C'était vraiment agréable d'avoir quelqu'un qui s'occupe de lui… Ça ne l'aurait peut-être pas tant dérangé de se réveiller dans son lit.

Xxx

Steve émergea grâce à une odeur d'œufs brouillés et de café. Il se leva doucement et s'étira, se rappelant de la scène de la veille.

Ou plutôt du matin.

Il chercha des yeux l'horloge qui indiquait 10 heures 07 minutes.

- Ho merde je suis à la bourre.

Stark arriva devant lui, une spatule dans la main.

- On est samedi, il n'y a pas cours aujourd'hui.

- C'est le petit-déjeuner que je sens ? Dit Steve, aussitôt calmé.

- Installez-vous c'est presque prêt.

Steve sortit du lit et enfila son pantalon qui trainait à côté de sa couche. Il renifla le T-Shirt qu'il portait sur lui et laissa échapper une grimace.

- Si vous voulez, vous pouvez prendre des vêtements à moi.

- Je changerai bien de haut, effectivement.

- Regardez dans mon armoire, on ne fait pas la même taille mais vous allez bien trouver quelque chose à vous mettre.

Le blond obtempéra et se dirigea dans la chambre. Il fouilla l'armoire, qui ne contenait que des costumes, semblant sur mesure. Il se demandait à quel moment il les mettait, ça semblait tellement ne pas être son genre…

Il fouilla plutôt dans la commode, juste à côté et trouva son stock de fringues 'normales'. Enfin celles qu'il portait au quotidien. Il saisit un T-shirt qu'il jugea suffisamment large et l'enfila, oubliant le sale sur le lit du professeur.

Il observa la pièce dans son ensemble. Malgré les appareils sophistiqués, la chambre était douillette. Il y avait des livres qui trainaient absolument partout, sur des sujets divers et variés. Il ne fouinait pas d'habitude mais il était intrigué d'en découvrir plus sur le personnage. Il traina un peu, observant les tableaux – il n'avait jamais rien compris à l'art moderne-, cherchant des titres connus dans la collection.

Il buta légèrement sur la table de chevet, dont le tiroir s'ouvrit. Il se tourna, pensant le fermer immédiatement. Ce qu'il vit à l'intérieur le figea.

Qu'est-ce qu'il faisait avec ça dans sa table de chevet ?

Xxx

- Rogers vous allez bien ? Vous êtes tout rouge.

Steve était sorti en trombe de la chambre et s'était installé à la table de la cuisine. Stark devant l'absence de réponse, lui déposa une assiette bien garnie devant lui. Il s'installa ensuite face au blond qui semblait toujours plongé dans son mutisme.

- Il y a quelque chose que vous n'aimez pas ?

- Non, non c'est… C'est parfait merci.

Pour prouver ses dires, il attrapa une cuillère et se mit à manger. Il regarda son professeur en biais. Il avait eu des doutes - légers certes - mais là il en était sur. Son professeur le draguait depuis le début de l'année. Il n'y avait que ça pour expliquer sa gentillesse, son comportement et surtout, pour expliquer la présence de sa photographie dans sa table de chevet.


110ème rencontre

Steve n'était pas habitué à ce qu'on fasse attention à lui de cette manière. Il avait déjà été approché, par Peggy la capitaine des pom-pom girls, mais elle avait vite lâché l'affaire quand il l'avait gentiment et fermement rembarré. Steve était un peu vieille école, si la personne ne l'intéressait pas, il ne cherchait même pas à comprendre et disait non tout de suite.

Le fait que Peggy, la plus jolie et la plus intelligente femme de l'école, ait été rejetée avait découragé les autres. Si elle ne réussissait pas, clairement, personne ne le pouvait. Malgré ça, il avait reçu d'autres déclarations mais n'avait jamais donné suite, toujours pour les mêmes raisons.

Avec elles, ça avait été facile, elles n'avaient pas tourné autour du pot et avaient clairement annoncé ce qu'elles voulaient.

Avec Stark, c'était plus compliqué… Au début, il se trouvait même prétentieux de penser que le professeur pouvait lui tourner autour, même s'il ne voyait vraiment pas d'autre explication à son comportement.

Maintenant, qu'il en avait la certitude, il ne savait pas quoi faire. Il avait donc décidé d'agir de façon parfaitement rationnel.

Il évitait le professeur le plus possible.

Cela faisait une semaine qu'il ne donnait plus signe de vie et qu'il allait manger à la cantine. Bucky avait tenté de lui soutirer des infos, mais Steve était resté muet. Face à son mutisme, les autres n'avaient même pas essayé.

Il comptait bien faire durer la situation jusqu'aux vacances.

Xxx

Aux dernières vacances, Steve était resté à l'université pour travailler. Il profitait de ce temps pour se reposer et pour avancer dans ses révisions. Mais il sentait qu'il avait besoin d'un peu d'air pour réfléchir.

- Bordel, je ne suis pas mécontent d'être en vacances.

Bruce s'étira dans la voiture. Clint, au volant du véhicule, et Steve, approuvèrent d'un hochement de tête.

- Une semaine loin de toute cette agitation, ça va nous faire du bien.

La famille de Clint avait une espèce de chalet en bord de lac. Il n'avait pas envie d'y aller tout seul et avait proposé à ses amis de venir. Natasha, qui partait pour un compétition d'ils ne savaient quoi, et Bucky, qui devait rester à l'hôpital, avaient déclinés la proposition.

Les trois amis étaient partis environ 10 minutes après que la cloche ait sonné. Steve était un peu perdu dans ses pensées et écoutait vaguement la conversation, sans trop y participer.

Lorsqu'ils arrivèrent à destination, Steve n'avait pas vu la route passer.

Xxx

- Bon, maintenant qu'on est entre nous, commença Clint en décapsulant des bières, Steve c'est quoi cette histoire de petite amie ?

Il s'était attendu à ce que le sujet vienne sur la table. Il soupçonnait Bucky de les avoir missionnés pour le faire parler. Il pensait juste qu'ils n'attaqueraient pas dès le premier soir.

- Je n'ai pas de petite amie.

- À d'autre ! Natasha et moi, on trouve que tu es bizarre en ce moment.

- Ha oui Bruce ? Natasha et toi ? Vraiment ?

Steve savait qu'ils se tournaient autour depuis un moment, il ne savait pas de quoi ils avaient peur. Ce qui faisait que généralement, quand l'un disait quelque chose, l'autre abondait dans son sens.

- Oui Natasha et moi, confirma Bruce, ignorant le sous-entendu.

- Et bien vous vous trompez tous les deux.

- Ok, t'as pas de petite amie, admettons, continua Clint. Mais il se passe bien quelque chose en ce moment non ?

Le blond soupira un long moment et but une gorgée de bière. Il ne voulait pas en parler et en même temps… Il voulait en parler, c'était un peu contradictoire.

- Il y a … une personne qui me drague.

Clint lâcha un 'je le savais putain' tandis que Bruce se contenta de lui sourire d'un air entendu.

- Du coup, je ne sais pas trop quoi faire en fait.

- Et voilà, il recommence.

- Elle ne t'intéresse pas du tout ? Même pas un peu ? Questionna Bruce.

Steve se gratta la tête et joua un peu avec sa bière. C'était son professeur et c'était un homme. Mais en même temps…

- Je ne sais pas trop, marmonna Steve. On ne se connaît pas vraiment maintenant que j'y pense.

Ils ne se voyaient que pendant les pauses repas généralement. Ils discutaient souvent de l'école ou des projets du professeur, ce genre de chose, jamais rien de très intime non plus. Il y avait toujours une distance polie, même s'il sentait qu'elle se réduisait de jour en jour...

Et en même temps, il était touché par les petites attentions que le professeur avait eues à son égard. Il se sentait bien à ses côtés, au point qu'il préférait être avec lui plutôt que d'être seul. Il adorait voir ses réactions quand ils se touchaient par inadvertance, quand il cherchait des excuses…

- Pourquoi tu n'apprends pas à la connaître ?

- C'est compliqué.

- Je croyais qu'elle te draguait ? demanda Bruce.

- Et bien oui mais c'est discret et…

Clint recracha une partie de sa bière et toussa pour se dégager la gorge.

- Attends KOF KOF, attends. Tu vas me dire que TOI, Steve Rogers, le mec le plus naïf de cette université, tu as capté de la drague discrète ?

- Je ne suis pas si naïf que ça, s'insurgea Steve.

- On reparle de la secrétaire de la bibliothèque ?

Steve lança un regard noir à Bruce. C'est vrai qu'il n'avait pas compris qu'elle voulait sortir avec lui. En même temps, elle envoyait des signaux complètement flous.

- Ce n'était pas si évident que ça, se défendit Steve.

- Ouais c'est sur que 'Je termine mon service dans 10 minutes'… commença Bruce.

- 'J'irais bien boire un verre après'… continua Clint.

- 'En plus il y a des cambriolages et je suis seule chez moi', renchérit Bruce.

- Et 'Vous auriez un numéro de téléphone', c'était très vague. Termina Clint. Et encore, c'est ce qu'on se rappelle parce que le temps que tu rendes ta montagne de bouquins, il y en a eu biens d'autres.

Il décida de leur accorder ce point, même s'il persistait à penser qu'il n'aurait pas pu le deviner. Ses amis étaient de toute façon aussi imaginatifs que Stark. Ils voyaient de la drague partout.

- Alors, reprit Clint, dis moi ce que tu appelles de la drague discrète, toi qui ose répondre 'Il n'y a pas besoin de mon numéro pour la carte de bibliothèque' à une pauvre jeune femme.

- Et bien… Steve réfléchit un peu à ce qu'il allait donner comme informations. En fait je ne sais pas trop. On parle un peu de tout et de rien mais ce n'est pas ce qui est dit, c'est plutôt le comportement.

Clint mit un coup de coude à Bruce.

- Je parie qu'elle lui a mis une main aux fesses, pouffa t'il.

- Non pas physique… Son attitude vis à vis de moi.

- Du style ? demanda Bruce.

- Elle a commencé par me faire des cadeaux.

Steve joua doucement avec sa montre, perdu dans ses pensées, ne se rendant pas compte que Bruce lorgnait dessus.

- Après elle s'est mise à cuisiner pour moi.

- Ha ouais, si tu veux un homme, passe par son ventre, confirma Clint.

