Introduction :

C'était un matin blanc. Un matin froid, un matin de neige. Near était assis sur le bord de la fenêtre, son corps se confondant avec l'horizon. Ses boucles reflétaient les premiers rayons du soleil. Non loin de là, la cheminée crépitait. Les bûches se consumaient lentement tandis que l'intuition du garçon étincelant lui murmurait quelque chose. Quelque chose de frais. Plus frais que la bise hivernale qui effleurait, dernièrement, ses joues. Un petit courant d'air réussit à passer, surprenant le jeune garçon qui resserra son étreinte enfantine sur son ours en peluche.

"Tu en aurais presque froid malgré ta fourrure, Nix."

Un bruit violent arracha le petit Near à ses rêveries. Plus qu'une tempête de neige, une rafale de haine s'apprêtait à s'introduire, avec force, dans la chambre. Le garçon n'appréhendait même plus ce genre d'intervention, il en avait l'habitude. Et il aurait avoué, sans difficulté, que cela rythmait quelque peu son morne quotidien. Un coup dans la porte indiqua la présence imminente de cette furie de Mello. Un fracas annonça l'entrée de cette terreur blonde.

"Near ! Tu es réveillé, toi aussi, tu le sens ? Il va se passer quelque chose aujourd'hui !

-Il aurait été difficile de ne pas être réveillé dans ces conditions..., soupira Near.

-Lâche ta peluche et viens m'aider à sortir ce paresseux de Matt du lit ! Il ne veut pas se bouger, le pressa Mello.

-Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée. Sais-tu que le manque de sommeil peut affecter l'espérance de vie ? Laisse donc dormir Matt...

-A quoi bon demander l'aide d'un paresseux pour réveiller un autre paresseux... Bon, je vais me débrouiller. Surveille l'entrée de la Wammy's house et préviens-moi

si tu remarques quelque chose surtout !

-..."

La tornade décampa à toute allure. Near se dit que Matt devait confondre la tête de Mello avec l'arrière de sa Gameboy quand il changeait les piles. Un léger sourire s'esquissa sur son visage. Il appréciait néanmoins l'énergie que communiquait le blond. Mais probablement moins que ce cher Matt.
Matt, qui sentait son crâne se réchauffer, un peu trop, son crâne qui bouillait. Satané mal de tête qui se profilait alors qu'il avait tenté de rattraper son temps de veille par une grasse matinée. Il sentait de l'agitation autour de lui mais n'osait pas ouvrir les yeux, de peur d'être emporté dans une activité bien trop intense pour lui, dès le réveil. En effet, Mello l'aurait obligé à se lever, se préparer et ... sortir dehors. Dans ce monde vaste et hostile. On était tellement mieux à l'intérieur, alors pourquoi ?

"Matt, arrête de faire semblant de dormir, tu respires trop vite pour passer inaperçu.

-La barbe... Mello, laisse-moi dormir encore un peu, je suis vidé là. J'ai mal au crâne.

-Tu n'avais qu'à pas passer la nuit sur ta console, je t'ai déjà dit que c'était mauvais pour tes yeux en plus. Bouge-toi maintenant !

-Arrête de gronder, ta voix -Ô combien magnifique, je l'admets- me résonne dans la tête, je vais mourir..."

Malgré ce tournis incessant dans sa tête, Matt réussit à penser que s'il venait réellement à mourir, il se sentirait plus seul éloigné de Mello que Mello de lui. A cette pensée, un sourire se dessina face à son auto-dérision quelque peu cynique.

"Pourquoi tu souris, gros bêta ? Dépêche-toi, je sens qu'il va y avoir du nouveau dans la journée.

-T'es chiant.

-Redis-le moi et ce n'est plus ta tête qui te fera souffrir.

-Oh... Je le redirais bien alors...

-...Idiot." lâcha Mello, le regard quelque peu rieur devant ce lascif de Matt.

Un lascif qui finit, cependant, par se lever. L'intuition de Mello avait rarement tort, pour ne pas dire "jamais". Puis, même sans cela, suivre Mello était la principale activité de Matt.

Depuis son arrivée à l'orphelinat. Depuis ce sourire à pleine dents qu'il lui avait adressé. Depuis cette étreinte qui avait pansé son coeur sanglotant d'orphelin. Depuis cette chaleur, les nuits d'hiver, qui venait l'entourer pour mieux dormir. Depuis Mello, tout simplement.
Alors Matt rejoignit Mello qui s'était posté devant la fenêtre, guettant le paysage avec attention. L'entoura de ses bras encore frêles d'enfant. Le blond ne cilla pas, si ce n'est deux petites fossettes qui se creusèrent sur ses joues.

Une voiture était arrivée devant la Wammy's house, et elle venait de déposer un enfant.