Hellow ! Vous allez bien ? Moi oui. Je prépare cette fic depuis un bon moment, alors je suis bien contente de pouvoir enfin la partager avec vous. ^^

Elle est terminée, logiquement, donc je ne devrais pas trop vous faire attendre pour la publication (une à deux semaines, je pense).

Avertissement : Certains sujets "graves" comme le décès et d'autres choses, seront ici traités avec légèreté et humour, parfois de façon un peu absurde. Je comprends que certains lecteurs puissent ne pas être à l'aise avec ça et je leur conseillerais donc de passer leur chemin. Je ne pense pas avoir écrit de choses trop horribles, mais on ne sait jamais.

Bêta-lectrice : SisYa-Wa


« Putain ! »

Vanitas frappa la vitre du distributeur d'un violent coup de paume. La machine fit un bruit assourdissant, mais aucun miracle ne se produisit et le filet de café continua de couler dans le vide, faute d'un gobelet pour contenir le tout.

« Je déteste ce truc ! s'exclama-t-il. Il me fait le coup à chaque fois.

-Alors pourquoi est-ce que tu persistes ? demanda Xion, assise à une petite table, une tasse de thé entre les mains.

-Parce que, répliqua le jeune homme. Et puis j'me fais chier. Y'a jamais personne qui meurt dans ce trou paumé ou quoi ?

-Viens t'asseoir » soupira doucement son amie.

Il obtempéra en grommelant, se laissant tomber sur une chaise en face d'elle. Franchement, avec tout le fric qu'il perdait dans cette foutue machine à café, ils avaient largement de quoi en commander une nouvelle ! Ou bien un distributeur de chips, tiens, pour ce que ça changeait.

Ses doigts pianotèrent un moment sur la table blanche, avant qu'il ne pousse un soupir et s'adosse au dossier de sa chaise, blanche, pour observer avec un intérêt tout relatif le mur… blanc. Comme tout ce que se trouvait dans ces locaux.

Tu parles d'un putain de cliché. Soi-disant qu'il s'agissait d'un lieu sacré ou une connerie comme ça, il fallait que tout soit immaculé, même la salle de repos des employés. Ca commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Malheureusement, il n'exerçait pas un métier dont on démissionnait facilement...

« Qu'est-ce que tu fous encore là, d'ailleurs ? marmonna-t-il à l'intention de Xion. T'as fini ton service, non ? »

La jeune femme haussa les épaules sans le regarder, souffla un peu sur la volute de fumée qui s'échappait de son thé, juste pour le plaisir de la voir se dissiper.

« Que ce soit ici ou chez moi, hein... »

Il voyait ce qu'elle voulait dire. N'empêche que lui, il aurait préféré être chez lui. Il s'emmerdait tout autant, mais il avait moins l'impression d'être daltonien à cause de tout ce blanc.

« T'as qu'à prendre un chat. » suggéra-t-il, juste comme ça.

Xion émit un petit rire sans joie.

« C'est ça. Tu sais comment sont les animaux avec les gens comme nous.

-Justement, c'est plutôt drôle de les voir s'enfuir à toute vitesse, nan ? déclara Vanitas, un sourire sadique accroché aux lèvres.

-Mouais. »

Il fronça les sourcils, la dévisagea quelques instants sans qu'elle ne relève les yeux. Depuis quelques temps, sa collègue paraissait mélancolique, voire carrément triste. Ca arrivait à beaucoup de Faucheurs, et Vanitas pouvait bien comprendre ça.

« Tu songerais pas à disparaître, par hasard ? » questionna-t-il sur un ton léger, comme s'il parlait de la pluie et du beau temps.

Pas de réponse. Il soupira, se passa la main dans les cheveux. Ce ne serait pas la première fois que l'une de ses connaissances partait. Sauf que là...

« Fais comme tu veux, mais bon, c'est un peu con, non ? »

La jeune femme soupira à son tour, ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose, quand la porte de la salle s'ouvrit sur leur supérieur hiérarchique.

