Flash Back
« Tu m'oublieras...jamais...pas même dans un millions d'années ?...Jamais...Je t'aime Jack...ne dis pas ça, ne me laisse pas...Ianto...Ianto... » il sentit les larmes rouler sur ses joues, le froid, la douleur s'insinuaient peu à peu en lui. Il effleura ses lèvres une dernière fois. Il s'effondra comme au ralenti auprès de lui le tenant toujours dans ses bras. Une fois de plus il avait tout perdu mais cette fois-ci c'était trop tôt, beaucoup trop tôt...
De l'autre côté de l'écran dans une autre pièce du MI-5 personne n'avait perdu une seconde de la scène qui venait de se produire. Lois Habiba n'avait pu retenir ses larmes. D'ailleurs personne dans la pièce n'avait pu cacher son émotion face aux deux hommes. Les deux hommes qui se trouvaient dans cette pièce avaient tout perdu pour eux. Certains gardaient les yeux fixés sur l'écran, d'autres baissèrent la tête honteux et d'autres enfin les yeux rougis ne purent que laisser libre court à leurs larmes.
On ordonna, une fois l'alerte levée, à plusieurs soldats d'aller chercher les corps des malheureux au rez-de-chaussé mais aussi les corps des deux hommes dans la salle des 456. Les soldats les prirent avec délicatesse et les installèrent dans le grand gymnase avec tous les autres.
Jack Harkness devrait toujours ce souvenir de ce réveil d'entre les morts, le pire de tous.
Fin du Flash Back
Il bruinait ce jour-là d'un crachin caractéristique du pays gallois. L'atmosphère était grise, sombre, froide, pesante, silencieuse. Quelques parapluies noirs avaient été ouverts dans la petite assemblée qui s'était réunie pour assister à la cérémonie.
Après le départ des 456, une pierre avait été érigée au pied du MI-5 en hommage aux disparus. Devant les portes du bâtiment un homme en costume sombre énonçait un discours. Une cinquantaine de noms figuraient sur la pierre de marbre noir.
Gwen était accroché au bras de son mari. Son ventre commençait à s'arrondir. Ils étaient venu en mémoire de leur ami qui figurait sur le monument : Ianto Jones.
Gwen la tête baissée laissait couler ses larmes silencieusement. Près d'eux se trouvait la sœur, le beau-frère ainsi que les neveux et nièces de Ianto venus rendre un dernier hommage. Rhyannon avait le visage fermé des larmes perlant à ses yeux.
Rhys resserra son étreinte autour de son épouse. Il avait peu connu le jeune gallois mais s'en souvenait comme d'un homme chaleureux, généreux, avenant avec un talent certain pour le café. A cette pensée il émit un faible sourire.
Plus loin dans la rue un homme brun portant un manteau militaire des années 40 observait la scène en retrait. Les mains dans les poches, le regard fixe, il ne bougeait pas. Gwen le regarda avec une expression douloureuse.
Son visage était fermé, son regard azur perçant. Il prit une longue inspiration et releva le menton alors qu'il sentait sa vue se brouiller. Il ne verserait pas de larmes, pas devant ces gens. Il n'était venu que pour une seule raison, il n'avait vu qu'un seul nom : Ianto Jones.
La pluie coulait dans ses cheveux, le long de ses mèches, le long de sa nuque et du col de son manteau qu'il remonta après un frisson. Il se sentait totalement vide, plus aucune émotion ne l'atteignait. Son cœur s'était arrêté de battre en même temps que cet homme qui s'était éteint dans ses bras dont le nom figurait en lettres d'or, sur cette pierre aussi froide que la mort.
Ils n'avaient pas eu le temps de vivre, de partager, de s'aimer mais surtout il n'avait pas eu le temps de dire ce qu'il ressentait vraiment.
Les choses se passeraient éternellement de cette façon : ils mourraient tous mais lui demeurerait sans que le temps n'est d'emprise sur lui.
Il s'en voulait, il se sentait coupable. Après un dernier regard il tourna les talons et disparut dans le brouillard gallois. Lorsque Gwen se retourna il n'était plus là.
Il erra plusieurs heures dans la ville sans but. Son esprit vide, il se sentait fatigué, il avait la sensation d'avoir tout perdu, il ne voyait soudain plus de sens à tout ça. Il était entrain de dire adieu à Cardiff mais aussi à la terre en général. Il avait trop souffert ici et il était arrivé à un point de non retour avec la perte de son amant avec lequel il n'avait pas eu le temps de vivre.
Ce soir-là malgré les supplications de Gwen il avait quitté la planète bleue pensant ne jamais y revenir.
0o0o0o
Et puis le jour miraculeux était arrivé le forçant à revenir sur la planète autrefois chérie un an après l'avoir quittée.
Il se retrouvait deux ans après l'épisode des 456 et de celui du jour miraculeux à Cardiff avec Gwen et Rhys face à l'agent Johnson qui autrefois avait voulu sa mort au nom du gouvernement.
Gabriela Johnson en recontactant l'ancien Torchwood 3 avait été très anxieuse et avait appréhendé leur réaction face à sa demande. Elle avait connu le capitaine Harkness il y a de ça deux ans et elle ne retrouvait pas en lui l'homme qu'elle avait connu.
Elle le trouvait éteint, fatigué, portant les années sur ses épaules. Cette lueur d'espièglerie et de combativité qu'elle avait vu dans son regard semblait avoir totalement disparu. Outre cette absence elle observait une rigidité, une froideur dans ses yeux qui faisait presque peur.
-Alors pourquoi vouloir nous voir ? Finit par demander Gwen brisant le silence pesant.
