C'est une idée qui m'est venue. J'aime beaucoup la valse et j'ai trouvé qu'à part une arène, le terrain de combat contre Ganon dans OoT pouvait servir à autre chose. Snif, je les trouve trop mignons ensemble ces deux-là.
Disclaimer: non, TLoZ ne m'appartient pas. D'ailleurs, je nage en pleine illégalité en vous proposant cette fiction. Enfin, je crois?
Allez, trois lignes de blabla suffisent. Please, enjoy.
La Princesse et le Chevalier
Link
se tenait, las, face à l'endroit où était
allongé Ganon quelques instants plus tôt. La magie des
Sages avait fait disparaître son corps, mais l'odeur et les
destructions restaient visibles. Il semblait à Zelda que
l'écho du choc des armes lui revenait encore, vivace,
renvoyé par les collines alentours.
« Link…
-Oui.
-Tu dois repartir.
-Je sais. »
Le Héros du Temps
se retourna, rangeant son épée derrière son dos.
Bien sûr qu'il savait ! C'était prévisible,
les Déesses n'apprécient pas que des balafres si
profondes défigurent leur monde.
Il regrettait de n'avoir
pas pu empêcher ce qui s'était produit. Il regrettait
de ne pas avoir réussit à dissuader Sheik de fuir dès
qu'ils se rencontraient. Il regrettait de ne pas avoir évalué
à sa juste valeur son amitié avec Saria. Il regrettait…
Il n'était pas
un adulte et plus un enfant. Il avait perdu son innocence et pourtant
souvent on lui disait qu'il était naïf. Il savait plus
de choses qu'un bon nombre de personne et pourtant était
souvent traité en ignorant.
Tout serait réglé
avec ce dernier sursaut du temps : Hyrule redeviendrait le pays
verdoyant qu'elle avait toujours été, les Gerudos
n'auraient plus de roi tyrannique, Il serait Kokiri jusqu'à
la fin de ses jours et oublierait jusqu'au souvenir de cette
aventure, croyant que ce n'était qu'un rêve.
Pourtant, Link était
loin d'être enthousiasmé par cette décision.
« Je vais
totalement disparaître d'Hyrule, n'est-ce pas ?
-Oui.
-Mon histoire sera-t-elle
écrite sur un quelconque livre ?
-Non.
-Je serais donc considéré
comme mort.
-Oui.
-Peux-tu refuser sa
dernière volonté à un mourant ? »
Face à la surprise
de Zelda, Link eut un sourire hésitant. Bien sûr qu'elle
lui accorderait ce qu'il voudrait, tant que ce n'était pas
contraire à la volonté des Déesses.
« J'aimerais…
Danser avec toi. »
Il
avait dit ça en tendant sa main et Zelda ne put retenir un
rire nerveux mais clair. Elle s'était attendue à
quelque chose de titanesque, à la hauteur de la tâche
qu'il avait accomplie mais non, il lui demandait de danser une
valse. Une simple valse, la danse la plus élémentaire
pour une princesse.
Link retira ses armes.
Son dos courbé, enfin soulagé du poids de ses souvenirs
douloureux et du métal qui les charriait, se redressa
fièrement. Le chevalier des fables d'Hyrule reprenait la
stature qui lui convenait, dépassant maintenant Zelda de
quelques pouces. Retirant enfin les gants d'Or de ses mains, il
apparut dans la forme qu'il n'aurait jamais dû quitter :
un Hylien en habit vert.
« Oh, Link,
comme tu as dû souffrir.
-Je
pense être mieux loti que ceux qui habitent les cimetières. »
Si peu de temps pour
éprouver ces si profondes douleurs. Il avait perdu une partie
de son âme et son corps avait été meurtri si
profondément. La main gantée de Zelda, posée
dans la sienne, lui faisait oublier tout. Dans un souffle, il lui fit
un baisemain, agenouillé, comme les preux chevaliers des
contes de fées.
« Vous avez
ravi mon cœur, ma Dame.
-Je le
garderais contre le mien, jusqu'à la fin des Temps, noble
Héros. »
Et ils débutèrent
leur danse, serrés amoureusement dans les bras l'un de
l'autre. Il n'y avait aucune musique qui résonnait dans
leurs oreilles mais leurs cœurs suffisaient pour battre le rythme.
Des pas sans faute, l'un
contre l'autre, sur un champ de bataille. La Princesse et le
Chevalier.
« Si Père
me voyait…
-Il n'aurait rien à
dire.
-Et pourquoi cela ?
-Ganondorf était
Roi des Gérudos, je l'ai vaincu, je suis héritier du
trône. »
Zelda eut un soupir
soulagé : il n'était pas de sang royal mais
possèdait tout de même un trône. Elle posa sa tête
au creux du cou de son compagnon d'une danse : transpiration,
poussière et sang.
Et ils tournent, les deux
amoureux, insensibles à ce qui se passe autour d'eux. Et ils
tournent sans jamais s'arrêter, comme pour s'extraire à
la course du Temps. Et même si le ciel est couvert, même
si la nuit est noire, que la Lune ne s'est pas levée et que
le Soleil est éclipsé, rien ne les empêche de se
voir avec le regard de deux cœurs battant à l'unisson.
Une larme solitaire fuit
les yeux de Link, creusant un sillon propre sur une joue souillée
de sang et de terre. Elle roule, éphémère et
salée, jusqu'aux contours de son visage. Elle s'échoue,
abandonnée, sur un visage sans défaut et finit sa
course sur les lèvres d'une femme.
« Link,
sais-tu quelle est la seule chose que les Déesses ne peuvent
altérer ?
-Non.
-Le libre-arbitre. »
Et ils dansent, inséparables et inconscients. Le monde pourrait s'arrêter de tourner qu'ils ne s'en soucieraient pas plus. Sept ans à rattraper.