- Un de ses… Amis – Steve ne savait pas si on pouvait parler de Jarvis ainsi - m'a confirmé qu'elle voulait prendre soin de moi.

- C'est trop mignon, s'extasièrent les deux crétins.

- J'ai dormi chez elle…

- QUOI ?

Clint avait hurlé, Bruce, plus classe, c'était contenté de se déboiter la mâchoire.

- On a rien fait, se justifia Steve, c'était un concours de circonstances !

- Bien sur. Ça m'arrive tellement souvent à moi aussi, ironisa Clint.

- Enfin bref, dans sa chambre j'ai vu qu'il y avait une photo de moi dans sa table de chevet…

- Ouais, effectivement, ça laisse peu de place au doute, approuva Bruce. Même pour toi, c'est à ta portée. Elle a dit quoi ?

- Je… Je n'ai pas vraiment abordé le sujet. Je ne savais pas quoi dire… Du coup, on va dire que pour l'instant, je l'évite ?

Ils voyaient dans les yeux de ses amis une sorte de désespoir.

- Moi j'abandonne, dit Clint en se levant. Je vais récupérer du bois pour le feu.

- Ce que veut dire Clint, c'est qu'après avoir dormi chez elle, tu l'ignores. C'est n'est pas très… sympa mais bon. A mon avis si tu voulais lui faire passer un message, tu ne pouvais pas faire mieux, grimaça Bruce.

Steve acquiesça, il n'avait pas pensé que ça pouvait être interprété de cette façon. De toute façon c'était un peu tard pour regretter maintenant, il verrait bien à son retour.

- Juste, si je peux te donner un conseil.

- Oui ?

- Si tu ne veux vraiment pas d'elle, ne lui laisse pas d'espoir quand elle se décidera à te faire une déclaration.

- Je n'en avais pas l'intention.

- Le mieux serait encore que tu sois clair dès maintenant, elle pourrait passer à autre chose.

- Oui, je sais.

Bruce se leva et épousseta son pantalon. Il regarda Steve et haussa les épaules.

- Si je te le dis, c'est parce que tu sembles indécis. Ce n'est pas dans tes habitudes de laisser des situations pareilles perdurer aussi longtemps.

xxx

La semaine était rapidement passée et ils n'avaient pas reparlé des histoires de cœurs de Steve. Ils avaient taquiné Bruce au sujet de Natasha et Clint s'était déclaré célibataire endurci.

Le retour avait été difficile, ils étaient finalement plus fatigués qu'à l'aller. Ils n'avaient pourtant rien fait d'exceptionnel, juste profiter les uns des autres, sans la tension des cours.

Steve avait profité de cette semaine pour se décider ou plutôt pour reporter sa décision.

S'il devait être honnête, le professeur lui manquait et il n'était pas sur de vouloir qu'il passe à autre chose. Il se sentait égoïste mais il préférait attendre de voir comment la situation allait évoluer. Il aviserait en fonction plus tard.

Arrivés sur le campus, les trois amis se séparèrent, regagnant leur chambrée respective. Steve déposa son sac et regarda l'heure.

19 heures 41 minutes.

Bucky ne rentrait que demain et il n'avait pas spécialement envie de dormir, contrairement aux deux autres qui étaient partis mourir sur leur lit. Il hésita un instant et finit par se diriger vers la salle 228.

Il était sur que le professeur Stark était parti pour les vacances, il avait peu de chance de le croiser…

Lorsqu'il ouvrit la porte, il trouva la pièce illuminée par plusieurs écrans, affichant une série de calculs et des plans représentant une armure rouge et or.

- Steve c'est toi ?

Le professeur émergea de derrière un tas de ferraille, l'air plus sale que jamais. Il avait des cernes sous les yeux et semblait complètement abattu. Il se précipita presque sur lui, trébuchant un peu sur un câble au sol.

- Professeur, attention…

- Je suis désolé, coupa t'il.

- Hein ?

Stark se gratta la tête, semblant embarrassé. Steve remarqua que même ses vêtements semblaient délabrés.

- Je suis désolé pour la dernière fois.

- De quoi parlez-vous ?

- Je n'en ai pas la moindre idée.

Steve comprenait de moins en moins. Il s'excusait mais ne savait pas pourquoi il s'excusait ?

- Pourquoi vous excusez-vous ?

- Honnêtement, je n'en sais rien, grimaça Stark. Mais après que tu te sois endormi chez moi, tu as complètement disparu. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour que tu m'évites mais… Voilà, désolé.

Le blond s'arrêta de penser un instant et observa l'état pitoyable du professeur. Il se sentait coupable de l'avoir laissé croire qu'il avait fait quelque chose de mal. Il tourna la tête vers le reste de la salle, où des restes de plats, non entamé, étaient présents. Il y avait aussi des boites de chocolat, toujours fermées, un peu comme s'il avait attendu sa venue. Steve posa une main sur l'épaule du professeur voulant le rassurer.

- Tu n'as rien fait de mal, vraiment. J'ai juste été très occupé mais c'est fini maintenant.

Steve sentit le professeur se détendre sous ses doigts. Il était adorable, terriblement adorable. Tellement adorable que Steve avait envie de le serrer contre lui.

- Tu es tout sale, rigola t'il en lui essuyant la joue doucement. Qu'est-ce que tu fais encore ?

- Viens, dit le professeur en le tirant par la main. Je vais te montrer, j'ai bien avancé.

Il se laissa guider dans le fond de la salle, laissant son professeur lui expliquer ses dernières idées. Steve le regarda s'enthousiasmer en racontant des choses incompréhensibles.

Et le voir comme ça, il avait envie de suivre le conseil de Bruce. Il avait envie d'apprendre à le connaître.

Steve, derrière le professeur, se pencha collant son torse contre le dos devant lui. Le bas de son menton chatouillant doucement l'épaule gauche du brun, humant cette délicate odeur qui émanait du brun. C'était un homme, c'était son professeur, c'était fou et irrationnel. Et pourtant…

Il avait envie d'essayer.


111 ème rencontre

Steve avait décidé qu'il était temps de se renseigner sur le personnage en cherchant sur internet. Anthony Edward Stark, 37 ans, milliardaire, actuellement le célibataire le plus en vue du moment.

L'homme était bardé de diplôme, un vrai génie. Ses inventions étaient ce qu'il se faisait de mieux et son avis était recherché et respecté par les professionnels. Steve ne comprenait pas pourquoi l'envie d'enseigner lui était soudainement venue, apparemment il n'avait jamais été intéressé par cela avant. Pourtant, il avait créé de nombreuses bourses étudiantes et donnaient à plusieurs associations.

Il était tombé sur des photos datant d'il y a quelques années. Il le reconnaissait à peine tant il était soigné et impeccablement vêtu. Ça contrastait avec le personnage actuel, toujours en survêtement ou en blouse et couvert de traces.

Depuis environ deux ans, il n'y avait plus beaucoup de nouvelles. Enfin il avait disparu de la vie mondaine, se concentrant sur ses recherches et sur ses inventions. Il continuait à publier sur différents sujets. Steve avait ouvert un article, par curiosité. Il n'avait même pas compris le titre.

Les magazines laissaient penser qu'il avait eu de nombreuses conquêtes mais jamais rien de sérieux. Pas de mariage, ni d'enfant.

Il comprenait un peu mieux pourquoi Bruce était aussi heureux d'avoir cours avec lui. Il leur apprendrait beaucoup. Il se sentait un peu niais maintenant, se rendant compte de la chance qu'il avait de pouvoir côtoyer une telle personne. De ce qu'il pouvait lire, c'était plutôt un oiseau solitaire.

Il comprenait aussi pourquoi le coach le considérait comme son idole. Steve ne voyait pas pourquoi un homme tel que lui se tournait vers un étudiant.

Il rougit face à son écran, touchant du bout des doigts ses écouteurs, qu'il avait sur la tête. Il s'en doutait déjà mais le professeur était vraiment exceptionnel.

Xxx

Lorsqu'il était retourné au bureau, Steve avait rougit à la seconde où il avait franchi la porte.

- Salut, euh Bonjour, professeur.

Lorsque Stark tourna la tête vers lui, un écouteur pendouillant sur son épaule, Steve se sentit complétement stupide. Il n'entendit même pas la réponse qu'il lui donnait, se contentant de le regarder.

Au bout de quelques secondes sans que personne ne prononce un mot, le professeur commença à rougir lui aussi. Il préféra se tourner et retourner travailler, Steve semblant être en pleine imitation de la statue de pierre. Il se reprit bien vite et s'approcha du professeur.

- Qu'est-ce que vous faites ?

Il fallait qu'il se comporte normalement. Mais il se sentait atrocement nerveux.

- J'essaie de réparer DUM-E, dit Stark en pointant du menton la machine. Il déconne depuis quelques temps, ça fait des semaines que je repousse mais là c'est carrément dangereux.

Steve hocha la tête et s'approcha de la machine. Il la reconnaissait, c'était celle qui avait perdu son huile dans le couloir en début d'année. Il se pencha dessus et tapota doucement sur un morceau de tôle, qui semblait mal mis.

- STEVE ATTENTION.

L'un des avant-bras du professeur se retrouva devant ses yeux, tandis que le second bras enserra la taille de Steve. Il fut immédiatement plaqué contre le corps de Stark avant de tomber avec lui par terre. Une musique rock, inconnue au répertoire de Steve, retentit au même moment.

Le professeur le garda dans ses bras, continuant de lui cacher les yeux, sans que Steve ne comprenne ce qu'il lui avait pris. Il attrapa l'avant bras lui cachant la vue et sentit un liquide chaud dessus.

- N'y touche pas, s'exclama le professeur.

Il se leva d'un bond et poussa Steve devant le lavabo présent dans un coin de la salle. Il ouvrit le robinet d'eau froide et mit la main de Steve dessous.

- Garde la main sous l'eau froide.

Stark attrapa ensuite son visage et le scruta de fond en comble, plantant son regard dans le sien. Steve ne le quitta pas des yeux, observant les traits inquiets du professeur, il avait l'air d'avoir eu peur.

Steve n'osait pas bouger.

- Tu me vois, tu as mal quelque part ?

- Je vous vois professeur.

Stark soupira de soulagement et lui lâcha enfin le visage. Steve remarqua que son avant-bras était rouge.

- Mais ?

Steve fronça les sourcils et attrapa le bras, enlevant sa main de sous l'eau froide.

