Cet OS a été écrit dans le cadre de la nuit du fof (un thème, une heure, un OS) pour le thème « cigarette » . Si vous voulez plus de renseignements sur le concept des nuits du fof, envoyez-moi un MP.

Disclaimer : Naruto et tous ses petits amis appartiennent à Masashi Kishimoto. Je ne touche donc pas un seul centime avec cette histoire.

AN/ J'ai suivi ici les conventions japonaises, donc le nom vient avant le prénom. "Sama" est un titre de politesse envers un supérieur. "Kun" s'adresse au contraire à un individu mâle qu'on connaît bien ou à un garçon plus jeune. "Sensei" signifie professeur et "Hime" veut dire princesse.


La première cigarette

-SARUTOBI ASUMA !

Le cri quelque peu strident de Tastumaki Ran retentit dans toute la demeure ancestrale des Sarutobi.

La jeune femme vivait dans la maison depuis six mois déjà, depuis que la précédente nourrice avait déclaré forfait et abandonné précipitamment la place, prestigieuse mais mentalement et physiquement épuisante, de nourrice de Sarutobi Asuma, 6 ans tout juste, le plus jeune fils du troisième Hokage, Sarutobi Hiruzen, le chef actuel de Konohagakure no Sato, le Village caché dans les Feuilles.

Lorsqu'elle était arrivée pour la première fois dans la grande bâtisse, elle avait été quelque peu étonnée que celle qui l'avait précédée ait quitté aussi précipitamment son poste sans une raison impérative. Après tout, Ran était légèrement commère à ses heures et le départ fracassant et inopiné de celle qui veillait sur le fils de l'Hokage avait rapidement fait le tour de toutes les pipelettes de Konoha. Pensez-vous donc, une telle position, pouvoir côtoyer Hokage-sama quotidiennement, savoir que vous avez sa confiance et qu'en plus vous pouvez potentiellement influer sur le développement d'un garçon que son pedigree destinait presque naturellement à devenir Hokage un jour. Et en plus vous étiez nourrie, logée, blanchie par la famille Sarutobi. Il faudrait être folle pour abandonner tout cela.

Rapidement Ran s'était rendue compte que la folie ne consistait pas à partir mais plutôt à rester. En effet, Sarutobi Asuma avait peut-être l'air d'un ange, mais en vérité, il était plus proche du parfait petit démon. Il n'avait de cesse d'inventer des nouvelles pitreries et la liste de ses bêtises aurait certainement été plus longue que celle contenant l'ensemble des ninjas de Konoha ! Chaque jour en se levant, Ran se demandait quelle nouvelle avanie le petit garnement allait bien pouvoir inventer. Et chaque jour en se couchant, elle remerciait les dieux de lui avoir accordé de survivre une journée de plus avec sa santé mentale globalement intacte.

La dernière bêtise qu'elle venait de surprendre : le garçon avait pénétré dans le bureau que son père possédait dans leur maison, avait ouvert le premier tiroir en haut à gauche – celui où l'Hokage gardait des sucreries qu'il donnait à ses enfants en cachette (croyait-il) de leur nourrice respective. Oui mais voilà, si Ran pouvait à la rigueur passer l'éponge sur le fait qu'il soit entré dans le bureau de son père et fermer les yeux sur l'ouverture intempestive du tiroir aux bonbons, elle ne pouvait pas, mais alors vraiment pas ignorer la pipe, elle aussi cachée dans le tiroir, et qui avait fait son apparition entre les lèvres du jeune garçon. Surtout quand on savait que, comme à son habitude, Hokage-sama avait soigneusement bourré sa pipe à l'avance.

D'un pas décidé, la jeune femme entra dans la pièce, arracha des mains et des lèvres de l'enfant l'objet du délit qu'elle replaça, avec une certaine violence il faut bien l'avouer, dans le tiroir. Puis elle se retourna vers le garçon, prit son oreille entre ses doigts et, tirant doucement mais fermement sur l'appendice, entraîna l'héritier Sarutobi vers la sortie. Après l'avoir longuement et sévèrement sermonné, lui promettant que son père en entendrait parler, elle avait envoyé Asuma dans sa chambre avec interdiction formelle d'en sortir avant le dîner.

C'était un petit garçon repentant qui avait monté les escaliers et lorsque la porte s'était refermée, il avait un instant tourné des yeux suppliant vers sa nourrice. Mais Ran était restée inflexible. Il faut dire qu'elle avait l'habitude maintenant. Les premières fois, elle n'avait pas su résister et avait diminué, voire annulé la punition. Le tout pour s'apercevoir qu'à peine avait-elle le dos tourné que le garnement avait repris ses bêtises de plus belle.

