La Faille

Les livres et la série The Vampire Diaries ne m'appartiennent en rien, je ne dispose que de mes mots.

1.

J'ouvre les yeux, et je sens quelque chose de différent. Peut être un léger changement dans l'air, ou plutôt dans mon souffle. L'oxygène emplit mes poumons, cela ne change pas, mais tout me semble plus tangible, plus réel. Des particules de poussière dansent entre mes cils, les rayons du soleil transpercent mes paupières. Je repense à cette belle soirée d'été que j'avais passée avec mes parents et mon frère, au bord du lac, en train de ramasser les dernières cerises du mois de juillet. Le soleil qui se couchait au loin se reflétait doucement dans l'eau, comme il le fait en ce moment sur mes pupilles, et ma mère n'arrêtait pas de prendre des photos pour ''immortaliser le moment'', disait-elle. Les couleurs de ces instants-là sont gravées dans ma mémoire, et j'essaie d'y penser de temps en temps, pour ne pas les oublier.

Mes pensées divaguent encore un peu, et reviennent sur le fait que mes cils papillonnent devant mes yeux. Mes cils, qui ne sont pas censés bouger. Que je ne suis pas censée voir. Entendre, sentir, respirer, je peux. Mais voir, c'est l'une des sensations que l'état de coma ne permet pas d'expérimenter. Soudainement, je comprends.

Ce que je vois n'est pas un rêve. Ce n'est pas un souvenir, ce n'est pas une simple pensée. C'est réel. Je n'imagine plus rien. Les fins éclats de lumières qui strient ma peau sont vraiment en train de la réchauffer, et la lourde odeur de bois qui m'entoure n'est pas inventée par mon cerveau.

Je suis réveillée.

Je tente de remuer les doigts et lâche un petit couinement de surprise en sentant la fraîcheur du drap sur lequel je suis allongée. Je peux bouger. Je peux parler.

« Oh mon dieu. » Je peux définitivement parler.

Ma respiration s'accélère, et je tente de me calmer. Mes yeux se referment, et je prétends un instant être de retour dans mon sommeil. Réfléchit. Commence par les choses simples. Je m'appelle Elena Gilbert. La dernière fois que j'ai pu marcher et vivre, j'avais 19 ans. Je suis étudiante en médecine. J'ai été un vampire, puis je suis redevenue humaine. Mon petit ami s'appelle Damon. C'est un vampire. Mes meilleures amies sont Caroline et Bonnie...Mes pensées se stoppent d'un coup. Je suis incapable de faire quoi que ce soit, j'ai même arrêté de respirer. J'entrouvre à nouveau mes paupières, et décide que je dois sortir de ce cercueil. Tout de suite.

Je remonte lentement mes mains le long de mes côtes, et les pose bien à plat sur le couvercle, à hauteur de mon visage. Ils n'ont pas été assez bêtes pour m'enfermer vivante dans un cercueil sans que je ne puisse en sortir moi-même... ? Le bois résiste quelques secondes, puis dans un grincement, qui aurait pu passer pour sinistre si je n'avais pas pas poussé un cri de victoire, assourdissant pour mes propres oreilles, le couvercle cède, et la luminosité accrue m'aveugle momentanément.

Je me relève avec précautions, et constate que je suis à l'intérieur d'une petite chapelle de pierre. Le blason gravé dans l'un des murs accroche mon regard, et je le murmure dans un sourire : « La chapelle des Salvatore. ». Le son de ma voix résonne bizarrement dans l'espace confiné. Entendre ce nom, prononcé à voix haute après tellement d'années que j'en ai perdu le compte, me donne un frisson. Ou bien c'est seulement le froid du soir qui tombe qui me fait cet effet-là.

Si je suis capable de faire tout ce que je fais en ce moment-même – à savoir, parler, bouger, voir – cela signifie que ce que je redoutais et attendais le plus au monde est finalement arrivé. Les souvenirs de ma dernière soirée en vie me reviennent, et je revois le visage heureux d'Alaric, ainsi que le sourire en coin de Damon, juste derrière lui, incarnant la perfection dans son costume. Je revois les boucles blondes de Caroline, stressée et impatiente, les yeux sérieux de Stefan, emplis de détermination et d'amour, la joie débordante de Jo, dans sa robe de mariée immaculée... Puis le blanc s'imprègne de rouge, le verre vole en éclats, une douleur lancinante vrille mon crâne à intervalles réguliers, et plus rien.