- Vous êtes brulés !

Il entraina le bras sous l'eau froide qui coulait encore. La blessure ne semblait pas si grave mais quand même, il pouvait penser un peu à lui.

- Bien sur, grimaça Tony. DUM-E crache son huile partout, heureusement elle n'est plus très chaude. Je l'ai débranché il y a quelques heures. Mais bon, un jet dans l'œil et c'est la galère assurée.

Steve souffla, contrarié. Il portait définitivement la poisse à son professeur. Un silence s'installa porté par la musique qui s'échappait de la poche du brun. Il continuait d'ailleurs à dévisager Steve, et semblait toujours à la recherche d'une trace d'huile quelconque.

Son inquiétude le touchait. C'était tellement… tellement attentionné que Steve se sentit fondre. Était-il obligé d'être aussi mignon en permanence. Comme souvent en sa présence, le professeur se mit à rougir.

Mais cette fois, Steve savait pourquoi. Il avait pleinement conscience de sa main caressant le bras du professeur. Il était pleinement conscient de son front posé sur le sien et du regard chaud qu'il lui envoyait.

- Je vais bien professeur, ne vous inquiétez pas.

Steve sentit le hochement de tête du professeur, qui ne recula pas d'un pouce. Il l'avait évité pendant plus d'une semaine et pourtant, là tout de suite, il n'avait qu'une envie.

Ne plus jamais s'éloigner.

Xxx

Steve avait chantonné tout le reste de l'après-midi, s'attirant les regards curieux de ses amis.

- Steve, commença Natasha, depuis quand tu écoutes du Black Sabbath ?


137 ème rencontre

- Dis voir, vous avez pas un match bientôt ?

Steve leva les yeux de son cahier de croquis, où il peaufinait les derniers plans d'actions de son équipe. Dessiner le détendait, il préférait le faire lui même que de demander tout le temps à Jarvis.

- Si, dans 3 jours. Pourquoi ?

- Tout le monde peut venir ?

Le blond posa son menton dans sa main. Le professeur avait l'air tout penaud de poser la question.

- Bien sur. Pourquoi ? Tu veux venir ?

Le tutoiement s'était installé progressivement, sans qu'ils ne s'en rendent vraiment compte. C'était apparu sous forme mixée à base de 'Rogers tu vas bien ?' et de 'Tony vous êtes là ce soir ?' avant de glisser naturellement vers une familiarité complète. Steve en était plutôt content, ça effaçait le côté élève-professeur.

- Carrément, je vais venir agiter les pompons pour encourager notre école !

Steve l'imagina un instant dans une tenue de cheerleaders et s'esclaffa.

- J'ai hâte de voir ça !

- Hey, c'est comme ça que tu traites tes supporters ! Bravo le capitaine !

- Non vraiment j'ai hâte ! Surtout que ce sera le premier match officiel des nouveaux, je suis sur que ça leur ferait un beau souvenir !

Tony lui jeta un boulon qui trainait par la, que Steve esquiva facilement.

- Je voulais juste apporter mon soutien d'une quelconque façon et être présent, maugréa le brun.

Quand Tony disait des choses adorables de ce style, en rougissant, ça donnait envie au capitaine de l'enlacer. Steve lâcha un sourire et lui lança un clin d'œil.

- Le soutien est apprécié.

Il sauta de son rebord de fenêtre et vint s'asseoir devant le professeur. Il croisa les bras dessus et nicha sa tête à l'intérieur. Il était content qu'il vienne le voir. Vraiment content. Il sentit une main glisser dans ses cheveux, lui caressant doucement la tête.

Steve attrapa la main baladeuse et releva les yeux vers son professeur. C'était inhabituel qu'il soit tactile de façon aussi directe, ça l'avait un peu surpris.

- Tu avais des saletés dans les cheveux, se justifia Anthony.

Le blond sourit de toutes ses dents, jouant avec la main, caressant la paume, les doigts… Il avait les mains douces pour quelqu'un qui travaillait autant.

Ses doigts étaient plus fins qu'il ne le pensait aussi. C'était plutôt agréable de la tenir.

- Steve ?

- Ça me fait plaisir que tu viennes.

Il se redressa doucement, gardant son otage et planta son regard dans celui de Tony. Le professeur avait les joues délicieusement rosées. Son regard fut attiré par les cheveux bruns, désordonnés.

Steve avait envie de le toucher lui aussi, il ne voulait pas seulement recevoir, il avait envie de donner. C'est pour cela qu'il ne chercha pas à retenir sa main qui était déjà en train de le recoiffer, lissant les mèches brunes.

- Désolé, dit Steve, pas du tout désolé. Tu avais de la saleté dans les cheveux.

Xxx

- Bon écoutez moi les jeunes. C'est votre dernier entrainement avant le match alors vous m'envoyez de la bombe nucléaire. Je veux voir des étincelles sur le terrain compris !

- OUI COACH, hurlèrent-ils en cœur.

- Prenez exemple sur Steve, il est tellement motivé que ça illumine le stade.

Steve était arrivé en avance et avait préparé la séance rapidement. Il voulait que le prochain match soit parfait. Après tout, Tony prenait la peine de se déplacer, il fallait quand même lui en mettre plein les yeux. Steve voulait qu'il le voie sous son meilleur angle.

- Il veut juste impressionner sa copine !

- Merci Bucky pour cette intervention. Je ne sais pas ce qu'elle lui fait mais qu'elle continue, ça marche vachement bien !

Bucky squattait les bancs des remplaçants, à côté de leur rassemblement, et n'avait pu s'empêcher d'intervenir.

- C'est pas ma copine, nia Steve.

- Ce serait plus convaincant si tu le disais sans avoir un sourire jusqu'aux oreilles. C'est limite flippant, on dirait le joker.

Steve secoua la tête et porta la main à son visage. Il ne pensait pas que sa joie se verrait autant.

Xxx

145 ème rencontre

Le jour du match arriva vite. Steve était nerveux. D'habitude il n'y avait que ces amis dans les gradins et les élèves. Les professeurs venaient de temps en temps mais il n'était pas proche des autres.

Les échauffements avaient commencé sur le terrain mais Steve ne parvenait pas à se concentrer.

- HO STEVE TU TE BOUGES LÀ ?

Il s'était arrêté cherchant dans les gradins, scrutant les visages des supporters.

- OUI COACH.

Le professeur avait pourtant l'air de vouloir venir. La veille encore il lui avait dit qu'il venait. Pourquoi était-il absent ? Ce n'est pas comme si le stade était plein, c'était le premier match de plusieurs autres clubs. Mais il voulait qu'il ait la meilleure place.

Steve continua à trottiner, montant les genoux, faisant des fentes, des pompes, échauffant son corps comme il le pouvait. Son esprit, lui était ailleurs.

Des cris retentirent dans la foule de supporters. Steve se demanda ce qui pouvait créer autant de folie.

Des murmures s'élevèrent, suivant un homme que Steve ne reconnut pas tout de suite.

Steve s'arrêta de nouveau, imité par quelques camarades, cherchant ce qu'il pouvait bien se passer, ne comprenant pas ce qui suscitait tant d'émoi.

Une silhouette se détacha, descendant les marches d'un pas assuré. Les flashs venaient de partout, voulant immortaliser l'instant.

Le capitaine plissa les yeux et s'approcha du grillage le séparant du public. Face à lui, dans un costume bleu nuit coupé à la perfection, cravate assortie et chemise blanche, se trouvait Anthony Stark. Les cheveux impeccables, la barbe parfaitement taillée, une paire de lunette colorée rouge sur le nez.

Steve resta sans voix un instant. Il l'avait vu sur des photos mais ça lui semblait maintenant bien loin de la réalité. C'était la première fois qu'il trouvait un homme aussi beau. Il était éblouissant, resplendissant. Il resta figé comme un idiot, il était absolument magnifique.

Le professeur s'approcha de lui et lui fit un signe de tête, en souriant.

- Je crois que ton coach t'appelle.

Il secoua sa tête pour se redonner contenance. Il repensa à la panoplie de costume dans la garde robe du professeur. Il était finalement content qu'il ne les mette pas plus souvent, son cœur aurait du mal à le supporter.

- STEVE PUTAIN MAIS TU FOUS QUOI ? ARRETE DE FAIRE LE CON ET ECHAUFFE TOI CORRECTEMENT BORDEL.

- Je dois y aller. Le coach m'appelle, répéta Steve bêtement.

Steve commença à partir puis se ravisa. Il fit signe au professeur, qui commençait à s'asseoir, d'approcher. Cet homme face à lui éprouvait quelque chose pour lui et bon sang, il se sentait maintenant euphorique rien qu'à cette idée.

- On se rejoint après le match ?

Le blond vit le professeur grimacer, semblant un peu embarrassé.

- Je ne peux pas désolé, je suis attendu.

- Un rendez-vous ? Tiqua le capitaine.

- Non, un ami, rigola le professeur.

Steve fronça les sourcils, visiblement mécontent de la réponse. Il voulait… A dire vrai, il ne savait pas ce qu'il voulait exactement. L'équipe et lui se réunissaient après le match de toute façon. Son invitation était complètement ridicule.

- Si l'équipe gagne, tu viendras me féliciter quand même ?

- Seulement si tu gagnes, lança Tony accompagné d'un clin d'œil.

Le blond n'en doutait pas une seconde, il n'avait jamais été aussi motivé.

Xxx

Leur victoire avait été écrasante. L'écart de points était tel qu'il avait fait pleurer de joie le coach sur son banc.

Steve avait cherché du regard le professeur après chaque point marqué, mais celui-ci était trop pris dans le match. Son regard avait erré sur le terrain tout au long de la partie. Il était content de voir que Tony s'intéressait à son sport, ça lui faisait plaisir. Mais il aurait voulu qu'il ne voie que lui.

Le professeur s'était presque précipité devant la porte des vestiaires. Il avait salué le coach d'un signe de tête, avant qu'il ne rentre. Il avait ensuite félicité de façon très chaleureuse tous les membres de l'équipe. Il semblait très fier de cette victoire.

- Félicitations, dit Tony en tendant sa main vers Steve.

Il regarda d'abord le sourire immense qui lui barrait les lèvres. Il le trouvait différent, plus imposant, plus charismatique. Le blond rougit légèrement, se rendant compte qu'il le dévisageait sans retenue, et attrapa la main tendue.