De grande carrure et chef général de pas moins de douze secteurs, Saïx terrifiait la plupart de ses subordonnés. Et pour cause, mieux valait ne pas le mettre en colère, si vous ne vouliez pas qu'il vous hurle dessus, bien qu'il paraisse plutôt paisible en temps ordinaire, juste un rien grognon.

Xion se redressa aussitôt sur sa chaise, en employée modèle. Vanitas, lui, évitait de le provoquer, plus par flemme de l'avoir à dos que par véritable crainte. De toute façon, il trouvait la réaction des autres clairement exagérée. De quoi un mort devrait-il avoir peur, hein ?

« Accident de bus, rue du Saule. » annonça l'homme en costard-cravate, toujours aussi bavard.

Les deux autres Faucheurs s'entreregardèrent une demi-seconde avant que Xion ne lève les paumes en l'air, déclarant innocemment :

« J'ai fini mon service ! »

Son collègue retint l'insulte qui lui picotait le bout de la langue. Certes, une journée sans aucun mort dans leur secteur s'avérait interminable, mais un accident – ou quelconque événement provoquant le décès simultané d'une dizaine d'êtres humains – relevait de la pure corvée.

Au programme : des dizaines de fantômes, affolés, criant, pleurant, ne se rendant même pas compte de leur état avant de baisser les yeux vers leur propre cadavre, et, au milieu de tout ça, un Faucheur qui tentait de les rappeler à l'ordre en les calmant : « Monsieur, s'il vous plaît... Non, n'essayez pas de vous ranimer, vous êtes mort, ça ne sert à rien ! Non, mais restez là ! Hey, faut suivre la lumière ! Par ici !»

Ajoutez à cela le tact naturel de Vanitas, et vous obteniez un beau merdier.

« Rue des Saules, c'est pas le secteur d'Axel et Roxas ? tenta-t-il auprès de Saïx.

-Non.

-C'est juste à la limite, alors.

-De toute façon, ils sont déjà occupés ailleurs.

-Tous les deux ?

-Oui. »

Genre.

Le jeune homme finit par se lever d'un air maussade tout en lançant un regard noir à Xion, qui se foutait discrètement de sa gueule, son petit sourire d'emmerdeuse imprimé sur la figure. Elle était plus douée que lui pour ce genre de choses – ce qui ne voulait pas dire qu'elle appréciait davantage l'exercice. Il lui glissa un regard agacé avant de partir, ainsi qu'un :

« La prochaine fois qu'il y a un attentat à la bombe pendant ton service, compte pas sur moi pour t'aider.

-Ce n'est jamais arrivé, s'amusa Xion. Et ça n'arrivera jamais.

-Qui sait ? »


Le spectacle n'était pas beau à voir. Ca l'était rarement, d'ailleurs. Enfin quoique, des fois quelqu'un de pas trop moche crevait sous la douche de manière pas trop sanglante... Non, ça n'arrivait jamais, en fait. Ou du moins, pas à lui. Ceux qui glissaient sous la douche, c'étaient souvent des petits vieux qui se levaient trop vite, ou bien des femmes battues et, dans ce cas-là, leur tronche tuméfiée faisait peur à voir.

Bref. Accident de bus, donc. Beaucoup de sang, beaucoup d'agitation – aussi bien de la part des vivants que des morts – beaucoup de pleurs des deux côtés également. Lorsque Vanitas débarqua, certaines âmes venaient de découvrir leur corps mutilé, si bien que personne ne fit réellement attention à lui. A l'avant du bus, un homme d'affaire chauve à l'air imposant faisait une crise d'hystérie comme un enfant de cinq ans. Quoiqu'on en dise, décéder pouvait réellement vous changer un homme, et souvent pour le pire. Des âmes figées dans le temps pour toujours, mon cul

Une femme passait de vivants en vivants pour tenter de les secouer, leur demander s'ils la voyaient, leur hurlant de répondre, mais rien n'y faisait. Elle trouva enfin un autre mort, qui tenta de la calmer du mieux qu'il put étant donné son propre état d'hébétude. Un petit garçon tentait d'appeler sa mère inanimée – assommée mais pas morte, contrairement à lui. Ambiance.

