Auteur : Bonjour à tous ! Voici donc la deuxième fic que je mets en ligne et je précise clairement que c'est une réponse à un défi de Fyline. J'espère que cette histoire vous plaira et je vous embrasse tous bien fort.
Disclaimer : En dépit du fait que l'on connaît tous la chanson, il est important de rappeler que l'univers d'Harry Potter appartient à J.K. Rowling. L'histoire appartient à un défi de Fyline sur HPFanfiction et je lui fais de gros bezoox.
Avertissement : Ceci est slash. Par conséquent, elle implique une romance entre deux personnes du même sexe, ici deux hommes.
Résumé : Severus prend des vacances méritées dans sa maison de campagne. Alors qu'il est train de se reposer, le Maître des Potions entend un faible cri provenant de son jardin. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il découvre un Harry Potter nu et salement amoché allongé sur l'herbe verte…De plus que celui-ci le supplie de lui venir en aide.
Des vacances pour guérir
1. Dans un jardin en Normandie
« C'est 32 pounds. », grommela le chauffeur de taxi en se retournant vers son client.
Severus Snape saisit son portefeuille, glissé dans une poche de son manteau et tendit un billet à l'homme visiblement peu aimable. Il s'extirpa du véhicule sans demander son reste, se saisit de ses bagages et poursuivit son trajet. Une douce bruine se mit à tomber sur le paysage assombri que l'on devinait à peine. Il était 18h et le jour déclinait déjà. Snape pressa le pas. Bientôt, il tourna sur un chemin terreux qu'il parcourut encore pendant de longues minutes, ses mèches ruisselantes plaquées sur son visage. Alors que la végétation autour de lui devenait de plus en plus touffue, Snape aperçut au loin une lumière familière. Quelques centaines de mètres plus tard, il débouchait sur un chemin pavé de pierres grises devant une grande maison anglaise. Elle était majestueuse, aux boiseries grises et au toit en ardoise. Les fenêtres blanches étaient décorées de différents rideaux et de volets blancs et certaines au premier étage étaient ouvertes sur des pièces allumées. Comme l'indiquait la cheminée fumante, la maison semblait déjà habitée. Sans plus attendre, l'homme ouvrit la porte et s'engouffra dans l'intérieur chaud de la maison. Un spacieux corridor s'étendait devant lui, aux couleurs gris et blanc, décoré de quelques glaces et tableaux. Snape soupira d'aise dans cet endroit familier. A peine déposait-il ses valises sur le sol boisé qu'une petite silhouette surgit dans l'entrée.
« Le Maître est arrivé ! Pooky est si heureuse. Elle a préparé la maison pour la venue du Maître. », s'exclama l'elfe de maison d'une voix aigüe.
Snape esquissa un sourire bienveillant. Il lui tendit son manteau et la petite créature claqua des doigts, alors que les bagages de l'enseignant se mirent à léviter et disparaitre dans l'escalier de bois clair. Enfin, il étira son dos endolori par le voyage et son regard parcourut les pièces autour de lui. Chaque vacance d'été, c'est ici, dans ce domaine au cœur de la campagne française que le Maître des potions venait se ressourcer. En pleine Normandie, il avait eu un vrai coup de foudre pour la région, pour les vues, pour la mer et enfin, pour cette pauvre bâtisse en ruine qu'il avait découvert sur un terrain à la dérive. Alors, pierre par pierre, il avait fait rénover la bâtisse pour finalement en faire un majestueux édifice à l'architecture anglaise. Il se souvint des moyens considérables qu'il avait du mettre en place, la partie de son héritage familial et de ses économies qu'il avait dépensé, … Tout cela, sans regret.
Il n'avait reçu aucun de ses collègues de Poudlard. Le professeur tenait à préserver l'intimité du lieu. Malgré les supplications de son directeur Albus Dumbledore, la localisation de son repère était restée secrète. Il avait simplement toléré la présence de son elfe de maison, qui entretenait le domaine le restant de l'année. Dans la mesure du possible, il essayait de multiplier les allers-retours. Cependant, il lui semblait qu'une partie de lui restait en France tant son cœur se serrait à chacun de ses départs. Il se permit de se réjouir alors en pensant aux deux mois de repos dont il allait pouvoir pleinement profiter. Et justement, une odeur délicieuse émanait de la cuisine. Sans plus attendre, l'ancien Mangemort se dirigea vers la source de telles évaporations.