- Merci.

Steve serra légèrement la main dans la sienne, lorsqu'il sentit que Tony cherchait à la retirer. Il avait envie de l'attirer contre lui. Plus encore, il avait envie de l'embrasser.

- STEVE TU TE BOUGES, ON VA PAS Y PASSER LA NUIT !

Il soupira et lâcha finalement la main du professeur avant de pénétrer à l'intérieur du vestiaire, rejoignant ainsi le reste de l'équipe. Ce n'était que partie remise.


153 ème rencontre

Steve était debout, dans sa chambre, face à son armoire. Bucky écoutait de la musique et lui parlait d'un ragot qu'il avait entendu au détour d'un couloir.

Enfin, Steve ne savait pas, il ne l'écoutait pas. Il était en train de regarder le T-shirt, soigneusement plié dans sa pile de vêtement. Il avait complètement oublié qu'il l'avait pris chez son prof' la fois où il avait dormi chez lui.

Distraitement, il l'attrapa, hésitant à le porter. Il l'avait pioché au hasard la dernière fois et n'avait pas fait attention au logo dessiné dessus. Celui de la stark industrie.

Il le reconnaissait facilement, c'est celui qu'il avait sur sa montre…Son casque et son ordinateur aussi, maintenant qu'il y pensait.

- … et donc à ce moment-là, il est arrivé sur un poney volant, ensuite …

Il ne pouvait décemment pas le porter sans attirer au moins le regard de Bruce. Il soupira et porta le vêtement à son nez, pour en respirer l'odeur.

Elle était un peu atténuée, mais il y avait l'odeur de Tony dessus. Il pouvait peut-être le garder…

- … alors là pour garer les vaisseaux je te raconte pas la misère…

Ou alors il pouvait en reprendre un autre, que le professeur aurait eu sur lui plus longtemps…

Il balança d'un coup le T-shirt dans sa penderie. Bon sang, il fallait vraiment qu'il fasse quelque chose, il allait finir par faire une connerie.

- OH STEVE REVEIL ! Claqua la voix de Bucky.

- Quoi ? demanda Steve sans se retourner.

- Tu fais quoi devant ton armoire depuis deux heures là ? Tu ne m'écoutes pas depuis tout à l'heure !

- Si… enfin, non. Désolé, j'étais perdu dans mes pensées… Du coup tu disais quoi ?

Steve espéra avoir donné le change. Vraiment. Parce qu'il ne se voyait pas se tourner dans cet état, son début d'érection était tout de même encore bien trop visible. Il ne pensait pas qu'une simple odeur pouvait avoir cet effet.

Xxx

Il avait finalement décidé de garder le T-shirt dans son armoire, Steve espérait avoir d'autres occasions de lui rendre. Et même s'il ne l'avouerait pas, il pensait l'utiliser dans… disons d'autres circonstances. Il regarda sa montre, il avait environ 15 minutes avant son prochain cours, il avait le temps de passer voir l'objet de ses pensées : Tony.

Lorsqu'il ouvrit la porte du bureau, Steve stoppa immédiatement. Tony était debout face au tableau, inscrivant à la craie des séries de chiffres. Ce n'était pas tant ce qu'il faisait mais ce qu'il portait qui l'interpella.

Il le reconnaissait. C'était le sien.

- C'est mon T-shirt.

Tony s'arrêta d'écrire et se tourna vers Steve, l'ayant à peine entendu entrer. Il haussa un sourcil et baissa les yeux vers son torse avant de regarder le blond de nouveau.

- Salut Steve, je vais bien merci et toi ?

- Pardon, ça m'a surpris.

Surtout parce que la coïncidence était énorme.

- Comment tu sais que c'est le tien ? Sans offense hein.

Concrètement, le T-shirt était blanc, tout ce qu'il y a de plus basique. Rien de bien distinguable en soi. Mais il tombait mal sur Tony, semblant trop grand et surtout, il reconnaissait la petite étoile brodée thermocollante sur le col, juste derrière la nuque. Il la mettait exprès pour justement éviter les échanges.

Steve s'approcha et plaça sa main au niveau de l'étoile, débordant sur la nuque de Tony, qui lui tournait le dos. Il caressa doucement l'étoile et se pencha pour lui parler à l'oreille.

- Il y a ma marque dessus, Tony.

Le professeur avança d'un pas, se collant presque au tableau et se retourna.

- Pourtant je l'ai pris chez moi, s'excusa Tony. Je te le rendrai plus tard, après l'avoir lavé.

- Non.

Steve se demanda comment il allait enchainer avec ça maintenant. Il n'était pas tout à fait prêt à… Enfin pas tout à fait prêt mais en même temps, il pouvait peut-être déjà… lancer des allusions ?

Il posa d'abord un doigt sur le torse, doucement, puis pinça légèrement le tissu.

- Je préfère le récupérer comme ça.

Le professeur le regarda de façon dubitative.

- Mais il est crade. Vous avez pas un stock limité de jetons pour les machines au campus ?

Bon, visiblement, Tony n'avait pas saisi où il voulait en venir. Si on avait dit un jour à Steve qu'il était peut-être trop subtil, il aurait éclaté de rire.

- Enfin si tu veux, en fait. Attends je te le rend tout de suite.

Tony se décala un peu plus et commença à retirer le vêtement sous le regard incrédule de Steve. Il avait dit qu'il ne se sentait pas prêt ? Il le retirait. Là tout de suite, il se sentait prêt à tout.

- T'as une lessive hypoallergénique ou un truc dans le genre ? demanda Tony en lui son T-shirt.

A cet instant, Steve se sentit d'une stupidité affligeante. Son regard passa du T-shirt tendu par Tony à Tony qui était debout…portant un marcel blanc.

- Steve ça va ?

Le blond saisit vigoureusement le T-shirt et se tourna, fuyant le regard du professeur. Il se sentait bête mais à un point… Qu'avait-il imaginé, bon sang, c'était l'interclasse. Il se faisait l'effet d'un gros pervers maintenant. Il se figea d'un coup en sentant une main sur son col.

Sur l'étoile.

- Tu le fais vraiment sur tous tes vêtements, s'amusa le professeur.

Steve ne répondit pas, fermant les yeux, essayant de calmer sa respiration qui s'emballait. Et la main de Tony qui descendit sur son dos, suivant la colonne vertébrale, ne l'aida pas du tout à se calmer. C'était doux et léger.

- File, tu vas être en retard pour ton prochain cours, murmura Tony reprenant sa main.

Steve hocha la tête sans répondre et partit. Il allait peut-être arriver en retard au prochain, il fallait vraiment qu'il s'arrête aux toilettes. en fait, il allait même peut-être le sécher.


164 ème rencontre

- Dis ça fait plusieurs fois que je me demande, commença Steve. Tu cuisines depuis longtemps ?

L'un des professeurs de Steve était malade, lui libérant deux heures dans l'après-midi. Ses pas l'avaient guidé dans le bureau de Tony sans même qu'il n'y pense. De toute façon, il ne cherchait même plus à justifier sa présence.

- Je ne sais pas trop. Je m'y suis mis il y a deux ans, je dirais.

- Je pensais que c'était une passion de gosse ou quelque chose dans le genre.

Le brun haussa les épaules, continuant à travailler.

- Une raison particulière qui t'as poussé à t'y mettre ?

- Ha ça ! Tu peux pas savoir à quel point vous êtes difficiles les ….

Il ne termina pas sa phrase donnant la désagréable impression à Steve de cacher quelque chose.

- Qui sont difficiles ?

- Personne en particulier, se ravisa Tony. Juste, je me suis rendu compte que je devais apprendre à me débrouiller. En plus ça me changeait un peu de toute cette ferraille, c'était vraiment tout bénéf' pour moi.

Steve reconnut cette expression. Il la reconnaissait très bien. C'était l'expression que Tony faisait lorsqu'il mentait.

- Vraiment, pour personne en particulier ? commença Steve en s'approchant. Tu me considères comme 'personne' ?

- Hein ? Mais non, pas du tout ce n'est pas…

- Monsieur Stark.

Le professeur jeta un regard plein de reconnaissance à l'ordinateur.

- Oui Jarvis ?

- Madame Potts désire vous parler.

- Passe là en vidéo. Ho Steve tu pourrais… ? demanda Tony en désignant la porte.

- Non.

Il n'avait pas vraiment envie de partir. Il se souvenait avoir lu le nom de Potts dans la liste des conquêtes du milliardaire. Certains magazines l'avaient même décrites comme sa conquête la plus sérieuse.

- De toute façon, ça concerne le travail non ?

- Oui, mais…

- Aucun problème alors. Je ne comprends rien à ce que tu fais, répliqua Steve en désignant son bouquin de droit.

- Salut Tony ! Interrompit une voix.

L'écran venait d'afficher une femme blonde, l'air assez enjoué, que Steve ne reconnut pas immédiatement. Sans maquillage et les cheveux détachés, elle faisait beaucoup moins stricte que sur les photographies qu'il avait vues.

- Salut Pepper, tu vas bien ?

- Ho mon dieu ? Tony c'est Steve Rogers à côté de toi ? s'exclama Pepper.

Steve sursauta à l'entente de son nom et se tourna vers la femme.

- Oui c'est moi, confirma Steve. Mais comment connaissez-vous mon nom ?

- Ça alors ! J'ai tellement entendu parlé de toi ! Je suis contente de te voir en vrai ! Alors dis moi tout, est-ce que…

- STOP, hurla Stark.

La communication se coupa instantanément. Tony et Steve étaient aussi rouge l'un que l'autre. Le capitaine n'en revenait pas, le professeur était allé jusqu'à parler de lui à son ex compagne.

- Arrête de sourire, marmonna le brun. Ce n'est pas du tout ce que tu crois.

- Et qu'est-ce que je devrais croire Tony ? répliqua Steve en souriant.

Tony grimaça un peu plus, semblant réfléchir à toute vitesse. Semblant chercher une excuse encore.

- C'est parce qu'on déjeune ensemble, c'est tout. C'est pour ça.

Steve venait de comprendre quelque chose. Plus les semaines passaient, plus ils s'étaient rapprochés. Et pourtant, malgré toutes les informations que le professeur laissait échapper, il n'avait pas l'air de vouloir aller plus loin, de parler de ce qu'il ressentait. Ni de débuter quoi que ce soit en fait.