Soudain, Vanitas s'aperçut qu'on le fixait.

Il s'agissait d'un jeune homme visiblement un peu plus vieux que lui, qui se cramponnait à un siège – morceau de siège en fait – comme si le véhicule pouvait encore se faire percuter. Son corps sans vie gisait pas très loin de là, avec pas mal de blessures superficielles. Du sang commençait même à coaguler dans ses cheveux argentés, au niveau de la tempe, et son bras était tordu dans un angle que la plupart des gens n'envisagerait même pas, même si Vanitas avait déjà vu pire.

Enfin, celui-là restait présentable, et plutôt pas trop mal dans son genre. Vu la stupeur gravée dans ses iris turquoise – et, sans déconner, qui a des iris turquoise, à part dans les jeux vidéos ou les mangas ? - il devait l'avoir vu débarquer de nulle part, sans trop comprendre ce qu'il se passait.

Il ne devait même pas totalement piger qu'il venait de mourir.

Vanitas aurait bien entamé la conversation : ça faisait longtemps qu'il n'avait pas parlé avec un type aussi mignon – d'ailleurs, dommage qu'ils ne recrutent pas pour le moment, Là-Haut ! – et c'était toujours agréable. Quoique, de son vivant, Vanitas n'avait jamais été bavard même avec ceux qui lui plaisaient, mais, eh, encore une fois, c'était dingue toutes les choses dont mourir pouvait vous faire prendre conscience.

Sauf qu'aujourd'hui, le temps manquait pour ça.

Saïx l'avait en effet prévenu un peu tard et les pompiers débarquaient déjà. Dans quelques instants, ce serait encore plus le chahut et il serait impossible de rassembler toutes les âmes. Il aurait alors un malus sur son salaire si une ou plusieurs d'entre elles s'égaraient, ou même, si l'une d'elle décidait de rester sur Terre de son plein gré. Pas très juste, comme système, selon lui, mais ça avait le mérite de motiver les Faucheurs à bien faire leur boulot.

Il frappa dans ses mains pour attirer l'attention des morts sur lui, mais ça n'eut pas tout à fait l'effet escompté, vu le vacarme ambiant.

« Ok, génial... marmonna-t-il en se passant une main dans les cheveux. Oh, eh, les accidentés ! Ouais, c'est à vous que je parle, les... Bah, tous ceux qui peuvent m'entendre, en fait. Oh ! »

Une femme transgressa son espace vital et lui enfonça ses ongles manucurés dans les épaules, les yeux fous.

« Ma fille ! hurla-t-elle. Ma fille est inconsciente là-bas ! Monsieur ! Elle ne répond pas ! Vous êtes médecin ? »

Et vas-y qu'elle le secouait comme un pruneau ! Le Faucheur considéra un moment l'option de lui mettre une gifle. A la place, il lui saisit les poignets.

« Madame, votre fille va bien. Contrairement à vous, en fait. Vous êtes morte, comme tous les putains de fantômes en crise d'hystérie, là... »

Elle ne sembla pas comprendre. On pourrait croire que mourir vous donnait accès à un calme et une sagesse infinie... Pouah. Tu parles.

Il se détourna ensuite d'elle et tapa à nouveau dans ses mains. Cette fois, quelques esprits se tournèrent vers lui. Il décida donc d'ouvrir le Portail. Beaucoup n'y entreraient sans doute pas, mais tant pis...

Il faisait ce qu'il pouvait, hein ! De toute façon, il ne possédait pas les compétences sociales pour calmer une foule excitée comme ça, et Saïx le savait très bien !

« Allez, tous les gens qui voient ce Portail, entrez dedans ! Vous venez de mourir, mais ne vous inquiétez pas, les gens de Là-Haut vous expliqueront ça mieux que moi... Sérieux, si vous restez ici, votre sort sera pire. Vous aurez tout le temps de vous remettre de vos émotions après ! »

Ca lui prit une bonne demi-heure pour faire entrer un nombre conséquent de fantômes dans l'Au-Delà. Oh, il la méritait très sérieusement, cette augmentation...