Poussant un soupir de presque-désespoir, Ran se demanda une fois encore pourquoi elle restait à faire ce travail. Il y avait vraiment des moments où les inconvénients dépassaient fortement les avantages du poste.

oOooOooOo

Deux jours plus tard, un air de fébrilité se répandit dans la demeure des Sarutobi. Les Sannin, les trois élèves d'Hiruzen étaient de retour après une longue mission loin de Konoha. Le village entier s'en réjouissait bien entendu, mais le personnel du Sandaime s'affairait avec vivacité. En effet, à chaque retour de mission, que celle-ci ait été longue ou pas, l'Hokage invitait ses élèves à diner. Même s'il n'était plus leur professeur depuis de nombreuses années déjà, les liens qui unissaient les quatre ninjas étaient restés vivaces.

Assis sur les marches en bas de l'escalier, Asuma observait toute l'agitation qui animait sa maison jusqu'à ce qu'un énième serviteur ne trébuche sur lui en traversant le hall et que le garçon ne soit envoyé dans le jardin pour leur permettre d'achever leurs préparatifs en toute tranquillité.

Avec un soupir, mais habitué à ce genre de situation, le brun sortit de la maison et se promena un moment dans les allées. Comme tous les petits garçons, il aimait jouer dehors, surtout quand le temps était aussi clément qu'aujourd'hui, mais ce n'était pas très amusant de jouer tout seul.

Pour dire la vérité, Sarutobi Asuma s'ennuyait ferme. En effet, son statut de fils de l'Hokage signifiait qu'il était le plus souvent confiné dans la résidence familiale. Trop dangereux pour lui d'aller au parc jouer avec les autres enfants. Qui sait, un ninja ennemi pourrait l'attaquer. Non, il valait mieux qu'il reste bien en sécurité derrière la protection de la ribambelle d'ANBU et d'autres ninjas qui gardaient la maison de leur leader. Et comme sa sœur était bien plus âgée que lui, assez en tout cas pour être déjà Genin, et qu'il ne commencerait l'Académie que dans trois mois, Asuma se retrouvait la plupart du temps bloqué chez lui. Oh bien sûr de temps à autre, quelques camarades de jeu triés sur le volet venaient lui rendre visite, mais ça n'était pas si fréquent que cela. Et les exigences du métier d'Hokage faisaient que son père ne rentrait la plupart du temps pas avant la nuit tombée, bien après le couvre-feu du jeune garçon. Les personnes extérieures à la maisonnée qu'il voyait le plus souvent étaient les anciens élèves de son père, c'est dire.

Pour résumer les choses, Sarutobi Asuma souffrait de solitude. La seule façon pour lui de lever un peu cette pesanteur était de créer mille et une bêtises. Au moins comme ça, il était sûr que, même l'espace d'un instant, personne ne l'oubliait.

Arrivé au bord de l'étang artificiel qui se trouvait dans leur jardin, le garçon récupéra dans sa poche une des petites pierres rondes qu'il avait récupéré lors de ses récentes pérégrinations dans le par cet la lança dans la mare. Elle ricocha deux fois avant de couler à pic. Asuma en lança une deuxième, puis une troisième avec les mêmes résultats. Il soupira. Quand Jiraiya-sama le lui avait montré, il avait réussi à faire quatre ricochets !

-Asuma-kun.

Vivement l'interpellé se retourna pour voir qu'en face de lui se tenait Orochimaru-sama, un des élèves de son père. La peau blanche, les yeux jaunes et leurs orbites violettes avaient fait peur à Asuma lorsqu'il était plus jeune. Mais désormais, il trouvait ça plutôt cool. D'ailleurs, Ran ne l'avait-elle pas trouvé le mois dernier dans la salle de bain à peindre consciencieusement le contour de ses yeux avec de l'encre mauve ?

Si son apparence n'effrayait plus le jeune garçon, l'attitude généralement distante et un peu froide du ninja obligeait Asuma à garder un certain quant à soi. Mais il ne demandait pas mieux qu'à entretenir des relations cordiales avec son aîné. Après tout, un jour Asuma serait un ninja et qui sait, peut-être travaillerait-il sur une mission avec le Sannin aux serpents.