Et ça commençait à le déranger. Il voulait qu'il l'admette, il voulait qu'il se lance. Il voulait lui faire avouer.

Il s'approcha du professeur et lui saisit la mâchoire, sentant la chaleur des joues sous ses doigts. L'air confus qu'affichait le brun finit de faire dérailler Steve.

- Je sais que tu me mens Tony. Je peux le voir sur ton visage.

Il caressa la joue à l'aide de son pouce.

- Je le vois dans tes yeux, continua t'il en s'approchant encore.

Le professeur rompit le contact en se reculant subitement laissant Steve la main en l'air à la même hauteur. Le capitaine ne s'en formalisa pas, au contraire. Il se découvrait une âme de joueur, une envie de vaincre.

Et là, il avait envie que les barrières de son adorable professeur tombent.

DRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIING

La sonnerie finie d'interrompre le moment, rappelant à Steve que les cours devaient commencer.

- On continuera plus tard, Tony.

Il ramassa son sac à dos et posa une main sur la poignée de porte avant de se raviser. Il retourna vers Tony et lui déposa un baiser furtif sur la joue. Il retourna ensuite devant la porte.

- J'ai vraiment hâte, professeur, dit Steve en sortant.


179 ème rencontre

Steve était le genre de personne qui pouvait être soit rapide dans ses décisions soit très lent. Il avait mis du temps à choisir son cursus, il avait mis du temps à choisir son école mais paradoxalement, il prenait des décisions en 1/10ème de seconde sur le terrain et savait qu'il voulait entrer dans l'armée depuis ses 10 ans.

La seule chose qui ne changeait pas, c'était sa détermination. Lorsqu'il avait pris une décision, il mettait tout en œuvre pour parvenir à ses fins.

Et il avait décidé de faire céder le professeur. Il était prêt à commencer une relation avec lui. Plus que ça, ça devenait un besoin.

- Tony, tu fais quoi ce soir ?

Tony qui était en train de travailler, s'arrêta et observa Steve, qui se trouvait sur le rebord de fenêtre.

- Ce soir ? Rien de spécial. J'ai encore deux trois choses à finir ici et après je vais me poser.

- On passe la soirée ensemble ?

- Tu veux venir me regarder travailler ? Demanda Tony, dubitatif.

- Non chez toi.

Le professeur fronça les sourcils. Ils ne se voyaient jamais en dehors de la salle. Enfin ils se croisaient sur le campus mais Steve n'était jamais retourné chez lui.

- Euh, je ne sais pas trop. Je comptais aussi bosser un peu chez moi. Une autre fois peut-être ?

Si Steve se sentait maintenant parfaitement sur de lui, il essuyait pourtant refus sur refus. Le professeur faisait tout son possible pour que leurs échanges aient lieu dans le cadre scolaire. Il comprenait les réticences que le brun pouvait avoir, lui-même éprouvait une certaine appréhension face à leurs différences. Mais ça agaçait quand même Steve.

Flash back :

1ère tentative

- On se fait un ciné ?

- Ha sans moi je travaille ce soir.

2ème tentative

- Il y a un bar qui a ouvert à côté du campus, ça te dit d'aller y faire un tour ?

- Désolé, je vois un ami ce soir.

17ème tentative

- On pourrait se faire un peu de sport demain matin ?

- Je ne suis pas trop du matin pour le sport.

- Pas de problème, on peut faire ça le soir, ça ne me dérange pas…

- Non ce soir, je dois bosser

Steve avait tout essayé, proposé tous les types de sorties. Tony avait tout le temps soit du travail, soit un 'ami' à voir. N'importe quelle excuse était bonne pour décliner ses demandes.

- Tu refuses sans cesse. Je vais finir par croire que tu ne veux pas me voir ?

- N'importe quoi. C'est juste que je travaille beaucoup, même quand je suis chez moi.

- Ça ne me dérange pas. Je pourrais réviser pendant que tu travailles.

Tony soupira et se gratta la tête. Il semblait hésiter et Steve en profita pour s'engouffrer dans la brèche. Il avait bien compris qu'il allait devoir s'imposer.

- Bon, dit Steve en se levant. Je serais chez toi vers 19h30.

- Quoi ? Mais hey Steve ne part pas comme ça.

Steve avait commencé à partir, laissant le professeur venir à lui. Une fois qu'il fut assez prêt, il se tourna rapidement et stoppa net. Le brun lui tomba littéralement dans les bras.

Il les referma immédiatement, empêchant Tony de se dérober.

- Arrête de me fuir, murmura Steve à son oreille.

- Mais je ne fuis pas !

Steve pouffa et laissa glisser son nez sur le cou du professeur. Il pouvait le sentir frissonner contre lui.

- Tu me chatouilles, dit Tony en le poussant un peu.

- Arrête de me fuir, répéta Steve.

Tony se dégagea finalement et regarda suspicieusement Steve.

- Tu… Tu es un peu étrange en ce moment, grimaça le professeur.

- Pas étrange, Tony, dit Steve en se rapprochant encore. Juste lucide, ce n'est pas pareil.

DRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIING

Par moment, Steve maudissait cette sonnerie. Il regarda le professeur, qui avait réussi à reculer encore un peu pendant son moment d'inattention. Il soupira, se disant qu'il n'allait vraiment pas avoir la tache facile.

Il s'approcha de nouveau, coinçant le professeur contre le mur. Sans le toucher il se pencha face à lui, plantant ses yeux dans les siens, collant leurs nez.

- Ce soir 19h30, chez toi. N'oublie pas.

Il lui embrassa le bout du nez et fila vers son cours de l'après-midi. Si Tony émit des protestations, Steve fit semblant de ne pas les entendre.

Xxx

180 ème rencontre

Il était devant la porte du professeur, à l'heure prévue. Il s'était souvenu du trajet plutôt facilement. Steve tenait dans une main sa besace qui contenait ses livres pour réviser et portait sur son dos un second sac, contenant des affaires de rechange.

Steve s'était fait chambrer pendant une heure par Bucky lorsqu'il avait compris qu'il découchait. Malgré la dose de vannes qu'il s'était pris, il savait que Bucky était content de le voir 'ouvrir son cœur', comme il disait si bien.

À la base, il n'avait pas prévu de passer la nuit mais au final, il s'était dit pourquoi pas. Après tout, il avait prévu d'attaquer et il en avait marre de tourner autour du pot.

- T'es vraiment venu, dit Tony après avoir ouvert la porte.

- Tu en doutais ? demanda Steve en le poussant un peu pour entrer.

Tony portait les mêmes vêtements que ce midi. Steve regarda la table du salon, pleine de feuilles.

- Tu travailles vraiment ?

- Bien sur, répondit Tony en fronçant les sourcils. Je te l'ai dit tout à l'heure.

Steve avait imaginé que ce n'était qu'une excuse. Ça le rassurait un peu, il avait presque l'impression d'être lourd à force, mais le brun était vraiment occupé. Il ne cherchait pas juste à l'éviter.

- Tu veux boire un truc ?

- Je ne dirais pas non à une bière, dit Steve en s'installant sur le canapé.

Tony partit dans la cuisine en soupirant et Steve en profita pour étudier la pièce une nouvelle fois. Il ne savait même pas que ce genre d'appartement était disponible sur le campus. Il regarda le professeur qui avait basculé dans la cuisine, préparant apparemment quelque chose à manger.

Mon Dieu est-ce qu'il portait un tablier ? Il ne l'avait pas vu la dernière fois. Il tenta de se remémorer la scène, en vain. Il n'était décidément pas du matin.

C'était tellement mignon que Steve ne put retenir son sourire. Il se leva et se dirigea vers le cuisinier qui était en train d'improviser une soupe. Il saisit le poignet du professeur qui tenait la cuillère.

Sans le lâcher du regard il approcha l'ustensile et avala son contenu. Il lécha sa lèvre supérieure, appréciant le trouble du brun.

- J'ai l'impression que ça manque de sel, lâcha Steve.

Cela eut au moins le mérite de réveiller Tony, qui s'empressa de gouter et de rajouter de l'assaisonnement.

Steve retourna tranquillement s'asseoir. Il avait toute la soirée devant lui, il n'allait pas se presser.

Xxx

Tony avait rapidement plié son travail, Steve, lui, avait juste fait semblant de réviser, préférant observer le professeur.

Tony s'était ensuite installé sur le canapé et avait mis un programme au hasard, un film de superhéro. Steve était assis au milieu tandis que le professeur se serrait dans un coin, mettant tout œuvre pour éviter le contact physique.

Steve lui, grappillait des centimètres et se rapprochait progressivement. Tony se décalait à chaque fois, augmentant l'amusement du capitaine. Il comptait vraiment lui résister jusqu'au bout ?

Lorsque leurs épaules se touchèrent, le professeur fit un tel écart qu'il bascula dans le vide. Steve le rattrapa et le plaqua contre lui, l'empêchant de tomber.

- Fais attention.

Le professeur était à moitié allongé sur Steve et le regardait l'air un peu perdu. Steve le retint à l'aide d'un bras et observa son visage. De son autre main il retraça les lignes de la mâchoire, jouant avec la barbe, passant derrière l'oreille. Il sentait sous ses doigts une substance un peu huileuse, provenant surement de son bureau.

Steve lâcha un petit rire face à cette constatation.

- Tu m'as l'air tout sale.

- Euh oui, euh je me suis fait une toilette rapide, je n'ai pas eu le temps de me doucher.

Steve le relâcha et Tony en profita pour se relever.

- D'ailleurs, dit Tony. Je vais aller la prendre tout de suite et aller me coucher. Je te laisse claquer la porte ?

- Oui pas de souci, Tony.

Steve allait claquer la porte mais il ne comptait pas quitter cet appartement.

Xxx

Tony sortit de la salle de bain environ 20 minutes après, une serviette autour de la taille. Des gouttes d'eau tombaient de ses cheveux encore humides sur le plancher. Il se dirigea dans sa chambre pour récupérer de quoi dormir.

- HO PUTAIN !

Il sursauta défaisant sa serviette, qu'il réussit à rattraper avant qu'elle ne dévoile ses attributs physiques.

- Tu m'as fait peur, pourquoi tu cries ?

- Mais toi tu m'as fait peur ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

Steve était en caleçon et en T-Shirt, tranquillement installé dans le lit de Tony. Il lisait un des livres qu'il avait attrapé sur la grosse bibliothèque de la chambre.