Bientôt, il ne resta plus que le fantôme du beau jeune homme de tout à l'heure – le seul qui paraissait calme parmi cette bande d'ahuris, d'ailleurs. Ou bien trop hébété pour comprendre, allez savoir.

Vanitas fronça les sourcils. Il y avait quelque chose de différent chez celui-là... Oh.

Lorsque le spectre fit mine de pénétrer le Portail, ce dernier se referma d'un coup sec. Le type haussa ses jolis sourcils argentés.

« Ah, désolé mon grand, lui annonça Vanitas avec un sourire. Il semblerait que ton temps ne soit pas venu, au final. »

Il était un peu déçu, personnellement, mais tant pis. Ce n'était pas comme si les Faucheurs pouvaient avoir une quelconque vie sentimentale. En tout cas, aucun n'avait jamais essayé avec un mortel, à sa connaissance.

L'autre le fixait toujours, sans paraître comprendre. Vanitas soupira. Il n'avait pas le temps pour ces conneries...

« Là, tu vois ? »

Il désigna l'enveloppe charnelle du jeune homme, plus loin. Des ambulanciers tentaient de le réanimer et réussissaient visiblement dans leur tâche.

« Tu ferais mieux de retourner près de toi-même, on sait jamais. »

Parfois, les âmes qui s'éloignaient trop de leur corps ne pouvaient plus le regagner, entraînant un coma irréversible, tandis que leurs âmes erraient sur Terre pour toujours.

Le type ouvrit la bouche.

« Mais... protesta-t-il faiblement.

-Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? Tu voulais mourir ou quoi ? »

Le jeune homme secoua la tête, le regard fixé sur ses chaussures. Et... Est-ce qu'il rougissait ? Finalement, il avait l'air un peu débile.

Néanmoins, il finit par aller s'asseoir en tailleur près de son corps inanimé. Après un dernier regard en direction de Vanitas, l'âme disparut, tandis que le jeune homme reprenait doucement conscience.


Riku ouvrit les yeux, aspirant une grande goulée d'air dans la foulée. Il entreprit de se redresser avant que des mains fermes ne le forcent à s'allonger.

« Ne bougez pas, monsieur, vous êtes mal en point. Restez tranquille. »

L'image de son corps mutilé lui réapparut très clairement. Puis, le bus, l'accident... Et deux yeux dorés, qui le fixaient.

Il voulut se tourner mais on l'empêcha à nouveau de bouger. Rah, il fallait qu'il sache ! Tant pis s'il provoquait davantage d'hémorragie internes, hein. Ca se soignait, non ? Peine perdue... Les secouristes le crurent en crise de panique et lui bouchèrent davantage la vue.

Bizarrement, il n'éprouva qu'une vague douleur lorsqu'on le souleva pour le transporter sur une civière. Ah, de la morphine, peut être ? Il n'avait pas senti l'aiguille, non plus...

Mais il se sentait mieux. Bien mieux, même. L'accident ? Oh, pff, une broutille, non ? Une chose subsistait néanmoins à la lisière de son esprit...

Sur le trajet jusqu'à l'ambulance, il put tourner la tête. Et là, il le vit de nouveau. Le garçon.

Les mains dans les poches, le sourire nonchalant, il se tenait au milieu des débris de l'accident comme s'il voyait cela tous les jours. Leurs yeux se croisèrent à nouveau, et Riku ne put s'empêcher de ressentir un... Un quoi, d'ailleurs ?

Il n'eut pas le temps d'y réfléchir que tout devint noir autour de lui.


Une bonne chose de faite, se dit Vanitas, une fois qu'il eut quitté le carnage.

Oh, il allait se faire tuer, sans mauvais jeu de mots. Après tout, il avait mis pas mal de temps, et il ne savait pas si toutes les âmes avaient finalement réussi à passer la porte. Et pourtant, rien que le fait d'être venu à bout de cette corvée relevait de l'exploit. Mais, eh, c'était son job, après tout !

Bon. Mieux valait qu'il évite Saïx pendant un moment. Peut-être oublierait-il miraculeusement de lui remonter les bretelles ?