Il salua donc gaiement le ninja, lui demandant comment sa mission s'était passée. Bien sûr comme la plupart des missions du célèbre trio, tout ou presque était classé top secret mais Orochimaru prit tout de même le temps d'expliquer deux ou trois choses au fils de son sensei. Puis il rectifia le mouvement de poignet du garçon lorsque celui-ci jetait ses pierres, lui faisant gagne un ou deux ricochets supplémentaires pour son plus grand bonheur

Finalement la conversation en vint aux activités d'Asuma depuis la dernière visite du Sannin. Le jeune garçon, encouragé par le début agréable de leur conversation, se retrouva à raconter comment Ran l'avait découvert deux semaines plus tôt avec la pipe de son père. Il prit bien soin d'expliquer qu'il voulait juste faire comme lui et qu'il n'avait pas pris de bonbons et qu'il n'avait rien touché d'autre que ce tiroir et qu'il n'avait même pas regardé les quelques papiers qui traînaient sur le bureau et…

Orochimaru écoutait amusé le babillage quelque peu coupable de l'enfant, se retenant de sourire. Il savait à quel point l'ombre de Sarutobi Hiruzen pouvait être imposante. Après tout, lui et ses deux camarades n'avaient-ils pas eu toutes les peines du monde à en sortir ? Sans Hanzo la Salamandre, le leader du Village d'Ame et celui qui leur avait donné leur titre de Sannin, il était presque sûr qu'il leur aurait fallu encore un certain temps avant d'être pleinement reconnu comme des ninjas à part entière et non comme des extensions, douées certes, de leur professeur.

Il comprenait bien la solitude dans laquelle vivait le garçon. Oh bien sûr, il y avait toujours du monde autour de lui, mais personne de son âge, pas d'ami à qui se confier. D'une certaine façon, Orochimaru connaissait bien ce genre de situation. Après tout, il avait grandi dans un des orphelinats de Konoha et, s'il avait eu accès à de nombreux camarades de jeu de son âge, rares étaient les enfants à oser l'approcher, son apparence était trop différente, les effrayaient souvent, les rebutaient presque toujours. Et les adultes qui s'occupaient d'eux ne pouvaient aps concentrer tout leur temps et leur attention sur un seul petit garçon. A l'Académie, la même chose s'était produite, sauf que dans les premiers temps, certains des autres élèves s'étaient moqués de lui, l'avaient insulté parfois. Rageur, Orochimaru s'était jeté à corps perdu dans ses études jusqu'à être reconnu comme un prodige parmi ses pairs, lesquels n'osaient plus s'en prendre à lui. Mais il avait toujours été seul et il lui avait fallu attendre presque six mois après être devenu Genin pour se sentir enfin à l'aise avec ses coéquipiers (et pour que ceux-ci soient aussi à l'aise avec lui pour dire la vérité). D'avoir été ainsi accepté par l'héritière d'un des plus grands clans de Konoha, les Senju qui avaient donné deux Hokages à leur Village, avait été une révélation et un immense soulagement pour lui. Enfin, il avait des personnes à qui il pouvait tout confier ou presque. Enfin il avait des personnes qui avaient assez confiance en lui pour remettre leurs vies et une part de leurs secrets entre ses mains.

Orochimaru n'avait jamais été aussi heureux que depuis qu'il était devenu Genin. Et même si désormais en tant que Jonin, il leur arrivait fréquemment d'être séparés lors de missions, lui et ses coéquipiers avaient gardés des liens d'amitié étroits. Comme en témoignaient d'ailleurs ces petites soirées chez leur ancien professeur.

Un des serviteurs des Sarutobi s'approcha et leur annonça que le dîner allait être servi. Orochimaru hocha la tête et l'enfant et lui se dirigèrent vers la maison, le Sannin bien décidé à faire quelque chose pour remonter le moral du garçon esseulé.

oOooOooOo

-JIRAIYA !

Le cri retentit dans tout Konoha et la plupart des ninjas qui l'entendirent frémirent. Ce cri, relativement commun dans le Village, était l'expression de la plus pure colère de l'héritière des Senju, Tsunade, la Sannin à la force tout aussi légendaire que son caractère bien trempé et ses colères noires. Surtout quand elles étaient dirigées contre son coéquipier, l'Ermite des Crapauds et l'auto-proclamé Super-pervers, Jiraiya des Sannin. Généralement quand ce genre de cri se faisait entendre dans Konoha, c'était que Tsunade venait de surprendre son collègue masculin en train d'épier les bains des femmes ou de livrer à toute autre activité qu'elle considérait comme perverse.

Bizarrement cette fois-ci, le rugissement ne provenait pas de la direction des bains publics ou des points d'eau où se baignaient généralement les femmes du Village. Non, il émanait de la maison de Sarutobi Hiruzen et à en juger par les tremblements dans cette direction, la jeune femme se rapprochait à vive allure de la tour abritant les bureaux de l'Hokage. Les personnes alentours purent voir passer une Tsunade en furie qui tenait dans ses bras un Asuma quelque peu tremblant avant qu'elle ne disparaisse dans l'intérieur de la tour, tonitruant toujours après son coéquipier.