- Je t'attends pour dormir ?

Le regard de Steve coula sur le corps du brun, qui avait une main placée sur le cœur. En l'observant un peu mieux, Steve remarqua qu'une grosse cicatrice était présente au centre du torse, habituellement cachée par ses vêtements. Il ne l'avait jamais remarquée avant.

- Tu as mal ? demanda Steve en désignant le torse.

- Hein ? Ça ? Non c'est une vieille opération du cœur, ce n'est pas douloureux juste moche.

Steve se leva et reluqua le professeur de haut en bas.

- Je ne vois rien de moche chez toi, Tony. Dit Steve en se rapprochant. Vraiment rien.

Steve retira son T-shirt, faisant rougir le brun. Il lui montra plusieurs endroits sur son torse où apparaissaient des petites cicatrices.

- Tu vois, moi aussi j'en ai.

- Steve. Qu'est-ce que tu cherches exactement ?

Steve pencha la tête sur le côté. Même en étant tous deux à moitié nus, dans sa chambre, il se posait la question ? Et c'était lui qu'on traitait de naïf ? Elle était bien bonne celle-là.

TOC TOC TOC

Ils ne bougèrent pas immédiatement, encore dans leur monde. Tony se décida cependant à aller ouvrir oubliant probablement qu'il ne portait qu'une serviette. Steve préféra ne pas sortir de la chambre. Il entendit cependant des éclats de voix. L'une provenait du professeur, la seconde venait d'un autre homme. Il choisit de ne pas bouger, attendant que Tony revienne.

Steve se rhabilla en attendant de savoir qui se permettait de frapper à la porte à une heure pareille.

Tony revint quelques minutes après en grimaçant. Il ouvrit sa commode à la volée et récupéra rapidement des affaires. Avant de repartir, il se stoppa et se tourna vers Steve.

- Je dois partir, grimaça Tony. Tu peux dormir ici si tu veux.

- Qui est là ?

Steve n'appréciait pas cette situation. Pas du tout même.

- Un ami.

- Un ami ? Sur le campus ? À minuit passée ?

Oui, il était jaloux. Oui, il n'appréciait pas d'être relégué au second plan. Pourquoi avait-il l'impression d'être l'intrus ?

- C'est compliqué.

- Explique-moi alors.

- Je n'ai pas le temps là maintenant mais…

Steve en avait assez. Il avait voulu laisser le temps à Tony de comprendre qu'il était prêt, qu'il voulait lui aussi de cette relation. Mais plus il avançait plus Tony reculait. Il était hors de question de revenir au statu quo. Hors de question. De même qu'il lui semblait invraisemblable de le laisser partir au milieu de la nuit avec un parfait inconnu sans que certaines bases aient été posées.

Le blond ne réfléchit pas plus, il se leva et attrapa Tony par la taille, le coupant dans son discours par un baiser. Il enserra la hanche maintenant nue, la serviette venant de tomber. Il le bascula en arrière, approfondissant le baiser, léchant les lèvres pour accéder à sa langue, caressant la joue. La main près de la taille s'agrippa à une fesse, elle aussi nue et douce.

Ce fut court mais intense. Steve relâcha finalement Tony.

- Maintenant, je veux bien attendre pour les explications.

Il retourna sur le lit de Tony et s'installa confortablement. Il reprit son livre et leva les yeux vers le brun, qui n'avait toujours pas bougé, toujours nu.

- Je te conseille de partir Tony. On n'a visiblement pas le temps.

Cela fit réagir le professeur qui sortit de la chambre rapidement, ses affaires à la main. Il était devenu couleur tomate en moins d'une seconde. Il revint une minute plus tard, vêtu de son éternel survêtement.

- Je pars, dit stupidement le brun.

- Hum, hum.

- Steve, je pense qu'il va falloir qu'on… Qu'on en parle.

Steve releva les yeux de son livre et regarda Tony qui semblait embarrassé. Le blond lui fit signe d'approcher. Tony exécuta l'ordre plus par reflexe que par obéissance. Steve l'attrapa par le col, le forçant à descendre vers lui, et lui vola un autre baiser, beaucoup plus doux et léger cette fois.

- Je n'attends que ça, professeur.

Tony avait pris la poudre d'escampette immédiatement après ce second baiser. Steve s'étira et se déplaça dans la salle de bain. Après tout ça, il avait besoin d'une douche froide.


181 ème rencontre

Steve était retourné tranquillement en cours le lendemain. Tony n'était pas rentré de la nuit, il avait été tenté de lui envoyer un message avant de se rendre compte qu'il n'avait jamais pris son numéro de téléphone.

Il effleura doucement ses lèvres du bout des doigts, repensant aux baisers échangés la veille. Tony avait eu l'air réellement choqué par son action, Steve pensait pourtant avoir réussi à montrer son intérêt au cours des dernières semaines.

Il s'arrêta devant la porte du bureau, inspirant un grand coup. Si Tony ne comprenait pas, il se faisait un devoir de remédier à cela.

Il poussa doucement la porte et perdit le sourire qu'il n'avait même pas conscience d'avoir.

Tony était là, comme à son habitude, au milieu de la pièce. Il serrait dans ses bras un homme, plus petit et lui caressait la tête, gentiment.

L'autre homme était de dos, Steve ne voyait pas son visage. Il resta tétanisé un instant, comprenant à peine ce qu'il se passait.

- Ne t'inquiètes pas. On ira la voir dès que possible et on rentrera à la maison après.

Si vous demandiez à l'entourage de Steve de le décrire, les mots qui reviendraient le plus souvent seraient 'patient', 'calme', 'réfléchi'… Pourtant à l'entente de cette phrase, qui indiquait clairement une certaine intimité entre les deux hommes, Steve vit rouge.

Il s'élança sur le couple et attrapa l'épaule du plus petit, qu'il envoya valdinguer plus loin. Ne se souciant pas plus de l'indésirable, il attrapa fermement la mâchoire de Tony et inspecta son visage. Il recherchait n'importe quel signe indiquant qu'il y avait eu plus qu'une conversation. Le brun devait être complétement éberlué, expliquant ainsi son absence de réaction.

- Capitaine ?

Steve se tourna lentement vers la personne qui venait de parler. Au sol, un peu plus loin se trouvait Peter Parker, un nouveau de son équipe. Le regard noir qu'il lui envoya coupa instantanément le plus jeune dans son élan. Steve reporta son regard sur Tony qui ne parlait toujours pas.

- J'espère que c'est une blague Tony. Je ne partage pas.

La phrase sembla remettre du plomb dans la tête de Tony, qui s'écarta d'un coup. De même, Peter se redressa à la vitesse lumière.

- Steve !

- Capitaine !

Peter fit mine de vouloir s'approcher de Tony. Steve se plaça sur sa route, le défiant du regard d'avancer.

- Enfin Steve, tu as perdu la tête, s'exclama Tony. Il a 17 ans enfin !

- Capitaine, je vous jure que ce n'est pas ce que vous croyez.

Steve se plaça à côté de Tony, ne prêtant pas attention à ce que pouvait dire l'autre. Il l'observa de long en large. Le brun donnait l'impression d'avoir quelque chose à cacher. Il lui saisit le bras et le traina derrière lui.

- Capitaine ? Attendez je …

- Toi, dit Steve glaçant. Toi tu vas où tu veux mais tu ne nous suis pas.

- Steve, je vais t'expliquer mais calme toi, bordel.

Franchement, malgré les préjugés sur son sport, Steve n'était pas du genre violent. Pourtant, chaque mot prononcé par Tony lui donnait envie de péter un câble et de tout casser.

- Mais vraiment, continua Tony, Peter devrait venir, il a un peu à…

Steve ne l'avait pas laissé finir. Il avait plaqué le professeur contre le mur et l'avait réduit au silence en l'embrassant. Le blond mordillait et léchait les lèvres du brun, l'empêchant de parler, l'empêchant de même penser à ce Peter.

L'une des mains de Steve passa sous le T-shirt et remonta jusqu'à la nuque, relevant le vêtement et le plaquant un peu plus sur lui. La deuxième main atterrit directement dans le pantalon, sur les fesses du professeur.

Steve le caressait, partout où il le pouvait, continuant sans relâche à l'embrasser.

Le blond finit par détacher ses lèvres de Tony, qui était rouge, les yeux vitreux de plaisir, complétement déboussolé. C'était exactement dans cet état qu'il le voulait. Il attrapa son bras et le traina de nouveau à sa suite. Il posa une main sur la poignée de porte et se tourna vers Peter.

- Je te le répète une dernière fois. Ne nous suis pas.

Xxx

Steve avait trimballé le professeur à travers les couloirs, jusqu'à son appartement. Il était sur de ne croiser personne. A cette heure-ci les élèves et les professeurs mangeaient ou faisaient la sieste.

Et de toute façon, vu le regard assassin de Steve, personne ne se serait amusé à lui demander quoi que ce soit.

- Jarvis tu peux nous ouvrir s'il te plait.

- Bien sur Monsieur Rogers, répondit L'IA en ouvrant la porte de l'appartement.

Steve poussa le professeur, qui ne disait pas grand chose, à l'intérieur.

- Jarvis, si tu pouvais également faire en sorte qu'on ne soit pas dérangé, ce serait formidable.

- Aucun problème, Monsieur Rogers.

Il était absolument hors de question que Tony se défile par un appel, une visite où il ne savait quoi d'autre. Pas cette fois.

- Maintenant, dit Steve en regardant Tony. Je t'écoute.

Tony était planté au milieu du salon semblant réfléchir à toute allure, il regardait partout sauf vers Steve.

- Tu couches avec Peter ?

Il n'avait pas voulu être aussi direct, mais visiblement, le cerveau de Steve ne filtrait plus ses pensées. La question était donc sortie d'un coup.

- Mais non enfin ! Je ne couche avec personne, s'énerva Tony.

- Je remédierai à ça plus tard.

- Hein ?

- Alors ? Explique-moi.

Tony soupira et se pinça l'arête du nez. Steve attendait patiemment. Savoir que Peter n'était pas un éventuel amant l'avait un peu calmé.

- Je suis en quelque sorte le mentor de Peter, déclara finalement Tony. Je l'ai découvert il y a un peu plus de deux ans. C'est un génie, un vrai génie comme on en voit rarement. Franchement ce gosse est doué pour tout, vraiment ! D'ailleurs, je lui ai déjà réservé une place dans mon entreprise.