Il se dirigea vers la salle de repos des employés, où il trouva Xion en train de lire un magazine automobile. Axel et Roxas se trouvaient là aussi, chacun avec un café à la main. Cette vision l'agaça tellement qu'il les snoba violemment.

« Tiens encore là, toi ? l'interpella-t-il en s'asseyant dans le siège d'en face.

-Je t'ai déjà dit que je m'ennuyais chez moi » répliqua sa collègue.

Vanitas s'enfonça un peu plus dans les coussins du fauteuil avant de répliquer :

« Si tu veux, tu peux prendre mes heures de service. Je suis crevé.

-Mmoui, non. »

Prévisible. Il se mit à bâiller.

Les Faucheurs ne dormaient pas. Cependant, la fatigue physique pouvait quand même se faire sentir, et rester au repos pendant quelques temps pouvait aider à l'éliminer. Ca ou bien les boissons caféinées.

Vanitas aimait beaucoup la deuxième solution, n'en déplaise à la machine vicieuse et perfide présente dans le coin de la salle de repos.

« C'est pas humain d'envoyer un seul agent sur un lieu de carnage, sérieusement ! râla-t-il. J'suis pas doué pour ça, en plus.

-T'as dû le faire un bon nombre de fois pourtant, non ? questionna Axel, à l'autre bout de la pièce.

-Même pas. J'ai seulement cinq ans de service, j'te rappelle. Enfin à peu près. »

Déjà cinq ans qu'il était mort. De façon stupide, en plus. A l'époque, ses prétendus amis l'avaient emmené en randonnée après les examens de fin d'année, histoire de « se changer les idées ». Il avait eu beau protester que, bordel, il ne voulait vraiment pas passer l'été à crapahuter sur les flancs de montagnes, peine perdue.

Evidemment, un accident étant vite arrivé, il avait fallu que ce soit pour sa pomme. Il espérait qu'ils s'en mordraient les doigts toute leur vie, ces fumiers.

Quoique, la mort lui allait plutôt bien. Il ne vieillissait pas, ne dormait pas, n'avait pas besoin de manger et, en dehors de ses heures de boulot, avait la paix la plus totale pour faire tout ce qu'il voulait. Heureusement pour lui, de nouveaux jeux vidéos sortaient régulièrement. Non, vraiment, c'était pas mal, malgré de légers inconvénients.

Le fait que tous les animaux le fuyaient, ou son travail pourri, par exemple.

Au pire, lorsqu'il en aurait assez de jouer les guides touristiques pour fantômes, il pourrait toujours choisir de laisser son âme s'envoler et mourir pour de bon. Un jour, peut-être. Après tout, les Faucheurs de plus de deux siècles étaient rares. Ils finissaient par s'ennuyer, déprimer, ou bien par ne plus réussir à s'adapter au monde qui les entouraient.

« En tout cas, personne n'a intérêt à mourir dans mon secteur, cet aprèm.

-Sinon quoi ? Tu vas les tuer ? Ah ah !

-Ta gueule, Axel... Non, en fait, explique-moi un truc. »

Il se tourna vers lui et Roxas, et leur pointa un index accusateur devant le nez.

« Comment ça se fait que la machine à café soit si docile avec vous et si cruelle avec moi ? »

Les deux garçons s'entre-regardèrent, puis haussèrent les épaules.

« Tu dois pas avoir de chance, c'est tout, hypothétisa Roxas. Elle ne dysfonctionne jamais, d'habitude. »

Vanitas leva les yeux au ciel.

« J'suis maudit, soupira-t-il.

-Meuh non... » déclara gentiment Xion en se penchant pour lui tapoter la tête.

Il esquiva vivement son bras.

« Arrête ça ! grogna-t-il.

-Oh, la la... Ta mission s'est mal passée ?