Lequel tremblait légèrement dans le bureau de leur professeur. Il ne savait pas ce qu'il avait fait, mais il sentait que la punition allait être douloureuse. Tsunade semblait encore plus remontée que d'habitude. Et il n'avait même pas fait quoi que ce soit de pervers ces derniers temps !

L'Hokage, Orochimaru et les deux autres ninjas présents affichaient tous un petit sourire en coin. Tous des traîtres, se dit Jiraiya avant de se remettre à trembler de plus belle à l'entrée de la furie qui lui servait de coéquipière. Les cinq hommes furent assez surpris de constater la présence d'Asuma mais Tsunade ne leur laissa pas vraiment le temps de s'interroger davantage.

-Jiraiya ! Comment as-tu pu ? Que tu sois un voyeur pervers je peux encore comprendre. Après tout, tu es un homme ! Mais là tu vas trop loin ! Comment as-tu osé ? Et avec le fils de Sensei en plus !

La mine effrayée mais effarée de Jiraiya ne fit rien pour la calmer, pas plus que le visage soudainement légèrement suspect de l'Hokage.

-Tsunade-Hime, je…

-Franchement Jiraiya », continua la jeune femme sans lui laisser le temps de se justifier. « Des cigarettes ? A son âge ?

-Jiraiya », tonna l'Hokage.

-Que, quoi, mais pas du tout… », tenta de s'expliquer l'homme face à la colère persistante de sa camarade et grandissante de son supérieur.

Tsunade brandit l'arme du crime, une boîte de cigarettes qu'elle tira de la poche du jeune garçon toujours dans ses bras.

-Et ça, hein, qu'est-ce que c'est ?

-Hime, j'ai beaucoup de vices mais fumer n'en est pas un, parvint finalement à sortir l'Ermite. Et je n'incite certainement pas les jeunes générations à le faire. Après tout, pourquoi écourter ainsi sa vie quand il y a tant de choses desquelles profiter : le saké, les femmes… »

Ces mots furent les derniers. Tsunade, excédée, fit usage de sa redoutable force et envoya son collègue valser à travers la fenêtre. Les témoins de la scène frémirent, heureux de ne pas être à la place de l'invocateur des Crapauds. Secouant la tête, Hiruzen se tourna vers son fils et commença à le sermonner sur les méfaits du tabac, ce qu'il était assez mal placé pour faire puisqu'il était un adepte de la pipe, comme le lui fit remarquer un Asuma quelque peu rebelle.

-Hum, Sensei, Hime, je pense que vous devriez regarder ces cigarettes de plus près », suggéra Orochimaru presque timidement.

Interloqués, les deux interpellés s'entreregardèrent puis, haussant les épaules, Tsunade inspecta le paquet et découvrit, ébahie, qu'il s'agissait de cigarettes en chocolat ! Jetant un regard méfiant à Orochimaru, après tout comment était-il au courant ?, la jeune femme fit part de sa découverte à leur sensei. Lequel tourna un regard interrogateur mais néanmoins sévère vers le jeune homme, lui ordonnant clairement de s'expliquer.

Et les quatre ninjas présents eurent la surprise de se retrouver confrontés à un Orochimaru presque bredouillant, en tous cas suffisamment penaud, qui expliqua que c'était lui qui avait donné le paquet de friandises à Asuma pour consoler celui-ci de ne pas pouvoir imiter son père.

Ni une, ni deux, Tsunade l'expédia lui aussi par la fenêtre pour l'avoir faite s'inquiéter pour rien, l'avoir faite se ridiculiser devant leur professeur et l'avoir faite frapper Jiraiya (même si c'était un fait fréquent, elle avait toujours une raison valable pour le faire, elle n'était pas une brute après tout !). Puis elle quitta le bureau de son professeur toujours en furie, se rappelant tout de même de déposer le garçon dans ses bras avant de partir. Les trois adultes présents plaignaient les patients qu'elle aurait ce jour-là.

Asuma fut renvoyé au domaine des Sarutobi avec une escorte ANBU et les deux autres ninjas présents furent congédiés. Après tout quelle était l'utilité de continuer un briefing s'il manquait la moitié des participants ? Le troisième Hokage soupira, se frotta un instant le nez, soupira de nouveau et sortit sa pipe d'un de ses tiroirs avant de commencer à remplir la paperasse devant lui, l'odeur de tabac se répandant lentement dans le bureau au gré de la fumée émanant de la pipe.


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