Car oui, ancien Mangemort, il l'était. A peine quelques mois plus tôt, trois pour être exact, Voldemort tombait, transpercé en plein cœur, au beau milieu de la Grande Salle dans l'école de Poudlard. Il ne souvenait plus comment Harry Potter était parvenu à glisser dans le corps du Mage Noir, l'épée de Godfric Gryffondor. Il voyait encore les regards stupéfiés des combattants, entendait les cris des fidèles abandonnés, sentait ses entrailles se retourner lorsqu'il avait vu le Survivant, au loin, tomber à genoux, ses yeux verts étrangement fixés sur lui pour ensuite s'écrouler sans connaissance sur les pierres froides. Le cri qu'il avait poussé par la suite, lui avait brûlé la gorge, sans qu'il ne s'en rende compte. Heureusement, tout cela n'était qu'un vieux souvenir. Son élève avait été transporté en quelques secondes à l'hôpital Sainte-Mangouste et pris en charge par les meilleurs Médicomages, il en était ressorti guéri et vigoureux quelques jours plus tard. Severus l'avait évité après cela, sans vraiment comprendre pourquoi.
Ce n'est que plusieurs semaines après cette longue, atrocement longue et dernière bataille que le monde magique s'était ébranlé par un de ses plus gros scandales. On reportait dans tous les journaux, tous les coins de rue du Chemin de Traverse, tous les bureaux du Ministère que « Celui-qui-avait-survécu » avait en réalité disparu. D'étranges tapages parcoururent les bouches. Harry Potter avait abandonné la magie, il échafaudait un plan pour pouvoir prendre le pouvoir au Ministère de la magie, il était parti vivre dans des montagnes perdues au Tibet, … Le fin mot de l'histoire jamais n'était ressorti. Un simple communiqué avait supposé qu'il était parti prendre des vacances que l'ensemble des sorciers estimaient « bien méritées ». Snape n'avait pu s'empêcher de n'être rassuré mais s'était formellement interdit de rechercher son élève. Il avait accompli envers son devoir formel, le protéger de Voldemort, et maintenant, il n'avait plus la légitimité d'assurer envers une surveillance rituelle.
Il arriva dans sa cuisine, elle aussi baignée de lumières confortables, de gris anthracite et meublée de placards blancs. Des grandes baies vitrées donnaient sur un jardin éclairé par la lumière du soleil couchant. Devant les plaques chauffantes, Pooky s'affairait avec concentration. Dès qu'elle aperçut Snape, elle sourit.
« Le Maître doit s'installer à table ! Pooky a bientôt fini de préparer le repas. »
Severus ne se fit pas prier mais alors qu'il regardait sa table blanche, il haussa un sourcil inquisiteur.
« Pooky, » dit-il, « pourquoi as-tu mis trois couverts ? »
Il se retourna pour voir la petite créature lever des yeux coupables.
« Pooky pensait que le Maître viendrait accompagné cette année … Le Maître est toujours tout seul. »
« Allons, cesse de dire des bêtises et viens t'asseoir. »
Le coup d'œil indulgent lancée à la domestique laissait devenir le pardon qu'il lui accordait. Pooky apporta des mets délicieux et s'installa à côté de son Maître. Celui-ci, contrairement aux coutumes, laissait son elfe prendre les repas avec lui. A l'inverse de l'image très conservatrice qu'il laissait paraitre, Severus n'accordait pas une tendresse particulière envers les dogmes démodées. Ils mangèrent tous les deux avec, venant du salon, une musique de jazz rythmé par un solo de saxophone. Les lourdes gouttes qui tombaient encore frappaient le verre des vitres de la maison. Pooky lui raconta les anecdotes des derniers mois qui parcouraient le conté.
La nature douce du Maître des Potions en privé pouvait surprendre. En effet, en dehors du monde de la magie, Severus adoptait un comportement totalement différent. Aimable, patient, parfois même drôle, il se révélait parfois un tout autre homme. Ces moments étaient rares, car Snape restait Snape. Un homme endurci par les épreuves de la vie, marqué par des blessures profondes et certains traumatismes. Et surtout, il ne supportait toutes les formes de sollicitude ou de compassion envers lui. Que l'on ressente de la pitié vis-à-vis de son parcours difficile l'exaspérait au plus haut point. Ainsi, il adoptait à l'école une attitude bien spécifique, reconnue pour sa rigueur, son intolérance et parfois même comme le disaient ses élèves, son sadisme. Bien sûr, il lui semblait naturel qu'il ne contredise point les rumeurs. En effet, il ne souhaitait absolument pas perdre sa crédibilité ou son autorité envers ses classes et encore moins, devenir le confident de ses étudiants. Il assumait ses problèmes seul, l'avait toujours fait et ceux des autres ne l'intéressaient pas. Un comportement qu'il payait par une solitude récurrente …
Cependant, Severus Snape dissimulait un autre vice : une aversion bien trop prononcée pour le chocolat. Alors que Pooky arrivait avec un moelleux cacaoté, il se mit à saliver en extra quantités. Il emporta sa part dans une assiette et partit dans le salon. La pièce dégageait une atmosphère de confort à laquelle Severus était particulièrement sensible. Les murs, qu'il avait choisis d'une couleur taupe eux aussi, reflétaient les flammes de la cheminée centrale construite sur le mur du fond. Un canapé et deux fauteuils en tissu taupe occupaient une place carré autour du feu. Sur le mur de droite étaient disposées deux bibliothèques garnies de romans de littérature étrangère et des ouvrages de potion. Un tapis moelleux en face de l'âtre accueillait une table basse claire. Severus s'assit sur le sofa pour y déguster son dessert. Tout était parfait.