-C'était chiant, expliqua Vanitas. Comme d'hab', des imbéciles qui hurlent et courent partout. J'vous jure. J'en ai pas fait tout un foin, moi, quand j'me suis retrouvé en bouillie au pied de la falaise, si ? Bon. Ah, et puis il y avait ce mec... Il a été sauvé in extremis, au final, mais il avait l'air très bizarre. Tout calme et tout. Il me fixait étrangement. Je sais pas s'il lui manquait un neurone, ou quoi…

-Il est peut-être tombé amoureux de toi, hasarda Xion avec un demi-sourire.

-Ah, ah, très drôle. »

Ah, ah...


Il était tombé amoureux. Ou du moins, c'était l'impression qu'il avait. Mais...

Comment ? Pourquoi ? Riku ne cessait de ressasser ces deux questions dans son esprit depuis qu'il s'était réveillé à l'hôpital.

Quelques semaines après l'accident, il faisait les cents pas dans sa chambre, en pleine nuit, après s'être réveillé d'un énième rêve étrange.

Récapitulons.

Comme tous les soirs, il rentrait de son nouveau job en bus. Un événement banal, somme toute. Là, il avait réussi à trouver une place assise, ce qui relevait déjà un peu du miracle. Et après… Il ne se souvenait pas bien. Une grande secousse l'avait délogé du siège, le bus avait dérapé, le monde s'était retourné, et puis...

Il avait mis un moment à reconnaître son propre corps, étendu par terre et inconscient. Il ne savait plus combien de temps il avait passé à le regarder, tentant de ne pas totalement perdre l'esprit, jusqu'à ce qu'il relève enfin les yeux. Et là...

Là, il avait vu ce jeune homme apparaître comme par enchantement avec ses cheveux désordonnés et ses yeux étonnants, les sourcils froncés. Et le monde s'était figé, un peu, soudain, comme si tout retrouvait alors un sens.

Il l'avait observé tout du long, avait à moitié compris les événements et…avait ensuite tenté de recoller les morceaux.

En gros, il était brièvement mort, mais pas totalement. Ce qui lui avait permis de voir cet être étrange, qui avait guidé les autres fantômes à travers un tunnel blanc...

Qui était-il ? Un ange ? Ou autre chose ?

Toujours était-il que son image ne voulait pas quitter l'esprit de Riku, quoiqu'il fasse.

Il aurait pu se poser tout un tas de questions métaphysiques sur l'expérience qu'il venait de vivre, mais même pas. Ce garçon l'intriguait encore davantage que le sens de la vie elle-même.

Pourtant, Riku s'était toujours considéré comme une personne rationnelle, avec les pieds sur Terre, et bien ancrés. Il avait fait des études d'architecture, récemment terminées, et menait une vie tout ce qu'il y avait de plus banale – malgré ce que les conservationnistes trouveraient à redire de son orientation sexuelle, mais là n'était pas la question.

Il avait un boulot, un appartement, des amis, des parents et un frère. Il ne croyait en rien d'autre que la science, et encore, en émettant parfois des doutes. Bref, monsieur tout le monde, dans la fleur de l'âge.

Evidemment, une personne telle que lui ne croyait pas aux coups de foudre. Et encore moins à ceux qui incluaient des anges ou autres êtres fantaisistes et terriblement beaux.

Autant dire que depuis ce jour-là, son esprit rationnel prenait très cher. Comme si son cerveau avait subitement décidé de se scinder en deux : d'un côté, son réalisme de tous les jours, et de l'autre... tout le reste.

Et par-dessus tout, une obsession : il fallait qu'il le revoie.

Soudainement, il eut pitié de ses pauvres pieds endoloris et se laissa tomber sur un fauteuil, avant de porter un index à ses lèvres. Il n'avait déjà plus d'ongles à ronger. Pfff... Allez, il n'allait tout de même pas se suicider, ce serait stupide...

Sans compter, que, même une fois revenu à la vie, il avait pu le voir le fixer de son regard brillant, à l'autre bout de la rue, alors que les pompiers l'emmenaient dans l'ambulance. Et personne d'autre n'avait semblé le remarquer.

Hum...

Cela lui donnait une idée.


Vous êtes restés jusqu'au bout ? Parfait ! Et donc, qu'en pensez-vous ? Aimé, pas aimé ?