-Si je vous ai donné rendez-vous c'est pour vous faire part d'une décision du gouvernement, répondit l'agent Johnson.
-Qui est ?
-Après décision, le gouvernement à décidé de lever les charges contre vous.
-Ils nous laissent tranquilles ?
-En effet, repris l'agent, et m'ont autorisé à vous restituer ceci, dit-elle en indiquant un grand conteneur rouge à la peinture écaillée qui se trouvait derrière elle.
-Qu'est ce que c'est ? Demanda Rhys.
-Lorsque nous avons détruit le quartier général de Torchwood 3 le site à été placé sous la direction du gouvernement. On nous à ordonné de récupérer tout ce qui était possible et de le mettre sous scellé ici.
Gwen la regarda quelques secondes avant de s'approcher et d'ouvrir les deux battants. A l'intérieur un incroyable bric à brac mais surtout le SUV s'y trouvait au centre.
-Nous avons retrouvé votre véhicule dans un quartier chaud de la ville curieusement intact.
Jack était resté de marbre se retrouvant confronté de plein fouet au passé qui l'atteignit comme un coup de poignard en plein cœur. Il demeura cependant impassible. De son côté Gwen redécouvrait ce qu'il restait du Hub poussant parfois de petits cris d'exclamations.
-Capitaine Harkness ?, fit l'agent en se dirigeant vers lui.
Il tourna son regard d'acier vers elle sans se départir de son calme. Elle l'invita lui aussi à se rendre dans le conteneur se rendre compte de ce qu'il restait. Sans rien dire, les bras dans le dos il s'y dirigea.
Il approcha le SUV, ouvrit la portière côté conducteur et s'assit. Il referma la porte derrière lui. Dans ce véhicule il ne pouvait s'empêcher de repenser à ses amis, sa famille disparus : Suzie, Tosh, Owen, Ianto... il ferma le yeux quelques secondes les lèvres pincées dissimulant son émotion.
Dans le silence de l'habitacle c'était comme si rien n'avait jamais changé, comme si ses anciens coéquipiers, amis allaient arriver d'un instant à l'autre. Mais en rouvrant les yeux tout reprit sa place.
Il tendit le bras vers le côté passager et ouvrit la boite à gant. S'y trouvait une ancienne arme de Torchwood des papiers, des clés et un carnet noir de moyenne dimension. Jack reconnut immédiatement le journal de Ianto sûrement oublié là par inadvertance.
Fébrile il le prit entre ses mains. Le carnet était noir en cuir, un élastique noir le fermait et un crayon était coincé entre les pages. Tremblant il l'ouvrit lentement.
Sur la première page était écrit :
Ce journal appartient à Ianto Jones.
Une citation avait été rajoutée en dessous :
Quels que soient les biens que le ciel te donnera, qu'elle que soit la cime où il daignera t'élever, demande lui toujours : encore, encore, encore. Il n'y a pas de maisons, il n'y a que des auberges. Le voyage est sans fin.
Il tourna la première page et tomba à la date du 1er Mars 2006 avec le titre Myfanwy.
Il referma le journal soudainement incapable de lire les événements de cette journée qui lui revenaient clairement à la mémoire. Il regarda la couverture sans rien faire. Il finit par sortir du véhicule avec l'arme, le journal et les clés qu'il savait être celles de l'appartement de Ianto.
Il sortit du conteneur et s'éloigna vers la ville laissant Gwen et Rhys avec l'agent Johnson qui le regardèrent s'éloigner avec un pincement au cœur.
Il traversa le centre de Cardiff et se rendit à l'appartement de Ianto le journal toujours contre lui. Il c'était rendu quelque fois au studio du gallois. Il resta quelques secondes interdit devant l'immeuble et pénétra dans le bâtiment.
Arrivé au deuxième étage il inséra la clé dans la serrure et pénétra dans le logement plongé dans le silence et l'obscurité. Les meubles avaient été recouvert de draps et une fine couche de poussière les recouvraient. Il se dirigea vers la partie salon découvrit la table basse et le canapé. Sur le meuble bas il déposa les clés et l'arme. Il s'assit lentement sur le canapé le journal toujours entre les mains. Il prit une inspiration et ouvrit le carnet noir à la couverture patinée.
1er Mars 2006,
J'ai enfin réussi à attirer l'attention du Capitaine Jack Harkness avec la capture hier du ptérodactyle. Il m'a convoqué aujourd'hui pour me signifier qu'il m'embauchait. J'étais vraiment heureux de cette décision dans des émotions qui me dépassaient un peu. Je vais pouvoir m'occuper de Lisa.
Une chose m'intrigue cependant, lors de la capture de Myfanwy (oui c'est comme ça que je l'ai appelé je ne sais pas pourquoi mais je trouve que ça lui va bien.) Lorsque le Capitaine est tombé des pattes de Myfanwy il m'est tombé dessus et pour éviter qu'on ne se prennent l'animal qui tombait endormi j'ai du rouler sur lui d'abord par souci de protection mais lorsque notre regard s'est croisé il s'est produit quelque chose d'étrange et je n'arrive toujours pas à l'expliquer ou à mettre de mots dessus. Son regard est vraiment énigmatique. Qu'est ce qui m'arrive ?
Ce capitaine à l'air bien mystérieux et je sens que je ne vais pas m'ennuyer au sein de cette nouvelle équipe. Mais je ne dois pas perdre de vue mon objectif principal : Lisa. Je ne suis là que pour ça.
Jack poursuivit sa lecture au fil des pages l'émotion montant peu à peu.