Après un tel moment de plénitude, l'homme décida de le terminer par une douche. Il monta au premier étage dans sa salle de bain où il s'enferma. L'eau chaude détendit ses muscles endoloris par une longue journée de préparatifs pour ses vacances. Il enfila des habits banalisés et vêtu d'un pantalon marron et d'un pull beige, il retourna dans son salon pour entamer la lecture d'un roman. Inconsciemment, ses pensées digressèrent sur l'année finie. Il avait assisté à la cérémonie de fin d'année, celle-ci non sans émotion. Les tragiques évènements des derniers mois laissaient de graves séquelles et de nombreuses victimes. En voyant son filleul partir ainsi que Granger, jeune femme plus que prometteuse, affublée de son petit-ami rouquin, il avait finalement réalisé que non, les choses ne seraient plus jamais comme avant. Pour le mieux … ?
Un bruit vint interrompre son moment de réflexion. Snape se redressa de son canapé et immédiatement, coupa la musique. Tendant l'oreille, il resta une minute à guetter un mouvement à l'extérieur. La pluie avait cessé mais des bourrasques de vent venaient siffler contre les murs. Après quelques instants, il reprit sa lecture, se maudissant d'une possible hallucination et des effets de la vieillesse sur ses sens trompeurs.
Les feuillages d'un buisson avaient bougé.
Cette fois-ci, il en était sûr.
Snape attrapa sa baguette, posée sur la table devant lui et partit à grandes enjambées vers la porte d'entrée. Il la déverrouilla et l'ouvrit sur le devant de sa demeure, plongée dans l'obscurité nocturne. Les lumières du salon se dressaient sur l'herbe en-dessous mais ne permettaient point de voir au-delà. Il tendit l'oreille, plus silencieux que jamais, en guettant la moindre anormalité.
A droite.
Quelqu'un était là.
Il en était sûr.
Snape s'avança dans la nuit vers la source du bruit.
« Lumos »
Un petit jet de lumière jaillit de sa baguette qu'il orienta devant lui. A ses pieds, rien. Il marcha avec prudence sur le gazon humide. Eclaira les buissons qui longeaient la propriété. Rien. Que se passait-il ? S'agissait-il là d'un piège tendu par des enfants du village à quelques kilomètres ? Il décida de poursuivre encore son exploration dans la nuit froide. Le vent, les arbres, le ressac des vagues au loin, tout constituait un arrière-plan sonore assourdissant. Malgré cela, le bruit entendu quelques moments auparavant était bien trop proche.
Là.
Quelque chose avait bougé.
Le sang de Snape se glaça.
« Qui est là ? »
Aucune réponse. Sans laisser paraitre d'une quelconque crainte, il se dirigea vers la source des sons. Au début, il ne distingua qu'une masse sur le sol dans les ténèbres. Il pointa la lumière dans la bonne direction.
Ce n'était pas un animal.
Là, une silhouette était par terre, recroquevillée, dénudée.
« Qui êtes-vous ? »
Severus ne distinguait rien. Il contourna la personne pour finalement identifier un corps d'homme. En se penchant, il discerna sur le corps immobile et nu de graves blessures physiques. Le visage, jusqu'ici caché, se mit à mouvoir faiblement en poussant une plainte chétive. L'homme sur le sol tourna sa tête.
Le cœur de Severus manqua un battement.
Ses yeux.
Cette cicatrice.
Lui.
« Potter ? »
Le jeune homme, dont chaque trait du visage exprimait une douleur intense, posa ses yeux demi-clos sur l'homme debout et ne put que murmurer.
« Aidez-moi … »
Le temps s'arrêta.