Quand je me réveille, si on peut appeler cela un réveil, la première chose que j'entends est un bruit strident qui se répète. Bip. Bip. Bip. Bip. Une chambre d'hôpital, des machines, des murmures, sûrement du blanc partout, que je ne peux pas voir. Je sens mon cœur s'emballer, les machines avec lui, et quelqu'un appelle une infirmière. Damon. C'est la voix de Damon. Il panique, ce qui pourrait me faire rire, vu que Damon ne panique jamais. Mais étant donné la situation, je me retiens. Pas que ce soit utile. Je me rends bien vite compte que je ne peux pas bouger non plus, et qu'aucun son ne sors de ma bouche. Aucune réaction ou mouvement possible pour moi. Une main se pose sur mon poignet, et une voix féminine annonce que tout va bien, que je suis en parfaite forme, et que je ne devrais pas tarder à me réveiller. Youuh ouuuh ! Je suis là ! Pas besoin d'attendre, j'aimerais juste savoir ce qu'il se passe.

Au moment où Damon rentre dans mes pensées pour la première fois cette nuit-là, je suis déjà en train de penser à lui. Je regrette de ne pas avoir pu passer la soirée du mariage avec lui. Et puis, ma robe doit être complètement ruinée. Je le force à me dire ce qui m'arrive, et à m'expliquer pourquoi je ne suis pas réveillée alors que tous mes résultats médicaux semblent indiquer que je devrais l'être. J'aurais dû me douter que Kai était dans le coup, pour ça aussi. J'aurais dû penser en priorité à Bonnie. J'aurais dû demander si elle allait bien, si tout le monde allait bien. Mais tout ce à quoi je pouvais penser, c'était qu'évidemment, il fallait que ça tombe sur moi. Après que j'ai enfin trouvé un peu de stabilité, que je sois redevenue humaine, que tout ce que j'espérais accomplir dans ma vie était fait ou en cours, il fallait que je sois plongée dans un coma artificiel et magique, qui durerait aussi longtemps que la vie de ma meilleure amie.

Lors de mon ''enterrement'', où tous mes proches sont venus me faire leurs adieux, Bonnie m'explique qu'elle a posé plusieurs enchantements sur moi, pour que le temps n'ai aucune prise sur mon corps ou mon esprit. Notre liaison me permettait en quelque sorte de me nourrir à travers elle. J'étais juste une version moderne de la Belle au bois dormant ! Bon, pas aussi décérébrée qu'elle, j'espère...

J'ai perdu la notion du temps, encore une fois. Le soleil s'est couché, ça doit bien faire une heure que je suis réveillée. Mais à un autre niveau, je ne sais absolument pas quel jour, mois ou année nous sommes.

Je me lève, m'extirpe du cercueil foncé et symbolique, et me dirige vers la grille de la chapelle. Le verrou rouillé glisse sous mes doigts tremblants, je n'arrive à l'ouvrir qu'à la troisième reprise. La terre s'enfonce sous mes chaussures, les feuilles mortes crissent sous mes pas. Je m'arrête à quelques mètres du tombeau et, les mains sur les hanches, inspire le plus longtemps possible l'air du monde des vivants. Je suis au milieu d'un cimetière, et ça fait un bon bout de temps que je n'ai pas ressenti une telle joie.

Je n'ai aucune idée de l'endroit où aller. Je n'ai aucune idée du temps que j'ai passé enfermée dans ce cercueil, protégée par une petite vingtaine de sorts pour qu'aucun vampire rêvant d'humanité ne puisse me retrouver. Je n'ai aucune idée de ce que je vais faire, dans l'immédiat, ou même après.

Mais une chose est sûre.

Je suis en vie.

Et Bonnie est morte.


Salut salut !

Autant vous dire d'emblée que même si Elena n'est pas le personnage que je préfère, je trouve que cette histoire de coma-à-longueur-indéterminée-mais-définie est super intéressante et exploitable ! Ceci n'est évidemment qu'un prologue, et se déroule dans un futur plus ou moins proche, ce n'est pas encore décidé... Mais j'ai déjà une petite idée de scénario, bien que toute cette histoire est assez spontanée. Vous verrez sûrement bientôt ce qu'est ''la faille'', et j'espère qu'elle vous plaira, même si certains d'entre vous y ont peut être déjà pensé...

Ne soyez pas timides surtout, ce serait cool d'avoir quelques avis, pour les prendre en compte dans une potentielle suite !

Merci de m'avoir accordé quelques secondes de votre vie intrépide, et à bientôt j'espère !

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