Il semblait tellement fier en disant cela que Steve fronça les sourcils. Tony n'avait pas eu l'air de mentir en disant qu'il ne sortait pas avec Peter. Pourtant il semblait l'aimer.

- Et c'est tout ?

Tony détourna les yeux, il allait mentir, Steve le savait. Il décroisa les bras et fit un pas en direction du brun. Il sentait l'énervement revenir à la charge.

- Ne me mens pas Tony. S'il te plait, ne me mens pas.

Parce que Steve n'était pas sur de la réaction qu'il pourrait avoir. Tony sembla le lire dans ses yeux et se redressa un peu, résolu.

- Je suis venu ici pour lui. Je voulais être sur qu'il soit correctement formé… Enfin qu'il ait au moins mes bases. Peter ne voulait pas au début… Fury a accepté que je vienne à la condition que je prenne en charge au moins une classe. Peter voulait juste avoir une scolarité normale, aller en cours comme tout le monde et ne pas être emmerdé à cause de moi et de ma célébrité. Il ne voulait pas qu'on le pense pistonné. On a décidé de faire comme si on ne se connaissait pas sur le campus.

- Et votre relation alors ? Tu n'es pas juste son mentor, il y a plus ça se voit. Je le vois.

- Je…, Tony grimaça. Je pense que je l'aime et que lui aussi m'aime si c'est ça que tu veux dire. Mais pas dans le sens amoureux, dans le sens parental plutôt.

Steve qui avait fermé les yeux inspira longuement avant des les rouvrir.

- Tu veux dire comme un père et son fils ?

- C'est exactement ça, approuva Tony. Ses parents sont morts il y a longtemps. J'ai plus ou moins pris cette place malgré moi mais au final, ça me va bien. Sa tante, la seule famille qui lui restait est décédée l'année dernière et depuis, il vit avec moi. Il a eu un coup de blues hier soir. On a discuté une partie de la nuit et on s'est endormi par terre, au bureau…Je lui expliquais qu'on irait sur la tombe de sa tante quand tu es entré et voilà…

- D'accord, approuva Steve. D'accord.

Ce n'était pas ce à quoi il s'attendait mais ça allait bien à Steve comme ça. Enfin, il était désolé pour Peter et sa famille mais il était soulagé que son lien avec Tony ne soit que de cet ordre.

Il réfléchit un instant, Tony était donc venu pour Peter, ce qui était plutôt logique vu le passif. Il voulait le former lui-même, ça il avait bien compris.

Mais ça n'avait rien à voir avec lui et pourtant il sentait qu'il lui manquait quelque chose.

C'est pour un gars de sa classe. Il a envie de rejoindre l'équipe, je crois qu'il est un peu fan de toi d'ailleurs

Steve blanchit, commençant à comprendre.

- Peter est fan de moi, murmura Steve.

- Oui, grimaça Tony.

Le blond repensa à toutes les attentions qu'avait eues le professeur depuis leur rencontre. Ça avait eu lieu à chaque fois après des remarques qu'il avait faites à ses amis.

- C'est Peter qui t'as demandé d'être gentil avec moi ?

- Au début oui, avoua Tony. Il m'a bassiné des semaines en me racontant toute ta vie et tes exploits. A quel point vos histoires se ressemblaient – Tony eut l'air désolé de rappeler se souvenir à Steve - Quand on s'est vu la première fois, je n'ai pas eu le cœur de te mettre dehors. Peter ne me l'aurait pas pardonné. Quand je lui ai dit que tu venais le midi, il est devenu infernal. J

- Les cadeaux, les repas, tout ce que tu as fait… se rappela Steve. Tu as fait ça pour Peter ?

- Un peu. Je me suis dit que je pouvais m'occuper de toi comme je l'avais fait avec lui. Il m'a un peu soulé au début, surtout pour le bruit et les repas… Après il me balançait des infos l'air de rien et j'avisais en fonction.

Steve repensa à toutes ses fois où, au début de l'année, il s'était plaint de mal dormir ou de mal manger. Peter devait être dans les parages à chaque fois qu'il en parlait.

- Et la photo ?

- Quelle photo ?

- Dans ta table de chevet.

- C'est Peter, dit Tony, il voulait que je te la fasse signer, il osait pas te le demander. Il en a semé un peu partout dans l'appartement en espérant que je cède. Je lui ai dit non, tu m'aurais pris pour un fou – Tony marqua une pause - Et j'ai eu raison apparemment. Maintenant que j'y pense, c'est pour ça que tu m'as évité après non ?

Un vrai travail de mémoire commença pour Steve. Il essaya de repenser à tout ce qu'il s'était passé, ce qu'il avait interprété comme des signes venant de Tony.

- Et les questions que tu m'as posé ? Par rapport à l'homosexualité, la différence d'âge…

Tony souffla, visiblement mécontent que ce sujet soit abordé.

- C'est Peter, encore ? Insista Steve.

- Oui, cet idiot s'est entiché du coach Wade. Je voulais juste savoir ce qui l'attendait, grimaça Tony. J'en ai discuté avec Pepper, la femme que tu as vue en visio la dernière fois. Elle m'a dit de ne pas m'en mêler.

- Et tu t'es dit que moi je pourrais au moins te donner une idée générale du personnage...

- Bah ouais, c'est pas comme si je côtoyais 150 élèves sur le campus… Pepper m'a dit que ça ne ferait pas trop… trop bizarre si j'abordais le sujet subtilement, dit Tony en balayant la phrase d'un geste de main.

Parce qu'il avait eu l'impression d'être subtil, se scandalisa Steve intérieurement.

Mais alors là c'était la meilleure du siècle. Peter Parker, un petit prodige de 17 ans qui s'est entiché de ce rustre de Wade ? Steve grimaça lui aussi. Si Tony le voyait comme un fils, il comprenait pourquoi il avait eu peur. Wade était flippant quand il s'y mettait…

Alors au final, ça n'avait rien à voir avec lui. Tony tentait juste de protéger son lien avec Peter de la façon la plus maladroite au monde ? Bon sang toutes ses fois où Tony cherchait des excuses, qu'il se reprenait...C'était juste pour trouver un bobard protégeant ce gamin ?

Steve regarda vers Tony et éclata finalement de rire. Un long et bruyant fou rire. Tony n'était pas très sur de la raison de son hilarité.

- J'étais persuadé que tu me draguais, réussit à dire Steve, entre deux éclats de rire.

- Oui je m'en suis rendu compte au bout d'un moment, marmonna Tony. Je ne voulais pas vraiment en arriver là. Quand j'ai expliqué la situation à Peter, il s'est bien foutu de moi aussi.

Le blond continua à rire. Il imaginait parfaitement la scène, Tony essayant de jouer au grand frère et la situation lui échappant totalement. C'était tordant.

- Tu t'y es vraiment pris comme un manche, pouffa Steve. Tu aurais du m'en parler, ça aurait été plus simple.

- Je ne voulais pas que tu penses que j'ai pitié de toi, parce que ce n'est pas le cas, dit Tony en souriant doucement. Et après, je… Enfin je t'apprécie vraiment Steve, je ne pensais juste pas que j'avais l'air de… Enfin voilà.

- Mais enfin, Tony, n'importe qui aurait pensé comme moi.

- Peter ne m'a jamais vu comme ça, se défendit Tony.

- Mais Peter avait quoi 13 ? 14 ans quand tu l'as rencontré, contra Steve. Je suis un homme Tony, pas un gamin.

- J'avais remarqué.

- Tu l'as remarqué trop tard apparemment, dit Steve, repartant dans un fou rire.

Son fou rire calmé Steve regarda Tony, toujours debout au milieu du salon. Il l'avait bien fait tourner en bourrique, mais au final ce n'était pas plus mal. Si Tony lui avait expliqué le 'mon fils est fan de vous', leur relation en serait surement resté là. Et pour rien au monde Steve ne reviendrait en arrière.

Toujours en souriant, il enleva son sac à dos et le posa délicatement sur le sol. Il se déchaussa et sortit sa chemise de son pantalon, ne quittant pas Tony du regard.

- Steve qu'est-ce que tu fais ?

- Je déboutonne ma chemise.

- Non mais, je vois ce que tu fais, pourquoi tu le fais ? reprit Tony.

Steve continuait à sourire, déboutonnant lentement sa chemise, s'approchant peu à peu de Tony, qui reculait.

- Je t'ai dit que j'y remédierai plus tard. On est plus tard.

L'allusion fit mouche et Tony recula de trois grand pas heurtant le mur. Il réorienta aussitôt son dos vers la porte ouverte à proximité, qui donnait sur la chambre. Ça arrangeait plutôt bien Steve, c'était la destination qu'il envisageait.

- Mais c'est un malentendu je te dis, s'exclama Tony.

- Oui, le début.

Steve jeta sa chemise au sol et continua à avancer.

- Tu l'as dit toi-même Tony, 'au début' c'était pour Peter. Plus après. Je n'ai pas inventé tes rougeurs…

Il enleva son T-shirt, dévoilant son torse, musclé, et jeta aussi le vêtement.

- Je n'ai pas inventé tes regards…

Il déboucla sa ceinture et s'approcha un peu plus de Tony qui trébucha sur le lit. Il voulut se relever mais Steve l'arrêta, lui attrapant les poignets et le plaquant sous son corps.

- Je n'ai pas inventé tes touchés… Je me doutais bien que tu ne t'étais pas intéressé à moi sans raison.

Il se pencha et mordilla doucement le cou du brun, le faisant gémir. Il huma cette odeur boisée qu'il retrouvait enfin. Il aspira la peau, la suçant et y laissa une marque avant de se relever un peu.

- Crois-moi, dit Steve. Je ne suis pas aussi prétentieux.

- Tu n'as jamais été prétentieux, marmonna Tony.

Steve caressa doucement la joue de Tony et effleura du pouce ses lèvres. Il se pencha finalement pour l'embrasser, tendrement.

- Mais je m'en fous, murmura Steve. Je m'en fous du pourquoi. Tout ce qui m'importe c'est là où ça nous a emmené. Ce que je ressens n'est pas un malentendu.

Tony tourna la tête, il récupéra la main que Steve venait de libérer et se cacha les yeux.

- C'est une mauvaise idée…maugréa t'il.

Steve enleva la main et plongea son regard dans celui de Tony. Il posa doucement sa main sur sa joue, lui effleurant le lobe de l'oreille.

- C'est même une très mauvaise idée, approuva Steve.

Pourtant Tony enroula son bras autour du cou de Steve et l'entraina dans un baiser fougueux. Aucun des deux ne voulait se défaire ce cette étreinte.

Steve enleva le haut de Tony laissant ses mains caresser chaque parcelle de peau disponible et les laissa descendre jusqu'au pantalon.

Il n'avait jamais fait ça avant, bien qu'il y pensait souvent ces derniers temps. Et pourtant, voir le brun, sous lui, haletant, quémandant son attention. Ça le rendait fou. Complétement fou.

Steve se releva et enleva son pantalon, en même temps que son caleçon, se dévoilant face à son professeur. Il agrippa les pans du survêtement et le fit descendre lentement. Il caressa au passage, les cuisses fermes, les genoux légèrement abimés, les mollets parfaitement dessinés.

Steve touchait Tony partout. Il se rendait compte maintenant à quel point il en avait envie, à quel point il le désirait. Il se découvrait frustré d'un corps qu'il ne connaissait pas et comptait bien y pallier.

- Steve, murmura Tony.

Le blond reporta son regard vers Tony.

- Steve, c'est une mauvaise idée.

S'il avait encore une once de raison, c'est que Steve lui laissait visiblement trop le temps de réfléchir. Il posa sa main sur sa joue et l'embrassa longuement. Son autre main se posa sur le boxer, massant la bosse à travers le tissu. Steve se frottait contre la jambe de Tony, continuant à l'embrasser et à le caresser. Il gagna finalement l'intérieur du boxer, attrapant le sexe déjà tendu, arrachant un gémissement encore plus rauque à Tony. Steve lui attrapa une main qu'il posa sur sa propre érection et la seconde qu'il posa sur son torse. Il avait ce besoin urgent de le sentir.

- Touche moi Tony.

Ils se calèrent l'un contre l'autre, se masturbant mutuellement. Steve eut du mal à se retenir et à rester concentré, le brun était plus endurant que lui. Sa main allait et venait, sans interruption, au contraire de Steve dont le plaisir lui faisait saccader le rythme.

Steve jouit étonnamment vite, se répandant en partie dans la main et sur le torse de Tony. Le brun était encore haletant, le sexe toujours dur et dressé. Steve avait stoppé son mouvement après avoir joui, perdu dans les méandres du plaisir.

Il vit Tony lever la main salie devant ses yeux et observer le liquide poisseux. Steve refusait de le voir revenir à la raison. Il sentait déjà son sexe redevenir dur rien qu'à l'idée de ce qu'ils n'avaient pas encore fait.

- Je vais rendre cette idée bonne Tony, ne t'inquiètes pas.

Steve retira finalement sa main et l'embrassa doucement. D'abord sur la tempe, puis de plus en plus bas jusqu'à atteindre le sexe de Tony.

- Je vais te faire l'amour jusqu'à ce que tu la trouves bonne.

Xxx

Ils avaient fait l'amour une première fois, lentement, prenant leur temps, se découvrant mutuellement. Ils se découvraient novices dans ce domaine.

Quand Tony s'était finalement relevé du lit, il avait tourné en rond dans le salon en s'excusant d'avoir abusé de Steve et de sa naïveté, qu'il était plus vieux, qu'il aurait du faire attention, blablabla.

Steve avait levé les yeux au ciel et l'avait ramené immédiatement contre lui, recommençant à l'enlacer sur le canapé.

La seconde fois que Tony se leva, il rejoignit la cuisine, et recommença à faire les cent pas. Le discours avait un peu changé, maintenant il se lamentait d'avoir détourné du droit chemin un jeune homme au cœur pur, avec un brillant avenir devant lui, blablabla.

Steve l'avait étalé sur la table de la cuisine et lui avait de nouveau fait l'amour.

- Continue à te plaindre Tony, lui avait murmuré Steve. Je comptais justement visiter toutes les pièces de cet appartement.

Tony n'avait plus rien dit.


Et toutes les autres rencontres

Le reste de l'année avait filé à toute allure. Steve avait rapidement officialisé sa relation avec Tony auprès de ses amis. Si Bruce s'en doutait un peu, – il était vraiment le plus observateur du groupe - ce fut la surprise générale pour les autres.

Il avait d'ailleurs découvert le côté vénal de ses amis, qui s'étaient empressés de demander quand ils pouvaient venir 'squatter' à la tour Stark (et sur toutes les infrastructures Stark si possible). Heureusement pour Steve, Tony avait compris l'humour et ne s'en était pas formalisé. Ils l'avaient chaudement félicités d'avoir réussi à mettre le grappin sur le célibataire le plus en vue d'Amérique.

Peter s'était rapidement intégré au groupe et s'était fait une joie de casser tous les mythes existant sur Tony. Il avait d'ailleurs expliqué en long, large et travers leur histoire d'amour.

- C'était pitoyable ! Steve a failli me casser la figure et Pa' enfin Tony, qui essayait de me faire croire que 'non mais non, je suis juste sympa comme ça sans raison'. Ri-di-cu-le.

Dès la fin de la remise des diplômes, Steve avait 'roulé le patin du siècle' – selon Natasha – à Tony, plus beau que jamais dans son costume noir. Il n'était plus élève et ne voulait plus se cacher.

La photo s'était retrouvée à la une des journaux dès le lendemain. Le cabinet communication de Tony – Pepper Potts, une femme géniale que Steve espérait ne jamais contrarier - s'était occupé de gérer l'affaire et ce n'était ensuite plus jamais ressorti.

Steve n'avait pas renoncé à son rêve et s'était engagé dans l'armée. Tony ne l'avait pas lâché, loin de là, et l'avait suivi partout où il le pouvait. Ça amusait souvent Steve, surtout quand il se rappelait ses hésitations du début. Il semblait maintenant ne plus pouvoir se passer de lui. Enfin Steve l'espérait, c'était ce que lui ressentait dans tous les cas.

Au final, Tony avait recruté Bruce pour son entreprise. Clint était subventionné pour sa gamme de flèches qui apparemment pouvait 'intéresser une certaine clientèle'. Natasha hésitait encore mais ne tarderait pas à faire son choix.

Bien que Tony avait nié en bloc, il avait aidé Bucky a rejoindre l'essai clinique de Rumiko Fujikawa, juste la référence mondiale sur la maladie de Charcot.

Peter avait continué tranquillement ses études, finalement Tony avait estimé qu'il pouvait le gérer de loin après cette première année. Tous avait compris qu'il ne voulait pas s'éloigner de Steve.

Et les voilà maintenant, 5 ans après, toujours ensemble, toujours heureux.

Le commandant d'unité de Steve, Rhodey, était devenu le meilleur ami de Tony, qui passait son temps à débarquer dans sa garnison, bien que ce soit formellement interdit.

- Tony ce n'est pas raisonnable. On dirait que je suis privilégié, s'agaça Steve.

- Encore heureux que tu es privilégié, tu sors avec moi.

Tony s'était mis un point d'honneur à développer de nouvelles technologies au profit de l'armée. Gilets par balles derniers cris, armes surpuissantes, subventions en tout genre… Du coup, personne n'osait contrarier Steve, même s'il faisait tout pour être traité comme les autres.

- Mon Rhodey, regarde un peu ce que je t'ai dégoté, un petit bijou tu m'en diras des nouvelles.

- Ho putain, viens on va l'essayer, j'ai justement un whisky qui va te plaire. Tu vas m'en dire des nouvelles.

Et son comandant d'unité qui était aussi débile que son petit-ami, ne lui facilitait pas la tâche.

Après une heure de travail, Steve rangea finalement sa paperasse et se décida à rentrer. Tony faisait la navette entre la tour Stark et la maison. Pour l'instant ils habitaient à côté de la caserne de Steve, le temps qu'il se fasse muter. Tony se mangeait deux heures de route par jour quand même, ça embêtait Steve de le voir aussi fatigué.

Ce soir-là, Tony était étrange en plus, il avait ce regard un peu fuyant, qu'il connaissait bien maintenant.

- Alors, tu m'expliques pourquoi tu stresses ? demanda Steve sitôt la porte d'entrée franchie.

- Ça se voit tant que ça, murmura Tony.

- Je te connais par cœur.

Tony inspira et sortit des papiers de sa besace, qu'il posa devant Steve.

- Je vais faire une demande d'adoption pour Peter, lança directement Tony. Je me demandais si éventuellement tu voulais faire les démarches avec moi ?

Steve regarda la pile de papier et regarda Tony. Il ne pouvait décidément rien faire comme les autres. Parce que Steve n'était pas dupe, il savait ce qu'il se cachait vraiment derrière cette question.

Est-ce que tu veux fonder une famille avec moi ?

Est-ce que tu veux t'engager avec moi ?

Est-ce que tu veux rester à mes côtés ?

Steve n'eut même pas besoin de réfléchir.

- Oui.

- Vraiment ? Super, vraiment super. Parce qu'on ne sera pas trop de deux, j'ai l'impression qu'il arrive finalement à ses fins avec Wade. Franchement je pensais que ça lui passerait après la fin de l'université et vraiment…

Et le voilà qui repartait dans ses élucubrations. Ce n'était pas très grave, Steve savait ce qu'il devait faire pour l'arrêter. Un baiser pour commencer, il verrait le reste après.

FIN


Et voilà, fin de l'histoire. Un peu plus compliqué pour moi celle-là. Au contraire de bodyguard où j'avais toutes les scènes en tête, ici l'histoire est venue en écrivant. J'espère que ça vous a plu quand même et n'hésitez pas à laisser un commentaire si le cœur y est, ça me fait vraiment plaisir.

3615 my life : Pour l'anecdote, il y a quelques années, je faisais le pigeon voyageur pour une copine qui n'osait pas aborder les garçons. En essayant de gratter des infos pour elle, le gars s'est mépris et a cru que je lui faisais des avances. Je me suis sentie vraiment conne quand il m'a clairement fait du rentre dedans. La grosse grosse galère pour en sortir, étant donné que moi je n'étais pas du tout intéressé. Quand j'ai expliqué à ma pote ce qu'il s'était passé (pas d'embrouilles pour rien), elle m'a rigolé au nez. Je n'étais pas aussi subtile que je le pensais – tristesse - .